20.8.02

Au début, Justine m'a fait attendre, et j'ai attendu. J'aurais attendu jusqu'au Jugement Dernier du dernier bagnard damné en des temps révolus, s'il l'avait fallu. Je savais qu'elle pigerait. De fait, elle a fini par voir que ça me déplaisait d'une façon qui ne lui procurait ni défi ni plaisir et s'est empressée de s'en lasser. Justine est une femme unique parce qu'elle sait être toutes les femmes.



Quand mon ordinateur m'a mangé deux mille mots tantôt, je l'ai suspendu au-dessus du grand canyon de ma ruelle, décidé à en finir avec ce méchant vieux bestiau emphysémateux, décidé presque, décidé pas assez, j'ai pensé à Justine et j'ai composé son numéro, mon mail matinal demeuré sans réponse me semblait soudain le plus urgent assemblage d'électrons qui soit...



Sa voix venait claire comme lorsqu'elle me murmure d'exquises cochonneries à l'oreille, son corps interdit moulé au mien, excepté que la créature se prélassait sur une putain de plage niçoise, pas désolée du tout, j'ai failli lui souhaiter une tempête de mistral avant de l'embrasser en riant pour la remercier d'être là et d'être elle à portée de satellite, et d'avoir sauvé mon ordinateur d'un plongeon infâmant.

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