Si je comprends bien, Sauvé moque et dénigre et ... se plaint, oui, plaint la poésie des enrobages dont on la couronne ou la désarçonne quand les mots seuls suffisent et devraient, effectivement, suffire.
Mauvaise foi, je sais pas, mais tu me fais rusher à l'idée que les cons puissent cesser d'applaudir aux mauvais moments et pour les mauvaises raisons: comment fera-t-on pour les distinguer des autrea?
Oui, je voulais dire que, en reprenant la formule un peu mécanique des exercices de style (quand on connaît ceux de Queneau l'allusion est frappante), il se moque de la façon dont on fait un spectacle de la littérature - démonstration par l'absurde - avec toutes ces idées de génie formalistes (sans les «A») ou populistes ou etc. mais bien sûr il y a pas mal plus de profondeur à ce numéro que ce que je ne peux lancer de même en deux phrases et quelque...
Bien sûr que je sais que tu rends hommage à Nelligan!
Bon je te laisse travailler là. Excuse-moi, j'ai monopolisé. M'en vais me reposer.
OK, j'ai pigé. Ton bug n'est pas ce qu'il fait, c'est comment le public le reçoit et l'interprète de travers et va repartir avec une impression encore plus fausse et chargée de mépris des poètes et de la poésie.
Si tu mets la main sur de vieux enregistrements d'Yvon Deschamps à la Place des Arts, livrant ses monologues légendaires, circa 1970, tu seras stupéfait d'entendre (sans voir, c'est plus fort encore) la salle entière qui réagit systématiquement à l'envers de l'intention de l'auteur, qui pousse et pousse ses propos dans le creux et le gros vers la zone du deuxième degré, pour présenter un miroir et susciter la réflexion, tout au moins un malaise, mais non: Juifs, Nègres, Épouses Cancéreuses ignorées, Vieillards maltraités, tout rebondit sur un gros gras éclat de rire sale...
Je comprends, donc, ton choc. Mais le tien n'est pas justifié, c'est un réflexe élitiste relié à l'université dont j'ai bien hâte que tu en finisses. Toi qui donnes un crisse de bon show sur un stage poétique, tu vois bien que Sauvé aussi, et puis le public n'est plus celui de 1970, il comprend dans l'ensemble, et s'il rit c'est que c'est tordant, et s'il pige pas il pigera jamais, so what, nothing new. C'est cool qu'un comique fasse un sketch à partir d'un poème, un poème d'ici dont chacun a au moins entendu quelques vers déjà, et en usant d'un schéma oulipien (les lettrés sont contents, mais pas besoin de connaître Queneau pour goûter ces variations sur un même thème).
Moi, j'aime. Évidemment, chu qu'un vulgaire autodidacte et je m'amuse de peu.
J'ai tendance, c'est clair, à sauter tout de suite sur le négatif - quoique pas toujours; disons que je suis polarisé :S - et j'apprécie beaucoup ton indication d'une perspective positive.
Je connais un peu l'histoire de la controverse (un acte manqué, pour parler freudien) autour du «Nigger Black» d'un monologue de Deschamps, et je suis d'accord avec toi que le public d'aujourd'hui (et pas nécessairement celui de Sauvé - je m'avance) est plus... quoi? ouvert? réceptif? Oui...
Ah! mes réflexes élitistes... Merci de me pointer la chose. Un ami signale franchement nos travers. Ça achève, l'université: j'en sors bientôt. Bonne nouvelle: mon travail en milieu collégial me ramène à beaucoup d'humilité (malgré mes criailleries) et d'empathie.
*
Les autodidactes chieux et globalement incompétents, les cranks, c'est plutôt la norme, dans la «profession». (Encore l'élisiste en moi qui parle, un peu, remarquons. Toi, tu es un autodidacte qui se respecte et respectable.
C'est pas un travers, ton truc; t'es décidément bien sévère avec toi-même. Non, c'est un point de vue tout à fait naturel (au sens de où on plante la caméra) qui vient avec la job d'étudier à ce niveau, comme le bras gauche bronzé trahit le trucker. Tu vas conserver cette lentille dans tes bagages où de plus anciennes l'attendent, et tu en essaieras d'autres: quand tout se passe au mieux, la somme de ces lentilles est le nombre du Sage.
Merci Christian ;) Tu me motives. Je suis sévère avec moi-même parce que je me juge mal, j'apprends à mieux me connaître, j'essaie de faire attention à ne pas me croire trop facilement. Ça s'arrangera avec le temps...
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14 commentaires:
C'est fort, même quand il la balance vite vite, la strophe, elle tombe comme la masse qu'elle est - qu'elle est!
LYES!!!
A
KA(ma)
DANGER
(a)RANGER!
Si je comprends bien, Sauvé moque et dénigre et ... se plaint, oui, plaint la poésie des enrobages dont on la couronne ou la désarçonne quand les mots seuls suffisent et devraient, effectivement, suffire.
Et les cons l'applaudissent aux mauvais moments et pour les mauvaises raisons, les uns entraînant les autres.
Ou bien suis-je de mauvaise foi?
...Ne se rendent même pas compte de la façon dont il leur caricature comment la poésie de la vie leur passe sous le nez.
Ah non, Stéphane, tu le sens mal, là. T'es dans un de tes moods, héhé.
C'est un hommage, au contraire, à la manière me semble-t-il des célèbres Exercices de Style de Raymond Queneau.
Je n'aurais jamais pu sciemment poster un clip dénigrant Nelligan, c'est bien peu me connaître.
Mauvaise foi, je sais pas, mais tu me fais rusher à l'idée que les cons puissent cesser d'applaudir aux mauvais moments et pour les mauvaises raisons: comment fera-t-on pour les distinguer des autrea?
Oui, je voulais dire que, en reprenant la formule un peu mécanique des exercices de style (quand on connaît ceux de Queneau l'allusion est frappante), il se moque de la façon dont on fait un spectacle de la littérature - démonstration par l'absurde - avec toutes ces idées de génie formalistes (sans les «A») ou populistes ou etc. mais bien sûr il y a pas mal plus de profondeur à ce numéro que ce que je ne peux lancer de même en deux phrases et quelque...
Bien sûr que je sais que tu rends hommage à Nelligan!
Bon je te laisse travailler là.
Excuse-moi, j'ai monopolisé.
M'en vais me reposer.
OK, j'ai pigé. Ton bug n'est pas ce qu'il fait, c'est comment le public le reçoit et l'interprète de travers et va repartir avec une impression encore plus fausse et chargée de mépris des poètes et de la poésie.
Si tu mets la main sur de vieux enregistrements d'Yvon Deschamps à la Place des Arts, livrant ses monologues légendaires, circa 1970, tu seras stupéfait d'entendre (sans voir, c'est plus fort encore) la salle entière qui réagit systématiquement à l'envers de l'intention de l'auteur, qui pousse et pousse ses propos dans le creux et le gros vers la zone du deuxième degré, pour présenter un miroir et susciter la réflexion, tout au moins un malaise, mais non: Juifs, Nègres, Épouses Cancéreuses ignorées, Vieillards maltraités, tout rebondit sur un gros gras éclat de rire sale...
Je comprends, donc, ton choc. Mais le tien n'est pas justifié, c'est un réflexe élitiste relié à l'université dont j'ai bien hâte que tu en finisses. Toi qui donnes un crisse de bon show sur un stage poétique, tu vois bien que Sauvé aussi, et puis le public n'est plus celui de 1970, il comprend dans l'ensemble, et s'il rit c'est que c'est tordant, et s'il pige pas il pigera jamais, so what, nothing new. C'est cool qu'un comique fasse un sketch à partir d'un poème, un poème d'ici dont chacun a au moins entendu quelques vers déjà, et en usant d'un schéma oulipien (les lettrés sont contents, mais pas besoin de connaître Queneau pour goûter ces variations sur un même thème).
Moi, j'aime. Évidemment, chu qu'un vulgaire autodidacte et je m'amuse de peu.
Tu me fais réfléchir.
J'ai tendance, c'est clair, à sauter tout de suite sur le négatif - quoique pas toujours; disons que je suis polarisé :S -
et j'apprécie beaucoup ton indication d'une perspective positive.
Je connais un peu l'histoire de la controverse (un acte manqué, pour parler freudien) autour du «Nigger Black» d'un monologue de Deschamps, et je suis d'accord avec toi que le public d'aujourd'hui (et pas nécessairement celui de Sauvé - je m'avance) est plus... quoi? ouvert? réceptif? Oui...
Ah! mes réflexes élitistes... Merci de me pointer la chose. Un ami signale franchement nos travers. Ça achève, l'université: j'en sors bientôt. Bonne nouvelle: mon travail en milieu collégial me ramène à beaucoup d'humilité (malgré mes criailleries) et d'empathie.
*
Les autodidactes chieux et globalement incompétents, les cranks, c'est plutôt la norme, dans la «profession». (Encore l'élisiste en moi qui parle, un peu, remarquons.
Toi, tu es un autodidacte qui se respecte et respectable.
C'est pas un travers, ton truc; t'es décidément bien sévère avec toi-même. Non, c'est un point de vue tout à fait naturel (au sens de où on plante la caméra) qui vient avec la job d'étudier à ce niveau, comme le bras gauche bronzé trahit le trucker. Tu vas conserver cette lentille dans tes bagages où de plus anciennes l'attendent, et tu en essaieras d'autres: quand tout se passe au mieux, la somme de ces lentilles est le nombre du Sage.
Mon cousin André, he's the best. Point barre. That's it !
On est tous comiques dans la grande famille des Sauvé.
Je trouve l'exercice plein de poésie, André Sauvé le fait avec beaucoup de sensibilité et d'adresse, c'est régalant...
Faut dire que je suis aussi une vulgaire autodidacte!
:-)
Merci Christian ;)
Tu me motives.
Je suis sévère avec moi-même parce que je me juge mal, j'apprends à mieux me connaître, j'essaie de faire attention à ne pas me croire trop facilement. Ça s'arrangera avec le temps...
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