J'en suis à mon dixième brouillon scrappé depuis la barre du jour, pas dormi depuis mercredi, Pierre est mort à l'aube et s'il doit y en avoir un troisième demain, il se peut bien que ce soit moi!
Je reprendrai mes brouillons quand mes neurones seront sans crasse et sans mélasse, l'ordi aussi pédale dans la garnotte, les lumières dehors clignotent péniblement, l'air pue comme s'il charriait quelque malsain poison parasitaire organisé en malveillante masse arrivée jeudi sur l'île et qui passe ombre pâle en semant sa vapeur d'angoisses et de douleurs...
Les brouillons sur la glace et les fenêtres closes, je poste ceci seulement ce soir, un fascinant document, premier essai de Pierre Falardeau qui est alors anthropologue, assisté de son ami d'enfance Julien Poulin. Cinquante ans après leur rencontre au pensionnat sans que jamais la vie ne les ait séparés comme elle en a l'art et la coutume, c'est la mort qui est passée faire la cruelle et triste besogne.
Qu'elle ne tue plus personne demain! Je ne tiendrai pas longtemps s'il me faut ne rédiger que des notices nécrologiques!
Paix, mon ami. Tu as réussi, tu t'es rendu au bout en te battant debout, soixante-deux rounds et jamais un instant à genoux. C'était ton Graal, vivre et mourir en homme propre, ton intégrité intacte et ton coeur pur de compromis. Je souhaite que t'aies eu le temps de partir content, il ne faut à la fin qu'un instant sans douleur, du moins veux-je le croire; une seule, lucide et sereine seconde suffit, à mesurer sa vie: je crois que tu auras souri.
5 commentaires:
Je le crois aussi.
Malgré le découragement qui
accompagne cette perte douloureuse
d'un être exceptionnel de droiture
et d'honnêteté intellectuelle envers son peuple,
il me faut poursuivre
et rester debout malgré
tout,car il a incarné ce
combat "durant 62 rounds"
sans fléchir.
Je crois intimement que c'est
ce qu'il aurait souhaité
pour nous à l'avenir:
Liberté,indépendance
et tenacité.
Hostie de fin de semaine hein.
Ça m'est rentré dedans comme un projectile.
Tes mots sont beaux Christian, je les savoure en pleurant.
Et en buvant crisse. À eux autres, mais surtout à nous autres.
Sérénité.... j'ose croire que oui pour l'avoir vu à la télé une dernière fois à Sucré Salé faire une blague malgré son état de santé.
Oui Sandra: faut nous relever, nous.
Cheers.
In spite of all.
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