21.9.08

Double Dan

Deux Daniel ce soir à TLMEP. Un qui n'était pas plein d'air et d'idées empruntées. Talking strong cheese and you didn't even think stink. L'autre, celui qui détourne mes textes, talking bullshit as usual, and the smell, welll... Ce type est pourtant brillant, brave sinon courageux, et son talent pour motiver, captiver, rassembler est sans égal, et son coeur est grand comme un trois-mâts dans une bouteille d'Absolut fabriquée pour souler Berlin l'an prochain quand ils fêteront la chute du Mur, faque ça me débine qu'il donne la moitié de sa mesure, I don't care how many medals they shower him with.
 
Vous souvenez quand j'ai pogné les nerfs le six septembre? Un billet, deux billets, trois billets.  Or, je connais mon lectorat (c'est vous autres, ça), je vous connais pas personnellement, je connais les courbes de flux et de reflux, je sens quand vous attendez que je redescende et que vous vous dites il se paie une colère noire, chic chic chic, il est plein de pisse et de vinaigre et de drogue et de boisson, on va bien rigoler, et de fait ces jours-là les visites augmentent d'un tiers, je vous fais triper gratis pire qu'un cracheur de feu sur échasses Place Jacques-Cartier, pire parce que lui vous lui pitchez des trente sous et qu'il peut voir vos sales gueules. Et il y a les autres, ceux de vous que ça ne concerne pas, ce qui précède, depuis ceux qui ont déjà eu un mot gentil, jusqu'à ceux qui en ont souvent, la Tribu, et ceux aussi qui n'ont jamais écrit mais qui ne sont pas comme les regardeux d'accidents et les coureux d'incendies. Et ceux qui ne viendront jamais ici, ils sont légion, ils sucent le suc des mots comme des coquerelles sur des centaines de forums débiles et dégoûtants et décourageants et désâmants comme celui-ci, la Toile en est pleine, même la crisse de BIBLIOTHÈQUE NATIONALE émet cette fiche (1986-2006 [enregistrement sonore] : 20 ans de musique québécoise): quinze chansons, quatorze auteurs, un Bigras.

Les Québécois aiment les chansons à texte, même les kids qui sauteraient une coche si on les accusait de ça, qui croient triper sur la meusik pis la grosse guit au fond, dude, s'ils sont Québécois, ils répondent aux mots d'abord, c'est vrai des secrétaires et des truckers, c'est vrai des chauffeurs de taxi blacks et des barbiers italiens et de mon dépanneur coréen, sont Québécois francophones, Y TRIPENT TEXTE! Ces hosties de puants de zouaves qui grouillent sur les forums ne s'échangent pas des partitions, ni des mp3 instrumentaux, ils ne s'échangent même pas la voix des interprètes, les chansons ils les connaissent déjà, mais ils ne s'arrêtent pas au titre, ils s'émeuvent de chansons qui les ont touchés puis se les citent à pleines pages sans jamais faire la différence entre une toune de Richard Desjardins et une toune de Dan Bigras (sur ce forum, par exemple, vous trouverez deux morceaux grandioses de Gilbert Langevin qui constituent l'apogée, la somme de ce qu'il apprit de la poésie durant toute une vie consacrée à son art, sacrifiée à son art, bout de viarge! et attribués à Bigras). Vous voulez savoir comment il écrit, Bigras? En 1998 il enregistrait Le déserteur. Cherchez pas, c'est pas écrit qu'elle est de Boris Vian. C'est écrit Dan Bigras. Il écrit pourtant pas comme Boris Vian,  Dan Bigras. mais c'est pas faute d'essayer. Il écrit comme ça, Dan Bigras, en 2003. Je trouvais ça chien, que les mongols de radio à Québec lui aient busté son gros contrat avec Canadian Tire, mais j'étais tellement soulagé de ne plus l'entendre que j'ai épongé une dernière fois le sang de mes oreilles et n'ai rien dit pour appuyer sa cause, ce qui ne me ressemble guère. Mais mon coeur et mon estomac me murmuraient de concert:«Qu'y mange de la marde!» La poursuite s'est évaporée, on a étouffé l'affaire à Montréal, le poème L'enfer du président est devenu la chanson Malbrook et le président (sa graphie phonétique pour le Marlbrough de la comptine: pas sa faute, c'est juste pas son truc l'écriture, mais quelqu'un aurait pu le lui dire) gravée sur l'album Fou en 2005. Le texte a un peu changé: Dan y introduit ce tampon entre lui et le message, ce Malbrook immatériel et vague, et surtout il modifie discrètement la fin qui lui a causé tant d'emmerdes, celle où il menaçait de tuer le président des États-Unis. À part ça, c'est la même toune fidèle au poème, héhé. Astheure, s'il y en a qui voient pas la différence entre un texte de Vian et ça, allez vous pendre s'il-vous-plaît.

Le 6, vous disais-je. J'ai écrit au triumvirat qui gouverne La Presse de même qu'à la journaliste. Elle m'a répondu en premier, avec tant de tact et de gentillesse et de simple décence professionnelle (du seul fait qu'elle me répondait) que je me suis déclaré satisfait. Elle m'a bien raconté un truc très dur à gober, à l'effet que Dan avait mentionné que j'étais l'auteur des deux textes en cause mais que des contraintes d'espace avaient forcé une omission malheureuse. Je m'en suis dit plutôt surpris, vu qu'en seize ans Bigras n'a jamais dit ça, mais que pouvais-je faire? Si elle voulait le défendre, j'étais pas pour la traiter de menteuse.

Ça serait resté là. S'il n'y avait ce papier du 14 dans le J de M qui reprend la même crisse de chanson! Tabarnak! Ses succès, son oeuvre. Depuis quand Soirs de Scotch est-il un succès vocal de Bigras, calvaire. Non, pas de point d'interrogation, c'est une question rhétorique qui n'appelle pas de réponse. Renée Martel s’est laissée bercer par Soirs de scotch (que Dan Bigras avait écrite pour Luce Dufault). Hein? Kossé, calice? Keski dit encore, là?

Mon ciboire de joker. Écrire, moi je le sais, ce que c'est, Dan. Je le sais comme ton père le savait, en fait je le sais même mieux, et les guirlandes de mots que je vais te tresser autour vont éviscérer la balloune pourrie qui restera de ton imposture artistique quand tout le gaz qui la gonflait s'en sera échappé.

Fais donc des documentaires, mène des projets sociaux utiles, t'es génial là-dedans, tu dois rien à personne là-dedans, t'aime même pas chanter, t'as jamais aimé ça hostie!

Chu en beau sacraman pis la retenue avec toi revient à chier dans une contrebasse, faque filons un ou deux autres paragraphes, j'ai besoin de me fatiguer. T'as eu l'air d'un moyen cave d'essayer de faire fondre Louise Marleau hier soir après t'être aperçu que ton trait démagogique sur Trudeau tombait flat. C'est pas une de tes pitounes rockeuses, calvaire; si elle est sortie avec Trudeau y a quarante ans, c'est sans doute qu'elle le trouvait intéressant. Tu parles d'une hostie de goujaterie honteuse à sortir, toé. Chaque fois que tu passes à cette émission, le Québec des régions qui se méfie des artistes de Montréal chauffe le Net au rouge! Pis ta brillante stratégie d'envoyer chier flics et politiciens va beaucoup aider le climat dans Montréal-Nord!

Tu devrais vraiment, vraiment pas voler ton vieux chum. Malbrook indeed, Danny Boy. Malbrook indeed...

Fame

You've got big dreams,
You want fame.
Well, fame costs
And right here is where you start paying
in sweat..
.




Si c'est pas clair encore: jeunes gens avides certains qu'une clique vous barre la route et se pistonne à gogo comme des pédés dans un buisson, trouvez ce film, visionnez-le, réfléchissez, suez un coup, ensuite venez, mais pas avant. Et relizer-vout! Coriger-vout! Tabarnak!

Peut-être suis-je antipathique après tout.

Juste parce qu'on crisse un peu parfois le monde hors de chez-soi sur le coccyx, on se fait une de ces réputations...

Johnny B est au parc avec ses kids, Kevin au musée avec le sien, Guig dans son home avec la sienne et sa femme, Butch avec sa femme qui l'aime et Massif, Mac avec sa Gachucha, Gom est gras dur je vous raconte pas, Pinard est avec des végétariens à la tévé, Terrible est allé souper avec des amis hier, moi j'ai refusé d'aller fêter les trente ans de mon cousin parce que j'avais mal au crâne et peur de déranger, mon kid est dans l'ouest et la femme que j'aime et qui me le rend est mariée solide, et le pire est que je peux pas faire plus pour être aimable, c'est mon top maximum, et Antoine qui boude toujours, je vous jure, de quoi se faire actuaire. L'actuaire fait la même chose que moi, mais planqué. Et il n'a pas à se préoccuper de faire du style.

Keep ton cul hors de ma bibli, Kutlu!

Ça existe, ça, Nadielle Kutlu? Ça ressemble à un papier d'Aleksi.

Que j'en pogne un comique fourrer une drôlesse dans ma bibliothèque, ciboire. Tu vas te faire toaster les noix sur la photocopieuse, ti-gars, à te redonner l'envie de faire ça dans ton lit, mais juste l'envie, le moyen Pssschhhtt parti...

La trouvez pas cool, cette cocotte bloke? Moi si.

On va peut-être cesser de s'imaginer qu'on a au Québec le monopole de l'écoeurantite envers les États-Uniens débiles, Fox News, George Bush et tutti Guantanamo.

Et puis elle a raison, la salope, ils sont d'enragés mysogines.

Non, non et non. Il n'était pas fou. Faites-vous sacrer à l'asile par votre père 42 ans moins trois jours de répit et on reparlera.


Leloup est fou raide, Ducharme était schizo j'en suis certain, mais Nelligan se l'est fait mettre, heavy and deep up there. Cet homme n'était pas fou.

20.9.08

Juste en cas

Ça va chialer dans les chaumières pas ordinaire, mais here it is: j'ai changé d'idée sur Justin Trudeau.

L'ai rencontré y a une dizaine d'années, dans un shindig de cinéma. Il revenait de l'ouest du ROC pour enseigner, m'avait-il dit,  la littérature à l'U de M, et il n'avait aucune idée de qui j'étais ni de ce que je faisais dans la vie. Faque, sûr,  je l'haïssais à titre personnel, et le considérais comme un imbécile et un imposteur a titre universel.

J'ai changé d'idée.

Parce qu'il a changé, je crois. Il a vieilli, il est plus masculin, il est père de famille; il fait rire de lui depuis un bail, il est le fils d'un père immense, écrasant, et il se présente néanmoins dans Papineau (Parc-EX, Villeray & St-Michel) après n'avoir pas été bienvenu dans Outremont. Puis, il sort ce clip en bilingue où vers la fin il change de langue aux trois mots. Et là, il nous dit avec un clin d'oeil étoilé que c'est sans doute la forme qui fera le plus jaser...
  
Ça me plait, ça. Le mec a des couilles. Rare en politique par les temps qui se traînent.

S'il est si insignifiant, qu'a-t-on à craindre de ce qu'il a à dire? Je déteste l'idée de punir un homme pour son nom de famille. Deutéronome, calvaire: 24.16

 On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et l'on ne fera point mourir les enfants pour les pères; on fera mourir chacun pour son péché.

 

19.9.08

Ça parle au diable

Ouais. M'a tout l'air que l'ex-chef du Service de police de Montréal (et candidat à la mairie) et moi sommes sensiblement d'accord. Troublant? Z'avez pas idée.

Faut dire que je pensais à des types comme lui en rédigeant mon billet. Faut voir son pedigree...

16.9.08

Il est pas gros lui non plus: juste un peu enrobé...

Pour Butch, qui nous appelle de Twois-Riwièwes: c'est dédié à sa douce qui fait si bien la cuisine. Take it away, Fats!


Un jardin (à l') intérieur

C'est pas pour lui retourner l'ascenseur. Pat Lagacé n'a pas besoin de ça, il a dix mille lecteurs à l'heure.

C'est parce que je ne peux rien écrire de plus beau ni de plus pertinent que ça aujourd'hui. Aussi parce que le frère d'un ami va sortir le 24, et que j'avais craché sur le balcon pour que ça se passe bien devant le comité des libérations conditionnelles.  

Mon homme, je viens d'inventer une nouvelle superstition vaudou nègre blanc d'Amérique, je suis sorti cracher sur le balcon, je me suis rappelé que ce simple geste est impossible en prison, alors puisque je ne peux pas prier,  j'ai craché pour ton frère, pour qu'il puisse en faire autant la semaine prochaine.

Mon ami fait ma journée en répondant quelques jours plus tard:

Eh bien mon cher, ton Crachat est complètement miraculeux et digne d'être conservé en pots et vendu à prix d'or à l'Oratoire tels les poils du menton du Frère André, car ça s'est très bien passé pour mon frère. Il sort le 24, sans rien de plus, aucune condition, sans maison de transition, rien... son agent n'avait jamais vu ça avant!

Je bois à ça, ainsi qu'à toi et ton Divin Crachat.
Là, si le miracle s'ébruite, il y aura foule sous ton balcon! :-)


Alors voilà: le texte de Pat sur Jean-Pierre Bellemare participe du Divin Crachat, qui est à la portée de tous et ne coûte rien à la classe moyenne: le premier qui dit qu'on gaspille ses taxes quand on crache pour la liberté d'un homme...

Une Germaine Lauzon inouïe

J'aurais pas cru, ni elle non plus, mais Monique Giroux et moi nous entendons copains comme cochons. Faut que je vous parle d'une sienne initiative.

Dans son livre sur l'Osstidcho, Bruno Roy révèle (ou rappelle, ce n'est pas un secret) que la production des Belles-Soeurs fut déplacée du Quat'Sous au Rideau-Vert en raison de l'importance de la distribution pour une salle aussi exiguë. Ce qui permit la production du show révolutionnaire. 1968 fut un bon cru.

Quarante ans plus tard, le Rideau-Vert se fait couper ses subventions et Monique a proposé deux lectures de la pièce de Tremblay qui auront lieu sur les lieux de sa création. Voici le communiqué:

Lecture-hommage bien particulière de la pièce de Michel Tremblay au Théâtre du Rideau Vert 
 

Montréal, le 28 août 2008 — Le Théâtre du Rideau Vert célèbre les 40 ans de la création de la pièce Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, en organisant une lecture publique pleine de surprises et d’originalité, un projet initié par l’animatrice Monique Giroux, bien connue pour son engagement envers la création et toutes les formes d’art d’expression française. 

Plusieurs personnalités issues des milieux artistiques, culturels et médiatiques ont rêvé d’interpréter cette pièce de Michel Tremblay. Elles monteront sur les planches … et joueront le jeu! En tout, quinze femmes bien connues du public québécois seront réunies : Monique Giroux, Jocelyne Cazin, Diane Lemieux, Suzanne Lévesque, Marie-Christine Trottier, Ariane Moffat, Dominique Poirier, Nathalie Petrowski, Isabelle Maréchal, Marie-Élaine Thibert et plusieurs autres surprises! Grâce à l’idée originale de Monique Giroux, elles auront le plaisir d’interpréter les personnages de cette pièce et seront dirigées par Denise Filiatrault, directrice artistique du Théâtre du Rideau Vert, qui connaît parfaitement la pièce et l’univers de Tremblay, notamment pour avoir fait partie de la distribution originale de la pièce il y a 40 ans! 

Seulement deux représentations de cette lecture-hommage auront lieu : le dimanche 9 novembre prochain à 16 h et 19 h 30. Les billets pour cet événement sont en vente au prix de 100 $, et sont disponibles directement au guichet du Théâtre du Rideau Vert, par Internet à l’adresse www.rideauvert.com ou par téléphone au (514) 844-1793. Les abonnés du Théâtre du Rideau Vert ont la priorité d’achat pour cet événement jusqu’au 15 septembre, date où les billets seront mis en vente au grand public. Les recettes de ces lectures aideront à soutenir les nombreuses activités du Théâtre du Rideau Vert, le plus vieux théâtre professionnel au pays, qui fête cette année ses 60 ans. 

Rappelons que c’est le 28 août 1968, au Théâtre du Rideau Vert, que la pièce Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, une œuvre marquante de la dramaturgie québécoise, a été présentée pour la première fois.


Oui. Monique Giroux en Germaine Lauzon. C'était pas son idée, c'est celle de Filiatrault, et Giroux a presque regretté d'avoir de l'initiative! Mais attendez: elle va être fantastique.

Et je rêve d'autres lectures de d'autres classiques sur les lieux de la première. Peut-être pas à cent piasses la pop, peut-être plus adapté aux bourses étudiantes.

14.9.08

Quand la pédagogie n'est pas une science, mais un humanisme

Bruno Roy, ayant pris connaissance du billet que j'ai signé plus haut et plus tôt aujourd'hui, m'adresse un courriel que j'ai demandé à publier, à titre exceptionnel, parce qu'il contient matière à réflexion, voire à inspiration pour ceux qui font le beau métier d'enseigner. Il m'y autorise et je l'en remercie de tout coeur.

C'est intégral, trucs personnels et tout: écrire une lettre, c'est vraiment comme baiser, y a des quickies sur le bord du bureau et des caresses sur vélin qui durent jusqu'à l'extinction des chandelles et le monde entre les deux, et parfois des préliminaires, parfois du cuddling, parfois fuck all that, tout dépend du message et du désir, de ce qu'on veut offrir et prendre.

Quand y a des préliminaires, faut montrer la scène au complet, sinon la pénétration décontextualisée opère un glissement de sens, et on n'a pas le temps de se mettre en oeuvre assez pour venir quand c'est le temps, le film est fini et y aura pas de rencontre. Je sais pas si la plupart des gens comprennent, ou sentent à tout le moins, comment un texte est bâti. Probablement pas plus que je sais ce qu'il y a derrière le gypse de mon bunker. À l'école, on apprend les notions de plans, d'exposition et de noeud et de conclusion, puis on analyse des poèmes, des chansons , des films, pour étudier leur mécanique. Mais un auteur aguerri comme Bruno ne fait plus rien de ça avant d'écrire une lettre: ce qu'il fait, il ne s'en aperçoit même pas, c'est structurer son texte à mesure qu'il s'élabore et s'assemble dans sa tête, quelques lignes à l'avance comme une émission en direct moins sept secondes, le temps pour le censeur de couper si quelqu'un dit Stéphane Dion ressemble à la bite de Chrétien quand il sort de l'eau froide, un peu aussi comme les différents angles de vue qui s'offrent au réalisateur en simultané, parmi lesquels il pige et choisit et compose une émission. Non, les gens savent pas, et nous ignorons qu'ils l'ignorent, d'où les Hymalayas d'incompréhension et de malentendus qui s'empilent et se bousculent.


Christian,

J'en ai encore des frissons. Le boomer que tu aimes est ému. Profondément. Touché jusqu'à l'os. J'ignorais ce que je représentais pour toi, alors que tu étais ti-cul dans ce collège où ce sont les profs qui faisaient la différence, non la pédagogie du milieu. Certes, tu me l'as déjà rappelé. Mais cette fois-ci, même si chez moi, le souvenir est réel mais vague, j'ai souvenir de t'avoir dit « Tiens ! On a le même nom... » Aujourd'hui, nous pratiquons le même métier, celui d'écrire. C'est comme si à l'époque, nous nous étions reconnus. Ainsi que tu le dis, tu « devais toujours envisager cet ours d'homme en contre plongée » Petite anecdote. J'ai longtemps fait des camps de vacances. Un jour, un campeur dont je me souviens du prénom, Gary, m'avait dit : « Ton visage est une forêt dans laquelle il y a un ours. » Voici que l'ours persiste dans la représentation qu'on se fait de moi. Ton texte dit que j'ai « le regard doux » de ceux « qui n'écoeurent pas ».

Lorsque j'enseignais, j'avais cette douce volonté de dire ce que je pensais en sachant parfaitement − à ta manière d'écrivain allais-je découvrir − que je soulevais des débats. Je provoquais mes élèves de 5e secondaire en partageant leur vivacité intellectuelle car, ils savaient d'instinct, comme ton premier contact avec moi, que mon dire n'avait rien de doctrinaire. Persuadés que mes élèves ne sont pas dupes, je me devais de ne pas faire semblant. C'est probablement ce que tu as deviné puisque, contrairement aux adultes qui savaient en profiter, je ne te rendais pas nerveux. Avec mes élèves, je ne négociais rien, je transmettais une vision des choses jamais neutre et qu'ils avaient droit de réfuter. J'ai toujours conçu mon enseignement comme une tâche de transmission de la culture. Tant au plan humain qu'au plan pédagogique, je me sentais responsable de cette transmission. Responsable et passionné. Aucun doute. Je n'ai jamais « anonné » mon cours. Par ailleurs, j'ai toujours été convaincu que le bon élève est celui qui est disposé à se laisser surprendre, à se laisser étonner, déjà disponible à ce qu'il veut devenir un jour. Permettre la découverte, voilà ce qui m'animait. Et qui, en fait, était la découverte de lui-même.

En lisant ce que tu m'as écrit, tu me rappelles qu'une dizaine d'élèves du Mont-Saint-Louis à qui j'ai enseigné ont publié principalement des recueils de poésie. Carle Coppens, Cynthia Girard, Sylvain Campeau, Frédérique Marleau pour ne nommer que ceux-là. Bien que je ne t'aie jamais enseigné et compte tenu de ce que tu m'as écrit aujourd'hui, je vais te considérer de la « gang » de mes anciens étudiants. Sache, toutefois, que c'est plus pour me glorifier que par reconnaissance.

Je veux te remercier d'avoir pris le temps de lire mon dernier bouquin « du boomer qui n'a rien de l'esprit haïssable qui corrompt toute histoire que cette engeance touche. »

Je t'embrasse.

Bruno

Y a des Boomers que j'haïs pas. Y en a même une couple que j'aime.


Je connais Bruno Roy depuis plus de trente ans. Comme j'en ai quarante-trois, on se figure aisément qu'à l'époque, je devais toujours envisager cet ours d'homme en contre-plongée. L'étrange est qu'il a peu changé. La barbe a blanchi, mais peu et depuis peu, et son pas est toujours souple et dynamique, son rire contagieux, son regard doux, sa carrure est toujours celle d'un gars qu'on n'écoeure pas.

Il enseignait au Collège Mont-Saint-Louis, aux élèves plus âgés qui portaient des vestons bleus. Le mien était vert. Mais j'avais su qu'il avait publié un livre. Sur la chanson québécoise. Je l'ai lu, mais le sujet ne m'intéressait pas plus qu'aujourd'hui. Ce qui m'intéressait, c'était le livre comme livre, et l'homme en chair et en os qui l'avait publié, que je voyais chaque jour à la cafétéria au milieu de ses étudiants qui l'adoraient, ce type, cet écrivain.

Je me suis mis à lui tourner autour. Treize ans, seul vert dans un bouquet de bleus qui me poussaient du coude, essayant d'accrocher son regard, comme s'il avait pu ne pas me voir.

Ça a pris du temps, je ne sais pas combien au juste, ni même vaguement, le temps ne passait pas au même rythme en 1978, en tout cas pas pour moi. Mais un jour il s'est présenté un moment, une percée, les grands se sont dispersés en même temps, sauf deux ou trois, et à celui qui allait lui parler il a fait signe d'attendre une minute sans me quitter des yeux, je crois qu'il m'a dit: «Bonjour. Comment tu t'appelles?»

Je lui ai tendu la main, hardi: «Christian Roy, Monsieur.»

Il a souri. «Tiens! On a le même nom...»

«Je sais! J'ai votre livre...»

Je fouillais dans mon sac, je trouvais rien, il attendait, c'était un pédagogue dont émanait chaleur et sécurité, je me souviens m'être calmé juste comme ça, et d'avoir été surpris: les adultes me rendaient nerveux, le savaient et en profitaient.

Bruno est un ami très cher depuis vingt ans. Il n'a pas semblé stupéfait de me retrouver, juste ravi, quand j'ai publié Vamp et qu'à son tour il levait les yeux pour me regarder, comme s'il savait que j'arriverais quand je serais grand. Et notre relation est passée sans heurt aucun de mon enfance à notre amitié d'hommes où j'ai moi aussi parfois des choses à lui apporter.

Il vient de publier un bouquin fascinant et très beau sur l'Osstidcho (Bruno Roy, L’Osstidcho ou le désordre libérateur, XYZ Éditeur, 2008, 200 p.), un bouquin de Boomer qui n'a rien de l'esprit haïssable qui corrompt toute histoire que cette engeance touche. Bruno Roy était un «orphelin de Duplessis», il est peut-être le seul à avoir pu s'arracher à la misère intellectuelle et physique et aux séquelles psychologiques incapacitantes, ce pour quoi il a parlé pour eux tous des années durant, et je crois qu'ils seront toujours sa tribu de référence, pas la génération entière comme pour les autres. Je ne l'ai même jamais entendu dire grande noirceur, je n'ai jamais entendu un poncif sortir de sa bouche, jamais lu un lieu commun sous sa plume. Pour ça que ce livre est digeste pour nous, puis passionnant, il l'a écrit pour transmettre la mémoire et expliquer, mais ils disent tous ça et finissent par se flatter la bedaine en évoquant Woodstock, sauf que lui, ben, il le fait.

Longtemps que j'ai pas recommandé un livre ici, et un auteur. Monique Giroux le recevait en mai à Radio-Canada: l'entretien est .

Un de ces cinq épices, je parlerai d'un autre de ces jeunes vieillards magnifiques près de mon coeur, ces gars qui ne vous bassinent pas avec la révolution tranquille qui n'a jamais eu lieu, ces hommes libres dans le brouillard de la raison. Il s'appelle Daniel Pinard. J'ai pas assez d'essence pour me rendre jusqu'au bout, je remets à plus tard. À sa prochaine laryngite, comme ça je pourrai en placer une.

MM

On verra bien tantôt si le yable est encore aux vaches, en attendant je vais prendre quelque repos et mastiquer ma pizza frette: le shift de jour vient me relever, je vais dormir comme un poupon. On a fait de la bonne ouvrage hier: Mac, Gom et moi, avec l'aide solide et décisive de Paddy Brisebois autour du texte de Swan cité dans un précédent billet. Elle ne m'en voudra pas de révéler le nombre de ses visiteurs hier. 315. Y a pas tant de monde qui achètent Moebius en librairie. C'est ce que nous avions parié de rendre possible, pas pour faire du tort mais pour en réparer un. Tout le monde est content, sauf Kermit.

Me reste à consigner quelque chose ici, parce que j'ai réalisé que plusieurs, moins au fait de nos bibliographies, sont tentés d'assimiler notre petite opération d'hier (nous en menons quatre ou cinq par année, rien de forçant) à une solidarité entre refusés de Moebius.

Éric McComber a dirigé le numéro 109 de la revue. Thème: Défaillances. Gom y a participé. Moi itou. Le monde est petit, pareil, cibole, Ouahaha.

Mac a été l'auteur vedette des éditions Triptyque, qui publient Moebius, pendant quasiment trois quarts d'heure avant qu'il ne s'écoeure et ne commence à ressembler à un kodiak réveillé par des scouts le 15 janvier. J'exagère, va sans dire, pour l'effet, dans les faits il est resté presque toute l'après-midi. Bon, il est resté un ou deux ans, je sais pas, demandez-y, anyway il les faisait freaker et eux lui, il leur faisait peur mais pas pour ce qu'on a pu laisser supposer, car il est doux et réfléchi, il crie pas, en tout cas je l'ai jamais entendu, mais il te regarde au fond des yeux et tu sens la vibration du moulin réflexif se transmettre au sol jusqu'à toi, son corps se fatigue invariablement avant son esprit, et si on le connaît peu, on peut éprouver l'inquiétude d'être en train de débiter des sottises et le désir de percer le secret de cette barbe qui dissimule un sourire amusé indulgent ou une moue de mépris méritée s'il sourit dans sa barbe, allez savoir, ces barbudos sont tous des communistes, on n'en sait pas davantage.

Il les faisait freaker parce qu'il était rigoureux. Les éditeurs, les vieux surtout, peuvent ressembler aux médecins et aux avocats: vont t'écouter en se passant Waltzing Mathilda dans leur crâne à l'acoustique parfaite, et n'en faire qu'à leur tête. Mac voulait avoir son mot à dire sur ses mots écrits, leur présentation, leur diffusion, toutes des affaires qui peuvent énerver un éditeur, qui a du monde qui s'occupe de ça, des experts souvent, qui font ça depuis trente ans, la même chose, de la même façon.

Il les faisait freaker, mais pas autant que moi, faut croire: je n'ai jamais dirigé un numéro. Pas si bête. Eux non plus.

J'ai, cependant, publié dans onze numéros de la revue au fil des ans (Fontes, poèmes et chansons, est également paru chez Triptyque). Moebius existe depuis 1977. Et j'en viens à la réponse à la question que m'adressait Swan. Elle a été bonne fille, et patiente, et j'ai promis. Qu'est-ce que la mafia Moebius?

L'expression est symbolique et a commencé à circuler dans les années 80. La revue est publiée quatre fois l'an plus un numéro fourre-tout qui sauve les bons textes ne cadrant dans aucun thème. Et malgré qu'il soit théoriquement possible à un auteur de Kujuaq d'envoyer un texte non-sollicité rue Marie-Anne (les thèmes sont annoncés quelques parutions à l'avance, mais l'ordre n'est pas coulé dans le béton), dans les faits, il n'y a pas beaucoup de place pour quelqu'un qui n'a pas été invité par le directeur du numéro (directeur invité, qui se tape le boulot à l'oeil et trouve parfois que c'est un beau jour pour se flinguer à Louisevillle ou s'immoler par le feu ou les deux si ce damné numéro ne sort pas bientôt pour mettre fin à ses souffrances). Fatalement, les mêmes noms reviennent, on s'invite entre nous, et bien qu'il n'y ait pas de définition précise, on peut estimer qu'après cinq publications tel auteur est un mafieux Moebius. Ça ne veut rien dire, en vérité. C'est une appellation de dérision forgée par ceux du dehors, pas ceux du dedans. Giroux aimerait bien que j'arrête de m'en servir si souvent. Too bad. Ça sonne bien.

13.9.08

Le vrai grand leader

Nouvelle pub rouge. Des matantes comédiennes à temps partiel jouent des matantes matantes à temps plein et nous expliquent c'est quoi un vrai leader, et quoi c'est pas, puis comme en morphing on jumpe à une jeune qui peut avoir 18 ou 25 ans, puis un beau mec athlétique bronzé qu'on a déja vu quelque part puis un autre mec athlétique bronzé qu'on a vu partout sans savoir ou au juste a la tévé dans quel téléroman c'est même pas en tout cas une pub de margarine ou de céréales full fibres, et il nous parle du vrai grand leader, de son courage et son désintéressement, c'est vraiment fort intéressant, on se dit il va le nommer oui ou crisse, il va le montrer? Bon, on apprend que c'est Stéphane Dion et c'est fini. Ils l'ont pas montré. Pourquoi, donc, qu'ils m'ont pas montré le vrai grand leader? A-t-il un bobo sur la bouche?

Droper les gants, duel, dystopie

Feeling en mode anthologique.

Avec la mémoire du monde nowadays, on peut générer une anthologie toute fraîche une fois par mois, et deux magazines seraient en masse, en même temps qu'un minimum (faut qu'ils se contredisent, faut qu'ils s'ostinent, faut que la liberté de presse et le congrès des points de vue soient préservés contre toute atteinte par la tyrannie, et la grand-mère de l'anonyme est un être humain, et il ressemble à Rambo comme un Lhasa Apso à un pitbull).

Feeling en mode anthologique, et feeling de rigoler mais sérieux pareil, faque je me repasse des affaires que j'aime.

Extrait de L'orage, Gomeux, 31 août 2008

En beau joualvert contre ces petits mongols donc, qui ont pris gout aux discours, qui vomissent leur amnésie partout où on leur en donne la chance, qui travaillent en construction mais qui détestent leur syndicat, qui plutôt que de demander plus d'argent à leurs serfs, chialent sur le montant que le gouvernement leur prends à chaque paie. Oui, on paye des taxes, mais bout de crisse, si on était moins schizo, plus debout, chez nous! ben crisse, y aurait moyen d'avoir des services équivalent aux taxes qu'on paie.

En esti contre ces grandes gueules qui dans le vestiaire avant la game de hockey libre à Brossard, chialent contre la police en jeans trop mounounes contre les nèyes pis qui braillent quand tu leurs snap la puck dessus, enwouèlle, drop les tes gants, le mongol, chu là!


Et c'est vrai. Il est là. C'est rendu rather rare.

La Malice veut jouer dur

Eh, sur ton blogue t'as oublié de mentionner que Charles est le petit frère adoré de notre amie Miléna (...)! Google t'a pas dit ça?

Pas besoin de Google. Je connais Mélanie. Épaisse. Y a pas grand chose que tu sais que j'ignore. Fuck off, babe, I'm just warming up.

Alternatives

Mon Kermit, The Red Menace, me déçoit beaucoup. Quand on peut pas rester anonyme plus de trois heures avant de se faire percer à jour, mieux vaut signer tout de go et nous épargner la peine inutile. Comme il l'a dit et répété dans son incarnation batracienne, je ne rajeunis pas: des trois heures, j'en ai pas des tonnes à perdre.

Enfin, c'est à ça que sert l'expérience et ce qu'il faut bien appeler la jarnigouène: un ti-cul anonyme nous fait suer moins longtemps parce qu'on sait le faire sortir plus vite de son terrier. Celui-là, il s'appelle Charles Quimper. Oui, oui, le sale qui m'enjoint de dégager pour lui laisser la place littéraire, la bibitte qui promet de m'ouvrir la gorge et qui déclare être l'avenir.

Ça vaut la peine d'aller jeter un oeil sur l'avenir.

Vous avais dit de me le laisser.

E=m+a divisé par moi

M'en fallait plus, de rigolade triste. Seems like there's no other kind these days. M'amuse avec une gornouille. Allez-y voir, mais laissez-la moi. Les cuisses sont succulentes sauf qu'y a pas gros de viande et j'ai faim.

E=mc2

E pour énergie, tout le monde sait ça. = pour égale. mc pour McComber. 2 pour l'étrange phénomène qui s'est produit l'autre jour quand il a posté le comm qui suit à mon billet-clip. J'ai ri comme un défoncé, me suis quasiment souillé à le lire une première fois. La relecture m'a laissé grave, calme et respectueux.

Là, j'avais envie de rire avant d'aller me coucher, aussi ne vais-je le lire qu'une fois. Et je le reproduis ici pour le bénéfice de ceux qui aiment l'algèbre de la libre pensée et marcher debout autrement que par hasard comme des singes. Les hommes marchent debout tout le temps. C'est ce qui les distingue, avec le pouce opposé aux autres doigts, et ce n'est pas une raison pour se l'enfoncer dans le cul: il sert à mieux empoigner une bouteille.

Voilà. Tout ce qui suit est de Mac.

Ah… C'est navrant. Je suis toujours étonné de constater la mollesse intellectuelle des moralistes. C'est à ça que sont parvenus les Faucons de l'école de Léo Strauss. Terrifier la termitière à un point tel que tout ce qui finit par sortir des gosiers est une sorte de cri primal et désarticulé qu'on est tenu de prendre en compte sous peine d'être qualifié de brute insensible.

Mathématiquement, les Martinais de ce genre nous forcent à discuter d'équations qu'ils posent à peu près comme ceci :

Pomme = chinois = tomate + astéroïde
Profit - pomme = poulet
Tomate + astéroïde - poulet / transport en commun < ou = à Averell Harriman
D'où : Tomate / plus-value = usufruit de la plote de sa mère

D'où on conclut que :
Pomme + art = gaspillage
Pomme = 0
Ergo :
Art = gaspillage

D'où :
Achetons des hélicoptères de combat montés de tourelles à Gatling 600 balles par minute (y a des petites fillettes qu'on empêche d'aller à l'école).

On fait trois émissions, une bourge pour Téléquébec/Arte, une moyenne pour RC/TF1, pis une morone pour TVA/M6. Le but : filmer des experts en train de répéter l'équation sur fond musical, et afficher 500 fois la conclusion :
ART = GASPILLAGE.

Qui osera revenir là-dessus ensuite, par exemple, en voulant quantifier la valeur « pomme ». Tu vas parler à qui ? Tu vas partir un blog. Tu vas imprimer un samizdat. Tu vas écoeurer tes blondes avec ça.

Naaah.
Reste plus qu'à se positionner pour ou contre le gaspillage. Le poncif est enfoncé. Les pas sont imposés par la musique, et par le patron de la salle de danse. T'aimes pas ? Flingue-toi. On entend plus que ça, anyway, dans le mix. Les tambours. Ça a remplacé le bruit des bottes. Dansez sur le beat, c'est la machine qui compte le temps. Bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah…

Meuuh… Meuuuh… Tazez-moi, je m'ennuie ! Meuuuh… meuh… attachez-moi une couille au plafond par un crochet rouillé… Bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah… And the beat goes on. In ingles.

Publier, effacer: update

Ma réflexion progresse. Je ne veux pas être Winston Smith. Je ne veux pas être le Big Brother de mon Winston . Je ne veux pas être en une seule paire de jeans moulée sexy sur les deux culs voluptueux d'un schizophrène paranoïaque, c'est-à-dire moi. Je ne veux pas réviser l'Histoire et l'imprimé, je veux pouvoir parfois...

Mais non. Il n'y en a pas, de cadre moral pour ce que je voudrais pouvoir parfois, et il y a tant de raisons pour n'en souffler mot, ne serait-ce que parce qu'on me reprocherait someday somewhere d'avoir même un instant souhaité pouvoir déroger à une éthique nette. Ceux qui blasteraient le plus ne seraient pas les petits ennemis ordinaires, les anonymes châtrés qui sèment des haikus en anglais de cul aux vents douteux de la sphère; ce serait les gens qui comptent sur moi, les honnêtes et les gentils, ceux-là qui pensent avant de sauter dans le feu, le temps de s'assurer d'une ligne de conduite cohérente, et puis qui sautent: ceux qui sortiront de là, de l'épreuve du feu, et qui se plaindront de l'avoir tentée, qui viendront me demander des comptes parce que mon exemple les y aurait poussés, je veux pouvoir sans regret les repousser dans le charcoal et passer mon chemin sans pisser dessus pour les éteindre, et aller jaser avec ceux qui auront bravé le bûcher pour leurs propres motifs moraux. Ceux-là, s'ils fument toujours un peu, je leur pisserai dessus de bon coeur.

Publier, effacer: update. Je ne veux plus que ça arrive, que je publie pour effacer ensuite, mais je suis trop incertain de mon jugement, temporairement, pour le promettre. Par contre, je vais annoncer tout de suite le sujet de deux prochains billets, ça me servira d'ancrage le temps que je me (re)dresse, et cela, je ne l'effacerai pas.

Je vais parler de Monique Giroux et d'un projet inouï qu'elle a mis en branle. Inouï, c'est le mot.

Et je vais recenser les suites de notre chaîne de bureaux blogués (sur trois générations de tag, gros max, après ça devient exponentiellement on-s'en-crisse), dont je m'excusais à l'avance auprès de mes tagués pour l'importunité, et qui a viré en gros trip de fun noir pour tous les tribaux.

Swan

Bon. Allez lire ça. Fuck Triptyque, fuck son boss, fuck Moebius pis fuck...

Oh, crisse, c'est mon ami, je peux pas dire fuck lui.

Vive Swan.

11.9.08

Gomeux & Son

Sont beaux joueurs, les copains.

Gomeux doit se sentir en pénitence assis là quand il fait noir...

Le bureau de McComber Worldwide Inc.

Avouez que c'est pas banal.

Suite Office

Le crédit photo est à verser au compte de Kevin Vigneau (Oui, Christ! il existe vraiment hors des romans; si les dix prochains habitants qui vont s'en étonner, en douter ou réclamer une preuve gagnaient une claque sur la yeule du sieur sus-nommé, ça leur ferait passer la notion qu'il est un être de fiction).



Grâce à son affection et son Kodak, voici mon bureau: Ceci est mon bureau livré pour vous, assisez-vous pas su'l bord ya pas de pattes.

Bon, euh, tout ça, c'est la faute à Dominic Arpin, via Patrick Dion, et maintenant je dois transmettre ma contagion, on va m'en vouloir autant que j'en veux à Pat astheure, faque j'ai mis les adresses de cinq amis dans mon chapeau et je vais tirer cinq noms au hasard...

Aah! Fuck it! Je ferme les yeux pour être fair, je glisse à terre!

Le premier sera Mac. Son bureau risque d'en surprendre plusieurs.

Ensuite de ça, Gaétan Bouchard.

Ivan le Terrible.

Gomeux.

Le dessert viendra de Belgique: Philo a grand besoin de se défouler un peu.

10.9.08

FatFace $ PinHead

Les pubs électorales sont sorties depuis une couple de jours.

Celle des Bleus est insultante à hurler, tous ces ministres attablés autour du Premier dans une cuisine, ânonnant une saynette presque aussi fausse et irritante qu'un épisode de Virginie.

Celle des Rouges fait mon affaire: simultanément, j'ai cessé de recevoir ce flot de courriels idiots m'accusant de cryptoconservatisme assoiffé de sang , situé vers l'occident de l'extrême-droite. Aussitôt que le monde a commencé à voir Dion jaillir de la tévé comme un Jack-in-the-box au cou articulé par un spring lousse, aussitôt que le monde a vu la grotesque face de Denis Coderre gueuler en gros plan et faire peur aux enfants à l'heure du souper, le monde semble avoir perdu l'envie de m'ostiner sur mon désir de statu quo. Y en a qui disent que l'apparence est un facteur trivial et superficiel en matière démocratique. Moi, je dis que je veux pas voir ces gueules d'ordures, lire l'ambition, la duplicité ou la couardise dans leurs yeux faux, cinq ans durant au Téléjournal.

9.9.08

La Tribu

Ça gosse ben du monde, ça, la Tribu. Si c'était une tribu ordinaire, ça gosserait surtout ceux qui n'en sont pas: pourquoi, comment, où, de kossé? Mais elle n'a rien d'ordinaire et ceux que ça gosse le plus sont ceux qui sont dedans. Au début. Faut dire que c'est un brin traumatisant: une minute t'es tranquille à faire ta petite affaire sans déranger personne et la minute d'après Ba-da-bing Ba-da-boum t'es dans la Tribu, et y a pas de sortie. De quoi flipper Twilight Zone. Mais c'est comme ça. Y a jamais personne qui voulait être dans la Tribu qui l'a été, c'est même la plus sûre manière de rester dehors, avis à ceux qui redoutent d'être recrutés par erreur: c'est ainsi qu'il faut s'y prendre.

On entre sans l'avoir demandé, on n'en sort plus jamais, même pas mort, en ce sens la Mafia est plus souple.

Un de mes deux ou trois amis les plus chers a rompu les ponts avec moi récemment, il se peut que nous n'échangieons plus jamais un seul mot, pourtant il fait toujours partie de la Tribu, tout comme moi, il le sait et on n'a même pas besoin d'en parler. Parce que c'est un état d'esprit, pas un club Kiwanis, et que parmi les idiosyncrasies qui nous rassemblent tous, la plus singulière n'est pas l'égo monstrueux, c'est la capacité d'en faire abstraction entre nous, dans le cercle tribal, le temps de relaxer en sachant qu'on n'aura pas à faire la classe ou à protéger notre substance des parasites aux dents longues et aux échines torses. Un espace virtuel et moral où le coeur peut parler sans danger, l'esprit jouter pour le pur plaisir, l'amitié s'épanouir. Des fois, aussi, on fait griller des guimauves et venir des danseuses.

7.9.08

Sandra Gordon, the original: La dernière beatnik

À débarque toujours juste quand c'est le temps, elle part jamais trop tard, on se connaît que par le Web mais parfois, oh, disons aux six mois, je m'endors tête première sur le clavier, un mégot entre les dents, sensible comme un mur de ciment, et juste quand ça commence à puer le plastique cramé, une main virtuelle, y a pas d'autre expression, me réveille doucement et fermement, c'est Sandra, sauf qu'elle n'est pas là, elle est dans la machine, et elle s'arrange ché pas comment pour que j'aille au pieu.

C'est le temps d'aller faire une virée à LA COUR À SCRAP.

Suppression

Vous avez dû remarquer, en tout cas moi ça ne m'a pas échappé, qu'il m'arrive de plus en plus souvent de publier un billet pour le retirer quelques heures plus tard.

Je n'ai pas d'explications à fournir encore. Rien de ceci ne me ressemble. Les psychotropes m'ont souvent versé un supplément d'audace dans les veines, mais ils n'avaient jamais eu d'incidence sur mon jugement stratégique, encore moins littéraire. Ce n'est plus le cas. Me reste à m'observer, m'épier, m'écouter, découvrir si ces occurrences relèvent d'une mutation de mes vues, d'une faille physique, d'un défaut d'adaptation aux réalités nouvelles de mon âge, ou simplement, et ce serait terrible, d'un relâchement éthique lié à une seconde perte de foi. Ce serait, assurément, un cul-de-sac.

En attendant, je retire le billet bien vitriolique que j'ai publié cette nuit. Le relisant, je n'ai pu lui trouver aucune justification, sinon qu'il me défoulait; j'y ai bien mis trois ou quatre heures. Sauf que le type en cause y était accablé pour rien, rien d'autre que le fait qu'il me rend malade, mais ça n'a jamais été une raison suffisante à mes yeux pour s'en prendre à quelqu'un. Je ne comprends pas ce à quoi j'ai pensé.

Alors voilà. L'occasion se représentera, et je lui enfoncerai des mots-clous dans les nerfs, mais pas comme ça, pas pour rien, pas parce que je suis en guerre avec Bigras qui lui m'a fait quelque chose.

Je poste ceci pour ceux qui l'ont lu, le billet évaporé, pas pour exciter la curiosité des autres. Ceux qui l'ont lu ont le droit de savoir pourquoi il n'y est plus.

6.9.08

Geste de réparation: la suite

OK, OK, ça me revient, pourquoi je l'ai pas fait. Ça me travaillait, je me sentais coupable, j'avais juré de pas me coucher, me raser, baiser avant de m'être purgé de cette bilieuse noix pesant lourd sur mon coeur...

Mais je m'en souviens, astheure, c'est mon chien qui a mangé mon devoir. Non, c'est mon devoir qui a mangé mon chien. J'ai raté le dernier métro. Ma grand-mère était malade. Y en restait pus, de disques, chez HMV quand chu arrivé, y étaient toute vendus. J'ai pris un taxi jusque chez Véronique pour qu'elle t'achemine ma part, tsé, mais son butler a dit qu'elle était au Bistro à Jojo en train de caler des shooters la tête en arrière.

Fait que je suis un peu désemparé. Où t'envoyer réparation, Nathalie Simard? Prends-tu PayPal?

Geste de réparation

C'est sûr que, vu sous cet angle, on est tous une belle bande d'enfants de chiennes.

Vous avez réparé, vous? Moi, ça m'est complètement sorti de l'idée.

En lisant ça, j'en voulais moins à la journaliste pour son truc avec Bigras. Ouais, ça peut toujours être pire, mais parfois pire c'est bien. Et ça c'est tellement pire que tout, I mean gênant et gras de stuff glissant dégueulasse, vous savez ce que je veux dire, y a pas de mots, anyway je file mieux. Enfin, pas pire.

Hhhmmmmpppff...

C'était une réelle souffrance

Toutes ces hosties de lignes ouvertes pleines de Français fendants au micro, j'avais dix ans et je voulais qu'ils crèvent, ils se moquaient des pauvres gens qui étaient mes voisins ou mes parents éloignés, ou moi peut-être un jour. Frenchie Jarraud, Edward Rémy, Hélène Chépuki, et tous ces cossins d'huile de serpent, et ils faisaient à peine semblant de respecter les gens, et je me suis mis à les haïr, mais franchement je peux pas jurer qu'ils m'ont pas colonisé un morceau, sinon je leur en voudrais pas tant.

Aujourd'hui ils sont tous morts, mais si je savais où on a dompé leurs os, j'irais pisser dessus. Pas très sain, j'en conviens, et qui ne réglerait rien.

Le but de mon petit sketch tout à l'heure, et de ceci qui le suit, c'est d'essayer de vous faire voir que le net, les blogs, les agglutinations de commentaires autour de forums, c'est la même calice d'affaire. C'est pas forcé d'être ça, mais la gravité joue, tout nous y incite, et je sais que vous changerez pas, vous les intelligents que je connais, je sais que je suis aspiré aussi par ma faiblesse et ma paresse, mais il y a une chose dont je sais que je pourrai toujours la dénoncer: la pédanterie de tous les crottés qui se pensent plus smattes que les Belles-Soeurs parce qu'ils végètent sur le Net au lieu d'un balcon du Plateau en mil-neuf-cent soixante et quelque. Frenchie n'est pas mort, ni Edward, ni Hélène chépaki, et nous sommes tous des Belles-Soeurs astheure. Étouffons-nous avec nos timbres Gold Star.

Médame Proooouuulx?

Radio-Sexe, bonjour. Bonjour Fernande, de Saint-Liboire.

Médame Proooouuulx?

Oui, Fernande, vous êtes en ondes.

Méda...

Fernande, pourriez-vous fermer votre radio? Vous comprenez, ça cause des réverb...

Médame Proooouuulx?

Fernande, allez tourner le piton de votre radio et revenez prendre le téléphone, on vous attend, on va se parler.

Mé...

FERNANDE!

...

Bon, c'est rentré dans les ordres, alors qu'est-ce qui serait votre problème ma belle Fernande? Un beau coin, Saint-Liboire. Je suis passée par-là, dans le cadre d'une tournée, et, euh, c'est le plus beau coin du Québec, peut-être. Avec mon imprésario. Une tournée. On n'a pas pu rester pour visiter, malheureusement. On allait, euh, négocier un important contrat, ahh, mais j'en ai déjà trop dit, ça ne s'est pas fait, vous savez ce que c'est le show-business, vous lisez le Télé-Radio-Monde, imprimé par Monsieur Pierre Péladeau, un homme délicieux en passant, très propre sur lui et impressionnant comme Canadien-Français avec de l'argent, ce qui me fait penser j'allais oublier mesdames Danielle Ouimet sera avec nous vendredi!

Médame Proooouuulx?

Huh?

M...

Il faut savoir se faire respecter comme artiste, c'est Jean Lalonde qui m'a appris ça, Monsieur Jean Lalonde, hein mesdames? Le dernier des vrais crooners avec Fernand Robidoux. En tout cas chers auditeurs vous ne direz pas que je ne vous aime pas, à vous parler comme ça en confidence, et qui ne se souvient pas de Madame Alys Roby? Nous sommes avec Fernande, de Saint-Nazaire!

Saint-Liboire. Médame Proooouuulx?

Oui.

C'est pas vrai, hein, que Michel Louvain c't'une tap...

Non, non, non, Fernande. Je comprends votre question, il y a toujours des langues sales dans la colonie artistique comme dans le Plateau Mont-Royal, on sait comment c'est, quand quelqu'un réussit, d'autres veulent le salir, et Michel Louvain est certainement, euh, une de nos plus grandes, un artiste le plus grand qu'on a eu, et rappelez-vous qu'Elvis a eu à tourner le dos aux mêmes choses que vous dites pas, et j'en passe, c'est justement le genre de potinance malveillage qu'on essaie d'enrudiquer ici à CKVL grâce aux frères Teitelman qui sont bien bons pour nous autres, oh, je vois qu'on a un autre appel, tout de suite après l'important message du docteur David Azoulay on passe à un autre appel, Radio-Sexe avec Huguette Proulx, le numéro est...

Médame Proooouuulx?

Ce que j'ai lu de mieux cette semaine

Attention, c'est délicat, mince et métallique avec des grumeaux collés comme une aiguille dans le bras qui a servi déjà mais pas pour de la bonne comme ça.

Faut être prudent quand on baragouine avec de la nitroglycérine entre les dents…

La fin gâcherait tout, avec ces rimes en bouscueil de petite fille, si elles ne venaient confirmer ce que la grande nous expose au début. Je le ferais lire à mes étudiants en littérature si j'étais assez cave pour être prof. J'aurais voulu qu'on me le fasse lire, dans le temps, mais ce genre de texte n'existait pas. Les filles n'écrivaient pas avec cette paix en 1985.

C'est tordant, tout le monde s'en crisse

Ce grand insignifiant me repique un bébé qu'on a fait ensemble, se sauve avec pour le foutre dans la gorge d'une autre en éructant des Rhha rhha Rha Tu me tueras Canadian Tire, et tout le monde s'en crisse. Entre courriels et coups de fil, l'harmonie règne: on trouve que Mistral pique une crisette mistralique, probable qu'il a pris de la droye, peut-être même bu de la bière. Ça va lui passer.

Pis, Danny, t'aimes-tu ça, te faire fourrer? Comment ça s'est fini ta poursuite contre la radio pour perte de Canadian Tire?

On m'achale depuis des années pour savoir ce qui m'a ôté le goût d'écrire des chansons. J'ai jamais rien dit hors du privé, je trouvais que ça manquerait de dignité, mais y a du monde qui comptent là-dessus, la dignité et le travail d'autrui, et qui ne perdent pas une minute de sommeil à l'idée de coller leur ventouse à la source comme des hosties de maringouins, et vient un temps où faut un coup sec de tapette, héhé.

Ben voilà: ceux qui voulaient tant le savoir, vous le savez astheure. Allez vous faire tatouer la face d'Éric Lapointe dans le bas du dos pis crissez-moi patience. Je sais que ça paraît pas comme ça, mais je suis de mauvaise humeur.

Dans le blanc des yeux

Renée Martel.

Comment osez-vous enregistrer mes mots sans me faire le courtoisie d'un coup de fil? Légalement, rien ne s'y oppose, mais moi je m'y oppose, et je vais devoir rappeler qu'il est des lois qui ont précédence.

Allez à Londres faire du cinéma avec Bigras et ne vous faites pas valoir avec mes mots de mon vivant sans m'en parler avant!

Sale picouille de fond de bar-salon, faut être effrontée en tabarnak, je pense que je commencerais quasiment à me fâcher.

V'là Bigras qui recommence

Seize ans que ça dure.

Un moment donné, il avait annoncé sa retraite, mais on sait ce que ça veut dire: Plume a toffé six jours, Leloup six ans, Ferland six semaines, Bigras soixante secondes. Mais dans le cas de Dan, ça m'a suffi pour fermer ma gueule, en public: je me suis dit il a d'autres intérêts, il se tiraille avec des durs luisants sur le ring et sous la caméra, il aide des jeunes au refuge et dans les pubs de St-Hub et à Télé-Québec, il écrit même ses propres trucs astheure, il a plus besoin de faire accroire qu'il a écrit les miens.

Ben non. Le v'là reparti. Seize ans qu'il use du verbe écrire au lieu de composer pour parler des chansons qu'on a créées ensemble, moi les mots, lui la mélodie. Vous trouverez peut-être que j'ai la peau trop sensible. Je vous emmerde.

Dans cet entretien, il ressort son poncif de zones communes, en parlant de Renée Martel. À l'époque, dans toutes les gazettes et les tivis, il nous décrivait comme partageant des zones d'ombre communes. Il voulait dire que ce que j'ai écrit est à lui. De lui, tant qu'à y être. Le mec a de la misère à écrire sa liste d'épicerie et il sous-entend que mes vers sortent un peu de son cul. C'est écoeurant.

J'aurais pas détesté qu'on me consulte avant de reprendre Soirs de Scotch, avec Renée Martel ou qui que ce soit. Mais je viens de l'apprendre par le journal, et je vais brasser de la marde.

Gros crisse de sale.

Les nerfs, la blogosphère

Kesse vous en avez à foutre que Stephen Harper soit réélu? C'est pas comme s'il était vraiment dangereux. À tout prendre, je préférerais pas de gouvernement du tout, mais s'il en faut un absolument, aussi bien qu'il soit minoritaire Conservateur et impuissant avec un Césarion en proue que majoritaire Libéral avec un impuissant au top et une légion de crosseurs revanchards derrière.

J'adore les Conservateurs. Leur programme comprend le rétablissement de la peine de mort, dont tous les sondages depuis 25 ans indiquent que les Canadiens la réclament en majorité, pourtant même sous Mulroney, quand le Parlement était à eux, ils n'ont pas osé l'appliquer. Même chose pour l'avortement, même chose pour tout. Laissez-les jouer aux cowboys et aux Indiens, aux Démocrates et aux Républicains: ils sont tellement honnêtes pour la plupart qu'ils ne songent même pas à piller le Trésor public. Cela vient après le second mandat, pour eux. Les Libéraux ne songent qu'à ça, à force de gouverner toujours depuis 130 ans.

Harper donne des candys à l'Ouest, des candys à l'est, il fait une crisse de bonne job et il est moins révoltant à regarder pendant quatre ans aux nouvelles de six heures que l'autre flagelle.

On est samedi, sans farce?

Personne me dit jamais rien.

Garde du corps

Bien que la moralité et les interdits qu’elle dicte aient évolué depuis Courbet, notamment grâce à la photographie et au cinéma, le tableau est resté provocateur. En témoigne l’événement qu’a représenté son entrée au musée d’Orsay. Un gardien fut même affecté en permanence à la surveillance de cette seule pièce, pour observer les réactions du public.





On l'a pris gay, pour plus de sûreté.

Pour Mac, qui n'en a pas besoin, et pour les autres.

4.9.08

Trop beau pour être vrai. Sort of.

Ce qui me fait chier, la seule affaire astheure, c'est qu'il faut que j'ajoute ce post-scriptum à mon billet de tantôt sur les chiens, les chats et les bodysnatchers. Je ris, un peu nerveusement mais je ris, de ce qui se passe en ce moment-même, et c'est mieux que toutes les alternatives, mais je voulais pas en rajouter, on va encore me reprocher de souiller la place publique avec une affaire privée, mais qu'est-ce que vous voulez: y a pas un écrivain au monde qui serait pas obligé d'écrire ceci.

Je l'ai dit, les flics sont venus hier matin tôt sur appel d'un voisin excédé, ils sont entrés, ont enquêté, ont failli l'arrêter, ont accepté de la laisser partir à condition qu'elle parte et ne revienne pas. C'était prévisible: j'avais réussi avec peine il y a six semaines à le lui éviter, en dissuadant les gens d'ici de la faire expulser, mais je les ai vus pâlir quand elle est arrivée l'autre soir.

Eh ben, je finissais de polir mon billet quand on a frappé à la porte et j'ai ouvert et vous devinez le reste, j'ai refermé, abasourdi, j'ai dit tu dois filer, ils vont rappeler leur 911 et ce coup-ci tu dors au poste, mais elle n'entendait pas, occupée à gémir que je suis censé être un altruiste, a siffler pitié, j'ai essayé une dernière fois de lui faire comprendre a travers la porte que c'était justement pour ça que je lui recommandais de prendre de l'avance, on n'est pas dans une bourgade de province ici, quand les flics te disent de te faire oublier, tu déménages, mais c'était comme chaque fois que je lui ai parlé d'expérience, elle est persuadée que le monde est un théâtre d'ombres et de guignols pour son amusement, un film avec des monstres en celluloid, ou la police fait semblant de jouer la police, le Hells est un acteur déguisé en Hells, l'écrivain est un fat ignorant qui n'en sait pas plus qu'elle seulement parce qu'il a gagné au loto de l'édition douze fois en vingt ans alors qu'elle est bloquée page 30 de son premier manuscrit, l'université vaut un abonnement au Nautilus, la psycho est une science et son con n'enverra pas de conséquences vers sa tête et son coeur juste parce qu'il est moderne, et oh, bordel, je vous épargne le reste, que je sais par coeur même si j'ai pas entendu un mot de plus, le disque est usé, anyway, je sais que c'est inconcevable, même moi j'y crois pas, mais elle tape comme une sourde dans la porte au même rythme que je tape ces mots, et soudain les hurlements du chien et les plaintes de la scie se mêlent en un parfait son blanc, lénifiant, insonorisant...

C'est Mac qui écrivait pas plus tard que le premier septembre (il permettra que je le cite): Uhm… Il est vrai que, si vous me permettez de m'auto-citer, « ça peut toujours être pire. » Ne jamais oublier ça… Tout peut toujours être pire. Pas besoin de 100 giga de mémoire pour se rappeler de ça.

J'avais trouvé ça spirituel, viril et prophétique comme il convient à l'écrivain de l'être quand il transforme ses aléas en matière littéraire, mais ça me chicotait, j'avais pas réalisé que j'ai commis une métaphore avec le sol qui s'ouvre sous vos baskets quand vous pensez avoir touché le fond, ça vient juste de me revenir, je me rappelle pas encore dans quel livre, ça fait un bail, mais bon, ce qui me buzzait autour du crâne comme une mouche merdière invisible, c'était ce sentiment effrayant que Mac avait raison, sur toute la ligne, sauf le bout qui se rit des gens qui l'oublient, héhé.

Je me marre maintenant, je ris de moi et de cette vie avec de grands sursauts de bedaine, la tension sort, je pense au fameux acronyme anonyme que Mac et moi nous sommes amusés a forger puis a répandre au temps des fêtes sur la blogosphère comme des Santa Claus hilares et seuls: LYES. LYES. LYES. La Yeule En Sang. A force de rire tellement...

L'usure d'une force de la nature

These last days I've been caught between a howling dog and a crazy screaming pussy, I'm beginning to feel like some character in a Poe and/or de Maupassant short-story, except this doesn't end, they took the pussy away but the hellish bitch of a dog keeps on calling that woman who left it there alone this morning and the one before and the one before that, every three minutes like clockwork you hear this winter wind high-pitching through the closed windows and you wake up in a sweat, except the windows are wide open, there's no wind, no winter, it's a sweet september, it's going to be gone before we know it, and that grotesque nevrotic beast that can't live with itself a few hours a day without crying those disgusting sounds of degenerate despair so someone somewhere will come and pet it, oh God I fear that kind, they're are more and more everywhere, dogs thinking they're cats and girls thinking they're Hemingway and failed middle-aged men suddenly remembering they were raped in the shed the day Bobby Kennedy was shot, all those endless legions of lost creatures joining the parade of victims, chanting together, feeling stronger, this is all too much for me to comprehend, I only know those zombies will win in the end, there won't be one single Howard Roark-like character left standing anywhere, male or female, human or canine. I haven't thrown up in twenty years but I'd give anything for a bitter and brutal barf right now. I seem to remember I felt better afterwards.

There's some guy using an electric saw out there, not a pleasing sound at all usually, but the stinking dog still manages to screech worst. Either kill it or kill me, please.

When the moon hits your eye like a big pizza pie, je bidouille.

Ting-a-ling-a-ling, ting-a-ling-a-ling, chante, mon gars, fais comme un oiseau, un piaf qui ne se cachera pas pour mourir: j'ai bidouillé toute la nuit ce blog en pestant et bénissant et priant le nom d'Annie Strohem, qui m'apprit à le faire et comment ça s'appelle.

Si on vous répète que je suis le pionnier du blog littéraire au Québec, rappelez-vous que sans elle, venue avant moi, j'en serais toujours à graver quelques rimettes farouches à la pointe du canif sur la surface cathodique d'un moniteur à Off, tout en parcourant les touches du clavier de mon oeil impatient, louche et gauche, cherchant le piton pour Fiat Lux!

Mais enfin, j'étais doué pour la chose, et quoique impatient je n'arrêtais jamais: c'est ce qu'elle m'apprit en premier, que l'ordi c'est ainsi, que Capri c'est fini, qu'il faut se buter comme un âne aux problèmes et se résoudre à en voir surgir deux pour chacun qu'on résout, mais qu'on finit par aboutir, si on est taillé dans cette étoffe qui préfère se salir sans sortir des balises et s'user en polissant du code HTML jusqu'aux palpitations de l'aube. Bidouiller, c'est ça, et ça fait un bien fou quand on vient de rompre enfin avec la folie de son amour, qu'on veut marquer le jour d'une pierre wysiwyg, une pierre tombale, une borne romaine, une garnotte à slingshot, un galet pour lapider le temps perdu et s'éloigner soulagé dans l'autre direction.

Bidouiller des onze, douze heures, après un temps, quand il vous en fallait dix avant, c'est vous démontrer à vous-même que si le souffle est court et le désir moins ardent (qu'avant), vous n'en poursuivez pas moins l'ascension et la traversée des alpages, pétant au passage quand vous croisez les bêlants génies qui vous y enverraient paître si vous leur présentiez un miroir juste après leur avoir dessiné un mouton.

Enfin, j'espère que le nouveau design ne vous déplaît pas trop. Moi, je sais pas, j'ai pus les yeux en face des trous.

Hearts will play
tippy-tippy-tay,
tippy-tippy-tay
Like a gay tarantella...

2.9.08

Un vers dans l'Apple, ma clique et les claques

And, in the end, the love you take
Is equal to the love you make...


The End, Abbey Road, The Beatles ( Lennon/McCartney, comme si Lennon pouvait écrire un si beau vers), Apple Records, 1969.

+++

C'est ça, Patrick, merci ben gros, astheure on va avoir tous les obsédés par la clique du Plateau sur le dos, vont crier à la concussion, gémir qu'on prévarique, grattons-nous le dos car ça nous pique...

Héhé. Thanks, man. Suis touché.

J'ai lu quelque part, j'oublie où, qu'une portion de la gens carnetis profitait du 31 août pour ploguer cinq blogs cools récemment découverts, ou cinq qu'on ne fréquenterait pas avec assiduité parce qu'ils sont éloignés de nos préoccupations mais auxquels on reconnaît des qualités qui les distinguent.

Touché, disais-je, donc débiteur: j'ai une créance karmique envers la blogoboule. J'ai passé la nuit, ça s'est adonné ainsi, à labourer à travers des sites pourris de qualités mais qui me faisaient fort chier, et j'ai pas envie d'en parler pantoute, mais ma liste de marque-pages contient aussi de chouettes trouvailles, à peu près cinq, so let's (blog)roll: je ne vais pas élaborer maintenant sur mes raisons parce qu'il me reste dix minutes gros max avant de m'effoirer comateux sur le clavier.

1. Simplement: un récent billet, magistral, voit Mars péter la gueule à Février...

2. HoaxBuster: Who you gonna call? Où l'on voit que l'existence des légendes urbaines n'est pas une légende urbaine.

3. Wired: beaucoup de stock, dont des blogs captivants, pour la tête d'ampoule qui a tout sauf un lien vers Literotica.

4. WaybackMachine: un insondable cimetière muséal de l'internet, dont les blogs morts et déterrés.

Faut que j'aille me coucher...

31.8.08

Boucle bouclée, cerise ardente sur un sundae fondant

Mac et Antonios sont en vacances quelque part au fond de la mer, mais le reste de la tribu disponible a fait la job comme d'habitude, chirurgicale, articulée, digne, intelligente et passionnée, sans omettre de faire chier du sang aux caves qui oublient prudence et grâces sociales.

Y a que l'exposé de Meth qui n'a pas trouvé grâce aux yeux du rédac-chef de Liberté au Canada. C'est savoureux en sacrement, surtout pour ceux qui la connaissent: elle pond un papier tout en nuances et en retenue, et on lui refuse le crachoir pour cause d'attaques ad hominem. Ils savent pas ce qu'est une attaque ad hominem tant qu'ils l'ont pas rencontrée, héhé: elle est capable de rapprocher considérablement les hominem d'ad patres d'un seul regard si elle se fiche en rogne.

Alors, bien sûr, son texte va paraître ici. En complément de ceux qu'on trouvera là-bas. Qui ont tous été rédigés pour faire ravaler ses tristes gonades au goret gorlo qui s'est figuré pouvoir nous grogner son haleine de Goering sans qu'on en fasse du bacon.

Oh, pour les nouveaux: ici on cultive l'attaque ad hominem, une journée sans attaque ad hominem est comme une polka sans accordéon.

L'ironie juteuse, full goo, c'est qu'elle a écrit ça pour répliquer à ce qui ressemble diablement à une attaque ad hominem, et que quand l'homo c'est moi, elle saute dans le tas. Ma reine.

Methane Alyze aka Mélissa LeBlanc

Salut

L'art impopulaire ça inclut aussi la relève, mais pas tant que ça finalement, et c'est normal, l'artiste doit faire ce passage nécessaire de fronter sa vie pour l'art le temps que "ça" se fasse dans le vide de la (re)production artistique.

Je suis sur mon premier roman et je me demande si Vallée a pas chié un peu trop en même temps qu'il pondait le sien (Un titre, kekchose?) pour devenir fasciste névrotique schizoïde de même et feindre ignorer ce qui différencie un artiste d'une personne normale, surtout après que ledit artiste a publié, exposé ou diffusé le moindrement, obtenu l'approbe ou l'opprobre de son public et de ses pairs et qu'il a enfin accès à cet univers mirifico-mystique de la subvention artistique nationale de spécialité. Viva la republica grand signor!

Passke tsé, y'a une sorte de pimp sherbrookois qui a même piqué des affaires dans mon épicerie, je suis obligée de pawner trop régulièrement mon portable et je me dis Whoa Nelly! que tu sois écrivaine québécoise ou revampée par Timbaland, ce que vous financez à fond au Canada c'est déjà pimpé, passé, douteux, listériosé sur les bords anyway, à mon goût à moi - la relève - ça fait que je vais continuer à maximiser ma subvention HLM de gens à bas revenu en région et à m'inspirer de la perte de la garde de mes enfants, parce que j'ai pas de char, pour garrocher quelques heures de sport extrème littéraire dans les cathodes numériques, tout à votre joie future.

Ouais, j'aimerais bien qu'on me paye d'avance mais ça ferait de moi une pute. En fait je me limite à la massothérapie, deux jours semaine.

Pour terminer ma mauvaise dissertation, vues d'ici, les subventions artistiques me semblent accordées au mérite à des artistes et des ratistes qui ont travaillé et travaillent activement à traduire les osties d'absurdités schizophrènes qui meublent la tête de gens comme Vallée.

On est tous des artistes quand on est up.
Toujours un plaisir de casser du fasciste et de vous dire fuck.

En attendant si vous êtes dans le huit un neuf cet automne et voulez voir moi et d'autres affaires littéraires pas financées que du monde encore plus jeune que moi font en Estrie dont l'adorable et prometteuse Sophie Jeukens qui vous dit rien de moins que :

"Vous êtes tous joyeusement conviés à l'événement culturel le plus déjanté de la rentrée 2008!
N'hésitez pas à y inviter à votre tour tous tous tous vos nombreux amis ;P
Au plaisir!".
Event: Zone d'exclamation publique
"lectures, open mike, musique, expo, foire du livre et autres p'tites folies"
What: Performance
Host: Les Plumes de L'ombre
Start Time: Wednesday, September 17 at 8:00pm
End Time: Wednesday, September 17 at 11:00pm
Where: Café Esprit et Vie (300 rue King Ouest Sherbrooke)."

Bye.

30.8.08

OK, la gang, remuez-vous, j'ai besoin de vous autres.

Allez siouplè faire un peu d'animation de ce côté. Brassez pas trop de marde, pareil, ce monde là est pas accoutumé à nos manières...

Lemieux a compté pour moi, il compte toujours, c'est un peu ce que je lui écrivais il y a quelques semaines, vingt-cinq ans après. J'ai pas le texte, je l'ai rejoint par le biais d'un formulaire sur son site, j'ai pas le texte et c'est rarissime que yours truly n'ait pas le texte, I mean je suis celui qui conserve ses listes d'épicerie pour le futur bénéfice des exégètes, je suis celui qui dort avec un extincteur sous son oreiller, je suis le notaire barbare des temps éteints, celui qui épingle chaque éclat de sa vie comme un papillon tropical et qui documente, documente, archive, documente, documente, réitère trois fois le verbe pour s'assurer que c'est documenté, mais j'ai pas ce texte-là et c'est tant mieux, lui l'a, c'était privé, parfois j'ai du mal à tracer la ligne entre le public et le privé, je vais donc de mémoire me paraphraser: je lui exprimais, vingt-cinq ans après, que son invitation au restaurant quand j'avais dix-huit ans suite à ma lettre parue dans le courrier des lecteurs du Devoir m'avait durablement marqué, de plus en plus avec le temps. Il devait avoir l'âge que j'ai maintenant, il était une sommité dans son boulot en plus d'un essayiste publié en France, et il était passé par-dessus mon extrême jeunesse, à côté de mon écoeurante maladresse, il s'était intéressé à ce que pouvait avoir en lui le signataire de cette lettre. Or, au fil des ans et de ma propre carrière, je me suis retrouvé souvent, je m'y retrouve chaque jour davantage, dans la position de garder contact avec la jeunesse agissante et de retarder le naturel qui m'inciterait à contourner la jeunesse agissante, ces abrutis de boutonneux ignares qui m'encombrent, n'est-ce pas, ces ados maigres qui ne savent pas que tout a été soldé par Hamelin et moi et que rien ne sert d'écrire encore, ces innocents attendrissants qui nous regardent de travers dans les lancements parce qu'on tend à se parler entre nous, du bon vieux temps, comme si on était des croûtons, comme si on était...

Comme si on était Claude Beausoleil et Lucien Francoeur, quand Louis et moi avions vingt ans, et qu'on les regardait se jaser d'un temps avant nous autres, de partys auxquels on n'avait pas été invités, de nuits de la poésie qu'on ne pouvait appréhender que sur film, alors qu'eux y étaient, de Gatien Lapointe et de Vanier à quatorze ans, de Hubert et de Réjean... Cibole, c'est donc nous maintenant. On le voulait si fort, être eux et pas des gamins velléitaires, et Christ on l'a eu, ce qu'on a voulu, cela et plus, ça s'est passé si vite, comme dans un mix entre une fable de La Fontaine et un conte arabe...

C'est alors, dans ces occasions-là, que je me souviens de Pierre Lemieux, et chaque fois je trouve le goût et l'énergie de parler au sacraman de jeune qui monte. Ché pas si vous comprenez. J'ai de la misère à l'expliquer. En tout cas, c'est ce qu'il m'a donné, et à des jeunes qui ne le connaissent pas, à travers moi.

Cela dit, il a besoin d'une sweet dose de la tribu, et ce M. Vallée aussi. Secouez-les moi un peu.

28.8.08

En construction (Screw Derrida: je ne déconstruis pas)

On n'en est plus au temps des gros beus, et c'est tant mieux. Le grand gros cop était le même à Boston, Chicago, Montréal et Mexico City: il opposait une force bête et brute à une force bête et brute, il poliçait de massifs arrivages de population affamée, il jouait un rôle civilisateur selon l'idée que nous nous faisions de la civilisation. Encore enfant, à la fin des années 1960, je vivais au temps des beus, des interrogatoires menés avec un gourdin de caoutchouc et un annuaire téléphonique, des flics qui fermaient les yeux sur les infractions à la circulation pour le prix d'un journal ou d'une cup de café quotidiens, des jokes de chiens, véhiculées comme eau courante par la population honnête (du genre «Faut une douzième année pour entrer dans la police, c'est pour ça qu'ils en mettent deux par char») : quand on nous ramone avec le bon vieux temps, je n'ai pas l'humeur à rigoler, car c'est un temps fini et bien fini j'espère, qui a fait son temps: le beu, aussi révolu que le télégraphiste et le maréchal-ferrant. Pas un seul policier contemporain, pas même le plus épais taré du plus consanguin village du trou du cul de l'Alabama, ne souhaiterait qu'on réinstaure ce paradigme: le policier est né en même temps que le poète dans le même quartier, ils sont allés à l'école ensemble, ils tripent sur les mêmes actrices au cinéma et ne vont pas à la messe et jouent avec leurs enfants exactement de la même façon. Si on pouvait se figurer ça, autant ces abrutis de poulets que ces tapettes de poètes, si on pouvait s'échanger des services, puisque la police a besoin des poètes et que les poètes ont besoin de la police, que les deux ont besoin de légumes et de disques de Johnny Cash, que tout le monde a besoin d'autre monde un de ces jours pour jeter de la terre sur nous et combler le trou et mettre une pierre dessus, si on s'enfonçait ça dans le crâne, c'est pourtant pas sorcier, y a des malades qui deviennent thanatologues et des dégénérés qui font actuaire et des aberrations de la nature qui deviennent flics et des handicapés sociaux-émotifs qui se font écrivains, et y a des fermiers, aussi, pour les légumes, une belle bande d'illuminés ceux-là, et y a des gouines et des curés des astronautes et des conseillers municipaux, des filles qui tonitruent et d'autres qui la prennent dans le cul en gazouillant, y a de tout dans cette humanité chassée du paradis, juste ici y a des siciliens au teint cuit par les pierres sans pitié de leur patrie même après trois générations de neige, y a des dépanneurs coréens courtois comme un coussin de soie qui empoignent leur bat de baseball et t'éclatent la gueule si t'es un petit braqueur armé d'un automatique penché comme dans les clips et qui veut les douze dollars dans la caisse, y a des romanciers nègres géniaux qui ont commencé dans le taxi et qui pourraient pas conduire une bagnole pour sauver leur vie, y a des canadiens-français ahuris, la lie de l'occident pensant, qui s'imaginent issus de trois trappeurs, deux agriculteurs et une centaine de mythiques et virginales Filles du Roy. Si on les pousse un peu, ils finissent par céder sur le chapitre de la virginité, parce qu'on leur a en effet parlé de gourgandines autrefois, ils savent pas où, ils savent pas quand, et c'est fascinant de voir que ton peuple, six millions et quelques de lascars issus comme toi du dix-septième siècle en Nouvelle-France, préfère penser que ses mères fondatrices étaient des putains et des souillons édentées ramassées dans les caniveaux pestilentiels du quartier des Halles et shippées ici pour procréer, plutôt que d'admettre qu'il descend majoritairement d'indiennes franches, vertueuses et vigoureuses. Vertueuses parce que c'était pas des putains, pas parce qu'elles aimaient pas fourrer leur mari. Les Boomers nous ont tellement farci le crâne avec leurs horribles histoires de curés, de grande noirceur, de joug clérical, pour mieux faire ressortir qu'avant eux le Québec n'était qu'une succession de générations débiles à peine capable de se reproduire en attendant leur avènement, ils nous ont tant bourré le mou qu'on a oublié d'où on vient. Laissez-moi vous le rappeler. Nos ancêtres, ceux qui partirent de France, les troisièmes fils, n'étaient pas le genre de monde à qui on dit quand et qui ou quoi baiser et pour quelle raison et pour combien de temps. On a même oublié l'immensité de notre nouveau monde, et ce dont il avait l'air quand ces gars-là arrivèrent. M'en vais le dire encore une fois pour le bénéfice des obtus créationnistes: les gars ont pas attendu ces Filles du Roy de conte de fée qu'on vous a narrées. Ils ont marié des sauvages, paradoxalement beaucoup mieux léchées qu'eux et qui les dégrossirent à la longue. Ils les ont mariées sans curé, dans le bois, et ils sont revenus chaque saison, et ils furent heureux, enfin je l'ignore, et ils eurent beaucoup d'enfants, ça on le sait, et quand un Jésuite passait il les remariait et il baptisait la sauvage avec un beau nom chrétien et ça c'était votre lointaine aïeule, et la seule chose qui me retient de traiter tout mon peuple d'enfant de putains, bordel, c'est justement que ça l'arrange trop. Mon peuple est un enfant de sauvages! Voilà qui est mieux et dont on peut tirer fierté. On vaut mieux que ces Australiens qui s'aristocratisent astheure selon le plus ancien ancêtre bagnard déporté qu'ils peuvent se trouver ou s'inventer. Parce que même ces râclures de galères de la société Anglaise n'épousaient pas d'aborigènes. Ici, la vérité choquante mais cool est qu'on a fait la révolution française cent-cinquante ans avant Paris, et sans verser une goutte de sang bleu dans la poudre de perruque tombée sous le couperet. On a seulement crissé notre camp. Nos ancêtres étaient des Français que la France faisait royalement déféquer, ils ont décidé de la laisser s'anéantir à coups de langue et de mousquet, de plume et de calembours, et d'aller ouski fait frette et neuf et beau, et vaste et silencieux, nom de Dieu! Histoire de se dégourdir le gras.

C'étaient de sacrés gars.