11.2.09

L'essence du soul, le sens du vent

Je reviens. Suis sur le chemin du retour. Dans un boxcar avec d'autres clochards, trois boucs reproducteurs en rut qui puent pire que le bullpen de la vieille prison de Trois-Rivières et quelques chroniqueurs populaires cachés derrière une pile de planches, frissonnant tant que leur sueur diffuse l'aigre odeur de la peur et fait concurrence aux parfums lubriques des boucs. Les chroniqueurs se sont trompés de train, de direction, de wagon. Les boucs, non.

Vacuum va changer. Il est temps de passer au tome III.

Je reviens, vais tout vous expliquer, embrasser la Tribu, calfeutrer les fenêtres et pisser sur les braises.

Vais prendre mon sweet time.



Ceci, ce soul de '66, c'est ce que je pense et ce à quoi je suis passé. Je n'expliquerai plus grand-chose ensuite à ceux qui n'auront pas suivi, je ne me désâmerai plus en vain pour instruire les cinglés les sans-coeur les sinistres sacrifiés; ceux qui sauront déjà, cependant, disons, que ces paroles (signées James Dean) ne sont pas ici pour exprimer quelque mien chagrin d'amour romantique parce que je ne m'y prendrais pas comme ça, ceux qui sauteront straight aux significations symboliques aux possibilités sous la surface et ceux qui concevront qu'on peut avoir le coeur brisé comme une volonté ou une enfance ou la paire de lunettes de Burgess Meredith dans l'épisode de Twilight Zone, ceux-là seront sanctifiés s'ils le souhaitent ou damnés c'est selon. comme de coutume ici, quoi, et les autres ne pourront pas suivre le rythme ni le ton, ils démordront, grosso modo c'est la sorte de soupe qui s'en vient en fumant.

12 commentaires:

Gomeux a dit...

Good!
Content de te lire.
Hâte de lire la suite.

Regards.

Mistral a dit...

Ho hohoho stie, que ça fait du bien aux tripes, douze mots de Gomeux, my dear old solid friend...

HhAHH! I'll be damned. I really do feel better now.

Still can't figure why.

I mean, the guy lives waaaaay outside du Plateau, Y joue au hockey pis en plus y est un ami ben tight de McComber. En Californie, y appellent ça three strikes you're out, un euphémisme slang signifiant On va te faire frire les noix. Ici, comme de raison, on en a pas, de lois, ou si peu. But I digress:

gaétan a dit...

En arrière d'la shop y en avait un boxcar parké au boutte d'une track qui servait pu. L'hiver, surtout en décembre pis en janvier, quand y commençait à faire noir à 2 heures et demi, j'enfilais mon coat pis j'allais m'écraser dans un vieux fauteuil du boxcar. S'tie k'j'étais ben. J'en ressortais transformé, convaincu de la futilité de mon travail dans la bonne marche de ce monde qui m'apparaissait si étranger tout à coup et dont mon passage ne pouvait qu'être insignifiant si je continuais de m'accrocher au rôle qu'on m'avait assigné. Me soigne comme je peux. Pour moi un boxcar vaut bien un divan. Avec ou sans conducteur. Content de vous relire.

Mistral a dit...

Awright! GeeBee! Moé c'était que fabulation, mais toé c'est du vrai tramp prose kerouacien!

Me semble que Butch m'a déjà conté une affaire, rapport à une toune qu'il a écrite et il se serait aperçu en sautant dans ou hors d'un train en marche que Jack avait conté des pipes dans un roman parce qu'il paraît que ça fait mal :-)

gaétan a dit...

Sur le train de passagers entre feue gagnonville et port-cartier j'avais 12-13 ans et je revenais d'un tournoi de base-ball. Y avait un nommé Adams, un ostie de poteux aux cheveaux longs :-) qui s'était sauvé de chez-lui et qui n'avait pas payé son ticket. Le conducteur l'avait avisé que les polices l'attendaient à la gare.4-5 milles avant d'arriver la voie ferrée croise la route 138 (la 15 dans l'temps). Pis là on était 2-3 des plus dégourdis de l'équipe avec Adams sur le ''running board'' entre les wagons pis on lui demandait s'il avait peur de se faire pogner par les polices. Adams a fini son top pis y nous a dit : ''Checkez ben ça!'' y a ouvert la porte qui sert à embarquer et descendre du wagon pis comme on approchait de la ''crossing'' y a sauté l'malade. On l'a vu roulé dans l'foin pis dans les aulnes. Nous autres on pensait qu'y s'était estropié. Ben non! On l'a vu se relever pis nous envoyer la main. Nous autres on s'est mis à l'applaudir pis à crier YEAH.....
Cette journée-là j'ai découvert que la vie était pas mal plus intéressante en dehors d'une équipe de base-ball pee-wee.
Jamais revu Adams.
Bien le bonsoir.

Mistral a dit...

LYES!

Oh, écoute, merci, GeeBee. C'est de l'or, ça. Merci pour tout le monde qui passera plus tard et partira plus riche.

Mr Adams, wherever you are: je ne prendrai jamais plus le train sans regarder dehors aux abords des croisements, des fois que je croirais apercevoir un hippie octogénaire qui roule le long de la track puis dans le foin puis sous les aulnes dans un nuage de fumée louche.

s.gordon a dit...

En vous lisant, ça m'a fait pensé à ça.

J. a dit...

Il y a, ici comme toujours chez Mistral, un élan, un erre d'aller qu'on ambrasse et qu'on suit ou qui nous dépasse ou nous ignore.

Mais il y a surtout dans cet affront, dans ce jusqu'au-boutisme quelque chose qui fait du bien à l'âme.

Mistral a dit...

God bless your soul, girl. And your ideal.

Gaétan Bouchard a dit...

Quand tu jumpes sur un train de marchandise, faut s'attendre à se faire brasser un peu plus que lors d'un voyage en première classe avec Via-Rail.

La meilleure description que j'en conserve, à ce jour, ne vient pas de Jack Kerouac mais de Jack London.

Finalement, y'a rien comme la natation.

All the best pour ton tome III et fuck la vieille prison de Trois-Rivières.

;)

helenablue a dit...

Oui , il y a chez Mistral , comme le dit J. ce goût de l'extréme qui nous emmène au delà , et qui oblige à nous dépasser ...

Plus que du bien à l'âme , karcher de cerveau et bourreau des coeurs mais surtout poéte de l'impossible , une sorte d'idéalisme de nuit avec l'air du jour ..

Difficile à exprimer , impossible à décrire , juste aimer ou détester ... pas de demi-mesure ... Ouf !
La vie vaut bien la peine d'être vécue !
Et avec le vent qui souffle jusque dans nos entrailles , celui qui s'insinue chaudement et excessif , aspirant et réactif , attirant et répulsif .... de cette énergie puisée ici ...

Passer au tome III , va falloir sortir l'armure et le coeur , va bien falloir mouiller sa cervelle et s'ouvrir à de multiples offrandes empoisonnées et salvatrices !

Oh , ce n'est pas une sorte de soupe , c'est un fumet bien plus décoiffant ...

Le genre de vent , qui vous terrasse pour mieux vous relever ! Pas de temps à perdre ; renaître de ses braises et mettre le feu !

Flash Gordon a dit...

J'aime beaucoup la soupe. Vive la soupe de vie! Aux plaisirs. Merci.