19.12.11

Sans titre


Y a pas de poésie en prison 5.22'
Texte: Christian Mistral - Musique: Michel Rivard
Arrangement à cordes: Stéphanie Collerette

Tiré de l'album 






On est lundi. Ça va encore. Z'êtes libres? Moi aussi. C'est une belle chose, la liberté. Invisible mais belle, comme l'oxygène: on ne les remarque pas à moins d'en manquer brusquement. Comme une femme qui s'en va sans qu'on n'ait rien vu venir, aussi; ça ressemble un peu à ça. On vit avec sans la voir, un jour elle part, soudain y a qu'elle partout où qu'on regarde dans la piaule vide, et si on ferme les yeux très fort pour chasser les images, on les voit en 3D. Mmoui. Pareil que la liberté.

L'oxygène, je ne sais pas, mais perdre sa femme ou être privé de sa liberté dans la fourchette de temps communément appelée le Temps des Fêtes, je connais, j'ai connu. Il en faut pas gros pour connaître: suffit de s'être déjà retrouvé menotté pour défaut de paiement d'amendes accumulées et d'avoir été engeôlé quelques heures pour connaître; j'ai deux, trois amis, des hommes de mon âge, une fille aussi, sur qui cette seule expérience déjà lointaine a produit une pénible et durable impression. Moi, eh bien, comme on sait, j'ai connu pire et plus souvent, aussi chaque année à peu près maintenant, je désire ardemment n'y plus penser et m'étourdir; un ami, ce matin, m'a écrit pour poser à mon endroit un geste d'une choquante bonté: il travaille pour trois, il ne devrait pas avoir le temps de penser à moi cette semaine, or je le soupçonne de considérer justement le contraire, et que cette semaine est en plein celle de le faire, et que la choquante bonté, manifestée sans tataouiner, est la seule qui vaille. Et voilà, veux, veux pas, l'idée des  humains qui passeront Noël en prison m'a recogné en plein front.

Il serait sot, je le signale, d'imaginer que Noël à l'ombre n'est doublement douloureux que pour les incarcérés chrétiens. Ce soir-là, les murs suintent l'humanité, toutes races et fois confondues, même celle des gardiens.

On est lundi. Ça va encore.

Jeudi au plus tard, cependant, un désespoir rampant, presque caoutchouteux, s'immiscera comme cent mille serpents entre les barreaux de milliers de solitudes silencieuses emmurées qu'aucun parent, aucun ami n'aura visitées, auxquelles nul petit colis ne sera remis, qui contiendrait un livre ou un gâteau aux fruits, de la part de quelqu'un qui pense à eux; dont on aura refusé tous les appels à frais virés. Vendredi, les prisons résonneront du tic-tac des secondes chances, et ce jour sera le plus long; samedi, le temps semblera cesser de respirer, juste au milieu de deux aiguilles fondues en pleine horloge de purgatoire: le temps lui-même, comme en état d'arrestation.

D'après ces chiffres, on peut estimer à environ 4 500 la population carcérale provinciale en cet instant précis. Hors les murs, combien de pères, d'ex-blondes, d'amis en proportion de cette population, qui ont presque décidé de ne plus y penser jusqu'au 7 janvier, genre? Qu'ils aillent au lit ce soir sans durcir leurs coeurs, et demain, qui sait de quelle humeur ils pourraient se lever? On sera mardi. Pas trop tard.

Quant à ceux qui, lisant ceci, se remémoreront leur propre ancien Noël en prison, faut pas trop m'en vouloir, j'ai pas fait exprès. Où est votre trousseau de clés? Dans votre poche de jeans, votre sac à main, pendu au clou planté dans le hall d'entrée ou posé sur le meuble du vestibule? Prenez-le entre vos doigts. Manipulez ces morceaux de ferraille taillés et contemplez. Vous avez les clés.

Ce soir, dormez en goûtant votre liberté. Parce que vous savez, c'est comme votre propre haleine: vous ne la sentez pas.




2.12.11

Cantat: que trois

Merci, by the way, vous trois, de vous être exprimés.

Alors? C'est ça? Outre ces trois-là, vous avez rien à dire sur Cantat? Ça vous intéresse pas, all of a sudden? Z'avez pas d'opinion?

Y a trop d'abonnés, ici, pour le degré d'aplomb. Plusieurs devraient songer à déménager, before the organ grinder punishes a few monkeys.

Chanson du vendredi

I wish I wish I was Oh young agaaaaaain!
So I So I could Oh tout faire pareeeeeeil!
L'hostie de glu collante au cul
Qui constitue le plus gros du
Contingent de ma triste espèèèèèèce,
Chrai pas fâché d'men arracher
Mais pour le plaisir d'y cracher
Dans face encore ses faibleeeeeesses,
Je reprendrais bien du service
Quarante ans bis en sacrifice
Pour le beau Oh bonheur obscène
D'les r'fourrer drette ent'les oreilles.

Voyez bien?

Le gouvernement s'en occupe, le système est réformé.

Pis?

C'est ben la preuve que le monde se plaint toujours pour rien.

1.12.11

Une chance que ça risque pas d'arriver

Avant-hier, Pauline, qui s'y connaît en cabinets fantômes, nomme ce Sylvain Gaudreault à l'Éducation, genre.

Aujourd'hui, première idée du zouf: contrôler les pages Facebook des jeunes, évidemment: la mise en place de moyens pour intervenir dans le cyberespace...


Sylvie Roy n'est pas seule. Opposition? Restez-y donc.

28.11.11

Cantat Grata!

Hein? Kessé? Parlez plus fort, j'entends rien. Un jour? Un jour d’action contre la violence faite aux femmes: officiel, pas de trouble ek ça, mais là c'est pas le temps, je commence mon billet dans vingt secondes, Hein? Quoi, douze? Douze jours? D’action contre la violence faite aux femmes? Rien que ça? Huh huh... Pis c'est quand, à peu près? Ooohh! Du 25 novembre au 6 décembre. Hmm hmm. Pis donc vous trouvez ingnoble que Bertrand Cantat remonte sur scène le 25. Hmm, oui, je vois... Vous voulez ses roubignolles, oui oui, je comprends...Et quoi encore dites-vous? Ah oui, ça aussi...

Bon, voici ce que je propose: d'abord, j'écris mon topo, hein, ici, c'est l'affaire de cinq minutes, pendant ce temps vous m'attendez hors du studio, juste derrière cette porte, là: oui, c'est pas pour moi, vous me dérangez pas, c'est pour les techniciens, au son, à l'image, tout un pastis, les assurances aussi je pense; bref, hein, ça vous va? Voilà; oui, cette porte là.

Vous l'ouvrez, et vous voyez la rue qui se déroule comme un ruban juste là. ben vous marchez sans vous retourner pis vous me foutez le camp tas de maniaques! Vous l'avez empêché de venir travailler ici, au Québec, vous avez forcé le retrait du TNM de la trilogie Sophocle, vous auriez noyé cet homme dans l'eau noire du Vieux-Port, eh ben soyez d'heureuse humeur, il demeure un paria aussi dans son propre pays, où il y a autant de cons cruels et primitifs qu'ici, en proportion. Soyez d'heureuse humeur, mais foutez-moi le camp avant que je lâche les chiens!

Bertrand Cantat, aujourd'hui chez moi, après tous les autodafés de ses disques et l'interdiction judiciaire d'écrire ou de chanter l'amour et de se produire, après toute l'ignominie de trouver partout des charognes assemblées telles que vous, il monte on stage, on ouvre l'oeil, on ferme nos yeules, vouzôt anyway tas de Varices, scram, SCRAM!!!

Gerry! Sont dehors? Parfa. Barre la porte. Y a un grand artiste qui a commis une grande faute et qui la paie très cher, oui oui c'est lui... Ben ok: spotlight, sono, silence...



27.11.11

Au jour le jour, on a tendance, c'est bien naturel, à remarquer surtout

les failles et les petits défauts de notre démocratie provinciale, mais ne devrions-nous pas de temps en temps comparer avec ce qu'elle était, disons, en 1935, ce moyen-âge pré-Grande Noirceur, ce cloaque de corruption et de politique habitante, ce...