Ça n'arrête pas, là: les courriels montent plus vite que le niveau de la Richelieu. Je vais y mettre un terme, moi: ici, tout de suite.
Les Vieux Tribaux ont tous bien saisi ce dont je parlais, parce qu'ils savent que j'écris ce que je veux dire et que je veux dire ce que j'écris, ni plus, ni moins. Aucun d'eux ne s'est figuré que je contemplais le suicide et lançais un appel à l'aide. Ils ont compris ce qui est écrit: que j'éprouvais une peur panique de m'écrouler d'un coup dans mon Bunker sans qu'on m'y retrouve avant des jours.
Les Tribaux moins aguerris lisent trop vite et très mal, laissant leurs émotions conditionnées interpréter le texte au sacrifice de la raison, qui requiert un effort.
Si j'ai à me suicider, je ne vais certainement jamais l'annoncer ici, ni solliciter des afflux de compassion cybernétique! Quand un homme a la soudaine épouvante de mourir seul au milieu de la nuit et qu'il l'écrit, ça ne signifie pas qu'il exprime en réalité la crainte de s'anéantir délibérément, surtout pas si l'homme qui écrit est moi: si je veux exprimer ceci plutôt que cela, bordel de dieu, j'écris ceci et pas cela!
Cibole. Ça dégouline de partout dans ma boîte à malle. Faut slacker là-dessus right now: c'est pas Oprah, icitte, ni un téléthon pour la paralysie cérébrale! On ne cherche pas à traire les sentiments des innocents. Les innocents, franchement, ne devraient pas être ici, point. Mais s'ils y tiennent, alors qu'ils observent et apprennent et se taisent jusqu'à ce qu'ils ne soient plus innocents. Ça ne prend jamais très longtemps.
7.5.11
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34 commentaires:
Cette mise au point invite à réfléchir sur l’acte de lire comme sur celui d’écrire ; ce que tu nous a toujours encouragé à faire. Du plus loin qu’il m’en souvienne, j’ai d’abord comme le font les tribaux moins aguerris laissé mon émotion l’emporter, j’avoue qu’encore parfois elle prend le dessus, mais j’apprends à la contrôler ! Cela n’enlève pas la spontanéité d’exister, ça oblige juste à la canaliser et ça apprend à réfléchir. En fait je n’avais jamais tenté de le comprendre avant aujourd’hui et avant que tu ne fasses cette mise au point. D’un coup tout m’est apparu clairement. Ton exigence envers toi-même et envers ce qui s’écrit ici, m’a appris à lire et m’a appris à écrire, à mettre en forme mon ressenti au travers des mots et à le rendre compréhensible par tous et surtout en accord avec moi-même. Ce que tu dis de la rigueur, rejoins ce que je ressens et en te lisant en cherchant à comprendre, c’est moi que je trouve. C’est un beau cadeau que tu nous fais que de nous le permettre en retour. Ecrire ce qu’on veut dire, et vouloir dire ce qu’on écrit, ni plus ni moins ! Eh bien c’est pas si facile, misère !
Je ne me sens pas perdre mon innocence pour pouvoir te laisser un petit mot dans les commentaires, je la préserve pour l'amour de ma vie.
T'écrirai longuement pour te décrire comment je l'ai déposée entre ses dents pour qu'elle la croque. D'ici que tu répondes à ma lettre prends soin de pas claquer, j'ai besoin de tes lumières d'amitié. Je ferai en sorte que la lettre soit longue et que je sois lent à l'écrire.
N'ose même pas penser que tu échappera à ça.
Ben non, c'est pas facile, sinon ça vaudrait pas grand chose, mais c'est pas censé être trop dur non plus, entre les deux se trouve une zone qui convient à ceux qui s'y sentent bien, c'est comme les aquariums municipaux, chacun de dimensions, de température, de nourriture adaptées aux diverses espèces de poissons.
Tu n'as ni appris à lire ni à écrire ici, c'est absurde. C'est au contraire parce que tu écrivais si bien et que tu lisais avec tant de soif que tes pérégrinations t'ont amenée ici, chez Venise, chez Sandy, et tu as traversé l'initiation et tu es restée. Tu étais chez toi. Dans le bon aquarium. Les poissons de passage qui se sont trompés d'adresse décampent en vitesse, ça va de soi. Sauf les poissons fuckés qui scrutent la surface en quête de Dieu, sa ligne et son hameçon, et le reste qui restent: on les retrouve le lendemain flottant le ventre en l'air, au sommet de ce blog. C'est chiant, vu que c'est moi qui me tape tout le nettoyage...
J'accepte l'éloge, oui, d'accord, bien que j'en rougisse et que tu le saches. Il est vrai que tu as pu trouver ici des outils qui te convenaient pour booster ton moteur littéraire et maîtriser encore mieux ton écriture. Mais cela, seul qui est prêt peut le faire. L'écrivain a cet avantage de pouvoir se former en continu sans lever le cul de sa chaise, à condition de s'asseoir près de l'ordi et de la bibliothèque. Tous les autres trucs que les gens font dans la vie exigent d'eux qu'ils voyagent, aillent voir ailleurs ce qui se fait ou assistent à des conventions pour identifier la concurrence et se mettre à niveau. Les curés le font. Les flics et les Chefs d'état le font. Les terroristes, les mafieux, les Témoins de Jéhovah, tout le monde le fait. Sauf nous. Alors, tu vois, au point où tu en étais, prête à passer à l'autre étape, tu aurais trouvé ce qu'il te fallait là où c'était. Je suis juste bien content que tu l'aies planté ici plutôt qu'ailleurs, ton camp de prospecteur.
Flûte! Antoine qui rapplique! Et moi qui le croyais en vacances avec sa cocotte au Club Med à l'Est d'Eden pour une autre semaine! Quelqu'un a dû cafter, c'est sûr, et il sera rentré illico à Bordeaux pour me secouer le cocotier...
Attends que je trouve l'enfant de putain qui est allé jusque là pour me moucharder au Colosse tranquillement occupé à se bronzer la bedaine sur la plage d'Eden!
Ouais, bon, techniquement, l'est d'Eden, c'est le pays de Nod, mais quand même! Le sable blond, l'eau limpide et couleur d'émeraude, la cocotte en bikini, les cocktails compris dans le prix! Je suis foutu. Il va me convaincre des vertus de la vie et me stabiliser juste assez longtemps pour venir m'étrangler lui-même.
Heureusement, le Concorde n'est plus en service: ça me laisse deux heures de plus.
Kevin aurait cafté, lui ? Tant mieux.
Plaisante pas, m'en vais dans 12 jours, j'ai la trouille de ma vie. Eden et Enfer commencent de même, par un Bdx/Ath.
Viendrai t'étrangler en temps utile, wish me Good Luck pour l'instant.
Minute, papillon: j'en perds des bouts. C'est pas ici, que tu t'en viens? On t'attendait en avril, non?
Kevin est moins rigoureux qu'avant dans la transmission des infos. Là, on dirait que tu pars pour Athènes...
Oh, putain, oui, ça me revient. Il m'a résumé ça très vite, il y a bien deux ou trois semaines.
Oui. Tu vas au-devant de grands périls, mon ami, comme c'est la coutume de tous ces autres Grecs mythologiques. Ni les Maristes ni le rite orthodoxe n'auront suffi à faire de toi autre chose que ce que tu es: un paganiste romantique et téméraire, mi-apollinien, mi- dionysiaque. Je ne te souhaiterai pas de la chance, tu n'y crois guère et puis tu vas jouer une partie dans laquelle la chance intervient peu. Je vais plutôt rouvrir mon coffre et ressortir mon komboloï et jouer avec en adressant des prières à Eros.
Vous le saurez très vite, si le temps s'efface. Et puis tu seras transfiguré comme à chacun de tes retours en Grèce (irrésistible). Essaie de ne pas dormir dans le même building qu'elle les premiers jours, parce que si elle t'entend ronfler, t'es cuit, mais à part ça, je mise tout sur toi, et je t'embrasse très fort.
steak
patates
blé d'Inde
même moi j'avais compris
faut dire à quel point c'était clair comme de l'eau de rush
;-)
Ah SHIT! Juste quand j'allais enfin me coucher, tu me donnes une envie de pâté chinois!
Tu me le paieras, Caza! Le ketchup va couler à flots!
rendez-vous vendredi soir au Centre Paul-Sauvé, le Grand !
J'ai vécu exactement la même maudite patente de peur folle en pleine nuit à quelques reprises ya environ un an. T'as raison de poursuivre. Tout va revenir à la normale. Angoisse certes, mais passagère. Bonne continuation dans l'allégresse mon cher !
Can't do! Prévu un pique-nique avec une Montérégienne!
On peut se faire souffert le vendredi suivant, si t'es disponible, sinon y a toujours Tarzan La Bottine Tyler qui est prêt à me remplacer ce vendredi, si ça t'arrange. Anyway, dis à ta secrétaire d'appeler la mienne, c'est leur job de gérer l'agenda, me semble qu'on en fait déjà assez comme ça.
J'ai annulé provisoirement mon tour canadien pour être disponible. J'ai bien fait on a des dates.
J'ai prévenu que je ronflais, elle est inconsciente du danger que je représente pour son sommeil. Les évocations d'Eros sont superflues, c'est Aphrodite dont j'aurai besoin. Probablement avec beaucoup de ketchup aussi.
Si t'a "Athena Polias" sous la main, cherche le prénom, c'est le seul qui m'était resté depuis le temps.
c'est bon
je raccommode mon space-suit et me fais pousser un mohawk et je dis à mon Hélène qu'elle buzze la tienne quand ça sera fait
...et que je sois capable de me rendre au dépanneur en joggant sans me cracher un poumon
its a deal
(d'ici là, ils risquent d'avoir reconstruit le centre Paul-Sauvé...)
bonne journée, Sir
Etonnamment cette peur dont vous parlez tous c'est celle de mourir sans que personne n'en ait cure!
J'ai vécu il y a peu, juste celle de mourir, et j'angoissais plus pour les problèmes que cela allait occasionner que pour moi-même! Et puis finalement, rien à l'écran de suspect, tout est rentré dans l'ordre! La peur est instinctive et nous prépare au danger voire à l'adversité, l'angoisse générée par cette peur nous ouvre à la lucidité, celui qui ne craint rien et qui ne s'angoisse jamais devrait vraiment commencer à prendre peur, parce que c'est sans doute parce qu'il est loin de sa réalité!
Enjoy et au dodo!
It's time to go to bed...
@ crocomickey
Yo! Long time no speak, dude!
C'est ton comm qui me fait réaliser que personne d'autre n'a mentionné connaître cette expérience. C'est louche en chien. Ça fitte pas pantoute avec les statistiques nationales. Seule explication: les trois-quarts de la Tribu sont déjà sur les anti-dépresseurs. Ce qui explique à son tour pourquoi ils sont si tranquilles depuis quelque temps...
Lyes.
Merci, Croc, all jokes aside. Ton comm a fait baisser mon niveau de stress de plusieurs coches d'une shot.
C
@ Blue
Tu disais pas ça la veille de ton examen, girl.
Qui ça, tous? Chu le seul à en avoir parlé jusqu'à ce que Crocomickey arrive. Les autres ont tous, que Dieu les blesse, parlé en termes amicaux et chaleureux, mais de ma peur, de ma mort, pas de la leur. Personne ici parmi toute cette Tribu de savants marginaux dégénérés n'a jamais vécu ça? Kiski m'a fichu un pareil tas de pirates poltrons?
Mettez-y vous dès ce soir: pas plus tard qu'à deux heures du matin, je veux entendre des gémissements d'angoisse sur le pont, je veux que la sueur des hommes empeste tellement le sel et le vinaigre que le matelot Béliveau se jettera à l'eau et nagera jusqu'au shack à patates frites le plus proche et nous en rapportera cent-trente casseaux. Oui! Oui, Béliveau! Le petit laid maigrichon, là, qui se cache dans le coin, avec la face pleine de boutons, celui qu'a l'air d'une tapette avec son pinch blond! Il excelle en natation, il flotte comme une jambe de bois et il pourrait montrer à un Belge comment faire des patates frites, il mange rien d'autre depuis neuf ans, il connaît toutes les patates frites par leur prénom, c'est le Einstein des patates frites, même que la Royal Navy a décidé de nous l'emprunter l'année prochaine, à cause que les équipages se mutinent à force de manger les mêmes maudites patates frites dans l'eau bouillante, à la manière Anglaise, donc vous conviendrez avec moi que si ce gringalet grotesque peut aller sauver la Flotte de Sa Majesté au mois de janvier, il est amplement qualifié pour aller nous chercher 130 casseaux de calices de patates frites!
Ceux qui n'auront pas d'angoisses nocturnes avant la relève du quart seront sévèrement punis: privation de patates frites!
@ PatCaz
Oué, c'est aussi ben de même, anyway Tarzan La Bottine a pas trouvé de gardienne pour son lhassa apso.
Régis est en calvaire, mais il va booker les deux nains albinos dans notre spot, so no sweat.
C'est juste, merde, moi, j'aime trop les frites!
J'avais vraiment les chocottes et le compteur à zéro! Sueurs froides, une peur viscérale profonde et loin, loin, loin de mourir, un truc de maboule!
Toi t'as pu recueillir à chaud cette angoisse palpitante, saisissante et bigrement envahissante, forcément, j'ai pas dormi de la nuit! Black Angel! Et tu as été là pour me rassurer, me parlant de ma mère et de la génétique (Je précise à mes amis tribaux, que c'était pour une mammographie de contrôle parce qu'on m'a trouvé un nodule à 6 heures au sein gauche, et qu'après analyse il s'avère que l'engin est bénin), n'empêche que toute à mon angoisse très personnelle, j'ai aussi pensé, mais après , je l'avoue humblement à ce qu'occasionnerais ma mort! Après, c'est vrai! bien après, mais quand même!
Sans mayo, ni ketchup, pour moi, je les aime natures et juste un peu salées!
Pas encore couché?
putain
le good ol' time
si c'était pas de ton coeur et si c'était pas de mes poumons, je t'inviterais drette là dans le parc pour qu'on se fasse un petit roller-derby de l'amitié
câlisse
Le matelot Béliveau est en route avec ta commande.
Il nage, il nage, ce freluquet! On dirait un spermatozoïde!
Tes frites ne devraient pas tarder. Savoure un apéro.
Oh! Cet idiot a oublié le sel!
Bah! T'auras qu'à tordre son calot sur tes patates. Une traversée natatoire de l'Atlantique devrait l'avoir imprégné de plus de sel qu'il ne t'en faut.
P.S. Rappelle-lui bien de revenir sans tarder: il est de corvée d'angoisse nocturne.
Lyes!
Un peu bizarre que tu es choisi cet angle d'attaque.
N'es-tu même pas touché des gens qui t'aiment et qui s'en font pour toi malgré leur mauvaise interprétation de ton billet ?
Les frites maison,je craque.
Il n'existe aucune pomme de terre
comparable à une frite maison.
Haha.
Tu es incomparable,cher ami.
Tu offres des pistes de réflexion
auxquelles personne ne songerait.
Qu'elles soient culinaires,
philosophiques,charnelles
ou spirituelles.
Ton imagination et ton intelligence sont telles
qu'on finit par oublier
l'origine du feu que tu as
toi-même allumé.
Les gens qui m'aiment ne trouveraient jamais que mon angle d'attaque est bizarre. D'autant plus qu'il s'agit d'un angle de défense.
Que je sois touché, c'est manifeste, mais ça ne change rien à l'affaire: ici, l'émotion est subordonnée à la raison.
Et on tripe pas trop sur les anonymes.
@ Terrible
Tes mots me rassérènent: je me désole souvent qu'on me plagie, mais si c'est seulement parce qu'ils oublient, alors il n'y a pas malveillance, I guess.
Merci, Old Boy.
Hum, si c'est les frites maison que Terrible préfère comme tout ce qui se fait à la casa, que ce soit frites, mixtures, réflexions en tout genre, sans vouloir faire la paonne, dans cet art frital j'excelle c'est que j'ai appris très jeune, c'est tout, et je me ferais une joie et un point d'honneur à en faire goûter à me amis au BBQ promis! ( Si Sandy nous dégote un chevreuil de taille suffisante, bien sûr, je ne fais pas un voyage aussi salé juste pour ronger des os!)
Sandy t'a tranché un morceau choisi: du steak de fesse d'un gros buck. C'est coriace, mais savoureux. Elle le faisande dans une valise de char pour l'attendrir, et il se peut qu'il sente le Chanel. On dira pas quel numéro.
By the way, le matelot Béliveau n'est toujours pas de retour. Tu l'aurais pas enfermé dans le coffre d'une voiture par hasard?
Le coffre d'une voiture?? Qu'est-ce que c'est que ça?
Ton Béliveau , je l'ai remis à l'eau, mais forcément bien essoré, c'est que je les aime bien salées, mes frites!
La fesse d'un gros buck au Chanel ( jamais un cuisinier ne donne ses tuyaux et certainement pas un numéro!) faisandé dans une valise de char juste assaisonné du Béliveau retourné et renatatoiré de l'Atlantique version retour et d'un tour de main de poivre au citron que je vous ramènerais de Suisse, spécialité de là-bas, Hum, Miam!
Coriace mais savoureux! pas trop coriace tout de même, tu sais bien que j'ai pu toutes mes dents!
Faudrait pas que j'en perde davantage, pour le sourire, c'est embêtant!
:-)
Bon. Je parie qu'il a préféré contourner le Cap Horn à la nage pour éviter la corvée d'angoisse nocturne.
Je peux pas te blâmer: les petits poissons, on les remet à l'eau. N'empêche que c'est un déserteur et qu'on manque sérieusement de patates frites, sur ce bateau.
HA HA HA!!!
J'ai survécu à presque toutes mes "morts" d'attaques panique, comme une façon d'apprivoiser la dernière des dernières.
Une femme médecin qui en était atteinte elle même la décrivait comme suit:
_C'est comme tomber en panne avec son auto sur la voie ferrée, sur le siège arrière, il y a tes deux enfants, et, comble de malheur, plus une portière qui s'ouvre!
*Le suicide, un peu différent, t'arrêtes sur la voie pis tu barres les portes!
Les Olympiens ont réservé un peu de leur temps pour m'accueillir.
Au premier réveil, quand elle qualifiât mon ronflement de "ronronnement de chat" j'ai senti Aphrodite sourire sur ses lèvres.
Ce n'est que la troisième nuit que Zeus entrât en scène. Elle m'a demandé de poster ici un extrait de son journal, qu'elle signe 'Athina', sorti du texte Quatre nuits de cauchemars.
Dimanche, 3ème nuit
J'ai constaté avec douleur que le ronflement d'Antoine était indiscutablement bien plus qu'effrayant : terrifiant ! Et j'en étais la victime. Dans mon sommeil j'ai été saisie d'un sentiment d'obéissance totale, cédant à sa demande de tout lui avouer, par écrit, comme il l'avait souhaité.
Je me suis réveillée à 2h30 et l'ai observé à mes côtés dormant et ronflant. J'ai pas osé me lever pour m'exécuter de suite de crainte de le réveiller. Rendormie, j'ai décidée de tout lui raconter dès son réveil et la sensation du besoin de me mettre à table par écrit et in extenso a accompagné mon réveil vers 6 h. Quand je lui ai raconté mon cauchemar dans son regard perçant se trouvaient mêlées d'une part la curiosité pour ce que j'avais à dire, mais aussi la satisfaction de la prise de conscience d'un nouveau pouvoir sur moi, à travers ce trait insupportable.
Y a pas une heure, je discutais avec qui tu sais des probabilités que tu sois toujours de ce monde. Nos angoisses nonobstant, nous nous étions mis d'accord pour convenir que tu voudrais que nous cessions de craindre que tu sois crevé: mort ou vivant, tu voudrais pas qu'on se lamente comme des pitounes, et surtout tu voudrais pas qu'on puisse te croire mort alors que tu nous enterreras tous. Alors voilà, OldCola, on se redisait ça, et te voilà. Foutu vieux Grec de nos coeurs éprouvés.
Écris-moi le récit des dix derniers jours.
Si vraiment cette élue de ton coeur a pu se rendormir quand tu ronfles, voire craindre de te réveiller en se levant, c'est qu'elle a été créée pour toi. Faite forte. Moi qui ai cherché le sommeil dans tes parages, qui ai tenté de te réveiller à coups de marteau-pilon et à son de corne de brume, pour en venir à essayer de t'étrangler en pleurant parce que je t'aime tant mais qu'il fallait que cesse ce bruit, et que dalle, pas moyen de t'étrangler, pas moyen de réduire l'éruption de décibels, ton cou de taureau et ton pif de philosophe et ta tête de cochon faisaient que tous mes efforts homicides multipliaient l'amplitude de tes occupations sonores, et c'est ainsi que je redécouvris les joies simples d'aller dormir dans la cour derrière chez Kevin.
Personne, personne, personne ne ronfle comme toi. Je me suis mis à ronfler, depuis une couple d'années, et ma blonde en a souffert, mais je lui ai demandé d'attendre que tu reviennes à Montréal ou qu'on aille à Bordeaux pour vraiment comparer, vraiment savoir ce que c'est que ronfler.
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