24.7.09

Henry Miller: second billet

Faudra s'y faire, je commence par la fin en remontant le fil.

19 commentaires:

Venise a dit...

Quiconque, c'est trop peu dans son cas. C'est plus que du "quiconque" qui habite cet homme. Son quiconque est une âme, le centre de l'individualité, et son âme est une flamme vivante qui ne vacille pas dans sa carcasse sèche.

Je suis très émue d'assister aux derniers moments d'un homme si généreux de lui.

Mistral a dit...

C'est drôle, j'attendais et espérais que le premier commentaire soit de toi, mais je l'imaginais sur l'autre billet: Miller semble parler de toi.

Venise a dit...

On commente rarement son reflet dans un miroir. J'ai timidement détourné la tête.

Maintenant, je n'ai plus le choix, je me regarde et vois mes joues rosies de plaisir que tu m'aies reconnue.

Mistral a dit...

Toi instantanément, c'est normal, l'instant suivant Blue, ensuite un tas de Tribaux et nombre de blogs traversés par le passé me sont venus en tête, et c'est peu mais multiplié par autant de peu qu'il y a de chacuns partout correspondant aux visions millériennes ça induit un réjouissant vertige! Me souviens plus la dernière fois que l'avenir du livre m'est apparu sous un jour aussi positif.

Venise a dit...

Pourtant le livre vaut son poids de livre tout comme avant. C'est ton vertige qui fait toute la différence et qui fait toute ma différence car ça me fait immensément plaisir ce que tu affirmes là.

Blue a dit...

Oui , bien vu et bien senti, ce Monsieur m'émeut au delà du disible.

Suis vraiment prise, Christian.

Love.
Blue

Mistral a dit...

Ce n'est pourtant pas livre, que j'aurais dû écrire, car la forme que prend l'expérience de l'esprit humain enthousiasmé puis pressé de partager cet enthousiasme importe peu en termes de temps historique, Miller je crois parle plutôt de cette expérience elle-même comme inhérente au naturel humain depuis les fresques de Lascaux jusqu'aux poèmes de Rimbaud, le jeu du jeune Brando ou l'art nouveau de Picasso ou qui sait quoi dans cinq cents ans. Tant qu'on sera ainsi faits, on sera humains, après cela on serait autre chose, ils seront autre chose, et c'est déja leur problème, ce n'est d'avance plus le nôtre, anyway entre ici et cette éventuelle échéance notre village global paraît tendre ses efforts vers la neutralisation de ce trait humain qu'on n'a pu éradiquer malgré qu'on en ait rêvé d'Alexandre le Grand jusqu'a Mao Zedong, on semble aller vite et droit vers le fantasme immémorial fondamental né dans la première pensée du premier Homme: la paix, la sainte paix, la bonne grosse paix sale et transversale, pas seulement la paix contraire de la guerre, la paix intérieure, troublée sans trève par d'angoissantes réflexions sur le sens de la vie et l'essence de la mort assourdies par l'incessant son secret de cette satanée conscience, ce soliloque intime harcelant tourmenteur qui sévit de l'enfance a la vieillesse en scandant qu'on est un imposteur au sein de la race des Hommes, insuffisant, insignifiant, inadmissible de naissance a l'innocence, et aussi la paix extérieure, constamment rompue par des idées nouvelles et des façons de faire différentes de celles d'avant, pourquoi faut-il que la Terre devienne ronde quand elle a toujours été bien plate et que le soleil la remplace comme centre du mouvement céleste et que l'ampoule électrique chasse la lampe a l'huile et avait-on vraiment besoin d'autres livres après la bible et quand serons-nous enfin parfaits heureux sereins quand aurons-nous la sainte grosse paix sale? Le fantasme, fondamental, immémorial, de notre espèce, commun aux artistes et aux despotes et aux puristes et aux ilotes, et suicidaire ça va de soi, s'il réussit: l'Homo Sapiens sans sapience est un Bloody Caesar sans Clamato, un Hot Chicken sans poulet, c'est-a-dire que ce ne sont pas ce que ces mots signifient.

Orwell l'a pressenti et dessiné et annoncé, que faute de pouvoir étouffer la nécessité humaine de s'exciter aux pensées neuves et les discuter avec ses semblables, il valait mieux nourrir cela avec de massifs afflux de phrases creuses ressemblant a des idées tout en réduisant progressivement le niveau d'instruction et les capacités d'expression, bref en facilitant la sainte paix, et cela Miller le redoutait aussi, je le parierais.

Hugo a dit...

Wooaow! Je suis en bas de ma chaise, KO par l'émotion. Je vous remercie Monsieur Mistral. Ces perles, en vos mots ou dans ces vidéos choisis, me font toujours de l'effet, mais celui-là! Surtout que je le visionne depuis mon cubicule dans ma Cosmodemonic Telegraph Co bien à moi, il fesse et me rappelle de continuer, toujours, d'enfouire mon nez dans le décolleté de ma douce.

Venise a dit...

Si je comprends bien, et les dieux sont témoins que j’ai essayé de comprendre bien, cent fois sur le métier remettez votre lecture et sans foi ne lisez pas, je suis une humaine en pleine possession de sa sapience si j’atteins jamais la paix de corps et de l’esprit, parce que je m’alerte le cœur et m’essouffle l’enthousiasme devant tout ce qui bouge, vie vite et vibre.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

je suis à relire ton long com qui semble avoir été écrit d'un trait, pour essayer de bien comprendre. Bon je ne lis pas Venise pour ne pas me laisser influencer. À la première lecture je dirais : endormir les gens pour qu'ils aient l'impression d'avoir la sainte paix et ainsi les autorités, institutions en place ont la paix ?

Je relis et reviens.

Blue a dit...

Cette humanité telle que tu l'écris et que Miller exprime n'est-elle pas notre part irréductible et celle qui nous donne ce sentiment d'être, cette part inaliénable pour peu qu'on la préserve, la défende et l'enrichisse au contact d'esprits et de coeurs forgés dans la même matière? To commentaire coule en moi comme une eau vive, il me donne plus envie encore de défendre ce à quoi je crois au plus profond de mon être, de ne pas baisser les armes et de toujours chercher ce contact qui permet d'apprendre et de grandir pour ainsi développer encore ce sentiment humain, et ce sentiment d'appartenance.Pas le moment de s'endormir, non.
n'est ce pas ce que nous tentons tous ici de faire, d'expérimenter, de vivre?

Maoaè a dit...

Ia orana!
Je suis pas bin jaseux mais je voulais quand même vous dire que je viens faire mon tour sur ce blogue régulièrement. Belle trouvaille ce clip de Miller. Il est parmis mes auteurs favoris et j'ai presque tout lu ses livres incluant;"Je suis pas plus con qu'un autre". Livre qu'il a écrit en Français. La préface est de Joseph Delteil et tout aussi intéressante que le texte de Miller. Tourlou et au plaisir de vous lire.

ps; Maoaè c'est en maohi et ça veut dire alizée du Nord-Est. Celui qui chasse les nuages. C'est aussi le nom d'une goélette qui a mystérieusement sombrée une nuit dans la rade de Papeete,Tahiti. Je me suis passionné pour la culture polynésienne pendant quelques années. Avez vous lu les Immémoriaux de Victor Segalen? Quand Segalen est arrivé à Tahiti c'est lui qui s'est occupé de récupérer les effets de Gauguin qui venait de décéder aux Marquises.

Mistral a dit...

Cool! Ça va sur ma liste.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Cool ! J'espère qu'il viendra me visiter ce Maoaè qui me semble être un garçon érudit !

Je vais le faire jaser mouà (signifie moi en polynésien)

Tourlou !

Blue a dit...

@ Rainette :

Hum, ça j'en doute pas!!
:-)

404 a dit...

Un être formidable.

Anonyme a dit...

Merci de partager ce clip.

Il approche de la fin et laisse la porte ouverte en disant que bientôt il saura ce qu'il y a après... c'est tout dire!

Accent Grave

Blue a dit...

Toujours cet appétit du possible!

Yvan a dit...

Sublime exemple de
transcendance du temps.
Un "droit au coeur" de Miller
dont la portée va bien
au-delà de ses deux minutes
58 secondes.

Ça m'a profondément touché,
merci Christian.