C'est l'histoire d'un conseiller municipal qui saute à la gueule d'un autre conseiller municipal, à propos d'une oeuvre de Riopelle. Laquelle? La Joute. Ça s'invente pas, ces affaires-là. Vous mettez ça dans un roman, on vous met au rancart.
Lui saute à la gueule, donc. Littéralement. Lors d'un meeting à huis-clos (qui n'est jamais si clos que ça, en fin de compte: les murs ont des oreilles, et les portes une fâcheuse tendance à sortir de leurs gonds). Lui pète la tête sur un chambranle, le traite de noms mettant la vertu de sa mère en cause, l'assaille au point qu'il faut deux autres conseillers municipaux pour les séparer. Bref, rien que de très normal dans une semaine ordinaire pour Kevin ou pour moi ou la plupart de nos relations, mais nous ne sommes pas conseillers municipaux.
L'agressé l'est, lui, et porte plainte deux jours (!) plus tard. Résultat: l'agresseur, qui l'est aussi (conseiller municipal) est averti judiciairement...
Moi qui m'y connais pourtant, et pour cause, en jargon judiciaire, je veux bien qu'on me pende par les valseuses au même gibet que Coffin (il existe toujours, à la prison de Bordeaux; j'allais chaque après-midi lire un peu à l'ombre de la trappe), je veux bien qu'on m'y pende, dis-je, si je comprends quoi que ce soit à ce concept. Cyberpresse le rapporte ainsi: Le conseiller municipal Ivon Le Duc n'aura pas à se défendre devant les tribunaux pour avoir agressé son collègue Richer Dompierre en raison de la faible gravité du geste. La substitut en chef du procureur (Me Marie-Andrée Trudeau) a plutôt décidé de traiter l'infraction de voie de fait simple par un procédé non judiciaire.
Où était cette substitut quand j'ai eu besoin d'elle? Qui eût cru que de telles substituts existaient ici-bas, pleines de réserve et de bon sens? I guess she was en vacances. Je ne veux pas imaginer qu'elle croupissait dans un cul-de-basse-fosse comme le Masque de fer tandis qu'une salope arriviste et sans scrupules se substituait à elle, la substitut authentique. Ce serait à en perdre la foi. Dans le système. Perdre la foi dans le système, Gosh! Dieu m'en préserve.
M. Le Duc s'en tire donc sans poursuite criminelle, mais cette mesure reconnaît néanmoins qu'une infraction a été commise et que les preuves étaient suffisantes pour porter une accusation.
Selon Me Trudeau, cette décision a été prise parce que la preuve était suffisante pour porter des accusations criminelles, mais qu'il s'agissait d'un crime isolé, non prémédité et qu'il s'agissait d'un «coup de sang». L'absence d'antécédent judiciaire et la nature des blessures (des rougeurs) ont aussi guidé son choix.
Chère substitut, ces nouvelles considérations jettent une lumière si fraîche et si crue sur le processus judiciaire que je me vois mal ne pas vous réclamer un nouveau (trois, en fait) procès. Please answer asap.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire