8.9.08

Quizztoire Littéraire

Question: Qui a inventé la littérature punk-précieuse?
Réponse: Moi.

Question: Le saviez-vous?
Réponse: Moi non plus.

Adorable Mélanie Vincelette.

21 commentaires:

Maphto a dit...

Suite à ma lecture récente de Vamp, j'admets que le qualificatif « punk-précieux » me semble assez juste pour définir votre style d'écriture. Mais vous avez sans doute des objections à une telle catégorisation hâtive.

Qui sait... Dans quelques années ou dans plusieurs décennies, l'histoire littéraire québécoise va peut-être vous considérer comme le fondateur d'une esthétique originale. Des tas d'étudiants passionnés et des professeurs subventionnés vont alors disséquer vos oeuvres à la recherche des invariants génériques de la littérature punk-précieuse perdue... Certains iront peut-être même jusqu'à se considérer comme des « mistraliens », c'est-à-dire des spécialistes de vos oeuvres.

Peut-être que oui, peut-être que non... Mais tout est possible avec les théoriciens littéraires en quête de corpus !

Mistral a dit...

J'ai beau en être familier, le ton des gamins toujours stickés dans les rets des études supérieures me stupéfie chaque fois autant qu'avant. Ils ne se rendent absolument pas compte qu'on les sent trembler entre les phrases, et ils font des phrases trop grandes pour eux, comme une première paire de pantalons longs.

Je m'en rendais compte à vingt ans, ce n'est pas le vieux qui parle en moi. Pour ça que j'ai contourné l'université. Tant qu'à être arrogant et plein de certitudes, aussi bien le manifester à ma manière, me disais-je, sans mouler ma parole dans le préfab des Boomers.

Maphto, vous avez tout loisir d'être d'accord avec le qualificatif. Vous n'avez pas le loisir de présumer que j'ai sans doute des objections. De fait, vous auriez mieux fait de présumer que je n'en ai pas, parce que quand j'en ai, je l'écris. Qualifier la trouvaille de Mélanie de catégorisation hâtive est plutôt culotté itou: on me catégorise depuis avant votre naissance, et Vincelette est tout sauf une impulsive.

L'histoire littéraire québécoise me considère déjà comme le fondateur d'une esthétique originale, monsieur. Vous devez être bien excité de m'avoir forcé à vous le dire. J'aurais pu mourir il y a dix ans et ma place dans le continuum littéraire québécois n'aurait pas frissonné. Je vous en souhaite autant: faire une différence, c'est tout ce qui justifie l'oxygène et le papier-cul qu'on consomme. Mais ce n'est pas avec ce genre d'interventions qu'on y arrive.

Impatient mais cordial.

Maphto a dit...

Mistral : Vous avez écrit : « L'histoire littéraire québécoise me considère déjà comme le fondateur d'une esthétique originale, monsieur. » Eu oui, certes, mais laquelle ? Elle porte un nom précis ?

Dans Histoire de la littérature québécoise (2007) de Biron, Dumont et Nardout-Lafarge, je peux lire : « L'écriture trash de Mistral, ici comme dans les romans qui suivront (Vautour, 1990, Valium, 2000), s'apparente à celle de Victor-Lévy Beaulieu, mais elle se définit surtout par référence à l'Amérique de Jack Kerouac. » (p. 558)

Ces spécialistes semblent vous rapprocher d'une esthétique trash. Vous en pensez quoi ? Je suis curieux. :)

Toujours cordial,
Maphto

Mistral a dit...

J'en pense rien du tout! Vous ai dit que j'ai contourné l'université. Pas poursuivi mes études. C'est elles qui me poursuivent. Pas aujourd'hui qu'elles vont me rattraper.

Mistral a dit...

J'ai consulté ma concierge qui passe la moppe dans le corridor. Elle dit que Dumont, Biron et Nardout-Lafarge sont spécialistes de rien qui touche à la littérature, que l'esthétique trash ne veut strictement rien dire et qu'évoquer une quelqconque Amérique de Jack Kerouac est une absurdité d'une sottise si abyssale qu'elle est ravie de mopper le plancher plutôt que de terminer son doctorat en compagnie d'abrutis pareils.

Elle va mopper l'autre étage et je ne ferai pas la navette, va falloir vous contenter de ça.

Mek a dit...

J'ai posé la question aux deux Roumains qui vivent sous le parapet du pont du tramway. À leur avis, mais mon roumain est rouillé, « esthétique trash » est une épithète employée par les mièvres et désignant la totalité de la littérature digne de passer le test du temps et à laquelle ils ne comprennent forcément que pouic.

Toujours selon mes Roms, ça permet ensuite aux professeurs de baliser le corpus en faisant croire que tel ou tel phénomène se produisant sous le seuil trivial de leur compréhension (Delly, Dan Brown, BHL) a une importance capitale, tout en laissant aux « trash » de leur époque le loisir de se salir les mains et les yeux avec l'art (Céline, Fante, Guttierez)…

J'avais mal à la tête et je me suis mis à courir à la recherche d'un bon Gavalda mais le plus vieux me pourchassait. Lorsqu'il m'a rattrapé, c'était pour me signaler de force, entre mes râles hoquetants, la différence irréconciliable (sans cesse négligée par les grabataires anglophiles unilingues en charge d'étiqueter la culture au Musée Froid des Sciences Molles) entre
trash : poubelle, rebut, et thrash : battre, frapper. Ainsi en anglais on qualifie de trash des items culturels de récup, sciemment ringards comme dans le kitsch de John Waters, alors que le terme thrash est employé pour désigner la contre-culture punkisante, les cheveux à pic-pics, les t-shirts déchirés, les anneaux dans les trous de nez. Pas exactement ce que je connais de monsieur Mistral ou de sa littérature.

J'ai remercié mon vieux Rom, qui m'a annoncé que son nom était Baba. J'ai rétorqué en souriant que le mien était effacé.

Venise a dit...

Pour des personnes qui s'intéressent à ce qu'une moppeuse de plancher pense, je trouve que vous pensez longtemps et en compliqué en pas pour rire. J'ai presque mal à la tête d'essayer de vous comprendre.

Je vais laisser tomber finalement, j'ai trop peur que mon propre chapeau ne me fasse plus après tous ces efforts. Parce qu'une tête, ça peut maigrir de faire trop d'efforts.

De quelqu'un qui moppe elle-même son plancher

Mistral a dit...

Vous comprend tout à fait, chère Venise. Vous serez plus à votre aise chez Stanley ou Robert Lalonde. Ça sent le lilas, là-bas.

J'habite une tour de dix étages et si ça vous choque que je passe pas la moppe dans les corridors au lieu d'écrire, je m'en vais de ce pas traînant échanger mon clavier contre une vadrouille: nul doute que le roman de la concierge vaudra le mien, car tout se vaut, n'est-ce pas, et un livre est un assemblage de papier tranché relié qu'il faut remplir de caractères d'imprimerie pour le vendre et justifier l'existence du Salon du Livre et satisfaire la faim de culture des vieilles dames. Ma concierge ne sera pas intéressée, elle vient de lâcher ses études doctorales, le deuil est in progress, mais elle sous-traitera un nègre, probablement celui avec qui elle couche et qui écrit des poésies sur la Norvège.

Mistral a dit...

Je l'aime bien, moi, Venise: pas de plaies d'Égypte sur Venise, passez le mot.

Je vous promets d'essayer de penser moins longtemps la prochaine fois. Ferai le plus vite possible, et le plus simple. Penser vite et simple. Vais demander conseil à Stan.

Save time, gain readers! Learn to think up to 60% faster. Be privvy to 10 secrets of successful simpletons the big shots on the Plateau, in universities, in Hampstead, do not want you to learn! If you cannot tie your own shoelaces and never read beyond the back of a cereal box, this book is for you, and it's ALL ON TAPE!

Mek a dit...

Dya got it on Betamax ?

Mistral a dit...

Super 8 scratch'n'sniff widescreen Moronoscope.

Mek a dit...

Odorama ou sensurround ?!

Mistral a dit...

Chpense Odorama, sous réserves, vais vérifier demain, mais me semble bien parce que (ça fait longtemps) l'atelier qui avait réalisé les raccords olfactifs venait de finir un film de John Waters avec des retailles de bas-culottes de Divine et Waters a toujours privilégié Odorama et j'ai jamais entendu parler de Sensurround. À moins que tu fasses une farce. Mais là, restons sérieux deux minutes, pour les enfants.

Mek a dit...

Je ne badine jamais avec les choses sérieuses. Battlestar Galactica était présenté au Loews en primeur avec Sensurround. Essentiellement, il s'agissait de crisses de gros woofers qui vibraient si fort que tous les enfants craignaient les moments qui se passaient dans l'espace (où le son est PLUS fort, comme chacun le sait).

D'autre part, ce sujet de conversation me fait penser à ce Français chez qui j'ai planté ma tente y a quelques mois, qui faisait jamais le ménage. Croyez-moi, les petits amis, sa maison, c'était une baraque odorama.

Mistral a dit...

Ben, c'est pas pour me vanter, mais si tu passais au Bunker à soir, tu conviendrais que je plante les Français à ce chapitre-là aussi. Après quatre bombes fumigènes bibitticides et la visite d'un exterminateur et des tracks de poudre d'acide borique allongées comme des cicatrices, de la poussière de gyproc assemblée en forme de zipper

Venise a dit...

Vous faites vraiment une fixation sur Stan. Pourtant, le mieux que vous pourriez vous offrir est bien de ne jamais lui accorder une de vos pensées. Ni même une branche de lilas.
Vous choisissez bien vos fleurs pour un écrivain qui ne moppe pas ; lilas. Lis là donc au complet mon histoire. J'ai peut-être l'air de quelqu'un qui lit Robert Lalonde mais à vrai dire, j'ai réussi à en compléter un seul. J'aime les commencer par exemple ! Le vôtre, Léon et Coco, je suis allée jusqu'au bout et je lirai votre prochain.
J'aime les pensées plus que le lilas.

Mistral a dit...

Vrai, Stan est ma bête noire. J'aime pas le jazz, j'aime pas le name-dropping, j'aime pas les bozos qui sont tout fiers de prétendre sur leurs blogs plats qu'ils ont couché avec une de mes blondes rondes, j'aime pas ceux qui simulent l'ubiquité, qui lèchent le cul et les membres de l'UNEQ, j'aime pas l'idée d'un syndicat d'écrivains, j'aime pas les imposteurs gonflés d'orgueil frileux qui prétendent faire le même métier que moi et qui ne voient pas de nuance entre une cantine mobile et le Pied de Cochon, j'aime pas les gars qui paraphent de 13 à 14 heures le lundi du Salon du Livre en novembre, quand défilent soixante petits hommes ayant lu le romantelet pour petits hommes, j'aime pas qu'ils pensent qu'un écrivain c'est ça, ce sirupeux bouffi perclus de ressentiments jamais exprimés, je déteste cordialement ce gros garçon-là depuis qu'il a laissé échapper sa surprise déçue de me croiser dans le métro plutôt que me savoir en prison: j'étais sorti depuis une demi-heure, ça fera bientôt quinze ans, je lui ai souri et lui ai promis que je n'oublierais jamais, et voilà, Venise.

Ce comm, là, c'est ce que j'ai lu de plus cool de toi. Merci. Ils vont comprendre pourquoi je t'aime bien. T'es belle quand t'es fâchée. T'écris bien quand t'as pas l'air de revenir d'une soirée de bingo. Veux pas m'acharner, mais en vingt ans j'ai jamais entendu dire que SP ait écrit, même par accident, une ligne avec du nerf comme ça. Temps de hausser la barre. La littérature est le contraire du limbo: toujours plus haut!

Venise a dit...

C'est curieux parce que je ne suis et n'étais pas fâchée. Aucunement. À tout le moins, ferme. Voilà une des choses que j'aime de la lecture, cette liberté du ton.
J'ai relu mon commentaire avec une fâcherie dans le ton. Ça lui va bien.

J'apprécie que vous m'expliquiez pourquoi vous n'aimez pas Stan mais en même temps, j'en savais une bonne partie. Par inadvertance, je me suis trouvée dans cette guerre de tranchée après que vous soyez passé à TLMEP. J'ai laissé sur son blogue un commentaire qui ne nourrissait pas sa guerre contre vous. Je vais jusqu'à présumer qu'à ses yeux à lui, mon commentaire vous défendait.

Je ne me range ni d'un côté, ni de l'autre. Je me range du côté de l'être humain. Malgré que pour être tout à fait honnête, je sens beaucoup plus d'ouverture de votre part. Je veux dire, de vous à lui. L'ouverture blessée est la plus sanglante.

Je n'ai jamais joué au bingo. Mais si un jour, on me l'offrais, j'irai. Pour l'expérience. Pour vivre une histoire d'humain. J'essaie, sans toujours y parvenir, de ne pas nourrir les clichés, ils sont déjà assez gorgés d'ignorance comme ça. C'est ma perception à moi et elle n'est pas à vendre. À partager seulement.

Mistral a dit...

Héhé! Quand on attend le meilleur du monde, il va se fendre en quatre pour le fournir, quand on attend le pire c'est garanti Purolator qu'un orage de marde va tomber sur le perron. J'attendais le vrai de votre plume, et ça sonne franc à mon tympan, cette encre-là.

J'aimerais vous dire que oui, je suis ouvert à SP, que la trappe est béante dissimulée sous les feuillages, que tous les pièges sont amorcés. Mais à la vérité, il l'a creusé lui-même, son trou, long ago, il est tombé dedans comme le dernier des caves, et le seul mérite que je me reconnais parfois est de ne pas l'y ensevelir pour de bon.

Un jour, il se peut même que je l'en laisse sortir.

Venise a dit...

Vous m'avez démasquée. Une cueilleuse du meilleur du monde (c'est égoïste, c'est moi qui en profite !). Je vous ai démasqué, un noble justicier (c'est altruiste, ce sont les autres qui en profite !).

Mistral a dit...

Z'allez me faire rougir, dans mon état c'est guère indiqué.

Bonsoir, sweet Venise. Capri, c'est fini, by the way.