22.5.10

Des nouvelles de Kevin

Je l'ai supplié de me permettre de le publier, il a cédé: voici la poésie qu'un homme sait générer quand sa femme est partie toute la journée...



Kevin Vigneau, vieille ganache de trente ans et des mousses, craignant que sa plume ne se pousse: en huit heures, il est sorti photographier la cour de triage, il est rentré cracher des vers et choisir de la musique et extirper des plans du code HTML et produire ce bijou aussi sombre que jubilatoire.

21 commentaires:

Ginette Desmarais a dit...

J'espère qu'il y en aura d'autres, pour constituer des sédiments littéraires, sonores, visuels, toutes ces couches contaminées ou éblouies du sol de Montréal... Merci monsieur Vigneau ! Merci monsieur Mistral !

s.gordon a dit...

Oh. Remarquable, Kevin.

Mes mains,
Sandra

Kevin a dit...

Comme plusieurs le savent, je tire mon gagne sur des chantiers petits ou gros, en valeurs comme en conséquences, et ma promenade d’alors, dans la cour de triage, en ce jour de « No Park », me ramenait vers une possibilité que je sois de ceux qui construisent de la gabegie dans un désert stable où tout bouge et qui m’a toujours plu. Parc-Ex ne sera probablement pas de ce jeu, trop de cumin par ici, pour une génération, deux encore avant qu’on s’en aille à l’UDM nouvelle.

Mon père, il y a quelques années, alors que je lui faisais visiter le site, m’avait partagé des souvenirs, sa jeunesse à Windsor, dans des quartiers similaires où il broutait la croûte des rails. Aujourd’hui, entre Outremont et P-X, de moins en moins de rails, ou peut-être plus, qui saurait dire ?

Madame Desmarais, mon plaisir essaie de n’en pas trop dire quand vous semblez me comprendre tant avec ces « couches contaminées et éblouies ».

Ma main,

Madame Gordon, vous-même telle…

Vous avez remarqué ma signature, ma coda épistolaire. C’est honneur, mais surtout héritage que je dois préciser de façon que le crédit en revienne à qui de droit. Préambule : j’avais début vingtaine et venais de rencontrer l’Internet, l’Université et Mistral. J’avais aussi lu la correspondance d’un autre écrivain un an ou deux auparavant. Alors que j’apprenais les rudiments du courriel et de l’amitié vraie, je me suis posé la question, à savoir : comment terminer un message avec Christian sans avoir l’air d’un notaire ni d’un rond-de-cuir. Je me suis alors approprié Mallarmé et sa manière, croyant faire effet délicat et fraternel. À ma surprise, Mistral m’a répondu que si je voulais lui foutre une baffe ou avoir envie d’en discuter, que « ma main » était une bonne formule. Je n’ai jamais démordu de ma formule, et lui non plus de la sienne, on en discute encore…

Gordon,

Ma main,

Kevin Vigneau

s.gordon a dit...

Ah c’est beau ça, une coda épistolaire. Oui, bien sûr que je l’avais remarquée. J’avais trouvé ça singulier. Délicat (élégant même, mais pas fat) et fraternel. C’est l’effet que ça m’avait fait.

Je te remercie pour ces précisions, Kevin. Te lire est toujours un plaisir. Christian a bien fait d’insister; et toi de céder.

Bonne journée à vous deux.

Blue a dit...

Je rejoins les mots de Christian "sombre" et "jubilatoire" ainsi que l'appréciation de Sandra pour définir de morceau de poésie urbaine tout en ombre et lumière. Bravo!
Quant à cette coda épistolaire qui m'avait moi aussi interpelée par son raffinement et sa spontanéïté, j'en aime l'histoire et la volonté.
Et si je puis me permettre, cher Kevin, le plaisir en plus d'avoir celui de vous lire et de vous découvrir davantage au travers de ce montage, de déposer en tout bien tout honneur et en signe d'amitié et non sans une certaine malice,
à votre main,

mes lévres.

Lady Blue




- Aimerais avoir l'accord de relayer ce poéme outre-océans, quoique l'internet s'en charge, il nous reste la valeur et la beauté du geste...

- Sandra, pourrais-tu m'éclairer sur le comment de l'italique, ici dans les commentaires?

- Mes plus tendres pensées au maître de scéant et un grand merci pour ce partage.

Mistral a dit...

Pour l'italique, LB, je crois qu'il suffit d'engoncer la portion de texte à italiciser entre les balises et . ´

s.gordon a dit...

Euh. J'y connais pas grand-chose là-dedans Blue, en général je me donne du trouble en copiant/collant le code html d'un nouveau message. Si comme moi tu ne comprends rien à l'explication de Christian ;), essaie d'ajouter < e m > au début de ton mot et < / e m > à la fin. Sans espace (je dois en en mettre ici pour les besoins de la cause). Je crois que ça devrait fonctionner.

(Quoi : j'sais pas c'est quoi des balises, moi.)

Mistral a dit...

Même chose: i pour italiques, em pour emphase.

Mistral a dit...

Baptême, mes balises ne sont pas apparues dans mon premier message! Pas étonnant que Sandy n'y pige goutte.

So, Blue, écoute la mère Gordon...

Laure K. a dit...

il faut bien avouer que je percute assez tard votre I.D. pas besoin pourtant d'uppercut supplémentaire, je suis K.O. le corps fait souffrir l'esprit plus que de mesure...en attendant le repos instantané, j'ai trouvé cette "oeuvrage" inspirant, une sorte de "bouge fixe" que j'apprècie tant;
thanks for that mister Mistral-

"j'ai des verticalités

Dans l'effroi de mes
errances et je me
cherche



Des semblables"

Blue a dit...

Merci Sandy, comme ça, ça va mieux...

Hey! Hello Laure! Bienvenue ici, je me permets Chritian, ça ne m'étonne pas au vue de ta sensibilité que ce poème en mots, musique et image te touche...

Mistral a dit...

Bienvenue, oui, Laure, à bras ouverts!

J'ai compris l'embrouille avec mon explication: en négligeant de prendre les précautions d'espaces comme Sandy, j'ai italicisé mon et, héhé...

Blue a dit...

:-), elle dévore Origines sur ses lignes de transports en commun et découvre les transports de ton écriture...
Elle devrait bien se sentir ici, au milieu de toutes cette bande de créatifs et d'affectifs que nous sommes...


*Finalement c'est assez comique et inattendu, j'ai redécouvert grâce à ces fameuses balises le mot emphase, d'ailleurs, le i fonctionne aussi bien que le em. C'est fou comme c'est parfois par des chemins de traverse que les mots viennent à nous!

Laure K. a dit...

OH ça fait bien plaisir de vous lire en frais et en os
(je m'essaye aux balises aussi) merci pour l'accueil chaleureux,

J' ai achevé la lecture d'Origines debout pendant une heure dans le train, j'ai pris mon espace de lectrice, avec votre photo au recto ( ça se fait pas ici la pleine photo en recto) certains me dévisageait sans doute pour voir qui lisait ce bonhomme;
Instant d'illumination en lisant ceci:

"On appréhende la réalité selon l'état de ses viscères"

so thanks to Blue, les voyages sont emplis de vie, (et la bouche de bleus aux dents!)

Hâte de vous lire d'avantage...

MakesmewonderHum a dit...

Kevin, visionné une bonne dizaine de fois, tout pitonné pause/play c'est du beau. La crié et la morne-muse de GSBE très subtil rajoutent au bijoux. Il y a toute mon enfance près d'une gare de triages, à sauter les trains pour une "ride" et se renforcir des bienfaits de la solitude, là-dedans. Encore aujourd'hui à vélo la nuit dans les ruelles de Montréal il y a un peu de cet apaisement urbain que tu sais si bien capter pour nous.

Que faire d'une ville sans la poésifier comme le font les Kevin, Roadsworth et autres peaufineurs de patines urbaines? Allez en paix et recommencer!

Le plumitif a dit...

j'arrive en retard de quelques wagons, comme d’hab’, mais là, quand même, ça entre tout naturellement dans le décor…

soufflé en tout cas par cette échappée multisensorielle, ce télescopage intérieur – envoûtante trame sonore qui me remue là où les mots n’accèdent pas; le tout enveloppé d’un souffle qui n’est pas du tout du vent, qui aspire plutôt (et inspire aussi, là c’est sûr)…

bref, je sais pas comment le dire mais y faut quand même que je le dise parce que c’est pas si souvent qu’on me transporte à la fois là où j’ai été, là où je suis, et aussi en un ailleurs qui me renforce dans le mien…

merci donc Kevin!

-----------

(et pis là, pas rapport, je m’essaie pour voir si j’ai pigé kekchose à vos patentes hasch-thé-aime-elle en posant une question heu... pas existentielle mais heu… sémantique mettons???) :
c’est quoi c’t’histoire de gars qui ont des femmes à eux-autres pis qu’y faut qu’elles soient pas là, en plusse, pour qu’ils se décident à poétiser enfin?

Blue a dit...

:-) Plumitif, toujours un vrai bonheur de te lire, toi et ta sensibilité bien à toi et cet humour ravageur sans en avoir l'air!

Inspirant, tout à fait, cette poésie Kevinienne!



* Dis-y, c'est quoi les balises pour les caractères gras?
Merci d'avance pour le tuyau!

Blue

Mistral a dit...

C'est b (et /b) pour bold.

Blue a dit...

Oh! Mille mercis mon ange noir!

MakesmewonderHum a dit...

Comme dans:Bold gin?

Laure K. a dit...

Hum Hum amical, je viendrais errer tantôt par ici ...