29.9.09

Nelly Fortier/Isabelle Arcan: un corps, deux morts

Personne ne semble se demander si elle a laissé un mot. Où sont les journalistes, les vrais, où est le coroner, où sont les citoyens, attendra-t-on des mois comme après Dédé pour que le Journal de Montréal nous expose un fac-similé choquant pleine page? Il l'a déjà fait en publiant la dernière chronique de Nelly en page 5 après avoir stoppé l'impression dans sa succursale 24hmontreal vendredi. Impression, je dis: le journal est sorti sans le texte. Deux heures plus tard le site internet le publiait, mais ça ne rectifie pas l'impression, et le lendemain le J de M se servait, puisque n'est-ce pas les écrits de Nelly lui appartenaient... J'espère que ses ayants droit se le feront payer, ce texte, autrement qu'en trouvant un chèque du ICI dans deux semaines dans sa boîte à malle rue Saint-Dominique quand ils trouveront la force d'aller vider son appartement, vu que les ayants droit sont généralement des proches et/ou des parents, bref des gens qui ont mal longtemps. Ceux qui lui feront de dignes et aimantes funérailles vendredi à Lac-Mégantic. Pas ceux qui se démènent pour sortir le roman qu'elle a pris la peine de finir avant de mourir ( Paradis, clef en main) juste à temps pour le mois des morts, le Salon du Livre, les achats des fêtes et, sale hasard, le 3 novembre, jour de mon anniversaire. Vendredi soir encore, la date annoncée était le 11. Vendredi midi, on annonçait qu'on publierait. Vendredi matin, on tergiversait, on parlait de consulter la famille, d'agir sans précipitation dans un souci de grâce et d'élégance et de respect sans considération de commerce... À l'heure où j'écris ceci, on négocie fébrilement avec Le Seuil, c'est certain, et on s'affole pour identifier l'héritier titulaire des droits d'auteur. Normal. Je ferais pareil. Mais pas en cachette.

Le prochain billet s'adressera au coroner, et à ceux que la chose intéresse...

4 commentaires:

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Si elle n'a pas laissé d'écrit, est-ce possible que ce soit un accident, pris un peu trop de pilules pour se calmer ou s'endormir ? Le coroner est-il formel sur le suicide ?

Mistral a dit...

Kestu viens me faire chier, encore? J'ai l'air d'un coroner? Qui te dit qu'elle n'a pas laissé d'écrit, et où tu prends tes autres questions faussement candides?

Pas besoin de répondre: c'était rhétorique. Tu cites quasiment verbatim mon Claude André préféré. En vingt ans, fille, on a eu le temps, on en a fait tant, de quoi nourrir quelques romans bien gras si seulement nous pouvions en avouer le tiers, bref on pourrait se renifler à travers dix ou douze mots dissimulés parmi cent mille, comme deux vieux chiens-loups revenus de partout.

Si tu comptes sur Claude André pour t'informer, surtout quand il passe à l'émission de Denis Lévesque, t'as pas fini de flipper.

J'ai ni le temps, ni le goût de niaiser, de t'expliquer la dope, à l'université tu trouveras bien quelqu'un.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

mais non je ne voulais pas te faire chier ! Et je n'en ai rien à foutre de ce Claude André !

J'ai seulement hâte de savoir si elle a laissé un mot ! J'aimerais croire à l'accident, c'est tout !

Bon retourne à ton travail, je ne veux pas te faire perdre de temps.

Mistral a dit...

Je comprends pas, mais pas du tout pourquoi on voudrait croire à l'accident. C'est dégradant, un accident, c'est bête et méchant, comme glisser sur une peau de banane ou choker sur un os de poulet, quelle épouvantable fin pour un écrivain, l'accident, avoir pensé sa vie et pesé chaque point sur les i et tenté d'extraire un sens du chaos, pour avaler son extrait de naissance par inadvertance au moment qu'on n'aura pas choisi...

Non. Sorry. Je lui souhaite en maudit d'avoir fait exprès.