27.12.08

Prendre son temps pour dire merci.

J'ai reçu un beau cadeau d'une belle amie, lié à un autre vieil ami, décédé mais vivant, et si d'emblée je l'en remercie, elle, de tout mon coeur ému, je ne suis pas prêt à en écrire tout le bien que je voudrais: quelqu'un a participé à la production du présent qui, par le passé, m'a mis dans l'obligation de lui ménager un futur simple.

D'ici à cette résolution, Landry, ma tendre et généreuse mirontaine, je n'ajoute que ceci, cela et l'autre affaire, qui en diront assez: d'abord, une vieille photo prise au Château Frontenac en 1991 (ché pas qui c'est le pouilleux à gauche, un gauchiste grunge comme il en pullulait alors, sans doute, La Rage au visage); ensuite, un lien vers le commentaire de Jack Desmarais paru chez LKM; la seule portion que je reproduirai ici, amputée de ce qui blesse ma modestie, va comme suit:

(...)Mistral, sachant que ses murs débordent de poésie et que ça imprègne même la pourriture, me rappelant (...) qu'à la seule évocation de Miron ce gars-là pleure (...)



Gaston écrivait: « Hommes, souvenez-vous de vous en d'autres temps. »

Ce chevelu, là-haut, sur la photo, c'est fou ce qu'il me rappelle quelqu'un... Allez zou! j'ose: en plus jeune et plus joli, il ressemble à s'y méprendre à Louis Hamelin, non?

Ici, et qu'on n'essaie même pas de savoir comment je l'ai obtenu, je conclus avec ce passage d'un inédit du grand Louis, écrit à l'été 2003: évoquant deux épisodes mironiens dans lesquels il tint un rôle, et moi aussi, un petit, Hamelin passe crissement proche de la perfection littéraire conçue sous l'angle de la théorie de l'iceberg hemingwayenne: seul un dixième émerge, le plus important se devine dessous, le tendre et le triste et l'affectueuse admiration qu'il éprouvait, comme tant d'autres, éprouvera toujours, pour l'homme rapaillé...

Automne 89, après le lancement de la saison automnale chez Québec-Amérique, on se retrouve en train de disputer un billard rue Saint-Laurent avec André Vanasse. Et Vanasse, notre directeur littéraire, dans un moment de candeur, nous avoue que la future compétition Hamelin-Mistral sera très bonne pour sa collection... Un peu plus tard, Mistral et moi nous pointons devant le Continental où se déroule un lancement de Michel Tremblay (Le dernier quartier de la lune). Cartons vérifiés à l’entrée. Mistral repousse le portier d’un coup de bedaine et m’entraîne vers le fond de l’établissement. Là, il me présente à Gaston Miron. Gaston avec sa canne: je suis adoubé.

Des années plus tard, à une époque où Christian a plongé dans les ennuis jusqu’au cou, j’assiste aux funérailles de Gaston Miron, jouqué dans le jubé de l’église de Sainte-Agathe-des-Monts. Pour tromper ma peine et mon ennui, je laisse mon regard lentement dériver à la surface des crânes et des nuques qui s’étale sous mes yeux, et soudain, j’arrive sur cette grande face pâle levée vers moi, pleine comme une lune et qui me regarde fixement. Mistral, assis à côté d’André Vanasse. Le motton. T’es mon frère.

7 commentaires:

gaétan a dit...

Hé ben...J'ai lu ce billet comme je lis un livre:j'ouvre les liens comme je tourne les pages. Tout se tient. Tout est ensemble. Tout est beau.

Matheo a dit...

L'humain isole sur l'homme rapaille. Collection ecrire chez VLB, je crois. Joli. Tres. Tout comme Origine d'ailleurs de CM de la meme collection. A lire.

Desole. Clavier non francophone.

s.gordon a dit...

Oh oui. Un beau motton.

s.gordon a dit...

Plus j'la regarde, plus j'trouve que c'est une hostie de belle photo.

Christian Roy, aka Leroy a dit...

t'es chanceux de l'avoir côtoyé un peu. y a pas tellement plus grand.

ça m'a toujours fasciné qu'un gars aussi brillant soit aussi prude dans ses publications. i mean, le gars est un monstre, un monstre de perfectionnisme.

Venise a dit...

Je visionne l'assistance à ces funérailles (nationales, j'en suis fière), et là, j'avoue ne pas être certaine. J'ai beau mettre pause pour tenir la pose, je doute du qui je vois. Pas moyen de m'aider avec André Vanasse, je le reconnais encore moins !

Yvan a dit...

Real brotherhood is the one
we choose freely.