31.1.03

Un nouveau voisin s'est bruyamment installé hier soir. Il tousse presque autant que moi et je me sens d'autant moins coupable. D'essayer de respirer. Il aurait aussi tendance à taper dans le mur, mais peut-être accroche-t-il des portraits de sa maman.



Sekhmet me fournit des tests, des petits, des testicules, que je teste à mon tour pour estimer s'ils conviendront à Generoso, mon protagoniste Goth. Le bogue, c'est qu'il n'y avait pas de blogues en 1999, aussi vais-je probablement lui inventer une présence sur un news forum, sauf que je n'y connais strictement rien.



Le dernier test qu'elle m'envoie vise à déterminer ma couleur intérieure. Je suis rouge, semble-t-il, ce qui veut dire (traduction libre):



«Vous êtes rouge. Impur, quoique noble. Fidèle à vous-même et envers autrui. En amour, vous êtes entier et ferez n'importe quoi pour assurer son bonheur. Vous êtes sûr de votre identité et ne pouvez, en conséquence, changer les autres ou être changé. Vous êtes un authentique prince; on pourra vous oublier, mais sans vous, nul d'entre nous ne saurait continuer.»



Tiens, c'est bien vrai, je suis rouge! Seulement, c'est ma couleur extérieure...



À quand les tests anti-dopage aléatoires pour écrivains?
Jour de paye. Comment faire pleurer du vin aux pierres tout en multipliant les pains.



Une brume rose orangé larmoie sur les toits.

30.1.03

Bertrand très content de la préface. Un peu surpris, je crois, et plutôt ravi de ma célérité. Mais lui non plus n'a pas les deux pieds dans la même bottine. Jeudi dernier, il me proposait l'idée de ce livre, dont il détient maintenant presque toute la matière, qu'il va se charger de mettre en forme. Il aurait bien pris dix ou vingt pages de plus en préambule, mais quatre suffisent, me semble-t-il, pour un recueil de quatre-vingts. Always leave them wanting more...
L'annonce du pacte fiscal entre Montréal et Québec répond à une question qui me tarabustait depuis longtemps: comment les collections de la Bibliothèque Centrale municipale allaient-elles être transférées à la Grande Bibliothèque nationale? Le gouvernement provincial vient de les acheter, 35M$, en même temps que l'île Notre-Dame.



Le maire Tremblay, en voulant rattraper un lapsus selon lequel il souhaitait baiser le fardeau fiscal de ses commettants, s'est fait rassurant: «Je n'aurais jamais vendu l'île de Montréal (!) si je ne pensais pas que c'est une excellente transaction».
À Flin Flon, Manitoba (ça s'invente pas!), des chercheurs du gouvernement canadien s'efforcent depuis dix-huit mois de faire pousser du pot thérapeutique de qualité, sans succès. Installés dans une sorte de mine de marijuana à dix mètres sous terre, ils gâchent récolte après récolte et la ministre de la santé est très inquiète pour l'avenir du programme...
Pour paraphraser Kevin, je me suis levé avec de l'ambition, et j'en ai profité pour terminer la préface à Faciès. Si je ne le fais pas tout de suite, l'expérience me prévient que je ne le ferai que dans la nuit précédant l'envoi des épreuves à l'imprimeur. Le livre est prévu pour février 2004.
Brouillard sur la ville. Nous arrivons sur l'autre versant de l'hiver et glisserons jusqu'à la renaissance.



Une méchante fébrilité m'étreint, je tourne dans le Bunker comme un félin encagé. Patience et longueur de temps.



Adieu miss Janvier, demain vous vous éteindrez dans toute votre froide beauté, déjà le choeur des vocératrices s'assemble pour vous pleurer...

29.1.03

TQS, fidèle à elle-même, annonce une entrevue avec Robert Gillet au cours de laquelle «il révélera qu'il se sent traqué par les médias!» Comment la journaliste a-t-elle obtenu cette exclusivité? En l'attendant à la sortie d'un restaurant.



Paranoïaque, va.
Retour de la Centrale. Ai failli emprunter un bouquin sur le diabète, puis me suis ravisé. Pour les histoires de peur, j'aime encore mieux Stephen King. Me suis rabattu sur le livre de Neil Sheehan à propos du Vietnam et une anthologie de six pièces par Jason Sherman.



Avant de m'y mettre, vais préparer une tarte au citron. Recette piquée par Kevin à Josée di Stasio. Once we were warriors...



Retourné voir Bertrand Laverdure pour récupérer mes originaux et lui annoncer que j'ai commencé la préface à Faciès. Robert Giroux songe à y inclure quelques poèmes de jeunesse, à condition que je les annote, ce qui doit vouloir dire qu'il faudra que j'explique pourquoi ils ne sont pas bons. Demanderai peut-être à Bertrand de m'aider.
J'ai chargé mon nouveau Motorola mignon à bloc, vingt-quatre heures durant, puis j'ai inséré la puce, puis j'ai mis le jus, pour m'apercevoir que Rogers AT&T m'a débranché pour non-paiement. Les escrocs qui m'ont vendu le contrat et qui réparent mon appareil depuis deux mois devaient faire suspendre la facturation, mais z'ont dû oublier.



Allez donc essayer, après ça, d'être plus communicatif!
Soirée pépère avec Kevin. On a laissé une couple de quilles nous rentrer lentement dedans. Il repeinture la même cabane de rupins pour la cinquième fois. Un oncle de ses clients, juif orthodoxe, lui a commandé une grande toile représentant Moïse, version Charlton Heston, effectuant la partition des eaux de la Mer Rouge. Pas si orthodoxe que ça, en fin de compte. Le décalogue est clair là-dessus: «Tu ne feras pas d'image taillée, ni aucune image de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au dessous de la terre.»

28.1.03

Reçu mon nouveau téléphone "reconditionné" par Purolator. Tanné d'attendre qu'on répare l'autre.



Passerai voir BL à 13:30 pour lui remettre les textes de mes chansons inédites, une cinquantaine environ. Le laisserai séparer le bon grain de l'ivraie. Songe à Faciès comme titre du recueil. Quant au titre générique de mon prochain cycle (comme Vortex Violet pour le premier), inauguré avec Goth, ce sera Gala Gitan. Beaucoup d'étiquettes pour des boîtes qu'il ne reste (!) qu'à remplir.

27.1.03

Je ne sais pas trop par quel bout attaquer Goth. Pour tout dire, je ne me suis pas encore fermement engagé envers moi-même à l'écrire. Ni envers moi-même, ni envers le livre. Mais je vais faire quelques esquisses. L'idée m'est venue d'utiliser ces petits tests de personnalité plus ou moins sérieux en guise de tampons, sporadiquement saupoudrés à travers le récit: Generoso, mon protagoniste, pourrait s'y révéler assez efficacement il me semble, voire s'y trahir. Sekhmet se charge de m'en trouver.

26.1.03

Je m'y attendais, et il a probablement raison: BL voit plus de fange que de furie dans mon recueil, ce qu'il appelle joliment du «dix-neuvièmisme». Y voit de la valeur pour les exégètes. Mais on va vraisemblablement s'entendre et trouver le moyen de publier un peu de poésie quand même, sur un lit semé de chansons.



Envoyé le manuscrit de Vacuum (le Journal) à maître Vanasse.

25.1.03

Bon, eh bien, le hiatus n'aura duré qu'un peu plus de seize heures. J'ai remis de l'ordre dans mes idées, et planqué quelques détails dans un fichier à part. L'épaule reprend contact avec la roue.
J'ai résolu d'interrompre cette publication pour un temps. Il se trouve, et j'en suis le premier surpris, que les événements qui convergent vers moi depuis peu ne sont pas de ceux dont je peux faire état au grand jour. Leur nature, importante à mes yeux, réclame pourtant que j'en prenne acte, autrement ceci ne serait plus un Journal. Il s'agit essentiellement de l'intimité de personnes qui me sont chères, ainsi que de certaines réflexions que je souhaite approfondir en privé sur la suite des choses... J'aviserai les abonnés de la Circulaire de mon retour.

24.1.03

Ma mère doit dorénavant songer au sucre, et m'exhorte à faire de même.
Pete Rose serait près d'avouer qu'il a effectivement parié sur des matches de baseball, ce qu'il nie depuis 1989. Une confession abjecte accompagnée de remords, de bons vieux aveux bien soviétiques, sont la condition sine qua non de son admission au Temple de la Renommée. Sa légende? Ses zillions de coups de circuit? Rien de cela ne vaut tripette. La méritocratie a deux visages, l'adulte et l'infantile: en Amérique, là où l'homme recevait selon sa valeur, il n'est plus désormais qu'un garçon grapillant les miettes de son dû, le dos rond, la bouche contrite.