5.12.07

Lapointe: la vraie fiction

OK. Tout est résolu, net et réglé comme mon étrange cousine Maïté (je peux bien vous le dire, ce n’est pas un secret, c’est même sa fierté de n’avoir jamais saigné une minute en retard chaque mois de sa vie depuis l’âge de quatorze ans jusqu’à son cinquante-deuxième anniversaire, et de s’être privée d’homme pour ne jamais troubler ce sacerdoce calendaire).

Résolu, dis-je. Le texte sur Lapointe a bel et bien été publié, dans Moebius, en 2005. Sous le titre Puzzle, toutefois, et Bastien m’a aidé en se rappelant l’avoir vu dans cette revue, mais guère en oubliant quel numéro (107) et quel thème («Écrire la ville»). J’ai fouillé ma bibliothèque et l’ai débusqué, mais il n’est pas dans la mémoire de mon ordinateur, qui s’appelle Memory Babe III, parce que Memory Babe II m’a claqué à la gueule avant que j’aie pu tout archiver. Alors, hein, j’ai appelé Raymond Martin, le dernier des trois fondateurs de Triptyque, au poste depuis trente ans, un peintre amant de poésie qui publie, qui publie, un air de Hells assagi, une voix rare mais belle d’animateur radio nocturne, un chic vieux loup qui voit à tout, et comme de juste il avait ça dans sa machine, je l’ai reçu dans la minute.

J’étais à répondre au courriel d’un jeune apprenti-écrivain, j’essayais de le soulager de la hantise que l’édition est noyautée par une clique (d’abord parce qu’en pratique ce n’est pas vrai, ensuite parce que si même cela était, un artiste déterminé ne se laissera pas ralentir pour si peu, au contraire il aura l’instinct d’accélérer), je relisais ma réponse quand mon regard a accroché la liste des contributeurs au Moebius 107, imprimée en quatrième. Éric McComber. Kevin Vigneau. Et une lettre de Geneviève Robitaille à Jean Barbe.

Mac et moi, on se connaissait moins, à cette époque, et je n’avais jamais lu la présentation de Robert Giroux en tête de numéro. En lisant ceci, j’ai ri avant de recommencer mon mail au jeune auteur. «Éric McComber et Christian Mistral, eux, sans doute des citoyens de plus louche fréquentation, nous entraînent dans l’univers des rues nocturnes, des petites putes, des bars, de la musique, parmi ces «chanteurs qui ont la vie molle», ricane Mistral.

Les petites putes, je veux bien en partager la responsabilité avec Mac, même s’il n’y en a pas dans mon texte : après tout, il aurait aussi bien pu y en avoir. Mais ce ricanement qui m’est prêté, je n’aime pas, pas du tout, pas plus que cette intention d’insulter Lapointe en public qu’on s’est complu à m’attribuer pour exciter les passions, alors même qu’à l’évidence je ne souhaitais rien de tel.

C’est pourquoi je suis content de déposer ici cette dernière pièce et de la laisser à l’appréciation de chacun.

Puzzle


L’hiver d’avant celui qui passe, après ceux-là déjà passés, vers la fin sèche de 2003 (un soir crasseux, venteux et froid), Lapointe m’a téléphoné.

Avais-je des textes à lui montrer ? Qui parleraient de Montréal, la putain sale et transversale, et puis de crime et puis de vin ? Quelque chose de joli, de fatal et d’urbain, qui passerait à Cité Rock Détente comme une cuillerée de Benylin?

J’ai dit Éric, es-tu malade ? Tu t’es trompé de numéro, ou bien t’es chaud. Moi chuis Mistral, chuis pas Tabra. Il a dit non, je me trompe pas. Il a dit oui, chuis chaud un peu, mais c’est pas à Roger que je veux parler, c’est à toi, mon vieux. J’ai dit bon bon, je vous connais depuis longtemps, tu t’es pris le bec avec lui ou lui avec toi, ou quelque chose comme ça, en tout cas tu te réconcilieras et j’en serai pour ma peine. Il a dit non, final bâton, basta Tabra, on vient de travailler un an et il a scrapé notre ouvrage et faut que je reparte en neuf.

J’ai dit O.K., j’ai quelques textes, où c’est que t’es ? Il m’a dit où, c’était un bar pas loin d’ici. J’ai raccroché, j’ai respiré, j’ai téléphoné à Vigneau. J’ai dit choisis un tien poème qui pourrait faire une bonne chanson pour ce garçon, j’ai dit pars de Parc-Extension et rejoins-moi là-bas tantôt, dans une heure et quart environ, j’ai dit arrête de râler, je sais fort bien qu’il se fait tard et qu’on congèle, mais c’est pas tous les mardis gras qu’Éric s’offre à la poésie. J’ai imprimé dix inédits et puis je suis monté voir Steve et puis ma foi je n’ai pas vu le temps passer : quand mon cellulaire a sonné, c’était Vigneau comme de raison, disant que le bar était vide, hormis la serveuse et Lapointe qui ronflait sur une banquette. J’ai dit j’arrive, j’y vais j’y vole, surtout tente pas de le réveiller.

J’ai débarqué, j’ai dit la fille saura y faire, Éric s’endort seulement s’il connaît les gens qui l’entourent, et comme de fait, la fille au bar c’était sa blonde, et elle l’a extrait du sommeil d’une sweet façon.

Il était plus frais que jamais, ni chaud ni froid, ni brûlé ni gelé, ni fripé ni farci, ni mauvais ni ami, et je mesurais confusément d’un coup tout le chemin qu’il avait parcouru seul, et le progrès de notre singulier rapport. Car Lapointe et moi n’avions jamais entretenu quoi que ce fût qui ressemblât à des relations chaleureuses ; or, cette hostilité-là, franche, épidermique, naturelle et sans raison, cette intransigeance chargée de menace qui gâchait chacune de nos rencontres impromptues depuis le début, en des lieux illégaux et à des heures indues, ces feelings acides, en somme, qui sont des empêchements à la fraternité facile, avaient fini à notre insu par nous servir : Éric me laissait voir sa vérité, ce qu’il ne fait qu’avec effort, y compris à son propre examen, et cela tenait en grande partie à ce que je ne lui avais jamais menti. Je n’attendais de lui rien qu’il n’eût envie de fournir et il ne voulait rien de moi, puisqu’il avait Tabra.

J’ai mis longtemps à deviner pourquoi il aimait qu’on se casse et qu’on s’encaisse de loin en loin mais jusqu’au fond. Le deviner, l’imaginer, le déduire : écouter quand il me l’expliqua un matin mou déjà ancien. Il venait de conclure une conversation téléphonique avec son gérant, marchant de large en long dans sa chambre immense tandis que je picolais à la cuisine ; quand il revint, catastrophé, la face crampée d’un tourment mystérieux, j’ai été curieux, et quand j’ai fini, une heure plus tard, par savoir ce qui se passait, j’ai été pris d’une grosse tendresse pour cet homme-là, ce Lapointe, et d’un respect très clair enfin, et d’autres sentiments aussi, dont le regret qu’on ne soit pas amis. Ce qui s’était passé, pour faire court, c’était que son gérant lui avait parlé en gérant, plutôt qu’en pote intime d’avant la gloire qu’il était aussi, aux temps miséreux héroïques du cégep. Éric répétait : « C’était le dernier. Le dernier... » Le dernier humain en dehors de sa famille, homme ou femme, qui l’aime et l’entoure depuis les jours d’avant ce succès plein de surprises empoisonnées. Il était seul, ce matin-là, cet artiste adulé, comme peu d’hommes l’ont été, puisqu’il n’avait que moi en qui verser sa confiance, moi doté de sa certitude que je ne l’aimais pas. Il préférait cela, cette absence d’ambiguïté, dans la cuisine, le temps de se resituer dans un monde sans amis sûrs et désintéressés, le temps de respirer sans songer à séduire, égoïstement, et ça n’a pas duré longtemps, bien sûr, mais après ça on n’a plus pu jouer au jeu de s’écœurer. On a préféré s’éviter. On ne connaissait pas d’autre jeu.

Jusqu’au fameux soir froid crasseux où je l’ai rejoint dans ce bar avec mes textes et ceux des autres et mon Vigneau d’humeur sceptique. Éric a lu le tas entier, toute une pile de papier à grave voix d’écorce vive, de gueule de bois et de charbon, cherchant l’os et palpant la chair des strophes sages en rangs serrés, démontrant un sens aiguisé de la musique innée des mots en plus d’un flair de chat sauvage pour les trucs louches et les ficelles et la bullshit et les patchages, tous ces procédés innocents auxquels ont recours les auteurs depuis toujours et même avant quand il s’agit d’enfiler plein de perles en colliers cohérents, ces rustines et ces bouche-trous qu’on ne voit n’entend ni ne sent et tous ces vers en or à fou ces cuillerées de sirop doux qui font passer la médecine quand on se mêle d’écriture et de maîtriser la métrique, il voyait clair à travers ça et dégageait les idées fortes, il autopsiait la poésie tout en lui marquant du respect, chassant le beau le franc le dur, mêlant les mots à l’inaudible rythme soûl et personnel de son propre esprit créateur.

Des dix, un texte alluma son regard et enfla sa voix plus que les autres. C’était un morceau fort et fiévreux composé au terme d’une nuit consommée à jaser avec CGDR, inspiré par ses confidences et que je lui avais offert. J’avais hésité un instant avant de l’inclure dans le lot : Christian-Gilles le chantait déjà lors des modestes et sporadiques engagements qui, à cinquante-cinq ans, lui permettaient de patienter jusqu’à ce qu’on découvre son talent. Allais-je lui reprendre ce présent fabriqué avec son passé pour le confier à Lapointe, seulement parce que l’artiste en moi étouffait l’honnête homme? Foutre non. Il me fallait une meilleure raison que ça.

L’idée m’a traversé l’esprit qu’à vingt ans, ces considérations me seraient passées douze pieds par-dessus la tête : je n’aurais jamais songé sérieusement à peser mes mots et mes amis sur les plateaux d’une même balance, cela n’aurait rimé à rien, puisque les mots pesaient plus lourd, toujours, plus que l’humain et que l’honneur et que la vie, que la famille et que l’amour, que la santé, le bonheur et le reste de ces abstractions illusoires auxquelles un monde frileux accordait tant de prix. À vingt ans, oui, mais non plus aujourd’hui que j’approchais du double. Il me fallait une meilleure raison que ça. Deux fois meilleure au moins. Meilleure deux fois que l’ambition légitime de diffuser mon œuvre au mieux, de la servir, la planter dans une terre grasse et l’arroser en masse et lui donner du soleil. Cette raison miraculeuse, qui doublerait l’ancien modèle, cette formule améliorée capable d’englober, de contenir les dimensions inflationnaires de mon cas de conscience, cette métaraison, je me fis fort de la trouver sur le chemin du rendez-vous avec Éric, mais il faut croire que je marchai trop vite car il achevait déjà sa seconde lecture que rien ne me venait encore. Alors, pris d’un soudain mordant dégoût, comprenant que j’allais dépouiller mon ami CGDR en son absence et me déshonorer du même élan et mettre ça, ce geste froid de carriériste avide, sur le dos de l’idéal artistique, je rétrogradai sans ralentir, je crus sentir cramer le caoutchouc de mon cœur élastique, grincer la machine en surchauffe, mais rien n’y parut cependant que j’embrayais sur le sujet de la chanson, soit CGDR lui-même, et je brossai un tel portrait du personnage, tandis que Vigneau jouait fin seul au pool, qu’Éric en perdit tout intérêt pour les textes qu’il déposa sur la table voisine sans me quitter des yeux, réclamant d’en savoir davantage.

Quelques semaines plus tard, quand CGDR l’alla voir avec son CD maison et trois brouillons jetés au Bic sur des napkins, il fut reçu à bras brûlants. En quelques nuits blanchies d’alchimie chansonnière, ces deux improbables compères accouchèrent d’un hit brillant sous toutes ses faces de furieux feux, un engin calibré au rasoir, plein d’énergie féroce et d’images excitantes, et c’est déjà pas évident à faire tout seul, mais à deux ça devient carrément rarissime, et du premier coup ça ne se voit pour ainsi dire jamais. J’étais soufflé, admiratif, envieux, sur le cul, toutes valeurs confondues mais deux oreilles sous mon sommeil. CGDR, à ma demande mendiante, se renseigna discrètement sur le sort de mes textes et m’informa l’automne suivant, fort embarrassé, que Lapointe n’en retiendrait aucun. Trop poétiques. Pourquoi il m’a pas rappelé ? Trop occupé. Pourquoi j’ai pas su le toucher?

Trop débranché.

J’ai revu Éric hier, cette nuit en fait, ce sept mars 2005, au même bar susdit pas loin d’ici, en plein Plateau, rue Rachel, ça s’appelle le Tap Room pour ceux que ça intéresse. Paraît que des gens se font tatouer sa face dans le dos. C’était écrit dans le journal et il trouvait ça très drôle. Anyway, je lui ai fait faire une ligne, il s’est écrasé au pool, pour me remercier, j’imagine, ou parce que les chanteurs ont la vie molle. Il était un morceau de la ville, et moi un autre, et futé serait celui qui adjoindrait deux pièces du puzzle immense sans savoir à quoi c’est censé, ultimement, ressembler.

Dix ans moins dix-huit jours

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4.12.07

Mettre en contexte pour se mettre en train (3)

Ce retour aux affaires devrait s’appeler Vacuum III : Redux. Mais tout changer, adresse et modèles et liens, c’est vraiment trop compliqué. On attendra la version papier.

Je sais, je sais. Je n’ai rien ajouté au survol, depuis jeudi, et les plus enthousiastes soupirent aussi, se surprennent à douter… Et s’il n’avait cédé qu’à un vilain sursaut d’humeur, le Mistral? Un drogué, un soûlon, un sanguin, un rustre barbare, un pithécanthrope, un gougnafier et un fichu poseur par-dessus le marché : comment savoir avec ces bêtes-là, ces reliques d’un âge obscur où les landes au-delà de la clôture appartenaient aux loups, aux ogres, aux égorgeurs et aux escarpes, aux possédés qui savent leurs lettres et vont chassant les âmes simples avec de doux sons sur la bouche et le malin dans la prunelle, aux Gilles de Rais et aux Villon, peut-on jamais vraiment savoir? Et s’il n’avait aucune idée de là où il souhaitait aller?

S’il n’était plus que vent, désormais, dissipé avec l’ultime fumée du vin cuvé…

Et les faux culs, les pharisiens, les fourbes, se prennent à respirer plus librement pour absolument les mêmes raisons.

Sauf que non. On ne dort guère, en temps de guerre. C’est fortement déconseillé. Sun-Tzu n’en parle pas beaucoup, Von Clausewitz non plus, de ce qu’une armée d’un seul homme est supposée prioriser : stratégie, tactique, logistique, discipline et moral se disputent l’attention, l’énergie d’un seul esprit dans un seul corps, qui ne peut se reposer sans péril et qui, sans repos, perdra pourtant assurément.

Il va falloir prendre patience encore un peu. Rien de ceci n’aurait de sens si ma voix s’adressait au silence, à moins de consciences qu’il n’en faut pour atteindre la masse critique, le strict minimum de bonnes volontés qu’il faut pour avoir une chance de résister aux forces démesurées que je vais dénoncer, pour empêcher ce qui arrive d’aller plus loin, non par principe ni par orgueil mais pour sauver mon envie même de continuer à vivre et à écrire, deux mamelles d’une seule bête-mère. Je suis armé de mots, bien sûr, mais aussi d’une durable réputation de franchise et de dédain pour le faux, le conditionné, le politiquement rectangle, et mon dernier recours est de faire appel aux derniers de mes semblables encore libres, capables de penser par eux-mêmes et de se faire une opinion propre.

Ce blog est inactif depuis trois ans. Je visais en le rouvrant un retour minimal au taux de fréquentation antérieur, qu’il m’avait fallu un an pour atteindre, et je me donnais une semaine pour ce faire, à défaut de quoi je m’y mettrais quand même, car ceci ne peut attendre.

Or, en deux jours, ce chiffre a été atteint, doublé puis triplé. Triplé! Jamais eu autrefois, cependant, tant de visites singulières depuis la Franche-Comté, encore moins une telle affluence accourant de Colombie-Britannique, à croire que l’Alsama n’existe pas, que le pays s’est rabougri comme peau de chagrin ou un scrotum après le surf. À croire que des gens, là-bas, sont soudain saisis d’un grand désir de suivre le blog d’un écrivain Québécois. N’est-ce pas curieux?

Mon courriel initial aux gens de mon réseau, leur demandant de passer le mot (parents, amis, nerds, collègues, étudiants, journalistes influents, certaines catégories se recoupant), puis les blogueurs de notre tribu soufflant sur les étincelles, puis deux chroniqueurs web au lectorat immense, aux conseils respectés, tous deux rencontrés sur la Toile aux temps héroïques et devenus des chums pour moi et moi pour eux, ces deux-là faisant ronfler la fournaise au naphta, font qu’on va pouvoir s’y mettre sous peu.

À mon rythme, cette fois, et sur le champ que j’ai choisi, ainsi que je l’ai promis à l’inénarrable Stanley Péan la semaine dernière. Faudra d’abord finir mon bref survol, puis je passerai à Stanley, qui est un homme très occupé comme chacun sait et qu’il serait grossier de trop faire attendre (pas un instant de plus, je m’y engage, qu’il n’en faudra à mon conseiller pour finir d’étudier les éléments rassemblés et m’exposer mes options).

Ensuite, eh bien, je pourrai enfin entrer dans le vif du sujet et confronter une bonne fois le démon blond au cœur empoisonné de l’hydre : le moyen que je vois, c’est une douche écossaise, mais misère, ce sera délicat, sans doute le texte le plus difficile que j’aurai jamais eu à construire.

3.12.07

Chu un ti-cul avec un coat de cuir (chanter sur l'air de «N'importe quoi»)

Les torys devraient bander moins sur le rétablissement de la peine de mort et songer à légaliser le duel.

CGDR est venu m’apporter une grosse bière et son appui moral cet après-midi. Pourquoi? ai-je baillé en me grattant les cheveux. Il m’a raconté qu’Éric Lapointe s’était épanché sur mon compte hier soir, à TLMEP. «Ça m’a fait quelque chose. Il y est allé fort sans raison. Tu devrais te défendre.»

Je baille encore. Paraît que je lui dois cinquante dollars, à Lapointe. C’est vrai. On jouait au billard, je le battais toujours, il déprimait; pour le requinquer et me faire du fric facile, je lui ai gagé un rouge que parmi les cinq prochains clients à entrer dans le bar, il s'en trouverait un qui lui demanderait un autographe. Eh bien, il a gagné et j'ai perdu : dix clients plus tard, tout le monde s’en foutait toujours autant d'aussi bon coeur. Mais cette idée, aussi, de faire le juke-box organique, le haut-parleur vivant, de chanter les mêmes affaires soir après soir. Y a des disques pour ça, des vidéos. Peut bien déprimer. Moi aussi, je déprimerais, s'il fallait que j'écrive le même texte à chaque fois. En tout cas, il a gagné et ses cinquante dollars l'attendent.

Il a décliné mes textes, vrai aussi, mais c’est lui qui m’a appelé pour demander à les voir, je suis allé le rejoindre quelque part avec Kevin Vigneau, Éric a trouvé les mots trop intellectuels (splendeur, virulence, etc. : «Le monde vont pas comprendre…»). Quant à la suggestion d'une chanson sans refrain, c'était trop poétique: «Faut un hook pour que les Manons de l'est s'en rappellent!» Kevin avait cru entendre les manants...

Je retourne me coucher.

2.12.07

Crochets, coeur et couronne


C’est bien beau, sucer le venin hors des morsures qui vous chatouillent les chevilles, s’en gargariser et le refaire gicler bouillonnant à la gueule des crotales, c’est bien beau s’apprêter à péter des crochets, mais il n’y a pas que des serpents, ici-bas, surtout à hauteur d’homme, qui est moins basse, et l’oublier tandis qu’on lutte au sol dans la vase et les sifflements, c’est risquer d’arracher l’échec aux mâchoires molles de la victoire, c’est perdre la fin en chemin, lâchant la proie pour l’ombre. L’ombre d’un reptile vaut-elle qu’on y sacrifie tout sens de la lumière et de la couleur du monde?

Il n’y a pas que des pourris, des sangsues, des déçus, des amers et des folliculaires dans notre monde immédiat, même si on ne voit souvent que ça à force de satelliser nos relations humaines, étancher les compartiments de nos vies et connaître au fond très peu de nouveaux gens, de nouveaux lieux, qui ne soient virtuels.

Un homme de cœur en rachète cent méchants, il vous redonne un morceau de vous-même et vous inspire. Vendredi, Claude Martel, mécène et samaritain, je ne sais pas quel mot convient sauf homme de cœur, chirurgien dentiste à Saint-Lambert, m’a refait un sourire, sans rien attendre en retour, trois heures d’ouvrage assisté de Diane, des frais que je n’ose imaginer, tout cela lui étant venu à l’idée lors de mon passage à TLMEP. Je le tiens désormais pour un ami et je note ici son nom, son geste et son visage, dans mon journal à cette date : il m’a redonné foi au milieu d’une tourmente désespérante qui se prolonge, se prolonge…

29.11.07

Mettre en contexte pour se mettre en train (2)


Le douze novembre, tout seul chez nous, sans chercher le trouble, je me suis assis devant l’ordi et j’ai relevé mon courrier. Routine. Un message Google m’informait que mon nom était paru sur le Net ce jour-là. Routine. Dans un texte de Richard Martineau…


Pas la routine.

Depuis vingt ans, cette anguille humaine a pris un luxe de précautions inouï pour éviter de confronter quiconque serait susceptible de se défendre. Jamais on ne l’a vu débattre : ni dans un journal avec ses lecteurs qui soumettaient des réactions articulées, ni sur le web, ni à la télé, ni à la radio, ni au Dollarama, ni dans les magazines imbéciles qu’il a dégradés davantage avec cette insouciance tâcheronne qui le caractérise, et qui déguise pourtant bien pire : l’impuissance de cet homme-là, sa crainte permanente d’être démasqué (imprimée dans sa face, trahie par ces yeux furtifs et cet intarissable trou qui lui sert à dégoiser), et son hostilité sournoise envers sa propre société. Je ne connais pas de spécimen plus dégénéré, aussi nuisible que ce tartuffe parmi ce que ma génération avait de mieux à offrir et qu’elle aura produit de pire. Jean-Luc Mongrain croit au moins en quelque chose, et son discours est constant, et son action suit son discours. Gilles Proulx est un amuseur inoffensif sur cette échelle. Arcand est un journaliste. Mais qui, quel démagogue sans foi ni loi ni le moindre scrupule se mesure à Martineau dans notre génération? On a dit, un peu tôt, Jeff Fillion. Liquidé, Fillion, malgré les vœux de son auditoire. Un porc, ajoute finement Madame Martineau. Or, Fillion n’a jamais été, tant s’en faut, pernicieux comme ce bouffon avide, ce parvenu dévorant qui a aidé à l’éliminer. Combien de journalistes recoivent de la merde sous enveloppe au bureau de la rédaction et s’en vantent comme s’ils étaient le jeune Jean-Pierre Charbonneau se faisant tirer en plein Devoir pour stopper son enquête sur le crime organisé?

Précautions luxueuses, disais-je : l’homme s’y entend pour éviter plus fort que lui, aussi quand un Dany Laferrière l’estourbit d’un bref et brillant trait d’esprit à TLMEP, eh bien, tout le monde en parle. Encore et toujours. Il n’échappera jamais à ces mots qui le ligotent et le résument et le cuisent carbonisé : "Richard Martineau vit intellectuellement au dessus de ses moyens. Il dépense plus qu’il ne possède. Un jour, il fera faillite!". Il ne s’est trouvé personne, pas une seule voix pour prétendre que le coup était moche, même pas son ami Patrick Lagacé, nettement plus sérieux et d’une loyauté touchante, qui consacre de plus en plus de son espace rédactionnel à défendre l’indéfendable. Martineau s’en était pris à Laferrière avec son pitoyable arsenal ordinaire de majuscules, de citations juxtaposées, de questions rhétoriques et d’invectives atones. Plusieurs ont compris ce jour-là qu’il venait de basculer hors de sa zone pusillanime naturelle, qu’il se croyait enfin un redoutable intervenant intellectuel, bref qu’il divorçait du réel. Moi, je l’admets, j’ai eu pitié. Jeune, il écrivait fort et pensait jusqu’au bout d’une chronique. Sa corruption n’a rien de réjouissant pour nous autres qui sommes de la même fournée

Ça ne lui a pas servi de leçon, évidemment. Et de l’immonde gâchis de sa rencontre télévisée avec Dieudonné, qui l’a croqué comme un mulot, Louise Cousineau a fait un compte-rendu. La bataille a pogné. Je me suis retrouvé au milieu, mon nom lancé comme un caillou par ce saltimbanque paniqué en direction de sa critique.

Lisez cet article. On l’a altéré. Il finissait par crisse de folle. J’ai écrit à Louise Cousineau pour regretter à sa place la conduite inqualifiable de Martineau. C’est resté sans réponse. Mais l’injure à la journaliste a disparu, le Premier Ministre a eu droit à un Mea Culpa, et je me ramasse avec les sales majuscules du guignol qui se fout bien des conséquences.

Ma foi, il est peut-être temps de lui rappeler ce qu’on peut faire avec un clavier. Mais laissons-le se lamenter qu’on le poursuive, laissons-le revenir de son ébahissement. Quoi! Lui? Responsable?

C’était le 12. Johnny m’a conseillé de laisser couler. Je l’ai écouté. Il m’a aussi envoyé un enregistrement qui, m’a-t-il dit, méritait davantage mon attention. Grave. Dommageable. Cela, je ne l’ai pas écouté. Mais j’anticipe…

28.11.07

Mettre en contexte pour se mettre en train (1)

Suis d'avis qu'un bref survol de ce qui me ramène ici ne sera pas de trop, sauf peut-être pour les salauds. Je précise avant qu’on ne lise ce qui suit : rien de ce que je vais énumérer n’a suffi à me rengager dans cette damnée galère, ce blog, auquel j’ai assez donné et qu’il me plaisait de voir figé à sa place dans l’histoire de ce genre neuf, que d’autres développent à leur tour. Je n’ai pas rempilé quand Sophie et moi avons rompu, ni quand la lecture des journaux m’étouffait d’indignation, ni quand l’ignorance et la désinvolture de mes concitoyens sont devenues plus dangereuses que seulement tristes, ni quand j’ai préparé mon retour littéraire, ni quand j’ai éprouvé la solitude et le pressant désir de partager mes sentiments et mes idées. Alors ce qui va suivre, ce sont des clopinettes, ai-je estimé, même si elles survenaient toutes en même temps et que j’ai dû passer une pleine semaine, nuit et jour, à y faire face, là où elles se manifestaient, dans les commentaires de blogs que je fréquente où dans ma boîte à courriels. J’ai pulvérisé de la mort-aux-rats dans tous les coins, mais c’était pas chez moi, c’était chez des copains où la vermine me suivait, et ça devenait fort embarrassant. N’empêche, ça ne suffisait pas à me faire radouber la galère : s’il fallait mobiliser un navire de guerre chaque fois que des bestioles s’agitent, on n’aurait pas tort de questionner le jugement du responsable. Surtout si cette galère n’a pas été conçue à des fins martiales et belliqueuses, mais bien comme vaisseau de parole, de pensée, de poésie : de littérature. Faut un Pearl Harbor pour t’obliger à convertir ta belle galère de plaisance en destroyer gris qui pue le mazout et qui crache le feu.

À venir, donc, un bref survol…

Dérouiller

Seul quelqu'un qui a pris un break de blog de trois ans peut comprendre combien c'est coton de remettre la machine en marche. La technologie a changé, ce qui n'a pas changé n'est plus familier, j'ai passé des heures à seulement émonder mon modèle des liens caducs, et n'ai pas commencé à ajouter les liens neufs, vers Meth ou Zhom ou Mac, pour ne nommer qu'eux.

Ce n'est pas pourquoi je suis revenu. Je ne veux pas rester longtemps. J'ai dépoussiéré cette vieille tondeuse pour me défendre contre quelques salopards qui en ont pris pas mal trop large. L'affaire est délicate et je ne compte pas pousser une seule gueulante de dix mille mots qui noierait mon propos. Je vais exposer mes vues au fil des jours qui viennent, méthodiquement et honnêtement, car cela en moi n'est pas rouillé, et chacun se fera son idée.

On va peut-être même bien se marrer...

1.10.04

Pecher. Patiemment. Joncher la chaloupe. Puis déposer sa canne et se jeter aux flots.

Lancement du recueil de Franz. Boucle bouclée. Lâche et serré. J'ai ouvert ce livre si attendu, si souhaité, si rêvé longtemps, appelé de mes voeux et lourd de mes désirs transférés, l'ai ouvert et l'ai refermé en arrivant au Bunker, l'ai tendu à Sophie, lui ai dit, ai tenté d'expliquer: «Il faut pas, pas que je le lise, trop à perdre et guère à gagner, quelles sont les chances qu'après toutes ces années sa poésie ressemble à mon souvenir embelli magnifié, c'est trop risqué, et le pire est que je ne saurais jamais si c'est sa poésie qui a changé ou si c'est moi, alors faut pas...»

Un peu plus tard, assis à mon bureau, j'ai remis pourtant tout mon être ébranlé entre les ailes chaudes et savantes et fiables de ma femme assise en tailleur sur notre lit pour me lire ce livre à strophes d'abord prudentes comme de petites sucées de sang puis me livrer la viande en ne s'interrompant que pour me dire comprendre ce dont je parlais quand je parlais de ces poèmes inédits, de cette poésie parfaite et du poète qui fut mon ami, et le filtre des lèvres et de la voix de Sakurako entre moi et le texte brut sur la page m'a rendu l'exaltation et l'euphorie et la sensation de triomphe dont ma peur de ne pas les éprouver m'avait privé.

À l'heure qu'il est, elle dort et je joue avec l'idée de prendre un break de blog indéfini, pour nombre d'excellentes raisons dont nous avons discuté et que je n'ai pas envie d'exposer ici (cela, seul, suffit en soi à suggérer qu'il est temps d'arrêter).

Veillant sur son sommeil sacré, l'observant qui rêve dans la pénombre percée par l'éclat tremblotant des pixels froids, j'écris aussi une sorte de poème et je le lui dédie, conscient qu'il s'agit aussi d'un poème pour Franz et pour moi-même, ceux que nous fûmes et ce qui s'est enfui, d'un poème pour une certaine idée de la poésie.

Et je l'imprimerais pour qu'elle le trouve à son réveil, mais le bruit de l'imprimante suffirait à l'éveiller, aussi je vais le mettre ici, en silence, puis je reniflerai ma dernière ligne et je grillerai ma dernière cigarette et je boirai ma dernière lampée et je retirerai mes souliers et j'irai me glisser sale et serein sous les draps le long de son corps glorieux, et son souffle rythmera mes systoles jusqu'au petit matin neuf.

Que je touche en retard


J’ai tassé le tissu
Du couvre-lit autour
De ta peau douce pour
T’endormir en matrice;

L’écran luit, bleu lagon,
Dans la nuit du Bunker,
En moulant l’édredon
Sur tes hanches-caprices

Dont le rêve est issu
En m’aimantant le coeur,
Où le cens est perçu
Et versée ta liqueur.

Je sens ton cou d’ici
Avec mes doigts hagards,
C’est un parfum précis
Que je touche en retard

Et je goûte à distance
Au creux de ton dos d’or
Ce son d’amour qui dort
Dans un berceau d’absence.

30.9.04

Salon

Soirée littéraire du tonnerre de dieu, salon improvisé: d'abord, avec Brisebois et Marie-Sissi, on s'est prêtés à l'enregistrement d'un topo sur Bukowski aux Foufounes Électriques. Les Sophies soutenaient moralement leurs mecs et le jules de Labrèche est arrivé plus tard, un charmant clown français dans la bagnole duquel on s'est tous engouffrés pour descendre à notre appartement du Vieux-Montréal. Là, on a bu et potiné avant de réciter des poèmes, puis on s'est échangés nos livres afin d'y lire des extraits à tour de rôle.

Pour Patrick, c'était son dépucelage tv, sa première émission. Il a fait ça comme un chef. Plus tard, je regardais sa compagne et la mienne et je me demandais, ébahi, comment deux salopards crottés d'écrivains asociaux tels que nous avaient pu mériter d'aussi géniales nanas.

Quant à MSL, elle est si heureuse qu'on en craint pour son écriture.

27.9.04

G.O.

Pratiquement tout notre week-end a tourné autour de Mélanie Vincelette, gentille organisatrice. Vendredi, présentation des auteurs de l'automne, dont Kevin, à la galerie Parchemine. Samedi, lecture publique à l'hôtel Nelligan dans le cadre des Journées de la culture: K, en vedette avec Jade Bérubé et ne voyant personne arriver, a eu l'idée de sortir le micro dans la rue et de lire pour les passants à pied et en calèche. Franc succès. L'après-midi, avec K, Cynthia, Sophie et son kid, on s'est offert une micro-croisière sur le fleuve, jusqu'à Longueuil et retour au Vieux-Port. Dimanche, Pierre Laurent, l'ami de Mélanie et Gilbert, avait arrangé un événement pour les enfants, Place d'Youville. Bref, une fin de semaine clés en main. Ça change de la croix et la bannière habituelles.

24.9.04

Gastronomie et art de vivre

C'est le lamentable thème du prochain Salon du livre de Montréal.

J'ai petit déjeûné de gruau agrémenté de cannelle et d’une pincée de sel. Ça goûte le calfeutrant après que les mulots y soient passés.

22.9.04

Yusuf Islam: Oh baby baby it's a wild world

Cat Stevens interdit de séjour aux States pour raisons de sécurité nationale. C'est Soeur Sourire qui doit être contente d'être morte. C'est juste moi ou la liberté prend un goût de cadavre?

Cependant, ça décapite du Yankee à gogo en Irak. Peut-être les États-uniens devraient-ils songer à étêter leur gouvernement aux prochaines élections et remplacer cette face de singe par quelqu'un qui croit moins en Dieu et davantage en l'espèce humaine.

Dissolution

Ma vie dissolue en a assez de se dissoudre. Le mal qu'on m'a diagnostiqué va m'obliger à en changer, de vie, mais à quel point? On peut changer sa vie à en mourir. Ça s'est vu.

Hier, traîné ma carcasse aux Catacombes pour servir de témoin à Kevin lors de la signature de son contrat d'édition. Suis revenu avec un gallon de bagosse claire et dorée. La veille, lancement de Jean Barbe à l'Usine C. Ce vieux Johnny est tout blanc du chef et semble heureux de ses enfants, ses amis, sa compagne, son roman (Comment devenir un monstre, Leméac).

17.9.04

Basta l'embargo!

Je viens d'être autorisé à révéler que Kevin Vigneau publiera Stances, son premier recueil de poésie, à temps pour le Salon du livre, aux éditions Marchand de feuilles, l'excellente maison de Mélanie Vincelette.

Cela mettra un terme à la rumeur selon laquelle KV est un être fictif de mon invention. En fait, il s'est créé tout seul.

Voyager léger

Un mensonge voyage autour du monde pendant que la vérité met encore ses bottes.

Winston Churchill

16.9.04

Périls du dictionnaire

Ces temps-ci, la TV diffuse une flopée de pubs pour Le Petit Robert faisant appel au témoignage de comédiens dans ce qu'on présume être leur propre rôle. Pas d'écrivains: on n'est pas en France, quand même.

Ces temps-ci, il est aussi beaucoup question de la responsabilité dans l'anal-phabétisme des jeunes Québécois, des jeunes hommes surtout. Est-ce la faute de l'école, celle des parents ou de ces petits traîne-savates au flanc mou qui n'ouvrent jamais un dico?

J'offre cette anecdote en nourriture à la réflexion: alors étudiant à Andover, doublevé Bush rédige un essai (qu'un professeur qualifiera de honteux—disgraceful) sur la mort de sa soeur. Cherchant un synonyme pour «larmes» (tears), il consulte un thesaurus et écrit: "And the lacerates ran down my cheeks."

Bring it on, indeed.

Happy birthday

C'est son anniversaire, christ en jupon, et je vais lui entrer dans la chair ce soir comme une couronne d'épines et la crucifier sur le matelas. On lui donnerait vingt-cinq ans sans confession, sculptée qu'elle est dans le beurre manié. Ma Sophie.

Hier, coquetel Boréal réussi au Ritz-Carlton, salon ovale. Beaucoup de pouvoir culturel réuni au même endroit. Je cherchais la bombe.

14.9.04

Mettre la charogne devant l'émeu

Quand la charogne chasse la vie, c'est que le monde est à l'envers. Moi qui n'ai rien contre l'idée de retourner le monde comme une chaussette sale qu'on souhaite porter un soir anarchiste de plus, je ressens néanmoins assez durement les attaques vicelardes concertées sur mon Forum. J'éprouve des envies de relire Ayn Rand, The Fountainhead surtout. Mais j'y résiste et je laisse écrire dans l'attente insensée que le Sens triomphera. La dignité. L'honneur et la noblesse. Ou alors faudra m'asseoir avec Taggart devant un magistrat maître d'école et prouver lequel des deux écrit mes livres. Bordel de Dieu. Je ne censure rien, sauf le cave qui m'a traité de fils de pute. C'est pour son propre bien: s'il connaissait ma mère, il aurait peur aussi.

Dimanche, donc, le papier de cette ancienne fugace connaissance dans La Presse, un poivron farci de menteries à commencer par l'avancé selon lequel je n'ai pu être rejoint. Ciboire, si Marie-Claude a pu rejoindre Marie-Françoise en Colombie-Britannique, elle aurait pu me rejoindre sur le Plateau Mont-Royal. Le courriel, ça existe, et je ne suis pas difficile à trouver, surtout quand on me cherche.

Lanctôt trouve ça amusant, paraît-il. Soit. Lui et l'engeance qui pollue mon Forum comme la cabale de Québec au secours de Jeff Filion. So let's have fun. Je n'ai jamais rien volé à personne, je trime comme un chien sous l'orage depuis toujours pour une certaine idée des lettres et si Jack veut me voler au coin du bois, je serai là, je serai là.

10.9.04

Noms doux: narration

Les noms doux que nous nous donnons sont sans nombre. Il y aura le dico de notre union.

Dans mon sommeil, cependant, quand elle me chatouille par accident, je maugrée en dormant: «Hostie de salope...» et elle rit comme une gamine centenaire qui aime et sait tout de l'Homme.

Au matin, tandis que je lui prépare son café fort et que je tranche ses fruits frais, elle me narre notre nuit.

9.9.04

Forges

Lancement hier au Saint-Sulpice de la nouvelle saison des Écrits des Forges. Deux titres ressortent: Âme sauvage d'Angéline Neveu et La matérialité des mouvements d'Olivier Bourque.

Saku a cliqué avec Claudine Bertrand cependant que j'en virais une solide avec Gaétan Lévesque. Poésie paquetée, musique des opportunités.

8.9.04

Embargo et Club Soda

Embargo, à sa demande, sur une grande nouvelle pour Kevin (et pour moi, la tribu, la beauté, les esthètes, alouette...) J'y reviendrai.

Hier, lancement d'Épisode, premier album de Sam, au Club Soda. Paroles et musique de cousin JF Moran. Sam m'a redemandé des chansons pour le prochain. Cette fois-ci, mieux luné, j'ai dit oui.

Joie de revoir Jacques et Sylvie, anciens patrons des Beaux-Esprits. De croiser mon fils. D'être avec Sophie. De vivre en dépit des ennuis et du fiel des fâcheux.

6.9.04

Tsé veux dire?

Entre ce que je pense,
ce que je veux dire,
ce que je crois dire,
ce que je dis,
ce que vous avez envie d’entendre,
ce que vous croyez entendre,
ce que vous entendez,
ce que vous avez envie de comprendre,
ce que vous croyez comprendre,
ce que vous comprenez,
il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer.
Mais essayons quand même.


Bernard Werber

4.9.04

Pas pour rire

Le monde est rendu tata bien au-delà du viable. Le saviez-vous? Ils sont pleins de bonne volonté, mais à peu près personne ne semble comprendre l'enjeu dont il est question ici depuis deux jours. Est-ce de travailler pour un patron et de ne rien fabriquer de tangible qui rend les gens inaptes à piger ce qu'il faut protéger? Le fruit de leur esprit, de leur labeur? Aliénés, dépouillés du sentiment de leur réelle identité, apprivoisés à fournir cartes et photos et mots de passe et numéros à coeur de jours en toutes circonstances à chaque étape de leur fonctionnement fermier (retirer de l'argent, utiliser un parcomètre, louer un DVD, remplir un formulaire, ça finit pas, ça finit plus, ça ne fait que recommencer, et les gens sont si bien dressés, si foutrement bien ordonnés, polis comme croix gammées nazies, plus ignorants que des pastèques et absents des bibliothèques mais fiers de ne pas déranger la paix et la tranquillité de chaque instant de l'existence et ils ne sont jamais si fiers qu'en dénonçant leurs pères et mères C'est pour leur bien à tous les deux J'ai votre bien soyez heureux Putain les gens sont des moments celui de naître et de mourir et le moment de réfléchir qu'on remet toujours à lundi (To be continued...)

3.9.04

Keep it up, Jack!



Ce cliché a été croqué pas plus tard que ce soir, à la librairie Champigny. Je l'emprunte à Radio-Canada: puisqu'on insiste en haut lieu pour que je paie des impôts, j'en suis un peu propriétaire.

Lanctôt ne m'a toujours pas retourné mon appel de mercredi. Fine by me. Je me désennuie en étudiant les plus récentes dispositions de la LOI SUR LE DROIT D'AUTEUR.

C'est fou ce qu'on apprend quand on est motivé.



Extraits



Incorporation incidente


30.7 Ne constituent pas des violations du droit d'auteur, s'ils sont accomplis de façon incidente et non délibérée :

a) l'incorporation d'une oeuvre ou de tout autre objet du droit d'auteur dans une autre oeuvre ou un autre objet du droit d'auteur;

b) un acte quelconque en ce qui a trait à l'oeuvre ou l'autre objet du droit d'auteur ainsi incorporés.


1997, ch. 24, art. 18.



Recours civils


34. (1) En cas de violation d'un droit d'auteur, le titulaire du droit est admis, sous réserve des autres dispositions de la présente loi, à exercer tous les recours -- en vue notamment d'une injonction, de dommages-intérêts, d'une reddition de compte ou d'une remise -- que la loi accorde ou peut accorder pour la violation d'un droit.


(2) Le tribunal, saisi d'un recours en violation des droits moraux, peut accorder à l'auteur ou au titulaire des droits moraux visé au paragraphe 14.2(2) ou (3), selon le cas, les réparations qu'il pourrait accorder, par voie d'injonction, de dommages-intérêts, de reddition de compte, de remise ou autrement, et que la loi prévoit ou peut prévoir pour la violation d'un droit.


(3) Les frais de toutes les parties à des procédures relatives à la violation d'un droit prévu par la présente loi sont à la discrétion du tribunal.


(4) Les procédures suivantes peuvent être engagées ou continuées par une requête ou une action :



a) les procédures pour violation du droit d'auteur ou des droits moraux;


b) les procédures visées aux articles 44.1, 44.2 ou 44.4;


c) les procédures relatives aux tarifs homologués par la Commission en vertu des parties VII et VIII ou aux ententes visées à l'article 70.12.



Le tribunal statue sur les requêtes sans délai et suivant une procédure sommaire.


(5) Les requêtes visées au paragraphe (4) sont, en matière civile, régies par les règles de procédure et de pratique du tribunal saisi des requêtes si ces règles ne prévoient pas que les requêtes doivent être jugées sans délai et suivant une procédure sommaire. Le tribunal peut, dans chaque cas, donner les instructions qu'il estime indiquées à cet effet.


(6) Le tribunal devant lequel les procédures sont engagées par requête peut, s'il l'estime indiqué, ordonner que la requête soit instruite comme s'il s'agissait d'une action.


(7) Au présent article, requête s'entend d'une procédure engagée autrement que par un bref ou une déclaration.



L.R. (1985), ch. C-42, art. 34; L.R. (1985), ch. 10 (4e suppl.), art. 8; 1993, ch. 15, art. 3(A), ch. 44, art. 65; 1994, ch. 47, art. 62; 1997, ch. 24, art. 20.



Recours criminels


42. (1) Commet une infraction quiconque, sciemment :

a) se livre, en vue de la vente ou de la location, à la contrefaçon d'une oeuvre ou d'un autre objet du droit d'auteur protégés;

b) en vend ou en loue, ou commercialement en met ou en offre en vente ou en location un exemplaire contrefait;

c) en met en circulation des exemplaires contrefaits, soit dans un but commercial, soit de façon à porter préjudice au titulaire du droit d'auteur;

d) en expose commercialement en public un exemplaire contrefait;

e) en importe pour la vente ou la location, au Canada, un exemplaire contrefait.

Le contrevenant encourt, sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, une amende maximale de vingt-cinq mille dollars et un emprisonnement maximal de six mois, ou l'une de ces peines, ou, sur déclaration de culpabilité par voie de mise en accusation, une amende maximale d'un million de dollars et un emprisonnement maximal de cinq ans, ou l'une de ces peines.




La Tribu serre les rangs, me soutient, me conseille. Par courriel, par téléphone, sur le forum. J'ai par hasard dans mon coin du ring l'avocat le plus couillu du Québec, l'éditeur le plus puissant, le journaliste le plus brillant et la fille la plus magique du continent. Je suis étouffé de rire. Je pleurerai plus tard, quand ce sera fini et que Jacques aura gâché toute l'affection qu'il m'inspirait et toute l'estime que je lui portais.

Restera la gratitude, entière, immarescible. Je n'oublierai pas ce qu'il fit pour moi, autrefois, ni n'en laisserai s'altérer le souvenir.

Cela dit, la justice, c'est bien joli, mais ça vaut pas la poésie. Je veux dire: faire la guerre n'est guère satisfaisant si on oublie de chanter aussi le soir au coin du feu. Max Catellier m'envoie ceci, de Boby Lapointe:

Avanie et Framboise
Sont les mamelles du destin!


Et à Tony Tremblay, j'emprunte ces vers:

que tous ceux qui croient qu'on peut jouer sans craintes avec la parole des autres
se préparent à recevoir un colis de vérité
une lame de fond de lumière
de plein fouet

Impostérité

L'immortalité, la consécration, l'empreinte prouvant qu'on est passé par là peuvent parfois prendre la plus imprévue des formes. D'emblée, on est porté à concevoir la durée selon un vecteur temporel unidirectionnel: à la limite, ça devient religieux. Paradis, réincarnation, croisière hors du système solaire, résurrection des morts: on ne peut davantage se représenter sa propre fin que l'infini, son contraire.



Je viens de tomber sur ceci, qui ne paraîtra en librairie que le 18 septembre. Il s'agit d'un plan extrait de Lucky Luke: La Belle Province. On y constate non sans surprise que le fruit du génie de Gilles Vigneault précède en fait sa naissance d'un bon demi-siècle. Comme quoi même un anachronisme, un détournement, un facteur de confusion, une appropriation sans citation de source peuvent être flatteurs. Remarquez, faudrait demander à l'auteur.

Évidemment...

Marcel Laroche
La Presse
Le vendredi 03 septembre 2004

Au fil des mois, les détectives montréalais ont découvert que Johannes Winton jouissait d'une libération conditionnelle depuis l'automne 2002. Avec sa conjointe et deux jeunes enfants, il vivait tout près de la scène du crime, à Verdun. Autre détail troublant: il entretenait des relations amicales avec un certain Daniel Martel, connu pour frayer dans le milieu des trafiquants de drogue. Il n'en fallait évidemment pas plus pour qu'ils deviennent les principaux suspects de la police.

2.9.04

Pouvoir

Pour Brando, la gloire ne présentait qu’un avantage : l’accès. Il disait que sa fameusité lui facilitait l’entrée en communication avec ceux de ce monde qui sont difficiles à rejoindre pour le commun des mortels, ceux qui filtrent leurs appels et ne sont pas dans l’annuaire. Il les appelait au milieu de la nuit et leur faisait des farces en modifiant sa voix. Ça l’amusait.

Ce soir, je m’oblige à écouter le speech de ce singe répugnant qui mendie quatre années supplémentaires à la Maison-Blanche. Mensonge après condescendant mensonge, il accroît le sentiment de menace que j’éprouve pour moi et les miens, notre liberté, notre dignité, notre avenir. Or, un gamin fluet pourrait tordre le cou de cette moumoune ignoble en six secondes, s’il pouvait seulement s’en approcher. Le pouvoir, somme toute, c’est pouvoir toucher.

Bouteille à la mer

Gigi: contacte-moi. Need your help.

Petite pub pour parasites

Marie-Françoise Taggart a failli être Nelly Arcan dix ans avant Nelly Arcan. Elle ne manquait pas de talent ni de goût pour le kodak (lequel le lui rendait bien, faudrait être Ray Charles pour en disconvenir). L’ambition la brûlait, ainsi qu’une vive et flambante joie quand elle jouait avec les mots. Il lui manquait juste les couilles. Les couilles, certaines en ont, les autres en veulent, et celles-ci tantôt s’en inventent ou bien s’en font prêter, ou tantôt tentent de s’en voler.

Je l’ai aimée, j’étais bien jeune. Elle ne fut pas la seule à ne pouvoir me voir à travers ma mince gloire, mais elle fut la première. Entre le soir où elle vint me dire son admiration éperdue au Salon du livre et celui où elle s’enfuit pieds nus dans la neige en serrant son manuscrit par-devers elle, hurlant que je voulais le lui voler, il ne s’est guère passé que quelques mois.

Je me suis inspiré d’elle, entre autres passantes, pour créer le personnage de Marie-Raspberry Scott, dont la première incarnation remonte à 1992, dans une chanson bien connue écrite pour Dan Bigras. Plus tard, dans mon roman Valium, ma créature refait surface : elle y tient le beau rôle, et pas une ligne ne la dépare. Aucun détail ne peut laisser deviner l’identité de celle qui m’a servi de modèle. Marie-Françoise est protégée, libre de poursuivre sa vie de façon publique ou privée, sans qu’on puisse m’accuser de l’avoir exploitée ou marquée en tant que jeune écrivain en herbe. Plus tard, elle publie d’ailleurs un premier roman que je m’abstiens loyalement de commenter.



Voilà cependant que j’apprends, après toutes ces années, la parution prochaine d’un autre titre (Baisée) chez Lanctôt, signé Marie-Raspberry Scott, et dont le communiqué précise, au cas où on ne pigerait pas la référence, qu’il parle de moi. Lisez plutôt:

Baisée
de Marie Raspberry Scott
Une jeune narratrice raconte sa rencontre avec un écrivain de la relève, Réjean Milrats, dans le Montréal littéraire de la fin des années quatre-vingt, et l’idylle qui s’ensuivra. Marie Raspberry croit vivre le bonheur parfait lorsqu’elle emménage avec son nouvel amoureux. Tous deux sont épris de littérature. Or, voilà qu’apparaît un jour Josyane, femme fatale, qui se dit être aussi la blonde de Milrats, et dont l’irruption bouleversera le bonheur pas toujours tranquille des deux jeunes écrivains. Ce roman, qui contient quelques scènes érotiques fort belles, nous entraîne dans la bohème du Montréal underground, avec ses petits dealers de drogue, ses écrivains paumés, ses anges et ses démons en quête de sensations fortes et d’extases perpétuelles. On ne pourra s’empêcher de trouver quelques similitudes entre le poète Milrats et le fameux écrivain maudit qui s’est fait remarquer, au cours des dernières années, aussi bien par son style direct que par ses frasques éthyliques.

Sous le pseudonyme de Marie Raspberry Scott se cache une écrivaine qui en est à son troisième roman.


Tu parles qu'elle se cache. Entéka : j’ai bien hâte de lire ça, mais je ne laisserai pas Marie-Françoise Taggart faire accroire que Marie-Raspberry Scott a écrit ce roman. Marie-Raspberry Scott écrira des romans si j’en décide et pas autrement. C’est mon personnage, ma création, je suis seul à pouvoir en disposer. Imaginer qu’un bas-bleu et un éditeur peu scrupuleux puissent faire comme si cet aspect élémentaire du droit d’auteur n’existait pas! C’est ce qu’on verra, Nom de Nom...

31.8.04

Pot-au-feu à la Mistral

Le moment venu, filez à Saint Pierre un tupperware rempli de ce truc et vous entrerez au Paradis sans faire la queue comme les ploucs et les Païens.

L'idée de base me vient de Gilles Vigneault via Guillaume: trois heures à trois cents. C'était la seule recette dont il parvenait à se rappeler. Le principe est que la pièce de viande la plus raide du supermarché vous fondra dans la bouche si vous vainquez sa résistance au four à raison de trois heures à trois cents degrés Fahrenheit. Le mieux, c'est le bas de palette.

J'en ai fait hier à Sophie qui n'aime pourtant d'autre viande rouge que la mienne. N'a interrompu ses louanges que pour me témoigner sa gratitude...

Tranchez épais: patates, carottes, oignons. Alitez dans un grand plat de fonte. Mouillez d'une boîte de soupe aux tomates et d'un filet de sauce soya. Sommez avec la bidoche qui fera son propre jus. Parsemez-là de base de soupe à l'oignon, de poivre, d'ail en poudre et d'épices à chili, squeezez-y du ketchup et splashez un nuage de jus de citron. Enfournez.

Garanti, ça troue le cul.

30.8.04

Ego trip

Mon peuple fait un méchant ego trip à rebours. Envies de décrocher ma canne du mur et de varger à vastes moulinets dans le tas bêlant. En eux, l'humilité n'est plus une vertu, c'est un vice devenu. C'est à qui s'aplatira davantage: des brebis dans un concours de limbo. Je sais des cas qui aiment mes livres mais ne les lisent pas tant ma confiance en moi les insupporte. Je les connais depuis longtemps, nous allions à la petite école ensemble, déjà: fallait prendre soin de n'avancer pas trop vite, de peur de les perdre dans la brume. Foutu paquet de peaux molles, charognes de zombis, sépulcres blanchis!

26.8.04

Fantasme

Si le bon diable me prête vie, et si les anges reviennent se percher sur mes épaules pour me soupirer quoi écrire aux oreilles, je ferai pour elle un livre de lumière.

VOIR

Marie Hélène Poitras signe un intéressant papier (L'écrivain et son blogue ) dans le Voir d'aujourd'hui.

Voici le compte-rendu intégral de notre échange cyberépistolaire.


MHP: Depuis quand tenez-vous un blog, un journal d’écriture sur le web?

CM: Ma première entrée remonte au 31 mars 2002, dimanche de Pâques.

MHP: De quelle nécessité cet engagement a-t-il vu le jour?

CM: Celle de communiquer sans me battre physiquement et, paradoxalement, celle de régler des comptes avec le monde, d’agir directement sur lui, sans intermédiaires. Un soir, en proie à un profond désarroi, j’ai marché jusque chez mon fils, j’ai jeté son co-loc dehors, on s’est installés en famille dans un coin du foutoir et j’ai vidé mon sac en attendant la police, j’ai chialé comme un gosse, puis mon kid m’a parlé doucement de je ne sais plus quoi, sauf qu’à la fin j’avais décidé de me brancher.

MHP: Pourquoi écrire un journal « on line » et non pas tout simplement un carnet fermé? Désir de dévoilement?

CM: Je suis écrivain. Publier ce que j’écris m’est naturel. Demande-t-on au castor pourquoi il érige des barrages avec le bouleau qu’il abat?

MHP: Est-ce que cela nourrit votre pratique d’écriture, si oui en quoi, ou est-ce quelque chose qui se fait en parallèle de votre univers romanesque ou poétique?

CM: J’ai résolu ce problème en considérant le blog comme un livre à part entière; la première année, je l’ai bâti comme un roman, privilégiant quelques personnages forts et récurrents, fignolant la chute. Puis, je l’ai publié sur papier en l’intégrant à mon cycle romanesque. Ça a fait râler.

MHP: Est-ce que votre lectorat du blog diffère de celui qui achète vos livres?

CM: Le premier est aussi le second, mais pas l’inverse. J’estime qu’un dixième de mon lectorat-papier est aussi visiteur assidu de mon blog.

MHP: Quelles dispositions est-ce que ça demande, le fait de tenir un blog?

CM: Un engagement, comme tu l’as si bien dit. Au début, c’est fiévreux, puis la température baisse. D’une part, c’est addictif, d’autre part il arrive qu’on veuille fermer boutique. Ceux qui se lancent avant d’avoir répondu aux questions essentielles ne durent pas. Qui écrit (de toutes nos personnalités)? Pourquoi? Pour qui? Quelle sorte de rapport est-on disposé à entretenir avec le lectorat? Va-t-on lui permettre d’intervenir ou pas?

MHP: Diriez-vous que le blog est au roman ce que la télé-réalité est au télé-roman?

CM: On l’a suggéré dans le cas de mon livre Vacuum. On a parlé de roman-réalité. J’ai trouvé ça intriguant, sans trop savoir ce que j’en pense.

MHP: Patrick a déjà annoncé qu’il s’écœurerait un jour, et qu’alors il lâcherait tout…
Avez-vous déjà eu l’envie d’abandonner votre blog? Craignez-vous devoir l’enterrer avant de mourir?


CM: Patrick est rusé, c’est un écrivain professionnel qui a étudié les erreurs de ses prédecesseurs qui se sont pétés la gueule sur un monceau de promesses. Il sait qu’il ne faut pas en faire. Par ailleurs, j’espère vivre plus longtemps que la forme du blog, qui est transitoire comme tous les outils révolutionnaires.

MHP: Avez-vous une éthique de blogueur, y a-t-il des choses que vous n’oseriez écrire, trafiquez-vous les noms de ceux dont vous parlez? Y a-t-il une limite, une ligne que vous ne franchirez pas?

CM: Bien sûr. Qui n’en a pas? Longtemps, j’ai eu en exergue du blog une citation de Joyce : «Il faudrait pouvoir tout dire». On ne m’a jamais demandé de préciser, et il va de soi que je ne l’aurais pas fait.

MHP: Est-ce que vos lecteurs réagissent et vous écrivent?

CM: Ceux qui sont assez malins pour dénicher mon adresse le font. Je publie sporadiquement une circulaire à laquelle ils peuvent s’abonner gratuitement, et mon site officiel comporte un Forum très vivant. Au bout du compte, je corresponds régulièrement avec quelques-uns d’entre eux, quand mon histoire d’amour m’en laisse le temps. Mon histoire d’amour avec une blogueuse. Nous nous sommes découverts par ce biais l’an dernier. Je ne me souviens plus qui a écrit à l’autre en premier.

MHP: Quand, dans la journée, vous installez-vous pour alimenter votre blog?

CM: C’est comme aller pisser : quand l’irrésistible envie prend. Ou que le besoin se fait sentir.

MHP: Y a-t-il des règles tacites liées à l’expérience, et ici je m’adresse tout particulièrement à Christian, qui tient ses Quotidienneries depuis des lunes.

CM: Le blog est fascinant pour ça : les règles s’élaborent à mesure, l’univers est en expansion et si des lois le régissent, on ne les a pas encores découvertes.

MHP: Qui sont vos blogueurs-modèles?

CM: Je n’en ai pas.

MHP: La question à dix piastres : est-ce que ce que vous écrivez sur le blog est de la littérature, au même titre que ce que vous publiez dans vos livres?

CM: Assurément. À preuve, la paye est aussi pourrie. Dix piastres?

MHP: La chose la plus surprenante qui vous soit arrivée dans votre expérience du blog.

CM: Rencontrer Sakurako.

23.8.04

Carburer

Livré un texte à McComber pour un prochain numéro de Moebius. M'a paru très, très content. L'ennui, c'est qu'il m'en a coûté soixante-cinq dollars de carburant pour en gagner vingt. La littérature de haut vol est un sport ruineux.

17.8.04

Grand cru

Non, je ne parle pas de moi.

C'est de bagosse qu'il s'agit, à base de miel et de raisin blanc, tout un gallon, gracieuseté de Kevin, maître-brasseur. Ça fesse en chien. Titré à 20, 25 pour cent. Moelleux en bouche, un régal pour le palais. Je me soûle piane-piane, à petits galopins où viennent se noyer un moucheron après l'autre. J'y trouve mon compte de protéines.

Sophie sait toujours aussi bien m'aimer. Toujours mieux, toujours plus. Sa devise: Too much is never enough. On plane. La vita e bella.

14.8.04

Comptables et Petits Villages

Laverdure me refile le nom d'un comptable qui aime et sauve les écrivains du grand méchant gouvernement. Paraît que lui-même, Tony et Marie-Hélène n'ont eu qu'à se féliciter de l'avoir consulté. À voir.

Parlant de Bertrand, il vient tout juste de me révéler qu'il tient un blog depuis l'an dernier. Expérience intéressante et diablement originale: «Tout ça est assez rudimentaire, mais l'intéressant, dans ce projet, c'est qu'il suit, comme un log book de capitaine, toute la traversée éditoriale, toute l'aventure que représente la création d'une maison d'édition (aussi miniature soit-elle), semaine après semaine, englobant les discussions avec les auteurs, les prises de position éditoriales et les commentaires de l'éditeur sur le dossier de presse qui se constitue, petit à petit.»

13.8.04

O Canada!

Quand le gouvernement fédéral a une idée en tête, il ne l'a pas dans le cul. Le fric qu'il me refuse de la main gauche, il me le réclame de la droite. Main gauche, main droite, outils de strangulation. Coup au foie, uppercut au menton... Mon éditeur m'informe que l'Agence des douanes et du revenu le somme officiellement de retenir mes droits d'auteur jusqu'à concurrence de 3 184 $. Sous prétexte que je n'ai pas produit de rapport d'impôts depuis vingt-cinq ans. C'est pas ma faute, j'ai pas eu le temps, j'allais m'y mettre justement, pas de farce!

11.8.04

Fatalis

Fatalis, mon livre-poème, est finalement disponible à nouveau, republié en ligne par la Fondation littéraire Fleur de Lys.

9.8.04

(Vlan!) Dans les bourses...

Dans sa grande sagesse, le Conseil des Arts du Canada vient à nouveau de me refuser une bourse.

Je ne dirai pas que ma vie en dépendait, ni mon bonheur avec Saku: ce ne serait pas vrai. Mais enfin, c'eut été bien de pouvoir payer le loyer, garnir le frigo, acquitter les factures de câble, d'internet et de téléphone, rembourser mes amis, éponger les frais de scolarité de mon fils, emmener ma blonde à Bordeaux, sauver mes incisives supérieures au moyen d'un traitement de canal, écrire en quiétude...

6.8.04

Soirées provençales

Hier, visite de cousin JF Moran avec de nouvelles moutures de chansons dans son sac à malice, dont Vers à soie que j'ai écrite pour lui et que j'offre aujourd'hui en primeur à mes lecteurs.

Saku et moi faisons du mois d'août un festival provençal improvisé. Nous passons nos soirées, entre deux étreintes passionnées, à visionner de vieux films de Pagnol et à nous lire à voix basse des Lettres de mon moulin. Le temps file, zou! je vous dis pas...

4.8.04

La fin du début

J'ai mis la dernière main au chapitre 10 de Goth, m'acquittant ainsi de mes joyeuses obligations envers le journal ICI. Bouclé en beauté, torché une chute puissante, ouverte et fermée à la fois. Suis si content d'avoir fini: Sophie et moi allons fêter ça avant que je ne réalise que je ne fais que commencer.

Allant faire le plein au dépanneur, j'entends la petite fille du rez-de-chaussée m'interpeller gaiement de sa fenêtre: «You're the guy who writes books!»

Yes. I guess I still am.

2.8.04

Nécessité récurrente

Il en est qui diraient, certains déjà disent que j'ai laissé un imbécile en sang hier sur le gazon des Catacombes, en plein centre de la cour de création. Qui dira mon dégoût de la violence et de sa nécessité récurrente?

30.7.04

29.7.04

Écran de fumée

Hier, feux d'artifice de clôture du festival (de feux d'artifice). Jean-Christian est venu. Avec Sophie, on est montés chez Christian-Gilles, qui a vue sur le sud. Quatre personnes dans le noir sur le balcon, trois Christian: mélangeant. CGDR a déménagé du 10ème au 8ème pour accommoder les projets hôteliers du propriétaire: la perspective sur le port en souffre. Anyway, le smog était si gras qu'on n'a pas vu grand-chose à part des lueurs bibliques stroboscopiques. Ça a donné le goût à Saku de danser pour moi, danser une danse de banshee concupiscente sur un air de Donna Summer en boucle.

Mardi, croisé Nathalie Rochefort à L'Esco. Obtenu sa permission d'utiliser son nom dans un épisode crucial de Goth, celui où elle invite des jeunes de la rue lors de son assermentation à l'Assemblée Nationale. J'espère qu'elle s'en souviendra: la rouge était plutôt joyeusement grise ce soir-là. Moi-même, n'ai-je pas oublié de souligner que Tony Tremblay nous a payé une tournée de shooters de Tequila?

28.7.04

Damon et Pythias

Kevin me manque. Pas trouvé le moyen de l'empêcher de se tuer à l'ouvrage.

Passé à L'Escogriffe hier avec Sophie. Peluso s'y produisait, puis Nick Landré, chacun interprétant une mienne chanson. Claude, une fois n'est pas coutume, est venu encourager son cousin. La place était pleine. J'ai toujours aimé cet endroit, à travers ses changements de nom, depuis qu'à quinze ans j'y voyais Gilbert Langevin monter sur les tables et délirer solide. Hier, Richard Gingras (le libraire du Chercheur de Trésor) et moi l'avons évoqué, puis on a causé de Kevin, un si bon client, et de la Bible en images.

27.7.04

Resistance is futile

Le speech de Barack Obama à la convention Démocrate fait rêver: on entrevoit peut-être le premier président black des Youessé. Le type n'est pourtant qu'un aspirant au Sénat, sans adversaire Républicain parce que Seven of Nine n'a pas voulu sucer son mari à Paris.

25.7.04

L'éléphant, l'ours, le dragon...

Sophie et moi, le dragon de sa fesse et l'ours de mon coeur, sommes allés à la messe. Dans un lieu où débarqua Jacques Cartier, en une église où pria Champlain. Ma famille, toute ma famille, venue de partout au Canada, sauf mon fils qui ne vint pas, se rassemblait en mémoire de l'éléphant, Hector, mon grand-père, mort il y a vingt-cinq ans. Après un somptueux repas au château de ma mère, nous sommes allés à Saint-Marc nous recueillir sur la tombe du patriarche. Au retour, nous avons fait l'amour avant de regarder tantôt Jean de Florette, tantôt nous-mêmes dans le miroir, la vaste glace engoncée dans un cadre de style colonial que CGDR nous a cédée en déménageant.

24.7.04

Générations

«They say time is the fire in which we burn»

Malcolm McDowell (Dr Tolian Soran)
Star Trek: Generations

22.7.04

Virus

Pat a attrapé la fièvre. La fièvre du blog. Il poste comme un malade avec sa candeur cruelle habituelle, n'épargnant personne et surtout pas lui-même, entrelardant le tout de tendresses fugaces.

20.7.04

Pas sérieux

Je n'entretiens pas sérieusement ce lieu. Je vois Guig, Hans, et je n'en parle pas. Je cuis dans un four de velours et je n'en pipe mot. JF débarque avec l'envie de boire et on n'a pas un rond, puis Dominique survient avec deux caisses de 24, et motus!

Hier, barbecue avec Sophie, Kevin et Cynthia dans le jardin des Catacombes.

18.7.04

Comme un saumon qui charrie sa chair rose en remontant aux sources

Comme un saumon qui charrie sa chair rose en remontant aux sources, incontinent mais sans malice, instinctif et princier, plein d'expérience, impatient sourcil, souffle succint, comme enfin cette bête belle qui ne se mangera qu'à l'issue d'un noble et généreux combat, je suis reparti dans le temps, cherchant ce qu'elle écrivait, et comment. Prêt à endurer une dose de déception, de relecture éclairée, de propos fades et pondérés. J'aurais coupé, oui, coupé mon senestre annulaire contre l'assurance de parcourir à nouveau ses vieux posts avec l'infrangible joie si rare en lettres. Mais rien ne me laissait soupçonner que j'en reviendrais encore plus troublé, ravi, full planche groupie que la première fois, ni d'autant plus fâché qu'elle s'y mette ou non selon son caprice, ni d'autant plus en christ d'être un poisson qui, goûtant l'hameçon, n'en peut plus de prier Poséidon: «Que je grimpe, que je fasse surface, que je sois repêché, que l'on me jette au fond de la chaloupe et qu'on m'assomme avec la rame, une fois pour toutes!»

Y a pas à dire: elle sait écrire, la petite mère, quand tel spectre l'en empêche ou que tel autre l'en supplie et que ses démons la défient et que je suis ailleurs que là tout à la fois. On croirait pas, en la lisant, le collier d'excuses qu'elle peut vous enfiler dans le cul comme autant de perles rares avant de le retirer d'un coup sec, juste pour ne pas écrire.

Bien certain, ça ajoute au plaisir, d'avoir à sévir en fin de compte. Au plaisir, et au danger. Celui, parmi plusieurs, de me lasser à force de lui expliquer ce qu'elle sait déjà depuis avant qu'on se connaisse, soit: ce qu'est la littérature, la place qui lui revient dans ma zone, les devoirs qu'elle engendre et la ligne au-delà de laquelle je n'en discute pas davantage.

Et donc, je crois qu'aujourd'hui elle écrira. Que moi aussi. Que nous devons chaque jour lire ou écrire ou dessiner quelque chose au même chef que nous faisons l'amour et entretenons nos maisons et mangeons: pas de défaites, pas de ratiocinations, pas de faux-fuyants qui tiennent: vivre, s'aimer, créer comme axe tridirectionnel de notre histoire. Je n'attends pas d'elle ce qui est exigé de moi: mon métier n'est pas le sien. Mais le sien n'est pas ce à quoi nous avons communié; nous n'en partageons ni le langage, ni les silences éloquents. Notre contrat repose sur l'art et ce qu'il cimente entre deux sensibilités, deux perceptions soeurs, deux conceptions voisines; notre baiser scelle une entente esthétique et une entente éthique. Je préfère me priver de la sauter que me priver de la lire: c'est énormément dire, si vous saviez. Je veux jouir de son esprit comme je jouis de son corps et je ne barguignerai pas sur ce chapitre, cette inestimable marchandise, tous ces fruits juteux qui mûrissent en elle dans le verger de sa cervelle.

17.7.04

Cassonade et vin suisse

Faulkner est monté hier avec un vinier offert par un obscur chanteur de l'helvète underground. Puis, avec Sophie, on s'est livrés aux exquis, aux ineffables arcanes de la consolation. Pendant ce temps, là-haut, CGDR se remettait péniblement d'une nuit d'écriture avec Éric Lapointe.

16.7.04

Neverending story

Boudin, orgueil, frousse et territorialité: finalement, c'est une histoire ordinaire. Et ancienne. J'ai horreur des histoires ordinaires et anciennes. Been there, done that. Vais faire une sieste.

Trouble in paradise

Me suis chicané avec ma souveraine soyeuse pour une brosse à dents et un parapluie.

15.7.04

Royaume

J'aimerais pouvoir écrire que j'avance péniblement dans mon roman, mais ce serait un damné mensonge. Je n'avance pas du tout, et c'est loin d'être pénible. L'été se passe entre un ventilateur qui me souffle dans le cou et Sophie qui m'insuffle la vie. Ève et Adam au paradis, dégustant des nectarines et du bleu danois entre deux plongées profondes au royaume de la Connaissance.

12.7.04

La part du lion

Maxime Catellier me fait l'honneur de me dédier un puissant poème.

La part du lion


À C.M.

La fatigue est la cadence du vampire

obus du trouble à contre-pleur
la marge sent la viande
les fées noires tendres
tailleuses
du requin dans la gorge
Malaxeur

un prince fou dévore
dans sa patte un génie s'étripant
presque roi
toi ton château l'ombre flagelle en somme
le coeur tremblant des mesures saignées
le piano droit des formes

quand irons-nous chanter en pleurant
dans les cercles où chasser n'a plus de nom
dans les nuits perpétuelles dans les nuits bues?

Perles, cuvée 2004

Comme chaque année à cette époque, Claude André m'envoie les perles collectionnées parmi les réponses aux examens du Bac sur tout le territoire de la France. Voici les meilleures:

Les égyptiens transformaient les morts en momies pour les garder vivants;

Les amazones étaient comme des femmes, mais encore plus méchantes;

Les empereurs organisaient des combats de radiateurs;

César poursuivit les gaulois jusqu'à Alesia car Vercingetorix avait toujours la gaule;

Clovis mourut à la fin de sa vie;

Charlemagne se fit chatrer en l'an 800;

Les mauvais elèves étaient souvent décapités;

Quand les paysans avaient payé leurs impôts, ça leur faisait un gros trou aux bourses;

La mortalité infantile était très élevée, sauf chez les vieillards;

Les enfants naissaient souvent en bas âge;

Jeanne d'Arc n'aimait pas trop qu'on la traite de pucelle;

L'armistice est une guerre qui se finit tous les ans le 11 novembre;

Les nuages les plus chargés de pluie sont les gros cunnilingus;

Les américains vont souvent à la messe car les protestants sont très catholiques;

La Chine est le pays le plus peuplé avec un milliard d'habitants au km carré;

Pour mieux conserver la glace, il faut la geler;

Le passage de l'état solide à l'état liquide est la niquéfaction;

Un kilo de mercure pèse pratiquement une tonne;

La climatisation est un chauffage froid avec du gaz, sauf que c'est le contraire;

Autrefois les chinois n'avaient pas d'ordinateur car ils comptaient avec leurs boules;

Les fables de La Fontaine sont si anciennes qu'on ignore le nom de l'auteur;

Les français sont de bons écrivains car ils gagnent souvent le prix Goncourt;

Les peintres les plus célèbres sont Mickey l'ange et le homard de Vinci;

Le chien, en remuant la queue, exprime ses sentiments comme l'homme;

Les lapins ont tendance à se reproduire à la vitesse du son;

Pour faire des oeufs, la poule doit être fermentée par un coq;

Grâce à la structure de son oeil, un aigle est capable de lire un journal à 1400 mètres;

Les calmars géants saisissent leurs proies entre leurs gigantesques testicules;

Les escargots sont tous des homosexuels;

L'artichaut est constitué de feuilles et de poils touffus plantés dans son derrière;

Le cerveau des femmes s'appelle la cervelle;

Après un accident de voiture, on peut être handicapé du moteur...


Sarah, la compagne de Claude, jamais en reste, m'envoie cette bonne blague:

Le petit Sylvain vient de se faire prendre par son papa en train de boire de l'alcool en cachette. Le papa a décidé de lui faire une leçon de morale. Il entraîne Sylvain dans le jardin, emmenant avec lui un verre de whisky et un verre d'eau. Il prend un ver de terre et le laisse tomber dans l'alcool. Puis il prend un autre ver et le laisse tomber dans l'eau. Le lombric dans l'eau reste vivant alors que celui du whisky se tord sur lui-même quelques instants et meurt. A la fin de l'expérience, le papa demande :
- Alors Sylvain, quelle leçon tires-tu de ce que je viens de te montrer ?
Et Sylvain lui répond fort justement :
- Heu, ça montre que quand on boit de l'alcool, on ne risque pas d'avoir des vers...