14.5.11

Archives: Frère Untel

Pour ceux qui veulent savoir.

«Le fusil, disons qu'il y a peut-être un peu d'exagération là-dedans: on pourrait peut-être se contenter d'un revolver...»

10.5.11

Pagnol

J'ai trouvé ça . Ça en captivera plusieurs.

Gadget

J'ai trouvé ce gadget dans une chronique de Johnny Bee sur Canoë: sorry, j'en ai lues trente en trois jours et je ne retrouve pas laquelle au juste.

C'est une petite chose amusante ou désespérante, selon votre humeur littéraire du moment.

7.5.11

Mise au point

Ça n'arrête pas, là: les courriels montent plus vite que le niveau de la Richelieu. Je vais y mettre un terme, moi: ici, tout de suite.

Les Vieux Tribaux ont tous bien saisi ce dont je parlais, parce qu'ils savent que j'écris ce que je veux dire et que je veux dire ce que j'écris, ni plus, ni moins. Aucun d'eux ne s'est figuré que je contemplais le suicide et lançais un appel à l'aide. Ils ont compris ce qui est écrit: que j'éprouvais une peur panique de m'écrouler d'un coup dans mon Bunker sans qu'on m'y retrouve avant des jours.

Les Tribaux moins aguerris lisent trop vite et très mal, laissant leurs émotions conditionnées interpréter le texte au sacrifice de la raison, qui requiert un effort.

Si j'ai à me suicider, je ne vais certainement jamais l'annoncer ici, ni solliciter des afflux de compassion cybernétique! Quand un homme a la soudaine épouvante de mourir seul au milieu de la nuit et qu'il l'écrit, ça ne signifie pas qu'il exprime en réalité la crainte de s'anéantir délibérément, surtout pas si l'homme qui écrit est moi: si je veux exprimer ceci plutôt que cela, bordel de dieu, j'écris ceci et pas cela!

Cibole. Ça dégouline de partout dans ma boîte à malle. Faut slacker là-dessus right now: c'est pas Oprah, icitte, ni un téléthon pour la paralysie cérébrale! On ne cherche pas à traire les sentiments des innocents. Les innocents, franchement, ne devraient pas être ici, point. Mais s'ils y tiennent, alors qu'ils observent et apprennent et se taisent jusqu'à ce qu'ils ne soient plus innocents. Ça ne prend jamais très longtemps.

L'angoisse

Je traverse un de ces moments. Toujours pires à cette heure de la nuit. Petites crampes au coeur, peur de mourir ici tout seul et qu'on ne me retrouve que quand je puerai trop.

Rassure-moi, mon frère, en me rappelant que tu ne laisseras jamais passer plus de quatre ou cinq jours de silence sans venir t'assurer que tout va bien. J'ai cette hantise de me putréfier là, sur le plancher. J'ai besoin de sentir que quelqu'un dans cette vie se soucie de ce qui m'arrive.

Love,

C

3.5.11

I sing the body electric

Ce jeune poète, mort en 1892, a beaucoup d'avenir je trouve. Whitman, qu'il s'appelle. Walt Whitman.

Ça prend un certain talent pour écrire une chanson cent ans à l'avance.

2.5.11

Trente ans

On se demande, quand on a vécu assez longtemps, ce que trente ans peuvent nous faire, nous ajouter et nous soustraire, à quel point nous modifier...

Paul McCrane: la plupart des gens vivant aujourd'hui, qui sont plus jeunes que moi, l'ont vu soit écrasé par un hélicoptère dans la série ER soit tué par son père dans la série 24, interprétant chaque fois un personnage ignoble dont on était content qu'il crève. Je me souviens davantage d'un jeune rouquin chevelu troublé par sa sexualité: dans Fame, il chante ceci, et il le chante à nouveau dans Harry's Law trente ans après: on ne dirait pas le même homme, jusqu'à ce qu'il module le premier couplet...

Le plus beau est que cette chanson, il l'a écrite et composée lui-même: les producteurs de Fame, après l'avoir choisi pour le rôle de Montgomery, l'ont entendu l'interpréter et ont décidé de l'intégrer au film.

23.4.11

Joyeuses Pâques, mon colosse de Bordeaux

C'est l'homme le moins orthodoxe et le plus foncièrement chrétien que je connaisse: Tony the G(r)eek!


Attends jusqu'à la Pentecôte avant de le disséquer, le Christ...

L'animadversion

À peu près tout le monde est forcé de composer avec et à peu près personne ne connaît le mot...

7.4.11

Pintal, Mouawad et le Nouveau Monde.

Lorraine, je ne l'ai jamais rencontrée; Wajdi est un vieil ami que je n'ai plus vu depuis soixante-huit ans...

N'empêche qu'ils sont des gens pour lesquels j'éprouve une profonde estime, et vu que je suis qui je suis, levez-vous très tôt avant de songer à me contredire.

Le TNM, c'est le Théâtre du Nouveau Monde.

Le Nouveau Monde, c'est la Terre ouverte aux Bâtards de l'ancien monde, aux exclus, aux bandits, aux brigands, aux benjamins, et ceux qui ont commis des fautes...

Cantat est bienvenu ici, ou alors je noie chacun qui dit non dans le Fleuve Saint-Laurent. Maudite gang de chiens puants: d'où c'est que vous pensez que vos ancêtres sont issus? Y en a pas un qui est venu ici pour le plaisir, boys! Vos ancêtres sont des troisièmes fils, des mercenaires et des tapettes. Aurait fallu être fou raide pour venir ici aux environs du dix-septième siècle. Fou raide, ou simple d'esprit. Nos ancêtres étaient l'un ou l'autre, et le premier qui empêche Cantat de venir refaire sa vie ici est un ver dans la chair d'un chien crevé!

6.4.11

Quand à son tour il sera mort, ceci demeurera



Quand on aura voulu l'occire aussi, l'artiste Bertrand Cantat survivra.

L'homme du même nom n'a pas fini de pâtir pour un soir de dope et de boisson avec sa blonde aussi fuckée mais pas aussi lucky que lui.

30.3.11

Des nouvelles de KV


Mon frère Kevin Vigneau est un très drôle d'oiseau, comme ne sont pas sans le savoir ceux d'entre vous qui l'ont rencontré et comme ne peuvent l'ignorer les autres qui en ont seulement entendu parler, voire n'ont que lu à son propos, y compris ceux qui le prennent toujours pour un personnage de fiction.

Avant-hier, il s'est retrouvé dans une position pour lui aussi déconcertante que singulière: il n'avait rien à faire. Cela ne lui arrive jamais, il s'emploie comme un forcené à faire en sorte de n'avoir jamais rien à faire, mais on a beau faire, il arrive qu'il n'arrive rien. Soudain, un beau lundi matin, son fils étant rentré chez sa mère, sa maîtresse se remettant chez elle d'une appendicectomie, sa pile de livres étant lue et visionnée la cinquième saison de 24, son contrat de peinture dans une baraque de riches remis au lendemain, son téléphone inexplicablement silencieux alors qu'il ne cesse de sonner d'ordinaire, plein d'appels de disciples et de thuriféraires et de bons pauvres diables et de gangsters et d'entrepreneurs et de membres de la famille et parfois même de moi, le voilà désoeuvré à s'en ronger le sang, sans envie de cuisiner ni de relier une vieille édition de La Symphonie pastorale ni de l'écouter, il n'a même pas le goût de boire, ce qui lui fait prendre conscience de toute l'étrangeté de cette situation...

Inquiet, agité, bouillant de force inutilisée, il s'oblige à s'asseoir devant son Mac et le bat deux fois aux échecs. C'est un bon feeling, moins vif mais plus profondément satisfaisant que de gagner au poker en ligne contre des adversaires invisibles: certes, eux sont humains, mais quand il triomphe d'une intelligence artificielle, c'est lui-même qu'il a vaincu et surpassé, et ce n'est pas vanité de reconnaître que la chose est sacrément difficile...

Après les échecs, Kevin se retrouve au même point, sauf qu'il est dix heures du matin. Il se lève à cinq: d'habitude, vers dix heures, la moitié de sa journée de travail est faite. Comment, au nom du ciel, va-t-il pouvoir s'y prendre pour faire quelque chose de cet interminable lundi, ce trou noir, ce temps mort?

Alors, il lui revient qu'il est également écrivain, et qu'il a bu un pot la semaine dernière avec un producteur en quête de chansons. Il sort sa plume, son encrier, son papier, s'installe à son bureau, se relève pour feuilleter Fontes afin de visualiser des structures de chansons, puis s'assied pour de bon. Deux heures plus tard, il a accouché de ce qui suit, et à sa grande joie, il lui reste encore à le transcrire en Word avant de me l'envoyer: de quoi travailler au moins jusqu'à treize heures!

Ce texte n'a pas encore de titre. Son auteur est fort troublé de ce que je n'aie absolument rien trouvé à redire, à discuter, à suggérer, que je le trouve parfait comme ça. De son propre aveu, s'il ne me connaissait pas tant, cela lui semblerait faire preuve d'indifférence. Et il est vrai qu'ensemble, on ne rencontre pas souvent un texte, de lui ou de moi, dans lequel on ne trouve matière à révision: on y prend plaisir, ça fait partie du processus, on passe nos phrases à la tordeuse et en bout de ligne on est contents, satisfaits qu'on ne pouvait mieux faire et sachant exactement pourquoi chaque mot est là. Or, je n'avais rien à dire sinon que c'est très beau, sans compromis et pourtant propre à devenir une chanson populaire, substantiel sans lourdeur, j'ai même dit que j'en étais jaloux, tandis que Kevin déstabilisé s'efforçait de se critiquer lui-même en l'absence de ma coutumière contribution, comme s'il devait jouer les deux rôles dans un sketch de Jerry Lewis et Dean Martin un soir où ce dernier aurait omis de dessoûler à temps pour monter sur la scène du Cal-Neva.

Il lui est aussi passé par l'idée, oh! il ne l'a pas dit mais je sais que ça lui a traversé l'esprit, que peut-être mes facultés littéraires s'émoussaient. Les facultés dont je parle dépassent de beaucoup la capacité d'écrire: elles sont une subtile et fragile mixture de technique et d'intuition, d'oreille interne et d'autisme, de candeur et d'intransigeance, et de passion, cela qui meurt en premier. Or, mon frère voit mieux que quiconque, parce que de plus près et depuis plus longtemps, les mille petites usures qui s'additionnent en moi au fil des ans, et je sais que ça lui cause autant de peur que de peine: il a besoin de moi fort, vibrant et en grande forme. C'est pourquoi la fugitive notion que je ne sache plus lire comme avant lui a voilé le regard en traversant sa belle caboche d'oiseau rare, avant de ressortir et se volatiliser.

Ce texte-là est parfait comme ça, et faudra se lever tôt, plus tôt encore que Vigneau, pour me démontrer le contraire.

Kevin Vigneau
28 mars 2011
Texte


Il y a des printemps plus sombres
Que les matinées de septembre
Des sciences noires aussi des nombres
Où l’on cherche encore à s’entendre

Des nuits de veilles et de fuites
À suivre le couchant et l’aurore
Les embrassades et les poursuites
Le clair-obscur quand on s’endort

Mais je te promets un prochain épisode
Comme un nouvel éveil
Une vieille histoire qui se répète
Un chant, un hymne, une ode
Quelque chaleur sous le soleil

Nous aurons eu tous les visages
La peur, la faim et la richesse
Vécu mensonges et mirages
Camouflé les jours de tendresse

Mais je te promets un prochain épisode
Comme un nouvel éveil
Une vieille histoire qui se répète
Un chant, un hymne, une ode
Quelque chaleur sous le soleil

Repose-toi, encore, doucement là
Vois ce qui vient et qui éclaire
Repose-toi, et regarde… là…

Je te promets un prochain épisode
Comme un nouvel éveil
Une vieille histoire qui se répète
Un chant, un hymne, une ode
Quelque chaleur sous le soleil

Bon anniversaire, Monsieur mon Fils!

Il y a vingt-neuf ans, je te contemplais à travers la vitrine de la Maternité de l'hôpital Saint-Luc: cette nuit-là, 28 enfants étaient nés, dont 24 garçons, qui tous ressemblaient à Winston Churchill hormis un petit Italien pourvu d'une tignasse épaisse, noire et frisée à faire peur. N'empêche, des 23 Winston qui restaient, tu étais le plus beau, le plus fort, le plus joyeux de vivre, tu étais le mien et je t'ai reconnu sans difficulté.

Depuis trente ans (je compte le temps de t'avoir désiré puis conçu puis attendu), tu m'as procuré un profond bonheur, un sentiment d'intime, d'intense satisfaction, une mesure d'accomplissement que mon travail seul ne suffisait pas à m'apporter. Je te remercie d'être venu au monde, mon fils.

Papa