Il fut un temps où William Faulkner, Ernest Hemingway et Vardis Fisher étaient considérés sur le même pied. Vardis Fisher? Que diable s'est-il passé? Quelque part en chemin, quelque chose s'est passé qui n'avait rien à voir avec le talent. Quelque chose s'est passé, ou ne s'est pas passé. Quelque chose.
Aujourd'hui, aurions paraît-il battu le record de froid établi en 1963, soit encore avant mon temps. Me sens rajeunir, à force de ne pas me souvenir.
Plusieurs heures encore à plancher sur le texte définitif d'Origines. Kevin va venir m'aider à boucler tout ça, sitôt sa journée finie.
God, I love this job! Kyrie eleison, c'est mon travail qui me façonne, même si j'ai parfois le processus profondément enfoncé dans le sigmoïde. La littérature est la moelle du monde.
Cependant, Goth ne me vient toujours pas, et j'attends qu'un kobold me montre le chemin du riche filon doré.
Reçu des nouvelles de mon fils. Difficile de démêler le vrai du faux, mais serait-il mien s'il en était autrement?
Depuis que j'ai présenté Lili à Justine, les choses entre elles marchent rondement, et il n'est pas impossible que celle-ci publie celle-là.
Chaque fois qu'arrive un courriel, la machine s'éclaire et se met à gronder, on se croirait revenu au bon vieux temps, que je n'ai pas connu, du pneumatique.
Rentré de l'opéra pour trouver la maison voisine en feu. Rien n'est immobile, ni l'immobilier, ni la dona...
Ressenti un grand frisson spinal quand Rigoletto a beuglé «La malédiction!»
Retour de CIBL, avec Justine et Kevin. Une heure envolée comme un souffle. François Lemay est un fameux interviewer, sachant orienter sans limiter, capitaine de son studio.
Temps de me faire beau pour Rigoletto.
N'ayant pas le don d'ubiquité, je ne pourrai participer à la marche pour la paix cet après-midi et me trouver dans les studios de CIBL en même temps. Faute de mieux, j'envoie une photo à ma place, prise lors de la dernière par Indymedia.
À force de polir son ironie, elle devient trop polie.
Quelques courriels reçus me donnent à croire que je me suis mal exprimé en semblant louer la substitut Trudeau, que je ne connais pas personnellement au demeurant. Ceux qui auraient compris que je la loue sont dans le champ. Sa fonction m'irrite et sa décision m'écoeure. Est-ce clair?
Par ailleurs, Phaneuf me radote qu'ayant visité l'échafaud bordelais en première année de droit (circa le début des sixties, je suppose), il ne m'a pas vu lisant dessous, et me rappelle que je n'étais pas né. Moi qui l'aime, je me réjouis qu'il ne soit manifestement pas retourné là-bas depuis. Car le balcon fatal y est toujours, on ne l'a pas démantelé le jour où la peine de mort fut abolie, les screws l'entretiennent amoureusement au cas où les Progressistes-Conservateurs ou l'Alliance Canadienne prendraient le pouvoir, et c'est la première affaire que voit le petit nouveau quand on l'intronise à Bordeaux.
Cet enfoiré d'Aphane me dame encore le pion. Moi, le célébré chantre du pâté chinois, y ai-je jamais soupçonné le mystère des trois personnes de Dieu? Aurais-je songé à parler de ce plat protéiforme à l'infini comme du secret trinitaire?
C'est l'histoire d'un conseiller municipal qui saute à la gueule d'un autre conseiller municipal, à propos d'une oeuvre de Riopelle. Laquelle? La Joute. Ça s'invente pas, ces affaires-là. Vous mettez ça dans un roman, on vous met au rancart.
Lui saute à la gueule, donc. Littéralement. Lors d'un meeting à huis-clos (qui n'est jamais si clos que ça, en fin de compte: les murs ont des oreilles, et les portes une fâcheuse tendance à sortir de leurs gonds). Lui pète la tête sur un chambranle, le traite de noms mettant la vertu de sa mère en cause, l'assaille au point qu'il faut deux autres conseillers municipaux pour les séparer. Bref, rien que de très normal dans une semaine ordinaire pour Kevin ou pour moi ou la plupart de nos relations, mais nous ne sommes pas conseillers municipaux.
L'agressé l'est, lui, et porte plainte deux jours (!) plus tard. Résultat: l'agresseur, qui l'est aussi (conseiller municipal) est averti judiciairement...
Moi qui m'y connais pourtant, et pour cause, en jargon judiciaire, je veux bien qu'on me pende par les valseuses au même gibet que Coffin (il existe toujours, à la prison de Bordeaux; j'allais chaque après-midi lire un peu à l'ombre de la trappe), je veux bien qu'on m'y pende, dis-je, si je comprends quoi que ce soit à ce concept. Cyberpresse le rapporte ainsi: Le conseiller municipal Ivon Le Duc n'aura pas à se défendre devant les tribunaux pour avoir agressé son collègue Richer Dompierre en raison de la faible gravité du geste. La substitut en chef du procureur (Me Marie-Andrée Trudeau) a plutôt décidé de traiter l'infraction de voie de fait simple par un procédé non judiciaire.
Où était cette substitut quand j'ai eu besoin d'elle? Qui eût cru que de telles substituts existaient ici-bas, pleines de réserve et de bon sens? I guess she was en vacances. Je ne veux pas imaginer qu'elle croupissait dans un cul-de-basse-fosse comme le Masque de fer tandis qu'une salope arriviste et sans scrupules se substituait à elle, la substitut authentique. Ce serait à en perdre la foi. Dans le système. Perdre la foi dans le système, Gosh! Dieu m'en préserve.
M. Le Duc s'en tire donc sans poursuite criminelle, mais cette mesure reconnaît néanmoins qu'une infraction a été commise et que les preuves étaient suffisantes pour porter une accusation.
Selon Me Trudeau, cette décision a été prise parce que la preuve était suffisante pour porter des accusations criminelles, mais qu'il s'agissait d'un crime isolé, non prémédité et qu'il s'agissait d'un «coup de sang». L'absence d'antécédent judiciaire et la nature des blessures (des rougeurs) ont aussi guidé son choix.
Chère substitut, ces nouvelles considérations jettent une lumière si fraîche et si crue sur le processus judiciaire que je me vois mal ne pas vous réclamer un nouveau (trois, en fait) procès. Please answer asap.
Levé les yeux de mon écran pour la première fois depuis des heures et là, devant moi, plein nord, la lune, juste en face, fromagée, orange et presque pleine, me guette et me fait des reproches, une grosse lune crasseuse juste là, en face, au septième étage, et toute proche, impossible à ignorer plus longtemps, mais déjà cependant que j'écris sur elle et que je la raconte, elle clignote et s'efface, le moment passe, et c'est ainsi je suppose que j'ai perdu mes femmes, quoi qu'elles...
Partie.
Sera-ce la même qui reviendra demain soir, ou seulement une qui lui ressemble?
Guère un jour sans qu'on intensifie la guerre à la pédophilie; or, d'ici à ce qu'elle arrive en ville, je serai si vieux qu'aussi bien me coffrer maintenant, malgré qu'elle ait vingt-et-un ans.
Par ailleurs, le Kev remplace le Ric sur le sofa: nous fîmes tous trois moult assauts d'insignifiances, nous raccourcîmes les pailles et tirâmes dans le tas jusqu'à ce que le plus fragile soit mangé. Que ses os blanchissent dans l'aube avec notre bénédiction conjuguée.
La Ginette va déjeuner de flocons d'avoine dans un joli bock givré. De mon côté, je fume pensivement le Montecristo que Justine m'a offert en cadeau: là-bas, dans les Antilles, elle se l'était sauvagement et de fort vulgaire façon passé entre les cuisses pour narguer la vendeuse arrogante, et elle l'a refait ici en me mimant l'anecdote, et on aura beau dire que parfois un cigare n'est qu'un cigare, parfois aussi c'est davantage.
Victor Hugo interdisait que l'on «déposât de la musique le long de [s]es vers»; il faillit pourtant changer d'avis en découvrant le Rigoletto de Verdi, inspiré de son drame Le Roi s'amuse. Après avoir écouté le quatuor du troisième acte «Bella figlia dell'amore», il déclara: «Ah! si je pouvais, moi aussi, faire parler simultanément quatre personnages d'une manière telle que le public en perçoive les paroles et les divers sentiments, et obtenir un effet égal à celui-ci!…»
Ginette Desmarais m'assure qu'elle s'amuse bien à faire du lèche-vitrine dans ma boutique virtuelle.
Il y a quelque chose d'hilarant à voir votre effigie par ailleurs (faussement) impassible sur ces objets. Toujours à l'avant-garde, vous damez le pion au fédéral en devenant le "Big Brother" de vos lecteurs. Du grand Mistral ! Encore un que les anglais n'auront pas ! ;-) Surveillance dans la chambre à coucher (chemise de nuit), dans le bureau (tapis de souris), à la cuisine (tasse), il reste la salle de bains qui n'est pas couverte. Grave lacune.
Oui, eh bien, on étudie la possibilité de lancer une gamme de papier de toilette.
Éric a passé la nuit sur le divan. Ne s'est pas présenté au cours de botanique. On a donné sa place à un autre. Sa blonde l'a viré à coups de pied au cul assortis de deux claques sur la gueule.
Mardi, suis descendu chez XYZ pour voir où en est la construction du site. Encore une couple de semaines, m'assure Nick, et ça y sera. Vais peut-être pouvoir me mettre à vendre des livres, après tout.
Ma mère m'invite à voir et entendre Rigoletto samedi, dans sa loge à l'Opéra de Montréal. Vais consacrer une heure aujourd'hui à lire sur la question.
Samedi, c'est aussi le jour où je visite l'émission de François Lemay (Tout le monde s'en fout...pas!) à CIBL (101,5 FM, la radio libre de Montréal) de 13:30 à 14:30.
Aphane est un crack! Hier, son site renvoyait au texte original des articles of impeachment rédigés par Ramsey Clark, l'ex-Procureur général des États-Unis. Qui m'a tant impressionné par la robustesse de son langage que j'ai suggéré à mon vieux pote de le traduire en promettant de le publier simultanément sur nos deux blogs. Aidé par AL, Aphane ne s'est pas trop fait prier et voici le résultat. Étonnant!
Articles de mise en accusation :
du Président George W. Bush;
du Vice-président Richard B. Cheney;
du Secrétaire à la Défense Donald H. Rumsfeld; et
du Procureur général John David Ashcroft.
Le Président, le Vice-président et tous les fonctionnaires civils des États-Unis seront destitués de leurs fonctions sur mise en accusation et condamnation pour trahison, corruption ou autres hauts crimes et délits — Article 2, section 4 de la Constitution des États-Unis d'Amérique.
Les faits qui requièrent la mise en accusation du Président George W. Bush, du Vice-président Richard B. Cheney, du Secrétaire à la Défense Donald H. Rumsfeld et du Procureur général John David Ashcroft sont, entre autres :
1) D'avoir ordonné et dirigé une guerre d'agression dite «de prévention» ou «de première frappe» contre l'Afghanistan causant indistinctement la mort de milliers de personnes dont un grand nombre de non-combattants, laissant des millions de gens sans foyer ni nourriture en plus d'établir un gouvernement d'inspiration américaine à Kaboul.
2) D'avoir autorisé des intrusions quotidiennes d'avions militaires américains dans l'espace aérien de l'Irak en violation de sa souveraineté, ainsi que des attaques aériennes en sol irakien sur des installations et des gens, tuant indistinctement des centaines de personnes, d'abord sous le prétexte mensonger de légitime défense bien qu'aucun avion américain n'ait été, en onze ans, touché ou endommagé par le tir irakien tout en reconnaissant plus tard qu'ils visaient des installations défensives de l'Irak lors des préparatifs de guerre qu'ils avaient ordonnés.
3) D'avoir autorisé, ordonné et toléré des attaques directes sur des civils, des installations civiles et des lieux où les pertes civiles seraient inévitables.
4) D'avoir menacé l'Irak d'attaque dite «de prévention» ou «de première frappe» et de guerre d'agression avec une puissante et écrasante force militaire et notamment, l'utilisation d'armes nucléaires au moment où ils procédaient à une militarisation massive dans les pays et les eaux entourant l'Irak.
5) D'avoir mis en danger l'indépendance et la souveraineté de l'Irak en proclamant de façon belliqueuse leur intention de changer son gouvernement par la force tout en se préparant à attaquer l'Irak dans une guerre d'agression.
6) D'avoir autorisé, ordonné et toléré des assassinats, des exécutions sommaires, des enlèvements, des détentions secrètes ou illégales de personnes, des tortures et des pressions physiques et psychologiques sur des prisonniers en vue de soutirer des déclarations mensongères sur des faits et intentions de gouvernements et de personnes, et d'avoir enfreint sur le territoire des États-Unis les droits de la personne prévus aux premier, quatrième, cinquième, sixième et huitième Amendements à la Constitution des États-Unis, à la Déclaration universelle des droits de l'homme et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et d'avoir autorisé les forces américaines et leurs agents à les enfreindre à l'étranger.
7) D'avoir autorisé, dirigé et toléré des mesures de corruption et de pression sur des gouvernements et des personnes dans le but de les détourner de leurs devoirs et de la loi, notamment, en vue du maintien et du resserrement des sanctions économiques contre l'Irak, contribuant ainsi à augmenter le taux de mortalité des nouveaux-nés, des enfants et des personnes âgées; en vue d'attaquer et de tuer des personnes ou des groupes de personnes ciblés; en vue de permettre l'utilisation du territoire, des installations, des eaux territoriales ou de l'espace aérien pour des attaques américaines en Irak; en vue d'obtenir un vote, une abstention ou un appui public à une attaque contre l'Irak par les É.-U. ou l'ONU; en vue d'obtenir une défection de l'Irak, ou des accusations mensongères de caches d'armes dans le but de contrecarrer toute opposition à une guerre d'agression américaine; et en vue d'un refus de ratifier le Traité instituant la Cour pénale internationale ou de le soustraire de sa juridiction sur les États-Unis.
8) D'avoir fait, ordonné et toléré des déclarations et des propagandes mensongères sur la conduite de personnes et de gouvernements étrangers ainsi que sur les faits du personnel du gouvernement américain; d'avoir manipulé les médias et les gouvernements étrangers par des renseignements mensongers; d'avoir dissimulé des renseignements essentiels à la discussion publique et à la formation d'un jugement éclairé sur des faits, des intentions et des possessions, ou des tentatives de possession, d'armes de destruction massive dans le but de créer un faux climat de peur et de contrecarrer toute opposition aux guerres d'agression et aux attaques de première frappe de la part des États-Unis.
9) D'avoir enfreint et subverti la Constitution des États-Unis d'Amérique en tentant de commettre impunément des crimes contre la paix et contre l'humanité ainsi que des crimes de guerre pour des guerres «de prévention», des attaques de première frappe et des menaces d'agression contre l'Afghanistan, l'Irak et d'autres pays, d'avoir assumé des pouvoirs impériaux soustraits à la loi et d'avoir usurpé les pouvoirs du Congrès, du système judiciaire et du peuple des États-Unis dans le but de favoriser l'exercice illégal de la puissance militaire et de pressions économiques contre la communauté internationale.
10) D'avoir enfreint et subverti la Charte des Nations unies et le droit international en tentant de commettre impunément des crimes contre la paix et contre l'humanité ainsi que des crimes de guerre dans des guerres et des menaces d'agression contre l'Afghanistan, l'Irak et d'autres pays, et d'avoir usurpé les pouvoirs des Nations unies et des nations membres par des mesures de corruption, de pressions et autres malversations, des rejets, violations et entraves au respect des traités dans le but de contrecarrer toutes les mesures du droit international et des institutions visant à prévenir, gêner ou juger le recours à la puissance militaire et économique américaine contre la communauté internationale.
Ramsey Clark
Ancien Procureur général des États-Unis d'Amérique
15 janvier 2003
Comme on dit, ça fesse dans le dash.
Suis monté chez KV tard hier soir, pris d'un urgent besoin de lui parler, d'essayer des idées, de lui montrer mes corrections (violet) des corrections (rouges) à Origines, afin qu'il les corrige.
En fin de compte, il a révisé vingt-trois pages et presque tout éliminé le rouge qui restait; on aurait dit une carte stratégique du Vietnam en 1963, revue et corrigée par le Général Harkins. Trop de rouge. Beaucoup trop de rouge! QU'ON REDESSINE UNE CARTE MOINS ROUGE, NOM D'UNE PIPE!
Ai remballé mon manuscrit, me suis taillé en pleine nuit, pour le laisser dormir. Suis rentré en taxi. Ai négocié un prix.
Plus tôt, j'avais causé avec sa mère au téléphone. Voulais depuis longtemps lui laisser mon adresse, des fois qu'il arriverait quelque chose à ce téméraire homme-enfant, qu'il ait besoin de moi ou qu'on l'enterre à mon insu. Elle venait de relire tout Liber et, de là, avait suivi le lien jusqu'au Journal, dont la lecture donne une assez bonne idée de la saga de son fils depuis un an. Dorénavant, nul doute que j'aurai une fidèle lectrice de plus.
Comment espérer entreprendre l'écriture de Goth tant que je n'aurai pas réussi à respecter mon héros? Je tâtonne, je tourne autour, je m'approche et le touche à la joue, puis je recule pour l'observer en perspective, et j'éteins la grosse lampe et j'allume une chandelle et je plisse les paupières, mais chaque fois la lumière m'échappe. Je ne trouve aucun éclairage qui lui soit favorable. Plus j'essaie, plus il est laid. Je ne prendrai pas à bras-le-corps un roman dont la personnalité du principal protagoniste me pue au nez. Toutes mes recherches dans la matière de cette sorte de jeunesse que j'aspire à dépeindre m'emplissent d'un mépris voisin de la nausée.
CNN/CIA s'excite le poil des jambes et authentifie un enregistrement sonore d'Osama Ben Laden à mesure qu'il défile en direct sur les ondes d'Al-Jazeera. Quand on songe que le dernier crotté d'imitateur québécois peut accéder au pape ou à la reine d'Angleterre ou même à Brigitte Bardot en se faisant passer pour Jean Chrétien, ça donne mal au coeur de n'avoir qu'une seule voix.
J'aurais dû prévoir que BL serait le premier à commander un pack de cartes postales. D'abord, il est dingue, et puis c'est le seul de mes amis qui travaille, à part Justine.
Il m'écrit une belle lettre, et je lui demande la permission d'en citer des extraits. «Cite ce que tu veux, répond-il, j'assume tout ce que je dis.»
Nonobstant, je déguiserai deux noms pour protéger les innocents (surtout Bertrand):
Cher Christian,
C’est complètement débile ta boutique Mistral ! Mais en même temps, c’est complètement génial ! (...) Tu viens de franchir un tabou suprême du pacte auteur sérieux/lecteur sérieux ! Tu fais entrer par la grande porte du merchandising l’écrivain considéré-comme-littéraire dans le cirque des vedettes médiatiques et mercantiles! Je ne suis même pas cynique quand je dis ça. Ça devait arriver un jour ou l’autre.
Je préfère de beaucoup que ce soit un écrivain de ta trempe qui se soit trempé le premier dans cette "mare à bidules cheap qui promeuvent une vedette littéraire", que "M.F." ou "M.L.".*
Ça donne au tout un parfum insane d’ironie, de rébellion et de charité-qui-n’en-a-pas-l’air tout à fait ambigu et jouissif !!!
Je crois que je vais t’acheter un paquet de cartes avec cendrier mistralien et attributs mistraliens de base...
Dingue, dis-je. Cendrier? Pas de danger: les produits sont fabriqués en Californie. T'en offrirai un avec mon profit.
*(Cryptonote de CM: les premières initiales sont celles d'un homme dont le vrai nom commence par M.-A. P. et les secondes sont celles d'une femme qui s'est tourné le poignet à force de dédicacer ses livres dans les salons).
Justine vient luncher. Vais foutre une tourtière au four et réserver ma meilleure table.
Tel que prévu, mon incursion incongrue dans l'univers du dérisoire en déconcerte plus d'un. Hormis Aphane qui trouve que c'est une très bonne idée («le besoin crée l'organe!») et Kevin qui s'en tient les viscères à force de rire, le courrier furieux commence à débouler. Une lectrice: «Ça donne le goût de se désabonner... C'est ton écriture que j'aime, ta façon spéciale de t'exprimer, tes idées (sauf celle-ci), pas ta tête... Alors, vends des livres!»
Qu'est-ce qu'elle a, ma gueule? Et puis des livres, des livres, je veux bien, mais mon éditeur va faire une syncope. Quant à son site, ça fait quatre ans qu'il est en construction. Non, la seule chose que j'aie encore le droit de vendre, c'est ma tête: même mon âme est lourdement hypothéquée.
De Paris, Fred m'écrit: «J'y crois pas. C'est quoi, des cossins?»
Réponse: des gugusses, des bébelles, des patentes-à-gosses qui servent à rien.
De Mario, rien encore: il est occupé à retranscrire mes vieux débuts de pièces dactylographiés.
Ce matin, je me contente de retranscrire un extrait d'une dépêche de la Presse Canadienne. Libre à chacun de tirer ses conclusions. Libre pour l'instant, mais mieux vaut se dépêcher!
Une coalition d'organismes de défense des droits de la personne dénonce des projets de loi fédéraux susceptibles d'entraîner la surveillance des communications électroniques et des déplacements des particuliers au pays.
Le Collectif sur la surveillance électronique, que pilote la Ligue des droits et libertés du Québec, a lancé lundi une campagne visant à sensibiliser la population québécoise et canadienne aux implications des projets de loi antiterroristes présentement envisagés par le gouvernement fédéral.
Le collectif s'en prend notamment au projet de supercarte d'identité biométrique lancé par le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Denis Coderre, et à la surveillance des habitudes de fréquentation d'Internet, des courriels, des déplacements et des conversations par téléphones cellulaires des particuliers.
André Paradis, le directeur exécutif de la Ligue, estime qu'en plus d'une intrusion dans la vie privée des Canadiens, ces mesures constituent une atteinte à la liberté d'expression et d'association des citoyens. «Les gens vont se sentir sous surveillance, et auront peur de s'exprimer librement», a-t-il déclaré en conférence de presse.
À peine croyable, mais l'an dernier, le 14 février, quand on a lancé le site, j'ai dit à la blague: «Le jour où on passe le cap des cent lecteurs quotidiens, j'ouvre une boutique!» Circius et Mario se marraient comme des bossus. Or, j'ai inauguré le business cet après-midi et ce soir, pour la première fois, le compteur a pété les 100.
Reçu et corrigé les corrections au manuscrit d'Origines. Comme d'habitude, cela consiste surtout à écrire Stat un peu partout pour supprimer les italiques dont le bon usage abuse. Mais plusieurs remarques en rouge sont très judicieuses et rehaussent l'ensemble. Reste à trouver des timbres pour renvoyer tout ça à Trois-Pistoles.
Ça y est, j'ai sauté le pas pour me lancer en affaires. Être de son temps, voilà ma devise (en dollars états-uniens). La cyberboutique Christian Mistral est en ligne depuis 14:00 cet après-midi. On y trouve divers cossins plus ou moins utiles pour le littéraire qui a tout. Une onzaine de produits chic&swell à mon effigie attendent qu'on les achète deux fois. Consternez vos amis! Devenez un mécène! De l'ourson en peluche au bock givré, en passant par l'horloge murale et le tapis de souris, on peut désormais s'équiper Mistral mur à mur. Krusty le clown n'a qu'à bien se tenir après son pacemaker.
Mal aux cheveux. Kevin s'est levé la tête la première. Quant à moi, j'ai rêvé que je piquais une portefeuille et, après avoir couru, hors d'haleine, j'ai ouvert les yeux pour inspecter mon butin.
Journée parfaite hier. On est allés au studio avec Justine. Joie de la voir expliciter son esthétique et ses choix littéraires avec une telle aisance réfléchie. Le rhum doux nous entrait dans les veines comme une femme soyeuse dans un bain chaud.
Plus tard, on est montés chez Claude et Sarah et la petite-en-train, et on les a ramenés au Bunker. On n'arrêtait pas de tomber sur d'anciennes blondes de Claude, au dépanneur, au coin de la rue, mais il ne les reconnaissait pas et s'excusait avec un sourire gêné: «J'ai oublié mes lunettes», mais la vérité est qu'il ne voit plus que Sarah.
À qui s'étonne de l'exiguïté de mon Bunker, je réponds que je vis dans ma tête; le studio, c'est seulement pour manger et dormir.
Bigras a retenu deux de nos chansons pour son album-compilation intitulé Tout(sic): La bête humaine et Pourquoi tu veux.
Justine va passer après son entrevue à la radio. M'apportera du rhum et un barreau de chaise, et on papotera dans la boucane épicée. Retourne me coucher, rêver de carnaval.
Claude et Sarah ont conçu! Ce sera, selon l'échographie, une petite Israélite, à moins que le pénis ne soit caché derrière la cuisse. Un petit poisson d'avril.
Kevin voulait m'emprunter des guenilles pour aller au BS. Finalement, a transformé son manteau pour lui donner l'aspect d'une redingote de robineux.
Pâté chinois au four. On biberonne piane-piane devant un film de Stallone.
Mes aïeux, quelle soirée! Mario avait l'air d'un ministre hypercool ou du PDG de Virgin Records, et Kevin d'un diable physicien philosophe sur les bords. Quant à Justine, elle signait de la senestre et imprimait ses lèvres sur chaque page de garde. Quand elle s'est levée pour lire, un rare silence s'est fait. Alors a débuté le récit délirant d'une charmante cochonnerie comique, et les mecs rougissaient et les nanas gloussaient de science et de complicité avec l'auteure. Il y avait là des femmes à estourbir un chrétien, une blonde exotique à la peau dorée comme du sucre filé, et une brune à l'oeil vert qui posait sur mes joues de sanglier de bouillants petits baisers. Après ça, on a déménagé au Cherrier, et Justine m'a prêté des sous pour payer les frites de ma tribu. Elle était radieuse, et le coeur sur les lèvres à force d'angoisse.
On teste encore ce damné système d'alarme. Une heure et demie que ça dure. À force de crier au loup de cette façon à tous les dix ou quinze jours, on finira par avoir une catastrophe. La sirène va retentir au milieu de la nuit et personne ne se donnera même la peine d'enfiler ses bottes tandis que les flammes lécheront les murs.
Jour de lancement pour Justine. Des papillons extravagants font la java dans son estomac. Angoisse unique, couronnement d'un an d'ouvrage et qu'on maudit quand elle est là.
Cet après-midi, je reçois le docteur Sylvie Pierron, qui monte de Québec pour venir m'interroger sur ma pratique des dictionnaires, dans le cadre d'une recherche post-doctorale au Centre de Recherche en Littérature Québécoise de l'université Laval.
«J'entamerai à partir de ces entretiens une réflexion sur la relation de l'écrivain actuel avec sa langue d'écriture au Québec, dans un va et vient avec l'analyse stylistique des oeuvres, dans le but de confronter différentes pratiques des dictionnaires avec différents choix esthétiques en matière de travail et de représentation de la langue.»
Eh bien, par exemple, va et vient prend deux tirets. Je viens de vérifier dans le petit Robert. Mais il est vrai que c'est un vieux dictionnaire.
Suis pas resté longtemps. Pierre Turgeon m'invite à l'ouverture de sa filiale anglophone à Toronto. C'est fort gentil, mais je suis une trop petite nature pour aller jusqu'à Toronto. Paris, Bangkok, Moscou, n'importe quand, mais pas Toronto.
PT me redemande aussi quand je lui apporterai un manuscrit. Si André savait ça, il piquerait une crise.
Lili m'a fait tourner la tête en m'apprenant combien elle va gagner l'été prochain en tant qu'auteur de la pièce présentée à Trois-Pistoles.
Finalement, s'agit du livre sur Pierre Péladeau. Vais y aller, je pense. Kevin trop frileux, et redoute la présence d'hommes d'affaires. Jeunesse d'aujourd'hui.
Lili Gulliver m'avise d'un lancement ce soir à la BN. Lancement de quoi? Aucune idée. Free booze, anyway. Mes téléphones sont morts, mais j'ai écrit à Kevin, lui demandant de passer un coup de fil pour en savoir plus. Les hauts et les bas de la vie d'un pique-assiette.
Rédigé des éléments pour le communiqué d'Origines. De toutes les corvées, celle-là est toujours la plus pénible.
Pourquoi diable le Réseau de l'Information de Radio-Canada a-t-il chargé un interprète de doubler en français le ministre des affaires étrangères de la France? Dominique de Villepin s'exprime assez clairement, merci.
Colin Powell vient de terminer la présentation de ses preuves devant les Nations Unies. Une tentative de réitérer le coup de théâtre d'Adlai Stevenson en 1962. Seulement, Stevenson s'exprimait au nom d'un Washington pré-Watergate, dont on croyait encore qu'il ne pouvait mentir. Aujourd'hui, on pourrait presque trancher le scepticisme à la baïonnette.
Émile! Ma vitre est un jardin de givre...
Bouffé des tas de trous de beignes. Ineffable destin de la pâte sucrée: abaissée un petit peu à gauche, hop! tu deviens un beigne. Un petit peu à droite, hop! tu deviens un trou.
Fin de la séance. Crevant, de se rentrer le bide pendant vingt minutes. Me suis souligné le regard au khôl pour détourner l'attention.
Jacques Grenier, photographe au Devoir et vieil ami, a reçu de VLB la commande de me croquer devant mon frigo.
Dormi quinze heures. Quel jour on est?
Autre coup de fil, d'un monsieur Morin, sbire du boss de Trois-Pistoles: «Quand peut-on espérer recevoir vos corrections?» Je lui explique que je n'ai pas les épreuves, qu'on les a livrées ailleurs. «Et le projet de communiqué?» Quel projet de communiqué? Personne ne m'a rien demandé.
Coup de fil d'un monsieur DesRoches ayant reçu les épreuves corrigées d'Origines par erreur. Voulait mon adresse pour me les acheminer. Je lui ai mitraillé l'information parce que ma carte Fido pré-payée était sur le point d'expirer.
Renaud, mon voisin d'en-haut, m'informe qu'il a vu mon trophée de plâtre (décerné par la radio pour La lune, une des 10 chansons les plus jouées cette année-là) pendu aux cimaises d'un pawn shop sur Mont-Royal. Vais demander à Kevin d'aller le racheter. Coûtera moins cher que si j'y vais moi-même.
Suis tombé sur une mauvaise méchante batch de tabac pleine de copeaux de bois.
Pensées printanières. Va me falloir une femme bientôt. Intelligente, futée, sachant écrire et baiser. Pour égayer ce Bunker et secouer ma tribu et me forcer à faire un peu de ménage et m'inspirer un grand livre.
Vendredi, appel de Hans, depuis la gare d'autobus à Québec. Attendait sa correspondance pour Baie Saint-Paul. Venait de relire Vautour et tenait à me dire que le livre tient le coup.
J'ai, paraît-il, une mauvaise influence sur sa fille Fauve, qui songe à devenir écrivain.
Me suis endormi sur le clavier après la rumba avec Mario, Éric et Kevin. Brûlé la barre d'espacement avec mon mégot. Justine va s'en vriller la moelle à son retour de St.Martin/St.Maarten.
Résolu le mystère du drôle d'air que m'a fait Kevin la semaine dernière, quand je lui annonçai le titre de mon recueil. Faciès, c'est ainsi que s'intitule la nouvelle qu'il a soumise à Moebius il y a deux mois, et je l'avais complètement oublié!
Me fallait donc un autre titre. D'abord songé à Façons, puis me suis décidé pour Fontes, avec le triple sens de caractères d'imprimerie, de dégels et de sacs à fusils.
Columbia s'est crashée, juste en surplomb de Palestine, Texas. The debris could have toxic consequences.
Plus il s'en passe, moins on a de temps pour relater ce qui se passe.
Mario ronflait pire qu'une fournaise, échoué comme un orque sur le lit. Quant à Éric, il cuvait sur le sofa, gelé dur, cependant qu'avec KV je discutais littérature, et le nouveau voisin, téméraire, tapait comme un sourd inconscient dans le mur.
Un nouveau voisin s'est bruyamment installé hier soir. Il tousse presque autant que moi et je me sens d'autant moins coupable. D'essayer de respirer. Il aurait aussi tendance à taper dans le mur, mais peut-être accroche-t-il des portraits de sa maman.
Sekhmet me fournit des tests, des petits, des testicules, que je teste à mon tour pour estimer s'ils conviendront à Generoso, mon protagoniste Goth. Le bogue, c'est qu'il n'y avait pas de blogues en 1999, aussi vais-je probablement lui inventer une présence sur un news forum, sauf que je n'y connais strictement rien.
Le dernier test qu'elle m'envoie vise à déterminer ma couleur intérieure. Je suis rouge, semble-t-il, ce qui veut dire (traduction libre):
«Vous êtes rouge. Impur, quoique noble. Fidèle à vous-même et envers autrui. En amour, vous êtes entier et ferez n'importe quoi pour assurer son bonheur. Vous êtes sûr de votre identité et ne pouvez, en conséquence, changer les autres ou être changé. Vous êtes un authentique prince; on pourra vous oublier, mais sans vous, nul d'entre nous ne saurait continuer.»
Tiens, c'est bien vrai, je suis rouge! Seulement, c'est ma couleur extérieure...
À quand les tests anti-dopage aléatoires pour écrivains?
Jour de paye. Comment faire pleurer du vin aux pierres tout en multipliant les pains.
Une brume rose orangé larmoie sur les toits.
Bertrand très content de la préface. Un peu surpris, je crois, et plutôt ravi de ma célérité. Mais lui non plus n'a pas les deux pieds dans la même bottine. Jeudi dernier, il me proposait l'idée de ce livre, dont il détient maintenant presque toute la matière, qu'il va se charger de mettre en forme. Il aurait bien pris dix ou vingt pages de plus en préambule, mais quatre suffisent, me semble-t-il, pour un recueil de quatre-vingts. Always leave them wanting more...
L'annonce du pacte fiscal entre Montréal et Québec répond à une question qui me tarabustait depuis longtemps: comment les collections de la Bibliothèque Centrale municipale allaient-elles être transférées à la Grande Bibliothèque nationale? Le gouvernement provincial vient de les acheter, 35M$, en même temps que l'île Notre-Dame.
Le maire Tremblay, en voulant rattraper un lapsus selon lequel il souhaitait baiser le fardeau fiscal de ses commettants, s'est fait rassurant: «Je n'aurais jamais vendu l'île de Montréal (!) si je ne pensais pas que c'est une excellente transaction».
À Flin Flon, Manitoba (ça s'invente pas!), des chercheurs du gouvernement canadien s'efforcent depuis dix-huit mois de faire pousser du pot thérapeutique de qualité, sans succès. Installés dans une sorte de mine de marijuana à dix mètres sous terre, ils gâchent récolte après récolte et la ministre de la santé est très inquiète pour l'avenir du programme...
Pour paraphraser Kevin, je me suis levé avec de l'ambition, et j'en ai profité pour terminer la préface à Faciès. Si je ne le fais pas tout de suite, l'expérience me prévient que je ne le ferai que dans la nuit précédant l'envoi des épreuves à l'imprimeur. Le livre est prévu pour février 2004.
Brouillard sur la ville. Nous arrivons sur l'autre versant de l'hiver et glisserons jusqu'à la renaissance.
Une méchante fébrilité m'étreint, je tourne dans le Bunker comme un félin encagé. Patience et longueur de temps.
Adieu miss Janvier, demain vous vous éteindrez dans toute votre froide beauté, déjà le choeur des vocératrices s'assemble pour vous pleurer...
TQS, fidèle à elle-même, annonce une entrevue avec Robert Gillet au cours de laquelle «il révélera qu'il se sent traqué par les médias!» Comment la journaliste a-t-elle obtenu cette exclusivité? En l'attendant à la sortie d'un restaurant.
Paranoïaque, va.
Retour de la Centrale. Ai failli emprunter un bouquin sur le diabète, puis me suis ravisé. Pour les histoires de peur, j'aime encore mieux Stephen King. Me suis rabattu sur le livre de Neil Sheehan à propos du Vietnam et une anthologie de six pièces par Jason Sherman.
Avant de m'y mettre, vais préparer une tarte au citron. Recette piquée par Kevin à Josée di Stasio. Once we were warriors...
Retourné voir Bertrand Laverdure pour récupérer mes originaux et lui annoncer que j'ai commencé la préface à Faciès. Robert Giroux songe à y inclure quelques poèmes de jeunesse, à condition que je les annote, ce qui doit vouloir dire qu'il faudra que j'explique pourquoi ils ne sont pas bons. Demanderai peut-être à Bertrand de m'aider.
J'ai chargé mon nouveau Motorola mignon à bloc, vingt-quatre heures durant, puis j'ai inséré la puce, puis j'ai mis le jus, pour m'apercevoir que Rogers AT&T m'a débranché pour non-paiement. Les escrocs qui m'ont vendu le contrat et qui réparent mon appareil depuis deux mois devaient faire suspendre la facturation, mais z'ont dû oublier.
Allez donc essayer, après ça, d'être plus communicatif!
Soirée pépère avec Kevin. On a laissé une couple de quilles nous rentrer lentement dedans. Il repeinture la même cabane de rupins pour la cinquième fois. Un oncle de ses clients, juif orthodoxe, lui a commandé une grande toile représentant Moïse, version Charlton Heston, effectuant la partition des eaux de la Mer Rouge. Pas si orthodoxe que ça, en fin de compte. Le décalogue est clair là-dessus: «Tu ne feras pas d'image taillée, ni aucune image de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au dessous de la terre.»
Reçu mon nouveau téléphone "reconditionné" par Purolator. Tanné d'attendre qu'on répare l'autre.
Passerai voir BL à 13:30 pour lui remettre les textes de mes chansons inédites, une cinquantaine environ. Le laisserai séparer le bon grain de l'ivraie. Songe à Faciès comme titre du recueil. Quant au titre générique de mon prochain cycle (comme Vortex Violet pour le premier), inauguré avec Goth, ce sera Gala Gitan. Beaucoup d'étiquettes pour des boîtes qu'il ne reste (!) qu'à remplir.
Je ne sais pas trop par quel bout attaquer Goth. Pour tout dire, je ne me suis pas encore fermement engagé envers moi-même à l'écrire. Ni envers moi-même, ni envers le livre. Mais je vais faire quelques esquisses. L'idée m'est venue d'utiliser ces petits tests de personnalité plus ou moins sérieux en guise de tampons, sporadiquement saupoudrés à travers le récit: Generoso, mon protagoniste, pourrait s'y révéler assez efficacement il me semble, voire s'y trahir. Sekhmet se charge de m'en trouver.
Je m'y attendais, et il a probablement raison: BL voit plus de fange que de furie dans mon recueil, ce qu'il appelle joliment du «dix-neuvièmisme». Y voit de la valeur pour les exégètes. Mais on va vraisemblablement s'entendre et trouver le moyen de publier un peu de poésie quand même, sur un lit semé de chansons.
Envoyé le manuscrit de Vacuum (le Journal) à maître Vanasse.
Bon, eh bien, le hiatus n'aura duré qu'un peu plus de seize heures. J'ai remis de l'ordre dans mes idées, et planqué quelques détails dans un fichier à part. L'épaule reprend contact avec la roue.
J'ai résolu d'interrompre cette publication pour un temps. Il se trouve, et j'en suis le premier surpris, que les événements qui convergent vers moi depuis peu ne sont pas de ceux dont je peux faire état au grand jour. Leur nature, importante à mes yeux, réclame pourtant que j'en prenne acte, autrement ceci ne serait plus un Journal. Il s'agit essentiellement de l'intimité de personnes qui me sont chères, ainsi que de certaines réflexions que je souhaite approfondir en privé sur la suite des choses... J'aviserai les abonnés de la Circulaire de mon retour.
Ma mère doit dorénavant songer au sucre, et m'exhorte à faire de même.
Pete Rose serait près d'avouer qu'il a effectivement parié sur des matches de baseball, ce qu'il nie depuis 1989. Une confession abjecte accompagnée de remords, de bons vieux aveux bien soviétiques, sont la condition sine qua non de son admission au Temple de la Renommée. Sa légende? Ses zillions de coups de circuit? Rien de cela ne vaut tripette. La méritocratie a deux visages, l'adulte et l'infantile: en Amérique, là où l'homme recevait selon sa valeur, il n'est plus désormais qu'un garçon grapillant les miettes de son dû, le dos rond, la bouche contrite.
Le 20 juin 2000, la NASA laissait filtrer que Mars avait peut-être déjà contenu, voire contenait peut-être encore, de l'eau. Hier, on apprenait que Bush s'apprête à consacrer des subsides à hauteur d'un milliard au développement de la propulsion nucléaire: il devrait l'annoncer lors du discours sur l'état de l'Union. Aujourd'hui, La Presse rapporte mine de rien que Mars est plus riche en eau que la Terre, rien que ça. Selon deux Français obscurs issus d'un institut nébuleux, ô ma crasseuse ignorance, lesquels ont découvert une météorite martienne pleine de preuves qu'abonde la flotte enfouie profondément dans les entrailles de la planète rouge. Ça sent le conditionnement social à plein pif, ça pue la manip, ça schlingue la carotte qu'on agite sous les naseaux de l'âne bâté, ça fleure l'histoire plantée depuis Langley.
En terminant les deux strates de succulent chocolat belge que ma soeur m'a offert à Noël, j'ai conservé la boîte de métal et l'ai remplie de biscuits au gingembre. J'en mange deux ou trois le soir avant de me coucher, avec un petit verre de lait, et ça me rappelle le boulevard Octogonal de mon enfance, dans la cuisine de grand-maman. Je dors comme un chérubin langé de frais.
Kevin est dans la lune depuis dix jours, peut-être vingt. Il y cherche son roman, quelque part au sud du cratère Cauchy, sur la rive orientale de la mer de la Tranquillité.
Le sauvage écho de mon frigo a retenti jusqu'aux Trois-Pistoles, et un chèque charmant est tombé dans ma boîte à malle, cependant que Justine m'apportait de la bibine et repartait avec mon scénario. Mouvance et rock & roll. Passé prendre Kevin en sortant du bureau de probation. L'ai ramené partager la bombance.
La réunion du comité, ce matin, s'est soldée par une décision qui, sans être mauvaise pour moi, me place néanmoins dans une position difficile. Je n'aurais pas dû évoquer le prochain roman, mais ça n'aurait vraisemblablement rien changé. Il y a toujours un prochain roman. Enfin, j'ai de la jonglerie et des calculs à faire.
Mon frigidaire est un temple tout entier consacré au culte du bicarbonate de soude.
Michael Caine sur pourquoi il a cessé de boire: «Because fat drunks don't get the girl. That's why they're fat drunks.»
Je connais de plus en plus de gens, âgés de vingt à quarante ans, qui n'ont plus d'appartement. Terrifiante perspective.
Coup de fil d'Hélène. Elle a encore plus aimé la deuxième partie de Vacuum, plus réflexive, moins anecdotique. Entend pousser fort lors de la réunion du comité de lecture jeudi. Me demande de l'appeler en après-midi «si j'y pense». Je ne pense guère à autre chose, ces derniers temps, mais à ce moment-là, je serai dans le bureau de mon agent de probation.
En classant des vieux papiers, retrouvé un début de pièce polar qui date de quinze ans. Quarante et quelques feuillets. Vais peut-être m'y remettre.
Je serais Saddam, j'envisagerais sérieusement un exil doré. Qui se souvient de Manuel Noriega? Rémunéré par la CIA du milieu des années soixante au milieu des années quatre-vingts, il est pote avec Bush père, lequel sera directeur de l'Agence, vice-président puis empereur des États-Unis. Leader indépendant du Panama au moment où les USA sont tenus de rendre le Canal le 1er janvier 1990, il gêne. Bush le diabolise donc dans l'opinion publique, envahit le Panama, tire dans le tas et installe un régime fantoche juste à temps, soit le 20 décembre 1989. Quant à Manuel, il est ramené dans les chaînes comme un barbare vaincu au temps des Romains. Il purge aujourd'hui quarante ans dans un pénitencier de Floride.
Aujourd'hui, l'évolution est pénible: j'avance d'une façon qui rappelle fort celle du Frankenstein de Boris Karlof, ou d'un Borg. Mes tendons d'Achille sont des cordages trempés dans l'eau de mer et séchés au soleil...
Quant à cette méchante molaire, elle mine mes nuits. CGDR m'a donné quelques comprimés de morphine. La moitié d'un, aspirée d'un coup entre les dents pour éviter tout contact de mauvais goût avec la langue, vous envoie douze heures dans des vapes indolores.
Photo Robert Skinner, Cyberpresse Retour de la marche pour la paix. Comble d'ironie, a fallu que je traverse la ville à pied pour y aller, faute de ticket de métro. Tant qu'à y être, j'ai marché en première ligne, entre Luck Merville et Maka Kotto. Y avait du monde à la messe. Vingt-cinq mille, selon les estimations. Faisait moins dix-sept. Le mécanisme de ma montre a gelé. Mes cheveux aussi: je sortais de la douche. En route, j'avais rencontré une première foule, mais ce n'était qu'une queue devant la charcuterie hébraïque. Au retour, longeant le bassin du Parc, aperçu un couple agenouillé face à face en patins sur la glace, s'enlaçant.
Vais réchauffer la soupe aux pois.
Sekhmet m'initie sans s'en douter aux charmes délétères des tests de personnalité. Ces trucs-là sont transparents comme le T-shirt de Véronique un vendredi soir. Les jeunes gens à qui ils sont destinés s'inquiètent d'être normaux, sans réaliser qu'ils ont triché tout du long, et les vieux répondent de leur mieux, sauf qu'ils cherchent une option nuancée entre oui et non et finissent eux aussi par fausser les résultats. Ci-dessous un diagnostic cybernétique de mes troubles de la personnalité.
Désordre | Probabilité |
Paranoïa: | Élevée |
Schizophrénie: | Très élevée |
Schizotypal: | Modérée |
Antisocial: | Élevée |
Borderline: | Basse |
Histrionique: | Très élevée |
Narcissique: | Très élevée |
Fuyant: | Basse |
Dépendant: | Basse |
Obsessif-Compulsif: | Élevée |
|
Dixit Radio-Canada: «250 000 suspects retracés à l'échelle de la planète!»
Deux cent cinquante mille? Give us a fucking break. Arrêtez de faire peur au monde pour mieux les gouverner. C'est pas parce que ça marche que c'est moins répugnant.
Cette cyber-hystérique chasse aux ogres qui mène à des centaines d'arrestations spectaculaires sur cinq continents pour mettre fin aux échanges de pornographie juvénile me laisse perplexe. À première vue, ça ressemble à la guerre contre la drogue, où l'on criminalise les consommateurs aussi bien que les fournisseurs, mais la comparaison ne résiste pas à l'examen. Car on coffre les drogués pour leur bien, en principe, ce qui n'est pas le cas des amateurs d'images de chair glabre. Ici, il s'agit d'inhiber la demande pour protéger les modèles, des enfants réels. Difficile d'être contre ce noble objectif. Mais les moyens employés permettront-ils d'arriver à la fin désirée? Le souvenir des temps victoriens me suggère que non. Il est impossible de légiférer les fantasmes et dangereux d'essayer. Ce genre de répression par l'opprobre et l'anathème excite les passions en vase clos et suscite des réseaux souterrains, véritables bouillons de culture d'abominations violentes. De quelle nature est-il, ce fameux "matériel à caractère pédophile" (tantôt juvénile, tantôt infantile, ce qui n'est pas la même chose) dont on entend beaucoup parler mais qui n'est jamais montré? Sont-ce de vieux Super 8 suédois et autres clichés de Jeunesses Hitlériennes tout nus dans les feuilles? Sont-ce des partouzes mettant en vedette des filles de 16 ans aux hanches étroites et à la poitrine plate, coiffées avec des lulus? Est-il majoritairement homosexuel, ou juste à moitié? Faudrait savoir, il me semble, avant de se faire une idée. Si j'avais une carte de crédit, j'irais voir, et qu'ils y viennent, les flics du Net, un an après, avec leurs accusations d'avoir cliqué au mauvais endroit.
J'aime pas les enfants. Tout le monde sait ça.
Bon, assez ri. Temps de passer aux choses graves.
Ce matin, j'ai adressé à mes cent cinquante-six abonnés la Circulaire #9, intitulée Marche forcée. Exceptionnellement, j'en reproduis le texte ici.
De ma vie, je n'ai jamais marché pour une autre cause que la mienne. Jamais eu de projet collectif. Jamais porté de pancarte. Suis pas un Boomer. Suis un Vamp.
Samedi qui vient, pourtant, je crois bien que je serai parmi ceux qui marchent pour signifier à l'usurpateur doublevé Bush qu'ils ne sont pas les silencieux complices de sa guerre imminente, aux résultats imprévisibles et aux causes transparentes.
J'ai un fils de vingt ans. Tout le monde a un fils de vingt ans. Tout le monde devrait, en tout cas. Surtout les Sénateurs. Fuck George Bush. Fuck l'empire morbide obèse états-unien. Fuck us si on ne dit rien.
Vous y verrai peut-être, À MONTRÉAL, SAMEDI, 18 JANVIER 2003 À 13 h 00, Rassemblement à l'angle de la rue Guy et du boulevard de Maisonneuve.
OK, vous pouvez vous remettre à rigoler.
Putain d'hostie de beau jeudi, juste au moment où je finissais ma phrase, on a frappé à l'huis, et comme de juste, c'était un huissier, un petit roquet qui est tout de suite devenu très nerveux en contemplant ma corpulence, et il jouait au con, menaçant de me saisir, j'ai éclaté de rire, j'ai dit regarde autour de toi, qu'est-ce qui ferait ton affaire? C'est la suramende de 50$ pour l'histoire du voisin, devenue 161.47$ par la magie des papiers jaunes, bref (de saisie), je l'ai jeté dehors et j'appellerai Hans quand je me serai calmé.
Celle-là est drôle.
Circius, débarqué impromptu vers vingt-deux heures, a passé toute la sainte nuit entre les chiottes et le crachoir, un chalumeau enfoncé dans le nez. Ce matin, je l'autorise à utiliser mon cellulaire pour pager son pusher. Ça ne prend pas cent secondes, la sonnerie retentit. Je réponds, machinalement.
«Bonjour, fait une voix chaleureuse et racée, puis-je parler à monsieur Christian Mistral s'il-vous-plaît?»
Putain, j'étais soufflé. Le pusher de Circius sait mon nom? Ou serait-ce un cochon?
«Lui-même», réponds-je, hésitant et fébrile, puis, m'enhardissant: «'coute donc, Chose, t'es bien renseigné!»
«Ici Victor-Lévy Beaulieu», de rétorquer la voix.
Double soufflé. Moi qui réponds jamais au téléphone. Deux jours que je frétille sur des charbons ardents en attendant un courriel de VLB, ne serait-ce que pour confirmer qu'il a reçu le manuscrit d'Origines, et le vieux loup m'appelle, et je le méprends pour un pusher; pire, pour un flic!
Circius se tordait de rire comme un sale con sur le plancher. Pas pu m'empêcher de lui consentir un petit coup de pied.
Il ressort que le boss a reçu le livre, l'a lu, l'a aimé, a été touché, en aurait pris deux fois plus, veut le sortir en avril pour le Salon de Québec, m'y invite, s'est enquis de mes problèmes de frigidaire et m'a offert de m'envoyer des sous (j'ai refusé, sous le coup de l'émotion), et qu'en somme ceci est un très beau jeudi.
Reste plus qu'à décrocher le Nihil Obstat de ma mère. Le livre lui est dédié, ça parle d'elle de part en part et sur la tranche, alors on rira bien ce qu'on rira, mais je le lui soumets avant de donner le final OK à l'imprimeur.
Hier, KV venu préparer des pâtes sauce à la crème rosée. On a invité Steve. J'ai liquidé le rhum cubain et ne me rappelle plus grand-chose.
Demandé, penaud, à maman de me donner un coup de main. Je lui dois déjà tant. Mon constant souci est de lui devoir aussi la grâce et le panache.
Mon vieux Fred Boudet s'est marié à Paris en novembre (ou au Mans? Suis pas sûr). M'envoie le "petit carton" par courriel. «L'événement a déjà eu lieu, mais l'amour et l'amitié, c'est pour la vie!» Je le revois, aux anges, pelletant la neige de mon entrée à la Pompe. Et me faisant découvrir Paris à pied, comme lui-même s'y était pris en débarquant de sa province. «C'est le seul moyen qui vaille, mon pote! Faut s'user la semelle...»
Envoyé huit exemplaires par courriel à autant d'amis, dont VLB qui l'a commandé. Suis resté debout jusqu'au Ping! de la messagerie m'annonçant que Kevin avait terminé de lire. Il m'a fait une excellente suggestion pour améliorer la fin, que je me suis empressé de mettre en pratique.
Aujourd'hui, j'entreprends d'élaborer la bible d'un projet dramatique télévisuel.
Bleu crépuscule. Une poignée de patineurs s'égaye sur le bassin du Parc Lafontaine, au son d'une musique de chambre diffusée par les haut-parleurs vissés aux arbres. C'est l'heure du rhum et de la soupe aux pois fumante.
À la Centrale, testé les prototypes de lampe, chaise et table de lecture qui garniront la Grande Bibliothèque. L'ensemble est élégant et confortable, mais les accoudoirs gagneraient à être élargis aussi bien qu'allongés.
Des mois que K s'évertue à me convaincre que Mario Dumont n'est pas une alternative politique souhaitable. Devait mal s'y prendre, parce que je viens juste de comprendre. Cet entêtement à permettre le recours aux soins de santé privés m'apparaît comme taillé sur mesures pour plaire aux Boomers vieillissants, qui pourront ainsi continuer à jouir des fortunes planquées dans leurs fonds de retraite. Au diable l'idéal: désormais, on sera indépendant chacun pour soi.
Justine, roux ange de miséricorde, vient à mon secours avec du rhum, du vin d'érable et une douzaine de mols, de quoi me porter jusqu'à pas très loin de la fin d'Origines.
Quand je ne pense pas grand-chose de moi, je songe à la qualité de ceux qui m'aiment et cela m'insuffle une confiance neuve. Ne juge-t-on pas un homme à ses amis?
Dimanche endeuillé. Maurice est mort, et les Bee Gees, les Brothers Gibb, ne sont plus que deux. À chacun ses tendresses: ce décès m'attriste davantage que la disparition de George Harrison.
Stupéfait d'apprendre qu'à New York, les passes de métro enregistrent l'origine du trajet des détenteurs. Comment ont-ils pu leur faire avaler ça? Quel épais sirop de sophismes a-t-on utilisé?
D'un autre côté, tout n'est pas pourri de part en part en ce décadent royaume: le Gouverneur de l'Illinois, à deux jours de la fin de son mandat, a commué les peines de mort des cent-soixante-sept pauvres diables qui attendaient leur exécution dans les geôles de l'État.
Captif de cette turne
Avec rien autre à boire
Que la rosée nocturne
Emplissant un calice
De vos larmes amères
Et mangeant au ciboire
Les merveilles d'Alice
Au pays de sa mère.
Sorti acheter des tubes à cigarettes. Un peu de tubes pour finir mon tabac, un peu de tabac pour finir mes tubes. Le jour où j'arrive égal, j'arrête de fumer.
Passé devant le prêteur sur gages où j'ai pawné mon platine de Soirs de scotch il y a trois ans. Fenêtres placardées, écriteau annonçant la fermeture. Adieu trophée. Quelqu'un, quelque part, l'aura acheté et accroché dans son sous-sol fini.
Point dans le dos. Mon corps est bien près d'en avoir ras le bock des abus.
Entendu bardasser dans le couloir une partie de la nuit. Glissements de meubles et froissements de carton. M'est avis que mon délicat voisin déménageait à la cloche de bois. Pourvu que le prochain ne soit pas un autre mélomane.
Éric devait passer le vingt-cinq décembre vers quinze heures, tout de suite après s'être séché les cheveux. Il vient d'appeler pour annoncer qu'il arrive. Vais lui recommander de se faire couper les tifs.
Suis allé porter Fange et Furie à BL chez Triptyque. N'a guère semblé surpris de ma visite. Lit le Journal. «Comme ça, il ne s'est pas passé grand-chose hier?»
Il faudrait vraiment pouvoir tout dire.
Justine a mis dimanche la dernière main à son manuscrit, dont la parution est prévue pour la Saint-Valentin. Pas étonnant qu'elle se soit faite si rare ces derniers temps. Elle était ligotée à son ordinateur. Guère excitant, comme position, contrairement à ce qu'on serait tenté d'imaginer.