3.1.03

Kevin est distant comme l'hiver dernier. C'est du moins mon sentiment, mais peut-être est-ce moi qui ressens névrotiquement la saison, quoique j'en doute. L'an dernier, c'était Catherine qui le travaillait. Maintenant, c'est sa décision d'abandonner les études (façon polie de dire que ses études l'ont abandonné). Il passe donc ses journées à peinturer avec Eddy et ses soirées à boire ce qu'il vient de gagner, et ses nuits à jouer de la cuiller avec Eddy sur des chansons de George Langford. Le péquenot plein de culpabilité ressort en Kevin et remonte et pétille à la surface. Universitaire, moi? Le premier de ma famille? De quel droit? En quel honneur suis-je ici à Mourial à me pogner le petit juif au lieu de vider des poissons au côté de mon père?



Et ce KV de s'imaginer qu'il a tout le temps du monde devant lui, qu'il vivra deux ou trois vies de front, et voilà: qu'y puis-je? Rien pantoute.

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