Lorraine, je ne l'ai jamais rencontrée; Wajdi est un vieil ami que je n'ai plus vu depuis soixante-huit ans...
N'empêche qu'ils sont des gens pour lesquels j'éprouve une profonde estime, et vu que je suis qui je suis, levez-vous très tôt avant de songer à me contredire.
Le TNM, c'est le Théâtre du Nouveau Monde.
Le Nouveau Monde, c'est la Terre ouverte aux Bâtards de l'ancien monde, aux exclus, aux bandits, aux brigands, aux benjamins, et ceux qui ont commis des fautes...
Cantat est bienvenu ici, ou alors je noie chacun qui dit non dans le Fleuve Saint-Laurent. Maudite gang de chiens puants: d'où c'est que vous pensez que vos ancêtres sont issus? Y en a pas un qui est venu ici pour le plaisir, boys! Vos ancêtres sont des troisièmes fils, des mercenaires et des tapettes. Aurait fallu être fou raide pour venir ici aux environs du dix-septième siècle. Fou raide, ou simple d'esprit. Nos ancêtres étaient l'un ou l'autre, et le premier qui empêche Cantat de venir refaire sa vie ici est un ver dans la chair d'un chien crevé!
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42 commentaires:
Je ne comprends pas le sens du mot justice si on veut lui arracher la tête une fois qu'il a purgé sa peine. À l'évidence toutefois, sa peine a peut-être été courte par rapport au geste qu'il a posé, celui de condamner cette ex-petite amie au repos éternel...
Quant à moi, ce type n'est pas pire que, par exemple, une mère qui lancerait des mots assassins à son fils durant toute son enfance. Il est selon moi aussi criminel de tuer quelqu'un que de planter en l'autre des mots et des idées qui délabreront son existence jusqu'à peut-être lui donner le goût d'en finir : et n'est-ce pas extrêmement fréquent, ce que je mentionne ? Il y a meurtre concret et rapide, et il y a meurtre latent et insidieux, où le tueur n'a pas même besoin d'être là pour que s'on oeuvre s'accomplisse. Dans cette optique, des tueurs, il y en a une tonne en liberté, et ceux-là n'ont jamais purgé de peine de prison.
Aussi, Christian, tu sembles dire qu'il y avait un contexte (drogue et alcool) dans l'autre billet. Si c'était un psychopathe qui y avait pris plaisir, je dirais : sortez-moi ça de là ! Mais s'il y a un contexte, que le gars n'est pas par essence une pourriture, qu'il a purgé sa peine, j'en conviens alors, c'est différent...
Naturellement, il faut tout faire pour éviter la violence. Là n'est pas la question. Mais si vous le stigmatisez, n'est-ce pas une violence morale, n'est-ce pas son meurtre que vous accomplissez lentement ?
bien dit!
Oui.
J'ai rien d'autre à dire.
Oui.
Merci monsieur!
Au fond c'est d'accepter d'être faillible, et d'accepter ces forces noires qui nous habitent, et qui font partie de nous. Les rejeter, c'est les stigmatiser , crier " au fou! ", " à l'assassin! ". Est-on vraiment sûr, que, poussé dans nos extrême on ne soit pas capable du pire voire de l'irréparable.
Bien sûr toute forme de violence est à bannir, à part peut-être celle de se défendre.
Noir désir.
Est-ce que quelqu'un a pensé à ce qui traverse cet homme ayant dans un état second occis sa bien-aimée? Qu'est-ce qu'il peut ressentir aujourd'hui? A quoi sert alors de purger une peine, aurait-il fallu à lui aussi lui enlever la vie pour que justice paraisse faite? Doit-on revenir à " oeil pour oeil, dent pour dent? La justice ne va pas être si simple pour lui, il a une conscience et une souffrance qui dépasse l'entendement à vivre maintenant, n'a-t-il pas droit à une autre chance même si celle qu'il a aimé, pour elle, c'est terminé.
Ce meurtre nommé comme tel ne ressemble à un un meurtre prémédité, il nous dépasse à mon sens, on ne sait pas ce qui se passe entre deux individus, vraiment, ça les regarde. Il y a eu mort, et pas n'importe laquelle, non, mort d'un regard et d'une voix dans lesquels bon nombre se sont noyés, pourquoi cela devrait-il lui coûter plus cher qu'à d'autres bien plus affreux et bien plus inconscients, et d'autres bien plus nombreux, ceux dont parlent Guillaume qui distillent leur mort à petit feu, une mort sans tâche, une mort programmée, qui tuent bien plus certainement et sans trace.
Refaire sa vie, est-ce possible? Lui, il ne pense qu'à continuer à vivre pour sans doute délivrer le message et probablement donner un sens à son geste implacable qui l'a fait d'un coup basculer dans l'impensable, sait-on s'il s'est pardonné lui-même, se pose -t-on la question de savoir ce qui le ronge maintenant, accepterions-nous l'idée qu'il lui faut sacrément du courage pour avoir envie de vivre et de témoigner de cet enfer qu'a du être ce passage, cette fulgurance meurtrière in contrôlée.
" Que celui qui n'a jamais péché, lui jette la première pierre!"
Je ne suis pas sûre que cet homme a purgé sa peine, comme on voudrait tout à chacun le penser, je pense sincèrement qu'il la purge au quotidien et que ses nuits ne doivent pas ressembler aux nôtres ou alors aux pires.
Je n'ai jamais tué par amour, j'ai blessé sans doute. je n'ai jamais tué par haine non plus, mais j'y ai fortement pensé. Je ne serais pas capable de préméditer un meurtre à priori, mais probablement que dans certaines situations extrêmes je pourrais réviser ma copie. Mais j'aurais, c'est certain un mal de chien à tenter de vivre alors que j'ai tué mon amour dans un accès de rage, de folie, d'ivresse, de malchance, de tout à la fois.
Grands Dieux, nous n'y étions pas! Il est des êtres qui vous poussent dans vos retranchements les plus obscurs, qui réveillent le monstre qui sommeille en chacun de nous, nous sommes tous fait d'enfer comme de ciel!
C'est bien triste, cette histoire, Christian, ce TNM qui ouvre sa porte à l'espoir et à la possibilité de pouvoir remontrer le meilleur de soi, pouvoir re fabriquer une intégrité et pouvoir exprimer, je trouve ça vraiment triste et pas dans l'ordre des choses de la philosophie que je perçois, moi, de mon vieux continent, de ce que peut-être le Nouveau Monde, à croire qu'il n'existe plus et que tout maintenant se nivelle au nom de je ne sais quelle vision du monde!
Shit!
Remarque pour une terre de liberté, de fraternité et d'égalité, ici, par chez nous on ne fait guère mieux. Cantat a dû abandonné l'idée de se produire au festival d'Avignon,traité "d'assassin"par l'ancien compagnon de Marie.
Au fond ils reprochent lui et son père à cet homme de vivre de son art et sans doute aussi de s'en servir pour dire ce qu'il a à dire, qui pourtant, à mon humble avis ne peut que faire avancer...
Qu'un père ait du mal à accepter cette injustice, on peut le comprendre, ça ne doit pas être une mince affaire que de pardonner à celui ou celle qui a tué ton enfant, on doit penser que la personne n'a jamais assez payé; pourtant, vu le contexte et le charisme des protagonistes, il devrait pouvoir y avoir compréhensibilité, du moins tentative.
Comment cet homme va-t-il pouvoir se réparer si personne ne ne lui permet? Comment va-t-il pouvoir se reconstruire si on lui enlève ce qui pourrait lui permettre de le faire, ce qui est son air? n'y-a-t-il pas là une volonté inconsciente et collective de ne pas vouloir voir et probablement pire encore de condamner à mort en faisant taire sa voix à Cantat?
A quoi cela sert-il alors de faire un procès à un individu, de lui faire faire de la prison si c'est pour qu'au fond il n'en sorte jamais?
Tout ça me travaille profond.
Pour ce qui est d'Avignon, je comprends l'exception: il serait indécent d'obliger Jean-Louis Trintignant et Bertrand Cantat à partager le même événement.
Right! je te rejoins là-dessus, ce serait indécent en effet. Pour ce qui est "d'ailleurs", par contre, je trouve cela dommageable.
Indeed. Tout cela est si triste.
Entre Jean-Louis et Bertrand
mon choix est fait depuis longtemps.
C'est une histoire triste à mort.
Tu serais le premier à sauter
à la gorge de quiconque
voulant s'en prendre à ton sang.
@Terrible:
True. D'où la difficulté de raisonner avec justice et générosité...
Sans doute Yvan...
Ton interpellation est loin de me laisser indifférente. Je me suis souvent posée cette question, que ferais-je à celui qui porterait la main sur mon enfant?
La nuance est que c'était là une histoire d'adultes qui a malheureusement bien mal tournée.
Une histoire triste à mort, en effet.
Si c'était ma fille...
Je voudrais faire ma propre justice.
Difficile le pardon dans ce cas.
Ça prend du temps,
beaucoup de temps.
J'accroche pas à l'argument
de la dope et l'alcool.
Le respect de la vie
est plus viscéral
à mon humble avis.
Bizz
OK, Ça va faire! Fuck le pardon! C'est toujours la fille de quelqu'un, et c'est pas son père ni sa mère ni son fan qui doit décider du sort de son amant quand ils se sont battus comme des chiens dopés à l'os et que la fille est morte! Si elle lui avait tranché la bite ou qu'elle avait mis le feu à leur couche, Marie serait-elle bienvenue au TNM cet automne?
Yvan, si c'était ta fille, tu ne sais pas comment tu ferais, je crois qu'on ne peut pas l'imaginer.
Le pardon, quoiqu'en soit la nature est de toute façon toujours difficile, ça prend du temps, c'est vrai, mais n'est-ce-pas la seule voie possible vers plus d'humanité?
La dope et l'alcool, pourtant l'argument mérite réflexion, est-ce respect de la vie? De la sienne? Est-ce que conjugués à outrance ces deux éléments n'enlèvent pas ta notion de jugement et de sens des choses?
@ Christian:
Moins encore à tout à chacun!
Le père ou la mère, on peut comprendre que ça soit pas facile, même si tout comme toi je pense que c'était là une histoire entre adultes. Mais les autres, nous, eux..
@ Yvan:
A quoi ça sert alors d'avoir été jugé et d'avoir payé si tu dois continuer encore et encore à devoir toujours le faire?
Ce n'est pas le cas
qui nous préoccupe.
Is it?
Lorsqu'il se présentera,
toi et moi aurons l'ouverture
d'esprit nécessaire
pour en discuter.
I'm fucking sure of that,
old friend.
En attendant, toi et moi
sommes libres d'assister
ou non aux diverses pièces
qui nous sont offertes.
Ben non, justement, on ne l'est pas, Yvan. Parce que la pièce ne sera pas présentée.
Ah c'est poche alors.
J'ai entendu autre chose.
Osti d'médias à marde.
T'es plus ferré que moi
à ce sujet.À la rédio
de Cadenas on disait
que la pièce serait
tout de même produite
avec Cantat comme directeur
musical "à distance".
En toué cas,ça patine
en câlice din coins
j'pense ben.
Know what? On va se boire un pot ek Wajdi betôt et c'est toi qui fais le chef de choeur. Ménage ta voix, héhé.
Blue is here!
Good thing.
Dear,
je pense avoir assez d'imagination pour savoir ce que je ferais
dans la plupart des cas.
J'ai bien des défauts,
mais pas celui de la nonchalance.
Tu as lu Sun Tzu?
Kiss...
Sun Who?
Lyes...
Oué, Blue est toujours là, thank God.
Lyes!
Ah non,poliment je refuse.
Je sors plus de ma tanière
depuis longtemps.
C'est connu de tous
les villageois,
20 km à la ronde.
Gods are there. Blue is here.
Fuck that: quand ta Tribu t'appelle, t'accours, you always did and always will.
Double lyes.
Faut pas me donner d'ordres
sinon je boque comme un bouc.
Je suis un âne.
Han Hîî...
Doing, doesn't mean
you will do in my book.
T'as toujours brâmé ça, mais quand on a eu besoin de toi, t'as toujours été là.
Je ne le nie pas.
Love.
@ Yvan:
Yes, Terrible, j'ai lu Sun Who...
Je ne t'ai jamais perçu comme nonchalant, bien au contraire, et grâce ou à cause de nos propos, un peu crevée de ma nuit de non-sommeil, j'ai piqué un petit somme et fait un mauvais rêve. J'étais au tribunal entrain de défendre ma vision de la vie devant le meurtrier de mon fils, un individu qui un soir de beuverie, saoul comme un rat mort, au volant de sa Porsche, a raflé d'un coup d'aile la vie de mon enfant. Un cauchemar donc plutôt! Ben ce n'était pas bien simple de faire la part des choses et de ne pas désirer la mort de cet homme là... Bon, c'est un peu hors-sujet, mais je voulais le dire. On ne sait jamais où mène les conversations et où ça va taper dans l'inconscient.
Aujourd'hui, mon petit dernier a vingt ans, c'est son anniversaire, et je sais c'est pas gai, je ne peux m'empêcher à cette amie qui a perdu ces deux enfants de cet âge, des jumeaux, une fille, un garçon dans un accident du type que je te raconte, un ivre mort qui leur ai rentrés dedans au volant de son gros quatre-quatre et qui n'a fait qu'une bouchée de leur petite twingo. Sa vie a elle s'est arrêté. Plaise à Dieu de me protéger de ce genre de souffrance!
Pour revenir au sujet soulevé par Christian et relayé chez toi, j'ai trouvé la réflexion d'Anne des Ocreries d'une justesse et d'une sobriété à toute épreuve, je le relaie ici:
"Le pardon, j'y connais rien ; la musique de Noir Désir, je l'aime et continue de l'écouter ; j'ai lu beaucoup autour de cette affaire. Marie, la pauvre, n'a pas eu la vie dont elle rêvait, mais celle que d'autres avaient prévu pour elle dès l'enfance. Je pense qu'il y avait en elle une fragilité. Bertrand, c'est un écorché vif à fleur de nerfs. Les deux SE BATTAIENT. on parle de la violence de Cantat, mais elle non plus n'était pas en reste. Elle aussi y allait de ses coups à l'occasion (sujet tabou ! on ne doit jamais parler de la vioence que portent en elles certaines femmes ! ça fait tache !) - mais le fait est : ils se battaient, tous deux. Seulement c'est Cantat qui a tué, ce qui n'était certainement pas ce qu'il voulait faire,, mais ce qui est arrivé. C'est lui qui avait l'apanage de la force brutale physique, et il l'a oublié dans l'alcool. ( on est d'accord, ça n'est pas une excuse.) C'est surtout l'histoire d'un gâchis monumental, cette histoire, outrageusement exposée aux regards des voyeurs et zorros redresseurs de torts de tous poils.
Bilan ? un homme qui ne se remettra jamais de ses actes, des enfants sans mère, une femme au tombeau, une famille anéantie. Alors, si les corbeaux voulaient bien se taire, et laisser le deuil faire son chemin jusqu'à, peut-être un jour, l'apaisement, au lieu de recracher de l'huile sur le feu jour après jour....
Un peu d'objectivité, ce ne serait pas mal. Et la nécessaire retenue de la pudeur, autour d'un drame terrible.
Je déteste l'instrumentalisation qui en est faite.
- Anne des Ocreries -
Pour finir sur une note jolie, je dirais moi aussi, love.
Blue
OUI
Nul ne peut porter un jugement dans ces cas de souffrance endurés par un père ou une mère ayant perdu son enfant dans ces conditions là!Je pense qu'on a tendance à en rajouter, car si je comprends bien c'est la programmation dans un même lieu, dans un même temps, dans un même évenement qui a fait réagir le père de la victime. J'aurais réagi de la même manière, je ne pourrais pas accepter d'y assiter...et le reste c'est d'autres qui prennent le relais, comme s'il s'agissait d'un roman fiction. Je pense sincèrement que personne ne peut apporter une réponse fiable sans prendre le risque d'être avec l'un ou avec l'autre. Ce tintamare n'aurait pas eu lieu sans l'inconscience des organisateurs à Avignon de vouloir prendre le risque de réunir ces deux pesonnages dont les blessures sont encore ouvertes. Le monde des médias aujourd'hui fait en sorte qu'on remonte à la surface des haines pour le droit ou que sais-je le devoir d'informer.Le père de la victime lui, n'a que faire que Cantat se produise ici ou ailleurs.
Tchô ! ça c'est envoyé, dis donc !
Je nuancerais, mais dans l'idée, j'adhère.
L'exil, c'est tout ce qui reste aux morts-vivants. Avant, quand le courrier mettait trois siècles à traverser, combien on refait, ailleurs que chez eux, des vies honorables après avoir sombré ? et qu'est devenue leur descendance, des parvenus qui se la pètent ? Tomber est un malheur humain, et le bourreau mérite pitié, si la compassion part à la victime. Pitié en vérité, car je ne voudrais pas porter son fardeau ! Un voleur n'aura qu'à s'amender, on lui dira qu'il "s'en sort bien"....un meurtrier n'a aucune chance d'effacer son acte, il devra vivre avec - jusqu'au bout. Vous trouvez que sa croix n'est donc pas assez lourde ? Foutez-le dans un coin à écrire, cette fois-ci son désir sera hélas vraiment noir, et son encre de même.
Et laisser-le lécher ses plaies inguérissables, causées de ses propres mains. Tout le remord de la Terre ne changera pas son désespoir - car on ne peut nier qu'il n'ait à la fois l'un, et l'autre. Ou sinon quoi ? vous avez une nouvelle terre à convicts à lui proposer de peupler ? où irat-il donc se taper ? "pas chez nous" ! et quand il aura entendu ça partout, que lui restera-t-il ? Ce qui est affreux, c'est que cet homme, dans son état "normal", n'aurait jamais souhaité son geste. Il en porte le poids à jamais. Car LUI est conscient de la monstruosité de son acte, contrairement à bien d'autres racailles. Vous n'en voulez pas ? mais alors, pourquoi acceptez-vous tous ces politicards sont les décisions ont souvent des conséquences identiques, de manière certes plus lentes, et pour bien plus de gens ??? Pourquoi les acceptez-vous aux honneurs ?
'tain ! j'ai posté en réponse à ton billet avant de lire les coms, et du coup je comprends mieux le billet d'Yvan ! c'est la suite d'ici ! et je viens de les lire, les coms, et je suis heuu, très honorée ! merci, Blue, de me citer.
Canta moué. il peut ben rester ché zeu ...
:-)
Foglia, l'autre jour:
«ce n'est pas vrai non plus, le Québec ne me tombe pas sur les nerfs. C'est un pays tellement amusant et tellement facile à vivre, certes les hivers y sont rigoureux, mais la morale nous tient tellement chaud 12 mois par année... (1). [...]
(1) En réalité la morale étouffe le Québec autant que lorsqu'elle se réclamait de Dieu. Mais j'aimais mieux Dieu.»
Énormément de choses ayant été dites, je ne veux pas en rajouter inutilement. Mais j’aimerais quand même juste partager quelques observations.
D’abord c’est clair que le débat public dans son ensemble sur cette question est avant tout une tribune pour divers groupes d’intérêt où l’on retrouve aussi bien des fervents que des stratèges ou des opportunistes. (On compte bien sûr parmi ces groupes d’intérêt les défenseurs de la liberté d’expression, les artistes, ou même les passionnés d’art et de culture.) S’y ajoutent des citoyens qui s’expriment sur leur sens moral ou leur conception de l’ordre social. «L’instrumentalisation» est donc au cœur de toutes les réactions, à l’exception de celles des personnes directement concernées.
Mais, on peut tout de même en faire abstraction et ne considérer que les points de vue véritablement nuancés. Qu’est-ce qu’on obtient? La vision, souvent remarquablement juste, de ceux qui se sont mis dans la peau de Cantat, avec sensibilité et profondeur, et celle de ceux qui ont fait de même pour Marie Trintignant et ses proches. Deux mondes parallèles qui s’affrontent alors que, justement, ils devraient plutôt se rencontrer, ne serait-ce que pour tenter d’entrevoir la moindre trace de sens à cette débâcle.
Maintenant, si on laisse de côté les suspicions, les procès d’intention et qu’on part du principe que c’est précisément cette rencontre qu’a voulu susciter Mouawad. Si on reconnaît aussi d’emblée que Cantat a non seulement le droit de vivre comme individu mais aussi comme artiste. Si on le présume également conscient de la part qui lui revient dans cette «fatalité» et qu’il l’assume pleinement, la question qui se pose se réduit à ceci : Cantat peut-il, à ce moment-ci, monter sur scène dans une production consacrée aux femmes et y être applaudi? Et ma réponse, en toute subjectivité, c’est : non. Il y a encore un bout de chemin à faire avant que ce soit possible sans manquer de respect à la vie et à la sensibilité des personnes. Cantat, lui, a très bien pu le faire pour lui-même ce bout de chemin. Et, dans le cadre de cette réflexion, on peut prendre pour acquis que c’est le cas. Mais son public lui, assurément, ne l’a pas fait avec lui. Pas encore. Si la personne Cantat ne peut reprendre sa vie là où elle l’avait laissée, l’artiste Cantat ne le peut pas davantage.
Un exemple: si on s’en tient à la reconquête de son public et qu’on imagine la voie libre, on constate qu’il y a déjà une multitude de fans qui ne l’en adore que davantage maintenant qu’il est devenu un martyr à leurs yeux. L’univers de Marie Trintignant et de ses proches n’a jamais été pour eux qu’un nuage faisant temporairement écran au rayonnement de leur idole. Et en acclamant Cantat sur scène, ils ne feront qu’évacuer à jamais la réalité de cette tragédie.
J’estime que, sachant désormais ce qu’il sait, Cantat a le devoir, comme artiste, de ne pas laisser le besoin d’aduler et celui d’être acclamé primer sur le respect de la vie. Et si ça semble un terrible fardeau, ça reste la conséquence de cette part qui lui revient dans un drame dont il a incontestablement été aussi un acteur. Et là, pour moi, clairement, l’étendue de son rayonnement ajoute à sa responsabilité. Je le vois, métaphoriquement, un peu comme le personnage incarné par De Niro dans le film The Mission, son exténuante ascension à flanc de montagne, harnaché à son ballot d’armes et d’armure qui le tire vers le bas... C’est sa créativité d’artiste qui permettra à Cantat d’inventer la forme que prendra aussi bien le fardeau que la montagne à gravir. Mais, à mes yeux, ça reste un passage obligé, avant de penser que l’on puisse l’applaudir sur une scène.
Bon, Lorraine Pintal pis l'TNM c'est en réaction et en contre-coup à la très mauvaise gestion d'entrées et sorties de coulisses du Festival d'Avignon, ils auraient dû savoir, d'une telle évidence. Cantat a déjà travaillé au Québec depuis sa sortie. Sans cette bévue du Festival et l'effet de comète dans les médias, rien, le TNM était "on track" pour 2012.
Maintenant Cantat et Trintignant, père, et la presse jaune en France? C'est loin d'être terminé, il y a tout ce qu'il faut pour que cela dure, le drame, un meurtre des vedettes et eul'peuple.
Presqu'au même moment je me demandais quelle valeur et humanité il fallait pour ce couple de Longueuil qui, non seulement a-t-il pardonné à ceux qui ont jeté leur enfant en bas du pont Jacques-Cartier mais qui en plus les visite et pourvoie un peu à leur besoins.
Pas certain que j'aurais cette capacité de pardon mais il y a là des pistes de réflexion peut-être...
@Le plumitif: Ta réponse est non. Non à l'offre d'aller le voir sur scène ou non à la possibilité que d'autres puissent choisir de le faire?
C’est sûr que jamais je n’aurais la prétention d’imposer aux autres mes réserves. Même, en fait, si Cantat choisissait de monter sur scène et qu’il ait la possibilité de le faire, je suis tout à fait conscient qu’il pourrait très bien me donner tort. Ou raison. Chose sûre, je ne tiens pas à mon confort intellectuel au point de chercher à me donner raison en bâillonnant qui que ce soit…
N'importe quel trou de cul peut venir chier sa merde au Québec. Alors Cantat, un véritable et authentique trou de cul, a le droit lui aussi. Mais on est pas obligé d'aller se nourrir de ses excréments.
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