Hier, 16 heures: Kevin arrive du boulot, s'écrase avec un six-pack de Bolduc, l'air ahuri. Au bout d'un temps: «Je commence à comprendre le caractère aliénant du travail physique. J'ai connu des tas de gars en qui je devinais une intelligence, aigüe parfois, pourtant après une journée à s'échiner au soleil, ils n'avaient plus envie de rien, rien d'autre qu'une bière et un fauteuil profond...» Gorgée. «Faut que je me force à lire mes trente pages par jour...» ajoute-t-il, désorienté.
-Ma foi, dis-je, c'est peut être vrai, je ne saurais dire, vu que j'ai jamais rien foutu de ma vie. Mais se pogner le cul aussi, c'est aliénant. Tu sais ce qu'on va faire? On va faire une tarte aux pommes!
Et on a fait une tarte aux pommes. Ça l'a réveillé, il a décidé d'aller acheter deux gros homards des Îles et une bouteille de vodka. Mario, venu emprunter du tabac, est arrivé juste à temps pour partager notre repas et on en a fait une cérémonie à la mélancolie de notre ami, qui nous a appris avec un enthousiasme sensible à dépecer l'exosquelette pour en extraire jusqu'aux plus infimes parcelles de chair rose. Puis, Mario a lavé la vaisselle et on a écouté des chansons tristes. C'était très réussi. Le homard et la tarte aux pommes maison présentent un caractère singulièrement désaliénant.
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