Pour Emcée, d'abord, et puis pour notre Blue, et pour Venise qui vieillit en beauté aujourd'hui, et pour vous tous beaux tribaux, un poème que j'ai trouvé au fin fond d'une grosse bouteille de bière méchante...
Moonshine
Je songe au son je songe Au son qui suinte de la nuit T’aimer t’aimer c’est t’emporter Ronfler sans que tu ne me tues Osons l’étreinte de l’ennui : Ô m’aimes-tu, ô m’aimes-tu? Je sens ta gorge ampliférée En exproitation fière et franche, Tu me donquichottes le manche Les maillons de la chaîne espèrent Ne pas devenir les derniers Ainsi le gland chu du grand chêne S’écrase en boue de sacrement De sacrement.
L'expression est de Blue. Une malencontreuse manoeuvre m'a fait effacer ma liste à senestre de Liaisons dangereuses. Vais tenter de la reconstituer de mémoire au cours des prochains jours.
Mais rouge de honte? Car j'ai le feu au front et le regard au sol en constatant le peu de cas qu'on fait des acquis, des libertés et des noblesses conquises de haute lutte par le sang et la sueur de nos prédécesseurs. L'éloge de la transparence est passé au culte de la fouille dans le cul, inodore, incolore, indolore, invisible, inaudible, intangible et sans saveur. Le gouvernement veut voir ce que vous avez dans le ventre, et vous vous penchez poliment par-devant pour prouver qu'il n'y a rien, là. Rien, que les restes d'un repas gras et un noeud d'angoisse. Rien que le reliquat d'anciens combats livrés pour vous.
Ceux qui renoncent à une liberté fondamentale en échange d’un peu de sécurité temporaire ne méritent ni la sécurité, ni la liberté.
Benjamin Franklin
***
Better red than dead, c'est comme de juste en cyrillique qu'ils le disaient...
Kevin fut enfant de choeur, dans une autre vie, une autre ville sur une autre île que celle-ci, et il m'a dit qu'alors déjà, on euphémisait des funérailles ainsi: Célébration de la parole. Mais ce n'est qu'hier, en l'église Saint-Pierre Claver, que j'ai compris. Le temple empli, nulle place vide sur aucun banc, l'urne contenant la cendre de Bruno Roy sous l'oeil de Dieu franc-maçon peint au plafond, nous avons de treize à quinze heures communié dans le témoignage et la chanson. J'avais dit à Emcée en entrant qu'on aimait cet homme universellement. J'ignorais à quel point c'était vrai. Outre sa famille fondée dans la chair et sa famille littéraire, il y avait sa famille de vieux fuckés orphelins et sa famille politique et sa famille musicale et sa famille pacifiste et sa famille scholastique, il y avait sa parole célébrée par les paroles des célébrants, c'était beau et rassembleur, et c'est tout ce que j'ai à dire là-dessus...
Lancement hier du dernier album de Moran. Le Verre Bouteille, bourré à craqueler les fondations, chaud dedans et froid dehors comme un pain fumant sorti du four, vibrait d'accents neufs.
Jean-François a livré quatre titres. Ses mots ont la précision d'une horloge atomique, sa voix cendrée sert des mélodies toniques et Mammifères, l'album entier, constitue un riche ensemble de propositions poétiques et musicales d'une rare cohésion, reflétant l'intégrité de l'artiste.
Comme je l'avais fait sur Tabac, j'y signe un texte: Toujours encore...
Je fais 1m85, 112 kg, et j'ai 45 ans. Il était le dernier à pouvoir me serrer dans ses bras d'ours et me faire me sentir comme un petit frère aimé. Je l'ai connu, j'avais douze ans. Il enseignait aux classes supérieures, Collège Mont-Saint-Louis, celles et ceux qui portaient des costards bleus; moi, j'étais vêtu de vert. Quand il entrait dans la cafétéria, à l'heure du midi, ses élèves se massaient autour de lui, et je m'approchais doucement derrière leur cercle...
J'étais avec Emcée, la dernière fois, en novembre au Salon du Livre, quand il s'est levé et est venu m'étreindre. En repartant, elle m'a dit qu'il semblait radieux et heureux de me voir. J'étais content. Je l'aimais tant.
PatLag vient de m'apprendre son décès, et je suis trop frappé pour parler maintenant de toutes les années d'amitié qui séparent notre première rencontre de la dernière. Je veux me recueillir, me recroqueviller, et signaler sa mémoire.
Je me propose donc plutôt de republier ces billets du 14 septembre 2008, plus éloquents que je ne saurais l'être à cette heure:
Me souvenais vaguement du roman, clairement de l'incendie criminel à L'Espace Saint-Michel face à mon hotel, la veille du jour où je me proposais de voir le film en 1988, et je l'ai visionné enfin, dans le confort du Moonshine, un extincteur à portée de main.
L'ange noir dit au Nazaréen: « Écoute: il n’y a qu’une seule Femme dans ce monde. Une Femme avec plusieurs visages... »
C'est probablement un texte du regretté Gérald LeBlanc. C'est certainement chanté par le fabuleux Pierre Robichaud, au sein du légendaire groupe 1755. L'autre soir (de Noël), au Moonshine (le Bunker de Emcée), alors que repus de dinde rôtie, de farce et d'atocas et de patates et de petits pois et de sauce et de bagosse des Îles et de vin et de bière et de tabac et d'amitié sonore nous gisions au salon, Kevin Cynthia Emcée et moi, ma sorcière bien-aimée a plaqué sur la platine un CD de 1755, en hommage à nos amours et au Madelinot de mon coeur qui somnolait. Elle a mis Le jardinier du couvent, puis La maudite guerre, après quoi ce diable de Vigneau lui a dit, avant qu'elle ne change de disque, de mettre aussi celle-ci, qui lui faisait penser à nous, elle et moi.
Après ça, l'enfoiré s'est endormi sur mon lazy-boy tandis que je dansais avec l'élue de mon âme et que la sienne vaquait à la verdure.
Il m'avait aussi offert de l'eau de Cologne et de l'after shave, et Cynthia a enchanté Emcée avec un flacon d'huile d'argan, mais rien ne nous aura pénétré la peau comme le cadeau de cette chanson, que je partage avec vous en retour...
LE MONDE A BIEN CHANGÉ
J'en ai connues plusieurs, des fois j'changeais souvent, C'était avant que t'arrives, c'était avant ton temps, Astheure c'est pus pareil, j'vois pus ça comme avant, Le monde a bien changé: je t'aime à tous les jours, J'apprends à vivre mieux, j'apprends à vivre heureux; Le monde a bien changé...
Y'aurait pas d'ouragan qui pourrait m'arracher De la chaleur d'tes lèvres, la douceur de ta bouche, La tendresse de tes bras! ton corps est ma chanson... Le monde a bien changé: je t'aime à tous les jours, J'apprends à vivre mieux, j'apprends à vivre heureux; Le monde a bien changé...
J'en ai connues plusieurs, des fois j'changeais souvent, C'était avant que t'arrives, c'était avant ton temps, Astheure c'est pus pareil, j'vois pus ça comme avant, Le monde a bien changé: je t'aime à tous les jours, J'apprends à vivre mieux, j'apprends à vivre heureux; Le monde a bien changé...
Well, I don't know for sure, you know? I guess I'd venture to say, once pushed to do so, that, well, you know, la sénescence sure sucks ass sometimes. Most of the time, actually. Come to think of it, getting old stinks all of the time, en fait ça pue de plus en plus à mesure que le temps qui reste pour sentir diminue.
La sénescence, on dira ce qu'on voudra, c'est une sacrée salope.
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