11.11.11

Seront jamais vétérans...

Le prix du sang que coûte notre alliance avec l'impérial voisin du dessous.


LES CIMETIÈRES FLAMANDS
Sous les rouges coquelicots des cimetières flamands,
Qui parmi les rangées de croix bougent dans le vent,
Nous sommes enterrés. Et dans le bleu des cieux,
Les alouettes encore lancent leur cri courageux
Que plus personne n'entend sous le bruit des canons.

Nous sommes morts : il y a à peine quelques jours,
Nous connaissions les joies de la vie, de l'amour,
La fraicheur de l'aurore, les lueurs du ponant.
Maintenant nos corps sans vie reposent en sol flamand.

Nos mains inanimées vous tendent le flambeau :
C'est à vous, à présent, de le tenir bien haut,
De contre l'ennemi reprendre la querelle.
Si vous ne partagez des morts la foi rebelle,
Nos corps ne pourront pas dormir paisiblement
Sous les rouges coquelicots des cimetières flamands.



J.P. van Noppen
Une traduction du poème 
"In Flanders Fields" 
de Lt.-Col. John McCrae

14 commentaires:

Unknown a dit...

Sur Facebook, je donne au suivant; c'est trop beau ... merci.

Mistral a dit...

Good. Merci en retour.

Blue a dit...

Impressionnante cette galerie de portrait! Sobre et touchant, ça prend aux tripes. Quelle absurdité, la guerre...

Mistral a dit...

Pourquoi, absurdité? Kestu veux dire?

Quelle théâtralité, la guerre. Quelle incongruité, la guerre. Quelle maïeutique, la guerre.

Calvaire, Blue: PAS D'HOSTIES DE BOUVARD ET PÉCUCHET DANS MA COUR! Pas de lieux communs, d'idées reçues, de phrases convenues qui veulent rien dire. Is that fucking clear or what?

Blue a dit...

Scuze.

Je trouve dommgage et attristant qu'à notre époque il faille encore en venir aux armes pour résoudre les conflits. Je sais bien qu'il y a derrière tout ça des enjeux économiques et financiers, mais je pense qu'on pourrait mieux se servir de l'argent dépensé et de la matière humaine anéantie pour faire avancer l'humanité. C'est terrible de voir que tout ce qu'on a pu apprendre avec le temps, que toutes nos histoires, que toutes nos intelligences ne puissent permettre de résoudre ces différences de point de vue et de vie autrement que par le sang et la chair d'êtres humains. C'est ce que je voulais mettre derrière ce mot d'absurdité, merci de m'avoir rappeler à l'ordre et m'avoir aisni encouragée à affiner ma pensée pour mieux la partager.
J'aimerais pouvoir laisser un autre monde à mes enfants, mais, sans doute suis-je trop idéaliste?

Mistral a dit...

Trop idéaliste, huh ?

Un mec roublard postule un emploi et le voilà au beau milieu de l'entrevue d'embauche. Le chargé des Ressources Humaines lui pose une des dernières questions: «Vous venez d'exposer ce qui à votre avis constitue votre meilleure qualité. Je vais maintenant vous demander ce qui selon vous est votre plus vilain défaut...»

Le mec fait mine de réfléchir avec effort, comme s'il chiait du verre pilé, cinq, puis dix secondes, à l'évidence il prend l'exercice au sérieux, ça fait plaisir au chargé des RH qui se demande de plus en plus souvent récemment ce qu'il est allé foutre à l'université trois ans pour apprendre à faire ça, embaucher cette année, mettre à pied l'an prochain, d'ici là organiser les dossiers d'employés et les tenir à jour, ceux des sexagénaires discrètement marqués code-couleur, le reste ira tout seul à condition de demeurer proche du personnel, fraterniser sans familiarité, fournir des noms de groupes d'aides si un employé se confie: alcool, jeu, drogue, sexe, kleptomanie, aucune dépendance n'est sans groupe, il y a un groupe d'anciens Beach Boys sur le retour, Beach Boys Anonymous: un dossier à la fois, suffit qu'il en cultive 143 d'ici juin l'année prochaine, quand la grosse commande pour la Chine sera remplie, c'est le calcul du VP Planning, 143 moins 57 vieux qui vont dégager en pré-retraite, reste 86 (soulons, gamblers, junkies, obsédés sexuels, voleurs: sur deux mille ouvriers, il aurait récolté ça à temps pour l'anniversaire du patron le 15 mars, qu'ils essaient seulement d'arriver avec un meilleur cadeau, tous ces sournois flagorneurs de la division; lui, ce qu'il offrirait, enrubanné, ce serait le dossier contenant le montant dégraissé, la hausse estimée des actions, le bonus qu'allait lui voter le Conseil d'Administration, héhé. Ils auraient l'air de quoi, les langues brunes, avec leur set de clubs de golf en titane à 5 000$ emballé avec du papier de Noël, ils se seront cotisés pour l'acheter et certains auront busté leur Visa, si tôt après les Fêtes on n'a pas fini de les payer), département légal étudie déjà comment slacker les vieux sans s'exposer... Fuck, s'il avait suivi un cours d'Histoire, au moins, mais le Ministère l'avait éliminé; un cours de Philo, alors, mais le Ministère l'avait éliminé, ainsi que l'Éducation Sexuelle, éliminée, résultat il ignorait d'où il venait, où il allait, il n'avait jamais réfléchi à l'éthique ou la moralité de ce qu'il faisait, la valeur de ce qu'il était, hier en regardant un documentaire sur la bureaucratie nazie et le FBI de Hoover, il avait dégobillé son souper sur le shaggy du salon avant d'avoir le temps de sortir du La-z-boy et faire un pas vers les toilettes: de lourds grumeaux glissaient sur l'écran LCD. Chargé de Ressources Humaines. Good God. S'il avait vécu en ce temps-là? En Allemagne? Dachau? Oui. Sainte Vierge Marie, oui: il aurait fait ce qu'on lui demandait, sans coeur, sans cervelle... Trente ans dans un mois, toujours puceau. Qu'attendait-on pour éliminer le Ministère?

Le jeune à tête de rat s'est râclé la gorge pour retrouver son attention. «Ah! Oui. On en était à votre plus gros défaut?»

«Oui. Eh bien, eueeuhh... En toute franchise, on me le reprochait déjà quand j'étais très jeune, mes parents s'en inquiétaient, ils craignaient que je tombe malade. Eh bien, oui, eueeuhh, voici: je travaille trop. Je suis perfectionniste à l'excès, et quand je m'engage dans quelque chose, je m'y voue jour et nuit; ici, par exemple, j'appartiendrais à la compagnie, je dormirais jamais, certains ont décrit ma loyauté comme maladive, je me jetterais sous les roues d'un camion pour sauver la compagnie si elle traversait la rue au feu rouge à cet instant précis...»

«Wow. C'est votre défaut?»

Mistral a dit...

Le candidat sanglote doucement, tête penchée, se pinçant la racine du nez: «Houhouhouiiii, monsieeuuur! Et c'est si duuuuurr! Aidez-moi s'il-vous-plèèèè...»

Y a du monde, comme ça, leur pif nous revient pas. Tant pis pour la guenille.

Blue a dit...

:-)

Je me suis levée ce matin en repensant à ce petit film et soudain m'est revenu à la mémoire ces excursions scolaires à Verdun, ces champs de croix blanches et puis ces cours devant les monuments aux morts. Tous ces hommes sont des militaires de carrière, ils choisissent de mettre leur énergie dans cette voie pour défendre leurs idées et leurs convictions. Ils savent bien le risque qu'ils encourent s'ils doivent aller se battre, ils sont formés pour. Qu'est-ce qui décident des individus à embrasser ce chemin? Un père lui-même militaire, la quête de sens, le goût du feu, le besoin d'ordres, l'attrait de l'uniforme, les heures passées gamins devant Warcraft?
C'est étrange la pensée, ça fait son chemin tout seul. Quand on enclenche le processus, le cerveau s'organise dans son coin même si on ne pense pas qu'on pense souvent tellement détourné par les mille et une choses à faire du quotidien. Je suis frappée de m'être réveillée avec tes mots en tête: " Quelle théâtralité, la guerre. Quelle incongruité, la guerre. Quelle maïeutique, la guerre." associés à cette image de Rourke dans le film que j'ai visionné hier soir en ancien vétéran du Vietnam hanté et torturé par ses expériences de guerre. Je n'avais jamais percuté sur la théâtralité, la mise en scène, le spectacle proposé immonde et pourtant jouissif pour bon nombre d'humains pour qui ces manifestations de force rassurent et qui n'imaginent pas le monde autrement que sous cette pression armée. L'incongruité, oui, qui remonte à la nuit des temps, l'animalité aussi, diable pourquoi on n'arrive pas à faire autrement alors qu'on développe les ressources de l'esprit? La maïeutique, oui la maïeutique, ne peut-on donc pas concevoir d'accoucher d'un meilleur autrement que dans la douleur, est-ce naturel de tuer pour vivre?

Ta petite histoire me donne de nouvelles pistes de réflexion, ça va faire son chemin! Elle me donne en tout cas en première instance l'envie de continuer à être comme je suis, idéaliste. Toutes les personnes que j'ai pu rencontrer dans ma vie m'en on fait le reproche, pourtant pour moi c'est comme un carburant. Tu tentes de me faire carburer à l'éthanol et je tousse, je n'avance plus, mes neurones se bloquent. J'ai besoin de super, j'ai besoin de rêver. Je ne suis pas pour autant optimiste, pas pessimiste heureuse non plus, ché pas, j'aime penser avec mon coeur, je crois.

Mistral a dit...

Votre 72e ou 76e soldat est mort hier en Afghanistan. On en est à près de six cents. Comme tu dis, mieux vaut être formé pour. Nos gars doivent pas regarder où ils marchent.

Blue a dit...

Ouep, je sais. Rip. Peut-être que ça n'est pas pour eux une guerre ordinaire, elles ne respectent pas les codes habituels?
J'écris ça et suis horrifiée, d'associer guerre à ordinaire!

Blue a dit...

A quoi pensent donc les têtes pensantes à la tête de nos pays? Les soldats répondent aux ordres, c'est le deal! Même si j'ai du mal à comprendre qu'on suive un ordre surtout s'il n'est pas justifié, enfin je le comprends mais j'ai du mal à admettre qu'on puisse perdre son libre-arbitre à ce point. A qui sert cette guerre là-bas, est-elle nécessaire, est-elle vraiment nécessaire à l'humanité pour que tous aillent si faire tuer?

Yvan a dit...

Ils regardent et ils regardent pas
où ils marchent,c'est une époque
de guerre disséminée,enfouie
sous quelques centimètres de sable
ou de terre battue sur des centaines de kilomètres
à la ronde,sourde et muette jusqu'à ce qu'un pied marche sur le détonateur,qu'un pneu roule dessus ou qu'une ou deux balles "perdues" te transpercent.Pour avancer dans un territoire en toute sécurité il leur faudrait scruter chaque mètre minutieusement.
Pas l'temps et ça les mettrait
à découvert.
Damned if you do,
damned if you don't.
Elle est plus sale que sale
cette guerre,
partout et nulle part à la fois
contrairement à la dernière grande
où des régiments de tanks ou de soldats s'affrontaient à découvert
dans la majorité des cas.
On anticipait les mouvements de masse et on bougeait généralement en masse.
Bien sûr il existait des "snipers"
et quelques commandos,
ces tireurs d'élite pouvant éliminer un individu à plusieurs
centaines de mètres de distance.
Les snipers de 2011 peuvent abattre
un ennemi en termes de kilomètres.
Idem pour les avions de combats
et missiles divers il va sans dire,
avec tous les dommages collatéraux
qu'ils impliquent.

"Le prix du sang que coûte notre
alliance avec l'impérial voisin
du dessous". Right.
J'ajouterai: Avec l'accord idéologique "fully erected"
de Stevie "Herr" Harper,dit le Va-t'en-guerre pétroleux from
Calgary.
On pourra chialer tant qu'on voudra
à propos d'un règne précédent sous
Jean Chrétien à la tête du Canada,
mais lui au moins a refusé d'engager l'armée contre l'Iraq
à l'époque de Georges Bush pépé.
Si ça s'trouve,Obama est encore
pire que Bush junior.
Au début je croyais que les Talibans méritaient d'être délogés.
Je croyais que ces barbares ne méritaient rien sauf leur destruction.Je le crois encore,
à la différence que la solution
aux problèmes de ce pays ne viendra pas de l'extérieur par des intérêts géo-politiques imposés
aujourd'hui. L'Occident ne changera pas l'Afghanistan
malgré tous ses efforts et ses morts parce que son intérêt
premier est pécunier et non pas humanitaire et démocratique
comme les médias généralistes
s'évertuent à nous le faire croire,
par désinformation imposée.
En opposition à une culture
de clans bien enracinés.
Le génocide Rwandais est le
plus récent et illustre exemple des intérêts ciblés ou non par l'oligarchie planétaire dominante au détriment de l'humanisme.

Ça viendra d'eux,pas de nous par la force en tous cas.
C'est LEUR pays,leur terre,
leurs frontières.
Accepterions-nous qu'un pays
étranger vienne nous dicter
notre marche,aussi pauvres
et malheureux que l'on puisse
être?
Le problème majeur à mon avis
c'est qu'il n'existe aucun organisme véritablement indépendant,aucun n'ayant une
autorité morale avec pouvoir
éxécutif au-dessus de l'ONU(pff)
et l'OTAN(bras armé int'l des USA)
pouvant recevoir et donner suite
aux récriminations des peuples
de cette planète avec sagesse,
équité et soucis de justice élémentaires.

En attendant,
des familles pleurent.
Des centaines de milliers
de familles pleurent un proche
perdu dans la violence. Fils,fille,frère,soeur,
neveu,nièce,père,mère,amis,
amoureux(se)...

Merci de te souvenir,Christian.
leurs morts

Mistral a dit...

Merci à toi, Terrible, de cette contribution brillante et généreuse, digne de toi et des Tribaux.

Mistral a dit...

Blue:

T'as fini, là?

Fou, hein, comme certains sujets transforment automatiquement des gens intelligents en perroquets de platitudes. «A quoi pensent donc les têtes pensantes à la tête de nos pays?», c'est un bijou. Quant à tout ce qui relève de la guerre, les femmes, à part s'être mises à la faire, continuent de répéter les mêmes sottes affaires que les grand-mères de leurs grand-mères. De s'effarer hypocritement, comme si elles n'y étaient pour rien. Or, il y a beau temps que la guerre serait morte si les mères et les épouses en avaient décidé ainsi, élevé leurs fils autrement et influé sur leurs maris.

Évidemment qu'elle est nécessaire, cette guerre là-bas. Sinon là-bas, ailleurs. Et justement, tous ne vont pas s'y faire tuer. Que des volontaires. Et pas beaucoup, objectivement. La guerre (moderne), c'est pas une raison pour se faire mal.