26.9.08

VLB strikes again

Pourquoi j’appuie le Bloc québécois

par Victor-Lévy Beaulieu


Trois-Pistoles, le jeudi 25 septembre 2008


Je suis Québécois et je suis pacifiste. Je crois que la diplomatie, si on la pratiquait vraiment, et pour les bonnes raisons, notamment pour le droit au bonheur des peuples, serait autrement plus efficace que la guerre. Or, Stephen Harpeur fait de ce pays qui s’appelle le Canada une nation guerrière : 30 milliards de dollars consacrés par son gouvernement pour l’armement et sans doute plus d’une douzaine de milliards jusqu’à maintenant pour le coût de la guerre en Afghanistan. Non seulement il faut dénoncer cette politique, mais exiger comme Québécois pacifiste qu’on y mette fin.

Je suis Québécois et je tiens au respect de la Loi 101 chez moi. Ma langue, c’est mon âme, c’est mon être identitaire, c’est ma fierté et c’est ma joie. Alors que Montréal est déjà une ville à majorité anglaise, Stephen Harpeur ne respecte même pas les lois du Parlement fédéral qui obligent les fonctionnaires du Québec à être bilingues et il n’entend pas y changer quoi que ce soit! Je ne veux pas disparaître, noyé dans un continent anglophone. Je veux qu’il y ait un avenir français pour moi, je le veux ardemment.

Je suis Québécois et je ne crois pas à la répression policière et pénale, ni pour les jeunes délinquants ni pour n’importe quel citoyen qui a fauté par-devers la société. Le philosophe Michel Foucault a prouvé hors de tout doute raisonnable que la prison, bien loin de faire des condamnés des citoyens à part entière une fois sortis du pénitencier, multiplie par dix le nombre des délinquants. Harpeur préfère donner son aval au marché des armes et à la punition plutôt qu’à la prévention.

Je suis Québécois et je vis en région. Que fait le gouvernement Harpeur pour qu’on puisse au moins espérer en l’avenir? Bien pire que rien! Par son ministre Jean-Pierre Blackburn, Harpeur a coupé même dans le maigre des subventions accordées aux régions : oubliez la formation, l’aide à l’emploi, les crédits d’impôt, l’appui à l’industrie forestière, à l’industrie manufacturière en difficulté! Débrouillez-vous! que dit Harpeur. Faites vos doléances à votre gouvernement provincial! Et mangez de la misère tandis qu’en Alberta on fera guili-guili aux grandes pétrolières pour plus d’un milliard de dollars en avantages fiscaux!

Je suis Québécois, je vis en région et je suis un travailleur autonome. Je fais donc partie des 40% de la population qui exploitent par eux-mêmes et pour eux-mêmes leur capital humain. Le gouvernement Harpeur est totalement indifférent au fait que les travailleurs autonomes, faute de mesures fiscales adéquates à leur statut, vivent presque tous sous le seuil de la pauvreté et dans une insécurité pour ainsi dire totale.

Je suis Québécois et depuis plus de 40 ans, j’œuvre dans le secteur culturel comme écrivain et comme éditeur. Les études faites par l’UNESCO ont démontré depuis longtemps qu’une nation comme la nôtre ne peut se développer culturellement sans appui gouvernemental. Les coupures faites par le gouvernement Harpeur dans l’aide à la promotion culturelle à l’étranger, et qui touche particulièrement le Québec, sont encore un signe de la censure que Harpeur tient à exercer sur notre création. Quand on sait que le gouvernement fédéral contrôle à lui seul plus de 75% de l’aide accordée aux éditeurs (pour ne parler que d’eux), qu’arriverait-il si, après les élections, Harpeur se mettait à couper là aussi parce que la littérature québécoise ne correspond pas à sa vision réductrice du Canada? Quels risques pour notre culture qui compte actuellement pour l’une des plus inventives de tout l’Occident?

Je suis Québécois, libre-penseur, mais tolérant par-devers les religions.

Stephen Harpeur est un fondamentaliste qui voudrait nous voir retourner à l’époque honnie du « Crois ou meurs! » qui fut à l’origine d’inutiles guerres fort sanglantes au nom de Dieu, de la seule Vérité et d’une morale qui nous ramèneraient tout droit à la Grande Noirceur!

Je ne veux pas de ce fondamentalisme moyenâgeux! Je tiens à penser ce que je pense et je tiens à pouvoir le dire sans restriction.

Je suis Québécois, je crois au progrès de l’humanité, je crois à l’égalité entre les femmes et les hommes, à l’éradication de la pauvreté, à la fraternité et à la liberté. Le gouvernement Harpeur représente donc pour moi tout ce dont je ne veux pas, il ne correspond à aucune des valeurs pour lesquelles mes mères et pères, mes sœurs et frères ont combattu pour que le Québec puisse enfin sortir de son aliénation et venir au monde.

C’est pourquoi je vais voter pour le Bloc québécois le 14 octobre prochain. Un gouvernement majoritaire Harpeur pourrait représenter pour le Québec la fin du pays indépendant que nous voulons avoir. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas courir ce risque. Soyons solidaires au nom de notre être identitaire, au nom de l’espoir qui le porte, au nom de l’avenir. Seul le Bloc québécois est en mesure de nous représenter dignement dans un parlement qui n’a que faire de notre singularité comme peuple, nation et patrie. C’est parce que les Irlandais et les Écossais avaient un Bloc irlandais et un Bloc écossais qu’ils ne sont pas disparus comme peuple, nation et patrie. Méfions-nous des sirènes conservatrices : elles ne veulent que mettre fin à ce que nous sommes et voulons devenir : un peuple, une nation et une patrie porteuses de vie plutôt que de mort. L’urgence, l’urgence d’agir : voilà qui devrait rendre tous les Québécois solidaires le 14 octobre prochain.

À ceux que les sirènes conservatrices pourraient malgré tout charmer,

voici ce que je leur offre : un plein rouleau de grosse corde pour que vous puissiez vous attacher au mât du drapeau québécois d’ici la fin de la campagne électorale. Et comme Ulysse, je suis certain que vous vous en féliciterez le lendemain des élections d’avoir échappé au pire pour vous retrouver, joyeux, confiants et heureux dans l’île de la Grande Déesse, là où les vrais rêves ne sont pas un cauchemar conservateur mais un appel aux plaisirs québécois d’être et de faire ce que nous sommes, en toute liberté!

6 commentaires:

Maphto a dit...

Je vois cette « diabolisation » d'Harper comme quelque chose de puéril. On est loin de la Grande Noirceur...

C'est drôle que VLB parle de l'Écosse. Je lis sur internet que le gaélique écossais n'est pratiquement plus parlé aujourd'hui. L'anglais est omniprésent. Même avec un « Bloc », les Écossais ont quand même perdu leur langue ancestrale.

La même chose arrivera-t-elle au Québécois ?

Matheo a dit...

Trop à dire, la déprime me contraint à peu.

Comment protéger VLB de la fin inéluctable d'un Québec francophone et de tout ce qu'il (pourrait)représente(r)?

Ai vécu dans mille pays non anglophones. De solides gros états, étant bien loin d'être petits et "en devenir", en pleine génuflexion devant la langue anglaise. Langue internationale qu'on dit, c'est pratique, maigre résistance sinon inexistante.

La langue de l'argent se contre crisse des frontières, lois, cultures, humains, tutti quanti. Elle impose le vide de son modèle sonnant.

Que voulez-vous. C'est pas le bonheur de la deuxième porte de garage sur le bungalow, c'est le malheur de montrer son cul au modèle et d'être contraint de faire sans bungalow.

On court moins après le bonheur qu'on fuit le malheur.

La résistance de VLB me fait un bien fou même si elle me déprime.

Matthieu H a dit...

eille le gros, les écossais on perdu leur langue ca fait pas mal plus longtemps que nous, il y a dix ans, il restait moins de 3000 personnes capable de parler Gaëlique...et le S.N.P à été former en 1934, il était déja trop tard.

l'Écosse est sur le territoire même de l'Angleterre...
donc les pommes avec les pommes veux-tu.

et tu pense que des coupures en cultures c'est
innocent? Au nom de la saine gestion?
t'est cave ou quoi, tu doit venir de Québec je pense, tu pense que les opinions c'est mieux que les faits. au deuxième trimestre le Canada a un surplus bdgetaire de 1.3 milliards (pour un total de près de 3 milliards de surplus en 2008) donc couper 45 millions c'est des calisse de pinottes idéologique (bon c'est fait, je pête ma coche)...
sans compter tout l'argent qui rentre pas, dut au crédit d'impot pour les entreprise pétrolières.

on diabolise Harper? on s'imagine qu'il veut réduire le fait francais?
mais c'est exactement ça, qu'il fait! plus on réduit l'offre de produit culturel en francais et plus les adolescents sont exposé aux merdes du genre 50 cent au lieu de loco locass ou sans pression, et trouve ringard les mario pelchat de ce monde.

l'art c'est purement subjectif, anyway, donc ce que matante RIta ou mononc Guy aime ou aime pas. considère ou non de l'art, on s'en tamponne les burnes.

il y a une baisse de criminalité chez les jeunes contrevenants en égars au Modèle Québécois, mais les caves de L'adq (en minuscule s.v.p parce qu'il sont si petits) applaudissent, incapables qu'ils sont de vivre avec des faits au lieu de perceptions.

Harper c'est un idéologue, la réalité y en a rien à calisser, le totalitarisme c'est la gangrène a Santiago comme à Lévis....

La grande noirceur c'est moins pire que la fausse clareté de nos médias. Incapable de meta-analyser l'utilisation patente de propagande et de mensonges.

Le bloc est là parce qu'on vote pour lui, point à la ligne. Le Canada est une confédération de province, et normalement il devrait y avoir un bloc, (constitué de tout les députés) de chaque province et pas de parti pan-canadien...

Le Québec est unique dans le monde, probablement le plus haut taux d'anglophone (capable de parler ou à tout le moins de comprendre l'anglais dans le monde), ouvert, éduqué, pertinent. si on faisait taire les cons et si on allait de l'avant pour de vrai, le monde nous envierai.

(mr mistral je m'excuse, c'est long, décousu et mal écrit, j'en suis a 10 bières et je pète ma coche, je ne vous garderer pas rancune de ne pas publier mon commentaire)

Mistral a dit...

Are you fucking kidding, man? C'est pas décousu, c'est pas mal écrit, et je l'aurais publié même si le gros que tu attaques était moi, quoique je confesse que ça m'aurait coûté davantage.

TG a dit...

Si j'peux parler au nom de ma génération, les nouveaux électeurs; ils n'en ont rien à branler du Québec, rien à foutre de l'identité québécoise ça ne leur évoque rien. Ils ne voient pas de différence entre nous et eux. Ils sont américanisés de toute façon. Un américain-québécois ou un américain-albertain, c'est la même chose pour eux. Ils voient pas l'urgence. Mais ils auraient manqué pour rien au monde l'entrée en scène des gars à occupation double...

Putain que j'aurais aimé naître en 1970.
Jo-

Gomeux a dit...

Faudrait savoir, tu parles en leur nom ou non?
Naitre en 70? Pourquoi?
En 80: Non.
En 95: NON.

Ce que tu décris là c'est le québécois moyen, qu'il soit né en 58 ou 90.
Arprends su toué pis botte des culs.
Ça vaut mieux que la nostalgie 70.