GUILLAUME DECAMME
Agence France-Presse
Washington
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Adepte d'une écriture limpide, ennemi de la pédanterie, Elmore Leonard, pilier du roman noir américain et inspirateur du Jackie Brown de Quentin Tarantino, est mort mardi à Detroit à l'âge de 87 ans.
«Elmore est décédé ce matin à 07h15 chez lui, entouré de sa famille» après avoir été hospitalisé pour un malaise, rapporte sobrement le site internet qui lui est dédié.
Le front haut, la barbe en pagaille, d'éternelles lunettes chaussées sur le nez, Elmore Leonard confortait bien le cliché de l'intellectuel bosseur, doté d'une connaissance encyclopédique des sujets qu'il traitait.
Dans une interview dont le New York Times se fait l'écho dans sa nécrologie, l'auteur racontait s'être abonné au magazineArizona Highways pour se faire une idée de l'atmosphère qu'il souhaitait dépeindre dans ses westerns, genre qui l'a vu débuter avec sa nouvelle 3:10 to Yuma, adaptée deux fois au cinéma.
Mais c'est grâce au roman noir qu'Elmore Leonard a conquis un lectorat plus large.
Le romancier britannique Martin Amis le présentait comme «un génie littéraire qui écrit des thrillers à lire et à relire».
Ses oeuvres les plus connues se déroulent dans les bas fonds de Miami ou de Detroit, avec pour personnages principaux des policiers, des escrocs et des assassins. Leonard reconnaissait volontiers que ses romans ne «gravitaient pas forcément autour d'une intrigue». «Ils parlent de gens, de pistolets, et de situations désespérées».
Ses romans ont conquis un large public durant plus de cinq décennies et inspiré plusieurs films, dont le western Hombre en 1967, avec Paul Newman, la comédie Get Shorty (1995) avec John Travolta et Danny DeVito, le film Out of Sight (1998) de Steven Soderbergh.
Juste après la sortie de Jackie Brown, inspiré de son roman Rum Punch, Elmore Leonard racontait à Martin Amis la conversation qu'il avait eue avec le réalisateur Quentin Tarantino. Ce dernier était, semble-t-il, terrifié à l'idée de devoir justifier les changements apportés au scénario original: «J'ai dit (à Tarantino): "C'est toi le réalisateur. Fais ce que tu veux"».
Les adverbes, des «péchés mortels»
Plus récemment, Elmore Leonard avait travaillé à adapter deux romans et une nouvelle pour en sortir la série Justified, où un flic de Miami muté dans son Kentucky natal est aux prises avec les rustiques coutumes locales.
Né le 11 octobre 1925 à la Nouvelle-Orléans d'un père cadre chez General Motors, Elmore Leonard a déménagé à plusieurs reprises avec sa famille dans le sud du pays avant de s'installer définitivement à Detroit en 1934.
Baptisé par le New York Times comme le «plus grand auteur de polars vivant», il a d'abord servi dans la Marine, avant d'être diplômé en anglais et en philosophie, et de se marier en 1949. Il était père de cinq enfants.
Il a commencé à travailler dans une agence de publicité, Campbell Ewald, tout en écrivant chez lui plusieurs histoires de westerns, qu'il vendait à différents magazines.
Influencé par l'écrivain Ernest Hemingway, il s'est notamment inspiré de l'histoire des Apaches dans le sud de l'Arizona dans les années 1880.
En 2001, il livre au New York Times un guide dans lequel il prodigue dix règles d'écriture: «Evitez les descriptions détaillées des personnages, des lieux et des objets», «Essayez d'abandonner les passages que les lecteurs ont tendance à sauter» .
Mais son conseil le plus saillant concernait l'usage des adverbes, ces «péchés mortels».
Au moment de sa mort, Elmore Leonard travaillait sur un 46e roman.
2 commentaires:
Souvenir d'une discussion avec des mondains. Sujet : les incontournables de la littérature américaine contemporaine. DeLillo; bla, Roth; blabla, McCarthy; blablabla... La vodka aidant, je mets enfin mon grain de sel : « J'aime bien King et Leonard. » Un ange passe...
Moi, pauvre colon, j'ai qu'un critère pour juger d'un auteur : de la première à la dernière page, ai-je eu envie de sauter des passages ? Avec Leonard, j'ai rarement cet ennui.
Right on!
Merci.
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