9.3.03

C'est rare que je rate une année: d'habitude, le 8 mars, je réponds à l'invitation de Claudine Bertrand et me présente comme un seul homme à l'événement qu'elle organise annuellement pour fêter les femmes. Elle a beau diriger la revue Arcade, c'est aussi une proche et précieuse amie, indéfectible, et malicieuse comme une fillette élevée dans une grange par des motards. Elle m'invite à ces trucs-là juste pour voir la tête de ses copines qui ne sont pas encore au parfum. D'année en année, il y en a de moins en moins, mais c'est bien le diable si on n'arrive pas chaque fois à en faire freaker une, quelque grébiche fondamentaliste revenue récemment à la cause et qui manque se péter une veine en me voyant.



Hier, j'ai dit fuck. Les gars commencent de plus en plus à s'autoriser à envisager de refuser de faire semblant, je parle des gars qui ont des blondes, j'en connais quelques-uns, et je me dois d'appuyer leur début de libération, de bénir par ma solidarité ce foetus de reconquête de soi. Il y a de vraies victimes dans le monde, et j'ai passé deux heures hier à rédiger des lettres pour réclamer la libération de prisonniers politiques. Ça faisait longtemps que je n'avais pris la peine. Ma cotisation à Amnistie Internationale est échue depuis un bail. Mais je ne voulais pas protester passivement contre l'image malhonnête de la femme-victime, perpétuée par d'autres femmes pour des motifs stratégiques, je ne voulais pas me contenter de rester assis sur ma lune, je voulais consacrer un effort équivalent à tenter d'aider du monde qui l'ont vraiment dans le cul. Finalement, j'ai écrit six lettres traitant de trois cas, trois personnes incarcérées pour leurs opinions. Un homme. Une femme. L'autre, je suis pas sûr, c'est un nom sanskrit et la photo est brouillée.

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