Le silence de mon enfant me tourmente, cela ne va pas nécessairement sans dire. Des tas de choses ne vont pas sans dire, quand on y pense; surtout les nécessités. Donc, le silence de ce petit salaud me blesse et je n'ai pas le caractère qu'il faudrait pour le dissimuler. Pas la force de faire semblant que je m'en fous, ce qui l'inciterait à changer de tactique au cas où. Il me manque et tant pis si ça lui fait plaisir.
Cela dit, m'est avis qu'il requiert un respect à sens unique que je suis bien incapable de lui donner. Je n'ai jamais donné de respect à personne. Petit, ma mère exigeait le respect et je refusais de le lui accorder, comme ça, à l'oeil. A fallu qu'elle le gagne, et aujourd'hui je serais bien en peine de nommer quelqu'un ici-bas que je respecte plus que ma mère. Alors, hein, moi qui ne pouvais même pas respecter ma propre mère gratis, je le ferais pour mon fils?
Au jeune poète qui m'écrit: Nous marchons ensemble quelque part le long d'un caniveau, avec des ailes qui nous font faire des bonds d'extase: Si nous marchons ensemble le long d'un caniveau (dedans, c'est toujours le long de), il ne saurait s'agir du même. Ainsi, je porte l'ancien anneau d'un citoyen romain, le même que ce citoyen portait, pourtant ce n'était pas l'ancien anneau d'un citoyen romain pour ce citoyen romain, c'était juste son anneau. Les caniveaux, c'est pareil. Quand on en part pour s'élancer, c'est un caniveau. Quand on y retombe après avoir léché les étoiles, c'est un autre caniveau. Même si c'est le même caniveau.
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