14.9.08

Y a des Boomers que j'haïs pas. Y en a même une couple que j'aime.


Je connais Bruno Roy depuis plus de trente ans. Comme j'en ai quarante-trois, on se figure aisément qu'à l'époque, je devais toujours envisager cet ours d'homme en contre-plongée. L'étrange est qu'il a peu changé. La barbe a blanchi, mais peu et depuis peu, et son pas est toujours souple et dynamique, son rire contagieux, son regard doux, sa carrure est toujours celle d'un gars qu'on n'écoeure pas.

Il enseignait au Collège Mont-Saint-Louis, aux élèves plus âgés qui portaient des vestons bleus. Le mien était vert. Mais j'avais su qu'il avait publié un livre. Sur la chanson québécoise. Je l'ai lu, mais le sujet ne m'intéressait pas plus qu'aujourd'hui. Ce qui m'intéressait, c'était le livre comme livre, et l'homme en chair et en os qui l'avait publié, que je voyais chaque jour à la cafétéria au milieu de ses étudiants qui l'adoraient, ce type, cet écrivain.

Je me suis mis à lui tourner autour. Treize ans, seul vert dans un bouquet de bleus qui me poussaient du coude, essayant d'accrocher son regard, comme s'il avait pu ne pas me voir.

Ça a pris du temps, je ne sais pas combien au juste, ni même vaguement, le temps ne passait pas au même rythme en 1978, en tout cas pas pour moi. Mais un jour il s'est présenté un moment, une percée, les grands se sont dispersés en même temps, sauf deux ou trois, et à celui qui allait lui parler il a fait signe d'attendre une minute sans me quitter des yeux, je crois qu'il m'a dit: «Bonjour. Comment tu t'appelles?»

Je lui ai tendu la main, hardi: «Christian Roy, Monsieur.»

Il a souri. «Tiens! On a le même nom...»

«Je sais! J'ai votre livre...»

Je fouillais dans mon sac, je trouvais rien, il attendait, c'était un pédagogue dont émanait chaleur et sécurité, je me souviens m'être calmé juste comme ça, et d'avoir été surpris: les adultes me rendaient nerveux, le savaient et en profitaient.

Bruno est un ami très cher depuis vingt ans. Il n'a pas semblé stupéfait de me retrouver, juste ravi, quand j'ai publié Vamp et qu'à son tour il levait les yeux pour me regarder, comme s'il savait que j'arriverais quand je serais grand. Et notre relation est passée sans heurt aucun de mon enfance à notre amitié d'hommes où j'ai moi aussi parfois des choses à lui apporter.

Il vient de publier un bouquin fascinant et très beau sur l'Osstidcho (Bruno Roy, L’Osstidcho ou le désordre libérateur, XYZ Éditeur, 2008, 200 p.), un bouquin de Boomer qui n'a rien de l'esprit haïssable qui corrompt toute histoire que cette engeance touche. Bruno Roy était un «orphelin de Duplessis», il est peut-être le seul à avoir pu s'arracher à la misère intellectuelle et physique et aux séquelles psychologiques incapacitantes, ce pour quoi il a parlé pour eux tous des années durant, et je crois qu'ils seront toujours sa tribu de référence, pas la génération entière comme pour les autres. Je ne l'ai même jamais entendu dire grande noirceur, je n'ai jamais entendu un poncif sortir de sa bouche, jamais lu un lieu commun sous sa plume. Pour ça que ce livre est digeste pour nous, puis passionnant, il l'a écrit pour transmettre la mémoire et expliquer, mais ils disent tous ça et finissent par se flatter la bedaine en évoquant Woodstock, sauf que lui, ben, il le fait.

Longtemps que j'ai pas recommandé un livre ici, et un auteur. Monique Giroux le recevait en mai à Radio-Canada: l'entretien est .

Un de ces cinq épices, je parlerai d'un autre de ces jeunes vieillards magnifiques près de mon coeur, ces gars qui ne vous bassinent pas avec la révolution tranquille qui n'a jamais eu lieu, ces hommes libres dans le brouillard de la raison. Il s'appelle Daniel Pinard. J'ai pas assez d'essence pour me rendre jusqu'au bout, je remets à plus tard. À sa prochaine laryngite, comme ça je pourrai en placer une.

MM

On verra bien tantôt si le yable est encore aux vaches, en attendant je vais prendre quelque repos et mastiquer ma pizza frette: le shift de jour vient me relever, je vais dormir comme un poupon. On a fait de la bonne ouvrage hier: Mac, Gom et moi, avec l'aide solide et décisive de Paddy Brisebois autour du texte de Swan cité dans un précédent billet. Elle ne m'en voudra pas de révéler le nombre de ses visiteurs hier. 315. Y a pas tant de monde qui achètent Moebius en librairie. C'est ce que nous avions parié de rendre possible, pas pour faire du tort mais pour en réparer un. Tout le monde est content, sauf Kermit.

Me reste à consigner quelque chose ici, parce que j'ai réalisé que plusieurs, moins au fait de nos bibliographies, sont tentés d'assimiler notre petite opération d'hier (nous en menons quatre ou cinq par année, rien de forçant) à une solidarité entre refusés de Moebius.

Éric McComber a dirigé le numéro 109 de la revue. Thème: Défaillances. Gom y a participé. Moi itou. Le monde est petit, pareil, cibole, Ouahaha.

Mac a été l'auteur vedette des éditions Triptyque, qui publient Moebius, pendant quasiment trois quarts d'heure avant qu'il ne s'écoeure et ne commence à ressembler à un kodiak réveillé par des scouts le 15 janvier. J'exagère, va sans dire, pour l'effet, dans les faits il est resté presque toute l'après-midi. Bon, il est resté un ou deux ans, je sais pas, demandez-y, anyway il les faisait freaker et eux lui, il leur faisait peur mais pas pour ce qu'on a pu laisser supposer, car il est doux et réfléchi, il crie pas, en tout cas je l'ai jamais entendu, mais il te regarde au fond des yeux et tu sens la vibration du moulin réflexif se transmettre au sol jusqu'à toi, son corps se fatigue invariablement avant son esprit, et si on le connaît peu, on peut éprouver l'inquiétude d'être en train de débiter des sottises et le désir de percer le secret de cette barbe qui dissimule un sourire amusé indulgent ou une moue de mépris méritée s'il sourit dans sa barbe, allez savoir, ces barbudos sont tous des communistes, on n'en sait pas davantage.

Il les faisait freaker parce qu'il était rigoureux. Les éditeurs, les vieux surtout, peuvent ressembler aux médecins et aux avocats: vont t'écouter en se passant Waltzing Mathilda dans leur crâne à l'acoustique parfaite, et n'en faire qu'à leur tête. Mac voulait avoir son mot à dire sur ses mots écrits, leur présentation, leur diffusion, toutes des affaires qui peuvent énerver un éditeur, qui a du monde qui s'occupe de ça, des experts souvent, qui font ça depuis trente ans, la même chose, de la même façon.

Il les faisait freaker, mais pas autant que moi, faut croire: je n'ai jamais dirigé un numéro. Pas si bête. Eux non plus.

J'ai, cependant, publié dans onze numéros de la revue au fil des ans (Fontes, poèmes et chansons, est également paru chez Triptyque). Moebius existe depuis 1977. Et j'en viens à la réponse à la question que m'adressait Swan. Elle a été bonne fille, et patiente, et j'ai promis. Qu'est-ce que la mafia Moebius?

L'expression est symbolique et a commencé à circuler dans les années 80. La revue est publiée quatre fois l'an plus un numéro fourre-tout qui sauve les bons textes ne cadrant dans aucun thème. Et malgré qu'il soit théoriquement possible à un auteur de Kujuaq d'envoyer un texte non-sollicité rue Marie-Anne (les thèmes sont annoncés quelques parutions à l'avance, mais l'ordre n'est pas coulé dans le béton), dans les faits, il n'y a pas beaucoup de place pour quelqu'un qui n'a pas été invité par le directeur du numéro (directeur invité, qui se tape le boulot à l'oeil et trouve parfois que c'est un beau jour pour se flinguer à Louisevillle ou s'immoler par le feu ou les deux si ce damné numéro ne sort pas bientôt pour mettre fin à ses souffrances). Fatalement, les mêmes noms reviennent, on s'invite entre nous, et bien qu'il n'y ait pas de définition précise, on peut estimer qu'après cinq publications tel auteur est un mafieux Moebius. Ça ne veut rien dire, en vérité. C'est une appellation de dérision forgée par ceux du dehors, pas ceux du dedans. Giroux aimerait bien que j'arrête de m'en servir si souvent. Too bad. Ça sonne bien.

13.9.08

Le vrai grand leader

Nouvelle pub rouge. Des matantes comédiennes à temps partiel jouent des matantes matantes à temps plein et nous expliquent c'est quoi un vrai leader, et quoi c'est pas, puis comme en morphing on jumpe à une jeune qui peut avoir 18 ou 25 ans, puis un beau mec athlétique bronzé qu'on a déja vu quelque part puis un autre mec athlétique bronzé qu'on a vu partout sans savoir ou au juste a la tévé dans quel téléroman c'est même pas en tout cas une pub de margarine ou de céréales full fibres, et il nous parle du vrai grand leader, de son courage et son désintéressement, c'est vraiment fort intéressant, on se dit il va le nommer oui ou crisse, il va le montrer? Bon, on apprend que c'est Stéphane Dion et c'est fini. Ils l'ont pas montré. Pourquoi, donc, qu'ils m'ont pas montré le vrai grand leader? A-t-il un bobo sur la bouche?

Droper les gants, duel, dystopie

Feeling en mode anthologique.

Avec la mémoire du monde nowadays, on peut générer une anthologie toute fraîche une fois par mois, et deux magazines seraient en masse, en même temps qu'un minimum (faut qu'ils se contredisent, faut qu'ils s'ostinent, faut que la liberté de presse et le congrès des points de vue soient préservés contre toute atteinte par la tyrannie, et la grand-mère de l'anonyme est un être humain, et il ressemble à Rambo comme un Lhasa Apso à un pitbull).

Feeling en mode anthologique, et feeling de rigoler mais sérieux pareil, faque je me repasse des affaires que j'aime.

Extrait de L'orage, Gomeux, 31 août 2008

En beau joualvert contre ces petits mongols donc, qui ont pris gout aux discours, qui vomissent leur amnésie partout où on leur en donne la chance, qui travaillent en construction mais qui détestent leur syndicat, qui plutôt que de demander plus d'argent à leurs serfs, chialent sur le montant que le gouvernement leur prends à chaque paie. Oui, on paye des taxes, mais bout de crisse, si on était moins schizo, plus debout, chez nous! ben crisse, y aurait moyen d'avoir des services équivalent aux taxes qu'on paie.

En esti contre ces grandes gueules qui dans le vestiaire avant la game de hockey libre à Brossard, chialent contre la police en jeans trop mounounes contre les nèyes pis qui braillent quand tu leurs snap la puck dessus, enwouèlle, drop les tes gants, le mongol, chu là!


Et c'est vrai. Il est là. C'est rendu rather rare.

La Malice veut jouer dur

Eh, sur ton blogue t'as oublié de mentionner que Charles est le petit frère adoré de notre amie Miléna (...)! Google t'a pas dit ça?

Pas besoin de Google. Je connais Mélanie. Épaisse. Y a pas grand chose que tu sais que j'ignore. Fuck off, babe, I'm just warming up.

Alternatives

Mon Kermit, The Red Menace, me déçoit beaucoup. Quand on peut pas rester anonyme plus de trois heures avant de se faire percer à jour, mieux vaut signer tout de go et nous épargner la peine inutile. Comme il l'a dit et répété dans son incarnation batracienne, je ne rajeunis pas: des trois heures, j'en ai pas des tonnes à perdre.

Enfin, c'est à ça que sert l'expérience et ce qu'il faut bien appeler la jarnigouène: un ti-cul anonyme nous fait suer moins longtemps parce qu'on sait le faire sortir plus vite de son terrier. Celui-là, il s'appelle Charles Quimper. Oui, oui, le sale qui m'enjoint de dégager pour lui laisser la place littéraire, la bibitte qui promet de m'ouvrir la gorge et qui déclare être l'avenir.

Ça vaut la peine d'aller jeter un oeil sur l'avenir.

Vous avais dit de me le laisser.

E=m+a divisé par moi

M'en fallait plus, de rigolade triste. Seems like there's no other kind these days. M'amuse avec une gornouille. Allez-y voir, mais laissez-la moi. Les cuisses sont succulentes sauf qu'y a pas gros de viande et j'ai faim.

E=mc2

E pour énergie, tout le monde sait ça. = pour égale. mc pour McComber. 2 pour l'étrange phénomène qui s'est produit l'autre jour quand il a posté le comm qui suit à mon billet-clip. J'ai ri comme un défoncé, me suis quasiment souillé à le lire une première fois. La relecture m'a laissé grave, calme et respectueux.

Là, j'avais envie de rire avant d'aller me coucher, aussi ne vais-je le lire qu'une fois. Et je le reproduis ici pour le bénéfice de ceux qui aiment l'algèbre de la libre pensée et marcher debout autrement que par hasard comme des singes. Les hommes marchent debout tout le temps. C'est ce qui les distingue, avec le pouce opposé aux autres doigts, et ce n'est pas une raison pour se l'enfoncer dans le cul: il sert à mieux empoigner une bouteille.

Voilà. Tout ce qui suit est de Mac.

Ah… C'est navrant. Je suis toujours étonné de constater la mollesse intellectuelle des moralistes. C'est à ça que sont parvenus les Faucons de l'école de Léo Strauss. Terrifier la termitière à un point tel que tout ce qui finit par sortir des gosiers est une sorte de cri primal et désarticulé qu'on est tenu de prendre en compte sous peine d'être qualifié de brute insensible.

Mathématiquement, les Martinais de ce genre nous forcent à discuter d'équations qu'ils posent à peu près comme ceci :

Pomme = chinois = tomate + astéroïde
Profit - pomme = poulet
Tomate + astéroïde - poulet / transport en commun < ou = à Averell Harriman
D'où : Tomate / plus-value = usufruit de la plote de sa mère

D'où on conclut que :
Pomme + art = gaspillage
Pomme = 0
Ergo :
Art = gaspillage

D'où :
Achetons des hélicoptères de combat montés de tourelles à Gatling 600 balles par minute (y a des petites fillettes qu'on empêche d'aller à l'école).

On fait trois émissions, une bourge pour Téléquébec/Arte, une moyenne pour RC/TF1, pis une morone pour TVA/M6. Le but : filmer des experts en train de répéter l'équation sur fond musical, et afficher 500 fois la conclusion :
ART = GASPILLAGE.

Qui osera revenir là-dessus ensuite, par exemple, en voulant quantifier la valeur « pomme ». Tu vas parler à qui ? Tu vas partir un blog. Tu vas imprimer un samizdat. Tu vas écoeurer tes blondes avec ça.

Naaah.
Reste plus qu'à se positionner pour ou contre le gaspillage. Le poncif est enfoncé. Les pas sont imposés par la musique, et par le patron de la salle de danse. T'aimes pas ? Flingue-toi. On entend plus que ça, anyway, dans le mix. Les tambours. Ça a remplacé le bruit des bottes. Dansez sur le beat, c'est la machine qui compte le temps. Bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah…

Meuuh… Meuuuh… Tazez-moi, je m'ennuie ! Meuuuh… meuh… attachez-moi une couille au plafond par un crochet rouillé… Bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah, bah… And the beat goes on. In ingles.

Publier, effacer: update

Ma réflexion progresse. Je ne veux pas être Winston Smith. Je ne veux pas être le Big Brother de mon Winston . Je ne veux pas être en une seule paire de jeans moulée sexy sur les deux culs voluptueux d'un schizophrène paranoïaque, c'est-à-dire moi. Je ne veux pas réviser l'Histoire et l'imprimé, je veux pouvoir parfois...

Mais non. Il n'y en a pas, de cadre moral pour ce que je voudrais pouvoir parfois, et il y a tant de raisons pour n'en souffler mot, ne serait-ce que parce qu'on me reprocherait someday somewhere d'avoir même un instant souhaité pouvoir déroger à une éthique nette. Ceux qui blasteraient le plus ne seraient pas les petits ennemis ordinaires, les anonymes châtrés qui sèment des haikus en anglais de cul aux vents douteux de la sphère; ce serait les gens qui comptent sur moi, les honnêtes et les gentils, ceux-là qui pensent avant de sauter dans le feu, le temps de s'assurer d'une ligne de conduite cohérente, et puis qui sautent: ceux qui sortiront de là, de l'épreuve du feu, et qui se plaindront de l'avoir tentée, qui viendront me demander des comptes parce que mon exemple les y aurait poussés, je veux pouvoir sans regret les repousser dans le charcoal et passer mon chemin sans pisser dessus pour les éteindre, et aller jaser avec ceux qui auront bravé le bûcher pour leurs propres motifs moraux. Ceux-là, s'ils fument toujours un peu, je leur pisserai dessus de bon coeur.

Publier, effacer: update. Je ne veux plus que ça arrive, que je publie pour effacer ensuite, mais je suis trop incertain de mon jugement, temporairement, pour le promettre. Par contre, je vais annoncer tout de suite le sujet de deux prochains billets, ça me servira d'ancrage le temps que je me (re)dresse, et cela, je ne l'effacerai pas.

Je vais parler de Monique Giroux et d'un projet inouï qu'elle a mis en branle. Inouï, c'est le mot.

Et je vais recenser les suites de notre chaîne de bureaux blogués (sur trois générations de tag, gros max, après ça devient exponentiellement on-s'en-crisse), dont je m'excusais à l'avance auprès de mes tagués pour l'importunité, et qui a viré en gros trip de fun noir pour tous les tribaux.

Swan

Bon. Allez lire ça. Fuck Triptyque, fuck son boss, fuck Moebius pis fuck...

Oh, crisse, c'est mon ami, je peux pas dire fuck lui.

Vive Swan.

11.9.08

Gomeux & Son

Sont beaux joueurs, les copains.

Gomeux doit se sentir en pénitence assis là quand il fait noir...

Le bureau de McComber Worldwide Inc.

Avouez que c'est pas banal.

Suite Office

Le crédit photo est à verser au compte de Kevin Vigneau (Oui, Christ! il existe vraiment hors des romans; si les dix prochains habitants qui vont s'en étonner, en douter ou réclamer une preuve gagnaient une claque sur la yeule du sieur sus-nommé, ça leur ferait passer la notion qu'il est un être de fiction).



Grâce à son affection et son Kodak, voici mon bureau: Ceci est mon bureau livré pour vous, assisez-vous pas su'l bord ya pas de pattes.

Bon, euh, tout ça, c'est la faute à Dominic Arpin, via Patrick Dion, et maintenant je dois transmettre ma contagion, on va m'en vouloir autant que j'en veux à Pat astheure, faque j'ai mis les adresses de cinq amis dans mon chapeau et je vais tirer cinq noms au hasard...

Aah! Fuck it! Je ferme les yeux pour être fair, je glisse à terre!

Le premier sera Mac. Son bureau risque d'en surprendre plusieurs.

Ensuite de ça, Gaétan Bouchard.

Ivan le Terrible.

Gomeux.

Le dessert viendra de Belgique: Philo a grand besoin de se défouler un peu.

10.9.08

FatFace $ PinHead

Les pubs électorales sont sorties depuis une couple de jours.

Celle des Bleus est insultante à hurler, tous ces ministres attablés autour du Premier dans une cuisine, ânonnant une saynette presque aussi fausse et irritante qu'un épisode de Virginie.

Celle des Rouges fait mon affaire: simultanément, j'ai cessé de recevoir ce flot de courriels idiots m'accusant de cryptoconservatisme assoiffé de sang , situé vers l'occident de l'extrême-droite. Aussitôt que le monde a commencé à voir Dion jaillir de la tévé comme un Jack-in-the-box au cou articulé par un spring lousse, aussitôt que le monde a vu la grotesque face de Denis Coderre gueuler en gros plan et faire peur aux enfants à l'heure du souper, le monde semble avoir perdu l'envie de m'ostiner sur mon désir de statu quo. Y en a qui disent que l'apparence est un facteur trivial et superficiel en matière démocratique. Moi, je dis que je veux pas voir ces gueules d'ordures, lire l'ambition, la duplicité ou la couardise dans leurs yeux faux, cinq ans durant au Téléjournal.

9.9.08

La Tribu

Ça gosse ben du monde, ça, la Tribu. Si c'était une tribu ordinaire, ça gosserait surtout ceux qui n'en sont pas: pourquoi, comment, où, de kossé? Mais elle n'a rien d'ordinaire et ceux que ça gosse le plus sont ceux qui sont dedans. Au début. Faut dire que c'est un brin traumatisant: une minute t'es tranquille à faire ta petite affaire sans déranger personne et la minute d'après Ba-da-bing Ba-da-boum t'es dans la Tribu, et y a pas de sortie. De quoi flipper Twilight Zone. Mais c'est comme ça. Y a jamais personne qui voulait être dans la Tribu qui l'a été, c'est même la plus sûre manière de rester dehors, avis à ceux qui redoutent d'être recrutés par erreur: c'est ainsi qu'il faut s'y prendre.

On entre sans l'avoir demandé, on n'en sort plus jamais, même pas mort, en ce sens la Mafia est plus souple.

Un de mes deux ou trois amis les plus chers a rompu les ponts avec moi récemment, il se peut que nous n'échangieons plus jamais un seul mot, pourtant il fait toujours partie de la Tribu, tout comme moi, il le sait et on n'a même pas besoin d'en parler. Parce que c'est un état d'esprit, pas un club Kiwanis, et que parmi les idiosyncrasies qui nous rassemblent tous, la plus singulière n'est pas l'égo monstrueux, c'est la capacité d'en faire abstraction entre nous, dans le cercle tribal, le temps de relaxer en sachant qu'on n'aura pas à faire la classe ou à protéger notre substance des parasites aux dents longues et aux échines torses. Un espace virtuel et moral où le coeur peut parler sans danger, l'esprit jouter pour le pur plaisir, l'amitié s'épanouir. Des fois, aussi, on fait griller des guimauves et venir des danseuses.

7.9.08

Sandra Gordon, the original: La dernière beatnik

À débarque toujours juste quand c'est le temps, elle part jamais trop tard, on se connaît que par le Web mais parfois, oh, disons aux six mois, je m'endors tête première sur le clavier, un mégot entre les dents, sensible comme un mur de ciment, et juste quand ça commence à puer le plastique cramé, une main virtuelle, y a pas d'autre expression, me réveille doucement et fermement, c'est Sandra, sauf qu'elle n'est pas là, elle est dans la machine, et elle s'arrange ché pas comment pour que j'aille au pieu.

C'est le temps d'aller faire une virée à LA COUR À SCRAP.

Suppression

Vous avez dû remarquer, en tout cas moi ça ne m'a pas échappé, qu'il m'arrive de plus en plus souvent de publier un billet pour le retirer quelques heures plus tard.

Je n'ai pas d'explications à fournir encore. Rien de ceci ne me ressemble. Les psychotropes m'ont souvent versé un supplément d'audace dans les veines, mais ils n'avaient jamais eu d'incidence sur mon jugement stratégique, encore moins littéraire. Ce n'est plus le cas. Me reste à m'observer, m'épier, m'écouter, découvrir si ces occurrences relèvent d'une mutation de mes vues, d'une faille physique, d'un défaut d'adaptation aux réalités nouvelles de mon âge, ou simplement, et ce serait terrible, d'un relâchement éthique lié à une seconde perte de foi. Ce serait, assurément, un cul-de-sac.

En attendant, je retire le billet bien vitriolique que j'ai publié cette nuit. Le relisant, je n'ai pu lui trouver aucune justification, sinon qu'il me défoulait; j'y ai bien mis trois ou quatre heures. Sauf que le type en cause y était accablé pour rien, rien d'autre que le fait qu'il me rend malade, mais ça n'a jamais été une raison suffisante à mes yeux pour s'en prendre à quelqu'un. Je ne comprends pas ce à quoi j'ai pensé.

Alors voilà. L'occasion se représentera, et je lui enfoncerai des mots-clous dans les nerfs, mais pas comme ça, pas pour rien, pas parce que je suis en guerre avec Bigras qui lui m'a fait quelque chose.

Je poste ceci pour ceux qui l'ont lu, le billet évaporé, pas pour exciter la curiosité des autres. Ceux qui l'ont lu ont le droit de savoir pourquoi il n'y est plus.

6.9.08

Geste de réparation: la suite

OK, OK, ça me revient, pourquoi je l'ai pas fait. Ça me travaillait, je me sentais coupable, j'avais juré de pas me coucher, me raser, baiser avant de m'être purgé de cette bilieuse noix pesant lourd sur mon coeur...

Mais je m'en souviens, astheure, c'est mon chien qui a mangé mon devoir. Non, c'est mon devoir qui a mangé mon chien. J'ai raté le dernier métro. Ma grand-mère était malade. Y en restait pus, de disques, chez HMV quand chu arrivé, y étaient toute vendus. J'ai pris un taxi jusque chez Véronique pour qu'elle t'achemine ma part, tsé, mais son butler a dit qu'elle était au Bistro à Jojo en train de caler des shooters la tête en arrière.

Fait que je suis un peu désemparé. Où t'envoyer réparation, Nathalie Simard? Prends-tu PayPal?

Geste de réparation

C'est sûr que, vu sous cet angle, on est tous une belle bande d'enfants de chiennes.

Vous avez réparé, vous? Moi, ça m'est complètement sorti de l'idée.

En lisant ça, j'en voulais moins à la journaliste pour son truc avec Bigras. Ouais, ça peut toujours être pire, mais parfois pire c'est bien. Et ça c'est tellement pire que tout, I mean gênant et gras de stuff glissant dégueulasse, vous savez ce que je veux dire, y a pas de mots, anyway je file mieux. Enfin, pas pire.

Hhhmmmmpppff...

C'était une réelle souffrance

Toutes ces hosties de lignes ouvertes pleines de Français fendants au micro, j'avais dix ans et je voulais qu'ils crèvent, ils se moquaient des pauvres gens qui étaient mes voisins ou mes parents éloignés, ou moi peut-être un jour. Frenchie Jarraud, Edward Rémy, Hélène Chépuki, et tous ces cossins d'huile de serpent, et ils faisaient à peine semblant de respecter les gens, et je me suis mis à les haïr, mais franchement je peux pas jurer qu'ils m'ont pas colonisé un morceau, sinon je leur en voudrais pas tant.

Aujourd'hui ils sont tous morts, mais si je savais où on a dompé leurs os, j'irais pisser dessus. Pas très sain, j'en conviens, et qui ne réglerait rien.

Le but de mon petit sketch tout à l'heure, et de ceci qui le suit, c'est d'essayer de vous faire voir que le net, les blogs, les agglutinations de commentaires autour de forums, c'est la même calice d'affaire. C'est pas forcé d'être ça, mais la gravité joue, tout nous y incite, et je sais que vous changerez pas, vous les intelligents que je connais, je sais que je suis aspiré aussi par ma faiblesse et ma paresse, mais il y a une chose dont je sais que je pourrai toujours la dénoncer: la pédanterie de tous les crottés qui se pensent plus smattes que les Belles-Soeurs parce qu'ils végètent sur le Net au lieu d'un balcon du Plateau en mil-neuf-cent soixante et quelque. Frenchie n'est pas mort, ni Edward, ni Hélène chépaki, et nous sommes tous des Belles-Soeurs astheure. Étouffons-nous avec nos timbres Gold Star.

Médame Proooouuulx?

Radio-Sexe, bonjour. Bonjour Fernande, de Saint-Liboire.

Médame Proooouuulx?

Oui, Fernande, vous êtes en ondes.

Méda...

Fernande, pourriez-vous fermer votre radio? Vous comprenez, ça cause des réverb...

Médame Proooouuulx?

Fernande, allez tourner le piton de votre radio et revenez prendre le téléphone, on vous attend, on va se parler.

Mé...

FERNANDE!

...

Bon, c'est rentré dans les ordres, alors qu'est-ce qui serait votre problème ma belle Fernande? Un beau coin, Saint-Liboire. Je suis passée par-là, dans le cadre d'une tournée, et, euh, c'est le plus beau coin du Québec, peut-être. Avec mon imprésario. Une tournée. On n'a pas pu rester pour visiter, malheureusement. On allait, euh, négocier un important contrat, ahh, mais j'en ai déjà trop dit, ça ne s'est pas fait, vous savez ce que c'est le show-business, vous lisez le Télé-Radio-Monde, imprimé par Monsieur Pierre Péladeau, un homme délicieux en passant, très propre sur lui et impressionnant comme Canadien-Français avec de l'argent, ce qui me fait penser j'allais oublier mesdames Danielle Ouimet sera avec nous vendredi!

Médame Proooouuulx?

Huh?

M...

Il faut savoir se faire respecter comme artiste, c'est Jean Lalonde qui m'a appris ça, Monsieur Jean Lalonde, hein mesdames? Le dernier des vrais crooners avec Fernand Robidoux. En tout cas chers auditeurs vous ne direz pas que je ne vous aime pas, à vous parler comme ça en confidence, et qui ne se souvient pas de Madame Alys Roby? Nous sommes avec Fernande, de Saint-Nazaire!

Saint-Liboire. Médame Proooouuulx?

Oui.

C'est pas vrai, hein, que Michel Louvain c't'une tap...

Non, non, non, Fernande. Je comprends votre question, il y a toujours des langues sales dans la colonie artistique comme dans le Plateau Mont-Royal, on sait comment c'est, quand quelqu'un réussit, d'autres veulent le salir, et Michel Louvain est certainement, euh, une de nos plus grandes, un artiste le plus grand qu'on a eu, et rappelez-vous qu'Elvis a eu à tourner le dos aux mêmes choses que vous dites pas, et j'en passe, c'est justement le genre de potinance malveillage qu'on essaie d'enrudiquer ici à CKVL grâce aux frères Teitelman qui sont bien bons pour nous autres, oh, je vois qu'on a un autre appel, tout de suite après l'important message du docteur David Azoulay on passe à un autre appel, Radio-Sexe avec Huguette Proulx, le numéro est...

Médame Proooouuulx?

Ce que j'ai lu de mieux cette semaine

Attention, c'est délicat, mince et métallique avec des grumeaux collés comme une aiguille dans le bras qui a servi déjà mais pas pour de la bonne comme ça.

Faut être prudent quand on baragouine avec de la nitroglycérine entre les dents…

La fin gâcherait tout, avec ces rimes en bouscueil de petite fille, si elles ne venaient confirmer ce que la grande nous expose au début. Je le ferais lire à mes étudiants en littérature si j'étais assez cave pour être prof. J'aurais voulu qu'on me le fasse lire, dans le temps, mais ce genre de texte n'existait pas. Les filles n'écrivaient pas avec cette paix en 1985.

C'est tordant, tout le monde s'en crisse

Ce grand insignifiant me repique un bébé qu'on a fait ensemble, se sauve avec pour le foutre dans la gorge d'une autre en éructant des Rhha rhha Rha Tu me tueras Canadian Tire, et tout le monde s'en crisse. Entre courriels et coups de fil, l'harmonie règne: on trouve que Mistral pique une crisette mistralique, probable qu'il a pris de la droye, peut-être même bu de la bière. Ça va lui passer.

Pis, Danny, t'aimes-tu ça, te faire fourrer? Comment ça s'est fini ta poursuite contre la radio pour perte de Canadian Tire?

On m'achale depuis des années pour savoir ce qui m'a ôté le goût d'écrire des chansons. J'ai jamais rien dit hors du privé, je trouvais que ça manquerait de dignité, mais y a du monde qui comptent là-dessus, la dignité et le travail d'autrui, et qui ne perdent pas une minute de sommeil à l'idée de coller leur ventouse à la source comme des hosties de maringouins, et vient un temps où faut un coup sec de tapette, héhé.

Ben voilà: ceux qui voulaient tant le savoir, vous le savez astheure. Allez vous faire tatouer la face d'Éric Lapointe dans le bas du dos pis crissez-moi patience. Je sais que ça paraît pas comme ça, mais je suis de mauvaise humeur.

Dans le blanc des yeux

Renée Martel.

Comment osez-vous enregistrer mes mots sans me faire le courtoisie d'un coup de fil? Légalement, rien ne s'y oppose, mais moi je m'y oppose, et je vais devoir rappeler qu'il est des lois qui ont précédence.

Allez à Londres faire du cinéma avec Bigras et ne vous faites pas valoir avec mes mots de mon vivant sans m'en parler avant!

Sale picouille de fond de bar-salon, faut être effrontée en tabarnak, je pense que je commencerais quasiment à me fâcher.

V'là Bigras qui recommence

Seize ans que ça dure.

Un moment donné, il avait annoncé sa retraite, mais on sait ce que ça veut dire: Plume a toffé six jours, Leloup six ans, Ferland six semaines, Bigras soixante secondes. Mais dans le cas de Dan, ça m'a suffi pour fermer ma gueule, en public: je me suis dit il a d'autres intérêts, il se tiraille avec des durs luisants sur le ring et sous la caméra, il aide des jeunes au refuge et dans les pubs de St-Hub et à Télé-Québec, il écrit même ses propres trucs astheure, il a plus besoin de faire accroire qu'il a écrit les miens.

Ben non. Le v'là reparti. Seize ans qu'il use du verbe écrire au lieu de composer pour parler des chansons qu'on a créées ensemble, moi les mots, lui la mélodie. Vous trouverez peut-être que j'ai la peau trop sensible. Je vous emmerde.

Dans cet entretien, il ressort son poncif de zones communes, en parlant de Renée Martel. À l'époque, dans toutes les gazettes et les tivis, il nous décrivait comme partageant des zones d'ombre communes. Il voulait dire que ce que j'ai écrit est à lui. De lui, tant qu'à y être. Le mec a de la misère à écrire sa liste d'épicerie et il sous-entend que mes vers sortent un peu de son cul. C'est écoeurant.

J'aurais pas détesté qu'on me consulte avant de reprendre Soirs de Scotch, avec Renée Martel ou qui que ce soit. Mais je viens de l'apprendre par le journal, et je vais brasser de la marde.

Gros crisse de sale.

Les nerfs, la blogosphère

Kesse vous en avez à foutre que Stephen Harper soit réélu? C'est pas comme s'il était vraiment dangereux. À tout prendre, je préférerais pas de gouvernement du tout, mais s'il en faut un absolument, aussi bien qu'il soit minoritaire Conservateur et impuissant avec un Césarion en proue que majoritaire Libéral avec un impuissant au top et une légion de crosseurs revanchards derrière.

J'adore les Conservateurs. Leur programme comprend le rétablissement de la peine de mort, dont tous les sondages depuis 25 ans indiquent que les Canadiens la réclament en majorité, pourtant même sous Mulroney, quand le Parlement était à eux, ils n'ont pas osé l'appliquer. Même chose pour l'avortement, même chose pour tout. Laissez-les jouer aux cowboys et aux Indiens, aux Démocrates et aux Républicains: ils sont tellement honnêtes pour la plupart qu'ils ne songent même pas à piller le Trésor public. Cela vient après le second mandat, pour eux. Les Libéraux ne songent qu'à ça, à force de gouverner toujours depuis 130 ans.

Harper donne des candys à l'Ouest, des candys à l'est, il fait une crisse de bonne job et il est moins révoltant à regarder pendant quatre ans aux nouvelles de six heures que l'autre flagelle.

On est samedi, sans farce?

Personne me dit jamais rien.

Garde du corps

Bien que la moralité et les interdits qu’elle dicte aient évolué depuis Courbet, notamment grâce à la photographie et au cinéma, le tableau est resté provocateur. En témoigne l’événement qu’a représenté son entrée au musée d’Orsay. Un gardien fut même affecté en permanence à la surveillance de cette seule pièce, pour observer les réactions du public.





On l'a pris gay, pour plus de sûreté.

Pour Mac, qui n'en a pas besoin, et pour les autres.

4.9.08

Trop beau pour être vrai. Sort of.

Ce qui me fait chier, la seule affaire astheure, c'est qu'il faut que j'ajoute ce post-scriptum à mon billet de tantôt sur les chiens, les chats et les bodysnatchers. Je ris, un peu nerveusement mais je ris, de ce qui se passe en ce moment-même, et c'est mieux que toutes les alternatives, mais je voulais pas en rajouter, on va encore me reprocher de souiller la place publique avec une affaire privée, mais qu'est-ce que vous voulez: y a pas un écrivain au monde qui serait pas obligé d'écrire ceci.

Je l'ai dit, les flics sont venus hier matin tôt sur appel d'un voisin excédé, ils sont entrés, ont enquêté, ont failli l'arrêter, ont accepté de la laisser partir à condition qu'elle parte et ne revienne pas. C'était prévisible: j'avais réussi avec peine il y a six semaines à le lui éviter, en dissuadant les gens d'ici de la faire expulser, mais je les ai vus pâlir quand elle est arrivée l'autre soir.

Eh ben, je finissais de polir mon billet quand on a frappé à la porte et j'ai ouvert et vous devinez le reste, j'ai refermé, abasourdi, j'ai dit tu dois filer, ils vont rappeler leur 911 et ce coup-ci tu dors au poste, mais elle n'entendait pas, occupée à gémir que je suis censé être un altruiste, a siffler pitié, j'ai essayé une dernière fois de lui faire comprendre a travers la porte que c'était justement pour ça que je lui recommandais de prendre de l'avance, on n'est pas dans une bourgade de province ici, quand les flics te disent de te faire oublier, tu déménages, mais c'était comme chaque fois que je lui ai parlé d'expérience, elle est persuadée que le monde est un théâtre d'ombres et de guignols pour son amusement, un film avec des monstres en celluloid, ou la police fait semblant de jouer la police, le Hells est un acteur déguisé en Hells, l'écrivain est un fat ignorant qui n'en sait pas plus qu'elle seulement parce qu'il a gagné au loto de l'édition douze fois en vingt ans alors qu'elle est bloquée page 30 de son premier manuscrit, l'université vaut un abonnement au Nautilus, la psycho est une science et son con n'enverra pas de conséquences vers sa tête et son coeur juste parce qu'il est moderne, et oh, bordel, je vous épargne le reste, que je sais par coeur même si j'ai pas entendu un mot de plus, le disque est usé, anyway, je sais que c'est inconcevable, même moi j'y crois pas, mais elle tape comme une sourde dans la porte au même rythme que je tape ces mots, et soudain les hurlements du chien et les plaintes de la scie se mêlent en un parfait son blanc, lénifiant, insonorisant...

C'est Mac qui écrivait pas plus tard que le premier septembre (il permettra que je le cite): Uhm… Il est vrai que, si vous me permettez de m'auto-citer, « ça peut toujours être pire. » Ne jamais oublier ça… Tout peut toujours être pire. Pas besoin de 100 giga de mémoire pour se rappeler de ça.

J'avais trouvé ça spirituel, viril et prophétique comme il convient à l'écrivain de l'être quand il transforme ses aléas en matière littéraire, mais ça me chicotait, j'avais pas réalisé que j'ai commis une métaphore avec le sol qui s'ouvre sous vos baskets quand vous pensez avoir touché le fond, ça vient juste de me revenir, je me rappelle pas encore dans quel livre, ça fait un bail, mais bon, ce qui me buzzait autour du crâne comme une mouche merdière invisible, c'était ce sentiment effrayant que Mac avait raison, sur toute la ligne, sauf le bout qui se rit des gens qui l'oublient, héhé.

Je me marre maintenant, je ris de moi et de cette vie avec de grands sursauts de bedaine, la tension sort, je pense au fameux acronyme anonyme que Mac et moi nous sommes amusés a forger puis a répandre au temps des fêtes sur la blogosphère comme des Santa Claus hilares et seuls: LYES. LYES. LYES. La Yeule En Sang. A force de rire tellement...

L'usure d'une force de la nature

These last days I've been caught between a howling dog and a crazy screaming pussy, I'm beginning to feel like some character in a Poe and/or de Maupassant short-story, except this doesn't end, they took the pussy away but the hellish bitch of a dog keeps on calling that woman who left it there alone this morning and the one before and the one before that, every three minutes like clockwork you hear this winter wind high-pitching through the closed windows and you wake up in a sweat, except the windows are wide open, there's no wind, no winter, it's a sweet september, it's going to be gone before we know it, and that grotesque nevrotic beast that can't live with itself a few hours a day without crying those disgusting sounds of degenerate despair so someone somewhere will come and pet it, oh God I fear that kind, they're are more and more everywhere, dogs thinking they're cats and girls thinking they're Hemingway and failed middle-aged men suddenly remembering they were raped in the shed the day Bobby Kennedy was shot, all those endless legions of lost creatures joining the parade of victims, chanting together, feeling stronger, this is all too much for me to comprehend, I only know those zombies will win in the end, there won't be one single Howard Roark-like character left standing anywhere, male or female, human or canine. I haven't thrown up in twenty years but I'd give anything for a bitter and brutal barf right now. I seem to remember I felt better afterwards.

There's some guy using an electric saw out there, not a pleasing sound at all usually, but the stinking dog still manages to screech worst. Either kill it or kill me, please.

When the moon hits your eye like a big pizza pie, je bidouille.

Ting-a-ling-a-ling, ting-a-ling-a-ling, chante, mon gars, fais comme un oiseau, un piaf qui ne se cachera pas pour mourir: j'ai bidouillé toute la nuit ce blog en pestant et bénissant et priant le nom d'Annie Strohem, qui m'apprit à le faire et comment ça s'appelle.

Si on vous répète que je suis le pionnier du blog littéraire au Québec, rappelez-vous que sans elle, venue avant moi, j'en serais toujours à graver quelques rimettes farouches à la pointe du canif sur la surface cathodique d'un moniteur à Off, tout en parcourant les touches du clavier de mon oeil impatient, louche et gauche, cherchant le piton pour Fiat Lux!

Mais enfin, j'étais doué pour la chose, et quoique impatient je n'arrêtais jamais: c'est ce qu'elle m'apprit en premier, que l'ordi c'est ainsi, que Capri c'est fini, qu'il faut se buter comme un âne aux problèmes et se résoudre à en voir surgir deux pour chacun qu'on résout, mais qu'on finit par aboutir, si on est taillé dans cette étoffe qui préfère se salir sans sortir des balises et s'user en polissant du code HTML jusqu'aux palpitations de l'aube. Bidouiller, c'est ça, et ça fait un bien fou quand on vient de rompre enfin avec la folie de son amour, qu'on veut marquer le jour d'une pierre wysiwyg, une pierre tombale, une borne romaine, une garnotte à slingshot, un galet pour lapider le temps perdu et s'éloigner soulagé dans l'autre direction.

Bidouiller des onze, douze heures, après un temps, quand il vous en fallait dix avant, c'est vous démontrer à vous-même que si le souffle est court et le désir moins ardent (qu'avant), vous n'en poursuivez pas moins l'ascension et la traversée des alpages, pétant au passage quand vous croisez les bêlants génies qui vous y enverraient paître si vous leur présentiez un miroir juste après leur avoir dessiné un mouton.

Enfin, j'espère que le nouveau design ne vous déplaît pas trop. Moi, je sais pas, j'ai pus les yeux en face des trous.

Hearts will play
tippy-tippy-tay,
tippy-tippy-tay
Like a gay tarantella...

2.9.08

Un vers dans l'Apple, ma clique et les claques

And, in the end, the love you take
Is equal to the love you make...


The End, Abbey Road, The Beatles ( Lennon/McCartney, comme si Lennon pouvait écrire un si beau vers), Apple Records, 1969.

+++

C'est ça, Patrick, merci ben gros, astheure on va avoir tous les obsédés par la clique du Plateau sur le dos, vont crier à la concussion, gémir qu'on prévarique, grattons-nous le dos car ça nous pique...

Héhé. Thanks, man. Suis touché.

J'ai lu quelque part, j'oublie où, qu'une portion de la gens carnetis profitait du 31 août pour ploguer cinq blogs cools récemment découverts, ou cinq qu'on ne fréquenterait pas avec assiduité parce qu'ils sont éloignés de nos préoccupations mais auxquels on reconnaît des qualités qui les distinguent.

Touché, disais-je, donc débiteur: j'ai une créance karmique envers la blogoboule. J'ai passé la nuit, ça s'est adonné ainsi, à labourer à travers des sites pourris de qualités mais qui me faisaient fort chier, et j'ai pas envie d'en parler pantoute, mais ma liste de marque-pages contient aussi de chouettes trouvailles, à peu près cinq, so let's (blog)roll: je ne vais pas élaborer maintenant sur mes raisons parce qu'il me reste dix minutes gros max avant de m'effoirer comateux sur le clavier.

1. Simplement: un récent billet, magistral, voit Mars péter la gueule à Février...

2. HoaxBuster: Who you gonna call? Où l'on voit que l'existence des légendes urbaines n'est pas une légende urbaine.

3. Wired: beaucoup de stock, dont des blogs captivants, pour la tête d'ampoule qui a tout sauf un lien vers Literotica.

4. WaybackMachine: un insondable cimetière muséal de l'internet, dont les blogs morts et déterrés.

Faut que j'aille me coucher...

31.8.08

Boucle bouclée, cerise ardente sur un sundae fondant

Mac et Antonios sont en vacances quelque part au fond de la mer, mais le reste de la tribu disponible a fait la job comme d'habitude, chirurgicale, articulée, digne, intelligente et passionnée, sans omettre de faire chier du sang aux caves qui oublient prudence et grâces sociales.

Y a que l'exposé de Meth qui n'a pas trouvé grâce aux yeux du rédac-chef de Liberté au Canada. C'est savoureux en sacrement, surtout pour ceux qui la connaissent: elle pond un papier tout en nuances et en retenue, et on lui refuse le crachoir pour cause d'attaques ad hominem. Ils savent pas ce qu'est une attaque ad hominem tant qu'ils l'ont pas rencontrée, héhé: elle est capable de rapprocher considérablement les hominem d'ad patres d'un seul regard si elle se fiche en rogne.

Alors, bien sûr, son texte va paraître ici. En complément de ceux qu'on trouvera là-bas. Qui ont tous été rédigés pour faire ravaler ses tristes gonades au goret gorlo qui s'est figuré pouvoir nous grogner son haleine de Goering sans qu'on en fasse du bacon.

Oh, pour les nouveaux: ici on cultive l'attaque ad hominem, une journée sans attaque ad hominem est comme une polka sans accordéon.

L'ironie juteuse, full goo, c'est qu'elle a écrit ça pour répliquer à ce qui ressemble diablement à une attaque ad hominem, et que quand l'homo c'est moi, elle saute dans le tas. Ma reine.

Methane Alyze aka Mélissa LeBlanc

Salut

L'art impopulaire ça inclut aussi la relève, mais pas tant que ça finalement, et c'est normal, l'artiste doit faire ce passage nécessaire de fronter sa vie pour l'art le temps que "ça" se fasse dans le vide de la (re)production artistique.

Je suis sur mon premier roman et je me demande si Vallée a pas chié un peu trop en même temps qu'il pondait le sien (Un titre, kekchose?) pour devenir fasciste névrotique schizoïde de même et feindre ignorer ce qui différencie un artiste d'une personne normale, surtout après que ledit artiste a publié, exposé ou diffusé le moindrement, obtenu l'approbe ou l'opprobre de son public et de ses pairs et qu'il a enfin accès à cet univers mirifico-mystique de la subvention artistique nationale de spécialité. Viva la republica grand signor!

Passke tsé, y'a une sorte de pimp sherbrookois qui a même piqué des affaires dans mon épicerie, je suis obligée de pawner trop régulièrement mon portable et je me dis Whoa Nelly! que tu sois écrivaine québécoise ou revampée par Timbaland, ce que vous financez à fond au Canada c'est déjà pimpé, passé, douteux, listériosé sur les bords anyway, à mon goût à moi - la relève - ça fait que je vais continuer à maximiser ma subvention HLM de gens à bas revenu en région et à m'inspirer de la perte de la garde de mes enfants, parce que j'ai pas de char, pour garrocher quelques heures de sport extrème littéraire dans les cathodes numériques, tout à votre joie future.

Ouais, j'aimerais bien qu'on me paye d'avance mais ça ferait de moi une pute. En fait je me limite à la massothérapie, deux jours semaine.

Pour terminer ma mauvaise dissertation, vues d'ici, les subventions artistiques me semblent accordées au mérite à des artistes et des ratistes qui ont travaillé et travaillent activement à traduire les osties d'absurdités schizophrènes qui meublent la tête de gens comme Vallée.

On est tous des artistes quand on est up.
Toujours un plaisir de casser du fasciste et de vous dire fuck.

En attendant si vous êtes dans le huit un neuf cet automne et voulez voir moi et d'autres affaires littéraires pas financées que du monde encore plus jeune que moi font en Estrie dont l'adorable et prometteuse Sophie Jeukens qui vous dit rien de moins que :

"Vous êtes tous joyeusement conviés à l'événement culturel le plus déjanté de la rentrée 2008!
N'hésitez pas à y inviter à votre tour tous tous tous vos nombreux amis ;P
Au plaisir!".
Event: Zone d'exclamation publique
"lectures, open mike, musique, expo, foire du livre et autres p'tites folies"
What: Performance
Host: Les Plumes de L'ombre
Start Time: Wednesday, September 17 at 8:00pm
End Time: Wednesday, September 17 at 11:00pm
Where: Café Esprit et Vie (300 rue King Ouest Sherbrooke)."

Bye.

30.8.08

OK, la gang, remuez-vous, j'ai besoin de vous autres.

Allez siouplè faire un peu d'animation de ce côté. Brassez pas trop de marde, pareil, ce monde là est pas accoutumé à nos manières...

Lemieux a compté pour moi, il compte toujours, c'est un peu ce que je lui écrivais il y a quelques semaines, vingt-cinq ans après. J'ai pas le texte, je l'ai rejoint par le biais d'un formulaire sur son site, j'ai pas le texte et c'est rarissime que yours truly n'ait pas le texte, I mean je suis celui qui conserve ses listes d'épicerie pour le futur bénéfice des exégètes, je suis celui qui dort avec un extincteur sous son oreiller, je suis le notaire barbare des temps éteints, celui qui épingle chaque éclat de sa vie comme un papillon tropical et qui documente, documente, archive, documente, documente, réitère trois fois le verbe pour s'assurer que c'est documenté, mais j'ai pas ce texte-là et c'est tant mieux, lui l'a, c'était privé, parfois j'ai du mal à tracer la ligne entre le public et le privé, je vais donc de mémoire me paraphraser: je lui exprimais, vingt-cinq ans après, que son invitation au restaurant quand j'avais dix-huit ans suite à ma lettre parue dans le courrier des lecteurs du Devoir m'avait durablement marqué, de plus en plus avec le temps. Il devait avoir l'âge que j'ai maintenant, il était une sommité dans son boulot en plus d'un essayiste publié en France, et il était passé par-dessus mon extrême jeunesse, à côté de mon écoeurante maladresse, il s'était intéressé à ce que pouvait avoir en lui le signataire de cette lettre. Or, au fil des ans et de ma propre carrière, je me suis retrouvé souvent, je m'y retrouve chaque jour davantage, dans la position de garder contact avec la jeunesse agissante et de retarder le naturel qui m'inciterait à contourner la jeunesse agissante, ces abrutis de boutonneux ignares qui m'encombrent, n'est-ce pas, ces ados maigres qui ne savent pas que tout a été soldé par Hamelin et moi et que rien ne sert d'écrire encore, ces innocents attendrissants qui nous regardent de travers dans les lancements parce qu'on tend à se parler entre nous, du bon vieux temps, comme si on était des croûtons, comme si on était...

Comme si on était Claude Beausoleil et Lucien Francoeur, quand Louis et moi avions vingt ans, et qu'on les regardait se jaser d'un temps avant nous autres, de partys auxquels on n'avait pas été invités, de nuits de la poésie qu'on ne pouvait appréhender que sur film, alors qu'eux y étaient, de Gatien Lapointe et de Vanier à quatorze ans, de Hubert et de Réjean... Cibole, c'est donc nous maintenant. On le voulait si fort, être eux et pas des gamins velléitaires, et Christ on l'a eu, ce qu'on a voulu, cela et plus, ça s'est passé si vite, comme dans un mix entre une fable de La Fontaine et un conte arabe...

C'est alors, dans ces occasions-là, que je me souviens de Pierre Lemieux, et chaque fois je trouve le goût et l'énergie de parler au sacraman de jeune qui monte. Ché pas si vous comprenez. J'ai de la misère à l'expliquer. En tout cas, c'est ce qu'il m'a donné, et à des jeunes qui ne le connaissent pas, à travers moi.

Cela dit, il a besoin d'une sweet dose de la tribu, et ce M. Vallée aussi. Secouez-les moi un peu.

28.8.08

En construction (Screw Derrida: je ne déconstruis pas)

On n'en est plus au temps des gros beus, et c'est tant mieux. Le grand gros cop était le même à Boston, Chicago, Montréal et Mexico City: il opposait une force bête et brute à une force bête et brute, il poliçait de massifs arrivages de population affamée, il jouait un rôle civilisateur selon l'idée que nous nous faisions de la civilisation. Encore enfant, à la fin des années 1960, je vivais au temps des beus, des interrogatoires menés avec un gourdin de caoutchouc et un annuaire téléphonique, des flics qui fermaient les yeux sur les infractions à la circulation pour le prix d'un journal ou d'une cup de café quotidiens, des jokes de chiens, véhiculées comme eau courante par la population honnête (du genre «Faut une douzième année pour entrer dans la police, c'est pour ça qu'ils en mettent deux par char») : quand on nous ramone avec le bon vieux temps, je n'ai pas l'humeur à rigoler, car c'est un temps fini et bien fini j'espère, qui a fait son temps: le beu, aussi révolu que le télégraphiste et le maréchal-ferrant. Pas un seul policier contemporain, pas même le plus épais taré du plus consanguin village du trou du cul de l'Alabama, ne souhaiterait qu'on réinstaure ce paradigme: le policier est né en même temps que le poète dans le même quartier, ils sont allés à l'école ensemble, ils tripent sur les mêmes actrices au cinéma et ne vont pas à la messe et jouent avec leurs enfants exactement de la même façon. Si on pouvait se figurer ça, autant ces abrutis de poulets que ces tapettes de poètes, si on pouvait s'échanger des services, puisque la police a besoin des poètes et que les poètes ont besoin de la police, que les deux ont besoin de légumes et de disques de Johnny Cash, que tout le monde a besoin d'autre monde un de ces jours pour jeter de la terre sur nous et combler le trou et mettre une pierre dessus, si on s'enfonçait ça dans le crâne, c'est pourtant pas sorcier, y a des malades qui deviennent thanatologues et des dégénérés qui font actuaire et des aberrations de la nature qui deviennent flics et des handicapés sociaux-émotifs qui se font écrivains, et y a des fermiers, aussi, pour les légumes, une belle bande d'illuminés ceux-là, et y a des gouines et des curés des astronautes et des conseillers municipaux, des filles qui tonitruent et d'autres qui la prennent dans le cul en gazouillant, y a de tout dans cette humanité chassée du paradis, juste ici y a des siciliens au teint cuit par les pierres sans pitié de leur patrie même après trois générations de neige, y a des dépanneurs coréens courtois comme un coussin de soie qui empoignent leur bat de baseball et t'éclatent la gueule si t'es un petit braqueur armé d'un automatique penché comme dans les clips et qui veut les douze dollars dans la caisse, y a des romanciers nègres géniaux qui ont commencé dans le taxi et qui pourraient pas conduire une bagnole pour sauver leur vie, y a des canadiens-français ahuris, la lie de l'occident pensant, qui s'imaginent issus de trois trappeurs, deux agriculteurs et une centaine de mythiques et virginales Filles du Roy. Si on les pousse un peu, ils finissent par céder sur le chapitre de la virginité, parce qu'on leur a en effet parlé de gourgandines autrefois, ils savent pas où, ils savent pas quand, et c'est fascinant de voir que ton peuple, six millions et quelques de lascars issus comme toi du dix-septième siècle en Nouvelle-France, préfère penser que ses mères fondatrices étaient des putains et des souillons édentées ramassées dans les caniveaux pestilentiels du quartier des Halles et shippées ici pour procréer, plutôt que d'admettre qu'il descend majoritairement d'indiennes franches, vertueuses et vigoureuses. Vertueuses parce que c'était pas des putains, pas parce qu'elles aimaient pas fourrer leur mari. Les Boomers nous ont tellement farci le crâne avec leurs horribles histoires de curés, de grande noirceur, de joug clérical, pour mieux faire ressortir qu'avant eux le Québec n'était qu'une succession de générations débiles à peine capable de se reproduire en attendant leur avènement, ils nous ont tant bourré le mou qu'on a oublié d'où on vient. Laissez-moi vous le rappeler. Nos ancêtres, ceux qui partirent de France, les troisièmes fils, n'étaient pas le genre de monde à qui on dit quand et qui ou quoi baiser et pour quelle raison et pour combien de temps. On a même oublié l'immensité de notre nouveau monde, et ce dont il avait l'air quand ces gars-là arrivèrent. M'en vais le dire encore une fois pour le bénéfice des obtus créationnistes: les gars ont pas attendu ces Filles du Roy de conte de fée qu'on vous a narrées. Ils ont marié des sauvages, paradoxalement beaucoup mieux léchées qu'eux et qui les dégrossirent à la longue. Ils les ont mariées sans curé, dans le bois, et ils sont revenus chaque saison, et ils furent heureux, enfin je l'ignore, et ils eurent beaucoup d'enfants, ça on le sait, et quand un Jésuite passait il les remariait et il baptisait la sauvage avec un beau nom chrétien et ça c'était votre lointaine aïeule, et la seule chose qui me retient de traiter tout mon peuple d'enfant de putains, bordel, c'est justement que ça l'arrange trop. Mon peuple est un enfant de sauvages! Voilà qui est mieux et dont on peut tirer fierté. On vaut mieux que ces Australiens qui s'aristocratisent astheure selon le plus ancien ancêtre bagnard déporté qu'ils peuvent se trouver ou s'inventer. Parce que même ces râclures de galères de la société Anglaise n'épousaient pas d'aborigènes. Ici, la vérité choquante mais cool est qu'on a fait la révolution française cent-cinquante ans avant Paris, et sans verser une goutte de sang bleu dans la poudre de perruque tombée sous le couperet. On a seulement crissé notre camp. Nos ancêtres étaient des Français que la France faisait royalement déféquer, ils ont décidé de la laisser s'anéantir à coups de langue et de mousquet, de plume et de calembours, et d'aller ouski fait frette et neuf et beau, et vaste et silencieux, nom de Dieu! Histoire de se dégourdir le gras.

C'étaient de sacrés gars.

Vieux motard que j'aimais

Ché pas pantoute comment ça se fait que le blog de Gom est pas dans la liste icitte à côté, j'ai dans l'idée depuis au moins six mois qu'il y est et ça m'a tout l'air que j'ai pensé à le faire mais que je l'ai pas fait, le père Mistral en perd des bouttes, je me sens voleur en plus parce que je le fréquente assidûment ce blog-là, bref si j'étais chez-nous et moins soul je réparerais cette omission: d'ici là, je crisse le lien ici.

Pour vous donner une idée: c'est un des plus chers amis de Big Mac. En partant, on sait donc déjà que c'est pas une moitié d'homme et qu'il écrit intéressant. Mais le bougre ne se contente pas du minimum syndical...

23.8.08

Céline sur le lieu de la Défaite

Les Plaines d'Abraham ont retenti hier de meuglements nasillards dont nous pouvons être fiers. Éric Lapointe agenouillé devant Céline, je n'oublierai pas de sitôt, ni Bigras qui la surplombe en la suppliant de le tuer si elle s'en va. Ferland qui veut battre le record de Georges Guétary (Lambros Worloou) en matière de tournées d'adieu, et Reno qui veut meugler plus fort et plus longtemps que le divan.

Le Graal païen

La posture féérique, la maîtresse tyrannique.

19.8.08

Test

C'était un test, à moult égards, et j'écrirai dessus plus tard, quand toutes les cigarettes seront fumées, toutes les tonsures consommées, toutes les fourchettes tordues et reconstituées comme si de rien n'avait jamais été. Mais d'ici là, avec la permission des principaux intéressés, je peux enfin vous offrir une idée son et images de ce soir-là au Lion d'Or. Le dépucelage public d'une chanson, avec des ah! et des hon! et de vraies émotions avant que la radio ne s'en empare, puis les pharmacies et les supermarchés, puis les ascenseurs et les taxis, puis le métro depuis Laval jusqu'à la station Angrignon, puis la tradition.

Tripe, Tribu.

18.8.08

Labourer l'amour

Aux dernières nouvelles, The Misfits était toujours le film favori de mon vieux Louis. On l'a regardé deux ou trois fois ensemble en vingt ans, et j'ai jamais compris vraiment pourquoi ce chef-d'oeuvre était plus touchant ou signifiant qu'un autre, mais Hamelin étant Hamelin, je n'ai jamais douté qu'une raison existait, et étant ce que je suis, que je la trouverais.

Par ailleurs, je n'ai jamais bandé sur Marilyn Monroe, et pas seulement parce que ses os pourrissaient déjà dans la terre avant ma mise bas. Jean Harlow ne me fait ni plus chaud ni plus froid, pourtant elle fut inhumée vingt-cinq ans avant l'autre, et Brigitte Bardot c'est pareil, qui respire encore. Comme quoi une bobine de celluloïd et un frigidaire jetés dans le vide ne tombent pas à la même vitesse, mais je digresse.



Dans ce film, Les Désaxés en français (ils ne perdront jamais la main, les Français, pour dénaturer un titre), il est question d'un tas de choses dont je n'ai ni l'envie ni la liberté de parler, ce qui était aussi le cas du scénariste, Arthur Miller, sauf qu'il se servit de ces contraintes pour écrire le film.

Quand je retranche la part d'envie et la part de liberté sur ma parole, il en reste encore, les bons jours. Ceci en est un, et voici ce qui reste:

J'ai cherché d'instinct un extrait du film pour répondre à cette femme que j'aime contre toute raison (elle m'avait laissé des pistes cybernétiques odoriférantes comme urine de biche aux coins ronds de la Toile, des appels, et qui donc voudrait aimer autrement que contre la raison?), d'instinct je le répète, parce que rien en Monroe ne m'excite alors que cette femme suscite le vif et le bon en moi, et que ce film en noir et blanc et gris est en teintes qu'elle n'a pas, elle qui est en couleurs, et j'ai pensé que peut-être c'était la figure de Gable qui m'achalait la mémoire, et oui, c'était un peu ça aussi, mais surtout...

Surtout, j'ai réalisé qu'il y a Cynthia dans le personnage de Roslyn Taber, celle qui insiste en pleurant pour que Gaylord abandonne ses laitues aux lapins plutôt que de tuer les lapins. Et il y a Kevin dans l'incompréhension de Gable, qui voudrait un peu de respect aussi pour ce qu'il est, lui, et qui n'est pas un lapin. Et là, il y a moi, qui ai compris Louis, et qui me suis senti comme ça aussi, souvent, sans jamais le sens de l'écrire ou d'en parler, ni même de m'en rendre compte.

A la fin, le plus important de tout a surgi. Je n'avais pas erré dans mon esprit en songeant à la femme de mon coeur en conjonction avec ce film. Je n'avais pas d'emblée réalisé pourquoi elle m'y faisait penser...

Entre elle et moi, la langue a toujours été très près du coeur et du cul, et quand nous en usions pour parler, il arrivait que nous recourions à l'anglaise. La langue anglaise offre un mot, feral, qui lui est exclusif. Aucune traduction ne lui fait justice. Et ce mot est le nôtre, à elle et à moi, pour toujours grâce au plaisir et la complicité qu'il nous a procurés.

Les chevaux, métaphoriques de l'humain moderne, qui sont capturés dans Misfits ne sont pas des mustangs. Pas des chevaux sauvages. Ce sont des feral horses, retournés à la nature après un passage par la domesticité. Ils me plaisent davantage que les innocents sauvages et me paraissent autrement plus dangereux. Kunta Kinte avait appris l'anglais et l'hypocrisie nécessaire à la survie quand il fallut lui couper la moitié du pied. Le cheval feral refuse d'être ferré, et il faut se lever tôt pour l'expédier à la fabrique de colle...

Elle, c'est le cheval. Feral. C'est Roslyn qui parle sans réfléchir et sans calcul et qui gâche en proposant de le payer le cadeau des cinq chevaux que Gaylord allait lui offrir, voire se donner à lui aussi. C'est aussi Marilyn Monroe ayant la peau de Clark Gable dans le désert du Nevada à force de folies: il s'est traîné jusqu'en Californie et a claqué douze jours après la fin du tournage. Même Scarlett O'Hara n'avait pu faire tourner Rhett Butler en bourrique comme ça. Ni la tragédie de perdre Carole Lombard ni ses missions aériennes en pleine guerre ni ses trois paquets par jour durant trente ans n'avaient eu raison de lui. Il fallait Monroe. Pourquoi n'a-t-il pas quitté le Plateau? Il pouvait pas plus que moi, je suppose...

15.8.08

Intense vieille joie

Passé la soirée au Bunker avec Kevin. À qui se demanderait pourquoi mon blog manque de dynamisme et de substance vitale depuis qu'il ne vient plus, eh bien, c'est parce qu'il ne venait plus.

Please, une loupe.

Mon assistante me fait part d'une proposition: des bumper stickers that read Let Misty be Misty!

Tentant, mais je déchiffre pas les petits caractères du contrat, so please, une loupe.

Montréal-Nord (suite)

Ensuite de ça, créons une vraie police communautaire d'urgence, une escouade spécialisée, menée par un de ces superflics hyperinstruits bardés de doctorats dont on nous dit qu'ils existent et qui finissent toujours par se présenter à la mairie de Montréal. Qu'il établisse un vrai rapport avec la communauté et que la presse lui crisse la paix pour au moins un an. Que cette police soit constituée d'hommes aguerris et mûrs, pas des bleus qui dégainent sous l'insulte et pas des femmes de cinq pieds six qui se font saisir à la gorge quand elles roulent des mécaniques. Que cette police agisse avec une ferme bienveillance, qu'elle ferme les yeux sur le Yo qui crache sur le trottoir, et qu'elle aborde chaque citoyen avec respect en le vouvoyant, le temps de voir s'il se mérite une balle dans la gueule. Que les citoyens du quartier se sentent protégés et ne craignent plus d'appeler la police.

Un quartier en santé ne repousse pas les pompiers à coups de pierres quand les incendies ragent. Les pompiers ne l'ont pas dit, pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, mais c'est la faute du climat policier, et c'est sérieusement menaçant.

Montréal-Nord

Commençons par en changer le nom. Qui veut vivre et prospérer dans l'adjonction d'une entité? Surtout pas des jeunes hommes pleins de talent et de testostérone. Saint-Léonard et Saint-Michel sont surgis de rien sinon les efforts d'Italiens travailleurs à qui l'opportunité de construire était offerte. Oui, la Mafia aussi. Ça en a fait partie. C'est pas grave.

Changeons le nom de Montréal-Nord, calvaire, parce que plusieurs l'appellent déjà le Bronx, voire Montréal-Noir. J'ai mon Plateau, vous avez votre Mile-End ou votre Parc-Extension ou votre Faubourg à m'lasse ou votre Petite-Patrie, je vous en prie n'insistons pas monsieur le maire pour que ces gens s'identifient par un nom satellitaire.

Villanueva: encore (et j'ai pas fini d'en parler).

Il est un autre motif au fait troublant que tous les témoins et participants à la mort de Fredy V soient déjà interrogés, sauf trois (les policiers, parce qu'ils sont policiers, et Fredy parce qu'il est mort). Les Yankees appellent cela contaminate the jury pool. En l'absence de déclaration de celui qui a tiré et de sa compagne, en l'absence de déclaration de leur fraternité ou de la SQ, en l'absence de tout et en présence de rien sauf les efforts de journalistes et la discussion qui s'échauffe en blogosphère, chaque minute qui passe fait peser la balance vers la sainte innocence de nos preux chevaliers bleus et l'éloigne de ces sales nègres avec des patronymes hispaniques qui se croient libres de jouer aux dés comme ça au Parc Henri-Bourassa sans qu'on leur tire dessus.

Mot du vendredi : émétophilie.

Le cœur d’un homme est une longue et vaste table de banquet qu’il ne lui est pas donné de faire rase, ni dans le regret, ni dans la détresse du désespoir, ni dans le désir de renouveau, pas même lorsque le temps use sa mémoire et sa raison et le rend pareil à un petit enfant : les reliefs du repas de sa vie demeurent, fantômes de miettes et de meules entamées, de vins tirés et bus, de venaisons fumantes et de riches sauces désormais anonymes et mélangées les unes aux autres.

Mais il est, autour de la table, des places qu’occupèrent telles femmes, parfois assises, souvent allongées, à genoux ou érigées sur de hauts talons, des places désormais vides et qui le resteront, et bien que cela soit triste comme un grand soulagement, il nous revient aussi que les Romains n’ont jamais vraiment eu de vomitorium attenant à la salle à manger, et que l’Histoire est souvent mensongère.

Naturel

On s'étonne un peu partout de ce que la SQ, dans l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva, n'ait pas encore interrogé les deux policiers en cause. Quoi, pourtant, de plus naturel? Comment les pauvres pourraient-ils accorder leurs versions, et concocter un scénario susceptible d'emporter le bénéfice du doute en leur faveur, s'ils ne sont pas d'abord en possession des autres témoignages? Après tout, ça se passe toujours de même, toujours, sans exception. C'est naturel.

14.8.08

Le mot du jeudi

bas-bleu n. m.

• 1821; dans un contexte angl. av. 1786; trad. de l'angl. blue stocking 

¨ Péj. Femme à prétentions littéraires; intellectuelle pédante. Des bas-bleus. « Vous me faites pérorer comme un bas-bleu » (Loti). — Adjt Elle est intelligente, mais un peu trop bas-bleu. Þ pédant.

De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville, 1835-1840

Prenez tout votre temps. Cela fut écrit en 1835, ou dimanche soir dernier, qui sait, qui s'en souvient, qui s'en soucie... Remplacez Nègre par Québécois, Sauvage par Nègre, et Québécois par Paul-Émile, puis recommencez, permutez, c'est long longtemps mais c'est si amusant!

Non, c'est pénétrant. Humain, Effilé. Prophétique. Écrit sans jargon ni citations de psys ni spinning policier. 1835, et frais comme un mammouth arraché au pergélisol hier, débité ce matin, servi à midi.

La tâche principale que je m’étais imposée est maintenant remplie ; j’ai montré, autant du moins que je pouvais y réussir, quelles étaient les lois de la démocratie américaine ; j’ai fait connaître quelles étaient ses mœurs. Je pourrais m’arrêter ici, mais le lecteur trouverait peut-être que je n’ai point satisfait son attente.

On rencontre en Amérique autre chose encore qu’une immense et complète démocratie ; on peut envisager sous plus d’un point de vue les peuples qui habitent le Nouveau Monde.

Dans le cours de cet ouvrage, mon sujet m’a souvent amené à parler des Indiens et des Nègres, mais je n’ai jamais eu le temps de m’arrêter pour montrer quelle position occupent ces deux races au milieu du peuple démocratique que j’étais occupe a peindre ; j’ai dit suivant quel esprit, à l’aide de quelles lois la confédération anglo-américaine avait été formée ; je n’ai pu indiquer qu’en passant, et d’une manière fort incomplète, les dangers qui menacent cette confédération, et il m’a été impossible d’expo­ser en détail quelles étaient, indépendamment des lois et des mœurs, ses chances de durée. En parlant des républiques unies, je n’ai hasardé aucune conjecture sur la permanence des formes républicaines dans le Nouveau Monde, et faisant souvent allusion à l’activité commerciale qui règne dans l’Union, je n’ai pu cependant m’occuper de l’avenir des Américains comme peuple commerçant.

Ces objets, qui touchent à mon sujet, n’y entrent pas ; ils sont américains sans être démocratiques, et c’est surtout la démocratie dont j’ai voulu faire le portrait. J’ai donc dû les écarter d’abord ; mais je dois y revenir en terminant.

Le territoire occupé de nos jours, ou réclamé par l’Union américaine, s’étend depuis l’océan Atlantique jusqu’aux rivages de la mer du Sud. À l’est ou à l’Ouest, ses limites sont donc celles mêmes du continent ; il s’avance au midi sur le bord des Tropiques, et remonte ensuite au milieu des glaces du Nord.

Les hommes répandus dans cet espace ne forment point, comme en Europe, autant de rejetons d’une même famille. On découvre en eux, dès le premier abord, trois races naturellement distinctes, et je pourrais presque dire ennemies. L’éducation, la loi, l’origine, et jusqu’à la forme extérieure des traits, avaient élevé entre elles une barrière presque insurmontable ; la fortune les a rassemblées sur le même sol, mais elle les a mêlées sans pouvoir les confondre, et chacune poursuit à part sa destinée.

Parmi ces hommes si divers, le premier qui attire les regards, le premier en lumière, en puissance, en bonheur, c’est l’homme blanc, l’Européen, l’homme par excel­lence ; au-dessous de lui paraissent le Nègre et l’Indien.

Ces deux races infortunées n’ont de commun ni la naissance, ni la figure, ni le langage, ni les mœurs ; leurs malheurs seuls se ressemblent. Toutes deux occupent une position également inférieure dans le pays qu’elles habitent ; toutes deux éprouvent les effets de la tyrannie ; et si leurs misères sont différentes, elles peuvent en accuser les mêmes auteurs.

Ne dirait-on pas, a voir ce qui se passe dans le monde, que l’Européen est aux hom­mes des autres races ce que l’homme lui-même est aux animaux ? Il les fait servir à son usage, et quand il ne peut les plier, il les détruit.

L’oppression a enlevé du même coup, aux descendants des Africains , presque tous les privilèges de l’humanité ! Le Nègre des États-Unis a perdu jusqu’au souvenir de son pays ; il n’entend plus la langue qu’ont parlée ses pères ; il a abjuré leur religion et oublié leurs mœurs. En cessant ainsi d’appartenir à l’Afrique, il n’a pourtant acquis aucun droit aux biens de l’Europe ; mais il s’est arrêté entre les deux sociétés ; il est resté isolé entre les deux peuples ; vendu par l’un et répudié par l’autre ; ne trouvant dans l’univers entier que le foyer de son maître pour lui offrir l’image incomplète de la patrie.

Le Nègre n’a point de famille ; il ne saurait voir dans la femme autre chose que la compagne passagère de ses plaisirs, et, en naissant, ses fils sont ses égaux,

Appellerai-je un bienfait de Dieu ou une dernière malédiction de sa colère, cette disposition de l’âme qui rend l’homme insensible aux misères extrêmes, et souvent même lui donne une sorte de goût dépravé pour la cause de ses malheurs ?

Plongé dans cet abîme de maux, le Nègre sent à peine son infortune ; la violence l’avait placé dans l’esclavage, l’usage de la servitude lui a donné des pensées et une ambition d’esclave ; il admire ses tyrans plus encore qu’il ne les hait, et trouve sa joie et son orgueil dans la servile imitation de ceux qui l’oppriment.

Son intelligence s’est abaissée au niveau de son âme.

Le Nègre entre en même temps dans la servitude et dans la vie. Que dis-je ? sou­vent on l’achète dès le ventre de sa mère, et il commence pour ainsi dire à être esclave avant que de naître.

Sans besoin comme sans plaisir, inutile à lui-même, il comprend, par les pre­mières notions qu’il reçoit de l’existence, qu’il est la propriété d’un autre, dont l’intérêt est de veiller sur ses jours ; il aperçoit que le soin de son propre sort ne lui est pas dévolu ; l’usage même de la pensée lui semble un don inutile de la Providence, et il jouit paisiblement de tous les privilèges de sa bassesse.

S’il devient libre, l’indépendance lui paraît souvent alors une chaîne plus pesante que l’esclavage même ; car dans le cours de son existence, il a appris à se soumettre à tout, excepté à la raison ; et quand la raison devient son seul guide, il ne saurait recon­naître sa voix. Mille besoins nouveaux l’assiègent, et il manque des connais­sances et de l’énergie nécessaires pour leur résister. Les besoins sont des maîtres qu’il faut com­battre, et lui n’a appris qu’à se soumettre et à obéir. Il en est donc arrivé à ce comble de misère, que la servitude l’abrutit et que la liberté le fait périr.

L’oppression n’a pas exercé moins d’influence sur les races indiennes, mais ces effets sont différents.

Avant l’arrivée des Blancs dans le Nouveau Monde, les hommes qui habitaient l’Amé­rique du Nord vivaient tranquilles dans les bois. Livrés aux vicissitudes ordi­naires de la vie sauvage, ils montraient les vices et les vertus des peuples incivilisés. Les Européens, après avoir dispersé au loin les tribus indiennes dans les déserts, les ont condamnées à une vie errante et vagabonde, pleine d’inexprimables misères.

Les nations sauvages ne sont gouvernées que par les opinions et les mœurs.

En affaiblissant parmi les Indiens de l’Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesu­re leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu’ils n’étaient déjà. La condition morale et l’état physique de ces peuples n’ont cessé d’empirer en même temps, et ils sont devenus plus barbares à mesure qu’ils étaient plus malheureux. Toutefois, les Européens n’ont pu modifier entièrement le caractère des Indiens, et avec le pouvoir de les détruire, ils n’ont jamais eu celui de les policer et de les soumettre.

Le Nègre est placé aux dernières bornes de la servitude ; l’Indien, aux limites extrê­mes de la liberté. L’esclavage ne produit guère chez le premier des effets plus funestes que l’indépendance chez le second.

Le Nègre a perdu jusqu’à la propriété de sa personne et il ne saurait disposer de sa propre existence sans commettre une sorte de larcin.

Le sauvage est livré à lui-même dès qu’il peut agir. A peine s’il a connu l’autorité de la famille ; il n’a jamais plié sa volonté devant celle de ses semblables ; nul ne lui a appris à discerner une obéissance volontaire d’une honteuse sujétion, et il ignore jusqu’au nom de la loi. Pour lui, être libre, c’est échapper à presque tous les liens des sociétés. Il se complaît dans cette indépendance barbare, et il aimerait mieux périr que d’en sacrifier la moindre partie. La civilisation a peu de prise sur un pareil homme.

Le Nègre fait mille efforts inutiles pour s’introduire dans une société qui le repousse ; il se plie aux goûts de ses oppresseurs, adopte leurs opinions, et aspire, en les imitant, à se confondre avec eux. On lui a dit dès sa naissance que sa race est naturellement inférieure à celle des Blancs, et il n’est pas éloigné de le croire, il a donc honte de lui-même. Dans chacun de ses traits il découvre une trace d’escla­vage, et, s’il le pouvait, il consentirait avec joie à se répudier tout entier.

L’Indien, au contraire, a l’imagination toute remplie de la prétendue noblesse de son origine. Il vit et meurt au milieu de ces rêves de son orgueil. Loin de vouloir plier ses mœurs aux nôtres, il s’attache à la barbarie comme à un signe distinctif de sa race, et il repousse la civilisation moins encore peut-être en haine d’elle que dans la crainte de ressembler aux Européens[1].

A la perfection de nos arts, il ne veut opposer que les ressources du désert ; à notre tactique, que son courage indiscipliné ; à la profondeur de nos desseins, que les ins­tincts spontanés de sa nature sauvage. Il succombe dans cette lutte inégale.

Le Nègre voudrait se confondre avec l’Européen, et il ne le peut. L’Indien pourrait jusqu’à un certain point y réussir, mais il dédaigne de le tenter. La servilité de l’un le livre à l’esclavage, et l’orgueil de l’autre à la mort.

Je me souviens que, parcourant les forêts qui couvrent encore l’État d’Alabama, je parvins un jour auprès de la cabane d’un pionnier. Je ne voulus point pénétrer dans la demeure de l’Américain, mais j’allai me reposer quelques instants sur le bord d’une fontaine qui se trouvait non loin de là dans le bois. Tandis que j’étais en cet endroit, il y vint une Indienne (nous nous trouvions alors près du territoire occupé par la nation des Creeks); elle tenait par la main une petite fille de cinq à six ans, appartenant à la race blanche, et que je supposai être la fille du pionnier. Une Négresse les suivait. Il régnait dans le costume de l’Indienne une sorte de luxe barbare : des anneaux de métal étaient suspendus à ses narines et à ses oreilles ; ses cheveux, mêlés de grains de verre, tombaient librement sur ses épaules, et je vis qu’elle n’était point épouse, car elle por­tait encore le collier de coquillages que les vierges ont coutume de déposer sur la cou­che nuptiale ; la Négresse était revêtue d’habillements européens presque en lambeaux.

Elles vinrent s’asseoir toutes trois sur les bords de la fontaine, et la jeune sauvage, prenant l’enfant dans ses bras, lui prodiguait des caresses qu’on aurait pu croire dictées par le cœur d’une mère ; de son côté, la Négresse cherchait par mille innocents artifices à attirer l’attention de la petite créole. Celle-ci montrait dans ses moindres mouvements un sentiment de supériorité qui contrastait étrangement avec sa faiblesse et son âge ; on eût dit qu’elle usait d’une sorte de condescendance en recevant les soins de ses compagnes.

Accroupie devant sa maîtresse, épiant chacun de ses désirs, la Négresse semblait également partagée entre un attachement presque maternel et une crainte servile ; tandis qu’on voyait régner jusque dans l’effusion de tendresse de la femme sauvage un air libre, fier et presque farouche.

Je m’étais approché et je contemplais en silence ce spectacle ; ma curiosité déplut sans doute à l’Indienne, car elle se leva brusquement, poussa l’enfant loin d’elle avec une sorte de rudesse, et, après m’avoir lancé un regard irrité, s’enfonça dans le bois.

Il m’était souvent arrivé de voir réunis dans les mêmes lieux des individus appar­tenant aux trois races humaines qui peuplent l’Amérique du Nord ; j’avais déjà reconnu dans mille effets divers la prépondérance exercée par les Blancs ; mais il se rencon­trait, dans le tableau que je viens de décrire, quelque chose de particulièrement tou­chant : un lien d’affection réunissait ici les opprimés aux oppresseurs, et la nature, en s’effor­çant de les rapprocher, rendait plus frappant encore l’espace immense qu’a­vaient mis entre eux les préjugés et les lois.

12.8.08

Une petite tranche de Rousseau avant d'aller dormir

Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire, Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eussent point épargné au Genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la Terre n'est à personne.

Jean-Jacques Rousseau
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

À Lutèce.



Drette-là, à Paris, hostie, c'est pas compliqué, tu vires à gauche pis tu tombes dessus.

...

Quand les interventions du SPVM tournent au vinaigre

Émilie Bilodeau

La Presse


9 août 2008
Fredy Villanueva, 18 ans, est tué par un policier de Montréal dans le stationnement du parc Henri-Bourassa.

14 octobre 2007
Quilem Registre meurt à l'hôpital trois jours après avoir reçu une décharge de pistolet électrique d'un agent du SPVM. L'homme de 38 ans était d'origine haïtienne.

9 juillet 2007
Vianney Charest, 51 ans, a été abattu dans l'arrondissement Montréal-Nord. L'homme tentait de fuir après avoir volé le tiroir-caisse d'un motel.

1er décembre 2005
Mohamed Anas Bennis, 25 ans, meurt après avoir reçu deux coups de feu tirés par un agent du SPVM. Selon les policiers, Anas aurait poignardé un agent «sans motif connu». La famille estime qu'Anas, qui sortait d'une mosquée, a plutôt été victime de profilage racial.

14 novembre 2005
Une adolescente de 14 ans meurt dans une poursuite policière qui se termine en accident dans Hochelaga-Maisonneuve.

20 juillet 2005
Un couple d'octogénaires perd la vie dans une collision avec une fourgonnette du SPVM. Selon les policiers, les victimes avaient brûlé un feu rouge.

4 juillet 2005
Un quinquagénaire est tué par le tir d'un policier sur le Plateau-Mont-Royal. Selon des témoins, l'homme menaçait les agents avec une barre de métal.

20 juillet 2004
Des agents de l'équipe tactique SWAT tentent d'intercepter Benoît Richer, 28 ans, et le tuent alors qu'il cherche à s'enfuir. Le suspect faisait l'objet d'un mandat d'arrestation pour tentative de meurtre sur un policier.

24 juin 2004
Un homme de 36 ans, soupçonné d'avoir volé un véhicule, est abattu par un agent du SPVM au coin du boulevard Gouin et de la 19e Avenue.

21 février 2004
Rohan Wilson, Noir de 28 ans, meurt après avoir été arrêté par six agents du SPVM. Il se cogne la tête à plusieurs reprises sur le trottoir durant l'intervention policière.

4 septembre 2002
Michel Morin, sans-abri de 43 ans, meurt lorsque des agents le menottent à plat ventre dans un café de la rue Saint-Denis.

8 février 2001
Michael Kibbe, 19 ans, fait une chute mortelle de huit mètres alors qu'il est sous la surveillance de deux policiers du SPVM.

18 juillet 2000
Sébastien McNicoll, 26 ans, meurt après avoir été aspergé de gaz poivre par un agent du SPVM.

16 juillet 2000
Luc Aubert, 49 ans, meurt d'une crise cardiaque après avoir été aspergé de gaz poivre par quatre agents du SPVM.

Source: Collectif Opposé À La Brutalité Policière

8.8.08

Médaille de bonze


Pour enflammer la vasque olympique pékinoise.

Pour Big Mac qui a perdu Rosie

Losing it: A brief history of missing manuscripts
By Rob Sharp

Double jeopardy

The Russian scholar Mikhail Bakhtin believed having two manuscripts of his The Bildungsroman (or Novel of Education, 1936-38) would protect him from life's vicissitudes. Not so. At the beginning of the Second World War one of the copies, the final draft, was with his publisher, and he kept an earlier draft. During the siege of Moscow, the publisher's offices were destroyed. By this point, however, Bakhtin had used his copy for cigarette paper, which was in short supply. His hard graft literally went up in smoke.

Lost in France


Some years after Gustave Flaubert (above) crafted Madame Bovary – the 1857 tome that garnered him worldwide glory – he lost his magic touch in a quite spectacular way. Due to the anxiety provoked by the German army invading France in 1871 during the Franco-Prussian War, the writer frantically interred a box of papers beneath the garden of his house at Croisset, Rouen. Forgetting to recover them, he snuffed it in 1880, and his home was unkindly razed to the Normandy turf to make way for concrete docks. General local consensus is that the author's words still lie buried there, destined to be unread for eternity.

Burning issue

In the early 19th century Scots essayist Thomas Carlyle (above) dispatched the first draft of his history of the French revolution – the imaginatively titled French Revolution, Vol 1 – to John Stuart Mill. The latter accidentally let his housemaid use the papers to kindle a fire. Paradoxically, Carlyle found himself consoling his friend, and later wrote: "Mill ... remained injudiciously enough till almost midnight, and my poor Dame and I had to sit talking of indifferent matters; and could not till then get our lament freely uttered." Carlyle had to reproduce the book from scratch, but it was eventually published in 1837.

Carbon copy

The year was 1932. Malcolm Lowry's editor at Chatto & Windus, Ian Parsons, parked his convertible sports car outside his London office in order to make a phone call inside. On his return, the publisher found to his horror that a briefcase containing Lowry's novel Ultramarine had been pilfered. He thought, wrongly, that Lowry would have another copy. Thankfully, the book was saved for posterity by a pal, Martin Case, who had typed up the manuscript. He retrieved a carbon copy that Lowry had thrown in the bin – and Ultramarine was published by Cape (not Chatto) in 1933.

A strange case

In 1922, Ernest Hemingway's first wife, Hadley, was travelling by train to Switzerland, grappling with a suitcase containing all that the great man had written up to that point. According to Murphy's Law – if something can go wrong, it will – the case was stolen. Legend has it that when Hemingway found out, he was rather irate. But when he started writing again, the words came crisper, faster and – some say – better. It's just possible the Swiss crook behind this minor heist made the author into the literary behemoth we now cherish.

7.8.08

Le grain tombé entre les meules, Fayard, Paris, 1998, p. 241.

«Ce que j'aperçus en premier fut Montréal et, vue du haut des airs, la ville me parut horrible, impossible d'imaginer plus affreux. Cette rencontre ne promettait rien au coeur. Et les jours suivants, où j'y errai au hasard, confirmèrent cette impression. Le monstrueux pont Jacques-Cartier, de métal vert, tout tremblant de trafic automobile sur ses huit voies, sous lequel j'aurais dû passer si j'étais arrivé en bateau; et, tout de suite après, j'aurais vu les fumées sans joie de la brasserie avec son toit où flottent des drapeaux; et l'alignement des quais industriels en béton à ce point inhumains que, dans une île du fleuve, les restes d'un vieux bâtiment mi-caserne mi-prison vous réjouissent l'oeil comme quelque chose de vivant. Puis, plus au coeur de la ville, la tour noire de la radio canadienne suivie du groupe absurde et serré des gratte-ciel en forme de boîtes plantés au milieu d'immenses espaces urbains. Montréal aspirait à imiter les «mégalopoles» d'Amérique, mais sans en être capable.»

Александр Исаевич Солженицын

Adlai for president!

It is often easier to fight for principles than to live up to them.

Adlai Stevenson
27 août 1952

6.8.08

Coïncidences

Lunch avec JB qui m'a filé des cigarettes chinoises joliment nommées Double Happiness. On a évoqué, entre autres, les quarante ans des Belles-Soeurs et, trente secondes après qu'on se soit séparés, je suis tombé sur Michel Tremblay qui remontait Saint-Denis.

La vie est farcie de ces coïncidences et en général on les adore: d'où vient alors qu'elles nous insupportent dans les romans et dans les films? Il n'est guère qu'au théâtre que nous acceptions la convention sans renâcler, parce que le théâtre est supposé être irréel; pourtant la réalité est émaillée quotidiennement d'occurrences qui paraissent bien peu probables...

5.8.08

Neveurmagne!

Je visionne Le Survenant par une sorte de sens du devoir patriotico-littéraire. C'est long, c'est lent, c'est plate, c'est mal joué. J'ai rien contre le roman du terroir, j'en ai contre l'histoire et l'esprit misérabilistes, la naissance pour un p'tit pain, l'écriture de faire pitié. La suite du livre, Marie-Didace, est pire encore.

Germaine Guèvremont s'est inspirée de son amant, le poète Alfred DesRochers, père de Clémence, pour créer l'archétype du Survenant. Encore aujourd'hui, personne n'en parle, ni dans les chapelles, ni dans les manuels, à croire que le Québec clérical étouffé dans sa mesquine hypocrisie subsiste aujourd'hui à travers de nouvelles institutions et de nouvelles générations portant seulement de nouveaux noms.

4.8.08

Александр Исаевич Солженицын, (11 décembre 1918, Kislovodsk - 3 août 2008, Moscou)




D'Alexandre Soljenitsyne, je retiens par-dessus tout L'Archipel du Goulag, rédigé clandestinement sur du papier à cigarette, du papier cul, du papier enterré dans les jardins d'amis sûrs pour le protéger du KGB.

Et puis aussi sa bouille débonnaire, sous ce front en forme de fesses, rigolant à Apostrophes tandis que Jean Daniel et Jean D'Ormesson dressés sur leurs ergots se crêpaient le chignon en piaillant sans lui prêter la moindre attention, dans une belle démonstration d'égo idiot, aussi appelé gallicisme.

2.8.08

Godspeed, Simon!

Passé jeudi soir avec Simon Girard dans son studio vide, à la veille de son départ pour l'Europe par le biais de Percé. On s'est enivré, on a jasé, on a regardé la voisine se déshabiller, et il m'a fait cadeau d'un recueil de nouvelles de Saroyan et d'un sac de légumes.

Traite

Me suis retapé la série The Thorn Birds. À l'origine, l'avait suivie à la télé avec grand-mère, qui s'identifiait à Mary Carson interprétée par Barbara Stanwyck et qui, me voyant ricaner lorsque celle-ci hurle son amour au père Ralph en déclarant qu'à l'intérieur de ce corps décrépit bat un coeur jeune fouetté de désirs, m'avait fermement fait taire en assurant que c'était vrai.

J'ai braillé comme un veau à nouveau, l'histoire nous trait l'eau des yeux. On oublie que Richard Chamberlain n'a que faire des femmes. Et, du point de vue d'un écrivain, je suis fasciné par le fait que Rachel Ward et Bryan Brown se soient rencontrés sur le plateau, épousés, et aient engendré trois enfants. À la place de l'auteur, Colleen McCullough, je me sentirais un peu leur aïeule.

Leclerc, encore

Cat Major a remporté hier le prix Félix-Leclerc, de concert avec Imbert Imbert.

J'assisterai ce soir au show en hommage au poète à la Place des Arts. Réjouissante orgie de mots en perspective.