16.11.11

L'indignation des écrivains, ou l'art du piggyback

C'est en visitant le site de Mac que j'aperçois, du coin de l'oeil droit, ce nouveau gadget twitteux semblable aux fils de presse, et le nom de Johnny Bee.

De fil en aiguille, semble qu'un rassemblement d'écrivains se prépare pour dimanche prochain, Place du Peuple ou Place des Peuples, personne a l'air certain, anyway Square Victoria. Et ça se garroche pour répondre «Présent!», oh c'est de toute beauté. Ça va lire, ça va appuyer, ça va exprimer la solidarité des écrivains en belles phrases complètes. Ça va, bref, voler le show et se mêler d'autre chose que ses affaires, qui sont ÉCRIRE!

C'est aux Indignés de se définir, de choisir leurs mots pour leur cause et convaincre le monde.

Kessé qu'une gang d'écrivains, des bons et des pourris, ne représentant personne à part eux, et certainement pas les écrivains, kessé qu'ils ont d'affaire là s'ils sont pas prêts à coucher dehors?

6 commentaires:

Mathyas Lefebure a dit...

Du fond de mon exil provençal, je seconde. Marci. Une job, une seule crisse de job, d'impossible job: écrire. Comme pour être lu posthume.

Mistral a dit...

Ah ben ça parle au diable. Mathyas. Ça fait vraiment plaisir, tsé.

Attends une minute, que je leur parle un peu de toi.

Ce gars-là, c'est le loup qui tourmenta tant Monsieur Seguin, et c'est aussi Monsieur Seguin. C'est celui qui est parti d'ici et qui vit avec la vraie Provence que moi Mistral j'aime de loin pour cause de mariage avec Montréal. Mathyas est Daudet si ça lui plaît, ou le petit frère de Pagnol refusant le siècle pour l'amour de ses collines et gardant son troupeau, Mathyas est aussi celui qui m'a survécu d'un jour au Combat des Livres en 2007, pas mal pour un ex-prédateur urbain transfiguré en dharma bum et sanctifié par l'abandon des ambitions destroy.

Mathyas, je niaisais pas en écrivant que ça fait vraiment plaisir. Toujours espéré que l'occasion se présente de te dire le fond de ma pensée: Frosi s'est fait baiser par cette ceinture noire en combat québécois, Lévesque, et toi tu t'es fait voler. Du moment que Vamp sortait de piste, ton livre était si supérieur à l'autre, I mean tellement, comme un cheval menant par cinquante longueurs au point qu'il n'a rien à faire dans la même course que les autres, ton livre emportait une si vaste majorité d'adhésions des gens qui LISENT, qu'en ne gagnant pas il accentua un malaise face à la formule ressenti par de plus en plus d'auditeurs: le Combat n'était pas celui des livres.

Fascinant, t'imaginer là-bas en Provence de Mireio, hippie pastoral hors du temps, le bâton le chapeau le manteau et tout, et le laptop itou connecté WiFi, héhé.

Y était temps qu'on jase. Ouais, Tribaux, au fait, c'est la toute première fois, Mathyas et moi.

Mais ce qu'il dit en commentaire: y a-t-il besoin d'en savoir plus pour reconnaître un écrivain? Nope. Ni plus, ni moins.

Tu nous diras salut plus souvent, astheure, au lieu de passer masqué comme un voleur!

Yvan a dit...

Trop bon.(Bonjour Mathyas)
Place du peuple,des peuples,
de le peuple?
Where the fuck is that.
Au square Victoria ben oui,
duh comment n'y ai-je pas pensé
plus tôt cibouère.Suis-je donc
retardé si je ne fais pas mon cui-cui de 140 caractères chaque
heure que l'existence m'amène?

Il y a kek chose de profondément
troublant au Royaume des écrivains.
Je dis troublant parce que je suis pas négationniste ni révisionniste.
Plutôt questionniste. ;)
Aller se la péter sur une
scène en lectures pendant que
des centaines d'êtres humains
s'y entassent depuis des semaines
voire des mois dans des tentes.
Ché pas, ça me laisse perplexe.

Cela m'apparait un peu
"récupération intello" malgré
la bonne volonté, mé bon.

C'est mieux ça que Janette Bertrand
tentant de récupérer Pauline Marois
au niveau du PQ puisqu'on fait
dans l'tordu.
J'trouve ça facile,
débarquer là en lisant des textes sympathiques à la cause sans qu'aucun des écrivains présents ait jamais vécu sous la tente primaire indeed; à part Mac.
Je trouverais plus pertinent
un documentariste intelligent
prenant son temps pour s'imprégner du mileu, accompagné d'un caméraman pour nous livrer
un témoignage "in vivo",
sans jugement ni idéologie.

Mathyas Lefebure a dit...

Diantre que je me souviens de cette déception partagée devant le combat 2007 – qui était le premier de Charrette.  J'avais terminé le livre enfermé dans un shack en écoutant le dernier de Bazzo, début 2006, et je rêvais de l'impossible – qui est arrivée. La grande déception, oui, ce n'était plus le combat des livres, c'était le combat du fatras. De la rhétorique de reality show en string fluo. La belle posture : le livre dans main, les plumes dans l'cul. La sortie du gars qui attaque mon vocabulaire, d'un livre pourtant pas pantoute sur-écrit. La sortie de madame Marois qui te sort dans une dérive féministe lamentable, – on aurait pu sortir l'assommoir de Zola avec la même logique, parce que Coupeau part sur la brosse, insulte et bat Gervaise. Ou parce que, comme tant de gens, pas encore capable de distinguer l'écrivain du type pas trop fréquentable que t'as du être certaines années .

Qui plus est pour moi la Charrette c'était deux en deux _ l'entrevue du lancement du livre avait viré disons plutôt mal. Elle m'avait demandé, texto, de lui « parler de mon p'tit chien » et si mes parents étaient contents que je pub lie mon premier livre, moi qui débarquait de mon alpage avec un truck de Nietzsche pis de idées d'altitude


C'est aussi chaleureux qu'un canon gouleyant au hameau avec Dudu que de se faire saluer ici de la sorte. D'ailleurs, le côtes du Rhône primeur 2011 et ses 14,5° d'hier (2,50 Euros chez le boulanger) était bon devant l'écran. J'ôte mon masque et je dis bonjour, puisque de revenir à écrire il est question. Je descends d'un autre alpage, mais aussi d'une page blanche, qui m'a fait fermer les blogues, les lumières, l'espoir.

L'automne arrivant, le sentiment de devoir aussi, je reprends le fanal. Je t'écris assis dans un train, sur le 3G, qui me porte vers Sète et un hiver d'écriture au bord de la mer, à deux pas du cimetière marin de Valéry et du cimetière plus humble du vieux Georges. J'ai mes repères là. Des peintres, des cinéastes, la mer qui recommence tout le temps son fracas moins embêtant que tout le fatras du monde. A deux pas aussi de la rue Mistral, eh ben.

On parlait de quoi, de cette mauvaise idée d'aller aux Indignés faire de la littérature comme on fait du slam ? La littérature n'est pas du slam pis les écrivains ne forment pas une communauté – s'ils le faisaient, la communauté serait en sang, à force de se fesser dessus. Les bons écrivains ne sont pas du bon monde, en général, t'as écrit quelque chose comme ça quelque part. Et pis surtout, la chose publique, c'est n'est pas la job de l'écrivain ; la chose pubique, je veux bien, mais s'il tripote la chose publique, c'est l'anémie assurée, pour lui, son œuvre, et sa postérité.

Y'a tant de gens, et des bons, qui se perdent à écrire pour se faire aimer de la cité quand ils signet des dédicaces... On accepte déjà de jouer le jeu du spectacle, d'aller à la télévision répondre aux questions de gens qui nous ont pas lu mais qui ont quand même des questions, si en plus, faut mettre nos beret de Che Guevara et turluter, on se perd en maudit.

Je me rongeais les ongles que la société du Spectacle érode même la littérature-- voilà qu'il me faudrait un miracle de repousse, elle sabote même l'aspiration libertaire. Dans le temps de mai 68, les gars les plus éloquents voulaient juste coucher avec plus de filles.
Pour p as m'épivarder et pis faire court, je réitère – écrire, c'est tout ; autrement, maudit que le silence sonne bien.

Au plaisir de pousser un peu du crayon ici entre deux transes. Je dois repasser au Québec pour des histoires de visa français et des conférences au secondaire, en février, un ou deux mètres de pastis pourraient se concevoir.


D'ici là, mon train entre en gare.

Mistral a dit...

Mais t'as vraiment tous les talents. Ils te laissent causer au secondaire? Comment t'as pu combiner ça?

Hon! Suis-je bête. Ils savent pas que t'es un freak. Moi chu baisé paskils savent pas que chu un agneau déguisé.

Essaie de compter combien de gars combien de filles, ok? C'est la Peste Noire pour les garçons, ici, ça tombe comme des mouches, en fait c'est plutôt genre Twilight Zone, ils disparaissent, personne semble s'en apercevoir, si on demande au Directeur ousséki sont passés, la réponse fuse, enregistrée: «Décrochés!»

Alors on se saturera de statistiques et de pastis paski faut s'occuper de nos garçons, au moins autant que d'nos moutons, right, Mathyas?

Emcée a dit...

À lire...

Jusqu'à la fin !