7.11.08

Le premier qui chiale j'y éclate la tronche!

Je vais publier tout ce que VLB me demande de diffuser, toujours, point final. Je sais, la campagne électorale risque d'être longue. Mais c'est VLB pis si il veut que ça sorte, hostie, ça va sortir. Clair?

OPINION


Ces mythes qu’on oublie

par Victor-Lévy Beaulieu,

candidat indépendantiste indépendant

dans le comté de Rivière-du-Loup



Depuis que Barak Obama a été élu président des États-Unis et que de gigantesques foules ont envahi toutes les grandes villes de l’Amérique pour célébrer cette victoire, on peut lire dans les journaux, les blogues, et entendre à la radio et à la télévision : « Ah ! Si on avait un Barak Obama chez nous ! »


Le fait est qu’un Barak Obama, on en a eu un chez nous. Il se nommait René Lévesque et, le soir du 15 novembre 1976, quand il porta le Parti québécois au pouvoir, on célébra partout au Québec, dans un déploiement de drapeaux, de chants et de grande émotion, ce qu’on a pu appeler le triomphe des nègres blancs d’Amérique. Le discours que fit alors René Lévesque avait une qualité aussi prégnante que celui de Barak Obama à Chicago. J’étais là ce soir-là. Et quand j’ai vu pleurer Jesse Jackson dans la nuit du 4 novembre dernier, je me suis rappelé que le 15 novembre 1976, nous avons été plusieurs à le faire aussi, de joie, d’espoir, de fierté : « Nous sommes quelque chose comme un grand peuple ! » a dit René Lévesque.
J’étais en France quand François Mitterand a été élu en tant que premier président français socialiste en mai 1981. Le soir de son élection, tout Paris était dans la rue et le drapeau tricolore flottait partout. Pour les Français et pour les Québécois qui, comme moi, participaient à la fête, une grande émotion nous habitait aussi : de la joie, de l’espoir, de la fierté encore. Et quand, quelques jours plus tard, François Mitterand traversa tout Paris, on aurait dit le général de Gaulle libérant la France de tous ses démons.
Il m’apparaît donc honteux que nos politiciens se réclament de Barak Obama en ce début de campagne électorale. Il devrait y avoir une loi pour empêcher les opportunistes de commettre ainsi ce délit contre la beauté mythologique.

Un dernier mot sur Barak Obama. Bien que j’aie suivi la campagne américaine de près, un symbole important a paru échapper à tout le monde. Natif du Kentucky, Abraham Lincoln fit de l’Illinois son pays d’adoption. Il y passa sa jeunesse, y fut élu en 1834 à la Chambre des Représentants, puis député au Congrès en 1846. Bien qu’il n’ait jamais pu se faire élire sénateur, il devient en 1860 le premier président américain qui s’engage à mettre fin à l’esclavage des Noirs. Comme on doute de lui, il affirme dans son premier discours comme président : « Je ferai exactement ce que j’ai dit que je ferais. »
Et Abraham Lincoln tint promesse. Comme Lincoln, Barak Obama a fait de l’Illinois son pays d’adoption. C’est plus qu’une coïncidence, mais la beauté du mythe quand celui-ci force la réalité. La marche du peuple noir américain vers la liberté a commencé en Illinois et elle vient d’y triompher. Serait-ce venu aussi rapidement si Barak Obama avait été sénateur du Nebraska plutôt que celui de l’Illinois ? Il me semble que non : par leur coïncidence, les grands mythes se répondent les uns les autres et, ainsi, deviennent véritablement fondateurs.
Dommage que dans son discours du 4 novembre dernier, Barak Obama n’ait pas dit tout ce qu’il devait à cet autre fils adoptif de l’Illinois qui, au prix de sa vie, a balisé pour lui ce chemin qui mène de l’esclavage à la liberté.

J’en ai eu un petit pincement au cœur, comme j’en ai eu un quand, dans son premier discours électoral, Mme Pauline Marois a fait silence sur René Lévesque, le père de notre nation, dont on attend toujours que la réalité devienne le mythe qu’il a incarné.


Trois-Pistoles, le 7 novembre 2008

13 commentaires:

Misko a dit...

J'ai rien dit moi.
C'est toi le boss icitte!
Tu fais ce que tu veux.

Moé j'm'assois d'un coin pis j'écoute gentiment, hé hé...

Gaétan Bouchard a dit...

C'est l'histoire d'une fée qui vivait dans un pays imaginaire. Elle était imberbe et avait cette faculté d'aller partout où elle voulait en claquant trois fois le bout de ses souliers après avoir fait un voeu.

Un jour elle est partie dans le Néant, croyant que c'était là que se situait le pays des morts.

Or, il n'y avait rien dans le Néant, même pas de morts. C'était le calme plat.

Donc, elle est revenue et s'est promise de ne plus jamais se faire reprendre à ce sujet.

Maintenant quand on lui demande où elle veut aller, elle n'a qu'une seule réponse:

-Au cirque. Oui. Je veux aller au cirque.

La morale de l'histoire? Allez n'importe où, sauf dans le Néant.

Mistral a dit...

Misko, il aime pas trop la civilisation, mais c'est pas non plus un Sauvage. Comme on peut le constater. Ché pas au juste ce que c'est, mais c'est du crisse de bon monde.

Anonyme a dit...

Après avoir lu ce texte, et la comparaison entre René Lévesque et Barak Obama, j'espère que ce dernier ne sera pas aussi désenchanté que notre premier l'était au terme de son mandat.

Obama est un homme intelligent, sensible, et bien dans sa peau, laquelle étant foncée risque de déplaire à certains imbéciles ne voyant pas plus loin que l'épiderme. Ce qui pourrait lui nuire, au point de vouloir le faire disparaître du paysage par certains.

Et ici, aussi apolitique que je le sois, je n'ai pas un petit pincement au coeur, mais je grince des dents en comparant René Lévesque à Pauline Marois.

Bon, je sais que ce texte est de VLB, mais je vous lis, et la plupart du temps ( pas toujours, faut être honnête )j'aime. Et si je voulais lire un livre de Mistral ( j'aime les livres, ces amis qui ne posent pas de questions indiscrètes et ne critiquent jamais ), par lequel devrais-je commencer ?

Mistral a dit...

T'as combien de flos, toé, Lise? Lequel est le meilleur?

Maudite question épaisse, chus ben tanné, à soir c'est pas le temps sacraman.

Commence par Prochain Épisode, hostie. Ou Agaguk.

Anonyme a dit...

Bon, j'avais deviné que ma question ne serait pas la bienvenue, mais merci quand même. Je me débrouillerai en librairie, ou à la bibliothèque...

Mistral a dit...

Peux pas crère que t'as seulement trois choix: biblio, librairie ou demander à l'auteur. Kestu fais quand kié mort, l'auteur? Tu voé ben que ta question a pas de maudite allure! Écris à l'auteur et sollicite une réponse quand tu l'as lu, ciboire de crisse. Pis à soir, n'importe qui me connaît pour cinq cennes sait qu'il faut même pas me demander l'heure!

Yvan a dit...

Vous arrêtez pas à sa mauvaise humeur. C'est l'écrivain majeur le plus généreux que j'ai rencontré de toute ma criss de vie, mais faut pas lui dire de niaiseries.

Mistral a dit...

Terrible! Terrible...

Blogueuse-à-gogo a dit...

Je me suis fait la même réflexion sur René Lévesque quand j'ai entendu pour la première fois quelqu'un dire qu'on devrait tellement avoir un Barack Obama au Québec. On parle de ses qualités d'orateur et de sa capacité à toucher les foules. On parle de l'espoir qu'il incarne. Me semble que le parallèle devrait pas être si difficile à faire. C'est vraiment plate qu'on oublie si vite nos propres héros, surtout dans un pays où la devise est "Je me souviens".

Pour ce qui est de se comparer à Lincoln, je crois bien que ç'aurait été un manque d'humilité qui n'aurait pas trop cadré avec l'homme. Après tout, Lincoln est presque un demi-dieu pour les Américains. Mentionner ne serait-ce qu'une similitude entre soi-même et Lincoln aurait facilement pu se retourner contre Obama.

Me semble.

Mistral a dit...

T'es la deuxième à relever l'absence de référence Lincolnesque et me voici fort perplesque (j'écrirai perplexe si j'évoque Malcolm X, les jeunes savants inscrits en Lettres, épargnez-vous la peine de m'écrire un courriel de mille mots timide et frondeur et constipé qui commence par Monsieur Mistral si je puis me permettre je crois que vous avez fait une faute d'inattention dans perplesque gna gna gna cent mots plus tard vous parlez de votre mère et de là vous passez aux sémioticiens à la mode rue Maisonneuve et trustez-moé à matin c'est pas le temps): ce soir-là, j'ai écouté un discours d'Obama, d'une seule oreille et superficiellement, mais j'ai bel et bien remarqué un passage évoquant Lincoln, l'Illinois, et cetera. Seule explication qui me vienne: c'était une reprise d'un discours prononcé quelques heures plus tôt, diffusé en attendant que les résultats commencent à entrer.

René Lévesque, là, va pourtant falloir régler ça un de ces jours, le plus tôt sera le mieux. Il a échoué. Deux fois. Pris toutes les mauvaises décisions. Forcé le RIN à se saborder. Éloigné Bourgault. Préféré Morin, un espion de la RCMP. Larmoyant, peureux, tipoileux, aveugle et sourd à l'urgence et au sens de l'histoire.

Il a été ferme dans son souci démocratique et a balayé la mécanique du patronage, c'est sa contribution au PQ.

Ce n'est pas un libérateur de peuple!

Blogueuse-à-gogo a dit...

J'ai une élève qui m'a dit, le 5 au matin, que ça prendrait pas une semaine avant qu'Obama se fasse descendre dans rue. Au lieu d'argumenter avec elle (ça aurait pu durer des heures), je lui ai seulement répondu qu'il pouvait se faire tirer le lendemain matin, ça changerait pas la symbolique de ce qui venait de se passer.

René Lévesque c'est la même affaire. Je dirai pas "peu importe ce qu'il a fait par la suite", parce que peu importe pas, mais je pense quand même que c'est pas tant pour ses actions politiques qu'on se rappelle de René Lévesque. C'est pour ce qu'il a représenté.

V'là.

Mistral a dit...

A+, pour l'inspirante perspective proposée à ton élève! Concis, concentré, substantiel. De fait, tout le sens du résultat le 4 est contenu dans ces quelques mots. Beau.

J'ai repensé à notre divergence, j'arrive au même point, justement je crois parce que BO est au début des espoirs qu'il suscite et que RL, ma foi, est littéralement au-delà. Ce qu'il a représenté et qui a échoué a traumatisé une génération au moins, et ce train ne repassera jamais. Mais bon, c'est le mot héros qui me gênait, rien d'autre.