13.7.02

On devait, Mario et moi, aller voir Lumumba au Théâtre de Verdure, sauf qu'il s'est passé des choses. Quand il est arrivé, je l'ai entraîné en bas avec moi, il m'a aidé à transférer le linge mouillé dans les sécheuses tandis que je lui parlais du kidnapping de Crooks. On se sentait plus impuissants que jamais. Puis, en remontant, on a trouvé un mail de Marie-Josée: Pinochet a démissionné, mais on peut lui trouver un remplaçant dans n'importe quel poste de police américain. As-tu vu aux nouvelles de ce soir ce que les policiers ont fait au vidéaste amateur qui les avait filmés en train de tabasser un jeune noir dans une station-service? J'ai une grosse colère au coeur et fallait que j'en parle à quelqu'un.



Et voilà, c'est ça, on a passé la soirée à en parler. Pour faire quelque chose. Mario a mitonné un pâté chinois horizontal. J'ai écrit à MJ: "Le cri de cet homme dans cette voiture noire aux vitres aveugles. Que puis-je faire, Marie? Dis-moi ce que je dois faire." Et elle a répondu: " S'cuse mes nombreuses fautes j'essaie d'écrire plus vite que mon ombre... Je ne sais pas ce que je peux te dire, j'ai le même hostie de sentiment d'impuissance...mais une chose me rassure, au moins on réagit, on est encore vivant, sensible...c'est une bien mince consolation mais moi ça me prouve une chose: ils ne nous ont pas tout bouffé le cerveau et le coeur et l'âme."



Pas tout, non. Parce qu'il n'y a pas de Ils. Ce serait trop facile. L'ennemi est ici, dans notre chienne intérieure, lovée en petit tas chaud de honte poilue, l'absence de fierté d'exister en ce temps.



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