15.10.08

Le travail de l'huître


Dans l'intérêt de la transparence: j'en aurais un crisse de boutte à raconter, mais ça noierait mon propos, qui est de parler un brin de son bouquin, aussi vais-je m'efforcer de résumer l'essentiel.

Ni lui ni moi n'en sommes certains, mais avec Jean Barbe, on croit s'être rencontrés quand je vivais avec Vautour, soit au printemps 1988. Il était venu faire un papier pour un mag qui n'existe plus. De tous les journalistes de cette époque, il est seul à l'avoir connu et pouvoir attester de sa réalité.

Plus tard dans l'année, j'ai souvenir d'être allé solliciter une lettre de recommandation (qu'il rédigea gracieusement, tout en grinçant des dents) pour une demande de bourse, aux bureaux de VOIR. Il croit se rappeler plutôt d'une demande d'emploi, mais il se trompe. J'aurais fait des pipes à cinq piasses dans le métro avant d'aller lui quêter une job.

On pouvait pas se sentir, et c'était normal. Mais on était faits pour être amis, on le savait d'emblée, et aujourd'hui que nos ambitions de jeunesse concurrentes sont réglées, nous sommes très étroitement liés. Voilà pour la transparence.

Chacun sait que je ne lis pas mes contemporains, officiellement. Ce livre, donc, que je n'ai officiellement pas lu, Le travail de l'huître, ben c'est bon en tabarnak.

C'est court, dense, étrange et fibreux. Jean est d'avis que c'est celui dont le protagoniste lui ressemble le plus, ce avec quoi je ne suis pas entièrement d'accord (comparé à ses autres romans que je n'ai officiellement pas lus). Mais c'est certainement celui où il maîtrise le plus sa plume de romancier, sans se soucier de ce qu'il sait déjà faire et semblant s'amuser: la marque du métier et du talent triomphants, quand la sueur ne paraît pas.

Le roman tient un peu de De l'autre côté du miroir, un peu du Testament d'Orphée, mais en fait ne doit rien à personne. C'est le premier ouvrage de ce sale type dont je peux dire ça, et je le fais avec joie. Bonne et troublante lecture (officieuse), camarades.

8 commentaires:

Venise a dit...

Je vais officiellement ne pas le lire moi aussi.

Mistral a dit...

LYES!

Triomphe assuré, si on s'y met tous.

Inukshuk a dit...

Je vais peut-être faire une exception et lire un contemporain. Quoique j'en aie lu quelques uns tout de même.

Je croyais être le seul à faire de même...

Un autre contemporain que je recommande (même si je n'ai lu qu'un seul de ses romans): Sergio Kokis.

Mistral a dit...

Les contemporains de Sigmund Freud ne comptent pas!

braincras a dit...

je viens de le lire au complet d'une traite en deux series de deux plombs.
effectivement, je suis sous le choc, pour plusieurs raisons, son "héros" m'inspire beaucoup de choses.
pis quand j'avais lu ce post la-dessus, pis qu'après que j'aille vu son entrevue à TLMP, je me suis aller me le procurer.
bref, merci de la plug.

pis merde, esti au Archambault de Chicout, AUCUN exemplaire de Mistral. m'a aller dans une librairie indépendiste à place, j'suis sûr qu'ils vont en avoir.

Mistral a dit...

Jean sera sûrement content de ce mot: je le lui transmets.

Pour moi, oui, c'est assez désespérant ces échos qui me reviennent d'un peu partout. J'en parlerais jamais en premier, mais quand on m'en offre comme toi l'occasion, je précise que le simple fait d'en parler au libraire et de déplorer cette absence aide un auteur. Le territoire est divisé en cinq zones seulement, desservies par cinq agents (grosso modo) par distributeur, donc les commentaires de libraires dispersés en apparence sont concentrés en amont.

Anyway. Chu fatiké.

braincras a dit...

je voulais juste avoir ton dernier, après avoir lu le post de Ga-é-tan.
mais qu'est-ce que tu veux, s'ils n'ont même pas ton dernier, ils méritent pas mon cash pour 2$.
c'est comme avec la musique, j'aime mieux donner direct aux artistes par le moins de d'intermédiaire possible, pis du côté d'Archambault, je pense que c'est les pires.
m'a aller voir chez Boréal si on peut commander direct de leu' site voir.

Mistral a dit...

C'est pas seulement les libraires, je le crains.

Enfin, comme j'ai dit, c'est plus utile quand un lecteur commande un titre en librairie, d'ordinaire ils en font venir quatre ou cinq en réassorts. Ché pas pour Boréal.