8.10.08
Gaétan Bouchard , sa voix, son coeur, son cadeau
J'ai demandé à notre ami Gaétan Bouchard un peu de son pour ranimer ma baladodiffusion. Il m'a offert cinq chansons. L'émotion d'entendre sa voix pour la première fois, je ne feindrai pas de pouvoir la décrire.
J'en ai choisi une à partager avec mon lectauditoire.
Je laisse Butch camper le contexte:
«C'est extrait d'un show live que j'ai fait en octobre 2001 à la brasserie Le Gambrinus, sur le boulevard des Forges, à Twois-Wivièwes.
Le band s'appelait Grizzli.
J'ai écrit les textes des chansons et composé la musique. Des arrangements ont ensuite été apportés en groupe.
Gaétan Bouchard : voix, harmonica
Mark Cavanaugh: guitare électrique
Benoît Cavanaugh: basse
Dany «Grosse barbe» Massicotte: batterie & percussions»
Il ajoute: «Mon style musical a changé. C'est beaucoup plus intimiste ce que je fais maintenant. Je joue seul à la guitare et m'accompagne à l'harmonica. Benoît Cavanaugh, le bassiste sur ces extraits, jamme encore avec moi et nous projetons quelque chose avec Rob Bob Rebselj, un original qui joue de la planche à laver. Les paroles sont encore décapantes.»
Enfin: «Il manque les images. (...) J'finissais toujours mes shows en bedaine à cette époque, après avoir gigué comme un possédé sur le stage. Ça fessait dans l'décor. J'ai traumatisé à jamais les sages petites étudiantes de l'UQTR qui se tiennent au Gambrinus...
Bonne écoute!
G.»
Merci, Amigo.
Ivan, Poker, Anarchie: Terrible!
Yvan ramasse les chips.
Appel
Hello! He was Johnny Cash...
Ne me filmez jamais comme ça quand mon temps viendra, just to watch me die.
These people keep on moving, and that's what tortures me...
À vouloir tout savoir...
Monsieur le Mèwe de Twa-Wiwèwes, avant d'appeler un journaliste dring dring pour lui faire savoir que vous savez où il a soupé dans votre ville, comme si on était en Alabama, je vous suggèwe de savoiw à qui vous avez à faiwe, et de powter davantage attention à vos polices qui vendent des pneus d'hivew.
Cheese!
6.10.08
Ça me faisait chier hier, aujourd'hui je me rends même pas aux bécosses.
Voudrais voir la face de ces rombières si Bouchard filait pour leur réciter quelques sonnets, et la tête de Gaston, hon, le téléphon qui sonne(rai)t au 911 en ChuckBaudelaire de crisse. Mais la poésie serait passée en coup de vent frais sous ces vieilles jupes malodorantes.
«I wish you was a wishin well, so i could tie a bucket to ya and sink ya!»
Jimmy, Jimmy, Jimmy, stie! C'est pas cool de gaspiller du bon manger. Pas cool. Not cool, dude.
5.10.08
Qui se souvient d'un Big Mac en janvier dernier?
Le billet sur ma palette par Pierre Cayouette: 24 septembre 2007.
Le 20 novembre, Tony, à bout de patience, inscrit un commentaire bref, éloquent et net, sans exclamation: son sens de la mesure mesure l'épaisseur ambiante et il dimensionne le cercueil et il fournit le bois. Le trou, ils l'ont creusé eux-mêmes.
Mac, à qui rien n'échappe, vient clore le couvercle avec un gun à clous le 14 janvier.
Mais les morts sont vivants et hantent les paisibles avenues du Plateau! On les entend hululer à travers les croisées closes, la spectrale rumeur s'élève: «Taaaaaaaaxes! Noooooos taaaaaaaaxes! Alcooooooool! Tabaaaaaaaaac! Béeeeeeeeeeeeeesse! Cliiiiiiiiiiiique!»
Brrrrr! Maurice! Fait froid!
Viande, blé d'Inde, patates
Ce n'est pas tant que nul n'est prophète en son pays...
Pwésie à Twa-Wiwèwes
De plus, petit détail, il écrit mieux que tous ces sinistres fanfreluchots.
4.10.08
Ça dépend pour qui
Un papier non signé sur Cyberpresse, intitulé Pourquoi l'alcool fait oublier les moments embarrassants?, est illustré d'une photo de notre pote Zhom. C'est la seconde fois qu'ils s'en servent, la troisième si on compte l'usage original (dans un de ses propres articles). La pénultième remonte à la Saint-Valentin et a fait l'objet du dernier post de Lady Guy. Ils le laisseront pas oublier, faut croire.
Remarquez, c'est publié le jour de son anniversaire, et c'est louche. Il est assez fou pour en être responsable.
3.10.08
2.10.08
Manifeste pour une ''littérature-monde'' en français
Cela posé, je connais une bonne poignée de rastaquouères qui, une fois le texte lu, ne manqueront pas de livrer ici d'intéressantes réfléxions. En littérature-monde de langue française, of course. Polyphonique, incandescente de préférence, et essuyez votre créole avant d'entrer!
Non, je déconne, mais on va devoir s'arranger pour savoir si ce truc a eu des suites, et sinon lesquelles on veut lui donner, if any.
Le Monde, 16 mars 2007
Pour une «littérature-monde» en français*
Le manifeste de quarante-quatre écrivains en faveur d'une langue française qui serait «libérée de son pacte exclusif avec la nation»
Muriel Barbery, Tahar Ben Jelloun, Alain Borer, Roland Brival, Maryse Condé, Didier Daeninckx, Ananda Devi, Alain Dugrand, Edouard Glissant, Jacques Godbout, Nancy Huston, Koffi Kwahulé, Dany Laferrière, Gilles Lapouge, Jean-Marie Laclavetine, Michel Layaz, Michel Le Bris, JMG Le Clézio, Yvon Le Men, Amin Maalouf, Alain Mabanckou, Anna Moï, Wajdi Mouawad, Nimrod,Wilfried N'Sondé, Esther Orner, Erik Orsenna, Benoît Peeters, Patrick Rambaud, Gisèle Pineau, Jean-Claude Pirotte, Grégoire Polet, Patrick Raynal, Jean-Luc V. Raharimanana, Jean Rouaud, Boualem Sansal, Dai Sitje, Brina Svit, Lyonel Trouillot, Anne Vallaeys, Jean Vautrin, André Velter, Gary Victor, Abdourahman A. Waberi.
Plus tard, on dira peut -être que ce fut un moment historique : le Goncourt, le Grand Prix du roman de l'Académie française, le Renaudot, le Femina, le Goncourt des lycéens, décernés le même automne à des écrivains d'outre-France. Simple hasard d'une rentrée éditoriale concentrant par exception les talents venus de la « périphérie », simple détour vagabond avant que le fleuve revienne dans son lit ? Nous pensons, au contraire : révolution copernicienne. Copernicienne, parce qu'elle révèle ce que le milieu littéraire savait déjà sans l'admettre : le centre, ce point depuis lequel était supposée rayonner une littérature franco-française, n'est plus le centre. Le centre jusqu'ici, même si de moins en moins, avait eu cette capacité d'absorption qui contraignait les auteurs venus d'ailleurs à se dépouiller de leurs bagages avant de se fondre dans le creuset de la langue et de son histoire nationale : le centre, nous disent les prix d'automne, est désormais partout, aux quatre coins du monde. Fin de la francophonie. Et naissance d'une littérature-monde en français.
Le monde revient. Et c'est la meilleure des nouvelles. N'aura-t-il pas été longtemps le grand absent de la littérature française ? Le monde, le sujet, le sens, l'histoire, le « référent » : pendant des décennies, ils auront été mis « entre parenthèses » par les maîtres-penseurs, inventeurs d'une littérature sans autre objet qu'elle-même, faisant, comme il se disait alors, « sa propre critique dans le mouvement même de son énonciation ». Le roman était une affaire trop sérieuse pour être confiée aux seuls romanciers, coupables d'un « usage naïf de la langue », lesquels étaient priés doctement de se recycler en linguistique. Ces textes ne renvoyant plus dès lors qu'à d'autres textes dans un jeu de combinaisons sans fin, le temps pouvait venir où l'auteur lui-même se trouvait de fait, et avec lui l'idée même de création, évacué pour laisser toute la place aux commentateurs, aux exégètes. Plutôt que de se frotter au monde pour en capter le souffle, les énergies vitales, le roman, en somme, n'avait plus qu'à se regarder écrire.
Que les écrivains aient pu survivre dans pareille atmosphère intellectuelle est de nature à nous rendre optimistes sur les capacités de résistance du roman à tout ce qui prétend le nier ou l'asservir…
Ce désir nouveau de retrouver les voies du monde, ce retour aux puissances d'incandescence de la littérature, cette urgence ressentie d'une « littérature-monde », nous les pouvons dater : ils sont concomitants de l'effondrement des grandes idéologies sous les coups de boutoir, précisément... du sujet, du sens, de l'Histoire, faisant retour sur la scène du monde - entendez : de l'effervescence des mouvements antitotalitaires, à l'Ouest comme à l'Est, qui bientôt allaient effondrer le mur de Berlin.
Un retour, il faut le reconnaître, par des voies de traverse, des sentiers vagabonds - et c'est dire du même coup de quel poids était l'interdit ! Comme si, les chaînes tombées, il fallait à chacun réapprendre à marcher. Avec d'abord l'envie de goûter à la poussière des routes, au frisson du dehors, au regard croisé d'inconnus. Les récits de ces étonnants voyageurs, apparus au milieu des années 1970, auront été les somptueux portails d'entrée du monde dans la fiction. D'autres, soucieux de dire le monde où ils vivaient, comme jadis Raymond Chandler ou Dashiell Hammett avaient dit la ville américaine, se tournaient, à la suite de Jean-Patrick Manchette, vers le roman noir. D'autres encore recouraient au pastiche du roman populaire, du roman policier, du roman d'aventures, manière habile ou prudente de retrouver le récit tout en rusant avec « l'interdit du roman ». D'autres encore, raconteurs d'histoires, investissaient la bande dessinée, en compagnie d'Hugo Pratt, de Moebius et de quelques autres. Et les regards se tournaient de nouveau vers les littératures « francophones », particulièrement caribéennes, comme si, loin des modèles français sclérosés, s'affirmait là-bas, héritière de Saint -John Perse et de Césaire, une effervescence romanesque et poétique dont le secret, ailleurs, semblait avoir été perdu. Et ce, malgré les oeillères d'un milieu littéraire qui affectait de n'en attendre que quelques piments nouveaux, mots anciens ou créoles, si pittoresques n'est-ce pas, propres à raviver un brouet devenu par trop fade. 1976-1977 : les voies détournées d'un retour a la fiction.
Dans le même temps, un vent nouveau se levait outre-Manche, qui imposait l'évidence d'une littérature nouvelle; en langue anglaise, singulièrement accordée au monde en train de naître. Dans une Angleterre rendue à sa troisième génération de romans woolfiens - C'est dire si l'air qui y circulait se faisait impalpable -, de jeunes trublions se tournaient vers le vaste monde, pour y respirer un peu plus large. Bruce Chatwin partait pour la Patagonie, et son récit prenait des allures de manifeste pour une génération de travel writers (« J'applique au réel les techniques de narration du roman, pour restituer la dimension romanesque du réel»). Puis s'affirmaient, en un impressionnant tohu-bohu, des romans bruyants, colorés, métissés, qui disaient, avec une force rare et des mots nouveaux, la rumeur de ces métropoles exponentielles où se heurtaient, se brassaient, se mêlaient les cultures de tous les continents. Au coeur de cette effervescence, Kazuo Ishiguro, Ben Okri, Hanif Kureishi, Michael Ondaatje et Salman Rushdie, qui explorait avec acuité le surgissement de ce qu'il appelait les « hommes traduits » : ceux-là, nés en Angleterre, ne vivaient plus dans la nostalgie d'un pays d'origine à jamais perdu, mais, s'éprouvant entre deux mondes, entre deux chaises, tentaient vaille que vaille de faire de ce télescopage l'ébauche d'un monde nouveau. Et c'était bien la première fois qu'une génération d'écrivains issus de l'émigration, au lieu de se couler dans sa culture d'adoption, entendait faire œuvre à partir du constat de son identité plurielle, dans le territoire ambigu et mouvant de ce frottement. En cela, soulignait Carlos Fuëntes, ils étaient moins les produits de la décolonisation que les annonciateurs du XXI siècle.
Combien d'écrivains de langue française, pris eux aussi entre deux ou plusieurs cultures, se sont interrogés alors sur cette étrange disparité qui les reléguait sur les marges, eux « francophones », variante exotique tout juste tolérée, tandis que les enfants de l'ex-empire britannique prenaient, en toute légitimité, possession des lettres anglaises ? Fallait-il tenir pour acquis quelque dégénérescence congénitale des héritiers de l'empire colonial français, en comparaison de ceux de l'empire britannique ? Ou bien reconnaître que le problème tenait au milieu littéraire lui-même, à son étrange art poétique tournant comme un derviche tourneur sur lui-même, et à cette vision d'une francophonie sur laquelle une France mère des arts, des armes et des lois continuait de dispenser ses lumières, en bienfaitrice universelle, soucieuse d'apporter la civilisation aux peuples vivant dans les ténèbres ? Les écrivains antillais, haïtiens, africains qui s'affirmaient alors n'avaient rien à envier à leurs homologues de langue anglaise. Le concept de « créolisation » qui alors les rassemblaient, à travers lequel ils affirmaient leur singularité, il fallait décidément être sourd et aveugle, ne chercher en autrui qu'un écho à soi-même, pour ne pas comprendre qu'il s'agissait déjà rien de moins que d'une autonomisation de la langue.
Soyons clairs : l'émergence d'une littérature-monde en langue française consciemment affirmée, ouverte sur le monde, transnationale, signe l'acte de décès de la francophonie. Personne ne parle le francophone, ni n'écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d'étoile morte. Comment le monde pourrait-il se sentir concerné par la langue d'un pays virtuel ? Or c'est le monde qui s'est invité aux banquets des prix d'automne. A quoi nous comprenons que les temps sont prêts pour cette révolution.
Elle aurait pu venir plus tôt. Comment a-t-on pu ignorer pendant des décennies un Nicolas Bouvier et son si bien nommé Usage du monde ? Parce que le monde, alors se trouvait interdit de séjour. Comment a-t-on pu ne pas reconnaître en Réjean Ducharme un des plus grands auteurs contemporains, dont L'Hiver de force, dès 1970, porté par un extraordinaire souffle poétique, enfonçait tout ce qui a pu s'écrire depuis sur la société de consommation et les niaiseries libertaires ? Parce qu'on regardait alors de très haut la « Belle Province », qu'on n'attendait d'elle que son accent savoureux, ses mots gardés aux parfums de vieille France. Et l'on pourrait égrener les écrivains africains, ou antillais, tenus pareillement dans les marges : comment s'en étonner, quand le concept de créolisation se trouve réduit en son contraire, confondu avec un slogan de United Colors of Benetton ? Comment s'en étonner si l'on s'obstine à postuler un lien charnel exclusif entre la nation et la langue qui en exprimerait le génie singulier - puisqu'en toute rigueur l'idée de « francophonie » se donne alors comme le dernier avatar du colonialisme ? Ce qu'entérinent ces prix d'automne est le constat inverse : que le pacte colonial se trouve brisé, que la langue délivrée devient l'affaire de tous, et que, si l'on s'y tient fermement, c'en sera fini des temps du mépris et de la suffisance. Fin de la « francophonie », et naissance d'une littérature-monde en français : tel est l'enjeu, pour peu que les écrivains s'en emparent.
Littérature-monde parce que, à l'évidence multiples, diverses, sont aujourd'hui les littératures de langue françaises de par le monde, formant un vaste ensemble dont les ramifications enlacent plusieurs continents. Mais littérature-monde, aussi, parce que partout celles-ci nous disent le monde qui devant nous émerge, et ce faisant retrouvent après des décennies d'« interdit de la fiction » ce qui depuis toujours a été le fait des artistes, des romanciers, des créateurs : la tâche de donner voix et visage à l'inconnu du monde - et à l'inconnu en nous. Enfin, si nous percevons partout cette effervescence créatrice, c'est que quelque chose en France même s'est remis en mouvement où la jeune génération, débarrassée de l'ère du soupçon, s'empare sans complexe des ingrédients de la fiction pour ouvrir de nouvelles voies romanesques. En sorte que le temps nous paraît venu d'une renaissance, d'un dialogue dans un vaste ensemble polyphonique, sans souci d'on ne sait quel combat pour ou contre la prééminence de telle ou telle langue on d'un quelconque « impérialisme culturel ». Le centre relégué au milieu d'autres centres, c'est à la formation d'une constellation que nous assistons, où la langue libérée de son pacte exclusif avec la nation, libre désormais de tout pouvoir autre que ceux de la poésie et de l'imaginaire, n'aura pour frontières que celles de l'esprit. »
Fin mai sera publié chez Gallimard Pour une littérature-monde, un ouvrage collectif sous la direction de Jean Rouaud et Michel Le Bris.
* Texte paru dans Le Monde du 16 mars 2007
Valmont: Liaisons dangereuses...
À voir, ce topo de Pat Lagacé sur un jeune homme tout à fait remarquable. Dans moins d'une heure à TQC.
Pat lui file un bâton de hockey en demandant: «Te rappelles-tu comment ça marche?» et ils se font des passes dans une enceinte d'asphalte; on sourit, ému. Quand Valmont, après un jump-cut, tripe sur son bâton avec la joie d'un enfant dépouillant ses cadeaux de Noël, puis s'exclame: «Y est en aluminium!», faut être bouché pour pas déduire que Lag lui en a justement fait cadeau, et qu'il a coupé cet instant au montage, parce qu'il songerait jamais à se faire valoir une seconde en exploitant les émotions des Valmont de ce pauvre monde.
Je pense pas me gourer sur ce qui s'est passé, mais quand bien même cela serait, je me trompe pas sur Patrick Lagacé: en latin, on dit: a good fellow, en grec ancien: un bon jack.
1.10.08
Matante
De plus, elle vient d'une famille où tirer la pipe d'autrui est un art de vivre, mais le fait qu'elle ne manque pas d'humour, un humour délicat et subtil quelque peu différent de l'ordinaire des Îles, je m'en rends compte astheure, m'a fait négliger d'adapter ma taquinerie. Résultat: ma sweet Mélanie Vigneau se demandait depuis des semaines pourquoi je l'avais traitée de matante en réponse à un courriel où elle souhaitait tendrement que je prenne soin de moi. Kevin le lui a expliqué en rigolant, je le sais, mais elle et lui sont faits pareils, faut qu'ils montent straight à la source, empiriques.
J'y ai donc dit en la taquinant deux fois plus et en en promettant davantage, ce coup-là elle s'est bien marrée, mais pas avant de m'écrire ceci, que j'ai la permission de reproduire. C'est son frère en plus candide et dangereux: ces Madelinots sont du ben beau bizarre de monde...
«Seulement t'expliquer que lorsqu'une gamine regarde un homme, elle y voit un père, et quand une femme ayant acquis de la maturité regarde ce même homme, elle y voit un enfant.»
Je suis sûr de deux choses: elle parlait vraiment un peu en terme universel, et pour la part qui parle du particulier, je sais que c'est pas moi qui suis en top de liste, ni en second. Ensuite, je sais plus rien.
Mélanie, ma soeur syllogistique...
Quand un auteur génial surgit, l'équité dicte d'en parler
Richard Therrien, dans Le Soleil du 16 mars 2008, euphémisait comme à peu près tout le monde: La dictée n’est pas forcément un exercice douloureux. Dan Bigras a beau avoir l’air dur comme ça, on a eu la preuve hier qu’il est incapable de méchanceté. «Pour moi, c’est un jeu. J’suis pas venu ici pour me faire chier, mais pour m’amuser.» Therrien ne se trompe pas: Bigras serait bien en peine de faire le méchant à coups de Grevisse et de Bescherelle Slugger.
Astheure, qui se lèvera pour répéter que Dan Bigras a rédigé le texte de la dictée des Amériques 2008? Parce que moi, je suis là, debout et bien tranquille, pour affirmer qu'il n'en est rien. Rien pantoute. Zilch. Nada. Bupkis. Tu creuses un puits profond de dix mètres juste derrière la statue de Félix Leclerc, tu en sors tout le trésor caché de Gaston Miron, et ce qui reste en richesses dans le trou, c'est plus que ce que Bigras a écrit. Il va encore se trouver du monde pour gémir que je ne suis pas assez clair...
Il a suggéré trois ancrages, OK? Celui des kids qui commettent des erreurs versus les adultes qui font des fautes, celui de la liberté qu'on acquiert par la conquête de sa langue, et celui de la paix qu'on devrait faire avec son coeur. Le second, il l'a barboté dans mon entrevue avec Robert-Guy Scully en novembre 1988. Il trouvait ça fort captivant. Le premier est creux comme une calebasse archi-sèche, le dernier ne veut rien dire et son contraire.
Pour tenir ces machins-là ensemble: un pus mental, une membrane conjonctive malsaine, insensée, désorganisée, adhérant à ce tas de mots qui n'est pas de lui comme le Jell-O fige les guimauves miniatures en un flageolant cosmos stochastique, qu'il serait incapable d'orthographier même si sa vie en dépendait, et que Stéphan Bureau lui collait un gun sur la tempe et qu'il avait le cul glué à un baril de TNT.
Moi, j'irais sentir du côté de chez Sylvio Morin, mais je ne sais pas qui l'a vraiment rédigé, ce tissu de billevesées. Je sais seulement qui ne l'a pas fait.
Texte intégral de la Dictée des Amériques 2008
Texte de Dan Bigras
Faut-il punir les enfants qui font des fautes?
Tu sais, mon fils, « savoir écrire » et « écrire », ce n’est pas, quoi qu’on en pense, nécessairement la même chose.
Savoir écrire, c’est tout bonnement être capable de transcrire des phrases que quelqu’un dicte selon des us et coutumes, des règles et des codes bien arrêtés. Tellement qu’à chaque fois qu’on crée une expression, on doit immanquablement créer une exception. [68 mots - FIN JUNIORS B]
Par contre, écrire exige de jouer avec sa langue. Car la langue, chose étrange qui vit dans un palais près de l’oropharynx, goûte des choses étonnantes et en émet d’autres plus surprenantes encore, est aussi un système simple et complexe, avec son content de contradictions. [112 mots - FIN JUNIORS A]
C’est le lien, mais aussi le caprice, la foucade. La souveraine tatillonne, mais aussi l’esclave. Et bien que ta langue se situe judicieusement à l’étage supérieur de ton anatomie, elle justifie occasionnellement une chiquenaude affectueuse sur sa partie postérieure. [151 mots - FIN SENIORS B]
Pour châtier sa langue, il faut être amoureux, condition sine qua non! Les passe-droits, quels qu’ils soient, sont exclus. À la tendresse, alexandrins et heptasyllabes ne sont que poudre aux yeux. À l’amour, quatrains et ballades ne sont que succédanés pour âmes atrophiées. Mais à ta mort, seul sera pérenne ce que tu auras fait de ta langue. Sers-t’en. Révèle qui tu es. Proclame qui tu aimes. Prends ta parole. Erre souvent et recommence : par ton opiniâtreté, tu acquerras ta liberté.
Alors, faut-il punir les enfants qui font des fautes? Les enfants ne font jamais de fautes, ils commettent des erreurs. Tenons-nous-le pour dit : ce sont les adultes qui font des fautes. Une erreur, c’est écrire ornithorynque, hyacinthe ou ypérite avec deux i. Une faute, c’est écrire faire la paix, sans x et surtout la faire sans coeur! [288 mots – FIN DE LA DICTÉE]
Non mais, regardez-moi ce désastre... Deux de mes trois textes les plus chers, crammés sur cette galette K-Tel. À Nowell, il n'aura même pas à refaire une pochette, juste à se faire photoshopper une barbe blanche et un putain de Santa Suit.
Goddamn fucking crook.
Ça, c'est sa nouvelle chronique dans le Journal de Montréal. Outre qu'une fille l'aura aidé à réviser ses bases (sujet, verbe, complément, steak, blé d'inde, patates), tous les concepts simplets, tous les paragraphes affligés de dysfonction érectile, tous les plats traits d'esprit et les tournures démagogiques et les images essoufflées, bref tous ces cacas laborieux sont l'entière et absolue propriété intellectuelle du nouveau chroniqueur; il s'apercevra bien assez tôt que Pierre-Karl sait rédiger, lui aussi. Surtout les contrats.
Bi-culturalisme
C'est mauvaise foi et esprit de bottine à gogo, fascinant à décoder quand on tripe sur le langage et ses nuances minces comme des apex de papillons. Étrangement, ou peut-être pas tant que ça, les blokes sont beaucoup plus candides et simples à démasquer que le francophone coutumier du commentaire sur, disons, Cyberpresse. Le bloke qui fait semblant de croire que c'est vraiment une affaire privée (la dondon qui pose à poil pour son mari dans son fauteuil de mairesse avec sa médaille de mairesse dans son bureau de mairesse et se présente le 14 courant pour le parti Conservateur), on sent que ça lui fait mal aux doigts de l'écrire, de le relire sous son nom, d'avoir même formulé les phrases. Sont tellement pas menteurs, ces blokes-là. Ils y croient vraiment, d'habitude, à leurs blokeries cubiques. C'est pas des Talleyrand, nos squaricéphales compatriotes.
Et il y en a des masses, de commentaires clonés comme ça, des masses de masses. Dont il ressort aussi qu'ils la trouvent hot, cette carne émétique et dentue aux méplats de haridelle du Yorkshire, aussi mal à l'aise à poil que la moins cochonne des confessions protestantes, disons le pentecôtisme, le prescrirait pour gagner son ciel, tandis que son mari effectue un flehmen derrière son Instamatic. Or, les sites francophones rendent un tout autre son de bandaison. En gros, et pour résumer, on la trouve un chouia moins triquante qu'un Plum Pudding. Et je dois reconnaître que je n'ai pu m'empêcher de songer à Justin: nul homme, si bilingue soit-il, ne saurait lécher deux chattes de concert, or que choisit un bi-culturel dans sa chambre à coucher de Canadien où l'État n'a rien à faire, surtout si l'on attend de lui quelque miracle de glossolalie?
Cela étant, alors que les blokes s'évertuent à minimiser la gravité du geste (poser dépourvue de ses guenilles pour son consort à la Mairie, stie!), ici personne ne le relève. On sticke plutôt sur l'hypocrisie sexuelle des Conservateurs.
Ces photos datent de cinq ans. Or, la pure et franche obscénité a eu lieu entre then and now. Voilà ce qui devrait faire saigner les claviers.
Et, oui, je vais vous la montrer. Pas là, parce que ces blokes ineffables pixellisent les nibards de l'anglo-sexonne.
Attention, là, vous avez été amplement mis en garde. Et ne perdez pas de vue que toute cette saleté fut financée avec nos taxes (classe moyenne, maudits artisses, clique du Plateau, tchétéra you know the drill)!!!
Meanwhile, the Conservative member of Parliament who is chair of the British Columbia caucus has been hard at work trying to profit from the principle that drives patronage, the notion that the benefits of government are most readily available through partisan channels.
In the face of an ethics complaint, the federal Conservative party says it did not approve of a decision by Dick Harris, the MP for Cariboo-Prince George, to "appoint" a Tory in a riding held by a New Democratic Party MP to act as a conduit to the government.
But neither has it condemned his statement that people in the Skeena- Bulkley Valley riding would get better service from the government if they deal with the nominated Tory candidate, Houston Mayor Sharon Smith, than they will through their elected MP, New Democrat Nathan Cullen.
It is also hard to imagine that given the tight, central control Harper has imposed on the party, Harris would have initiated the scheme without having it vetted first by the party brass.
The insidious part of Harris's claim that Smith has more clout in Ottawa than Cullen has is the distinct possibility that it might be true.
While it has been a while since you could get away with paying cash for votes in Canada, the notion that ridings that have an MP or MLA on the government side of the house will be rewarded with more than their share of government spending is still very close to the surface.
In opposition, Harper's Conservatives claimed the high moral ground by repudiating patronage. As we have already seen, that ground is harder to hold in government.
It's worth the effort. Otherwise, Canada's new government will look pretty old when the next election comes.
30.9.08
Back en bizness
29.9.08
Nota bene de Kevin Vigneau
J'ai l'habitude de terminer avec cette formule de politesse : "ma main", ce soir, ce sera "nos mains".
Kevin Vigneau
27.9.08
Maurice! Fait chaud! Maurice! Fait froid!
M'a t'en chier, moé, Maurice y fa chaud, Maurice y fa froid. Ça s'adresse à qui, cette annonce-là? Y a encore des Maurice pognés avec des amanchures de même qui crachent le cash pour une thermopompe? Maurice! Crisse ton camp! Laisse-lui la maison, prends un appartement dans Rosemont, va au théâtre et à la bibliothèque, tu vas rencontrer une femme gentille et juteuse, tu baiseras pour le plaisir et la tendresse, elle aura chaud sans te crier par la tête, hostie Maurice, drope-moi ça c'te virago dégueulasse, fuck le modèle québécois, drope-la, drope-la!
Monsieur Dion. Vous chevrotez. Vous n'êtes pas un chef.
On est contents qu'il soit intelligent, intègre même je pense, mais c'est une moumoune qui se demande encore comment il a abouti là. Une moumoune. Voire si le monde va voter pour une moumoune. Qu'est-ce qui s'est passé au juste? Comment cet avorton fluet et souffreteux s'est-il retrouvé leader du Parti Libéral du Canada? Il doit bien, car il n'est pas con, sentir qu'ils la lui ont mise dans le cul, le temps que la poussière des commandites retombe.
Leurs pubs s'améliorent en crisse. Pus de Dion, pus de Coderre, pus d'acteurs à cinq cennes. Du vrai monde, des jeunes, qui sonnent vrai et qui parlent de Dion sans le nommer. Ça devrait lui permettre de perdre par seulement 30%...
Sacraman de moumoune. C'est ben le temps, astheure, de te montrer en train de jouer à la ringuette. T'aurais pas pu trouver du temps libre pour devenir un homme, non? Ben c'est ça, regarde ce qui va t'arriver, astheure. Dans deux ans, personne ne se souviendra de ton nom et tu retourneras enseigner aux demeurés de Moncton la différence entre Max Weber et Karl Marx.
Réveillez-vous donc, gros tas de bonnes femmes béates. Pleeeeeze!
Fini, ça. Les bonnes femmes aiment toujours les contes, les récits, les photo-romans italiens en noir et blanc (non, là j'exagère), les romans Harlequin étalés sur le comptoir du dépanneur vietnamien (là, j'exagère pas), les 7 Jours et les La Semaine dans le rack à la caisse du Loblaw's, et c'est bien tant mieux qu'elles n'aient pas d'enfants à qui transmettre cette culture-là.
Écoutez. Écoutez bien. Approchez, je vais vous en raconter une pas pire. Ça va me coûter cher parce que Marie Laberge est publiée chez Boréal tout comme moi, mais que les revenus de sa trilogie ont payé un troisième étage au building alors que le bilan financier de ma tétralogie a justifié qu'on serve des Pop-Tarts au lieu de croissants à l'assemblée mensuelle du comité directeur. Celle-là, seul Jacques Godbout va la trouver drôle.
Ouais. Figurez-vous que Marie Laberge offre aux bonnes femmes de leur envoyer 26 lettres personnalisées de sa Martha, tout au long de l'année 2009. Juste pour elles.
26 lettres où Martha s’adresse à vous.
26 lettres personnalisées qui arriveront chez vous pendant toute l’année.
26 lettres que vous vous surprendrez à attendre, comme on attend des nouvelles d’une amie.
Martha, on ne peut la connaître que par abonnement.
On s’y abonne de septembre à décembre 2008 au coût de 33,00 $ (avant taxes).
Go, les filles. Transmettez la culture, cibolac.
yeah, yeah, je comprends, stiiiiieeee....
Je pense que je l'ai pogné; enfin, je le sens... En visitant des clips de Cat Stevens sur YouTube. Les comms, je jette toujours un oeil dessus. Je suis un homme de sources et de ressources, pas que ça me fasse bander d'en savoir plus long que vous autres, mais je bande en sachant plus ce soir qu'hier, et je dors lourd et doux. Les comms, je jette toujours un oeil dessus, donc, et si vous voulez tomber de votre chaise et appeler votre pusher pour l'accuser d'avoir coupé votre dope avec de l'acide hallucinogène, allez visiter les clips de Cat Stevens et parcourez les comms. Nulle part ailleurs vous ne trouverez d'échanges aussi articulés sur l'expulsion des Juifs d'Espagne en seize cent et quelques, La Sangre Limpia, la belle-soeur communiste du Prophète et la guitare de Jésus.
Chill, je vous en prie. C'est Cat. Cat Stevens. Steven Demetre Georgiou. Yusuf Islam. C'est Cat, for Christ's sake, et oussé ki jouent les flos?
Les potins de Misty
À l'intention de ceux qui oseront leur payer la traite. Moi, je sais déjà qu'ils vont m'écorcher vif.
Father and son
Quand tu avais dix ans, je me la repassais encore, et quand tu as eu vingt ans, je l'ai réécoutée.
Ce soir, t'en as vingt-six et demi, je me la repasse et je pense à mon père.
Un autre Boomer que j'aime
Happy birthday, Bob.
26.9.08
VLB strikes again
par Victor-Lévy Beaulieu
Trois-Pistoles, le jeudi 25 septembre 2008
Je suis Québécois et je suis pacifiste. Je crois que la diplomatie, si on la pratiquait vraiment, et pour les bonnes raisons, notamment pour le droit au bonheur des peuples, serait autrement plus efficace que la guerre. Or, Stephen Harpeur fait de ce pays qui s’appelle le Canada une nation guerrière : 30 milliards de dollars consacrés par son gouvernement pour l’armement et sans doute plus d’une douzaine de milliards jusqu’à maintenant pour le coût de la guerre en Afghanistan. Non seulement il faut dénoncer cette politique, mais exiger comme Québécois pacifiste qu’on y mette fin.
Je suis Québécois et je tiens au respect de la Loi 101 chez moi. Ma langue, c’est mon âme, c’est mon être identitaire, c’est ma fierté et c’est ma joie. Alors que Montréal est déjà une ville à majorité anglaise, Stephen Harpeur ne respecte même pas les lois du Parlement fédéral qui obligent les fonctionnaires du Québec à être bilingues et il n’entend pas y changer quoi que ce soit! Je ne veux pas disparaître, noyé dans un continent anglophone. Je veux qu’il y ait un avenir français pour moi, je le veux ardemment.
Je suis Québécois et je ne crois pas à la répression policière et pénale, ni pour les jeunes délinquants ni pour n’importe quel citoyen qui a fauté par-devers la société. Le philosophe Michel Foucault a prouvé hors de tout doute raisonnable que la prison, bien loin de faire des condamnés des citoyens à part entière une fois sortis du pénitencier, multiplie par dix le nombre des délinquants. Harpeur préfère donner son aval au marché des armes et à la punition plutôt qu’à la prévention.
Je suis Québécois et je vis en région. Que fait le gouvernement Harpeur pour qu’on puisse au moins espérer en l’avenir? Bien pire que rien! Par son ministre Jean-Pierre Blackburn, Harpeur a coupé même dans le maigre des subventions accordées aux régions : oubliez la formation, l’aide à l’emploi, les crédits d’impôt, l’appui à l’industrie forestière, à l’industrie manufacturière en difficulté! Débrouillez-vous! que dit Harpeur. Faites vos doléances à votre gouvernement provincial! Et mangez de la misère tandis qu’en Alberta on fera guili-guili aux grandes pétrolières pour plus d’un milliard de dollars en avantages fiscaux!
Je suis Québécois, je vis en région et je suis un travailleur autonome. Je fais donc partie des 40% de la population qui exploitent par eux-mêmes et pour eux-mêmes leur capital humain. Le gouvernement Harpeur est totalement indifférent au fait que les travailleurs autonomes, faute de mesures fiscales adéquates à leur statut, vivent presque tous sous le seuil de la pauvreté et dans une insécurité pour ainsi dire totale.
Je suis Québécois et depuis plus de 40 ans, j’œuvre dans le secteur culturel comme écrivain et comme éditeur. Les études faites par l’UNESCO ont démontré depuis longtemps qu’une nation comme la nôtre ne peut se développer culturellement sans appui gouvernemental. Les coupures faites par le gouvernement Harpeur dans l’aide à la promotion culturelle à l’étranger, et qui touche particulièrement le Québec, sont encore un signe de la censure que Harpeur tient à exercer sur notre création. Quand on sait que le gouvernement fédéral contrôle à lui seul plus de 75% de l’aide accordée aux éditeurs (pour ne parler que d’eux), qu’arriverait-il si, après les élections, Harpeur se mettait à couper là aussi parce que la littérature québécoise ne correspond pas à sa vision réductrice du Canada? Quels risques pour notre culture qui compte actuellement pour l’une des plus inventives de tout l’Occident?
Je suis Québécois, libre-penseur, mais tolérant par-devers les religions.
Stephen Harpeur est un fondamentaliste qui voudrait nous voir retourner à l’époque honnie du « Crois ou meurs! » qui fut à l’origine d’inutiles guerres fort sanglantes au nom de Dieu, de la seule Vérité et d’une morale qui nous ramèneraient tout droit à la Grande Noirceur!
Je ne veux pas de ce fondamentalisme moyenâgeux! Je tiens à penser ce que je pense et je tiens à pouvoir le dire sans restriction.
Je suis Québécois, je crois au progrès de l’humanité, je crois à l’égalité entre les femmes et les hommes, à l’éradication de la pauvreté, à la fraternité et à la liberté. Le gouvernement Harpeur représente donc pour moi tout ce dont je ne veux pas, il ne correspond à aucune des valeurs pour lesquelles mes mères et pères, mes sœurs et frères ont combattu pour que le Québec puisse enfin sortir de son aliénation et venir au monde.
C’est pourquoi je vais voter pour le Bloc québécois le 14 octobre prochain. Un gouvernement majoritaire Harpeur pourrait représenter pour le Québec la fin du pays indépendant que nous voulons avoir. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas courir ce risque. Soyons solidaires au nom de notre être identitaire, au nom de l’espoir qui le porte, au nom de l’avenir. Seul le Bloc québécois est en mesure de nous représenter dignement dans un parlement qui n’a que faire de notre singularité comme peuple, nation et patrie. C’est parce que les Irlandais et les Écossais avaient un Bloc irlandais et un Bloc écossais qu’ils ne sont pas disparus comme peuple, nation et patrie. Méfions-nous des sirènes conservatrices : elles ne veulent que mettre fin à ce que nous sommes et voulons devenir : un peuple, une nation et une patrie porteuses de vie plutôt que de mort. L’urgence, l’urgence d’agir : voilà qui devrait rendre tous les Québécois solidaires le 14 octobre prochain.
À ceux que les sirènes conservatrices pourraient malgré tout charmer,
voici ce que je leur offre : un plein rouleau de grosse corde pour que vous puissiez vous attacher au mât du drapeau québécois d’ici la fin de la campagne électorale. Et comme Ulysse, je suis certain que vous vous en féliciterez le lendemain des élections d’avoir échappé au pire pour vous retrouver, joyeux, confiants et heureux dans l’île de la Grande Déesse, là où les vrais rêves ne sont pas un cauchemar conservateur mais un appel aux plaisirs québécois d’être et de faire ce que nous sommes, en toute liberté!
25.9.08
Le prochain saut évolutif
Trois amis, enfin deux et demi, sont déjà et fort brusquement à même de constater que ça change. Elles filent fin août, fin septembre au plus tard.
Inquiétude, anxiété, humiliation, un gars tombe du ciel... Bon, alors faut crever l'abcès, guys. Je vous mets de la musique et je roule jusqu'au plumard.
24.9.08
Érections fédérales, eastern western et panamerican
Jack off and go to sleep, primitive philistines.
23.9.08
La danse des petits pains
La grosse nouvelle tribale automnale
Gom et sa blonde voulaient l'annoncer à leurs proches, leurs familles, leur agent Re-Max, avant qu'on puisse le proclamer sur l'internet comme ce serait civilisé!
Héhé. Ce vieux Gomeux (il se fait aussi appeler Guillaume Pâquet quand il trempe dans des trucs louches, comme publier dans Moebius ou donner du sang à la Croix-Rouge, histoire de rembourser celui qu'il fait couler sur les patinoires) vient enfin de lâcher le morceau sur l'air de rien, m'autorisant du coup à me découdre la mâchoire et utiliser le fil de fer pour réparer mes barniques.
Ils attendent un deuxième petit! Un pitchou, une pitchounette, on sait pas, mais c'est un flo lucky lucky.
Yeah, dude, I'll tell ya, that's a piece of fuckin good news, I think I can sleep now, and dream maybe, we'll be all right, the whole tribe will be fine...
22.9.08
Mea Culpa, Mea Culpa, mais ah! Y'est fou c't'hostie-là?
Ce monde-là va flipper pour Harper. Z'ont pas de kids, ou alors un gros empâté avec une ombre de moustache sous le nez qui n'aura jamais affaire à la police après qu'il aura vomi dans la chute de livres nocturne de la bibliothèque municipale au sous-sol de la salle paroissiale le soir de son bal de finissants, après il veut devenir arpenteur-géomètre.
Les coupures cultures, franchement, je m'en crissais pas mal, mais ça, no no no no no, pas d'expansion carcérale avec les ados comme clientèle-cible. Sont corrects, les kids, crisse, fallait voir en 70, en 80 même, en fait j'y suis allé une couple de fois avant mes 18 ans, c'est pas une place pour un gars de cet âge-là. Et puis, les 14-17 ans n'ont pas le droit de vote: il est inique et rétrograde d'imposer l'incarcération sans représentation. Qui veut d'autres David Milgaard, ou pire, des Steven Trustcott, condamné à mort par pendaison à 14 ans en 1959, libéré après dix ans et une commutation de peine, forcé de changer de nom, innocenté en 2007.
Y est fou c't'hostie-là. Et moi j'ai été aveugle. Qu'on en prenne acte.
Vais voter pour mes couilles.
Y a des drôles qui me trouvent parano, bout d'viarge.
Pas dix secondes, en six ans, et faut que ce soit ce soir que Dan Bigras choisit pour s'encadrer dans le screen. Y a le gars qui jouait MacPherson dans Le Temps d'une Paix, déguisé en Barbie ou en Dan version 1992.
Première affaire que j'entends Dan dire à trois kids qui répètent leur zizique: «Bienvenue dans le merveilleux monde artistique. C'est de même tout le temps. Tout le monde se fourre!»
Hors contexte? M'en calice!
ALOYZAS-VYTAS STANKEVICIUS
J'ai eu un différend financier il y a quelques années avec ALOYZAS-VYTAS STANKEVICIUS, rien de gros en dollars, 150 je crois, mais ça traînait et j'étais en fusil et j'avais raison. Depuis, je lui vouais un ressentiment qui embrassait toutes ses dimensions.
Tantôt, cherchant un renseignement pour répondre à un commentaire de Kevin qui évoque cet homme, je suis tombé sur un texte de lui qu'il m'a fallu une heure pour lire. Il est long, trop long, littérairement parlant, mais il a gommé le ressentiment et m'a rendu la fascination que j'éprouvais déjà pour son auteur quand j'étais tout gosse.
De plus, cette LETTRE À UN JEUNE IMMIGRANT s'applique largement à tout adolescent, et totalement à tous les Québécois en ces temps d'ajustements à l'altérité: il nous manque cruellement la perspective de l'autre, le nouveau, l'arrivant.
ALOYZAS-VYTAS STANKEVICIUS est mieux connu sous le nom d'Alain Stanké...
21.9.08
Double Dan
Vous souvenez quand j'ai pogné les nerfs le six septembre? Un billet, deux billets, trois billets. Or, je connais mon lectorat (c'est vous autres, ça), je vous connais pas personnellement, je connais les courbes de flux et de reflux, je sens quand vous attendez que je redescende et que vous vous dites il se paie une colère noire, chic chic chic, il est plein de pisse et de vinaigre et de drogue et de boisson, on va bien rigoler, et de fait ces jours-là les visites augmentent d'un tiers, je vous fais triper gratis pire qu'un cracheur de feu sur échasses Place Jacques-Cartier, pire parce que lui vous lui pitchez des trente sous et qu'il peut voir vos sales gueules. Et il y a les autres, ceux de vous que ça ne concerne pas, ce qui précède, depuis ceux qui ont déjà eu un mot gentil, jusqu'à ceux qui en ont souvent, la Tribu, et ceux aussi qui n'ont jamais écrit mais qui ne sont pas comme les regardeux d'accidents et les coureux d'incendies. Et ceux qui ne viendront jamais ici, ils sont légion, ils sucent le suc des mots comme des coquerelles sur des centaines de forums débiles et dégoûtants et décourageants et désâmants comme celui-ci, la Toile en est pleine, même la crisse de BIBLIOTHÈQUE NATIONALE émet cette fiche (1986-2006 [enregistrement sonore] : 20 ans de musique québécoise): quinze chansons, quatorze auteurs, un Bigras.
Les Québécois aiment les chansons à texte, même les kids qui sauteraient une coche si on les accusait de ça, qui croient triper sur la meusik pis la grosse guit au fond, dude, s'ils sont Québécois, ils répondent aux mots d'abord, c'est vrai des secrétaires et des truckers, c'est vrai des chauffeurs de taxi blacks et des barbiers italiens et de mon dépanneur coréen, sont Québécois francophones, Y TRIPENT TEXTE! Ces hosties de puants de zouaves qui grouillent sur les forums ne s'échangent pas des partitions, ni des mp3 instrumentaux, ils ne s'échangent même pas la voix des interprètes, les chansons ils les connaissent déjà, mais ils ne s'arrêtent pas au titre, ils s'émeuvent de chansons qui les ont touchés puis se les citent à pleines pages sans jamais faire la différence entre une toune de Richard Desjardins et une toune de Dan Bigras (sur ce forum, par exemple, vous trouverez deux morceaux grandioses de Gilbert Langevin qui constituent l'apogée, la somme de ce qu'il apprit de la poésie durant toute une vie consacrée à son art, sacrifiée à son art, bout de viarge! et attribués à Bigras). Vous voulez savoir comment il écrit, Bigras? En 1998 il enregistrait Le déserteur. Cherchez pas, c'est pas écrit qu'elle est de Boris Vian. C'est écrit Dan Bigras. Il écrit pourtant pas comme Boris Vian, Dan Bigras. mais c'est pas faute d'essayer. Il écrit comme ça, Dan Bigras, en 2003. Je trouvais ça chien, que les mongols de radio à Québec lui aient busté son gros contrat avec Canadian Tire, mais j'étais tellement soulagé de ne plus l'entendre que j'ai épongé une dernière fois le sang de mes oreilles et n'ai rien dit pour appuyer sa cause, ce qui ne me ressemble guère. Mais mon coeur et mon estomac me murmuraient de concert:«Qu'y mange de la marde!» La poursuite s'est évaporée, on a étouffé l'affaire à Montréal, le poème L'enfer du président est devenu la chanson Malbrook et le président (sa graphie phonétique pour le Marlbrough de la comptine: pas sa faute, c'est juste pas son truc l'écriture, mais quelqu'un aurait pu le lui dire) gravée sur l'album Fou en 2005. Le texte a un peu changé: Dan y introduit ce tampon entre lui et le message, ce Malbrook immatériel et vague, et surtout il modifie discrètement la fin qui lui a causé tant d'emmerdes, celle où il menaçait de tuer le président des États-Unis. À part ça, c'est la même toune fidèle au poème, héhé. Astheure, s'il y en a qui voient pas la différence entre un texte de Vian et ça, allez vous pendre s'il-vous-plaît.
Le 6, vous disais-je. J'ai écrit au triumvirat qui gouverne La Presse de même qu'à la journaliste. Elle m'a répondu en premier, avec tant de tact et de gentillesse et de simple décence professionnelle (du seul fait qu'elle me répondait) que je me suis déclaré satisfait. Elle m'a bien raconté un truc très dur à gober, à l'effet que Dan avait mentionné que j'étais l'auteur des deux textes en cause mais que des contraintes d'espace avaient forcé une omission malheureuse. Je m'en suis dit plutôt surpris, vu qu'en seize ans Bigras n'a jamais dit ça, mais que pouvais-je faire? Si elle voulait le défendre, j'étais pas pour la traiter de menteuse.
Ça serait resté là. S'il n'y avait ce papier du 14 dans le J de M qui reprend la même crisse de chanson! Tabarnak! Ses succès, son oeuvre. Depuis quand Soirs de Scotch est-il un succès vocal de Bigras, calvaire. Non, pas de point d'interrogation, c'est une question rhétorique qui n'appelle pas de réponse. Renée Martel s’est laissée bercer par Soirs de scotch (que Dan Bigras avait écrite pour Luce Dufault). Hein? Kossé, calice? Keski dit encore, là?
Mon ciboire de joker. Écrire, moi je le sais, ce que c'est, Dan. Je le sais comme ton père le savait, en fait je le sais même mieux, et les guirlandes de mots que je vais te tresser autour vont éviscérer la balloune pourrie qui restera de ton imposture artistique quand tout le gaz qui la gonflait s'en sera échappé.
Fais donc des documentaires, mène des projets sociaux utiles, t'es génial là-dedans, tu dois rien à personne là-dedans, t'aime même pas chanter, t'as jamais aimé ça hostie!
Chu en beau sacraman pis la retenue avec toi revient à chier dans une contrebasse, faque filons un ou deux autres paragraphes, j'ai besoin de me fatiguer. T'as eu l'air d'un moyen cave d'essayer de faire fondre Louise Marleau hier soir après t'être aperçu que ton trait démagogique sur Trudeau tombait flat. C'est pas une de tes pitounes rockeuses, calvaire; si elle est sortie avec Trudeau y a quarante ans, c'est sans doute qu'elle le trouvait intéressant. Tu parles d'une hostie de goujaterie honteuse à sortir, toé. Chaque fois que tu passes à cette émission, le Québec des régions qui se méfie des artistes de Montréal chauffe le Net au rouge! Pis ta brillante stratégie d'envoyer chier flics et politiciens va beaucoup aider le climat dans Montréal-Nord!
Tu devrais vraiment, vraiment pas voler ton vieux chum. Malbrook indeed, Danny Boy. Malbrook indeed...
Fame
You want fame.
Well, fame costs
And right here is where you start paying
in sweat...
Si c'est pas clair encore: jeunes gens avides certains qu'une clique vous barre la route et se pistonne à gogo comme des pédés dans un buisson, trouvez ce film, visionnez-le, réfléchissez, suez un coup, ensuite venez, mais pas avant. Et relizer-vout! Coriger-vout! Tabarnak!
Peut-être suis-je antipathique après tout.
Keep ton cul hors de ma bibli, Kutlu!
La trouvez pas cool, cette cocotte bloke? Moi si.
Non, non et non. Il n'était pas fou. Faites-vous sacrer à l'asile par votre père 42 ans moins trois jours de répit et on reparlera.
20.9.08
Juste en cas
19.9.08
Ça parle au diable
16.9.08
Il est pas gros lui non plus: juste un peu enrobé...
Un jardin (à l') intérieur
Je bois à ça, ainsi qu'à toi et ton Divin Crachat.
Là, si le miracle s'ébruite, il y aura foule sous ton balcon! :-)
Une Germaine Lauzon inouïe
Lecture-hommage bien particulière de la pièce de Michel Tremblay au Théâtre du Rideau Vert
Montréal, le 28 août 2008 — Le Théâtre du Rideau Vert célèbre les 40 ans de la création de la pièce Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, en organisant une lecture publique pleine de surprises et d’originalité, un projet initié par l’animatrice Monique Giroux, bien connue pour son engagement envers la création et toutes les formes d’art d’expression française.
Plusieurs personnalités issues des milieux artistiques, culturels et médiatiques ont rêvé d’interpréter cette pièce de Michel Tremblay. Elles monteront sur les planches … et joueront le jeu! En tout, quinze femmes bien connues du public québécois seront réunies : Monique Giroux, Jocelyne Cazin, Diane Lemieux, Suzanne Lévesque, Marie-Christine Trottier, Ariane Moffat, Dominique Poirier, Nathalie Petrowski, Isabelle Maréchal, Marie-Élaine Thibert et plusieurs autres surprises! Grâce à l’idée originale de Monique Giroux, elles auront le plaisir d’interpréter les personnages de cette pièce et seront dirigées par Denise Filiatrault, directrice artistique du Théâtre du Rideau Vert, qui connaît parfaitement la pièce et l’univers de Tremblay, notamment pour avoir fait partie de la distribution originale de la pièce il y a 40 ans!
Seulement deux représentations de cette lecture-hommage auront lieu : le dimanche 9 novembre prochain à 16 h et 19 h 30. Les billets pour cet événement sont en vente au prix de 100 $, et sont disponibles directement au guichet du Théâtre du Rideau Vert, par Internet à l’adresse www.rideauvert.com ou par téléphone au (514) 844-1793. Les abonnés du Théâtre du Rideau Vert ont la priorité d’achat pour cet événement jusqu’au 15 septembre, date où les billets seront mis en vente au grand public. Les recettes de ces lectures aideront à soutenir les nombreuses activités du Théâtre du Rideau Vert, le plus vieux théâtre professionnel au pays, qui fête cette année ses 60 ans.
Rappelons que c’est le 28 août 1968, au Théâtre du Rideau Vert, que la pièce Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, une œuvre marquante de la dramaturgie québécoise, a été présentée pour la première fois.
Oui. Monique Giroux en Germaine Lauzon. C'était pas son idée, c'est celle de Filiatrault, et Giroux a presque regretté d'avoir de l'initiative! Mais attendez: elle va être fantastique.
Et je rêve d'autres lectures de d'autres classiques sur les lieux de la première. Peut-être pas à cent piasses la pop, peut-être plus adapté aux bourses étudiantes.
14.9.08
Quand la pédagogie n'est pas une science, mais un humanisme
Bruno Roy, ayant pris connaissance du billet que j'ai signé plus haut et plus tôt aujourd'hui, m'adresse un courriel que j'ai demandé à publier, à titre exceptionnel, parce qu'il contient matière à réflexion, voire à inspiration pour ceux qui font le beau métier d'enseigner. Il m'y autorise et je l'en remercie de tout coeur.
C'est intégral, trucs personnels et tout: écrire une lettre, c'est vraiment comme baiser, y a des quickies sur le bord du bureau et des caresses sur vélin qui durent jusqu'à l'extinction des chandelles et le monde entre les deux, et parfois des préliminaires, parfois du cuddling, parfois fuck all that, tout dépend du message et du désir, de ce qu'on veut offrir et prendre.
Quand y a des préliminaires, faut montrer la scène au complet, sinon la pénétration décontextualisée opère un glissement de sens, et on n'a pas le temps de se mettre en oeuvre assez pour venir quand c'est le temps, le film est fini et y aura pas de rencontre. Je sais pas si la plupart des gens comprennent, ou sentent à tout le moins, comment un texte est bâti. Probablement pas plus que je sais ce qu'il y a derrière le gypse de mon bunker. À l'école, on apprend les notions de plans, d'exposition et de noeud et de conclusion, puis on analyse des poèmes, des chansons , des films, pour étudier leur mécanique. Mais un auteur aguerri comme Bruno ne fait plus rien de ça avant d'écrire une lettre: ce qu'il fait, il ne s'en aperçoit même pas, c'est structurer son texte à mesure qu'il s'élabore et s'assemble dans sa tête, quelques lignes à l'avance comme une émission en direct moins sept secondes, le temps pour le censeur de couper si quelqu'un dit Stéphane Dion ressemble à la bite de Chrétien quand il sort de l'eau froide, un peu aussi comme les différents angles de vue qui s'offrent au réalisateur en simultané, parmi lesquels il pige et choisit et compose une émission. Non, les gens savent pas, et nous ignorons qu'ils l'ignorent, d'où les Hymalayas d'incompréhension et de malentendus qui s'empilent et se bousculent.
Christian,
J'en ai encore des frissons. Le boomer que tu aimes est ému. Profondément. Touché jusqu'à l'os. J'ignorais ce que je représentais pour toi, alors que tu étais ti-cul dans ce collège où ce sont les profs qui faisaient la différence, non la pédagogie du milieu. Certes, tu me l'as déjà rappelé. Mais cette fois-ci, même si chez moi, le souvenir est réel mais vague, j'ai souvenir de t'avoir dit « Tiens ! On a le même nom... » Aujourd'hui, nous pratiquons le même métier, celui d'écrire. C'est comme si à l'époque, nous nous étions reconnus. Ainsi que tu le dis, tu « devais toujours envisager cet ours d'homme en contre plongée » Petite anecdote. J'ai longtemps fait des camps de vacances. Un jour, un campeur dont je me souviens du prénom, Gary, m'avait dit : « Ton visage est une forêt dans laquelle il y a un ours. » Voici que l'ours persiste dans la représentation qu'on se fait de moi. Ton texte dit que j'ai « le regard doux » de ceux « qui n'écoeurent pas ».
Lorsque j'enseignais, j'avais cette douce volonté de dire ce que je pensais en sachant parfaitement − à ta manière d'écrivain allais-je découvrir − que je soulevais des débats. Je provoquais mes élèves de 5e secondaire en partageant leur vivacité intellectuelle car, ils savaient d'instinct, comme ton premier contact avec moi, que mon dire n'avait rien de doctrinaire. Persuadés que mes élèves ne sont pas dupes, je me devais de ne pas faire semblant. C'est probablement ce que tu as deviné puisque, contrairement aux adultes qui savaient en profiter, je ne te rendais pas nerveux. Avec mes élèves, je ne négociais rien, je transmettais une vision des choses jamais neutre et qu'ils avaient droit de réfuter. J'ai toujours conçu mon enseignement comme une tâche de transmission de la culture. Tant au plan humain qu'au plan pédagogique, je me sentais responsable de cette transmission. Responsable et passionné. Aucun doute. Je n'ai jamais « anonné » mon cours. Par ailleurs, j'ai toujours été convaincu que le bon élève est celui qui est disposé à se laisser surprendre, à se laisser étonner, déjà disponible à ce qu'il veut devenir un jour. Permettre la découverte, voilà ce qui m'animait. Et qui, en fait, était la découverte de lui-même.
En lisant ce que tu m'as écrit, tu me rappelles qu'une dizaine d'élèves du Mont-Saint-Louis à qui j'ai enseigné ont publié principalement des recueils de poésie. Carle Coppens, Cynthia Girard, Sylvain Campeau, Frédérique Marleau pour ne nommer que ceux-là. Bien que je ne t'aie jamais enseigné et compte tenu de ce que tu m'as écrit aujourd'hui, je vais te considérer de la « gang » de mes anciens étudiants. Sache, toutefois, que c'est plus pour me glorifier que par reconnaissance.
Je veux te remercier d'avoir pris le temps de lire mon dernier bouquin « du boomer qui n'a rien de l'esprit haïssable qui corrompt toute histoire que cette engeance touche. »
Je t'embrasse.
Bruno