23.9.09

Mario sait toujours torcher un édito!

L'ivresse des mots

Mario Roy
La Presse

Comment pouvons-nous tolérer que près de la moitié de nos futurs enseignants ne maîtrise pas la langue française? Et ce, alors que nous affirmons avec des trémolos dans la voix que nous sommes prêts à tout pour sauver notre langue? Il s'agit certainement du plus insondable des mystères de l'âme québécoise.

Ainsi, l'imposition d'un nouveau test de français aux candidats à l'enseignement va déclencher «une catastrophe dans toutes les facultés d'éducation», prévoit un représentant des étudiants de l'UQAM (à Marie Allard, dans La Presse). Déjà, avant ce test, la situation était désastreuse: jusqu'à 48% d'échecs. Or, le nouveau sera plus difficile. Exemple? On demandera aux futurs professeurs s'ils connaissent la règle d'accord relative au complément direct placé avant le verbe...



Avec pareille question, on comprend que ce sera l'hécatombe, d'autant plus que le seuil de réussite sera placé à 70%!

Que faire? Allouer à l'apprenti professeur recalé une quatrième chance de passer le test, puisqu'il en a déjà trois? Abaisser le seuil de réussite, à 60, 50, 40, 30%? Organiser un cours de rattrapage pré-test où on déchiffrera l'énigme du complément direct (oups, c'est déjà prévu)? Renoncer au nouveau test parce qu'il est trop difficile et qu'enseigner la langue française n'oblige pas à la connaître?

Ce ne serait pas étonnant.

«Soumettre des ignorants à de faux examens, qu'on corrige ensuite de manière à en laisser passer le plus grand nombre possible afin de justifier les programmes, les pédagogues et le ministre, cela dure depuis 20 ou 30 ans... Ceux qui président encore eux-mêmes aux réformes qu'exigent continuellement les désastres successifs de leurs politiques hypothèquent gravement l'avenir du français au Québec». Ce sont les écrivains québécois qui, en 2001, agitaient déjà ce grelot dans leur mémoire soumis aux États généraux sur la situation et l'avenir de la langue française.

Quelque chose a-t-il changé depuis?

Oui. Nous avons eu une autre réforme.

* * *

Se pourrait-il que, comme une bonne partie de la société québécoise, notre système d'éducation soit ivre de mots et donc privé de la capacité d'agir?

Depuis 30 ans, en effet, il sort des officines ministérielles tant de mots couchés sur papier qu'on ne mesure plus cette logorrhée en parlant de nombre de pages, mais plutôt de tonnes métriques! Et ce, pendant que la société, elle, la vraie, celle où on trouve des enfants ignorants qu'il faut instruire, est en train de perdre cette compétence pas du tout transversale consistant à transmettre d'une génération à l'autre des connaissances. À commencer par celle de notre langue maternelle - nous parlerons une autre fois d'histoire ou de sciences.

Bref, il faudra un jour dégriser. Et se remettre à marcher droit.

19 commentaires:

Danger Ranger a dit...

Wow, il me surprend un peu, mais j'aimerais bien avoir son avis sur ce que ça pourrait bien être que de «marcher droit»...

Mistral a dit...

Si tu veux son avis, marche droit vers La Presse et demande-le lui avant que Gesca ne suspende la publication du journal!

Jonathan a dit...

Ce qui me fait chier dans tout ce débat, c'est qu'on tape toujours sur les étudiants des cycles supérieurs (cégep et université), sans jamais se dire que si tu sais pas écrire français au bac, c'est peut-être que tu ne l'as pas appris comme il faut au primaire, non? Mais c'est plus facile de faire passer une batterie d'examens aux étudiants du cégep et de l'université que de remettre en question le programme du ministère et/ou le travail des profs au primaire et au secondaire...

Mistral a dit...

Yup!

Et ça va empironner avant que d'emmieuter.

Yvan a dit...

Le temps se morpionne
et on a pas fini d'en parler
j'espère.
Très bel édito.
Sauf que si un Mario Roy
peut en parler aussi
ouvertement dans un quotidien
de Paul Desmarais PowerCorp,
c'est qu'il y a péril en la
demeure du français au Québec, mais ça je le savais depuis longtemps, et j'avais surtout
pas besoin d'un quotidien
fédéraliste pour me le rappeler.

Mistral a dit...

Tsé que j'étais à ÇA de m'inquiéter de toi?

Voire si on laisse les copains sans nouvelles aussi longtemps. Spèce de t... Spèce de ttt...

Spèce de Terrible.

Mistral a dit...

Slacke su la rhétorique Gesca fédéraliste bullcrap, tu sais ben qu'on s'occupe pas de ça icitte. Chez Renart, y a full de place, chez PatLag, chez Archet.

Mario Roy m'a aidé au début de ma carrière. Je l'aime bien.

Mistral a dit...

C'est quoi l'idée que Desmarais serait anti-français? J'ai jamais compris ça. C'est un francophone, après tout. La Presse vise à nous angliciser, selon toi?

Yvan a dit...

Lyes!
Christian,vieil et nouvel ami
tout à la fois,tu sauras où
me je joindre et te lirai toujours.

Un ans et demi d'amitié
entre nous vaut déjà
plus que bien d'autres.

;-)

Yvan a dit...

Non.
La Presse c'est la Presse.
Paul Desmarais est fédéraliste
fini,c'est là que ça me heurte
un peu parce qu'il a le dernier
mot et qu'il choisirait l'anglais
au français selon moi.

Yvan a dit...

Si La Presse ne vise pas
à nous angliciser, elle vise
certainement pas à nous québéciser.

Yvan a dit...

Desmarais est un homme de pouvoir
francophone fédéraliste habile
à jouer sur les 2 tableaux.
Perso j'estime que s'il avait à choisir entre le Canada et le Québec,devine lequel?

Le Canada Libéral à la Trudeau.
Point barre.

Mistral a dit...

Nous québéciser? What the fuck does that mean?

Choisir entre le Canada et le Québec? Desmarais est Ontarien, you know.

Y a un hostie de paquet de fédéralistes francophones, bro: l'un n'exclut pas l'autre, sinon le référendum aurait viré autrement.

Dire de Desmarais qu'il choisirait l'anglais, je comprends pas ça. C'est un Franco comme toi et moi, sauf qu'yé riche à chier mais sinon c'est pareil. Il n'a jamais douté de sa langue maternelle quand il rêve.

Je vois pas, j'essaie mais sans succès, je pige aucunement le péril que le plus grand quotidien français d'Amérique fait courir au français, tout fédéraliste soit-il.

Yvan a dit...

Je me suis égaré avec ce fil,
désolé.
L'anglais gagne tellement de terrain depuis 10 ans...

Mistral a dit...

Sus à l'Anglois!

Suck the Bloke...

:-)

Patrick Duval a dit...

Je cé ou é le problaime. Ya tro de régle inutil dan le fransait, tro de con plicasion, tro dexcepsion... cé dur, tsé.

Linportan, c con conprene ce ke je ve dir.

Danger Ranger a dit...

Tiens tiens, un audacieux - ou un inconscient? Probablement les deux...

Mistral a dit...

Astucieux, estimais-je, ainsi qu'un peu chanceux: c'était pas clair s'il cherchait la marde ou s'il était cool, et j'étais trop mort pour le checker, faque le bénéfice du doute lui revenait, n'est-ce pas.

Danger Ranger a dit...

Comme il se doit!