Retour de chez Mario. Sa mère fait une puissante et sacrée tourtière.
Laissé Kevin au métro, ou on s'est séparés sur le quai comme dans un film de Lelouch.
La veille, chez William et Nathalie, j'avais connu mon baptême du cipâte, une merveille massive et fumante. On a chanté, dansé comme des perdus. Chantal, supposément retenue à Saint-Irénée, est arrivée pour surprendre Hans, aussi heureux et excité, soudain, que je l'aie jamais contemplé.
Fauve devient bon gré mal gré une éponyme jeune femme et a passé la soirée avec nous; l'an dernier, elle était restée avec les enfants. Portant un chandail rouge sang à l'effigie du Che, et un sac sur lequel était cousu Non à l'État policier, elle s'est illustrée comme la digne fille de son père. M'a demandé si je savais l'origine du sobriquet (D'Ernesto Guevara). Me l'a révélée. S'est enquis, assise à ma droite, du métier de Kevin, assis à ma gauche. «Est-ce que c'est un écrivain?»
«Demande-le lui», j'ai répondu en reculant ma chaise, et le KV plongé en pleine conversation avec William a senti la franche soupe, il s'est tourné bonhomme et vieux aux yeux de la petite, ses yeux de pécheur adoucis et un sourire bienvieillant fendant sa barbe rousse, et Fauve a répété: «Êtes-vous un écrivain?» et KV a hoché la tête. «Comme Christian?» insista Fauve, ses yeux ainsi que soucoupes de cuivre émaillées par un millier de laborieux Chinois, ce à quoi Kevin, après un soupir sonore et un instant de réflexion concurrents, rétorqua: «À cela, Fauve, je suis obligé de répondre par la négative.»
Quant à Félix, le frère cadet, ce tendre petit homme on his way to colossus status, il arborait aussi sur son linge quantité de messages dont la tribu n'avait pas à rougir. Hans a appelé Marlène en Floride et m'a refilé le cellulaire, puis il a composé le numéro de sa mère sur le sans-fil: très vite, on a rondement eu l'air d'un joyeux vieux cartoon de Warner Brothers, jonglant avec les téléphones.
Tous ces gens forment une invraisemblable famille étendue, fonctionnelle et aimante, atypique au possible et dont le secret m'échappe. Sans doute est-il pourtant juste là, sous mon nez.
Pendant ce temps, Aphane dit des Avés pour moi, son dizainier de bois au bout des doigts. On n'est jamais trop prudent.
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