6.1.10

Bruno Roy


Je fais 1m85, 112 kg, et j'ai 45 ans. Il était le dernier à pouvoir me serrer dans ses bras d'ours et me faire me sentir comme un petit frère aimé. Je l'ai connu, j'avais douze ans. Il enseignait aux classes supérieures, Collège Mont-Saint-Louis, celles et ceux qui portaient des costards bleus; moi, j'étais vêtu de vert. Quand il entrait dans la cafétéria, à l'heure du midi, ses élèves se massaient autour de lui, et je m'approchais doucement derrière leur cercle...

J'étais avec Emcée, la dernière fois, en novembre au Salon du Livre, quand il s'est levé et est venu m'étreindre. En repartant, elle m'a dit qu'il semblait radieux et heureux de me voir. J'étais content. Je l'aimais tant.

PatLag vient de m'apprendre son décès, et je suis trop frappé pour parler maintenant de toutes les années d'amitié qui séparent notre première rencontre de la dernière. Je veux me recueillir, me recroqueviller, et signaler sa mémoire.

Je me propose donc plutôt de republier ces billets du 14 septembre 2008, plus éloquents que je ne saurais l'être à cette heure:

Y a des Boomers que j'haïs pas. Y en a même une couple que j'aime.

suivi de:

Quand la pédagogie n'est pas une science, mais un humanisme


Bruno Roy... (1943-2010)
(Photo: Jacques Grenier, Le Devoir)

12 commentaires:

anne des ocreries a dit...

je retiens l'auteur, si un jour j'ai l'occase de le croiser dans les rayons d'une médiathèque - ou d'une librairie...
Ce que tu en dis me laisse à penser que cet homme là devait être vraiment peu commun et qu'il est de ces rencontres fulgurantes qui vous ouvrent à des chemins....
je comprends alors que tu sois triste. et pire.
ces gens qu'on croise et qui nous aident à venir au monde, c'est comme un printemps dans l'hiver. J'ai pas de mots consolants tout cons, mais juste : bourgeonne à sa mémoire, puisqu'il t'a (un peu) donné vie....

Blue a dit...

Il l'est, Anne, quoi que comme toi je le découvre ici au travers des mots de Christian, et de cette pudeur qui le caractérise quand il parle des gens qu'il aimme ou qu'il a aimé, le billet chez Chantal Guy nous en apprend davantage sur lui en plus des deux billets répécutés ici.
J'aime cette race d'individus en congruence avec eux-mêmes et leur parcours, particulièrement touchant pour moi et je m'y sens affiliée, cela me parait normal et foncièrement naturel qu'avec vous deux il se soit passé ce que tu nous en dit Christian, et toutes mes pensées t'accompagnent...
Oui, il est des rencontres dans une vie plus percutante que d'autres, de celles qui nous donnent la foi dans ce que l'on ressent et dans la vie elle-même, belle image que celle du printemps, comme l'aube de ces esprits généreux et humains qui nous ouvrent au meilleur de nous.

Blue a dit...

Il se dégage de ce visage d'ailleurs un profond mélange d'humanité et de détermination qui m'interpelle et me touche.

"J’ai compris alors qu’il me faudrait dire oui à mon histoire. Cette phrase m’a poussé à l’écriture."...
Un des propos de ce Grand Monsieur que j'aurais aimé connaître.

On est tous mortels, et alors le message ne serait-il pas en filigrane que la vie est à vivre dans l'instant et faire ce qu'on a à faire et dire ce qu'on à dire, voir l'écrire si tel est le talent ou le don qui nous est donné, se battre pour défendre ce en quoi on croit et le transmettre dans sa manière d'être à la vie justement...

J'avoue complétement adhérer au propos sur la pédagogie," pas une science mais un humanisme", pas étonnant que les jeunes friands de comprendre et d'exister ai aimé un professseur de cet acabit, c'est rare et précieux.

Mek a dit...

Sympathies, Christian.

gaétan a dit...

J'hésite entre le traditionnel mes condoléances et le je te comprends. Je le connaissais peu, sauf ce que j'avais lu de lui a propos des orphelins de Duplessis et les nouvelles culturelles mais je retiens qu'il fût un modèle pour toi et de ça je peux être empathique.

s.gordon a dit...

Suis de tout coeur avec toi.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Dans la lettre qu'il t'écrit :

"Bien que je ne t'aie jamais enseigné et compte tenu de ce que tu m'as écrit aujourd'hui, je vais te considérer de la « gang » de mes anciens étudiants. Sache, toutefois, que c'est plus pour me glorifier que par reconnaissance."

Mes sympathies Christian.

Yvan a dit...

Empathie,ami.

Blue a dit...

Je repasse déposer un baiser. Avec toute ma tendresse, je pense à toi.

Anonyme a dit...

Cette tête, rencontrée au marché de la Petite Italie n'est-ce pas ?

Condoléances.

Mistral a dit...

Antoine: oui!

Tous: merci...

Mistral a dit...

Antoine: Kevin est arrivé et me rappelle que c'est au Marché de la Poésie que Bruno t'a été présenté.