Me reste à consigner quelque chose ici, parce que j'ai réalisé que plusieurs, moins au fait de nos bibliographies, sont tentés d'assimiler notre petite opération d'hier (nous en menons quatre ou cinq par année, rien de forçant) à une solidarité entre refusés de Moebius.
Éric McComber a dirigé le numéro 109 de la revue. Thème: Défaillances. Gom y a participé. Moi itou. Le monde est petit, pareil, cibole, Ouahaha.
Mac a été l'auteur vedette des éditions Triptyque, qui publient Moebius, pendant quasiment trois quarts d'heure avant qu'il ne s'écoeure et ne commence à ressembler à un kodiak réveillé par des scouts le 15 janvier. J'exagère, va sans dire, pour l'effet, dans les faits il est resté presque toute l'après-midi. Bon, il est resté un ou deux ans, je sais pas, demandez-y, anyway il les faisait freaker et eux lui, il leur faisait peur mais pas pour ce qu'on a pu laisser supposer, car il est doux et réfléchi, il crie pas, en tout cas je l'ai jamais entendu, mais il te regarde au fond des yeux et tu sens la vibration du moulin réflexif se transmettre au sol jusqu'à toi, son corps se fatigue invariablement avant son esprit, et si on le connaît peu, on peut éprouver l'inquiétude d'être en train de débiter des sottises et le désir de percer le secret de cette barbe qui dissimule un sourire amusé indulgent ou une moue de mépris méritée s'il sourit dans sa barbe, allez savoir, ces barbudos sont tous des communistes, on n'en sait pas davantage.
Il les faisait freaker parce qu'il était rigoureux. Les éditeurs, les vieux surtout, peuvent ressembler aux médecins et aux avocats: vont t'écouter en se passant Waltzing Mathilda dans leur crâne à l'acoustique parfaite, et n'en faire qu'à leur tête. Mac voulait avoir son mot à dire sur ses mots écrits, leur présentation, leur diffusion, toutes des affaires qui peuvent énerver un éditeur, qui a du monde qui s'occupe de ça, des experts souvent, qui font ça depuis trente ans, la même chose, de la même façon.
Il les faisait freaker, mais pas autant que moi, faut croire: je n'ai jamais dirigé un numéro. Pas si bête. Eux non plus.
J'ai, cependant, publié dans onze numéros de la revue au fil des ans (Fontes, poèmes et chansons, est également paru chez Triptyque). Moebius existe depuis 1977. Et j'en viens à la réponse à la question que m'adressait Swan. Elle a été bonne fille, et patiente, et j'ai promis. Qu'est-ce que la mafia Moebius?
J'ai, cependant, publié dans onze numéros de la revue au fil des ans (Fontes, poèmes et chansons, est également paru chez Triptyque). Moebius existe depuis 1977. Et j'en viens à la réponse à la question que m'adressait Swan. Elle a été bonne fille, et patiente, et j'ai promis. Qu'est-ce que la mafia Moebius?
L'expression est symbolique et a commencé à circuler dans les années 80. La revue est publiée quatre fois l'an plus un numéro fourre-tout qui sauve les bons textes ne cadrant dans aucun thème. Et malgré qu'il soit théoriquement possible à un auteur de Kujuaq d'envoyer un texte non-sollicité rue Marie-Anne (les thèmes sont annoncés quelques parutions à l'avance, mais l'ordre n'est pas coulé dans le béton), dans les faits, il n'y a pas beaucoup de place pour quelqu'un qui n'a pas été invité par le directeur du numéro (directeur invité, qui se tape le boulot à l'oeil et trouve parfois que c'est un beau jour pour se flinguer à Louisevillle ou s'immoler par le feu ou les deux si ce damné numéro ne sort pas bientôt pour mettre fin à ses souffrances). Fatalement, les mêmes noms reviennent, on s'invite entre nous, et bien qu'il n'y ait pas de définition précise, on peut estimer qu'après cinq publications tel auteur est un mafieux Moebius. Ça ne veut rien dire, en vérité. C'est une appellation de dérision forgée par ceux du dehors, pas ceux du dedans. Giroux aimerait bien que j'arrête de m'en servir si souvent. Too bad. Ça sonne bien.