Eh oui, Pierre Lalonde.
L'une de ses chansons, enregistrée en 1971, je l'avais oubliée. C'est Ivan Le Terrible qui vient, bien involontairement, de me la rappeler, dans un comm chez lui rédigé pour désinfecter. Je l'en remercie.
J'ai d'abord, bien entendu, relu les paroles. Déformation professionnelle. Simple naturel. Lalonde n'est pas un parolier, ne s'est jamais prétendu tel, mais découvrir l'auteur réel d'une chanson sur le Web, c'est jamais une sinécure.
Attention, la vie est courte. C'est le titre. Et les paroles, sur papier, m'ont tout de suite paru provenir de la patte unique de Stéphane Venne. La chute est forte, audacieuse et brillante: oser tronquer le titre-refrain et en multiplier les possibles signifiances... Recherches acccomplies, l'intuition se confirme: Venne est le coupable; en prime, je découvre qu'il a aussi composé la mélodie.
Le texte qui suit n'est en rien garanti, vu qu'il vient du Web. Je ne connais pas d'anthologie officielle des paroles de Stéphane Venne. Ainsi, toute la ponctuation (son absence en l'occurrence) demeure sujette à caution. J'ai choisi, à l'instar de certaines versions, d'inclure une virgule après Attention, mais uniquement dans le titre, et je vais tenter de contacter l'auteur afin qu'il me, qu'il nous donne le fin mot de l'affaire. Je n'ai ajouté aucun autre signe, et j'ai corrigé l'impératif présent deuxième personne du verbe attendre en ajoutant le s final. Quant au vers Par défaut de rires inutiles, j'ai l'intime conviction qu'il résulte d'une transcription fautive, d'abord parce qu'il ne veut rien dire, ensuite parce qu'il diffère clairement de ce que chante Lalonde. Mon avis est que le véritable vers est Par étourderies inutiles: je me suis permis d'insérer cette hypothèse entre parenthèses après le vers tel que trouvé partout sur le Web.
AJOUT: Ginette Desmarais semble avoir résolu l'énigme en entendant Par des bouderies inutiles. Merci!
Attention, la vie est courte
Stéphane VENNE
Attention la vie est courte
Laissons tomber les jeux les trucs et les scènes entre nous
Un mariage d’amour c’est fragile
Attention la vie est courte
Tout le temps qu’on passe à se battre est foutu à jamais
Viens mon amour viens faisons la paix
Nous pourrons guérir nos égratignures après
Attention la vie est courte
C’est pas la peine de l’abréger davantage
Par défaut de rires inutiles (Par étourderies inutiles? Par des bouderies inutiles?
Attention la vie est courte
Allons nous coucher dans le lit de la vie douce
Viens mon amour viens faisons la paix
Nous pourrons guérir nos égratignures après
Toute la vie c’est toute la vie mais pas une heure de plus
As-tu vraiment réfléchi avant de dire salut
As-tu vraiment réfléchi l’as-tu vraiment voulu
Attends, attends
Attention la vie est courte
Laissons tomber les jeux les trucs et les scènes entre nous
Un mariage d’amour c’est fragile
Attention la vie est courte
Tout le temps qu’on passe à se battre est foutu à jamais
Viens mon amour viens faisons la paix
Nous pourrons guérir nos égratignures après
Attention la vie est courte
Attention la vie est courte
Attention la vie
J'avais sept ans, donc, quand la toune est sortie. Venne et Lalonde en avaient trente. Ils sont septuagénaires aujourd'hui. Pierre a révélé son Parkinson en 2010. J'approche la cinquantaine un jour à la fois. Attention, la vie est courte: les mots ne changent pas, mais leur sens, lui, oui, sans cesse et sans repos, avec l'implacable constance du chaos, pour qui les relit, les ressent, les revit...
*****
Hors-sujet, mais pas assez pour faire l'objet d'un billet séparé:
Mon sujet n'était évidemment pas Stéphane Venne, mais bien la chanson dont il est l'auteur, et encore, surtout son titre. Sauf que, on le comprendra, je suis incapable de considérer les mots d'une chanson sans tenir compte aussi de qui les a écrits, quand, pour qui, pourquoi, dans quel contexte. Ce n'est pas une question de principe qui me motive, parce que j'écris aussi des paroles de chanson. C'est d'en savoir l'impossible dissociation (parce que j'écris aussi des paroles de chanson).
Venne est un cas très à part, pour moi personnellement: je n'entrerai pas ici maintenant dans les raisons de cela. Mais j'ai très envie de citer un article qu'il a rédigé et publié dans Le Devoir en 2011, lors du décès de Claude Léveillée. Très envie parce qu'il s'y produit une chose rare: l'artiste décrivant simplement ce qui charpente son art quand il est du grand art, et y parvenant en parlant d'un autre artiste. À peu près tout le monde qui écouterait l'Oeuvre de Venne lui reconnaîtrait un talent d'exception et une plume personnelle, un style, une voix et une inspiration, un don de la langue, mais peu de gens sauraient dire au juste pourquoi. C'est normal. On fait bien la différence entre de grands acteurs, de bons, de médiocres et de mauvais, sans pouvoir préciser davantage. C'est parce qu'on ignore comment ils font, on n'est pas des acteurs. Il n'y a qu'eux pour nous le mettre en mots parfois, et c'est toujours en parlant du jeu d'un autre acteur. Le leur, ils croient n'en rien connaître, concrètement; pourtant, en évoquant celui d'autrui, ils éclairent le leur.
Venne, dans cet article, montre incidemment (et involontairement) à quel point il comprend, connaît, maîtrise l'art de créer la Chanson. L'art et le métier. Peu d'auteurs sont doués d'une telle introspection. Or, À peu près tout le monde que je mentionnais plus haut, soit tous ceux qui n'ont jamais écrit ou essayé d'écrire une chanson, et qui sont donc limités dans l'expression de leurs impressions, ceux-là en lisant un seul article comme ça comprennent beaucoup, énormément d'un coup, sur les chansons et ceux qui les font et comment, plus qu'en en écoutant cent. C'est comme toutes les femmes qu'un gars va trouver belles dans sa vie: si jamais il arrive à commencer à pouvoir expliquer pourquoi, ça sera pas avant la quarantaine avancée. Et ce qu'il saura jamais, pas tant qu'il s'agisse d'un secret quoiqu'il y ait un peu de ça, mais surtout parce que même en le sachant il comprend pas, ce qu'il saura jamais c'est comment s'y prend chacune pour se faire sa beauté. Pire: elles-mêmes croient l'ignorer, mais les écouter parler de la beauté d'une autre en dit long sur la leur et sur la beauté en général. Plus que tous les magazines du monde entier consacrés au sujet depuis cent ans.
Claude Léveillée, 1932-2011 - Le son Léveillée, l'âme Léveillée
18 juin 2011 | Stéphane Venne - Auteur-compositeur |
Le Devoir
Si Claude Léveillée avait été juste un gars avec des joies allant jusqu'à l'exubérance, des peines allant jusqu'à l'anéantissement, des espoirs allant jusqu'à l'extase et des appréhensions allant jusqu'à l'effroi, s'il avait été juste un gars qui a vécu des «ennuyances» et d'exultantes retrouvailles, des deuils et des renaissances, s'il avait été juste un gars qui barbe pour museler ou dissimuler son insécurité, bref s'il avait été comme tout le monde, s'il n'avait pas écrit Frédéric, Les Rendez-vous (avec Vigneault), les Vieux Pianos, Le Boulevard du Crime (vous la connaissez?), La Source (et celle-là?), Ne dis rien, Emmène-moi au bout du monde (juste de m'en souvenir me chavire), on n'en parlerait pas, on ne le pleurerait pas.
Seulement voilà, Léveillée n'était pas juste un autre gars, il avait un don: il savait mettre la bonne syllabe sur la bonne note, il savait rendre chantants les mots et parlantes les notes.
Et pas n'importe quels mots! Les nôtres! Avec presque jamais rien de français de France. Juste des mots sur le coeur, les mots qu'il faut, les mots qu'on dit quand on n'en a pas beaucoup, des mots sans velléités littéraires ni code poétique, des mots de tous les jours, de tous nos jours, de nos joies et de nos peines, des mots simples mais qui, quand Léveillée faisait du meilleur Léveillée, trouvaient une résonnance et une lumière qu'ils n'ont pas dans la vraie vie, la résonnance et la lumière de la plus-que-vie, ce qui définit pour moi l'art de la chanson. Une sorte d'art naïf de la parole. Et d'art naïf de la musique aussi. Car ce n'étaient pas n'importe quelles notes non plus, celles de Léveillée, je devrais plutôt dire «pas n'importe quelles séquences de notes» (ce qu'on appelle communément mélodie), ni n'importe quelles harmonies, ni n'importe quels accompagnements pianistiques.
Le socle de la chanson
La bonne syllabe sur la bonne note, c'est quoi? Voici un exemple (c'est technique, mais portez attention, ce serait un bel hommage à lui rendre). Rappelez-vous ce passage du refrain des Vieux Pianos: «Ce sont vos pianos tout usés / qui se sont tus paralysés / et qui n'sont plus... qu'objets d'antiquité.» Trois petits bouts texto-mélodiques posés sur trois plateaux mélodiques ascendants comme trois marches d'un escalier, chaque plateau portant des notes apparemment toutes pareilles. Ç'a l'air tout simple, sauf que... chaque fois qu'on monte une marche, qu'on va au plateau mélodique supérieur qui suit, c'est sur une syllabe qui compte: «qui se sont TUS paralysés, et qui n'sont PLUS... (pause douloureuse) qu'objets d'antiquité».
La bonne syllabe sur la bonne note! TUS et PLUS, deux monosyllabiques très simples, mais la chanson est toute là, dans deux notes et deux mots qui signifient le silence et la mort, le paradis perdu, la douleur saignante. Tout.
Un autre exemple? La Scène («Un jour ATTENDS»): deux notes haut perchées sur «attends» et ça donne l'interpellation heureuse mais un tantinet inquiète qui ne serait pas là sans ces deux notes. La bonne syllabe sur la bonne note!
Le son Léveillée
Bien écrire des chansons, c'est ça. C'est, dans chaque phrase texto-mélodique, identifier ce qui compte, ce qui émeut, c'est manipuler une aiguille acupuncturelle toute petite mais qui touche le bon nerf et l'enflamme. C'est la combinaison de deux éléments qui donne quelque chose de nouveau et d'indivisible comme l'hydrogène et l'oxygène donnent de l'eau. Une fichue leçon pour tout auteur dont l'éthique consiste à vouloir faire d'la belle ouvrage.
Mais c'est pas tout! Car plus largement, il y a un son Léveillée, un son qui était déjà là tout entier et tout vibrant et qui m'est rentré dedans la première fois que je l'ai entendu, en 1959, lui, sa voix et son piano dans une petite boîte de Montréal quand j'avais 18 ans (et quand l'ouest de Montréal était le territoire des gens de Radio-Canada, de la cabaretière Clairette, du chat du Café des artistes, sans compter les frères Richard et Jean Béliveau).
Tout auteur a normalement un ton, une singularité dans l'écriture, le propos, l'attitude. En ayant aussi un son, Léveillée fut prophétique sur ce qui surviendrait des années plus tard, y compris dans le rock. Un son fait de quoi? Essentiellement de deux choses. D'abord, son piano était un orchestre à lui tout seul (comme les quatre instruments d'un groupe rock forment un tout autosuffisant). Et surtout, son piano n'était pas son accompagnement mais son duettiste, aussi chantant que lui. Écoutez la mélodie parallèle du piano derrière la voix dans Les Vieux Pianos, la petite quasi-fugue dans Les Rendez-vous. Non, pas derrière la voix: avec la voix. Ça change tout. Ça donne un son.
Léveillée m'a beaucoup appris. Notamment ceci: qu'est-ce qu'une bonne chanson? C'est celle qui, forte ou douce, quand tu la joues devant une foule à la Saint-Jean, fait embarquer tout le monde. Absolument tout le monde. Question d'âme.
***
Seulement voilà, Léveillée n'était pas juste un autre gars, il avait un don: il savait mettre la bonne syllabe sur la bonne note, il savait rendre chantants les mots et parlantes les notes.
Et pas n'importe quels mots! Les nôtres! Avec presque jamais rien de français de France. Juste des mots sur le coeur, les mots qu'il faut, les mots qu'on dit quand on n'en a pas beaucoup, des mots sans velléités littéraires ni code poétique, des mots de tous les jours, de tous nos jours, de nos joies et de nos peines, des mots simples mais qui, quand Léveillée faisait du meilleur Léveillée, trouvaient une résonnance et une lumière qu'ils n'ont pas dans la vraie vie, la résonnance et la lumière de la plus-que-vie, ce qui définit pour moi l'art de la chanson. Une sorte d'art naïf de la parole. Et d'art naïf de la musique aussi. Car ce n'étaient pas n'importe quelles notes non plus, celles de Léveillée, je devrais plutôt dire «pas n'importe quelles séquences de notes» (ce qu'on appelle communément mélodie), ni n'importe quelles harmonies, ni n'importe quels accompagnements pianistiques.
Le socle de la chanson
La bonne syllabe sur la bonne note, c'est quoi? Voici un exemple (c'est technique, mais portez attention, ce serait un bel hommage à lui rendre). Rappelez-vous ce passage du refrain des Vieux Pianos: «Ce sont vos pianos tout usés / qui se sont tus paralysés / et qui n'sont plus... qu'objets d'antiquité.» Trois petits bouts texto-mélodiques posés sur trois plateaux mélodiques ascendants comme trois marches d'un escalier, chaque plateau portant des notes apparemment toutes pareilles. Ç'a l'air tout simple, sauf que... chaque fois qu'on monte une marche, qu'on va au plateau mélodique supérieur qui suit, c'est sur une syllabe qui compte: «qui se sont TUS paralysés, et qui n'sont PLUS... (pause douloureuse) qu'objets d'antiquité».
La bonne syllabe sur la bonne note! TUS et PLUS, deux monosyllabiques très simples, mais la chanson est toute là, dans deux notes et deux mots qui signifient le silence et la mort, le paradis perdu, la douleur saignante. Tout.
Un autre exemple? La Scène («Un jour ATTENDS»): deux notes haut perchées sur «attends» et ça donne l'interpellation heureuse mais un tantinet inquiète qui ne serait pas là sans ces deux notes. La bonne syllabe sur la bonne note!
Le son Léveillée
Bien écrire des chansons, c'est ça. C'est, dans chaque phrase texto-mélodique, identifier ce qui compte, ce qui émeut, c'est manipuler une aiguille acupuncturelle toute petite mais qui touche le bon nerf et l'enflamme. C'est la combinaison de deux éléments qui donne quelque chose de nouveau et d'indivisible comme l'hydrogène et l'oxygène donnent de l'eau. Une fichue leçon pour tout auteur dont l'éthique consiste à vouloir faire d'la belle ouvrage.
Mais c'est pas tout! Car plus largement, il y a un son Léveillée, un son qui était déjà là tout entier et tout vibrant et qui m'est rentré dedans la première fois que je l'ai entendu, en 1959, lui, sa voix et son piano dans une petite boîte de Montréal quand j'avais 18 ans (et quand l'ouest de Montréal était le territoire des gens de Radio-Canada, de la cabaretière Clairette, du chat du Café des artistes, sans compter les frères Richard et Jean Béliveau).
Tout auteur a normalement un ton, une singularité dans l'écriture, le propos, l'attitude. En ayant aussi un son, Léveillée fut prophétique sur ce qui surviendrait des années plus tard, y compris dans le rock. Un son fait de quoi? Essentiellement de deux choses. D'abord, son piano était un orchestre à lui tout seul (comme les quatre instruments d'un groupe rock forment un tout autosuffisant). Et surtout, son piano n'était pas son accompagnement mais son duettiste, aussi chantant que lui. Écoutez la mélodie parallèle du piano derrière la voix dans Les Vieux Pianos, la petite quasi-fugue dans Les Rendez-vous. Non, pas derrière la voix: avec la voix. Ça change tout. Ça donne un son.
Léveillée m'a beaucoup appris. Notamment ceci: qu'est-ce qu'une bonne chanson? C'est celle qui, forte ou douce, quand tu la joues devant une foule à la Saint-Jean, fait embarquer tout le monde. Absolument tout le monde. Question d'âme.
***
22 commentaires:
Très sage écrit.
Publié ici, aussi, par un homme très sage.La vie est courte.
Je le réalise.Un an de plus depuis peu, pas encore 30 ans, mais tout de même, la vie qui épuise, qui creuse le cœur. On s'attarde parfois à des chimères, alors que le vrai, le beau du réel, l'authentique fait des pieds et des mains pour un peu d'attention. Je serai plus alerte. Merci Mistral!
Calvaire que c'est émouvant à lire...
"la vie c'est court mais c'est long des p'tits bouttes"
(c’est pas moi qui le dis mais kekun qu’on sait pas c’est qui
cité par Dédé Fortin)
petite phrase apparemment anodine, un genre qu’on entend souvent dans une vie
sans vraiment y porter attention
mais c’est vrai que c’est peut-être ça le grand défi quand on dure
réussir à ne pas trouver ça long finalement
de réaliser de façon récurrente (et toujours plus intense)
que la vie est courte
mais de ne le réaliser jamais
que pour se rappeler
ce qu’on a manqué
ou craindre ce qu’on risque encore de manquer
parce qu’en fin de compte ce qui est vraiment trop court
c’est le moment où on réalise que c’est court...
outre ces miennes divagations sur la "courtitude existentielle", un grand merci pour le texte si généreusement éclairant de Venne sur Léveillée - je l’avais manqué, et donc quelle découverte!
Si ce sont des divagations, tu ne m'en voudras pas de m'épargner une autre heure d'ouvrage pour déchiqueter ton comm une ligne à la fois comme il le faudrait si c'était du sérieux.
Grrr...
Gros becs, ole Plum'.
Attention la vie est courte. Attention la vie est courte. Le danger serait de ne pas la vivre, de penser qu'on a toujours le temps, qu'il y a de la marge, qu'on verra bien demain. Depuis que j'ai lu ici cette petite phrase toute simple, je n'ai cessé d'y penser. J'ai dormi avec elle, me suis réveillée avec et me suis demandée ce que j'avais dans l'immédiat le plus envie de réaliser, de faire ou ne plus faire, ce à quoi j'aspirais. Etre grand-mère, continuer à vibrer, te recevoir dans mon petit Nord pour te faire goûter ma tarte au maroilles, voir du pays ( l'Inde, l'Indonésie, St Pétersbourg, Prague, l'Amérique), revenir faire un séjour dans votre beau pays, aimer, aimer, aimer, apprendre encore et toujours, et faire du bien. J'aime ça faire du bien, j'en ai besoin.
On ne va pas nous donner une seconde chance, vaut mieux le savoir et en avoir conscience. Vaut mieux être vivant de son vivant! :-)
L'article de Venne sur Léveillée, passionnant. Moi, ça me fascine justement, ce qui écrivent des chansons. On ne mesure sans doute pas suffisamment à quel point elles font partie de notre vie. Ca nous paraît normal qu'elles existent. Tout petit, au berceau, à peine nait, elles nous apprivoisent, nous calment, nous endorment. Plus tard elles nous prennent aux tripes, accompagnent nos chagrins d'amour, nos tranches de vie, nos espérances. Et on ne pense pas que derrière nos émotions il y a celui qui a écrit, a composé et a créé cette chanson qui nous semble si naturelle. C'est toi qui m'a ouvert les yeux et les neurones là-dessus. C'est fascinant la chanson. C'est un texte qui entre en nous de manière subliminale. Je sais pas si je t'ai raconté déjà cette anecdote. Je t'ai déjà parlé de ma rencontre avec Aznav, c'est par un de ses amis, arménien comme lui que je l'ai rencontré. Alain, cet homme là était avocat pour pas mal de chanteurs dont Johnny aussi, hé,hé, s'était mis en ménage avec une de mes amies, Mumu. C'est ainsi que je me suis retrouvée chez eux à l'Etoile dans un magnifique appartement haussmannien à goûter pour la première fois de ma vie du caviar. Alain adorait la chanson et aimait les chanteurs qui lui rendait bien. Il a pris sa guitare, tard dans la soirée et a voulu qu'on s'amuse à un petit jeu, histoire de voir si je partageais avec lui cet amour, pas le genre a se contenter de ce que tu luis disais. Et j'ai été la première surprise de voir combien de chanson je connaissais sans même le savoir, comme si je les avais apprise malgré moi. L'inconscient collectif! qu'il disait. Il était impressionné mais pas autant que moi. Complètement étonnée de pouvoir ainsi me souvenir d'autant alors que je n'y avais jamais pris garde. C'est là qu'il m'a dit, c'est toute la force de la chanson, si elle est bonne, si elle touche, c'est de s'imprégner ainsi en nous, après on la chante sous sa douche! :-) Bref! C'est là que j'ai pris conscience du pouvoir d'une telle expression artistique, je n'y avais jamais pensé avant. Le texte associé à la musique mais pas seulement, le texte qui fait corps avec les notes et réciproquement. Cette symbiose des mots avec les sons qui nous entrent dans le coeur. Ben, oui, ça me fascine. C'est magnifique d'avoir ce talent!
Allo. Bonjour. T'attendais pour fermer boutique...
Tu dégrippes, I see. Youpi.
:-)
Oui, la fièvre est tombée!!
je passerai encore pour celui qui crochette sur les détails, mais ce qui me frappe dans ce délicieux billet(lire: me les Louisville Sluggueurise en quatre) c'est, comme tu le soulignes, qu'il n'existe pas d'anthologie officielle de l'oeuvre d'un tel auteur d'ici
franchement ça me...ça me...fuck que mon épaule amoché m'élance plus quand je lis ce genre de trucs
la petite colonie qui rêve de devenir un état en est là, c'est le constat que je fait
le plan de se hisser au rang des nations pour notre survie, celle de notre identité de notre culture et celle de notre langue est super honorable et plus que tout, justifiée et justifiable, mais quand je tombe sur un truc comme ça je me dis que dans le détail, à la base, on se plante et royalement
que dis-je, on se plante en ostis de colons
mais bon, je me trompe surement, c'est surement encore la grosse crotte punk dans mon oeil qui parle, surement un mauvais exemple, je m'en vais tantôt au centre-ville et on me servira en français, aint it ?
par-contre
je laisserai le micro en soulignant l'importance de ce que tu fais ici, à mon sens un réel travail de bâtisseur
aussi, sur Vienne tu viens d'attirer mon attention et à biblio cette semaine je me procurerai son Frisson des Chansons que Stanké à publié, j'en veux encore
je te souhaite du soleil, merci et à plus
Merci. Merci ben gros. J'ai pas senti avant tes quelques mots à quel point j'erre en mer; j'ai dérivé, mes repères m'ont quitté, les deux, elle et lui, et tout seul trop longtemps je perds le sens de ce qui a ou pas de l'importance dans ce que je fais ici.
Pourquoi dis-tu perdre le sens de l'importance de ce que tu fais ici? Depuis que je te connais tu es fidèle à toi-même. Défendant la culture, la langue, l'histoire de ton pays, celui de la langue française aussi, tu n'as jamais ménagé tes forces. Grâce à toi j'ai découvert une littérature qui m'était inconnue, une manière de penser, de réagir, de s'exprimer, d'être au monde. C'est toi aussi qui m'a fait comprendre l'importance de la mémoire et de la rigueur et du rendre à César ce qui appartient à César. Chaque fois que je passe ici, je fais une découverte. Oui, Pat Caza a raison, un travail de bâtisseur. Nous serons deux sans doute à aller à la bibliothèque et à chercher à en savoir davantage, peut-être pas pour les mêmes raisons, je ne suis pas québécoise mais en tout cas avec la même ardeur au corps!
Merci Maestro!
Wow ! Merci pour ce papier monsieur Mistral. En réécoutant attentivement la chanson que vous avez mise en ligne, et le passage «Par défaut de rires inutiles (Par étourderies inutiles?) », je crois déceler plutôt : « Par des bouderies inutiles ». Qu’en pensez-vous ?
Oui!!! Oui oui oui oui oui, c'est plein de bon sens!
J'ai éliminé toute la basse, et on distingue clairement..."Par des bouderies inutiles."
Complément, from God know's where.
http://www.youtube.com/watch?v=55mfSoNdPRc
Allons, bien le bonjour,
Politesse avant toute chose.
Je n’ai jamais vraiment eu la touch pour les « com », je sais pas, j’aime quand les choses s’environnent d’elles-mêmes, à la manière d’un billet, Blue le fait de manière instinctive ; CM, je n’en dis rien, sauf à lui, nos coups de téléphone sont avec le poing tendre et nos heures ensemble sont des courbes tautochrones, sachant d’où on vient, indépendants parfois, sachant jusqu’où l’on ira, c’est-à-dire sur le même sol.
Un jour, je fais portrait ici pardonnez-moi, nous discutions avec Monsieur Mistral au sujet de poésie, j’emploie formule de politesse encore, quand je dis nous, il s’agit de lui et de moi, de quelques bouteilles, et de la myriade de noms que les dictionnaires nous offraient alors que le net était niet ou presque. Alors, je lui parlais de deux versions différentes que j’avais lues d’un poème, une différence au sujet d’un pluriel dans un vers de Baudelaire selon les éditions que j’avais colligées.
Plus je parlais, plus j’avais l’impression de dire des conneries et de prendre le temps de mon interlocuteur et de perdre le fil, lorsque soudain, avec une, deux, trois questions, le Christian m’est revenu au sujet de la virgule, de la majuscule, de l’éditeur, de l’accent tonique et de tout ce qui peut faire l’attirail du critique littéraire. De l’amant des mots, du perpétuel assassin du silence, du contempteur de l’absence de rigueur. Il comprenait comme peu de gens ce qu’un « s » veut dire. C’était avant le 911.
Ceci dit, après des années, je n’ai que du plaisir à lire ces pensées que tu nous offres et qui me rappellent la troisième ou quatrième fois où nous avons bourassé le Webster et le Quid et les autres briques qui peuplent les planches adossées à tes murs. Et je sais que je te fais de plus en plus de misère à chaque fois que je te parle des mécaniques de chansons que je découvre en les faisant jouer encore et encore : je grimace en apprenti devant le gorille.
Parle-moi encore des chansons, des méthodes, des misères, nous sommes poésie.
Ma main,
Kevin
"Pourquoi dis-tu perdre le sens de l'importance de ce que tu fais ici?"
ah... le doute... on s’étonne toujours de le voir apparaître précisément chez ceux dont on invoque volontiers l’exemple, au plus fort de nos propres doutes, afin de les apaiser. c’est pourtant un élément clé de cette entreprise, précieux, essentiel, que ce doute, il me semble... c'est d’ailleurs un axe de réflexion qui se trouve au cœur même de ce billet, en continuité de l’amorce qu’on trouve dans le "chaos sirupeux", si je ne m’abuse, concernant cette grinçante ironie divine collant à tout créateur : l’angle mort de son œuvre. et comment, par d’infinis jeux de miroirs, chacun s’évertue à le déjouer, tentant plus ou moins consciemment de se dévoiler subrepticement à lui-même en scrutant amoureusement le travail des autres...
Ne perds pas le sens de ce que tu fais ici, tout a son importance...
permettez que je m'approche, me réchauffe les feutres au ras la truie et m'ouvre une petite canne de pop avec vous autres ?
fait frette pour travailler dehors, hier matin était assez de quoi merci, super humide qui rentre dans sous la peau en plus du facteur Chilien
mais bon, chanson
moi, c'est Spirit in the Night de Bruce Springsteen qui me fait triper ces jours-ci
je sais je sais c'est en NewJerseyen, mais côté forme c'est le genre de texte qui m'allume au bout
texte histoire
conte
me rappelle un peu Wang Dang Doodle de Dixon ou plein de tounes de Dylan
qu'une ou deux lignes refrain qui reviennent, souvent modifiées un peu à mesure que l'histoire se déroule, que la toune avance
chanson qui me rappelle plein de souvenirs
Les Beauregard de sur le bord de l'eau à Pointe-Calumet
Le bonhomme qu'on disait qu'il travaillait dans "l'immobilier" ce qui expliquait qu'ils avaient la plus belle maison de la rue
la bonne-femme qu'on voyait jamais, elle descendait de l'auto et s'enfermait jusqu'au jour de repartir
Le plus grand de leurs fils, avocat, qui venait les visiter en Hydravion de temps en temps
L'autre grand frère qu'avait l'air cool mais qu'on voyait pas souvent, qu'une fois était venu visiter avec deux monsieur qui le lâchaient pas d'une semelle
pis Suzy
Suzy avec ses longs cheveux blonds et son petit bikini en tricot orange soleil
le plus petit bikini que j'avais jamais vu de ma vie
wow
Pointe Calumet
le Picardi, le Ricci, le Mont-Éléphant, les Valiant, les Dusters, le CinéParc de St-Eustache
(soupir...)
bon ben, faut j'y aille
à plux
@ Mrs Gambade:
Sorry, Julie: je viens juste de te replacer, héhé. Comme tu sais, je réponds pas aux anonymes, d'où ma réaction tardive. Réalisant la source du comm ci-haut astheure, je peux librement exprimer qu'il m'a touché.
Gambade, Tribaux, a été ma complice, ou plutôt je fus le sien, dans un coup monté ciblant Vieux G...
@ Pat:
Tes feutres, euh, mets-les su'l calorifère dans le passage ek les miens pis ceux de Kevin pis ceux de Plum' pis ceux de Makes: les filles trouvent que ça pue des pieds quand on les fait sécher au ras la truie pis elles restent dans cuisine.
Crisse tes bas dins vidanges avec les nôtres pis pogne-toé une paire des miens dans le tiroir en haut à droite du bureau en face de mon lit: laine made in China, Dollarama brand new, clean and dry. L'opération bring-the-girls-back est en cours. Phase 1: Plum' est allé dans cuisine en premier, sous prétexte d'ajouter des glaçons à son drink, et a subrepticement rapporté la bouteille de Schweppes vierge du frigo, celle rangée derrière la bouteille entamée (les filles sont au Gin & Tonic). Phase 2: chu allé à mon tour, prétextant que les gars filaient chips et pinottes: en fouillant dans dépense, j'en ai profité pour faucher l'autre bouteille. Phase 3: Kevin est allé aux toilettes sous prétexte de pisser, en profitant pour imbiber une débarbouillette d'un demi-flacon de mon after shave Dollarama, puis s'est rendu dans cuisine sous prétexte de chercher un torchon pour éponger le dégât (fictif) fait par Makes sur le shaggy orange, et en fouillant sous l'évier il en a profité pour oublier son tissu parfumé sur le tuyau d'eau chaude.
Le plan parfait. Les filles vont manquer de tonic water betôt, pis ça va se mettre à schlinguer sérieux dans cuisine. Vont revenir dans le salon, ouské la boisson, ouske ça sent bon (ouske ça pue moins, mettons).
So don't fuck it up for the rest of us, you stinking bum!
@ Benoît St-Jean:
Là de youskon est rendus, passé le cap des vingt commentaires, ça serait vraiment trop mal élevé de ne pas vous souhaiter la bienvenue.
Votre profil n'est manifestement pas conçu pour nous aider à vous connaître. Fine by me: c'est pas le Café Consenza, ici, les inconnus peuvent entrer de temps en temps boire un espresso sans se faire carter, surtout s'ils sont polis. Ce qui suit, donc, n'est pas du fouinage de policier, héhé: c'est moi en gambler à la roulette. Je mise une fois, sur un seul numéro (il y a 36 Benoit St-Jean au Québec, 36 numéros sur la table de jeu: le zéro, c'est le risque que votre nom ne soit pas du tout Benoit St-Jean; on joue donc à la roulette européenne, pas à l'américaine dont le cylindre possède un double zéro, encore moins à la mexicaine, cette putain voleuse et dévoreuse, avec son triple zéro!), j'ai donc une chance sur 37 de viser juste. Gagnant ou pas, je ne le saurai que si vous choisissez de m'en informer, mais franchement, ce n'est pas le plus important. Si je gagne, l'important sera que vous le sachiez, héhé.
Le croupier s'impatiente, me presse de placer ma mise. Here it is: Talamyus?
That would be so cool!
Dommage que les blogues dorment un peu partout, il y avait de magnifiques articles à lire dans ce temps-là. J'ai eu un grand plaisir à cette lecture de 2013. Merci le vent.
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