C'est un timide début — mais c'en est un. J'espère dévoiler plus de poésie, bientôt, si un éditeur le veut bien. Mon « premier vrai recueil », pour ainsi dire, devrait comprendre quelque deux cents pages (affreusement long, pourrait-on croire — à ma décharge, ce ne seront point uniquement des poèmes ; on y trouvera des contes volubiles et désaxés, en vers libres) ; et ce sera un autre livre artistique, si Stéphanie veut bien à nouveau façonner de superbes images.
Ce billet soulignant l'existence de cet opuscule revêt une grande importance à mes yeux. Merci.
Si c'est vrai, canaille, sors le panier à couture et assemble-moi un exemplaire!
Hihi. Cher Vieux G. T'as pas idée comme cette image de vous deux à l'oeuvre au fil et à l'aiguille m'a émue: Kevin avait procédé ainsi pour sa première, précieuse plaquette, avant de publier un recueil chez Marchand de Feuilles, et en remontant, ma propre première plaquette, artisanale et à compte d'auteur, j'en ai broché le tirage de trois cents exemplaires, ei il y a encore quelques éditeurs fous raides qui fabriquent chaque exemplaire à la mitaine un à la fois...
Ton allusion à l'édition m'inspire quelques considérations que je te résume ici. D'abord, l'édition de poésie telle qu'on l'a connue depuis quarante ans est pour ainsi dire finie, et ce n'est pas trop tôt! J'entends que les mêmes vieilles maisons qui publient les mêmes vieux croûtons, et ça vaut pour les revues aussi, sont à l'ultime agonie. Autrement dit, tu arrives au bon moment! Car les jeunes maisons germent, éclosent et poussent sur ce fumier, héhé. Now, here's the thing: pour une fois, je ne suis pas le plus qualifié pour t'en parler, je suis forcément très ancré dans le monde mourant dont j'ai parlé, et peu connecté au naissant; sûr, je songe sans peine à plusieurs infos qui te seraient utiles, mais c'est celles auxquelles je ne songerais pas, par méconnaissance des réalités nouvelles, que je redoute, car informer à moitié c'est nuire. Est-ce à dire que j'en reste là? Héhé. Tu te doutes bien que non. Ma nature, you know. Alors voilà: je prends sur moi de t'offrir un conseil qui vaut tous les autres. MaxCat. Je ne connais personne qui en sache davantage sur la Nouvelle Machine, à tous points de vue, certainement telle qu'elle est right now, possiblement aussi telle qu'elle va probablement évoluer. Je vais plus loin et t'envoie une adresse où le joindre. S'il te prend la fantaisie de savoir qui c'est ça MaxCat en le googlant, faut savoir qu'il se fait parfois appeler Maxime Catellier, héhé.
Suis captivé par le parallèle entre la révélation progressive de ta parole et celle de ton image, ces deux parties du tout identitaire. J'y vois un signe de plus d'un travail orienté, lié, axé sur la construction de l'édifice plutôt que la seule fabrication de briques, ce trait frappant chez toi, plus même que ton talent déjà fort rare, pour la simple raison qu'il n'est pas rare, ce trait: il est rarissime. Or, sans lui, pas d'Oeuvre. Essaie, pour voir: je parie que tu peux nommer comme ça sans difficulté en une minute cinq ou dix Oeuvres sérieuses et même importantes bâties par des talents pourtant moyens. Ché pas, moi, Michener mettons, ou Galsworthy, ou Ducharme, ou Molière, ou Irving. Mais combien peut-on en nommer où le talent transcendant a suffi sans ce trait? Pas des masses, évidemment: déjà, tant de talents transcendants sont étouffés dans l'oeuf, tant d'autres étouffent leurs possesseurs, ou s'étouffent eux-mêmes (ceux dans l'oeuf, on sait pas leurs noms; les seconds, à titre d'exemples, seraient illustrés par Cocteau ou Capote, et Scott Fitzgerald, à l'écriture trop parfaite, me semble avoir été des troisièmes). Cocteau, Capote, F. Scott, trois talents transcendants, chacun ayant produit de transcendants ouvrages mais pas, en somme, d'Oeuvre. Pas d'édifice. Une pile de briques d'or demeure une pile de briques. Ça fait que, anyway, ce trait-là, si tu l'as, prends-en soin!
Pardonne le délai de ma réponse ; j'aime toujours à laisser bouillonner les idées avant de me mettre au clavier. Ça, et un peu de gêne, comme toujours.
C'était fort amusant, de nous voir coudre. Impossible d'avoir tous les talents ! On aurait dit qu'inconsciemment je me composais des stratégies inusitées et désopilantes pour saboter ce travail, pourtant fort facile. En simple, au départ, j'avais l'air d'un débile léger passionnément à l'oeuvre. Puis j'ai fini par prendre le tour. C'est un exercice fort zen qui se charge petit à petit de fierté. Cela dit, une copie te sera réservée.
Je suis heureux d'entendre (je lis souvent à voix haute) qu'un renouveau poétique prend place et que les maisons d'édition fleurissent ; je guette plusieurs d'entre elles. L'ombre est un commode observatoire, cependant on y asphyxie à la longue. J'ai très hâte de publier, officiellement j'entends.
Par ailleurs j'ai lu l'excellent recueil de ton pote Kevin. C'est farouche et dense et smart. Trois mots qui me viennent spontanément à l'esprit pour décrire son âme de chevalier intellectuel.
Oh ! Je possède aussi un excellent petit livre, signé Maxime Catellier. Le corps de la Deneuve; un bouquin que j'ai acheté sur un bienheureux coup de tête. MaxCat, pseudo qui ne m'est pas étranger il me semble. Je ferai une recherche Google afin de trouver son blogue, ou son site web, s'il en possède.
Moi, ce qui me frappe, c'est de me faire cerner ainsi. Tant de gens pratiquent leur art et ne font que ça. Bien sûr, il faut trimer dur... Mais je me suis toujours fait un devoir d'évoluer et de m'affirmer, et ce, en espérant que cela contribue à une écriture intéressante. J'ai toujours admiré les écrivains dont on peut dire qu'ils ont une oeuvre-vie, un langage-univers, dont la façon d'être marque profondément leur écriture et vice-versa. Très heureux que tu perçoives cet embryon en moi. Je fais beaucoup d'efforts dans le but de me bâtir une âme sans double.
Je n'ai pas trouvé d'autres moyens de te contacter, mais j'ai commencé un livre dans lequel tu es mentionné, tu connais ''La chute de Sparte''? Le personnage fait juste une petite référence à toi, mais je trouvais ça drôle que même dans ces genres de nouvelles on puisse parler de toi.
Alors là, si je m'attendais à cette grande première visite! On s'est vus, quoi, y a un mois, et t'avais encore grandi, je te l'ai dit, mais seulement quand t'es sorti t'acheter du Fanta ai-je abordé avec K toute la mesure de ta transformation en un an: tu participais désormais à la conversation à part entière, assis, ce que le gamin frétillant de l'année dernière, pas encore prêt, n'aurait pu faire. Tu te demandes peut-être pourquoi avoir attendu ton absence pour parler de ça: c'est ainsi que font les hommes quand ils vont évoquer les qualités des fils adolescents, autrement les garçons se bouffiraient d'orgueil et perdraient l'élan de se dépasser.
Ta lettre me montre que je n'avais pourtant pas pris toute la mesure de ta croissance.
Le moyen de me contacter? Tu rigoles? La personne au monde qui a toujours le moyen de me contacter, c'est ton père.
Je suis content que tu lises ce roman. L'auteur est Biz, de Loco Locass, un ami; j'étais au lancement quand il m'a parlé de ce qui lui avait inspiré l'idée du livre, dans quel but il l'avait écrit et à quels lecteurs il le destinait. Mais ça, on en reparlera une fois ta lecture achevée.
J'ai souvent refusé le cell sur le moment, le téléphone-maison, mais l'écrit demeure sacré, et là, je me fais avoir de la plus merveilleuse des façons. Mon fils sur ce blog qui m'a enfanté !
Continuez votre discussion mes chers homme, les livres nous nourrissent et nous les mangerons...
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6 commentaires:
Salut à toi Christian,
C'est un timide début — mais c'en est un. J'espère dévoiler plus de poésie, bientôt, si un éditeur le veut bien. Mon « premier vrai recueil », pour ainsi dire, devrait comprendre quelque deux cents pages (affreusement long, pourrait-on croire — à ma décharge, ce ne seront point uniquement des poèmes ; on y trouvera des contes volubiles et désaxés, en vers libres) ; et ce sera un autre livre artistique, si Stéphanie veut bien à nouveau façonner de superbes images.
Ce billet soulignant l'existence de cet opuscule revêt une grande importance à mes yeux. Merci.
- G.
Si c'est vrai, canaille, sors le panier à couture et assemble-moi un exemplaire!
Hihi. Cher Vieux G. T'as pas idée comme cette image de vous deux à l'oeuvre au fil et à l'aiguille m'a émue: Kevin avait procédé ainsi pour sa première, précieuse plaquette, avant de publier un recueil chez Marchand de Feuilles, et en remontant, ma propre première plaquette, artisanale et à compte d'auteur, j'en ai broché le tirage de trois cents exemplaires, ei il y a encore quelques éditeurs fous raides qui fabriquent chaque exemplaire à la mitaine un à la fois...
Ton allusion à l'édition m'inspire quelques considérations que je te résume ici. D'abord, l'édition de poésie telle qu'on l'a connue depuis quarante ans est pour ainsi dire finie, et ce n'est pas trop tôt! J'entends que les mêmes vieilles maisons qui publient les mêmes vieux croûtons, et ça vaut pour les revues aussi, sont à l'ultime agonie. Autrement dit, tu arrives au bon moment! Car les jeunes maisons germent, éclosent et poussent sur ce fumier, héhé. Now, here's the thing: pour une fois, je ne suis pas le plus qualifié pour t'en parler, je suis forcément très ancré dans le monde mourant dont j'ai parlé, et peu connecté au naissant; sûr, je songe sans peine à plusieurs infos qui te seraient utiles, mais c'est celles auxquelles je ne songerais pas, par méconnaissance des réalités nouvelles, que je redoute, car informer à moitié c'est nuire. Est-ce à dire que j'en reste là? Héhé. Tu te doutes bien que non. Ma nature, you know. Alors voilà: je prends sur moi de t'offrir un conseil qui vaut tous les autres. MaxCat. Je ne connais personne qui en sache davantage sur la Nouvelle Machine, à tous points de vue, certainement telle qu'elle est right now, possiblement aussi telle qu'elle va probablement évoluer. Je vais plus loin et t'envoie une adresse où le joindre. S'il te prend la fantaisie de savoir qui c'est ça MaxCat en le googlant, faut savoir qu'il se fait parfois appeler Maxime Catellier, héhé.
Suis captivé par le parallèle entre la révélation progressive de ta parole et celle de ton image, ces deux parties du tout identitaire. J'y vois un signe de plus d'un travail orienté, lié, axé sur la construction de l'édifice plutôt que la seule fabrication de briques, ce trait frappant chez toi, plus même que ton talent déjà fort rare, pour la simple raison qu'il n'est pas rare, ce trait: il est rarissime. Or, sans lui, pas d'Oeuvre. Essaie, pour voir: je parie que tu peux nommer comme ça sans difficulté en une minute cinq ou dix Oeuvres sérieuses et même importantes bâties par des talents pourtant moyens. Ché pas, moi, Michener mettons, ou Galsworthy, ou Ducharme, ou Molière, ou Irving. Mais combien peut-on en nommer où le talent transcendant a suffi sans ce trait? Pas des masses, évidemment: déjà, tant de talents transcendants sont étouffés dans l'oeuf, tant d'autres étouffent leurs possesseurs, ou s'étouffent eux-mêmes (ceux dans l'oeuf, on sait pas leurs noms; les seconds, à titre d'exemples, seraient illustrés par Cocteau ou Capote, et Scott Fitzgerald, à l'écriture trop parfaite, me semble avoir été des troisièmes). Cocteau, Capote, F. Scott, trois talents transcendants, chacun ayant produit de transcendants ouvrages mais pas, en somme, d'Oeuvre. Pas d'édifice. Une pile de briques d'or demeure une pile de briques. Ça fait que, anyway, ce trait-là, si tu l'as, prends-en soin!
Pardonne le délai de ma réponse ; j'aime toujours à laisser bouillonner les idées avant de me mettre au clavier. Ça, et un peu de gêne, comme toujours.
C'était fort amusant, de nous voir coudre. Impossible d'avoir tous les talents ! On aurait dit qu'inconsciemment je me composais des stratégies inusitées et désopilantes pour saboter ce travail, pourtant fort facile. En simple, au départ, j'avais l'air d'un débile léger passionnément à l'oeuvre. Puis j'ai fini par prendre le tour. C'est un exercice fort zen qui se charge petit à petit de fierté. Cela dit, une copie te sera réservée.
Je suis heureux d'entendre (je lis souvent à voix haute) qu'un renouveau poétique prend place et que les maisons d'édition fleurissent ; je guette plusieurs d'entre elles. L'ombre est un commode observatoire, cependant on y asphyxie à la longue. J'ai très hâte de publier, officiellement j'entends.
Par ailleurs j'ai lu l'excellent recueil de ton pote Kevin. C'est farouche et dense et smart. Trois mots qui me viennent spontanément à l'esprit pour décrire son âme de chevalier intellectuel.
Oh ! Je possède aussi un excellent petit livre, signé Maxime Catellier. Le corps de la Deneuve; un bouquin que j'ai acheté sur un bienheureux coup de tête. MaxCat, pseudo qui ne m'est pas étranger il me semble. Je ferai une recherche Google afin de trouver son blogue, ou son site web, s'il en possède.
Moi, ce qui me frappe, c'est de me faire cerner ainsi. Tant de gens pratiquent leur art et ne font que ça. Bien sûr, il faut trimer dur... Mais je me suis toujours fait un devoir d'évoluer et de m'affirmer, et ce, en espérant que cela contribue à une écriture intéressante. J'ai toujours admiré les écrivains dont on peut dire qu'ils ont une oeuvre-vie, un langage-univers, dont la façon d'être marque profondément leur écriture et vice-versa. Très heureux que tu perçoives cet embryon en moi. Je fais beaucoup d'efforts dans le but de me bâtir une âme sans double.
Tes conseils sont précieux, comme toujours.
Salut Christian,
Je n'ai pas trouvé d'autres moyens de te contacter, mais j'ai commencé un livre dans lequel tu es mentionné, tu connais ''La chute de Sparte''? Le personnage fait juste une petite référence à toi, mais je trouvais ça drôle que même dans ces genres de nouvelles on puisse parler de toi.
Emile
ÉMILE!
Alors là, si je m'attendais à cette grande première visite! On s'est vus, quoi, y a un mois, et t'avais encore grandi, je te l'ai dit, mais seulement quand t'es sorti t'acheter du Fanta ai-je abordé avec K toute la mesure de ta transformation en un an: tu participais désormais à la conversation à part entière, assis, ce que le gamin frétillant de l'année dernière, pas encore prêt, n'aurait pu faire. Tu te demandes peut-être pourquoi avoir attendu ton absence pour parler de ça: c'est ainsi que font les hommes quand ils vont évoquer les qualités des fils adolescents, autrement les garçons se bouffiraient d'orgueil et perdraient l'élan de se dépasser.
Ta lettre me montre que je n'avais pourtant pas pris toute la mesure de ta croissance.
Le moyen de me contacter? Tu rigoles? La personne au monde qui a toujours le moyen de me contacter, c'est ton père.
Je suis content que tu lises ce roman. L'auteur est Biz, de Loco Locass, un ami; j'étais au lancement quand il m'a parlé de ce qui lui avait inspiré l'idée du livre, dans quel but il l'avait écrit et à quels lecteurs il le destinait. Mais ça, on en reparlera une fois ta lecture achevée.
Tiens: checke ça aussi...
J'ai souvent refusé le cell sur le moment, le téléphone-maison, mais l'écrit demeure sacré, et là, je me fais avoir de la plus merveilleuse des façons. Mon fils sur ce blog qui m'a enfanté !
Continuez votre discussion mes chers homme, les livres nous nourrissent et nous les mangerons...
Mais pas touche à ma bibliothèque... il y a avenir...
Ma main,
Kevin
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