Suis monté voir ce vieux K aux Catacombes. L'animal, young & carefree, affichait comme on dit une forme resplendissante. Mais c'est l'état de l'appartement, net, ordonné, confortable et fonctionnel, qui m'a rassuré sur son état à lui: j'avais devant moi un homme en grand train d'écrire. Pour cela, on veut du clair autour de soi, et puis on peut passer le plumeau sans même s'en rendre compte, perdu qu'on est dans notre livre.
De fait, il m'a permis un coup d'oeil sur les premières feuilles de son roman, qui démarre en fraîche et franche beauté. J'ai parcouru cet incipit avec une sorte de soulagement plein de soupirs, enchanté qu'il se lâche lousse et véridique; plus soucieux de dire que de souligner, confiant en sa syntaxe personnelle, il s'enligne pour mener cette barque au port, et si les écueils qui l'attendent m'inquiètent, je crois que la combinaison de son orgueil et de son talent pourront en triompher. Jusqu'à ce que l'orgueil et le talent ne deviennent des désavantages, ce ne sont pas des inconvénients.
Rentré à pied depuis Fabre. Une heure pile, en comptant le temps de brandir le poing deux ou trois fois vers les (et d'adresser des invectives aux) autobus qui me passaient sous la moustache.
Il y a des soirs comme ça où l'on est forcé de prendre une marche de santé.
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