24.6.11

Potin musical

Il y a de ça une petite dizaine d'années, j'étais à picoler piane-piane au zinc de mon bar favori au beau milieu d'un mercredi après-midi, en plein Plateau.

John McGale, que j'avais connu dix ans plus tôt à la grande époque du Grand Café, avant que la guerre des motards ne chasse le fun (elle fut gagnée par les végétariens: le Grand Café est désormais un Commensal), débarque avec le lapin de sa blonde, qui avait (sa blonde) un rendez-vous chez le dentiste et ne pouvait s'occuper du fauve.

John donnait un show là, chaque mercredi soir, très couru, la place bourrée à rompre, et il venait pour le sound check. Un pro. Avec son lapin.

On s'est mis à jaser, comme chaque mercredi, tandis que les techniciens bardassaient avec leur matériel, branchaient leurs fils et pétaient d'épouvantables feedbacks. Le lapin, libéré de sa laisse par John, courait dans le vaste club (il mettrait une heure à le retrouver, tapi tremblant sous la cuvette dans les toilettes des femmes).

Je ne saurais dire comment c'est venu sur le sujet, mais enfin, je lui ai fait part de mon impression quant à la chanson Ayoye.

C'est sorti en 1978, j'ai dit. J'avais quatorze ans. J'ai vécu avec. Je l'aime! Pourtant, c'est la plus absurde chanson de toute l'histoire de la chanson, dans toutes les langues. Le gars qui a écrit ça n'était pas soul, il était gelé dur, mescaline ou héroïne. Pas de la coke, pas de la puff, pas du vin ni de la bière ni du fort, possiblement de l'acide ou du champignon. Une chanson pas d'allure! Ça part partout comme des flocons de pissenlit blanchi, ça joue avec le français comme un panda jouerait avec un cube Rubik, et pourtant c'est charmant, c'est hypnotique, ça soule!

Tout le monde l'ignore, à peu près, et je suis bien (mal) payé pour savoir que l'internet est avare d'informations sur les auteurs de chansons, mais en l'occurrence, c'est André St-Denis qui a écrit Ayoye!

À l'époque, McGale avait rigolé, tout tendrement, tout fraternellement. «Christien, t'es trop high pour comprendre if I explain, pis trop drunk pour me croire si t'understand.» Après quoi il est parti à la chasse au lapin.

Hier soir, dans un documentaire sur le tournage de Gerry, le gars de North Bay s'est enfin fendu d'une explication: la chanson serait à interpréter du point de vue d'un cheval promis à l'abattoir dans les vingt-quatre heures. L'auteur se serait enfermé dans l'écurie avec le condamné et une bouteille de vin, l'aurait regardé dans le blanc des yeux et se serait mis à écrire.

Makes sense to me.

Ça m'a rappelé qu'à l'époque, je n'avais pas considéré le PCP. Ne s'en servait-on pas d'abord comme anesthésiant général et tranquillisant à usage vétérinaire? J'ai idée que le poète a échangé une partie de la dose du joual contre une grande rasade de Baby Duck.

61 commentaires:

Gaétan Bouchard a dit...

Ça fesse encore.

Mistral a dit...

Yup!

Mais du diable si je peux figurer how or why...

Mek a dit...

Ah, quand je pense que j'ai accompagné ce bougre sur scène, il y a un siècle. J'ai le motton, là.
:0)

Mistral a dit...

T'as joué sur ce stage-là, dans ce bar-là, moi je disais rien avant que t'en parles, mais j'y pensais.

Mek a dit...

Oah, j'ai même accompagné McGale sur des gigs… Le salaud n'avait pas de CD de son répertoire, il disait « je vais te mettre les chansons dans le truck en montant là-bas ». Mais finalement, on jasait tout au long et on se retrouvait sur scène, je ne savais pas le premier accord de la première toune. Tant mieux, d'ailleurs, parce quand il a fini par me donner une feuille de set une semaine à l'avance, rendu au show, il n'a pas joué une seule des chansons prévues que j'avais apprises en bon élève plein de volonté naïve. Eh, eh, eh.

Le vieux Yvan est venu foutre la merde dans tout ça. Ça été une chouette époque, tout de même. Gare au screw ! qu'on disait…

Mistral a dit...

On le disait, mais on l'écrivait pas, tabarnak! That's the part you never got quite right, héhé.

Oué, c'est crissement touchant, ce que tu narres. Je vous vois tellement jaser dans le truck, et toi improviser once on stage. Ce devait être fantastique.

You know, Mac... You were that young and pure once, and far from being a bad thing, some of that youthful hope has never left you and makes you the special strong dude you are. That's how I see it. Here's how you could try to see it: t'as jamais envisagé que John était aussi intimidé par toi? Paske tel que je le connais, c'est une quasi-certitude.

Now deal with that.

Mek a dit...

Nein.

Mistral a dit...

Ja wohl, mein Big Mac.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Ayoye !!! Qu'est-ce qu'un gars peut faire en vase clos ! (Échanger avec le cheval). Rien à côté de ce que l'on fait dans la vase... La chanson à la fin du reportage, ça fessait ! Mon chum pi moué on parlait pu....

Mistral a dit...

On est pas fous
Moué pis mon chum
Le squelette
Du Géant Beaupré!

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

une petite anecdote sur Beau Dommage ?

Mistral a dit...

Ben, pour commencer, Pierre Huet écrivait aussi pour Offenbach.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

C'est un bon début (elle salive....)

Mistral a dit...

Elle va saliver ailleurs, la Gornouille. Je viens de laver mon plancher.

Tu me prends pour qui, Michel Girouard?

Blue a dit...

D'avoir choisi ce nom Offenbach! Je trouve ça excellent.

Mistral a dit...

Oué! Ché pas trop comment ils y sont venus. Ché qu'il en est question dans le film.

T'as trouvé des infos là-dessus?

Ché que c'était autre chose a priori, genre Offenbach Soap Opera.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

mais non Christian, je te taquinais. Si je veux de vrais potins, j'ai juste à trouver de vieux Echo-Vedettes. C'est tout.

Je te laisse expliquer à Blue comment ils ont choisi le nom Offenbach, un nom bilingue, notamment !!!

Je vais laver mon plancher, juste à ouvrir la porte avec cette flotte !

Blue a dit...

Nan! J'ai pas trouvé d'info. Et j'ai forcément pensé à l'Offenbach de la Gaîété parisienne, c'est le contraste du coup qui me plaît! Aux antipodes et pourtant faisant triper l'un et l'autre!

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Hier dans le film à RC, on entend Gerry dire en riant : "c'est parfait ce nom et c'est bilingue en plus".

Mistral a dit...

C'est pas bilingue, tabarnak. Bach, c'est bilingue?

Blue a dit...

En réfléchissant, c'était peut-être un clin d'oeil à la langue française, genre...

Mistral a dit...

@Blue

Of course. Mais ché pas comment Gérald Boulet a pu entendre parler d'Offenbach. Peut-être dans la fanfare.

Blue a dit...

Kestu veux dire dans la fanfare?

Mistral a dit...

@ Rain

Puisque tu tires des conclusions de cet extrait, laisse-moi en faire autant. By the way, I'm gonna be right.

Primo, les gars se disaient que ça marcherait aussi aux États. Beau Dommage, ça marcherait pas.

Secundo, c'est une joke de Nathalie Petrowski, un calembour sur Often Back, comme si Gerry avait pensé à ça.

Mistral a dit...

Blue: réfléchis davantage. Jacques Offenbach n'a rien à voir avec la langue française.

Gerry petit jouait dans une fanfare.

Blue a dit...

Ouep, t'as raison, juste le nom peut-être qui lui a parlé, pour sa sonorité!


Hi,hi, moi j'a été majorette! Ché pas si je t'avais déjà dit ça...

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

D'accord pour la joke de Petrowski, you're right.

Blue majorette ! Tu colleras une photo sur ton blogue ?

Mistral a dit...

Oué, Blue! Ek la jupette pis toute!

Blue a dit...

Ek, le képi, la plume, et l'bâton!

J'ai même été chef dans un "jouli" ( pour parler comme Rainette) costume tout rouge, alors que toutes les autres étaient en blanc et doré. Là j'avais le sifflet! Pour la cadence, une, deux!!

Nan! Pour la photo, ça sera pas possible! Même pour la Saint-Jean...Pas la peine d'insister les z'amis, c'est nan!

Mistral a dit...

Ah! Ces majorettes du Nord-Pas-de-Calais! Exquises.

Y a plein de garçons, aussi, maintenant.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Impressionnant ! Le rouge et le sifflet hihi . Des petits bottillons aik ça ?

Si je comprends bien tu AS des photos ?

Blue a dit...

Des bottillons, qu'elle dit, des bottillons! On était pas beaucoup dans mon village, sept cent âmes, doublée depuis, mais quand même une majorette sans botte, ché pas c'est comme un hockey- man sans casque!

Oui, j'AI des photos, dans une boîte en fer avec un cadenas dont j'ai perdu la clef, misère, vais quand même pas la dynamiter!

Blue a dit...

C'est quoi cette histoire de garçons?

Blue a dit...

J'en parle pas souvent, et chaque fois que j'en parle c'est de ça qu'on me parle!

Moi j'en garde un souvenir frais, j'étais franchement vachement fière! C''est drôle de vous en parler, ça me fait chaud au coeur...

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

J'ai mon Christie ou Christian de voyage !

http://lesmajorettesdedivion.skyrock.com/

On recrute des garçons...je sais pas si c'est ce à quoi Christian faisait allusion!

Les petites bottes semblent pareilles comme danl 'temps mais pas les costumes.

Mistral a dit...

Ben, j'ai lu ça en m'informant à propos des majorettes, sur Wikipédia. Kestu veux, c'est comme ça. Les filles veulent jouer au hockey, les gars être majorettes. Ché pas quoi ajouter.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

je crois m'être gourée pour les bottes. C'était plutôt comme dans le clip avec Thierry L., comme des petites bottes de cowboy blanches.


T'as raison d'être fière Blue. Dans ma tête c'était très bien les majorettes mais yen avions pas dans mon petiot village de Ste-Martine-les-beignes O'Malley.

Mistral a dit...

You know, Blue, à propos de ta comparaison entre les bottes de majorettes et les casques de hockeyeurs: on se souvient d'un temps où ils n'en portaient pas, de casques. Avant Jacques Plante, le goaler ne portait même pas de masque.

Mac ou Gom t'en raconteraient, des histoires, héhé. Ils s'y connaissent.

Blue a dit...

Nan! Ils faisaient ça sans casque! La vache, tu m'en bouches un coin! J'aurais pas pu être majorette sans bottes, sur la tête de ma mère!

Mistral a dit...

Sans casque, c'est rien! Pense au gardien de but sans masque! Jacques Plante s'est fait casser le nez dix-huit fois avant d'avoir le trait de génie d'inventer le masque, et tout le monde l'a traité de tapette!

Lyes.

Blue a dit...

Sont fous, ces québécois!

Blue a dit...

@ Rainette:

Oui, j'en suis fière, ça peut paraître bête mais pour moi c'était vraiment énorme!
Tout le village était là, subjugué, devant une bande de nymphettes montrant gentiment leurs gambettes avec coeur et enthousiasme! Un souvenir impérissable...
J'entends encore la fanfare derrière avec ces zimbaboum et ces tralalalère!

Je suis d'un coup replongée en arrière, et c'est bon de pouvoir le faire dans un contexte aussi doux et ouvert qu'ici.

L'amitié, il n'y a rien de tel, j'vous le dis comme ça me vient. Il y a belle lurette que j'ai pas parlé de tout ça, me semblait l'avoir oublier, c'est la fanfare qui l' réveillé!

Ouep, merci Gerry!
je te découvre, à, et c'est en même temps par association d'idée que je me redécouvre.

Offenbach! Je donnerais cher pour savoir ce qui t'a traversé!

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

J'avais un cousin dans la fanfare de sa petite ville, Beauharnois. Il était très fier et on l'était aussi pour lui ! Ya pas de quoi rire. Faillait être choisis, autant pour la Fanfare, les Majorettes, les Scouts, les Guides (scouts au féminin), etc. Ceux qui se moquaient était simplement jaloux.

Ah j'oubliais, moi je faisais l'ange dans la parade de la Fête-Dieu.

Mistral a dit...

Ma sweet Gornouille! L'ange dans la parade de la Fête-Dieu! Aucune peine à le croire. Je ressusciterais cette fête juste pour t'y remettre dans le même rôle (et prouver au Terrible qu'on n'est pas la même personne).

Mistral a dit...

Z'êtes belles, mes grandes. Failli couper court trois fois à tous ces gazouillis pas rapport, mais calvaire, vous avez trouvé de quoi émouvoir et enrichir et faire réfléchir.

OK.

Don't do it again!

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Depuis quand faut écrire juste "rapport à" chez toi Christian ? Me souviens de belles jasettes qui déviaient....et toi t'as tu déjà été enfant de choeur ou kek chose ?

anne des ocreries a dit...

j'aime mieux celle-là, de chanson ! je découvre ce gars, y a un film qui sort, si je comprends bien ? Je le verrai un jour.....

Mistral a dit...

Depuis quand? Depuis un sacré bout de temps. Genre, depuis que je permets les commentaires, chère. Une dizaine d'années.

Tu erres. Ici, y a jamais, jamais eu de jasettes qui déviaient, et y en aura pas.

Enfant de choeur? Non. Je faisais des lectures à la messe du dimanche, adolescent. Pourquoi? C'était mal vu, pour un gars, d'être majorette en ce temps-là. Si on voulait des bottes et un bâton et un képi, fallait entrer à l'école de police.

Mistral a dit...

Anne:

Moi aussi, je le verrai un de ces jours, héhé...

swan_pr a dit...

Une fois j'ai été enfant de choeur pour la messe de Pâques. j'ai volé une bouteille d'eau bénite pour ma tante. c'était vraiment désagréable la jaquette blanche en fortrel pendant une heure. l'année suivante j'ai cessé les cours de catéchèse. j'avais 10 ans.

Mistral a dit...

Cibole, Swan! Des garçons majorettes, des fillettes enfants de choeur, le monde s'en va chez le yâb!

Dis donc, sweet P, fais attention que ton carosse se change pas en citrouille.

Lyes...

swan_pr a dit...

I saw the light, redeemed myself and have been walking a straighter than straight path ever since.

Mistral a dit...

Ah, c'est sûr. Astheure, tu te ferais plus couillonner par une tante joueuse de tours qui t'envoie piquer une bouteille d'eau qui coûte rien, surtout qu'il y en a une vasque pleine à l'entrée de l'église. Et pis tu quitterais pas la catéchèse à cause que le fortrel te gratte: ou ben tu dénicherais une chasuble en satin, ou ben tu volerais du vin de messe, enfin, tu ferais ça sérieusement!

Mistral a dit...

Stie que c'est instructif, Wiki.

L’instruction Redemptionis Sacramentum (2004) énonce au n° 47 que « les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’Évêque diocésain ; dans ce cas, il faut suivre les normes établies à ce sujet ».

Les normes mentionnées en note sont la Responsio ad propositum dubium (1992) qui précise le canon 230 § 2 du Code de droit canonique (1983) ; la Lettre sur les fonctions liturgiques exercées par des laïcs (1994) ; et la Lettre à un évêque [concernant le service des femmes à l’autel] (2001) ; auxquelles il faut ajouter le début du n° 47 de l’instruction Redemptionis Sacramentum. Nous présentons ensemble ces normes ici :

Il revient à chaque évêque diocésain, après avoir entendu l’avis de la Conférence épiscopale, d’émettre un jugement prudentiel sur ce qu’il convient de faire pour un développement harmonieux de la vie liturgique dans son propre diocèse et la réponse à des besoins pastoraux locaux.
L’autorisation d’un évêque ne peut obliger un autre évêque.
L’autorisation doit être clairement expliquée aux fidèles du diocèse, à la lumière du canon 230 § 2 (députation temporaire qui n’est pas un droit mais une admission par les pasteurs).
Il fera observer que la norme du canon 230 § 2 trouve déjà une large application dans le fait que les femmes remplissent souvent la fonction de lecteur dans la liturgie et peuvent aussi être appelées à distribuer la sainte Communion, comme ministres extraordinaires de l’Eucharistie ainsi qu’à exercer d’autres fonctions, comme il est prévu par le canon 230 § 3.
Il faut garder à l’esprit que le service à l’autel de jeunes garçons a permis un développement encourageant des vocations presbytérales et qu’il faut donc continuer à en favoriser l’existence, ce qui interdit à l’évêque d’imposer aux prêtres l’admission de filles au service de l’autel et interdit d’exclure les garçons du service de l’autel.
Concernant la question de l’éveil des vocations parmi les garçons servants d’autel, il ne constitue pas une impossibilité juridique et il n’est pas un argument théologique pour l’exclusion des filles mais un argument pastoral à prendre en compte dans la décision de permettre aux filles le service de l’autel : « On ne doit pas oublier5 » ; « On sait que6 ».

Enfin, lorsque le rite romain est célébré dans la forme extraordinaire (couramment appelée rite tridentin), utilisant le missel de 1962, la fonction de servant d'autel ne peut être attribuée à des filles7.

swan_pr a dit...

clair! trente années me séparent de ce passé empreint de confusion juvénile. des moments embarrassants et des mentors inspirants m'ont remise sur la bonne track.

swan_pr a dit...

c'était en 1980. le curé devait feeler peace and love (harmonie liturgique et besoin pastoral)

Mistral a dit...

Ouais! En avance sur son temps!

Imagine qu'on ait dès lors imposé le recours aux filles pour servir la messe. Tous les gars de quarante ans aujourd'hui qui auraient grandi sans se faire enculer. Des filles servantes de messe? La moitié du clergé défroquait et s'engageait dans la fonction publique aussi sec.

Ton curé, c'était un visionnaire. Ton évêque, un pragmatique, héhé.

Guillaume Lajeunesse a dit...

« ça joue avec le français comme un panda jouerait avec un cube Rubik »

Sacrament, si vous m'avez déjà entendu éclater de rire. Magnifique image !

Chanson magnifiquement absurde, aussi.

Mistral a dit...

Bon! Un qui allume! Ou qui n'a pas la chienne d'oser le dire!

J'étais pas content après toé à matin, Vieux G, mais là, tu me désarmes un brin. Good shot.

Le plumitif a dit...

heu… fidèle à mon habitude et totalement décalé, il faut quand même que je te dise, mon cher Mistral, qu’on a eu la même révélation en même temps…

cette chanson-là, j’ai eu un prof de drum qui me la faisait jouer (ouain, c’est sûr que c’est pas spécialement émoustillant comme beat mais justement, comme tu le sais, c’est dans les choses simples que la précision s’acquière – et, contrairement à ce qu’on imagine souvent, le vrai défi pour un musicien c’est pas tant la vélocité que d’arriver à ne pas dévier d’un quart de millième de poil sur un tempo lent, mais anyway).

et donc, étant qui je suis ben, les paroles tu peux imaginer que je les entendais en sacrament, tempo pas tempo, tellement d’ailleurs que j’en oubliais de taper en cadence, tapotant plutôt, totalement absorbé par des images dont je n’arrivais pas à saisir d’où c’est-ti yâbe qu’elles pouvaient sortir??? entendre la voix puissante et tellement émouvante de Gerry évoquer le vent qui frappe à sa porte pour annoncer le réveillon, l’imaginer trottinant comme marmotte au soleil et tout ce qui s’en suit, calvâsse!!! les fuses me pétaient à tous les coups.

et j’avais beau tenter d’amorcer un embryon d’explication, juste pour qu’il saisisse la source de ce qui ressemblait de plus en plus à un insidieux blocage, mon prof me lançait invariablement son air sans appel de «concentre-toi sur la bonne chose» (ce qui, en partant, n’est pas vraiment simple, vu que la bonne chose en question n’a jamais, semble-t-il, la même évidence pour moi que pour les autres); entéka, apparemment, pour lui, tout baignait, rien que de parfaitement normal dans cette lancinante balade.

ben moi, c’est pendant des années qu’elle m’a obsédé cette chanson-là. je veux dire, des textes fuckés, y en a d’autres c’est clair, mais là c’est vraiment tout à fait autre chose: on est instantanément enveloppé par un au-delà de l’absurde, une espèce de cohérence qu’on arrive pas à saisir tout à fait mais qu’on ne peut pas manquer non plus. et c’est tout à fait par hasard, en pitonnant, que je suis tombé sur l’explication que tu évoques et, osti, je te jure, ça a été pas loin d’un satori; d'un seul coup, comme cheval à l’abattoir, j’ai tout compris! (d’ailleurs c’est en me découvrant subrepticement si léger que j’ai réalisé que cette profonde énigme était resté nichée en moi toutes ces années.)

Mistral a dit...

Pourquoi j'ai jamais répondu à ça? Must have been drunk and coked up and fallen asleep for three days.

Fidèle à mon habitude, et totalement décalé, il faut quand même que je te dise, mon cher Plum', à quel point retomber sur ton comm par hasard m'a fait plaisir. Doublement, car par association d'idées et de sentiment, j'ai songé dans l'instant à un autre tien comm, à propos de mes propos sur Philippe Djian, le Jura et la soue à cochons, et ce devait être chez Blue, je ne saurais préciser quand au juste, mais il m'avait fait le même effet: celui, comme tu l'écris, d'avoir eu la même révélation en même temps qu'un contemporain, mais vingt ou vingt-cinq ans auparavant, séparément, sans savoir qu'il existe et qu'on va éventuellement le rencontrer, et que la bonne chose a enfin la même évidence pour un autre que pour soi seul.