10.8.02

Le père Lemoine s'est finalement manifesté, branché de frais sur Internet. Les grévistes de Vidéotron n'ont plus à se soucier de trancher les câbles: Mario les aura tous fait fondre avant la fin de la semaine.
La prochaine fois que mon kid me rebat les oreilles avec la prétendue science perdue des anciens Égyptiens, je lui parlerai des récents scans qui révèlent la pourriture de leurs dents, due à leur passion pour le sucre. S'ils n'ont pu inventer la brosse à dents, ça m'étonnerait qu'ils aient su le secret du nucléaire.
Depuis Augustin, qui prenait rarement le temps de se reziper, la question fait rage de savoir ce qui vaincra, de la chair ou de l'esprit. C'est pourquoi Grégoire VII a eu la brillante idée d'exiger le célibat des prêtres. Mais n'est-ce pas là un faux débat, une prémisse sophistique malsaine? On bande autant de la tête que du mandrin, me semble-t-il, et on jouit d'une image avant de frémir au contact. Prétendre qu'il y a opposition entre la chair et l'esprit, n'est-ce pas entraîner l'homme dans une guerre sans fin avec lui-même?
ange

Conçu un modèle de blog pour ma petite soeur. Collé une angelote dessus, son portrait tout craché à cet âge.



Avec K, on revisionne The Godfather en finissant la bière à petites gorgées prudentes.
Sans nouvelles de Mario depuis qu'il s'est transplanté chez sa mère. Je parie qu'elle lui interdit de jouer avec moi, pour cause de mauvaise influence. Après tout, il n'a que 51 ans.

9.8.02

K s'est chargé de la tambouille: frites, saucisses piquantes et oignons frits. Il m'en a décrit l'odeur (la coco m'a détruit les senteuses), je lui en ai décrit le goût (il engloutit tout si vite que ses papilles n'ont pas une chance). On a bâfré comme des chancres.
Justine la démone est débarquée avec une 24, que le bon Dieu la bénisse, que le diable la chérisse.
Si, quand je parle, le monde me comprenait moitié aussi bien que Kevin quand je ne dis rien, what a wonderful world this would be. Nous anticipons nos réflexions, lisons nos pensées de droite à gauche et de bas en haut et de long en large avec une clarté déroutante.
Pour démarrer (ou se marrer): on fournira le Viagra gratis, à hauteur de six doses par mois, aux fonctionnaires de l'Union Européenne qui ne fonctionnent pas. Pendant ce temps, un gros astéroïde s'approche de la Terre...

8.8.02

Ce ciel cognac m'inspire une poésie brute et sale comme une soie grège.
Entendu Jauni Halliday sérénader l'équipe nationale de foot: «La France est debout!» et, plus loin, «La France est à vos pieds!» Fatalement, on imagine un peuple de lilliputiens.



Ce qui me fait penser: faudra que je songe à demander à Lilli Gulliver si son pseudonyme était conçu pour évoquer Lilliput.
Il me vient à l'esprit que si j'obtiens cette bourse, je pourrais offrir un cours de barman à fiston. Un barman peut se débrouiller partout sur la planète, les pays islamiques mis à part. Surtout s'il ne boit pas, comme c'est son cas. Et puis, un barman dans la famille, ça serait sacrément utile. Je lui ai mis l'idée en tête il y a deux ans, et elle semble avoir fait son chemin. Ça n'a pas nui que je demande à Guillaume Vigneault de lui parler du métier. Le fric coule à flots, les heures sont bonnes, les gonzesses déboulent et on apprend un tas de choses si on sait voir et écouter...
Rêve: je marche dans la lande brumeuse avec ma canne, mon chapeau, mon chien Verlaine et un manteau de cuir chevelu.

7.8.02

Le métier des lettres est tout de même le seul où l'on puisse, sans ridicule, ne pas gagner d'argent.



Jules Renard



Pour tout dire, c'est même assez mal vu.

Kevin m'a raconté comment, dans le temps, il allait pêcher son souper sur le bord de la falaise, après l'école...



6.8.02

Kevin en chemin avec le dessein de mijoter son célèbre ragoût de maquereau. On va se faire un festin de pimps!
Visite de monsieur mon fils. Magnifique, mais toujours persuadé que les Japonais disposent de bases lunaires secrètes. Les silences flottent de plus en plus pesamment entre nous. Je n'ose rien suggérer, tout à la joie de le voir.
Québec Amérique, mon ancien éditeur, m'avise de son intention de pilonner Avoir 17 ans, un recueil de nouvelles collectif sur ce thème suggéré par Rimbaud. On m'offre de racheter les 109 exemplaires restants à 1$ pièce. On m'assure aussi que le calcul de mes derniers droits sera arrêté au 31 décembre. Des droits que tous les auteurs avaient d'emblée cédés à Amnistie Internationale. Il y a des prisonniers politiques qui n'en mènent sûrement pas large s'ils attendent après ce fric-là pour améliorer leur sort.
57e anniversaire d'Hiroshima. Festival de la fierté d'Enola Gay.



Chute subite de température. Bunker frisquet comme un chalet au bord du lac en automne.

5.8.02

Toute la journée sous le signe de la tératologie: converti la nouvelle monstrueuse de Justine en Word RTF avant de l'envoyer à la revue avec un mot d'introduction. L'histoire est tellement hot que c'est un peu criminel de me la donner à lire par un temps pareil.
Mission accomplie. J'ai gardé ça court, vu que les chaleurs d'août ne font rien pour ma paresse. Puis, je suis descendu chez XYZ pour imprimer la chose, me faisant fondre un peu de suif par la même occasion. Au retour, j'ai réalisé en relisant la lettre de Moebius que la directrice du numéro préférait recevoir le texte par courriel. Je suis un dinosaure.



Ai rapporté le Tom Wolfe à la bibliothèque sans en achever la lecture. Traduction urticante. Ai opté pour Entre la sainteté et le terrorisme, de VLB, sur suggestion de Pastis dans mon Forum. Espère y trouver un chouette exergue pour ce Journal.



Le Parc était quasiment désert, malgré la touffeur crevante comme semblent l'aimer tant de bronzeurs d'ordinaire.

Aujourd'hui, je m'attelle à mon texte de commande sur les monstres, pour Moebius. Me suis fouillé comme un gestapiste, à la recherche d'une idée. Ma conception du monstrueux est assez floue. Suis pas même sûr que ça existe. Enfin, juste avant de fermer l'oeil, j'ai mis le doigt sur quelque chose.

4.8.02

Calgary se trouve bien dans l'axe du Texas? Il y est tombé hier plus de 5 cm de neige. De quoi inciter doublevé à réviser sa position sur le Protocole de Kyoto.

3.8.02

Viens d'apprendre qu'Étienne équivaut à Steven en anglais, ce qui l'assimile à Stéphane. Me coucherai moins ignorant.
Tel Thor avec son mjolnir, je frappe mon lit du plat de ma canne, et un, deux, trois nuages de poussière s'en expriment. Annie avait raison: c'est foutrement crasseux, chez moi.
Claude et Sarah songent à engendrer. Ce sera le plus beau petit Juif depuis Jésus-Christ!
Dans ma première circulaire aux abonnés, je propose l'élaboration collective d'un livre de témoignages sur les profs qui se distinguent dans notre mémoire. Jusqu'à maintenant, deux réponses sur trois me racontent des histoires d'horreur. Pas précisément ce que j'avais en tête, mais troublant.



Dormi seize heures comme une souche de chêne. Obligé de m'assoupir durant une visite du petit, c'est tout dire. Il m'a rapporté la gourmette de grand-père que je lui ai offerte à son anniversaire, histoire de la mettre à l'abri: la rue n'est pas l'endroit idéal pour conserver un bijou précieux.



Kevin nous a offert un souper de PFK, puis s'est mis à podorythmer du folklore. En partant, il m'a bordé.



Auparavant, me suis fait heurter par un vélo. Péroné miserere. La routine.



2.8.02

L'enflée vessie smoggeuse, le plafond montréalais gorgé de flotte impatiente, l'écluse urgée de rompre, enfin, la céleste Grande Jument Laurentienne nous perd plus tard que tôt ses eaux en pleine gueule, et comme c'est un spectacle glorieux, cette nuit beige et rousse qui semble nous photographier au flash en pissant fort sur le pavé, comme mes fleurs agonisantes doivent boire avec férocité, comme la tempête se prête au coeur lascif de ce pays peuplé de pertes, qui conserve la mémoire physique d'un temps avant cet âge frileux!



L'humeur acide d'un ciel qui gronde s'engouffre avec violence par ma croisée béante, mouille la moitié du plancher jusqu'à mon établi, et je laisse faire, trempant mes bas. Justine m'a traité hier de conciliant, et ça m'a assez plu, et je m'en voudrais de la décevoir, mais plus encore je me plais en personne patiente, impénitent Protée que je demeure. En outre, je suis depuis lontemps d'avis qu'on obtient le meilleur du monde en l'attendant de lui, et que ça vaut pour le pire aussi.
Enfin une nouvelle encourageante! Le FBI harcèle les 37 membres des Senate and House intelligence committees afin de découvrir la source de fuites insignifiantes. Or, ces législateurs, à qui l'on est allé jusqu'à demander de se soumettre au polygraphe, ne semblent pas apprécier qu'une agence qu'ils supervisent les traite comme des criminels. Cette nouvelle, je vais dormir dessus, glissée sous mes deux oreilles. Le FBI n'est qu'un gros orgueilleux raton-laveur impuissant pris au piège de sa structurelle sottise qui se ronge la patte pour en sortir, quitte à y laisser tout son sang. Écoeurer congressistes et sénateurs! Go go go, G-Boys. J'appuie votre oeuvre de tout mon coeur. Quoi de mieux que congressistes et sénateurs goûtant un peu de leur médecine avant de la distribuer? On a des chances qu'ils l'adoucissent.
Grimpant l'escalier de fer chez Mario hier, j'ai trouvé une touche de clavier Macintosh sur la huitième marche. La touche esc. J'ai attendu pour la lui donner que sa voisine ait fini de le féliciter pour son inspirante évasion de ce trou à rats.
Capturé une bibitte à patates. L'ai soigneusement transportée dehors. Quand on songe à ce que je fais subir aux scarabées et aux papillons bruns, ça soulève la question des avantages de la beauté subjective. Et la question de Dieu, tant qu'à y être, lequel, pour autant qu'on en puisse juger, fait la même chose avec nous, et pour les mêmes raisons.
Le prof Jean-Louis Lessard, du CÉGEP de Baie-Comeau, a créé un site enrichissant, synthétique et d'agréable navigation sur la littérature québécoise. Le genre d'adresse qui justifie la prétention du Net à instruire. Or, le parcourant, je suis tombé sur un extrait de Vautour, suivi d'un court questionnaire destiné à la préparation des étudiants, genre analyse de texte, mais intelligent, ouvert, sans choix de réponses. Comment pourrions-nous décrire sa situation, si nous considérons les paragraphes 3, 4 et 7? Où Mistral puise-t-il son inspiration pour écrire ses oeuvres? Mistral est un écrivain moderne. C'est ce qu'il explique à Vautour. Où se trouve la modernité? J'ai essayé de répondre. J'aime les examens. Celui-là, cependant, ça ne m'étonnerait guère que je l'aie lamentablement coulé...

1.8.02

Échange de courriels:



Marie-Josée: «Et toi, comment vas-tu? Je comprends que tu dois avoir très chaud, même ici c'est quasi insupportable, j'imagine à Mtl.»



Moi: «Je suis, donc je sue.»



Elle: «Je pense, donc je pue.»



Moi: «Je sue, donc j'essuie!»



À suivre.
Bon, s'cusez, j'ai été interrompu par une fausse alerte au feu. Cent appartements dans cette boîte, et on était à peine six à descendre. C'est un nouveau système qu'ils ont testé comme on crie au loup, quotidiennement durant un mois, si bien que (presque) plus personne n'y croit.



En bas, une fois la crise résorbée, on attendait l'ascenseur pour remonter quand un grand échalas flanqué d'une petite conne sont passés devant nous, lui nous conseillant de prendre l'escalier, elle ajoutant quelque chose sur les croûlants qui n'utilisent plus leurs jambes, sur quoi je lui ai décoché un sévère pied au cul qui m'a rappelé ma saison de rugby au Séminaire, elle a levé de terre, et voilà, j'étais bien tranquille chez moi, me mêlant de mes affaires, et me voici redevenu batteur de femme!



Et pédagogue, préciserai-je à ma décharge.



Mario m'a appelé, contrôlant sa panique (ce grésillement autour du coeur): «Les déménageurs sont pas là! Peux-tu venir? J'ai entassé une moitié de mes affaires devant le building et l'autre moitié derrière! Je fournis pas à surveiller les deux!»



D'emblée, d'expérience, j'ai renoncé à questionner sa stratégie. Ma compagnie de téléphone facture à la minute arrondie au cube.



«Si tu viens, s'est-il senti obligé d'ajouter, je paie la bière. On s'asseoit dans les escaliers et on boit de la bière...»



Misère! Mario, comme tu sais m'enrager.



Pris mon sweet time, plus pour me calmer que pour le punir. En arrivant une heure et demie plus tard, je l'ai engueulé un bon coup, lui ai redit qu'il méritait l'amitié de ses amis, qu'en proposant de les acheter il les faisait se sentir aussi cheap que lui, et il a recompris, parce qu'il le sait déjà, c'est juste plus fort que lui, puis on s'est tombé dans les bras et on s'est bien marré tout le délirant restant de l'après-midi. On a usé nos cellulaires en appels à Hull, qui s'appelle maintenant Gatineau, pour trouver le numéro de l'hôtel Delta, qui s'appelle maintenant Dieu sait quoi. Son fils travaille là, croit-il savoir, et à l'heure où Mario retourne chez sa mère, ça lui aurait fait du bien d'être père l'espace d'un court interurb...







Dieu n'est pas là et Homer est son prophète.
Selon un jury d'honnêtes gens, Jean-Pierre Lizotte s'est massacré tout seul au Shed Café en 1999. Il est mort alors, mais c'est bien aujourd'hui qu'on l'enterre, creux, plus creux que ça, profondément. Le policier Giovanni Stante n'a commis ni homicide involontaire, ni voies de fait, ni voies de fait ayant causé des lésions. Le sans-abri est arrivé au Shed en se crossant, avec tant d'enthousiasme qu'il s'est rompu les vertèbres et a succombé à ses blessures 41 jours plus tard.



La masturbation rend sourd. La mort aussi.
Caméras parlantes anti-balles dans les ruelles de Los Angeles: «Stop! This is the LAPD. We have just taken your photograph. We will use this photograph to prosecute you. Leave now...»
Beaucoup de bruit aujourd'hui autour du prétendu enlèvement d'un enfant par son père. Il ne l'a pas ramené à l'heure chez la reine abeille et SCHLOMP! Tout un Québec dysfonctionnel délateur lui tombe sur le râble, des flics aux média en passant par les psys et les simples, très simples citoyens, dont cette honnête moucharde qui l'a suivi de Saint-Hyacinthe à Montréal où il est tombé dans les filets porcins.



Beaucoup de bruit, choeur unanime, et personne pour questionner le concept même d'enlèvement. Car enfin, à qui appartiennent ces enfants? Selon que ça nous arrange, ils appartiennent soit à personne, soit à eux-mêmes, soit aux parents, soit à l'État. Dans les faits, un père ne peut être décemment accusé de rapt que si la progéniture des peuples est propriété collective, ou de l'individu mère. Putain, ça prendra encore une ou deux générations, mais attendons-nous à ce que les mecs dégénèrent.



On a un droit d'auteur sur nos enfants. L'État, bas les pattes! Un gosse, à l'origine, est le plus souvent le fruit d'une idée, d'une vision, d'une intention conjointe de ses parents. On a le libre-arbitre, supposément, en occident, on est maître de son corps et des fonctions reproductives. On fabrique un enfant pour qu'il donne un sens à notre vie, pas pour fournir au pays un payeur de taxes supplémentaire, pas pour sauver la langue française, pas pour contribuer la viande de sa viande à un futur orphelinisé par la force et l'ignorance et l'aveuglement et la lâcheté et la terreur latente.



On verra bien si les gars ne domineront pas leur instinct de reproduction quand ils auront intégré l'évidence qu'on attend d'eux qu'ils continuent de nourrir une nichée invisible, insensible, retranchée de leur substance et de leur héritage.



Soit dit en passant (pour parler comme Mario), s'il vous arrive de kidnapper votre kid, évitez d'utiliser votre téléphone cellulaire.
Beau mot du jour: Protogine (Petit [Paul] Robert: n.m. ou f. Granite contenant du chlorite, qu'on rencontre dans le massif du Mont-Blanc). Comme dans: «Je graverai mon épitaphe sur une massive dalle de protogine avec la pointe de ma Mont-Blanc!»
Une fois conduit à la guerre, un peuple oubliera jusqu'à l'existence de la tolérance... l'esprit de brutalité impitoyable s'emparera de chaque fibre de notre nation.



Woodrow Wilson, 1916
Attachez vos tuques avec de la broche: je sens que ça va être une grosse journée!



Soirée effoiré avec Kevin et Mario. Pour ce dernier, trouvé deux nouveaux anthroponymes à ajouter au Lexique: tontine et macfarlane. Ainsi donc, échoués comme trois baleines sur une plage de Cape Cod, on s'est euthanasiés au vin et à la bière, sauf Mario qui a tenu parole, résistant aux quolibets de Kevin qui le traitait d'abstème. K veut finir de repeindre le Bunker ce week-end: il est tellement zombifié par son travail d'été qu'il pourrait le faire dans son sommeil. Dommage qu'il ne puisse le faire dans le mien.



Solide, qu'on a stagné, mais Kevin en a quand même profité pour corriger son addendum à LIBER, attendu qu'il n'était qu'à moitié soûl, soit moitié moins que l'avant-veille lorsqu'il l'a publié.



Quant à Justine, dès que j'ai confirmé qu'il me serait agréable de la voir, elle s'est sentie mieux et, en conséquence, n'a pas eu besoin de venir. Allez y comprendre quelque chose.

31.7.02

B est passé, straight de l'école de soudure (après avoir réalisé sa première sculpture, un indien en érection, intitulée En rut vers la gloire!: le prof a décidé d'en faire la mascotte de la classe). Il prend l'avion ce soir pour Maliotenam, où l'on attend impatiemment ses talents d'artificier combinés à sa suicidaire absence de souci pour sa sécurité personnelle. Il va leur faire un feu du feu de Dieu!



Mario guette nerveusement l'horloge, histoire de ne pas louper son rancard avec ses deux costauds déménageurs (attendus demain entre midi et trois heures). Mes voisins de part et d'autre ont filé: hâte de voir sur quoi je vais tomber pour les remplacer. Deux d'un coup, c'est plus forçant à intimider.



Justine, tristounette, a demandé à venir faire un tour pour recharger ses batteries.



Remis à Vanasse le manuscrit retrouvé de Fange et Furie, mes poèmes de jeunesse; les relisant, j'hésite entre la haine et la détestation, mais je fais un bien mauvais juge en la matière. Quoi qu'il en soit, la collection Phrases détachées a été créée par XYZ pour accueillir Fatalis, le long poème que j'avais généré en état de grâce en testant ma nouvelle machine à écrire électrique...
Le fermier bolivien qui remplace la culture de la coca par celle du café ou de la banane voit son déjà maigre revenu amputé de 90%. Le marché de la banane est à la baisse. Je dis: laissons ce pauvre fermier revenir à sa culture d'élection et encourageons-le en consommant sa production! Peut-être aussi serait-il sain d'envisager la création de coopératives Coke équitable sur le modèle de celles qui canalisent l'exportation du café à juste prix.
Je fais ce qu'on pourrait qualifier d'esprit d'escalier par anticipation. Tout ce qu'on aurait dû faire, accomplir, réaliser, et auquel on songe le soir venu, trop tard, en gravissant l'escalier de chez soi. Sauf que moi j'y pense maintenant, avant. Et qu'en imagination, je ne monte pas l'escalier, je le descends, et c'est un escalier roulant vers les entrailles de l'existence naturelle, quelque purgatoire gris.

30.7.02

Depuis deux, trois jours, à tout propos, j'éprouve un satané vilain frisson le long de l'échine à l'idée de choses râpeuses comme des langues de chat ou des ongles qui crissent sur un tableau noir ou un pied de rhubarbe frotté sur les palettes du bas. C'est-y normal, docteur?
Mario arrive en jurant ses grands dieux qu'on ne l'y reprendra plus à boire. À croire qu'il y a un écho dans le Bunker.



La tabatière ressemble à la rivière Chaudière au mois d'août. On tire sur la même cigarette à petites bouffées précieuses.



Je mène une vie de sybarite, le luxe et le raffinement en moins.

Serait-ce si grave si je n'écrivais rien aujourd'hui? Oups! Trop tard.

29.7.02

Travail d'écriture ralenti par la nécessité d'écraser les papillons attirés par l'écran cathodique, semant ici et là de gras petits pâtés sanguinolents.



Déguste de grands verres d'eau glacée aromatisée à la menthe fraîche. La classe.
Marie-Josée m'a apporté de la rhubarbe: méchant flashback acidulé au jardin de grand-mère, ce temps de sucre blanc dans un godet d'aluminium...



Elle m'a aussi composé un bouquet de menthe sauvage, thym en fleurs et ciboulette. Des effluves dont le Bunker a bien besoin.
38 degrés à l'ombre. Faut-il s'étonner qu'on n'ait jamais découvert grand chose en Afrique? Que le Sud ait perdu la Guerre Civile? Fait trop chaud! J'ai fermé les rideaux pour m'isoler au frais, mais à travers l'épais tissu j'entends briller le soleil.



N'empêche, la météo, c'est bien pratique pour dépanner l'inspiration.

28.7.02

Les gens d'argent états-uniens, ceux qui en ont, ceux qui en veulent, ceux qui en veulent plus, tous ces obèses ignares sentent la vichyssoise chaude, s'égaillent comme des poulets décapités, pratiquent la pensée magique du désespoir. C'est beau à voir... Pour ma part, à supposer que je fasse bien attention, des efforts sans faille, que j'exerce une vigilance de tous les instants, j'ai confiance de réussir à ne pas devenir millionnaire. Jusqu'à maintenant, je ne me suis pas trop mal débrouillé.





Sophie Chiasson jpg


J'ai un brûlant crush adolescent sur Sophie Chiasson, Miss Météomédia. Vague de chaleur, mais rien d'accablant; humidex à la hausse.
Le pape homélise sous la pluie à Toronto. Je donnerais cher pour que ça me fasse quelque chose. Souvenir de mon émotion à l'annonce du décès de Paul VI: courant au-dehors, traversant le petit pont en criant pour avertir ma mère en promenade sur l'île: «Le pape est mort! Le pape est mort!»



Songé à détacher ce Journal d'Origines pour en faire au bout d'un an le quatrième tome de Vortex Violet: VACUUM!



Perplexe: mes fleurs dépérissent à fond de train. Peut-être cela a-t-il à voir avec l'habitude du voisin du dessus de laver son balcon à grands jets d'eau javellisée avant de domper le surplus chez moi?



27.7.02

Me suis esquivé à l'entracte. Remarquez, c'était réussi, dans le genre Kids in the hall. La tragi-comédie commençait à l'entrée, ou un type équipé de nichons impossibles à dissimuler s'efforçait d'écouler des t-shirts du Repercussion Theatre.
JF a découvert qu'on ne peut inscrire Boîte à bijoux au festival de la chanson de Granby parce que j'ai "atteint la notoriété". Ah, n'avoir rien fait de ma vie, ou l'avoir fait dans l'ombre, je sais pas, moi, quelque chose...



Bientôt, je vais prendre une de nos tounes et une caisse de 24 et JF va m'enregistrer en train d'essayer de chanter.
J'entends d'ici maman se marrer tristement: je n'ai jamais été insouciant.



Mario est passé. On a convenu d'aller voir Shakespeare in the park ce soir. Tout Willie en trois heures. Ou c'est abrégé, ou les acteurs parlent très vite.



Rêve de rapports honteux avec des créatures interdites. Succulent. Décadent. Ennuyant.



Les poils blancs drus de ma barbe me narguent crûment, me rappellent chaque matin davantage et sans la moindre compassion que je ne travaille pas assez, ni assez sérieusement. On a beau négliger le temps qui passe, lui ne risque pas de nous oublier. Inlassable, il s'occupe activement de notre pomme, la repeint, l'actualise, la met à jour comme une page web, un palimpseste d'où l'on aurait gratté la jeunesse et l'insouciance.

26.7.02

Ce vieux Mario, venu chercher du tabac, s'est endormi sur le sofa, ses lunettes dans le poing.



Marie Trintignant est magnifique. Je ne devrais pourtant pas être fou de ce visage, ces méplats accusés, ces yeux de biche blessée, ces os d'oiseau fragile. Mais elle n'a pas l'air du genre à écouter tous vos secrets pour vous les renvoyer à la face quand ça l'arrange. Autant dire qu'elle n'a pas l'air d'une femme.
Retour de chez JF. Monté à pied avec Kevin, revenu de même solo, un peu moins pauvre, un peu plus endetté.



Installé un bidule pour constituer une liste d'abonnements à une circulaire (pour newsletter) qui n'existe pas encore, mais qui servira à informer mes lecteurs privilégiés de mes apparitions, publications, inspirations, arrestations, etc...
Le traumatisme humain primordial: se situer dans l'orchestre cosmique, entendre la musique des sphères. Où suis-je? Depuis quand? Pour combien de temps? Quel jour, quelle heure sommes-nous?
Kevin dort dur. A passé la soirée à se fâcher contre lui-même parce qu'il cherche ses mots et se sent une patate chaude dans la bouche. Un sentiment que j'éprouve à l'année longue.

25.7.02

Appelé Bertrand. Son père a répondu. D'ordinaire, je confonds leurs voix. Pas cette fois. Le Big C fait sa méchante oeuvre. Tout de même, Monsieur S a puissamment apostrophé son fils au sous-sol pour l'enjoindre de décrocher l'autre combiné: Bertrand assure que la chimio lui fait du bien.
Quand les premiers jihadistes de Mahomet sont arrivés à Alexandrie, ils ont ordonné la destruction de tous les livres contenus dans la Grande Bibliothèque qui s'opposaient à l'Islam.



Cela fait, ils ont derechef décidé qu'on brûlerait aussi tous ceux qui l'appuyaient. Ils n'étaient pas nécessaires.

24.7.02

Suis monté admirer les feux d'artifice français sur le balcon de CGDR. Ce vieux dharma bum sait recevoir. Tout en savourant le sucre à la crème de sa sainte femme de mère, on écarquillait les yeux au spectacle des pyrogerbes tonnantes et triomphantes dans le ciel enfumé de Montréal, un ciel de lune gravide et d'avions clignotants. Pour la circonstance, j'ai étrenné l'horrible chemise de soie multicolore dont Kevin m'a fait cadeau.
Mario a trouvé six verres à vin dans les poubelles et m'en a donné trois. Pas de danger qu'il trouverait du vin.
J'ai failli buter dedans: un putain de gros scarabée, de la taille de mon zippo, au beau milieu de la chambre, se chauffant au soleil! J'ai regardé alentour, j'ai aperçu Un homme, un vrai (le dernier Tom Wolfe: 800 pages) et CRUNCH! Un ex-scarabée. J'ai ramassé ce qui restait avec le papier-cul rugueux de la bibliothèque.



Je serai pas sorti pour rien.
Passé à la bibliothèque. En ai rapporté le dernier Tom Wolfe et du papier de toilette.
Em m'envoie un jeu rigolo: il s'agit de la prétendue formule de George Lucas pour élaborer les noms des personnages qui peuplent Star Wars. En gros, pour le prénom, vous prenez les 3 premières lettres de votre patronyme et vous y ajoutez les deux premières lettres de votre prénom. Quant au "nom de famille", il requiert les deux premières lettres du nom de jeune fille de votre mère auxquelles on accolle les 3 premières lettres du nom de votre ville de naissance. Plus compliqué que le film, mais très amusant, parole de Misch Bomon.
Mario m'a demandé de lui expliquer le raisonnement derrière le crime de guerre commis hier par Israël, soit le largage d'un missile en plein Gaza, l'un des lieux les plus densément peuplés du monde, pour buter un dirigeant du Hamas et des tas de gamins du même souffle, juste quand la paix pointait son nez. Il insistait: pourquoi? Je suis resté coi. Une fois n'est pas coutume.



23.7.02

Claude André me propose un démo d'émission littéraire.



Me suis résolu à retourner voir du côté de la solidarité sociale. Peux guère continuer à laisser Kevin se saigner aux quatre veines tandis que j'attends une bourse qui n'arrivera peut-être pas.



Au retour, croisé Marcel dans le parc, princier sur son nouveau vélo. La cinquantaine, cheveux courts argentés, en meilleure forme que moi. L'ai connu en barman dans le temps. Avait lu mes livres, les savait mieux que moi-même. A dû changer de métier quand la bête du jeu l'a piqué: tous ses pourboires passaient dans la machine à sous. S'est reconverti dans l'informatique et l'art de vivre. Marie-Josée, qui l'a connu il y a trente ans, disait que c'était le plus bel homme qu'elle ait jamais vu, avec une crinière digne d'Absalon.
Pas grand-chose dans le cigare. Sombre dans une stupeur aigre-douce.
Prépare des spaghettini pour Mario tandis qu'il télécharge des Gymnopédies d'Érik Satie.



Me semble soudain que si j'écris peu ces temps-ci, c'est que je prête moins attention à ce qui se passe et se dit autour de moi. Fatalement, la veine s'épuise.
L'autre soir, Simard me demande comment ça se fait que je ne gagne pas autant de pognon que Marie Laberge. Il trouve que je vis dans des conditions lamentables. Je lui réponds par une autre question: toi qui es maçon, serais-tu capable d'ériger un mur avec des briques disjointes et du ciment qui bave, en supposant que ça rapporte plus? «Je saurais même pas comment!» convient-il avec un haussement d'épaules. Eh bien voilà. Moi non plus.

22.7.02

Jour après jour après longueur de jour, vivre l'immense vie que j'ai en tête, allongé sur le lit... Malaxer d'impensables flashes, des cailloux dans le crâne comme dans l'estomac d'un dinosaure, pour faciliter la digestion. Le temps fuit, le temps file, et tu le regardes faire sans lever l'auriculaire.



Mes lecteurs sont en congé. Les chiffres baissent. Je ne pensais pas être si populaire auprès des travailleurs de la construction.
Le juge Jean-Guy Boilard vient de se retirer du procès des 17 Hell's Angels après quinze semaines de procédures. Les gars doivent sacrer: le nouveau Palais de Justice adjacent à la prison est sûrement climatisé, ce qui n'est pas le cas de Bordeaux. Chaleur accablante.
L'interprète qui poussait ma chanson à Granby a fait chou blanc. On remet boîte à bijoux dans le coffre aux trésors.



En même temps qu'une provision de bière, Justine m'a apporté un clavier tout neuf, net, sec et nerveux.

21.7.02

Debout les damnés de la terre!



Lever à 14:00. Tout rentre tranquillement dans l'ordre. Si je peux ranimer mon enthousiasme pour cette machine et ses possibilités, je gagnerai encore quelques heures.

20.7.02

Day for night et night for day. Deux jours que je me lève pile à 17 heures. Hier soir, je suis resté rivé devant l'émission de Daniel Pinard jusqu'à ce qu'il me livre le secret du poulet du Général Tao. Un péché mignon que je partage avec Angel Forrest. Pour mémoire, les ingrédients sont: 1/2 t. d'eau, 1/2 t. de vinaigre, 1/2 t. de sucre blanc, du soja, du ketchup, 1 cuillerée à soupe de fécule dans 1/2 t. de flotte froide, des légumes, du riz, de l'huile, de l'ail et du suprême de poulet trempé dans fécule/oeuf/chapelure.



J'ai marié tout ça et au moment où j'allais consommer l'union, Steve est arrivé, m'amenant Marc Simard! Venu d'Hamilton, Ontario, en route pour le lac Saint-Jean, il profitait des vacances de la construction pour nous visiter et présenter sa blonde, une chouette anglo d'ascendance germano-polonaise. Ils pensaient dormir dans leur camion, mais bien sûr c'était hors de question et on a gonflé leur matelas de camping dans mon salon. Pour rien, finalement: Marc avait fait le plein et on a blanchi le coin du bureau en même temps que la nuit. Pas mangé non plus, ça va sans dire. Mon général Tao est resté au garde-à-vous dans le frigo jusqu'à cet après-midi.

19.7.02

Em est venue souper hier. J'étais si ému que Mario a dû s'occuper des pâtes. C'est le début d'un temps nouveau!
Annie m'a donné un coup de main: on était deux à planter nos ordinateurs sur cette saloperie de bogue. En définitive, on dirait bien que les choses se sont arrangées toutes seules. We're back in business, people!

17.7.02

Problème majeur avec Blogger. «Thank you, come again!»
Mario venu bidouiller davantage. J'effectue quelques recherches sur mon grand-oncle Raoul Roy, inventeur du terme indépendantiste.



Rien ne se perd, rien ne se crée, rien ne se passe.
Éric sonne à minuit. J'ouvre, le découvre manchot. «Keskia?» je crie, affolé. «Je suis juste venu te rassurer!» qu'il rigole, ce grand con, et il me montre l'attelle dissimulée sous son chandail.

16.7.02

Avec Kevin, on a posé les boutons de portes dans la cuisine, vilbrequinant à tour de rôle.



Bertrand passe faire un tour. Son père est au plus mal. Mon vieux pote se change les idées avec la femme d'un gardien de prison.



-T'es fou?

-Elle est superbe, kestu veux que je fasse?

-Je veux que tu fasses attention...
Mario sort, Éric arrive. «Comment va?» m'enquis-je. «Pas mal. Je m'en vas à l'Urgence...»



-Comment ça?

-Ben, j'me suis cassé l'épaule à vélo!

-Qu'est-ce que tu fais ici?

-J'suis venu te dire bonjour, quelle question!



Mario a travaillé sur Anthroponymes tandis que je m'offrais un gros roupillon cochon. Il écume Google et ajoute des liens vers les personnages historiques.



Ce matin, à Jeunesse au Soleil, ils lui ont donné trois canettes de fixatif à cheveux. Ne restait plus de pain. Fais-toi beau et trouve-toi du boulot!



Il a décidé de retourner chez sa mère. Dans la chambre du chat, plus vaste que la sienne. Là, il pourra écrire sans passer ses journées à courir pour s'assurer une maigre subsistance, tout en aidant sa maman.



Un peu plus tôt, je suis allé me balancer paresseusement sur l'une des grandes escarpolettes du Parc, observant le manège d'un jeune et brun footballeur qui s'entraînait à contrôler le ballon entre les cônes orange qui balisent les travaux de voirie.



Bon, voici Kevin. Bunker et gare centrale.

J'apprends qu'à trente-sept ans, huit mois et des poussières, j'ai très exactement l'âge médian canadien tel qu'établi par les dernières données démographiques, soit la ligne de démarcation précise entre le nombre des plus jeunes et celui des plus vieux. It's all downhill from here.
Le programme Tips de doublevé Bush se propose d'enrôler 4% des États-Uniens pour espionner leurs concitoyens. Qui s'ennuyait de la Stasi? Levez la main!

15.7.02

L'affûteur de lames en tous genres passe dans la ruelle en agitant sa cloche. Me manque la litanie du marchand de fruits et légumes. «Deeees navets des patates des carottes des bananes des fraaaises!»
Pas un jour ne passe sans que Bush le liberticide ne me fasse invoquer les mânes de Booth et de Ravaillac.
Enfin déniché Hell's Angels de Hunter Thompson, le livre pour lequel on le laissa pour mort dans un fossé après qu'il eut refusé d'en partager les droits d'auteur avec les éponymes. Indescriptible, la joie de tomber sur un titre longtemps cherché en vain!



M'engageant dans le Parc, je flaire un relent de chlore et de chair fraîche: ce sont des mioches qui barbotent et pataugent dans le bassin de béton, et je songe que l'ogre omnivore des contes n'était somme toute qu'un pauvre bougre affligé de nostalgie enfantine.



Vais faire un tour à la bibliothèque et une petite partie de chasse à la bière.
Depuis mon balcon, je m'efforce de distinguer à travers les branches chargées de feuilles la maison où je suis né, là en-bas sur la rue Fabre, et je songe à tous les endroits où je suis allé en ce monde pour revenir vivre ici.

14.7.02

Fini ma seconde digestion des 900 pages de Centennial, par James Michener. La première remonte à plus de vingt ans. Ce qui me remet en mémoire une promesse faite à moi-même à cette époque, soit relire tout le cycle zolien des Rougon-Macquart, vingt volumes, lorsque j'arriverais à mon âge actuel.
Pour autant que je puisse en juger, mon nouveau voisin est un luron gai pourtant fichu comme l'as de pique, à la voix aigrelette et dont la sonnerie de cellulaire imite l'air de L'amour est enfant de bohème.



Vous connaissez celle sur Bizet? Comment il aurait été condamné à trente jours de prison pour avoir voulu introduire un balai dans l'ouverture de Carmen?
Yousuf Karsh est mort hier dans un hosto de Boston. Des suites d'une opération, mais bon, il avait 93 ans et demi. Quand on est très vieux, les et demi, ça compte autant que lorsqu'on est très petit. Fuyant l'Arménie déchirée, il est venu au Canada en 1924, a étudié la photographie et est devenu le plus célèbre portraitiste du monde avec un cliché de Churchill réalisé en 1941. Peu de temps auparavant, il avait croqué ma grand-mère dans toute sa jeune splendeur, et ce portrait est toujours accroché dans sa chambre. Elle a 90 ans et demi.



Ceci est un portrait d'Ernest Hemingway par Yousuf Karsh. Requiescat in pace.

hemingway.jpg




Ce vieux K est tombé d'épuisement sur le divan. Lui ai retiré godasses et lunettes. Toute la soirée, on filait l'un et l'autre assez mal, ou enfin pas trop bien, je ne digérais pas ma salade de thon et il a besoin d'un jour entier sans rien à faire, quoi qu'il en soit on s'est contentés d'être ensemble sans échanger plus de paroles qu'absolument nécessaire.

13.7.02

Ici, j'avais écrit quelque chose de méchant parce que j'étais en colère, et puis je l'ai enlevé.