Ajouté un moteur de recherche intra-site ainsi qu'un plan d'icelui.
Sinesthétique, ou l'esthétique du péché.
On est supposé finir le barillet de 5 litres au plus tard huit heures après l'avoir mis en perce, sous peine de boire une bière éventée, voire corrompue, mais cela s'est révélé au-delà de ma soif hier, et je m'y remets donc de bon coeur ce matin. Cheers.
Jamais entendu parler de synesthésie avant aujourd'hui. Nabokov était synesthète. Ce sont des gens disposant d'un sixième sens, dont les sens ont fusionné. Certains voient la musique, ou sont touchés physiquement par elle sur des parties du corps, d'autres goûtent les mots. Littéralement. London conjure une saveur de patates grossièrement pilées, Paris des pêches au sirop. Un type a dû rompre avec sa blonde, Tracy, parce que la seule mention de ce nom lui emplissait la bouche de merde. Imaginez écrire de telle façon qu'on puisse susciter ça chez chacun! Écrire en suscitant chez tous une réaction de l'épiderme! Je vais peut-être me réclamer dorénavant d'une nouvelle école littéraire: la synesthétique...
Nouveau nom, vieux concept. Au moins aussi ancien que mes conversations avec Louis Hamelin à la fin des années 80. Louis appelait ce que nous faisions «néo-lyrisme», mais le terme ne m'a jamais entièrement satisfait. Il décrivait la forme, mais pas la fonction du style que nous recherchions.
À méditer.
Ce cher S, archétype du patient impatient, est venu bien près de sortir de chez son médecin menottes aux poings. Un malentendu sur la date du rendez-vous. Je viens de passer une heure à le calmer. Il demande peu d'entretien, d'ordinaire, mais ces deux derniers jours, on peut dire qu'il me tient occupé.
Je vis dans mon lit, comme Marcel Proust. S'il avait eu la télé câblée, je me demande s'il se serait mis à la recherche du temps perdu?
Quatrième jour de smoke & fog, ciel athénien. Nous respirons les émanations de la décadence.
S est passé récupérer son bric-à-brac vers minuit. Vieux motard que jamais.
Un lecteur m'écrit «pour sa cousine». Que signifie au juste Vortex Violet? Au juste, c'est difficile à dire, mais en gros, c'est le violent et velouté vagin virtuel de la Vie. Capito?
Les argousins sont dans le building. S est venu stasher son stock dans mon coffre.
Le blé d'Inde est gras et sucré cette année.
K s'éveille, des plumes d'oreiller adhérant à son crâne rasé, on dirait qu'il a triché au poker. Saluant la chaleur, ses premiers mots sont «J'capote, j'capote!»
Justine est en route avec de beaux cadeaux pour bibi: deux kegs de broue bien fraîche. K se propose d'appeler les boyards dont il peint le château pour se décommander.
Le ciel montréalais est lourd de smog, angelino.
Mal aux cheveux. Kevin cuve dans ses culottes de peintre en bâtiment dégueulasses. On a regardé Le dernier empereur (de Chine) en mangeant du poulet du général Tao. Il a fait son choix de cours pour la session d'automne. On a discuté de trafic d'influence littéraire. Il s'avoue surpris de ce que je lui fais découvrir.
Si ce n'est au sombre et sale fin fond d'une ruelle, tel que prédit par mon beau-père, je finirai fondu sur un grabat blanc, je serai l'un de ces pauvres diables dont on dit avec une tristesse stupéfaite: «Il pesait deux cent cinquante livres au début de sa maladie et pschhtt! En trois semaines, il n'y avait plus rien.»
Le diocèse de San Jose, en Californie, a décidé de munir ses confessionnaux de fenêtres, afin de "rassurer les paroissiens". On voudrait bien, dans certaines officines, en faire autant de la tête des gens, histoire de surveiller ce qui s'y passe.
Toujours cette idée des choses rêches qui me tourmente. Parfois je ne supporte plus le contact de ma propre langue sur mon palais. Rude ironie.
Cette nuit, un autre homme a été abattu au sortir d'un club du Mile-End. Probablement un de mes points d'eau clandestins. Les flics ont retrouvé l'arme dans une poubelle. Les tireurs jettent toujours leur quincaillerie dans une poubelle, proprement, stupidement. J'ai observé le cadavre à la télé, me suis imaginé à sa place.
L'association d'idées est un processus mystérieux, automatique et primesautier; si l'on ne prend garde de l'observer en action tout en le documentant, on peut très bien se retrouver quelque part sans savoir d'où l'on est parti. C'est ce qui m'arrive à l'instant, alors que j'en suis venu, je ne sais par quel chemin, à songer comment je ne laisse pas passer une occasion d'embrasser mon fils et de le serrer à l'étouffer. C'est donc faux de dire qu'on ne peut jamais donner que ce qu'on a reçu.
En écumant le livre de VLB, finalement trouvé l'exergue parfait: une citation de James Joyce! Suis aussi tombé sur sa «chanson à Julie», un texte extraordinairement touchant, paru originellement dans Châtelaine en 1974. Julie Beaulieu avait deux ans, et apparaît en tous points semblable à ce qu'elle serait vingt ans plus tard, quand on s'est connus. Les yeux pleins de science infuse.
Récemment, quand elle m'a dit: «Je travaille pour mon père, maintenant», j'ai pensé à Jésus disant la même chose à ses parents qui l'avaient retrouvé dans le Temple, rivant leur clou aux érudits.
Cette femme nue sur son balcon, exposée au conspect du populo du Plateau, semblait ne plus savoir par où réintégrer l'intimité de son studio, quoique la porte fût juste derrière elle. L'herbe est forte cette saison.
Le père Lemoine s'est finalement manifesté, branché de frais sur Internet. Les grévistes de Vidéotron n'ont plus à se soucier de trancher les câbles: Mario les aura tous fait fondre avant la fin de la semaine.
La prochaine fois que mon kid me rebat les oreilles avec la prétendue science perdue des anciens Égyptiens, je lui parlerai des récents scans qui révèlent la pourriture de leurs dents, due à leur passion pour le sucre. S'ils n'ont pu inventer la brosse à dents, ça m'étonnerait qu'ils aient su le secret du nucléaire.