Laure Kalangel, dont le talent m'époustoufle depuis longtemps, me fournit avec ce nouveau vidéo l'occasion d'ajouter quelque chose au portrait de
Blue tel que je le brosse en mots et le publie par petits bouts. Quelque chose que je retenais faute de trouver un moyen de l'écrire sans paraître me flatter moi-même.
Blue pose un regard intensément aimant et curieux sur l'art, j'ai souvent tenté de l'expliquer, mais c'est en fait l'artiste qu'elle cherche, son intention, sa volonté, c'est lui qu'elle souhaite écouter, entendre, comprendre à travers son travail, et comme il est souvent soit mort soit ailleurs que son oeuvre, c'est l'oeuvre que Blue interroge, et qui interroge Blue. Mais il y a autre chose encore. Blue cherche la beauté, et je ne sache pas qu'elle ait échoué à la trouver, au sens où la laideur est une absurdité à ses yeux. Si quelque chose lui paraît laid a priori, elle se frotte les yeux et regarde à nouveau, autrement. L'idée qu'un créateur ait pu délibérément produire de la laideur lui est étrangère, et à la rigueur elle trouverait cela beau. Sa bonté sans fond envers tous ceux qui ne font pas exprès de créer laid ou pas l'effort de faire du beau m'exaspère bien souvent, mais c'est aussi l'un des traits qui fondent pourquoi je l'aime tant.
Enfin, car il y a autre chose encore: Blue est elle-même une oeuvre d'art, et se considère ainsi depuis trente ans, et se construit, et s'entoure de talents qui savent la voir. Patrick Natier fut probablement le premier. Qui n'a jamais cessé de la contempler, la peindre et la photographier. Je suis venu beaucoup plus tard, avec des mots. Laure Kalangel le fait avec des images qui bougent et qu'elle monte avec un style et une syntaxe aussi brillants et personnels que le pourrait un Littéraire. Un grand Littéraire...