Je bois à ça, ainsi qu'à toi et ton Divin Crachat.
Là, si le miracle s'ébruite, il y aura foule sous ton balcon! :-)
Cahier spicilège de Christian MISTRAL.
Lecture-hommage bien particulière de la pièce de Michel Tremblay au Théâtre du Rideau Vert
Montréal, le 28 août 2008 — Le Théâtre du Rideau Vert célèbre les 40 ans de la création de la pièce Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, en organisant une lecture publique pleine de surprises et d’originalité, un projet initié par l’animatrice Monique Giroux, bien connue pour son engagement envers la création et toutes les formes d’art d’expression française.
Plusieurs personnalités issues des milieux artistiques, culturels et médiatiques ont rêvé d’interpréter cette pièce de Michel Tremblay. Elles monteront sur les planches … et joueront le jeu! En tout, quinze femmes bien connues du public québécois seront réunies : Monique Giroux, Jocelyne Cazin, Diane Lemieux, Suzanne Lévesque, Marie-Christine Trottier, Ariane Moffat, Dominique Poirier, Nathalie Petrowski, Isabelle Maréchal, Marie-Élaine Thibert et plusieurs autres surprises! Grâce à l’idée originale de Monique Giroux, elles auront le plaisir d’interpréter les personnages de cette pièce et seront dirigées par Denise Filiatrault, directrice artistique du Théâtre du Rideau Vert, qui connaît parfaitement la pièce et l’univers de Tremblay, notamment pour avoir fait partie de la distribution originale de la pièce il y a 40 ans!
Seulement deux représentations de cette lecture-hommage auront lieu : le dimanche 9 novembre prochain à 16 h et 19 h 30. Les billets pour cet événement sont en vente au prix de 100 $, et sont disponibles directement au guichet du Théâtre du Rideau Vert, par Internet à l’adresse www.rideauvert.com ou par téléphone au (514) 844-1793. Les abonnés du Théâtre du Rideau Vert ont la priorité d’achat pour cet événement jusqu’au 15 septembre, date où les billets seront mis en vente au grand public. Les recettes de ces lectures aideront à soutenir les nombreuses activités du Théâtre du Rideau Vert, le plus vieux théâtre professionnel au pays, qui fête cette année ses 60 ans.
Rappelons que c’est le 28 août 1968, au Théâtre du Rideau Vert, que la pièce Les Belles-Sœurs de Michel Tremblay, une œuvre marquante de la dramaturgie québécoise, a été présentée pour la première fois.
Oui. Monique Giroux en Germaine Lauzon. C'était pas son idée, c'est celle de Filiatrault, et Giroux a presque regretté d'avoir de l'initiative! Mais attendez: elle va être fantastique.
Et je rêve d'autres lectures de d'autres classiques sur les lieux de la première. Peut-être pas à cent piasses la pop, peut-être plus adapté aux bourses étudiantes.
Bruno Roy, ayant pris connaissance du billet que j'ai signé plus haut et plus tôt aujourd'hui, m'adresse un courriel que j'ai demandé à publier, à titre exceptionnel, parce qu'il contient matière à réflexion, voire à inspiration pour ceux qui font le beau métier d'enseigner. Il m'y autorise et je l'en remercie de tout coeur.
C'est intégral, trucs personnels et tout: écrire une lettre, c'est vraiment comme baiser, y a des quickies sur le bord du bureau et des caresses sur vélin qui durent jusqu'à l'extinction des chandelles et le monde entre les deux, et parfois des préliminaires, parfois du cuddling, parfois fuck all that, tout dépend du message et du désir, de ce qu'on veut offrir et prendre.
Quand y a des préliminaires, faut montrer la scène au complet, sinon la pénétration décontextualisée opère un glissement de sens, et on n'a pas le temps de se mettre en oeuvre assez pour venir quand c'est le temps, le film est fini et y aura pas de rencontre. Je sais pas si la plupart des gens comprennent, ou sentent à tout le moins, comment un texte est bâti. Probablement pas plus que je sais ce qu'il y a derrière le gypse de mon bunker. À l'école, on apprend les notions de plans, d'exposition et de noeud et de conclusion, puis on analyse des poèmes, des chansons , des films, pour étudier leur mécanique. Mais un auteur aguerri comme Bruno ne fait plus rien de ça avant d'écrire une lettre: ce qu'il fait, il ne s'en aperçoit même pas, c'est structurer son texte à mesure qu'il s'élabore et s'assemble dans sa tête, quelques lignes à l'avance comme une émission en direct moins sept secondes, le temps pour le censeur de couper si quelqu'un dit Stéphane Dion ressemble à la bite de Chrétien quand il sort de l'eau froide, un peu aussi comme les différents angles de vue qui s'offrent au réalisateur en simultané, parmi lesquels il pige et choisit et compose une émission. Non, les gens savent pas, et nous ignorons qu'ils l'ignorent, d'où les Hymalayas d'incompréhension et de malentendus qui s'empilent et se bousculent.
Christian,
J'en ai encore des frissons. Le boomer que tu aimes est ému. Profondément. Touché jusqu'à l'os. J'ignorais ce que je représentais pour toi, alors que tu étais ti-cul dans ce collège où ce sont les profs qui faisaient la différence, non la pédagogie du milieu. Certes, tu me l'as déjà rappelé. Mais cette fois-ci, même si chez moi, le souvenir est réel mais vague, j'ai souvenir de t'avoir dit « Tiens ! On a le même nom... » Aujourd'hui, nous pratiquons le même métier, celui d'écrire. C'est comme si à l'époque, nous nous étions reconnus. Ainsi que tu le dis, tu « devais toujours envisager cet ours d'homme en contre plongée » Petite anecdote. J'ai longtemps fait des camps de vacances. Un jour, un campeur dont je me souviens du prénom, Gary, m'avait dit : « Ton visage est une forêt dans laquelle il y a un ours. » Voici que l'ours persiste dans la représentation qu'on se fait de moi. Ton texte dit que j'ai « le regard doux » de ceux « qui n'écoeurent pas ».
Lorsque j'enseignais, j'avais cette douce volonté de dire ce que je pensais en sachant parfaitement − à ta manière d'écrivain allais-je découvrir − que je soulevais des débats. Je provoquais mes élèves de 5e secondaire en partageant leur vivacité intellectuelle car, ils savaient d'instinct, comme ton premier contact avec moi, que mon dire n'avait rien de doctrinaire. Persuadés que mes élèves ne sont pas dupes, je me devais de ne pas faire semblant. C'est probablement ce que tu as deviné puisque, contrairement aux adultes qui savaient en profiter, je ne te rendais pas nerveux. Avec mes élèves, je ne négociais rien, je transmettais une vision des choses jamais neutre et qu'ils avaient droit de réfuter. J'ai toujours conçu mon enseignement comme une tâche de transmission de la culture. Tant au plan humain qu'au plan pédagogique, je me sentais responsable de cette transmission. Responsable et passionné. Aucun doute. Je n'ai jamais « anonné » mon cours. Par ailleurs, j'ai toujours été convaincu que le bon élève est celui qui est disposé à se laisser surprendre, à se laisser étonner, déjà disponible à ce qu'il veut devenir un jour. Permettre la découverte, voilà ce qui m'animait. Et qui, en fait, était la découverte de lui-même.
En lisant ce que tu m'as écrit, tu me rappelles qu'une dizaine d'élèves du Mont-Saint-Louis à qui j'ai enseigné ont publié principalement des recueils de poésie. Carle Coppens, Cynthia Girard, Sylvain Campeau, Frédérique Marleau pour ne nommer que ceux-là. Bien que je ne t'aie jamais enseigné et compte tenu de ce que tu m'as écrit aujourd'hui, je vais te considérer de la « gang » de mes anciens étudiants. Sache, toutefois, que c'est plus pour me glorifier que par reconnaissance.
Je veux te remercier d'avoir pris le temps de lire mon dernier bouquin « du boomer qui n'a rien de l'esprit haïssable qui corrompt toute histoire que cette engeance touche. »
Je t'embrasse.
Bruno