18.8.08

Labourer l'amour

Aux dernières nouvelles, The Misfits était toujours le film favori de mon vieux Louis. On l'a regardé deux ou trois fois ensemble en vingt ans, et j'ai jamais compris vraiment pourquoi ce chef-d'oeuvre était plus touchant ou signifiant qu'un autre, mais Hamelin étant Hamelin, je n'ai jamais douté qu'une raison existait, et étant ce que je suis, que je la trouverais.

Par ailleurs, je n'ai jamais bandé sur Marilyn Monroe, et pas seulement parce que ses os pourrissaient déjà dans la terre avant ma mise bas. Jean Harlow ne me fait ni plus chaud ni plus froid, pourtant elle fut inhumée vingt-cinq ans avant l'autre, et Brigitte Bardot c'est pareil, qui respire encore. Comme quoi une bobine de celluloïd et un frigidaire jetés dans le vide ne tombent pas à la même vitesse, mais je digresse.



Dans ce film, Les Désaxés en français (ils ne perdront jamais la main, les Français, pour dénaturer un titre), il est question d'un tas de choses dont je n'ai ni l'envie ni la liberté de parler, ce qui était aussi le cas du scénariste, Arthur Miller, sauf qu'il se servit de ces contraintes pour écrire le film.

Quand je retranche la part d'envie et la part de liberté sur ma parole, il en reste encore, les bons jours. Ceci en est un, et voici ce qui reste:

J'ai cherché d'instinct un extrait du film pour répondre à cette femme que j'aime contre toute raison (elle m'avait laissé des pistes cybernétiques odoriférantes comme urine de biche aux coins ronds de la Toile, des appels, et qui donc voudrait aimer autrement que contre la raison?), d'instinct je le répète, parce que rien en Monroe ne m'excite alors que cette femme suscite le vif et le bon en moi, et que ce film en noir et blanc et gris est en teintes qu'elle n'a pas, elle qui est en couleurs, et j'ai pensé que peut-être c'était la figure de Gable qui m'achalait la mémoire, et oui, c'était un peu ça aussi, mais surtout...

Surtout, j'ai réalisé qu'il y a Cynthia dans le personnage de Roslyn Taber, celle qui insiste en pleurant pour que Gaylord abandonne ses laitues aux lapins plutôt que de tuer les lapins. Et il y a Kevin dans l'incompréhension de Gable, qui voudrait un peu de respect aussi pour ce qu'il est, lui, et qui n'est pas un lapin. Et là, il y a moi, qui ai compris Louis, et qui me suis senti comme ça aussi, souvent, sans jamais le sens de l'écrire ou d'en parler, ni même de m'en rendre compte.

A la fin, le plus important de tout a surgi. Je n'avais pas erré dans mon esprit en songeant à la femme de mon coeur en conjonction avec ce film. Je n'avais pas d'emblée réalisé pourquoi elle m'y faisait penser...

Entre elle et moi, la langue a toujours été très près du coeur et du cul, et quand nous en usions pour parler, il arrivait que nous recourions à l'anglaise. La langue anglaise offre un mot, feral, qui lui est exclusif. Aucune traduction ne lui fait justice. Et ce mot est le nôtre, à elle et à moi, pour toujours grâce au plaisir et la complicité qu'il nous a procurés.

Les chevaux, métaphoriques de l'humain moderne, qui sont capturés dans Misfits ne sont pas des mustangs. Pas des chevaux sauvages. Ce sont des feral horses, retournés à la nature après un passage par la domesticité. Ils me plaisent davantage que les innocents sauvages et me paraissent autrement plus dangereux. Kunta Kinte avait appris l'anglais et l'hypocrisie nécessaire à la survie quand il fallut lui couper la moitié du pied. Le cheval feral refuse d'être ferré, et il faut se lever tôt pour l'expédier à la fabrique de colle...

Elle, c'est le cheval. Feral. C'est Roslyn qui parle sans réfléchir et sans calcul et qui gâche en proposant de le payer le cadeau des cinq chevaux que Gaylord allait lui offrir, voire se donner à lui aussi. C'est aussi Marilyn Monroe ayant la peau de Clark Gable dans le désert du Nevada à force de folies: il s'est traîné jusqu'en Californie et a claqué douze jours après la fin du tournage. Même Scarlett O'Hara n'avait pu faire tourner Rhett Butler en bourrique comme ça. Ni la tragédie de perdre Carole Lombard ni ses missions aériennes en pleine guerre ni ses trois paquets par jour durant trente ans n'avaient eu raison de lui. Il fallait Monroe. Pourquoi n'a-t-il pas quitté le Plateau? Il pouvait pas plus que moi, je suppose...

15.8.08

Intense vieille joie

Passé la soirée au Bunker avec Kevin. À qui se demanderait pourquoi mon blog manque de dynamisme et de substance vitale depuis qu'il ne vient plus, eh bien, c'est parce qu'il ne venait plus.

Please, une loupe.

Mon assistante me fait part d'une proposition: des bumper stickers that read Let Misty be Misty!

Tentant, mais je déchiffre pas les petits caractères du contrat, so please, une loupe.

Montréal-Nord (suite)

Ensuite de ça, créons une vraie police communautaire d'urgence, une escouade spécialisée, menée par un de ces superflics hyperinstruits bardés de doctorats dont on nous dit qu'ils existent et qui finissent toujours par se présenter à la mairie de Montréal. Qu'il établisse un vrai rapport avec la communauté et que la presse lui crisse la paix pour au moins un an. Que cette police soit constituée d'hommes aguerris et mûrs, pas des bleus qui dégainent sous l'insulte et pas des femmes de cinq pieds six qui se font saisir à la gorge quand elles roulent des mécaniques. Que cette police agisse avec une ferme bienveillance, qu'elle ferme les yeux sur le Yo qui crache sur le trottoir, et qu'elle aborde chaque citoyen avec respect en le vouvoyant, le temps de voir s'il se mérite une balle dans la gueule. Que les citoyens du quartier se sentent protégés et ne craignent plus d'appeler la police.

Un quartier en santé ne repousse pas les pompiers à coups de pierres quand les incendies ragent. Les pompiers ne l'ont pas dit, pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, mais c'est la faute du climat policier, et c'est sérieusement menaçant.

Montréal-Nord

Commençons par en changer le nom. Qui veut vivre et prospérer dans l'adjonction d'une entité? Surtout pas des jeunes hommes pleins de talent et de testostérone. Saint-Léonard et Saint-Michel sont surgis de rien sinon les efforts d'Italiens travailleurs à qui l'opportunité de construire était offerte. Oui, la Mafia aussi. Ça en a fait partie. C'est pas grave.

Changeons le nom de Montréal-Nord, calvaire, parce que plusieurs l'appellent déjà le Bronx, voire Montréal-Noir. J'ai mon Plateau, vous avez votre Mile-End ou votre Parc-Extension ou votre Faubourg à m'lasse ou votre Petite-Patrie, je vous en prie n'insistons pas monsieur le maire pour que ces gens s'identifient par un nom satellitaire.

Villanueva: encore (et j'ai pas fini d'en parler).

Il est un autre motif au fait troublant que tous les témoins et participants à la mort de Fredy V soient déjà interrogés, sauf trois (les policiers, parce qu'ils sont policiers, et Fredy parce qu'il est mort). Les Yankees appellent cela contaminate the jury pool. En l'absence de déclaration de celui qui a tiré et de sa compagne, en l'absence de déclaration de leur fraternité ou de la SQ, en l'absence de tout et en présence de rien sauf les efforts de journalistes et la discussion qui s'échauffe en blogosphère, chaque minute qui passe fait peser la balance vers la sainte innocence de nos preux chevaliers bleus et l'éloigne de ces sales nègres avec des patronymes hispaniques qui se croient libres de jouer aux dés comme ça au Parc Henri-Bourassa sans qu'on leur tire dessus.

Mot du vendredi : émétophilie.

Le cœur d’un homme est une longue et vaste table de banquet qu’il ne lui est pas donné de faire rase, ni dans le regret, ni dans la détresse du désespoir, ni dans le désir de renouveau, pas même lorsque le temps use sa mémoire et sa raison et le rend pareil à un petit enfant : les reliefs du repas de sa vie demeurent, fantômes de miettes et de meules entamées, de vins tirés et bus, de venaisons fumantes et de riches sauces désormais anonymes et mélangées les unes aux autres.

Mais il est, autour de la table, des places qu’occupèrent telles femmes, parfois assises, souvent allongées, à genoux ou érigées sur de hauts talons, des places désormais vides et qui le resteront, et bien que cela soit triste comme un grand soulagement, il nous revient aussi que les Romains n’ont jamais vraiment eu de vomitorium attenant à la salle à manger, et que l’Histoire est souvent mensongère.

Naturel

On s'étonne un peu partout de ce que la SQ, dans l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva, n'ait pas encore interrogé les deux policiers en cause. Quoi, pourtant, de plus naturel? Comment les pauvres pourraient-ils accorder leurs versions, et concocter un scénario susceptible d'emporter le bénéfice du doute en leur faveur, s'ils ne sont pas d'abord en possession des autres témoignages? Après tout, ça se passe toujours de même, toujours, sans exception. C'est naturel.

14.8.08

Le mot du jeudi

bas-bleu n. m.

• 1821; dans un contexte angl. av. 1786; trad. de l'angl. blue stocking 

¨ Péj. Femme à prétentions littéraires; intellectuelle pédante. Des bas-bleus. « Vous me faites pérorer comme un bas-bleu » (Loti). — Adjt Elle est intelligente, mais un peu trop bas-bleu. Þ pédant.

De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville, 1835-1840

Prenez tout votre temps. Cela fut écrit en 1835, ou dimanche soir dernier, qui sait, qui s'en souvient, qui s'en soucie... Remplacez Nègre par Québécois, Sauvage par Nègre, et Québécois par Paul-Émile, puis recommencez, permutez, c'est long longtemps mais c'est si amusant!

Non, c'est pénétrant. Humain, Effilé. Prophétique. Écrit sans jargon ni citations de psys ni spinning policier. 1835, et frais comme un mammouth arraché au pergélisol hier, débité ce matin, servi à midi.

La tâche principale que je m’étais imposée est maintenant remplie ; j’ai montré, autant du moins que je pouvais y réussir, quelles étaient les lois de la démocratie américaine ; j’ai fait connaître quelles étaient ses mœurs. Je pourrais m’arrêter ici, mais le lecteur trouverait peut-être que je n’ai point satisfait son attente.

On rencontre en Amérique autre chose encore qu’une immense et complète démocratie ; on peut envisager sous plus d’un point de vue les peuples qui habitent le Nouveau Monde.

Dans le cours de cet ouvrage, mon sujet m’a souvent amené à parler des Indiens et des Nègres, mais je n’ai jamais eu le temps de m’arrêter pour montrer quelle position occupent ces deux races au milieu du peuple démocratique que j’étais occupe a peindre ; j’ai dit suivant quel esprit, à l’aide de quelles lois la confédération anglo-américaine avait été formée ; je n’ai pu indiquer qu’en passant, et d’une manière fort incomplète, les dangers qui menacent cette confédération, et il m’a été impossible d’expo­ser en détail quelles étaient, indépendamment des lois et des mœurs, ses chances de durée. En parlant des républiques unies, je n’ai hasardé aucune conjecture sur la permanence des formes républicaines dans le Nouveau Monde, et faisant souvent allusion à l’activité commerciale qui règne dans l’Union, je n’ai pu cependant m’occuper de l’avenir des Américains comme peuple commerçant.

Ces objets, qui touchent à mon sujet, n’y entrent pas ; ils sont américains sans être démocratiques, et c’est surtout la démocratie dont j’ai voulu faire le portrait. J’ai donc dû les écarter d’abord ; mais je dois y revenir en terminant.

Le territoire occupé de nos jours, ou réclamé par l’Union américaine, s’étend depuis l’océan Atlantique jusqu’aux rivages de la mer du Sud. À l’est ou à l’Ouest, ses limites sont donc celles mêmes du continent ; il s’avance au midi sur le bord des Tropiques, et remonte ensuite au milieu des glaces du Nord.

Les hommes répandus dans cet espace ne forment point, comme en Europe, autant de rejetons d’une même famille. On découvre en eux, dès le premier abord, trois races naturellement distinctes, et je pourrais presque dire ennemies. L’éducation, la loi, l’origine, et jusqu’à la forme extérieure des traits, avaient élevé entre elles une barrière presque insurmontable ; la fortune les a rassemblées sur le même sol, mais elle les a mêlées sans pouvoir les confondre, et chacune poursuit à part sa destinée.

Parmi ces hommes si divers, le premier qui attire les regards, le premier en lumière, en puissance, en bonheur, c’est l’homme blanc, l’Européen, l’homme par excel­lence ; au-dessous de lui paraissent le Nègre et l’Indien.

Ces deux races infortunées n’ont de commun ni la naissance, ni la figure, ni le langage, ni les mœurs ; leurs malheurs seuls se ressemblent. Toutes deux occupent une position également inférieure dans le pays qu’elles habitent ; toutes deux éprouvent les effets de la tyrannie ; et si leurs misères sont différentes, elles peuvent en accuser les mêmes auteurs.

Ne dirait-on pas, a voir ce qui se passe dans le monde, que l’Européen est aux hom­mes des autres races ce que l’homme lui-même est aux animaux ? Il les fait servir à son usage, et quand il ne peut les plier, il les détruit.

L’oppression a enlevé du même coup, aux descendants des Africains , presque tous les privilèges de l’humanité ! Le Nègre des États-Unis a perdu jusqu’au souvenir de son pays ; il n’entend plus la langue qu’ont parlée ses pères ; il a abjuré leur religion et oublié leurs mœurs. En cessant ainsi d’appartenir à l’Afrique, il n’a pourtant acquis aucun droit aux biens de l’Europe ; mais il s’est arrêté entre les deux sociétés ; il est resté isolé entre les deux peuples ; vendu par l’un et répudié par l’autre ; ne trouvant dans l’univers entier que le foyer de son maître pour lui offrir l’image incomplète de la patrie.

Le Nègre n’a point de famille ; il ne saurait voir dans la femme autre chose que la compagne passagère de ses plaisirs, et, en naissant, ses fils sont ses égaux,

Appellerai-je un bienfait de Dieu ou une dernière malédiction de sa colère, cette disposition de l’âme qui rend l’homme insensible aux misères extrêmes, et souvent même lui donne une sorte de goût dépravé pour la cause de ses malheurs ?

Plongé dans cet abîme de maux, le Nègre sent à peine son infortune ; la violence l’avait placé dans l’esclavage, l’usage de la servitude lui a donné des pensées et une ambition d’esclave ; il admire ses tyrans plus encore qu’il ne les hait, et trouve sa joie et son orgueil dans la servile imitation de ceux qui l’oppriment.

Son intelligence s’est abaissée au niveau de son âme.

Le Nègre entre en même temps dans la servitude et dans la vie. Que dis-je ? sou­vent on l’achète dès le ventre de sa mère, et il commence pour ainsi dire à être esclave avant que de naître.

Sans besoin comme sans plaisir, inutile à lui-même, il comprend, par les pre­mières notions qu’il reçoit de l’existence, qu’il est la propriété d’un autre, dont l’intérêt est de veiller sur ses jours ; il aperçoit que le soin de son propre sort ne lui est pas dévolu ; l’usage même de la pensée lui semble un don inutile de la Providence, et il jouit paisiblement de tous les privilèges de sa bassesse.

S’il devient libre, l’indépendance lui paraît souvent alors une chaîne plus pesante que l’esclavage même ; car dans le cours de son existence, il a appris à se soumettre à tout, excepté à la raison ; et quand la raison devient son seul guide, il ne saurait recon­naître sa voix. Mille besoins nouveaux l’assiègent, et il manque des connais­sances et de l’énergie nécessaires pour leur résister. Les besoins sont des maîtres qu’il faut com­battre, et lui n’a appris qu’à se soumettre et à obéir. Il en est donc arrivé à ce comble de misère, que la servitude l’abrutit et que la liberté le fait périr.

L’oppression n’a pas exercé moins d’influence sur les races indiennes, mais ces effets sont différents.

Avant l’arrivée des Blancs dans le Nouveau Monde, les hommes qui habitaient l’Amé­rique du Nord vivaient tranquilles dans les bois. Livrés aux vicissitudes ordi­naires de la vie sauvage, ils montraient les vices et les vertus des peuples incivilisés. Les Européens, après avoir dispersé au loin les tribus indiennes dans les déserts, les ont condamnées à une vie errante et vagabonde, pleine d’inexprimables misères.

Les nations sauvages ne sont gouvernées que par les opinions et les mœurs.

En affaiblissant parmi les Indiens de l’Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesu­re leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu’ils n’étaient déjà. La condition morale et l’état physique de ces peuples n’ont cessé d’empirer en même temps, et ils sont devenus plus barbares à mesure qu’ils étaient plus malheureux. Toutefois, les Européens n’ont pu modifier entièrement le caractère des Indiens, et avec le pouvoir de les détruire, ils n’ont jamais eu celui de les policer et de les soumettre.

Le Nègre est placé aux dernières bornes de la servitude ; l’Indien, aux limites extrê­mes de la liberté. L’esclavage ne produit guère chez le premier des effets plus funestes que l’indépendance chez le second.

Le Nègre a perdu jusqu’à la propriété de sa personne et il ne saurait disposer de sa propre existence sans commettre une sorte de larcin.

Le sauvage est livré à lui-même dès qu’il peut agir. A peine s’il a connu l’autorité de la famille ; il n’a jamais plié sa volonté devant celle de ses semblables ; nul ne lui a appris à discerner une obéissance volontaire d’une honteuse sujétion, et il ignore jusqu’au nom de la loi. Pour lui, être libre, c’est échapper à presque tous les liens des sociétés. Il se complaît dans cette indépendance barbare, et il aimerait mieux périr que d’en sacrifier la moindre partie. La civilisation a peu de prise sur un pareil homme.

Le Nègre fait mille efforts inutiles pour s’introduire dans une société qui le repousse ; il se plie aux goûts de ses oppresseurs, adopte leurs opinions, et aspire, en les imitant, à se confondre avec eux. On lui a dit dès sa naissance que sa race est naturellement inférieure à celle des Blancs, et il n’est pas éloigné de le croire, il a donc honte de lui-même. Dans chacun de ses traits il découvre une trace d’escla­vage, et, s’il le pouvait, il consentirait avec joie à se répudier tout entier.

L’Indien, au contraire, a l’imagination toute remplie de la prétendue noblesse de son origine. Il vit et meurt au milieu de ces rêves de son orgueil. Loin de vouloir plier ses mœurs aux nôtres, il s’attache à la barbarie comme à un signe distinctif de sa race, et il repousse la civilisation moins encore peut-être en haine d’elle que dans la crainte de ressembler aux Européens[1].

A la perfection de nos arts, il ne veut opposer que les ressources du désert ; à notre tactique, que son courage indiscipliné ; à la profondeur de nos desseins, que les ins­tincts spontanés de sa nature sauvage. Il succombe dans cette lutte inégale.

Le Nègre voudrait se confondre avec l’Européen, et il ne le peut. L’Indien pourrait jusqu’à un certain point y réussir, mais il dédaigne de le tenter. La servilité de l’un le livre à l’esclavage, et l’orgueil de l’autre à la mort.

Je me souviens que, parcourant les forêts qui couvrent encore l’État d’Alabama, je parvins un jour auprès de la cabane d’un pionnier. Je ne voulus point pénétrer dans la demeure de l’Américain, mais j’allai me reposer quelques instants sur le bord d’une fontaine qui se trouvait non loin de là dans le bois. Tandis que j’étais en cet endroit, il y vint une Indienne (nous nous trouvions alors près du territoire occupé par la nation des Creeks); elle tenait par la main une petite fille de cinq à six ans, appartenant à la race blanche, et que je supposai être la fille du pionnier. Une Négresse les suivait. Il régnait dans le costume de l’Indienne une sorte de luxe barbare : des anneaux de métal étaient suspendus à ses narines et à ses oreilles ; ses cheveux, mêlés de grains de verre, tombaient librement sur ses épaules, et je vis qu’elle n’était point épouse, car elle por­tait encore le collier de coquillages que les vierges ont coutume de déposer sur la cou­che nuptiale ; la Négresse était revêtue d’habillements européens presque en lambeaux.

Elles vinrent s’asseoir toutes trois sur les bords de la fontaine, et la jeune sauvage, prenant l’enfant dans ses bras, lui prodiguait des caresses qu’on aurait pu croire dictées par le cœur d’une mère ; de son côté, la Négresse cherchait par mille innocents artifices à attirer l’attention de la petite créole. Celle-ci montrait dans ses moindres mouvements un sentiment de supériorité qui contrastait étrangement avec sa faiblesse et son âge ; on eût dit qu’elle usait d’une sorte de condescendance en recevant les soins de ses compagnes.

Accroupie devant sa maîtresse, épiant chacun de ses désirs, la Négresse semblait également partagée entre un attachement presque maternel et une crainte servile ; tandis qu’on voyait régner jusque dans l’effusion de tendresse de la femme sauvage un air libre, fier et presque farouche.

Je m’étais approché et je contemplais en silence ce spectacle ; ma curiosité déplut sans doute à l’Indienne, car elle se leva brusquement, poussa l’enfant loin d’elle avec une sorte de rudesse, et, après m’avoir lancé un regard irrité, s’enfonça dans le bois.

Il m’était souvent arrivé de voir réunis dans les mêmes lieux des individus appar­tenant aux trois races humaines qui peuplent l’Amérique du Nord ; j’avais déjà reconnu dans mille effets divers la prépondérance exercée par les Blancs ; mais il se rencon­trait, dans le tableau que je viens de décrire, quelque chose de particulièrement tou­chant : un lien d’affection réunissait ici les opprimés aux oppresseurs, et la nature, en s’effor­çant de les rapprocher, rendait plus frappant encore l’espace immense qu’a­vaient mis entre eux les préjugés et les lois.

12.8.08

Une petite tranche de Rousseau avant d'aller dormir

Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire, Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eussent point épargné au Genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la Terre n'est à personne.

Jean-Jacques Rousseau
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

À Lutèce.



Drette-là, à Paris, hostie, c'est pas compliqué, tu vires à gauche pis tu tombes dessus.

...

Quand les interventions du SPVM tournent au vinaigre

Émilie Bilodeau

La Presse


9 août 2008
Fredy Villanueva, 18 ans, est tué par un policier de Montréal dans le stationnement du parc Henri-Bourassa.

14 octobre 2007
Quilem Registre meurt à l'hôpital trois jours après avoir reçu une décharge de pistolet électrique d'un agent du SPVM. L'homme de 38 ans était d'origine haïtienne.

9 juillet 2007
Vianney Charest, 51 ans, a été abattu dans l'arrondissement Montréal-Nord. L'homme tentait de fuir après avoir volé le tiroir-caisse d'un motel.

1er décembre 2005
Mohamed Anas Bennis, 25 ans, meurt après avoir reçu deux coups de feu tirés par un agent du SPVM. Selon les policiers, Anas aurait poignardé un agent «sans motif connu». La famille estime qu'Anas, qui sortait d'une mosquée, a plutôt été victime de profilage racial.

14 novembre 2005
Une adolescente de 14 ans meurt dans une poursuite policière qui se termine en accident dans Hochelaga-Maisonneuve.

20 juillet 2005
Un couple d'octogénaires perd la vie dans une collision avec une fourgonnette du SPVM. Selon les policiers, les victimes avaient brûlé un feu rouge.

4 juillet 2005
Un quinquagénaire est tué par le tir d'un policier sur le Plateau-Mont-Royal. Selon des témoins, l'homme menaçait les agents avec une barre de métal.

20 juillet 2004
Des agents de l'équipe tactique SWAT tentent d'intercepter Benoît Richer, 28 ans, et le tuent alors qu'il cherche à s'enfuir. Le suspect faisait l'objet d'un mandat d'arrestation pour tentative de meurtre sur un policier.

24 juin 2004
Un homme de 36 ans, soupçonné d'avoir volé un véhicule, est abattu par un agent du SPVM au coin du boulevard Gouin et de la 19e Avenue.

21 février 2004
Rohan Wilson, Noir de 28 ans, meurt après avoir été arrêté par six agents du SPVM. Il se cogne la tête à plusieurs reprises sur le trottoir durant l'intervention policière.

4 septembre 2002
Michel Morin, sans-abri de 43 ans, meurt lorsque des agents le menottent à plat ventre dans un café de la rue Saint-Denis.

8 février 2001
Michael Kibbe, 19 ans, fait une chute mortelle de huit mètres alors qu'il est sous la surveillance de deux policiers du SPVM.

18 juillet 2000
Sébastien McNicoll, 26 ans, meurt après avoir été aspergé de gaz poivre par un agent du SPVM.

16 juillet 2000
Luc Aubert, 49 ans, meurt d'une crise cardiaque après avoir été aspergé de gaz poivre par quatre agents du SPVM.

Source: Collectif Opposé À La Brutalité Policière

8.8.08

Médaille de bonze


Pour enflammer la vasque olympique pékinoise.

Pour Big Mac qui a perdu Rosie

Losing it: A brief history of missing manuscripts
By Rob Sharp

Double jeopardy

The Russian scholar Mikhail Bakhtin believed having two manuscripts of his The Bildungsroman (or Novel of Education, 1936-38) would protect him from life's vicissitudes. Not so. At the beginning of the Second World War one of the copies, the final draft, was with his publisher, and he kept an earlier draft. During the siege of Moscow, the publisher's offices were destroyed. By this point, however, Bakhtin had used his copy for cigarette paper, which was in short supply. His hard graft literally went up in smoke.

Lost in France


Some years after Gustave Flaubert (above) crafted Madame Bovary – the 1857 tome that garnered him worldwide glory – he lost his magic touch in a quite spectacular way. Due to the anxiety provoked by the German army invading France in 1871 during the Franco-Prussian War, the writer frantically interred a box of papers beneath the garden of his house at Croisset, Rouen. Forgetting to recover them, he snuffed it in 1880, and his home was unkindly razed to the Normandy turf to make way for concrete docks. General local consensus is that the author's words still lie buried there, destined to be unread for eternity.

Burning issue

In the early 19th century Scots essayist Thomas Carlyle (above) dispatched the first draft of his history of the French revolution – the imaginatively titled French Revolution, Vol 1 – to John Stuart Mill. The latter accidentally let his housemaid use the papers to kindle a fire. Paradoxically, Carlyle found himself consoling his friend, and later wrote: "Mill ... remained injudiciously enough till almost midnight, and my poor Dame and I had to sit talking of indifferent matters; and could not till then get our lament freely uttered." Carlyle had to reproduce the book from scratch, but it was eventually published in 1837.

Carbon copy

The year was 1932. Malcolm Lowry's editor at Chatto & Windus, Ian Parsons, parked his convertible sports car outside his London office in order to make a phone call inside. On his return, the publisher found to his horror that a briefcase containing Lowry's novel Ultramarine had been pilfered. He thought, wrongly, that Lowry would have another copy. Thankfully, the book was saved for posterity by a pal, Martin Case, who had typed up the manuscript. He retrieved a carbon copy that Lowry had thrown in the bin – and Ultramarine was published by Cape (not Chatto) in 1933.

A strange case

In 1922, Ernest Hemingway's first wife, Hadley, was travelling by train to Switzerland, grappling with a suitcase containing all that the great man had written up to that point. According to Murphy's Law – if something can go wrong, it will – the case was stolen. Legend has it that when Hemingway found out, he was rather irate. But when he started writing again, the words came crisper, faster and – some say – better. It's just possible the Swiss crook behind this minor heist made the author into the literary behemoth we now cherish.

7.8.08

Le grain tombé entre les meules, Fayard, Paris, 1998, p. 241.

«Ce que j'aperçus en premier fut Montréal et, vue du haut des airs, la ville me parut horrible, impossible d'imaginer plus affreux. Cette rencontre ne promettait rien au coeur. Et les jours suivants, où j'y errai au hasard, confirmèrent cette impression. Le monstrueux pont Jacques-Cartier, de métal vert, tout tremblant de trafic automobile sur ses huit voies, sous lequel j'aurais dû passer si j'étais arrivé en bateau; et, tout de suite après, j'aurais vu les fumées sans joie de la brasserie avec son toit où flottent des drapeaux; et l'alignement des quais industriels en béton à ce point inhumains que, dans une île du fleuve, les restes d'un vieux bâtiment mi-caserne mi-prison vous réjouissent l'oeil comme quelque chose de vivant. Puis, plus au coeur de la ville, la tour noire de la radio canadienne suivie du groupe absurde et serré des gratte-ciel en forme de boîtes plantés au milieu d'immenses espaces urbains. Montréal aspirait à imiter les «mégalopoles» d'Amérique, mais sans en être capable.»

Александр Исаевич Солженицын

Adlai for president!

It is often easier to fight for principles than to live up to them.

Adlai Stevenson
27 août 1952

6.8.08

Coïncidences

Lunch avec JB qui m'a filé des cigarettes chinoises joliment nommées Double Happiness. On a évoqué, entre autres, les quarante ans des Belles-Soeurs et, trente secondes après qu'on se soit séparés, je suis tombé sur Michel Tremblay qui remontait Saint-Denis.

La vie est farcie de ces coïncidences et en général on les adore: d'où vient alors qu'elles nous insupportent dans les romans et dans les films? Il n'est guère qu'au théâtre que nous acceptions la convention sans renâcler, parce que le théâtre est supposé être irréel; pourtant la réalité est émaillée quotidiennement d'occurrences qui paraissent bien peu probables...

5.8.08

Neveurmagne!

Je visionne Le Survenant par une sorte de sens du devoir patriotico-littéraire. C'est long, c'est lent, c'est plate, c'est mal joué. J'ai rien contre le roman du terroir, j'en ai contre l'histoire et l'esprit misérabilistes, la naissance pour un p'tit pain, l'écriture de faire pitié. La suite du livre, Marie-Didace, est pire encore.

Germaine Guèvremont s'est inspirée de son amant, le poète Alfred DesRochers, père de Clémence, pour créer l'archétype du Survenant. Encore aujourd'hui, personne n'en parle, ni dans les chapelles, ni dans les manuels, à croire que le Québec clérical étouffé dans sa mesquine hypocrisie subsiste aujourd'hui à travers de nouvelles institutions et de nouvelles générations portant seulement de nouveaux noms.

4.8.08

Александр Исаевич Солженицын, (11 décembre 1918, Kislovodsk - 3 août 2008, Moscou)




D'Alexandre Soljenitsyne, je retiens par-dessus tout L'Archipel du Goulag, rédigé clandestinement sur du papier à cigarette, du papier cul, du papier enterré dans les jardins d'amis sûrs pour le protéger du KGB.

Et puis aussi sa bouille débonnaire, sous ce front en forme de fesses, rigolant à Apostrophes tandis que Jean Daniel et Jean D'Ormesson dressés sur leurs ergots se crêpaient le chignon en piaillant sans lui prêter la moindre attention, dans une belle démonstration d'égo idiot, aussi appelé gallicisme.

2.8.08

Godspeed, Simon!

Passé jeudi soir avec Simon Girard dans son studio vide, à la veille de son départ pour l'Europe par le biais de Percé. On s'est enivré, on a jasé, on a regardé la voisine se déshabiller, et il m'a fait cadeau d'un recueil de nouvelles de Saroyan et d'un sac de légumes.

Traite

Me suis retapé la série The Thorn Birds. À l'origine, l'avait suivie à la télé avec grand-mère, qui s'identifiait à Mary Carson interprétée par Barbara Stanwyck et qui, me voyant ricaner lorsque celle-ci hurle son amour au père Ralph en déclarant qu'à l'intérieur de ce corps décrépit bat un coeur jeune fouetté de désirs, m'avait fermement fait taire en assurant que c'était vrai.

J'ai braillé comme un veau à nouveau, l'histoire nous trait l'eau des yeux. On oublie que Richard Chamberlain n'a que faire des femmes. Et, du point de vue d'un écrivain, je suis fasciné par le fait que Rachel Ward et Bryan Brown se soient rencontrés sur le plateau, épousés, et aient engendré trois enfants. À la place de l'auteur, Colleen McCullough, je me sentirais un peu leur aïeule.

Leclerc, encore

Cat Major a remporté hier le prix Félix-Leclerc, de concert avec Imbert Imbert.

J'assisterai ce soir au show en hommage au poète à la Place des Arts. Réjouissante orgie de mots en perspective.

28.7.08

Félix

Cette chanson fut écrite pour Yolande Dompierre par le géant de l'Île d'Orléans. C'est un secret.



C'était la grand-maman de Catherine Major. Un autre secret.

Elle est ma cousine de la fesse gauche, aimant et étant aimée de mon cousin Jean-François Moran. Un tiers secret.

Jamais su conserver un secret.

J'ai rendez-vous depuis des mois avec mon prochain, peut-être mon ultime amour, au pied de la statue de Félix, et je l'embrasserai et elle m'embrassera près de ses jambes de bronze qui semblent des troncs de bouleau.

26.7.08

Cayouche




La légende veut qu'il ait écrit cette chanson à titre de travaux communautaires dans une affaire semblable.

L'alcool au volant
par Cayouche

{Refrain:}
L'alcool au volant c'est criminel
La bière vient chaude pis la poche te gèle
Si tu bois en drivant, t'es tout l' temps arrêté
À tous les cinq milles pour pisser

Même si que t'as gradué, même si que t'es âgé
Tu vas te faire pogner, Oh, par la G.R.C.
Tu vas avoir l'air ben "coucoune"
Main' que tu souffles dans la balloune
Mais c'est bien mieux que de se faire tuer

{au Refrain}

J'ai du fun à prendre une bière, des fois même deux
On a du fun quand ce qu'on est su l' bootleger
Mais c'est quand tu tombes dans le chemin
Avec un char dedans les mains
C'est là que tu viens dangereux

{au Refrain}

P.S. Merci à Gom pour le lien Youtube.

19.7.08

Grands mystères

Est-ce brave ou fif de changer son nom pour Del Shannon quand on est né Charles Weedon Westover? Est-ce audacieux ou pissou de se tirer avec une .22, un calibre à peine suffisant pour la chasse au tamia? Est-ce chiant que ta femme dise ensuite que c'est à cause du Prozac et que les journaux en rajoutent en blâmant la grippe et le dentiste? Imagine Hemingway ou Aquin, représente-toi que Wikipédia attribuerait leurs suicides à une infection des gencives, mettons: que de mémoires de maîtrise, que de thèses de doctorat n'auraient jamais vu le jour d'être tablettés!

No fucking idea. Aucune phoquigne idée. Take it away, Del.

Runaway...

Quatre-vingt-dix-sept (et demi)

Jeudi soir, suis passé au Kilo fêter Marilyn qui a vingt ans. J'étais vieux, bredouillant et bedonnant parmi toute cette excitante jeunesse, une vingtaine de jeunes gens instruits, ouverts et chaleureux, et beaux, des mecs et des chicks, des homos, des hétéros, des à barniques et des à chapeaux, et Samson, mon ami, mon interface, qui échappe à toute description. Mangé le meilleur christ de cheesecake de ma vie.

Le matin, fiston et moi étions allés visiter grand-maman Malvina, qui est âgée de quatre fois vingt ans plus dix-sept et demi. Après avoir stimulé notre imagination toute notre vie, elle la défie. Elle est née peu avant le double fléau de la première guerre mondiale et de la grippe espagnole. Pas d'antibiotiques, mais pas non plus de bombe atomique. Pas de droit de vote pour les femmes. Pas de cinéma parlant. Pas de réfrigérateurs. Pas de jeans taille basse...

Elle est née onze ans avant la mort de Marcel Proust.

Ça va faire quarante ans qu'Armstrong a dansé sur la lune et grand-mère était déjà épatée de voir ça sur sa télé couleurs. Si l'on estime que la somme des connaissances humaines à notre déroutante époque double aux sept ans, s'apparentant davantage à un cancer exponentiel qu'à une bénédiction du ciel, la faculté d'absorption d'une vieille dame ayant traversé le vingtième siècle et débordé sur le suivant donne le vertige. Après tout, sa propre mère est morte en vivant à peu près comme son aïeule, usant des mêmes outils, animée des mêmes valeurs. On n'en peut dire autant de Malvina Boucher qui, petite fille à Pointe-aux-Trembles, était instruite de traverser la rue lorsqu'elle croisait des Juifs, et qui revint transfigurée du pavillon d'Israël à l'Expo 67, au point qu'elle m'en parlait toujours quinze ans après: «Ils font pousser des oranges dans le désert!»

17.7.08

McCartney à Québec

J'aime ce qu'il a dit à Radio-Canada. Qu'on a gagné la bataille des Plaines d'Abraham, en somme. La bataille de la somme...

Parce qu'on est toujours là, n'est-ce pas?

(Matthieu 3,17)

À la Transfiguration, il répète ces paroles d’amour : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances.»

Il a vingt-six ans et il part. Faire sa vie privée, sa vie publique? De nos jours, les deux se confondent. John Boy s'en va-t-en Chine et je suis bien fier de lui, ce qui ne m'empêchera pas de mal dormir jusqu'à son retour...

Chu tellement nul en géo-politique.

16.7.08

Blaise Pascal, Pensées

Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer au repos, dans une chambre.

8.7.08

Plaisirs d'été


C'est sur la première chaîne de Radio-Canada. Cet après-midi, Catherine Major a interprété, live et en primeur (si l'on excepte sa prestation en duo avec Moran au Lion d'Or le mois dernier), notre chanson Déchirée, l'enfance.



Archives disponibles ici. La chanson débute après une quinzaine de minutes d'entretien entre Cat et l'animateur.

Dites 33! Misère, va faire 33°...

J'ai envie de bloguer comme de patauger dans la margarine en mastiquant des bougies sur l'air d'une opérette de Gilbert & Sullivan.

Par ailleurs: ça fait vingt et un ans que la margarine québécoise est blanche. Maintenant qu'on a abrogé le règlement mais qu'une génération s'y est accoutumée, va-t-elle virer au jaune dès cet été? J'en perds le boire et le manger...

2.7.08

Opération Cancrelat: phase II

C'est plaisir de les voir choir du mur, tout désorientés. Le plancher du Bunker se transforme en cimetière.

Marcher? Opus?

Big Brother au volant des transports en commun, ou comment traquer chacun de vos déplacements au nom de l'économie et de la flexibilité.

Inénarrable

Un lecteur, François Giguère, me fait connaître le travail d'un sien ami, Sylvain Martel.


Paysage de mon époque (hommage à Francis Bacon)
© Sylvain Martel



Ça ne ressemble à rien et c'est très beau, très puissant, réjouissant le regard et capturant l'esprit...

Impayable

Mon cher fils qui débarque au Bunker à deux heures trente du matin pour me «rendre une petite visite». Devant ma bouille ensommeillée, son interrogation ingénue: «C'est récent que tu te couches de bonne heure comme ça?»

24.6.08

Fac-similé

de Christian Mistral
à MCL
cci Kevin Vigneau
date 24 juin 2008 00:59
objet Re: ???

M-C,

Je rentre à l'instant au Bunker après un séjour aux Catacombes (chez Kevin).

Pas dormi; ai dû, de fait, intervenir pour arranger les choses entre eux (K et C), puis dans le coeur et les tripes de mon ami, puis dans les trips et l'esprit de sa femme, puis me suis assoupi assis après les avoir mis au lit, et au réveil il m'a frappé deux fois à la face, ce qui en soi n'est pas sans précédent: nous nous tapons sur la gueule une fois par deux ans à tour de rôle, en moyenne, selon mes estimations, et je te prie de croire que je ne te raconterais jamais ça dans l'improbable triple cas où l'on me trouverait sobre, rationnel et au fait de ce qui fait tiquer les femmes. Si je te cause et t'expose ainsi sans fard les choses de ma vie, depuis dimanche jusqu'à lundi, si j'esquisse à grands traits ma nuit blanche aux liquides et gris coloris, c'est parce que nous, toi et moi, faisons de concert l'émouvant pari de ne rien dissimuler, enjoliver, maquiller, contrefaire ou déguiser. Tout au plus nous plaisons-nous depuis le début à parfumer nos phrases (leur cambrer les reins, leur mousser les seins, les astiquer, les épiler, les ajuster, les calibrer, les bichonner, les dégrossir et les polir): tout cela dans l'intérêt du langage, humain attribut propre à la communication, et moteur de la civilisation.

Je crois en la notion de civilisation. Étrangement, c'est assez récent. Je n'y avais pas beaucoup réfléchi avant.

Kevin, qui s'est penché sur ces choses trois ans durant à l'université, vient tout juste d'avoir trente berges et se trouve au périlleux confluent de sa barbarie et de son idéal. Je l'ai emmené aussi loin que je pouvais, il ne m'écoute plus maintenant, n'écoute plus personne en fait et devra s'écouter lui-même ou à défaut se damner. À chacun sa destinée selon sa force et son chien, au sens d'avoir du chien ou au sens que ton chien est mort: on choisit tant qu'on peut et au-delà le choix nous échappe.

Je voudrais t'écrire et te bercer davantage, mais le jus me manque: I guess I'm getting too old for this writing racket!

Peut-être pourrions-nous, peut-être devrions-nous nous voir cette semaine dans le Parc, avant de couper le robinet. Je promets d'être aussi déplaisant que possible, pour te rendre notre éloignement moins pénible. J'ai paraît-il un certain talent pour dégoûter les gens, mais force m'est d'admettre qu'avec toi, je vois mal comment m'y prendre.

Statue de Félix, sandwiches, bouteilles d'eau, tertre ombreux, friselis dans le feuillage et paparazzi dans les buissons. On parle de tout sauf de mon pied gauche.

Kisses,

Chris

PS: J'adresse fac-similé de la présente à Kevin, puisqu'il y est question de lui. Ne va surtout pas t'inquiéter: c'est une procédure naturelle entre nous et il ne t'écrira pas ni ne laissera ton adresse sortir de chez lui.

13.6.08

Been there, done that?

Paddy dirait qu'un vide juridique réside entre les jolis plis rosés de Julie Couillard.



Je dirais qu'il bée entre Couillard et Carole Devault.

Louis dirait mieux, Louis dirait pis. Pour mon fils de vingt-six ans, pour mes amis et ma compagne de trente, pour ses flos et celui de mon ami, pour mon vieux chum de quarante-cinq aussi et son fils et sa fille et pour mon Bro de trente-sept et sa fifille naissante, je cite aussi ceci.

Jos Blush (un avant-goût)

Pour plaire à quelqu'une à qui cela manquait.

12.6.08

CSF

Le Conseil du Statut de la Femme se prononce beaucoup ces jours-ci. Qu'il se prononce donc là-dessus...

Torture et pâtisserie

Pas de la tarte. Mais, par le diable! quelle sainte chose que le cul des filles...

Apprendre, me soumettre à une femelle, une seule, ne m'est déjà pas naturel: à deux, c'est du vice ou du grand art, et que la lèpre me mange la face si je manque à ma foi.

10.6.08

Il y a eu du sport!

Glorieuse après-midi de pétanque hier au Parc avec messires Barbe et Pinard. On a réussi à jouer une partie et quart en trois heures. Ça jasait ferme...

4.6.08

Free at last! Free at last! Thank shrinks allmighty, the Duck is free (sort of) at last!

Le Duck est passé m'annoncer son acquittement pour cause de vol au-dessus d'un nid de coucou. On est allés regarder les canards se draguer au Parc Lafontaine, les filles faire du jogging, les gars leur jouer de la guitare, les chiens nager dans le bassin pour rapporter des os en plastique. Chouette après-midi bucolique.

3.6.08

Cath Major en prière...


...aux Cent-Ans, au Lion d'Or (interprétant notre première chanson avec Moran), puis chez Masbourian.

Christian!
Voici un souvenir de cette première interprétation de "déchirée, l'enfance"...
On t'embrasse fort et en espérant te voir bientôt, j'apporte tes textes avec moi aux Cent-Ans, je te donne des nouvelles!
Catxx et Jeff xxx

1.6.08

«Le Donald Pilon du New Jersey!» s'esclafferait-elle.



Si vous aimez Buk, Fante, Shepard et/ou me myself and I, faites un croche du côté de chez Sandra Gordon (vous pouvez pas vous tromper, c'est la cour à scrap dans le vieux champ de Jacques Daniel). Ma première impression: elle se trouve un peu à l'étroit dans la forme poétique, mais la prose lui va comme un maillot-résille.

À l'attention de Monsieur Mon fils, suite à notre passionnante jasette interrompue à l'aube, ainsi qu'à tous ceux qui pigent .

Tiré de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers
Diderot & d'Alembert
(XVIIIe)


Philosophe...

L'héautontimorouménos

Chuck BAUDELAIRE (1821-1867)
Tiré de : Les fleurs du mal


A J. G. F.

Je te frapperai sans colère
Et sans haine, comme un boucher,
Comme Moïse le rocher !
Et je ferai de ta paupière,

Pour abreuver mon Saharah,
Jaillir les eaux de la souffrance.
Mon désir gonflé d'espérance
Sur tes pleurs salés nagera

Comme un vaisseau qui prend le large,
Et dans mon coeur qu'ils soûleront
Tes chers sanglots retentiront
Comme un tambour qui bat la charge !

Ne suis-je pas un faux accord
Dans la divine symphonie,
Grâce à la vorace Ironie
Qui me secoue et qui me mord ?

Elle est dans ma voix, la criarde !
C'est tout mon sang, ce poison noir !
Je suis le sinistre miroir
Où la mégère se regarde.

Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !

Je suis de mon coeur le vampire,
- Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire !

HOMO SUM, ET HUMANI NIHIL A ME ALIENUM PUTO

Qui a jamais compris Terence?

Les Romains, gras et déjà languides, depuis le beau milieu de leur dégénérescence insoupçonnée, les Romains au moins se sentirent interpellés un peu, et beaucoup pleurèrent.

On ne sait plus qui fut Terence, ni s'émouvoir à ses sentences. Et si le temps avait un sens, même circulaire, il a bien viré de vecteur, astheure; il s'écoule à rebours, sablier retourné comme un verre à shooter.

Outre avoir foutrement soif, je suis un oppossum, un humain nihiliste ou un putois aliéné.

31.5.08

Parfois elles vont nu-pieds...



Toujours elles sont souveraines.



Parfois elles vont, parfois elles viennent, tête et cul en parfait alignement, hiérarchique et naturel. Et quand elles pleurent, l'horrible son qui en émane est compensé par la touchante bôté du pesstak.

C'est très compliqué...

L'hommage.

Ça se complique encore.

C'est enfin, pourtant, aussi simple que pur et ancien comme le monde: je commence à le comprendre.

Entre vassal et suzerain, entre capo et parrain, entre chevalier et dulcinée, le même lien de foi doublé de menace, de besoin mutuel et d'amour se tisse.

Comme moment de lumière...

Demain se prépare aujourd'hui, right? On n'est grand que si on oeuvre pour après soi, et donc pour autre que soi, dixit Druon, ce paon sénile, ce cocu bicornu qui se moque maintenant de notre accent mais ne fut pas, pour autant, toujours un vieux con; il a été jeune aussi, fort jeune même, le jeune neveu connard de Joseph Kessel, et il s'est laborieusement hissé jusqu'à l'Académie pour imprimer, sur le fauteuil 30, l'empreinte de son auguste cul, sifflant et suçant et soufflant et puant tout le long de l'ascension, ourdissant dans un bref laps inspiré les six-septièmes de la saga Les Rois maudits, avec l'aide d'une flopée de nègres, ce qui s'appelle poliment un travail d'atelier, puis s'épuisant et retournant à ses mondaines entreprises d'escalade parisienne.

Jean Piat incarne Robert d'Artois et c'est la consécration pour le con et les romans du con: plus personne ne lui cherchera des poux sur ce qu'il a écrit lui-même ou pas, nul ne dira un mot de travers à cette Brigitte Bardot des lettres, toute carosserie, rien dans le moteur, conduite à droite et carburant au monarchisme résistant . Et toute la merdaille du bonhomme est là, qui s'évertue à qualifier d'historiques ses fables sur l'aristocratie industrielle ou la royauté médiévale, assis sur ses lauriers usurpés de peintre d'une France ancienne et pré-républicaine tout en chiant sur mon accent, qui est certainement plus près de celui de ses protagonistes tels qu'ils furent vraiment, que le sien.

Le Roué, c'est moué!

30.5.08

Souls, les pontes de Paris...



Ceux qui ont vu mon entrevue avec Christiane Charette à Cabine C auront remarqué que j'en conviens de bon coeur: il m'arrive de boire un coup de trop avant d'entrer en scène en m'imaginant donner le change, pour m'apercevoir plus tard que ça crève l'écran.

Cela étant, je ne sollicite que les suffrages des lecteurs, et on vote en mangeant ou pas mes maux: ceux qui passent outre n'ont pas à me subir ad degueulam, je ne risque pas de les enquiquiner durant deux ou trois quinquennats. Ce qui plus est, et c'est pas rien, je ne préside point un pays qui dispose de LA BOMBE!

Je n'ai même jamais conduit une voiture: les dommages que je suis susceptible de causer une fois bourré jusqu'au trognon, comme Chirac semble l'être ici, sont insignifiants en comparaison.



Fuck, man, Jack the Shrak looks pissed drunk, man, I mean he's rolling down the river Seine...

On the other hand, Lora-Zepam, celle qui change d'alias plus vite que de kilt, ma petite mère ano-emo-insomniak de Kébek et l'âme de Paddy Brisebois, lance un pavé dans ma crédulité bien épaisse: la vidéo serait en slo-mo, juste un chouïa, et je devrais invoquer ça rétroactivement pour excuser toutes mes interviews depuis vingt ans.

Aussitôt que je dessoule, je revisionne le clip, histoire de voir s'il accélère...

Chizzy Whizzy

Cet anneau d'or, au doigt de pied...

Poésie pure et crasse

Je ne connais absolument personne qui sache écrire comme ça, ce qui serait déjà un motif d'admiration, parce que j'en sais long en la matière et que le moderne poétique fuit prudemment l'extrême, paresseux et fainéant, feignant de se renouveler.

Elle est zonée poétique comme la vallée du Richelieu est zonée agricole. She's in the zone. Et, bénéfice marginal pour moi, quand elle écrit, elle ne jacasse pas sans cesse comme une oie sur ses fesses.

Quand la colère, telle viande crue, est belle et rouge,




écarlate comme Robert d'Artois, coquelicot comme chaton de maîtresse.

28.5.08

VLB: Mise au point

Reçu ceci de Trois-Pistoles:

Mise au point sur la Reine-Nègre


Devant la dérive que tout un chacun fait des propos que j’ai tenus dans L’aut’journal sur la gouverneure générale du Canada, permettez-moi d’apporter quelques précisions sur ce que j’ai écrit là-dessus.

On m’accuse de m’être vicieusement livré à une attaque personnelle contre la personne de Michëlle Jean. Qu’ai-je donc écrit de si répréhensible à son sujet ? Qu’elle a été à la société Radio-Canada une journaliste ordinaire ? En quoi le jugement que j’ai porté fait-il atteinte aux autres qualités que possède Madame Jean ? J’ai été longtemps critique de télévision et n’est-ce pas mon droit de porter jugement sur le travail professionnel qu’elle faisait à Radio-Canada ? En quoi la chose peut-elle me valoir ces accusations de racisme qu’on m’impute depuis la parution de mon texte ?

Quelle faute ai-je aussi commise, et qui serait insultante, quand je dis que Madame Jean a fait fi de ses convictions profondes (et les documents pour le prouver ne manquent pas pour entériner la chose) afin de devenir la gouverneure générale du Canada, comme par exemple d’avoir renoncé à sa citoyenneté française à laquelle elle a souvent prétendu tenir beaucoup ?

Bien évidemment, j’ai été fâché quand Madame Jean a accepté de devenir la gouverneure générale du Canada parce que je la trouvais bien naïve et peu conséquente d’accepter un poste qui est le symbole même du colonialisme britannique qui a toujours mal servi la cause québécoise.

Je tiens aussi à rappeler le texte que Dany Laferrière a publié dans La Presse quand la nomination de Michaëlle Jean n’était pas encore officielle : si elle ne devait pas être choisie, a-t-il dit, il y aurait un grand bain de sang à Montréal. Ce n’était pas seulement démagogique mais constituait un acte de terrorisme dont personne pourtant n’a relevé le chantage éhonté qu’il représentait. J’aurais écrit de pareils propos sur quelqu’un de ma race sollicité pour un emploi prestigieux que les voix auraient été nombreuses pour me dénoncer. Pourquoi donc cet appel à la violence n’a-t-il suscité aucun commentaire, même pas sous forme d’un petit éditorial ? C’est qu’on sait bien que la communauté noire aurait fait front commun derrière Laferrière, la communauté noire étant québécoise quand elle n’est pas critiquée, mais se transforme aussitôt en une ethnie tricotée serré dès que l’un des leurs se retrouve sur la sellette, peu importe la raison. Je suis capable de le comprendre même si je trouve qu’il s’agit là d’un problème d’immaturité politique flagrant.

On m’accuse aussi d’être raciste parce que j’ai dit que madame Jean, depuis qu’elle occupe la fonction de gouverneure générale, se comporte comme une Reine-Nègre, de la même façon que se comportaient et se comportent toujours les puissances toujours colonisatrices en Afrique,
en contribuant à installer au pouvoir des chefs qui deviennent des rois nègres. Moi qui étudie actuellement l’histoire des Rois-Nègres africains, je peux dire que la situation des Noirs est peut-être encore pire qu’à l’époque du colonialisme d’autrefois.

Mes détracteurs ont dit que Jeanne Sauvé et Adrienne Clarkson ont été avant Madame Jean gouverneures générales du Canada et qu’on ne les a pas accusées d’être des Reines-Nègres. Il y a une raison simple à cela : Madame Sauvé et Madame Clarkson ne sortaient guère de leur fonction apolitique. Même que Madame Clarkson, dans l’un de ses premiers discours, disait considérer le Québec comme une société distincte et qu’elle était résolue à travailler pour son épanouissement, au même titre qu’elle allait le faire pour les autres provinces du Canada, mais avec plus de sympathie encore parce qu’elle aimait les valeurs que les Québécois défendaient. Elle était originaire d’Asie et savait les souffrances que vivent les peuples qui se sentent menacés. Avoir dit de Madame Sauvé et de Madame Clarkson qu’elles étaient des Reines-Nègres aurait donc été absolument insultant parce que totalement démagogique.

Le cas de Michaëlle Jean est tout à fait différent : dès qu’elle fut nommée gouverneure générale, elle a oublié qu’elle devait représenter tous les Canadiens et de façon apolitique comme le veut la fonction qu’elle occupe. Elle a donc sauté à pieds joints dans le train du gouvernement fédéral et, par ses prises de position, voudrait bien nous réduire, nous Québécois francophones, à une communauté mineure dans le grand ensemble canadian. Comme indépendantiste qui croit que le Québec est un pays, ai-je le choix de ne pas voir en elle une ennemie et n’ai-je pas le droit de dire qu’elle est une Reine-Nègre au service d’un pouvoir qui rêve au jour où il aura réussi à nous neutraliser totalement ?

Évidemment, comme les Canadiens anglais et les fédéralistes québécois ne veulent pas qu’on fasse de débat là-dessus, on fait de moi un saint Sébastien dont on voudrait se débarrasser. Le plus étonnant, c’est que les radicaux dans ce domaine-là sont les gens du Bloc québécois. Il est vrai toutefois qu’ils ne parlent plus d’indépendance depuis belle lurette, et qu’ils se contentent de défendre prétendument les intérêts du Québec à Ottawa. Gilles Duceppe ressemble de plus en plus au maréchal Pétain, heureux comme un poisson dans l’eau de se montrer plus canadian que les Canadians, contribuant ainsi à l’établissement d’un Canada en apparence uni et fonctionnant plutôt bien. Si Barak Obama avait eu le manque de courage de Gilles Duceppe, il ne se serait jamais lancé dans la course à l’investiture présidentielle américaine, les sondages ne lui accordant pas plus de voix que Gilles Duceppe en avait quand il lança sa campagne vite avortée contre Pauline Marois. S’il avait persisté, s’il y avait mis toute sa passion, s’il avait proposé véritablement un projet de pays et de société, pourquoi n’aurait-il pas, comme Barak Obama, renversé la vapeur ? Aujourd’hui, voilà Gilles Duceppe forcé à jouer le rôle d’un petit roquet à Ottawa. C’est d’un tragique sans nom dont je crains fort que les Québécois se souviendront aux prochaines élections fédérales.

Pour terminer, ce petit mot encore sur le racisme dont on m’accuse. Si je l’étais, aurais-je écrit tous ces ouvrages dans lesquels j’ai salué les mouvements de libération des Noirs, ceux des mulâtres de l’Amérique du Sud, ceux des Métis de l’ouest canadien, ceux des Indiens de l’Amérique du Nord, et serais-je en train d’écrire un roman sur les Rois-Nègres mis au pouvoir par les puissances de l’Occident afin de s’enrichir sans mauvaise conscience au dépens de peuples qui ne cessent de s’appauvrir ? Si j’étais raciste comme tous ces fanatiques qui me menacent aujourd’hui de me casser la gueule, aurais-je accepté l’invitation de Dany Laferrière de passer quelque temps en Haïti avec lui parce que j’admire la résistance difficile et courageuse de son peuple qui représente le seul pays francophone dans les Amériques ?

Pour le reste, tout ce qui grouille, grenouille et scribouille n’a à mes yeux pas plus de conséquences que cela en eut dans d’autres circonstances. Nous vaincrons. Nous finirons bien par vaincre en dépit de la Reine-Nègre, du maréchal Pétain et des racistes canadian.

Victor-Lévy Beaulieu
Trois-Pistoles
Le 27 mai 2008

27.5.08

Hey, ti-cul!

Tu veux restreindre la liberté d'expression de VLB? You stupid piece of shit? Si Duvalier était Premier Ministre du Québec, ça ferait ton affaire? On te dérange pas trop? Hey, le twit! Dubourg, ton nom? T'as une sale gueule d'envie de chier, un claque-merde à sucer des bizounes, et si t'étais jaune ou blanc ça n'y changerait rien. T'as de la peine? Tu veux restreindre ma liberté d'expression? Viens-y donc!

Le temps des bouffons

On m'a volé ma copie de ce film depuis longtemps, celle que Lanctôt m'avait donnée, mais Falardeau ne sera pas fâché de savoir que Youtube l'immortalise, et que je l'ai revu encore cette semaine avec des amis qui ont trente ans et qui le trouvent tripant. À leurs questions sur l'origine du film, je n'avais pas toutes les réponses, parce que Pierre est plus secret qu'un mafioso, mais ici il révèle quelques grosses ficelles...

Roy Nègre

Je songe sérieusement, ai-je le choix d'y songer, à torcher quelques pages sur cette histoire de régalienne noirceur.

Sur le pouce, à seize ans, descendant vers le sud avec la future mère de mon enfant, je me suis fait offrir de l'opium et un rasoir par un gros nèg jovial et génial entre deux haies de cèdre: c'était à Albany, la porte à côté, il savait que j'étais jeune et con et c'est la raison du rasoir; j'aurais à rencontrer des nègs plus gros mais moins joviaux et moins géniaux à mesure que ma connerie d'ado ferait du pouce vers le bas de la mappe.

Fast forward: au Maryland, un type noir comme le poêle et patient comme le christ m'a expliqué que nigger n'était pas le bon mot à user dans le coin.

Fast forward: je suis à Montréal, dans un bar à l'époque où j'écris Vamp, avec mon ami Léo Hernandez et mon pote Pierre Vallières, légendaire auteur de Nègres blancs d'Amérique. Pierrot s'est techniquement réfugié au monastère et pratiquement il s'en échappe pour bouère. Son alcoolisme, son racisme, son activisme politique n'ont rien à voir avec sa claustration volontaire. Il veut devenir moine tout simplement parce qu'il est pédé comme un phoque et que la honte le torture. Il nous regarde Léo et moi par-dessus le pichet et il halète: «Suce-le. SUCE-LE, hmm, heuh...»

Le premier homme noir que j'aie jamais rencontré, moi qui suis né à Montréal en 1964, c'était Dany Laferrière. Ce qui s'appelle un homme, ce qui s'appelle rencontrer, ce qui s'appelle noir. Il nous a enfoncé le mot nègre dans la gueule, mais pas à la façon de Léopold Sédar Senghor: il faut se rappeler que Dany faisait ses armes en qualité de Monsieur Météo à TQS, couché à poil avec une femme blanche nue pour annoncer le beau temps. Dany, qui savait comment baiser les blancs sans trop se forcer.

Michaëlle Jean, je l'ai connue en masse comme journaliste. C'était une sale snob arriviste tête enflée baveuse et fausse classe, une Denise Bombardier foncée, une garce. Prête à jouer le rouge et le noir, pair et impair, si on lui garantit ses pertes et que rien ne passe ni ne manque jamais. Je la méprise, et ça me fait mal au coeur, parce que j'admire Dany et je sais que ça lui fait peine que je ne puisse partager, moi et plusieurs d'entre vous, son parti-pris.

Lévy a pitché une roche dans la mare. Il peut pas s'en empêcher. Pour ma part, je trouve qu'il brasse, fin renard tolstoïen qu'il devient, plus la marde des accomodements raisonnables ou déraisonnables ou malcommodes que la question raciale au Canada, qui n'existe pas.

Falardeau a amplement traité de rois-nègres les gouverneurs-généraux antérieurs à Mimi, dans son chef-d'oeuvre de court métrage Le temps des bouffons.


KSI!

PLEASE, Coco, grouille ton gros tas de Crisco roux pour détendre ta Lady: y a un sale impuissant de fils de pute arrogant qui se fait passer pour elle en surfant sur le net au lieu de la fourrer dans le silence et dans la joie et la cathédrale HTML.

20.5.08

«De la musique qui est faite pour aller dans le texte!»

Good ol' Biz. Un régal à partager.

Journée en résumé



Levé midi pile encore soul. Téléjournal et Nescafé. Douche et rasage précipités.

GMail me révèle que mon cher cousin Moran et sa collègue Catherine Major sont enchantés par les chansons que je leur ai envoyées.

Bill le concierge cogne à treize heures à l'huis du Bunker: je saute dans un slip et lui ouvre, mon rasoir à la main; lui, tient dans chacune de ses paluches une bombe à cancrelats, introuvables au Canada mais faciles à se procurer sur eBay. Tandis qu'il grille une clope sur le balcon, je finis de me groomer, puis on amorce les engins et on se sauve, calfeutrant la porte derrière nous avec une serviette de bain. Pas question de revenir avant quelques heures. Bill rigole: «Tu vas les voir marcher croche un jour ou deux, puis elles vont crever. Ce truc-là, ça leur dévore les insides, comme la bactérie mangeuse de chair...» Good.

Je passe voir Guig Vigneault, son Isabelle et sa Marion, puis je saute dans un taxi, direction Henri Henri, pour une séance photo avec Jean-François Gratton, artiste et gentilhomme. Les clichés sont destinés au livre inspiré de Cabine C, l'émission de Christiane Charette. Les concepteurs souhaitaient me croquer chapeauté et j'ai donc suggéré cet endroit, qui coiffe les hommes de ma famille depuis 1932.

Le chauffeur du taxi, Monsieur Roy, est le doyen des chauffeurs en activité à Montréal: il fait ça depuis cinquante-et-un de ses quatre-vingts printemps, il a eu sept enfants, six filles d'abord et puis un fils, sur un empan d'un quart de siècle, et ils sont tous allés à l'université, ils ont tous réussi dans la vie. Je lui parle de mon grand-père, qui s'appelait Roy aussi et qui chauffait le taxi, et qui serait un peu plus vieux que lui s'il avait vécu. Il me parle de Henri Henri et du temps où les hommes portaient tous un chapeau, puis il me parle de son premier: c'était en 1943, il avait quinze ans, la ville était secouée par les vents et il a trouvé un feutre qui roulait dans la rue. Il a dû glisser du papier journal sous le bandeau intérieur pour se le mettre sur la tête, parce qu'il était trop grand pour lui.

La séance terminée, chuis allé me boire un pichet au Saint-Sulpice, à la table que ma chérie sherbrookoise et moi affectionnons, et j'ai lu quelques pages d'Agatha Christie, puis je suis rentré contempler mes coquerelles qui crawlent en travers du plancher en souffrant horriblement; je bois une bière et je suis content.

17.5.08

La toune du lumberjack

Tant que vous n'avez pas vu et entendu Johnny C Mistral chanter I wish I'd been a girlie just like my dear papa, vous savourez pas l'essence python, qui est de pisser dans son pantalon (si tout se passe bien).

À défaut, voici une version d'Éric Idle.

Éric

C'est son bar. En dehors de ce bar, il n'existe pas vraiment, surtout sans du monde qu'il paie pour le défendre. Mais combien ça lui coûterait pour s'acheter des amis, et une sorte d'autorité morale, et une femme qui l'aimerait autant pour ses forces que pour ses défauts? C'est un ti-cul avec un coat de cuir qui vole la parole d'autrui pour la regarrocher avec une voix de cendrier. Je le reverrai en enfer, sans ses gardes du corpuscule, et nous jaserons d'art et de création.

13.5.08

Pour jouer aux dés, faut exister.


Dieu ne joue pas aux dés, disait-il. On comprend maintenant pourquoi. Il ne lave pas la vaisselle non plus.

Saigneur, je t'en prie.

Saigneur! Toi qui nous saignes à blanc comme des veaux de lait avec ce qui semble être une jouissance sans cesse renouvelée, Saigneur, j’ai non pas une mais plusieurs petites prières à t’adresser.

D’abord, permets-moi de te tutoyer. Après tout, même s’il est vrai qu’on n’a pas élevé les cochons ensemble et encore moins saigné le veau de lait, on se connaît depuis un sacré bout de temps. On peut même dire que tu me connais comme si tu m’avais fait.

Peut-être pas ton meilleur travail, en passant; tu devais te remettre d’une sacrée gueule de bois ce jour-là. Saigneur, franchement, veux-tu bien me dire à quoi diable tu pensais quand t’as fait ça? Moi en particulier mais aussi le monde en général : on dirait une toile de Jackson Pollock écrasée par une benne à ordures.

Saigneur, pourquoi tu m’envoies toujours des huissiers et des coquerelles? Qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu pour mériter ça? Y a pas moyen de s’en débarrasser! Des coquerelles, des huissiers, des factures, des filles folles qui écrivent leur adresse avec du rouge à lèvres sur ma porte d’entrée. C’est très irritant et ça met mon absence de foi à rude épreuve. Parce que ça, c’est l’autre problème. Quand je croyais toujours en toi, j’étais plus heureux mais aussi plus niaiseux, et j’aime mieux être moins niaiseux que moins malheureux, s’il faut choisir entre les deux. Or, parfois, on jurerait que tu existes et que tu fais exprès pour m’embêter. On peut même plus être athées tranquilles, on est forcés de demeurer agnostiques, comme des demeurés, dans les limbes entre deux certitudes aux antipodes l’une de l’autre.

Pendant qu’on y est, j’aimerais bien que tu ramènes les McCôtes chez McDo plus souvent, et aussi que tu leur fasses mettre plus de sauce. Me semble que ça serait un bon début pour te faire pardonner la hausse du prix du riz. Aussi, pourrais-tu arrêter de te promener déguisé? On est trop de grandes religions à proclamer qu’il n’y a qu’un seul Dieu, le nôtre, et ça devient dangereux.

Bon, eh bien, c’est à peu près ça pour l’instant, Saigneur. J’espère que tu écoutes Radio-Canada sur la première chaîne…

Sincères félicitations, Rawi Hage.


Les libraires québécois ont accordé les palmes hier soir à Rawi Hage pour son roman Parfum de poussière. J'ai été le premier à lui secouer la main, Cynthia la première à l'embrasser, et Kevin, mosaïque, a mené son peuple au puits pour lui désaltérer la gueule. Traduction: mon petit frère, sa femme and me sommes allés en boire une dans un bar gay civilisé.

Bravo, Rawi, bravo Alto aussi. Merci aux libraires indépendants d'exister toujours. Depuis que Henri Tranquille me prit sous sa frêle aile quand j'avais quatorze ans, j'aime et comprends les libraires, ces quichottesques maniaques qui doivent départager les bons sucs de l'ivresse melliflue.

J'ai salué du chef ce gros namedropper Stan; je suis plus gros que lui, mais je suppose que sa vue baisse: il a souri comme Idi Amin et n'a pas semblé me voir. Fat son of a gun. I guess he's too busy or too much of a whore to be polite.

La politique et la politesse, gros tas, c'est pas tiré du même gras.

12.5.08

Sujet déposé

Les tenants sont fragiles et les aboutissants incertains, mais Samson est costaud: ses cheveux vont repousser, ses yeux recevoir la sainte onction, et il ébranlera les colons...

Prolégomènes à ma prière

Le boomer qui me donne des étoiles plus une moitié.

Il est retraité et ne peut plus faire grand dommage aux jeunes, thank the hippie god. Si s'en prendre à mon livre qu'il ne comprend pas peut le tenir occupé, un enfant mâle quelque part a une chance de ne pas décrocher, une fillette risque de s'alphabétiser.

11.5.08

C'est comme une laine de braise qui me relie au crépuscule.


Juste pour vous rappeler: c'est l'écrivain québécois le plus tripant qui soit, après moi va sans dire, mais je le sens déjà me doubler sur la gauche, il remonte, il pédale en force, il coupe le vent, il passe devaaaaant!!!

Il est une fontaine de langue, comme si sa vie en dépendait.

Lisez. Vous comprendrez qu'elle en dépend. La langue. La vie.

Savez-vous planter les choux?


Rue Pontiac
© Marie-Josée Hudon



Vous ai déjà parlé de Marie-Josée Hudon, peintre et brigadière. Turns out she's also an urban activist, et une femme de bon sens il me semble, ce qui va rarement de concert.

Moi, vous savez, les légumes et les cercueils... Les premiers sortent de la terre, engraissés par les seconds qui s'y enfoncent; c'est à peu près tout ce que j'en sais. Mais je préfère mes carottes sans arsenic et que les jardins publics ne soient pas chasse gardée. C'est pourquoi je relaie ici cette réaction de MJH au dossier de La Presse (1, 2, 3).

Le guantanamo des légumes ou les sarcophages contaminants


Selon ce qu'une série d'articles du vendredi 9 mai 2008 révèle en page 2 et 3 du premier cahier du journal La Presse, j'aimerais faire part à vos lecteurs de mes commentaires concernant le jardinage communautaire au centre-ville et en particulier celui de la rue Rivard (photos couleurs à l'appui). Depuis plusieurs années j'ai constaté à quel point, les journalistes couvrant ce sujet-là et en l'occurence ce cas-là (le jardin de la rue Rivard) manque complètement leur cible.Je ne suis pas du tout impressionnée par les préoccupations de ces jardiniers du centre-ville... Ni de ce qu'ils entreprennent à tous crins afin de poursuivre leurs loisirs horticoles et maraîchers.Au chapitre de la socialisation, sachez que ces jardins sont attribués sur une base d'ancienneté. Cette attribution (désuette?) favorise la privacité alors qu'il s'agit d'un loisir public. D'année en année en année, les mêmes jardiniers s'attribuent les même jardins tant et si bien qu'on ne parle plus ici de jardinage communautaire mais bien de jardinage privé. Si la tendance se maintient, un terrain de 30,000 pieds carré est donc attribué coin Rivard et Bienville depuis belle lurette (plusieurs décennies), à une même trentaine d'irréductibles Gaulois et ce, au détriment d'une communauté entière de plusieurs milliers de «bons romains» vivants alentour. (La liste d'attente de 200 personnes faisant foi en passant).Si autrefois le jardin Rivard et passez-moi l'expression, était une sorte de «Guantanamo» des légumes, sorte de zone interdite, cadenassée, grillagée, clôturée, surplombée par un muret de béton décrépit, 365 jours par année, il est devenu aujourd'hui, au chapitre de la contamination, toujours selon ce que la série d'articles et de photos du vendredi 9 mai 2008 révèle dans La Presse pages 2 et 3, une horreur d'expérimentation. Ces jardiniers ont eu le pouvoir d'imposer une de leurs bonnes et des meilleures solutions! C'est-à-dire la mise en place d'énormes sarcophages dignes de ceux de Toutankamon donnant désormais au jardin Rivard un aspect pharaonique stupide, funéraire et monumentalement ridicule. Allo l'esthétisme: une trentaine de sarcophages géants reposent désormais sur un espace public!!! Et personne ne s'en formaliserait? Faut le faire!!!!!Ajoutez à cela que rien ne peut être envisagé pour corriger l'apparente ruelle grise sale et grafittée qui borde tous ces cercueils taillés à même notre forêt boréale sur son flanc ouest.

Cacher l'arrière-cour des commerces de la rue St-Denis? Planter des arbres? Voyons donc! Impensable! Cela porterait ombrage aux trois carottes et deux navets que Néfertiti viendra arroser cet été. Questionnez-vous, chers journalistes et voisins de tous acabits, sur la véritable vocation d'un jardin communautaire en milieu urbain en regard du passé et du présent. Si à l'époque, des familles démunies et nombreuses y trouvaient des bénéfices alimentaires, je ne crois pas qu'aujourd'hui cette vocation soit dignement perpétuée. Nous entretenons faussement cette image bucolique du jardinage communautaire Montréalais. Ce n'est plus une nécessité au jardin Rivard. Sa sacro sainte image du communautaire est pyramidale, dans tous les sens du terme. Elle est maintenue au détriment d'un voisinage de forte densité qui manque d'espace et se limite à déambuler le long d'un pseudo lieu communautaire qui présente toutes les caractéristiques d'un lieu privé. Je trouve que notre quartier paye cher les légumes exempts de contaminants que Cleopâtre exige. Et particulièrement ce printemps, alors que les sarcophages poussent sur le Plateau Mont-Royal comme de la mauvaise herbe. Bref, je mettrais moi la hache dans le cimetière des Pharaons de la rue Rivard. Que cet espace de 30,000 pieds carré soit rendu à la communauté. Qu'on en fasse un parc public auquel tout le monde aura plein accès car cela nous appartient à tous.

Marie-Josée Hudon

Monday, monday...

Je vais livrer la prière du lundi à Vous êtes ici, l'émission de Patrick Masbourian.

En même temps, je serai au Lion d'Or pour la remise du Prix des libraires du Québec. Prière de prier pour LCM.

L'ubiquité est épuisante, but it's still a pretty cool thing.

6.5.08

L'amour selon Bill S.

Sonnet 58

by William Shakepeare

That god forbid that made me first your slave
I should in thought control your times of pleasure,
Or at your hand th'account of hours to crave,
Being your vassal bound to stay your leisure.
O, let me suffer, being at your beck,
Th'imprisoned absence of your liberty;
And patience, tame to sufferance, bide each check
Without accusing you of injury.
Be where you list; your charter is so strong
That you yourself may privilege your time
To what you will; to you it doth belong.
Yourself to pardon of self-doing crime.
I am to wait, though waiting so be hell,
Not blame your pleasure, be it ill or well.

Faut pas toucher à mon frérot.

J'ai mis le temps à aimer Tom Hanks, mais ça valait la peine.

5.5.08

Barbe and me...


...sommes follement et platoniquement épris de Marie-Josée Hudon, peintre brigadière. Check this out!

Gémellité: ça saute, une génération.

L'ordre des choses, la rationalité dans l'univers.

La fifure uqamienne

La porte-parole de Bastien m'adresse ce mot rigolo:

Le service de sécurité de l'UQAM a téléphoné chez Bastien aujourd'hui à propos des messages sur votre blogue.

Les profs se plaignent et pensent que vous les menacez.

Honnêtement, cette histoire me dépasse et va beaucoup trop loin. Enfin, ils se prennent peut être un peu trop au sérieux aussi.

Juste pour vous avertir.


Ouaaaaahhh! Je ris tellement que le clavier danse devant mes yeux. Ces salopards s'imaginent-ils vraiment pouvoir me faire le coup qu'ils ont fait au Canard? À moi?

Petites saletés fachofifonnes.

Léonard Le Génie,,,

Pour vingt-trois dollars et quelques rutilantes cochonneries.

4.5.08

Amende honorable

Je n'ai pas le choix, faut que je présente de plates excuses à Bertrand Gervais et Jean-François Chassay, que j'ai erronément mis en cause ici, hier, dans le drame du Canard...

On m'a transmis de fausses informations, que j'ai vérifiées à ma satisfaction. Or, il s'avère que mon seuil de satisfaction était trop bas.

Recevez, messieurs, l'expression de ma coulpe, et croyez que je regrette le tort que j'ai pu vous causer.

J'ai reçu ceci de la porte-parole de Bastien:

Bonjour, juste pour vous dire que Bastien admire votre héroïsme sur votre blog sauf que les profs que vous visez n'ont pas de lien avec la poursuite.

M. Gervais dit donc vrai.

Les vrais responsables sont Jean-François Hamel et Jean-Christian Pleau ....

Juste pour clarifier ...