4.12.07

Mettre en contexte pour se mettre en train (3)

Ce retour aux affaires devrait s’appeler Vacuum III : Redux. Mais tout changer, adresse et modèles et liens, c’est vraiment trop compliqué. On attendra la version papier.

Je sais, je sais. Je n’ai rien ajouté au survol, depuis jeudi, et les plus enthousiastes soupirent aussi, se surprennent à douter… Et s’il n’avait cédé qu’à un vilain sursaut d’humeur, le Mistral? Un drogué, un soûlon, un sanguin, un rustre barbare, un pithécanthrope, un gougnafier et un fichu poseur par-dessus le marché : comment savoir avec ces bêtes-là, ces reliques d’un âge obscur où les landes au-delà de la clôture appartenaient aux loups, aux ogres, aux égorgeurs et aux escarpes, aux possédés qui savent leurs lettres et vont chassant les âmes simples avec de doux sons sur la bouche et le malin dans la prunelle, aux Gilles de Rais et aux Villon, peut-on jamais vraiment savoir? Et s’il n’avait aucune idée de là où il souhaitait aller?

S’il n’était plus que vent, désormais, dissipé avec l’ultime fumée du vin cuvé…

Et les faux culs, les pharisiens, les fourbes, se prennent à respirer plus librement pour absolument les mêmes raisons.

Sauf que non. On ne dort guère, en temps de guerre. C’est fortement déconseillé. Sun-Tzu n’en parle pas beaucoup, Von Clausewitz non plus, de ce qu’une armée d’un seul homme est supposée prioriser : stratégie, tactique, logistique, discipline et moral se disputent l’attention, l’énergie d’un seul esprit dans un seul corps, qui ne peut se reposer sans péril et qui, sans repos, perdra pourtant assurément.

Il va falloir prendre patience encore un peu. Rien de ceci n’aurait de sens si ma voix s’adressait au silence, à moins de consciences qu’il n’en faut pour atteindre la masse critique, le strict minimum de bonnes volontés qu’il faut pour avoir une chance de résister aux forces démesurées que je vais dénoncer, pour empêcher ce qui arrive d’aller plus loin, non par principe ni par orgueil mais pour sauver mon envie même de continuer à vivre et à écrire, deux mamelles d’une seule bête-mère. Je suis armé de mots, bien sûr, mais aussi d’une durable réputation de franchise et de dédain pour le faux, le conditionné, le politiquement rectangle, et mon dernier recours est de faire appel aux derniers de mes semblables encore libres, capables de penser par eux-mêmes et de se faire une opinion propre.

Ce blog est inactif depuis trois ans. Je visais en le rouvrant un retour minimal au taux de fréquentation antérieur, qu’il m’avait fallu un an pour atteindre, et je me donnais une semaine pour ce faire, à défaut de quoi je m’y mettrais quand même, car ceci ne peut attendre.

Or, en deux jours, ce chiffre a été atteint, doublé puis triplé. Triplé! Jamais eu autrefois, cependant, tant de visites singulières depuis la Franche-Comté, encore moins une telle affluence accourant de Colombie-Britannique, à croire que l’Alsama n’existe pas, que le pays s’est rabougri comme peau de chagrin ou un scrotum après le surf. À croire que des gens, là-bas, sont soudain saisis d’un grand désir de suivre le blog d’un écrivain Québécois. N’est-ce pas curieux?

Mon courriel initial aux gens de mon réseau, leur demandant de passer le mot (parents, amis, nerds, collègues, étudiants, journalistes influents, certaines catégories se recoupant), puis les blogueurs de notre tribu soufflant sur les étincelles, puis deux chroniqueurs web au lectorat immense, aux conseils respectés, tous deux rencontrés sur la Toile aux temps héroïques et devenus des chums pour moi et moi pour eux, ces deux-là faisant ronfler la fournaise au naphta, font qu’on va pouvoir s’y mettre sous peu.

À mon rythme, cette fois, et sur le champ que j’ai choisi, ainsi que je l’ai promis à l’inénarrable Stanley Péan la semaine dernière. Faudra d’abord finir mon bref survol, puis je passerai à Stanley, qui est un homme très occupé comme chacun sait et qu’il serait grossier de trop faire attendre (pas un instant de plus, je m’y engage, qu’il n’en faudra à mon conseiller pour finir d’étudier les éléments rassemblés et m’exposer mes options).

Ensuite, eh bien, je pourrai enfin entrer dans le vif du sujet et confronter une bonne fois le démon blond au cœur empoisonné de l’hydre : le moyen que je vois, c’est une douche écossaise, mais misère, ce sera délicat, sans doute le texte le plus difficile que j’aurai jamais eu à construire.

3.12.07

Chu un ti-cul avec un coat de cuir (chanter sur l'air de «N'importe quoi»)

Les torys devraient bander moins sur le rétablissement de la peine de mort et songer à légaliser le duel.

CGDR est venu m’apporter une grosse bière et son appui moral cet après-midi. Pourquoi? ai-je baillé en me grattant les cheveux. Il m’a raconté qu’Éric Lapointe s’était épanché sur mon compte hier soir, à TLMEP. «Ça m’a fait quelque chose. Il y est allé fort sans raison. Tu devrais te défendre.»

Je baille encore. Paraît que je lui dois cinquante dollars, à Lapointe. C’est vrai. On jouait au billard, je le battais toujours, il déprimait; pour le requinquer et me faire du fric facile, je lui ai gagé un rouge que parmi les cinq prochains clients à entrer dans le bar, il s'en trouverait un qui lui demanderait un autographe. Eh bien, il a gagné et j'ai perdu : dix clients plus tard, tout le monde s’en foutait toujours autant d'aussi bon coeur. Mais cette idée, aussi, de faire le juke-box organique, le haut-parleur vivant, de chanter les mêmes affaires soir après soir. Y a des disques pour ça, des vidéos. Peut bien déprimer. Moi aussi, je déprimerais, s'il fallait que j'écrive le même texte à chaque fois. En tout cas, il a gagné et ses cinquante dollars l'attendent.

Il a décliné mes textes, vrai aussi, mais c’est lui qui m’a appelé pour demander à les voir, je suis allé le rejoindre quelque part avec Kevin Vigneau, Éric a trouvé les mots trop intellectuels (splendeur, virulence, etc. : «Le monde vont pas comprendre…»). Quant à la suggestion d'une chanson sans refrain, c'était trop poétique: «Faut un hook pour que les Manons de l'est s'en rappellent!» Kevin avait cru entendre les manants...

Je retourne me coucher.

2.12.07

Crochets, coeur et couronne


C’est bien beau, sucer le venin hors des morsures qui vous chatouillent les chevilles, s’en gargariser et le refaire gicler bouillonnant à la gueule des crotales, c’est bien beau s’apprêter à péter des crochets, mais il n’y a pas que des serpents, ici-bas, surtout à hauteur d’homme, qui est moins basse, et l’oublier tandis qu’on lutte au sol dans la vase et les sifflements, c’est risquer d’arracher l’échec aux mâchoires molles de la victoire, c’est perdre la fin en chemin, lâchant la proie pour l’ombre. L’ombre d’un reptile vaut-elle qu’on y sacrifie tout sens de la lumière et de la couleur du monde?

Il n’y a pas que des pourris, des sangsues, des déçus, des amers et des folliculaires dans notre monde immédiat, même si on ne voit souvent que ça à force de satelliser nos relations humaines, étancher les compartiments de nos vies et connaître au fond très peu de nouveaux gens, de nouveaux lieux, qui ne soient virtuels.

Un homme de cœur en rachète cent méchants, il vous redonne un morceau de vous-même et vous inspire. Vendredi, Claude Martel, mécène et samaritain, je ne sais pas quel mot convient sauf homme de cœur, chirurgien dentiste à Saint-Lambert, m’a refait un sourire, sans rien attendre en retour, trois heures d’ouvrage assisté de Diane, des frais que je n’ose imaginer, tout cela lui étant venu à l’idée lors de mon passage à TLMEP. Je le tiens désormais pour un ami et je note ici son nom, son geste et son visage, dans mon journal à cette date : il m’a redonné foi au milieu d’une tourmente désespérante qui se prolonge, se prolonge…

29.11.07

Mettre en contexte pour se mettre en train (2)


Le douze novembre, tout seul chez nous, sans chercher le trouble, je me suis assis devant l’ordi et j’ai relevé mon courrier. Routine. Un message Google m’informait que mon nom était paru sur le Net ce jour-là. Routine. Dans un texte de Richard Martineau…


Pas la routine.

Depuis vingt ans, cette anguille humaine a pris un luxe de précautions inouï pour éviter de confronter quiconque serait susceptible de se défendre. Jamais on ne l’a vu débattre : ni dans un journal avec ses lecteurs qui soumettaient des réactions articulées, ni sur le web, ni à la télé, ni à la radio, ni au Dollarama, ni dans les magazines imbéciles qu’il a dégradés davantage avec cette insouciance tâcheronne qui le caractérise, et qui déguise pourtant bien pire : l’impuissance de cet homme-là, sa crainte permanente d’être démasqué (imprimée dans sa face, trahie par ces yeux furtifs et cet intarissable trou qui lui sert à dégoiser), et son hostilité sournoise envers sa propre société. Je ne connais pas de spécimen plus dégénéré, aussi nuisible que ce tartuffe parmi ce que ma génération avait de mieux à offrir et qu’elle aura produit de pire. Jean-Luc Mongrain croit au moins en quelque chose, et son discours est constant, et son action suit son discours. Gilles Proulx est un amuseur inoffensif sur cette échelle. Arcand est un journaliste. Mais qui, quel démagogue sans foi ni loi ni le moindre scrupule se mesure à Martineau dans notre génération? On a dit, un peu tôt, Jeff Fillion. Liquidé, Fillion, malgré les vœux de son auditoire. Un porc, ajoute finement Madame Martineau. Or, Fillion n’a jamais été, tant s’en faut, pernicieux comme ce bouffon avide, ce parvenu dévorant qui a aidé à l’éliminer. Combien de journalistes recoivent de la merde sous enveloppe au bureau de la rédaction et s’en vantent comme s’ils étaient le jeune Jean-Pierre Charbonneau se faisant tirer en plein Devoir pour stopper son enquête sur le crime organisé?

Précautions luxueuses, disais-je : l’homme s’y entend pour éviter plus fort que lui, aussi quand un Dany Laferrière l’estourbit d’un bref et brillant trait d’esprit à TLMEP, eh bien, tout le monde en parle. Encore et toujours. Il n’échappera jamais à ces mots qui le ligotent et le résument et le cuisent carbonisé : "Richard Martineau vit intellectuellement au dessus de ses moyens. Il dépense plus qu’il ne possède. Un jour, il fera faillite!". Il ne s’est trouvé personne, pas une seule voix pour prétendre que le coup était moche, même pas son ami Patrick Lagacé, nettement plus sérieux et d’une loyauté touchante, qui consacre de plus en plus de son espace rédactionnel à défendre l’indéfendable. Martineau s’en était pris à Laferrière avec son pitoyable arsenal ordinaire de majuscules, de citations juxtaposées, de questions rhétoriques et d’invectives atones. Plusieurs ont compris ce jour-là qu’il venait de basculer hors de sa zone pusillanime naturelle, qu’il se croyait enfin un redoutable intervenant intellectuel, bref qu’il divorçait du réel. Moi, je l’admets, j’ai eu pitié. Jeune, il écrivait fort et pensait jusqu’au bout d’une chronique. Sa corruption n’a rien de réjouissant pour nous autres qui sommes de la même fournée

Ça ne lui a pas servi de leçon, évidemment. Et de l’immonde gâchis de sa rencontre télévisée avec Dieudonné, qui l’a croqué comme un mulot, Louise Cousineau a fait un compte-rendu. La bataille a pogné. Je me suis retrouvé au milieu, mon nom lancé comme un caillou par ce saltimbanque paniqué en direction de sa critique.

Lisez cet article. On l’a altéré. Il finissait par crisse de folle. J’ai écrit à Louise Cousineau pour regretter à sa place la conduite inqualifiable de Martineau. C’est resté sans réponse. Mais l’injure à la journaliste a disparu, le Premier Ministre a eu droit à un Mea Culpa, et je me ramasse avec les sales majuscules du guignol qui se fout bien des conséquences.

Ma foi, il est peut-être temps de lui rappeler ce qu’on peut faire avec un clavier. Mais laissons-le se lamenter qu’on le poursuive, laissons-le revenir de son ébahissement. Quoi! Lui? Responsable?

C’était le 12. Johnny m’a conseillé de laisser couler. Je l’ai écouté. Il m’a aussi envoyé un enregistrement qui, m’a-t-il dit, méritait davantage mon attention. Grave. Dommageable. Cela, je ne l’ai pas écouté. Mais j’anticipe…

28.11.07

Mettre en contexte pour se mettre en train (1)

Suis d'avis qu'un bref survol de ce qui me ramène ici ne sera pas de trop, sauf peut-être pour les salauds. Je précise avant qu’on ne lise ce qui suit : rien de ce que je vais énumérer n’a suffi à me rengager dans cette damnée galère, ce blog, auquel j’ai assez donné et qu’il me plaisait de voir figé à sa place dans l’histoire de ce genre neuf, que d’autres développent à leur tour. Je n’ai pas rempilé quand Sophie et moi avons rompu, ni quand la lecture des journaux m’étouffait d’indignation, ni quand l’ignorance et la désinvolture de mes concitoyens sont devenues plus dangereuses que seulement tristes, ni quand j’ai préparé mon retour littéraire, ni quand j’ai éprouvé la solitude et le pressant désir de partager mes sentiments et mes idées. Alors ce qui va suivre, ce sont des clopinettes, ai-je estimé, même si elles survenaient toutes en même temps et que j’ai dû passer une pleine semaine, nuit et jour, à y faire face, là où elles se manifestaient, dans les commentaires de blogs que je fréquente où dans ma boîte à courriels. J’ai pulvérisé de la mort-aux-rats dans tous les coins, mais c’était pas chez moi, c’était chez des copains où la vermine me suivait, et ça devenait fort embarrassant. N’empêche, ça ne suffisait pas à me faire radouber la galère : s’il fallait mobiliser un navire de guerre chaque fois que des bestioles s’agitent, on n’aurait pas tort de questionner le jugement du responsable. Surtout si cette galère n’a pas été conçue à des fins martiales et belliqueuses, mais bien comme vaisseau de parole, de pensée, de poésie : de littérature. Faut un Pearl Harbor pour t’obliger à convertir ta belle galère de plaisance en destroyer gris qui pue le mazout et qui crache le feu.

À venir, donc, un bref survol…

Dérouiller

Seul quelqu'un qui a pris un break de blog de trois ans peut comprendre combien c'est coton de remettre la machine en marche. La technologie a changé, ce qui n'a pas changé n'est plus familier, j'ai passé des heures à seulement émonder mon modèle des liens caducs, et n'ai pas commencé à ajouter les liens neufs, vers Meth ou Zhom ou Mac, pour ne nommer qu'eux.

Ce n'est pas pourquoi je suis revenu. Je ne veux pas rester longtemps. J'ai dépoussiéré cette vieille tondeuse pour me défendre contre quelques salopards qui en ont pris pas mal trop large. L'affaire est délicate et je ne compte pas pousser une seule gueulante de dix mille mots qui noierait mon propos. Je vais exposer mes vues au fil des jours qui viennent, méthodiquement et honnêtement, car cela en moi n'est pas rouillé, et chacun se fera son idée.

On va peut-être même bien se marrer...

1.10.04

Pecher. Patiemment. Joncher la chaloupe. Puis déposer sa canne et se jeter aux flots.

Lancement du recueil de Franz. Boucle bouclée. Lâche et serré. J'ai ouvert ce livre si attendu, si souhaité, si rêvé longtemps, appelé de mes voeux et lourd de mes désirs transférés, l'ai ouvert et l'ai refermé en arrivant au Bunker, l'ai tendu à Sophie, lui ai dit, ai tenté d'expliquer: «Il faut pas, pas que je le lise, trop à perdre et guère à gagner, quelles sont les chances qu'après toutes ces années sa poésie ressemble à mon souvenir embelli magnifié, c'est trop risqué, et le pire est que je ne saurais jamais si c'est sa poésie qui a changé ou si c'est moi, alors faut pas...»

Un peu plus tard, assis à mon bureau, j'ai remis pourtant tout mon être ébranlé entre les ailes chaudes et savantes et fiables de ma femme assise en tailleur sur notre lit pour me lire ce livre à strophes d'abord prudentes comme de petites sucées de sang puis me livrer la viande en ne s'interrompant que pour me dire comprendre ce dont je parlais quand je parlais de ces poèmes inédits, de cette poésie parfaite et du poète qui fut mon ami, et le filtre des lèvres et de la voix de Sakurako entre moi et le texte brut sur la page m'a rendu l'exaltation et l'euphorie et la sensation de triomphe dont ma peur de ne pas les éprouver m'avait privé.

À l'heure qu'il est, elle dort et je joue avec l'idée de prendre un break de blog indéfini, pour nombre d'excellentes raisons dont nous avons discuté et que je n'ai pas envie d'exposer ici (cela, seul, suffit en soi à suggérer qu'il est temps d'arrêter).

Veillant sur son sommeil sacré, l'observant qui rêve dans la pénombre percée par l'éclat tremblotant des pixels froids, j'écris aussi une sorte de poème et je le lui dédie, conscient qu'il s'agit aussi d'un poème pour Franz et pour moi-même, ceux que nous fûmes et ce qui s'est enfui, d'un poème pour une certaine idée de la poésie.

Et je l'imprimerais pour qu'elle le trouve à son réveil, mais le bruit de l'imprimante suffirait à l'éveiller, aussi je vais le mettre ici, en silence, puis je reniflerai ma dernière ligne et je grillerai ma dernière cigarette et je boirai ma dernière lampée et je retirerai mes souliers et j'irai me glisser sale et serein sous les draps le long de son corps glorieux, et son souffle rythmera mes systoles jusqu'au petit matin neuf.

Que je touche en retard


J’ai tassé le tissu
Du couvre-lit autour
De ta peau douce pour
T’endormir en matrice;

L’écran luit, bleu lagon,
Dans la nuit du Bunker,
En moulant l’édredon
Sur tes hanches-caprices

Dont le rêve est issu
En m’aimantant le coeur,
Où le cens est perçu
Et versée ta liqueur.

Je sens ton cou d’ici
Avec mes doigts hagards,
C’est un parfum précis
Que je touche en retard

Et je goûte à distance
Au creux de ton dos d’or
Ce son d’amour qui dort
Dans un berceau d’absence.

30.9.04

Salon

Soirée littéraire du tonnerre de dieu, salon improvisé: d'abord, avec Brisebois et Marie-Sissi, on s'est prêtés à l'enregistrement d'un topo sur Bukowski aux Foufounes Électriques. Les Sophies soutenaient moralement leurs mecs et le jules de Labrèche est arrivé plus tard, un charmant clown français dans la bagnole duquel on s'est tous engouffrés pour descendre à notre appartement du Vieux-Montréal. Là, on a bu et potiné avant de réciter des poèmes, puis on s'est échangés nos livres afin d'y lire des extraits à tour de rôle.

Pour Patrick, c'était son dépucelage tv, sa première émission. Il a fait ça comme un chef. Plus tard, je regardais sa compagne et la mienne et je me demandais, ébahi, comment deux salopards crottés d'écrivains asociaux tels que nous avaient pu mériter d'aussi géniales nanas.

Quant à MSL, elle est si heureuse qu'on en craint pour son écriture.

27.9.04

G.O.

Pratiquement tout notre week-end a tourné autour de Mélanie Vincelette, gentille organisatrice. Vendredi, présentation des auteurs de l'automne, dont Kevin, à la galerie Parchemine. Samedi, lecture publique à l'hôtel Nelligan dans le cadre des Journées de la culture: K, en vedette avec Jade Bérubé et ne voyant personne arriver, a eu l'idée de sortir le micro dans la rue et de lire pour les passants à pied et en calèche. Franc succès. L'après-midi, avec K, Cynthia, Sophie et son kid, on s'est offert une micro-croisière sur le fleuve, jusqu'à Longueuil et retour au Vieux-Port. Dimanche, Pierre Laurent, l'ami de Mélanie et Gilbert, avait arrangé un événement pour les enfants, Place d'Youville. Bref, une fin de semaine clés en main. Ça change de la croix et la bannière habituelles.

24.9.04

Gastronomie et art de vivre

C'est le lamentable thème du prochain Salon du livre de Montréal.

J'ai petit déjeûné de gruau agrémenté de cannelle et d’une pincée de sel. Ça goûte le calfeutrant après que les mulots y soient passés.

22.9.04

Yusuf Islam: Oh baby baby it's a wild world

Cat Stevens interdit de séjour aux States pour raisons de sécurité nationale. C'est Soeur Sourire qui doit être contente d'être morte. C'est juste moi ou la liberté prend un goût de cadavre?

Cependant, ça décapite du Yankee à gogo en Irak. Peut-être les États-uniens devraient-ils songer à étêter leur gouvernement aux prochaines élections et remplacer cette face de singe par quelqu'un qui croit moins en Dieu et davantage en l'espèce humaine.

Dissolution

Ma vie dissolue en a assez de se dissoudre. Le mal qu'on m'a diagnostiqué va m'obliger à en changer, de vie, mais à quel point? On peut changer sa vie à en mourir. Ça s'est vu.

Hier, traîné ma carcasse aux Catacombes pour servir de témoin à Kevin lors de la signature de son contrat d'édition. Suis revenu avec un gallon de bagosse claire et dorée. La veille, lancement de Jean Barbe à l'Usine C. Ce vieux Johnny est tout blanc du chef et semble heureux de ses enfants, ses amis, sa compagne, son roman (Comment devenir un monstre, Leméac).

17.9.04

Basta l'embargo!

Je viens d'être autorisé à révéler que Kevin Vigneau publiera Stances, son premier recueil de poésie, à temps pour le Salon du livre, aux éditions Marchand de feuilles, l'excellente maison de Mélanie Vincelette.

Cela mettra un terme à la rumeur selon laquelle KV est un être fictif de mon invention. En fait, il s'est créé tout seul.

Voyager léger

Un mensonge voyage autour du monde pendant que la vérité met encore ses bottes.

Winston Churchill

16.9.04

Périls du dictionnaire

Ces temps-ci, la TV diffuse une flopée de pubs pour Le Petit Robert faisant appel au témoignage de comédiens dans ce qu'on présume être leur propre rôle. Pas d'écrivains: on n'est pas en France, quand même.

Ces temps-ci, il est aussi beaucoup question de la responsabilité dans l'anal-phabétisme des jeunes Québécois, des jeunes hommes surtout. Est-ce la faute de l'école, celle des parents ou de ces petits traîne-savates au flanc mou qui n'ouvrent jamais un dico?

J'offre cette anecdote en nourriture à la réflexion: alors étudiant à Andover, doublevé Bush rédige un essai (qu'un professeur qualifiera de honteux—disgraceful) sur la mort de sa soeur. Cherchant un synonyme pour «larmes» (tears), il consulte un thesaurus et écrit: "And the lacerates ran down my cheeks."

Bring it on, indeed.

Happy birthday

C'est son anniversaire, christ en jupon, et je vais lui entrer dans la chair ce soir comme une couronne d'épines et la crucifier sur le matelas. On lui donnerait vingt-cinq ans sans confession, sculptée qu'elle est dans le beurre manié. Ma Sophie.

Hier, coquetel Boréal réussi au Ritz-Carlton, salon ovale. Beaucoup de pouvoir culturel réuni au même endroit. Je cherchais la bombe.

14.9.04

Mettre la charogne devant l'émeu

Quand la charogne chasse la vie, c'est que le monde est à l'envers. Moi qui n'ai rien contre l'idée de retourner le monde comme une chaussette sale qu'on souhaite porter un soir anarchiste de plus, je ressens néanmoins assez durement les attaques vicelardes concertées sur mon Forum. J'éprouve des envies de relire Ayn Rand, The Fountainhead surtout. Mais j'y résiste et je laisse écrire dans l'attente insensée que le Sens triomphera. La dignité. L'honneur et la noblesse. Ou alors faudra m'asseoir avec Taggart devant un magistrat maître d'école et prouver lequel des deux écrit mes livres. Bordel de Dieu. Je ne censure rien, sauf le cave qui m'a traité de fils de pute. C'est pour son propre bien: s'il connaissait ma mère, il aurait peur aussi.

Dimanche, donc, le papier de cette ancienne fugace connaissance dans La Presse, un poivron farci de menteries à commencer par l'avancé selon lequel je n'ai pu être rejoint. Ciboire, si Marie-Claude a pu rejoindre Marie-Françoise en Colombie-Britannique, elle aurait pu me rejoindre sur le Plateau Mont-Royal. Le courriel, ça existe, et je ne suis pas difficile à trouver, surtout quand on me cherche.

Lanctôt trouve ça amusant, paraît-il. Soit. Lui et l'engeance qui pollue mon Forum comme la cabale de Québec au secours de Jeff Filion. So let's have fun. Je n'ai jamais rien volé à personne, je trime comme un chien sous l'orage depuis toujours pour une certaine idée des lettres et si Jack veut me voler au coin du bois, je serai là, je serai là.

10.9.04

Noms doux: narration

Les noms doux que nous nous donnons sont sans nombre. Il y aura le dico de notre union.

Dans mon sommeil, cependant, quand elle me chatouille par accident, je maugrée en dormant: «Hostie de salope...» et elle rit comme une gamine centenaire qui aime et sait tout de l'Homme.

Au matin, tandis que je lui prépare son café fort et que je tranche ses fruits frais, elle me narre notre nuit.