He never shot a man in Reno just to watch him die, but he wrote the line and it's a damn good one!
Ne me filmez jamais comme ça quand mon temps viendra, just to watch me die.
These people keep on moving, and that's what tortures me...
8.10.08
À vouloir tout savoir...
Mwouaaahhhhh!!!
Monsieur le Mèwe de Twa-Wiwèwes, avant d'appeler un journaliste dring dring pour lui faire savoir que vous savez où il a soupé dans votre ville, comme si on était en Alabama, je vous suggèwe de savoiw à qui vous avez à faiwe, et de powter davantage attention à vos polices qui vendent des pneus d'hivew.
Monsieur le Mèwe de Twa-Wiwèwes, avant d'appeler un journaliste dring dring pour lui faire savoir que vous savez où il a soupé dans votre ville, comme si on était en Alabama, je vous suggèwe de savoiw à qui vous avez à faiwe, et de powter davantage attention à vos polices qui vendent des pneus d'hivew.
Cheese!
Il défend le sort de tous ces gens rêveurs et courageux qu'on était en train de baiser royalement, et il en perdrait la voix...
6.10.08
Ça me faisait chier hier, aujourd'hui je me rends même pas aux bécosses.
Kessé ça, c't'affaire-là, de poésie de vieilles nounes pour des vieilles peaux qui veulent s'apaiser la vie? Z'avez pas assez de vos REERs? Z'avez pas Marie qui va vous envoyer des lettres de Martha betôt, pour 33 piasses avant taxes? La poésie, hostie! En langues qu'on comprend pas, en plusse: du spagnol, du belge, du congobelge, du parisien! Kiski paye pour ça? Nos taxes, esti.
Voudrais voir la face de ces rombières si Bouchard filait pour leur réciter quelques sonnets, et la tête de Gaston, hon, le téléphon qui sonne(rai)t au 911 en ChuckBaudelaire de crisse. Mais la poésie serait passée en coup de vent frais sous ces vieilles jupes malodorantes.
Voudrais voir la face de ces rombières si Bouchard filait pour leur réciter quelques sonnets, et la tête de Gaston, hon, le téléphon qui sonne(rai)t au 911 en ChuckBaudelaire de crisse. Mais la poésie serait passée en coup de vent frais sous ces vieilles jupes malodorantes.
«I wish you was a wishin well, so i could tie a bucket to ya and sink ya!»
Jimmy, Jimmy, Jimmy, stie! C'est pas cool de gaspiller du bon manger. Pas cool. Not cool, dude.
5.10.08
Qui se souvient d'un Big Mac en janvier dernier?
Moé. Et, je gage, le docteur itou, héhé.
Le billet sur ma palette par Pierre Cayouette: 24 septembre 2007.
Le 20 novembre, Tony, à bout de patience, inscrit un commentaire bref, éloquent et net, sans exclamation: son sens de la mesure mesure l'épaisseur ambiante et il dimensionne le cercueil et il fournit le bois. Le trou, ils l'ont creusé eux-mêmes.
Mac, à qui rien n'échappe, vient clore le couvercle avec un gun à clous le 14 janvier.
Mais les morts sont vivants et hantent les paisibles avenues du Plateau! On les entend hululer à travers les croisées closes, la spectrale rumeur s'élève: «Taaaaaaaaxes! Noooooos taaaaaaaaxes! Alcooooooool! Tabaaaaaaaaac! Béeeeeeeeeeeeeesse! Cliiiiiiiiiiiique!»
Brrrrr! Maurice! Fait froid!
Le billet sur ma palette par Pierre Cayouette: 24 septembre 2007.
Le 20 novembre, Tony, à bout de patience, inscrit un commentaire bref, éloquent et net, sans exclamation: son sens de la mesure mesure l'épaisseur ambiante et il dimensionne le cercueil et il fournit le bois. Le trou, ils l'ont creusé eux-mêmes.
Mac, à qui rien n'échappe, vient clore le couvercle avec un gun à clous le 14 janvier.
Mais les morts sont vivants et hantent les paisibles avenues du Plateau! On les entend hululer à travers les croisées closes, la spectrale rumeur s'élève: «Taaaaaaaaxes! Noooooos taaaaaaaaxes! Alcooooooool! Tabaaaaaaaaac! Béeeeeeeeeeeeeesse! Cliiiiiiiiiiiique!»
Brrrrr! Maurice! Fait froid!
Viande, blé d'Inde, patates
Assouline sait faire un pâté chinois. Mac nous le rappelle souvent: quand la France vient près de nous désespérer, elle se retourne et nous enchante...
Ce n'est pas tant que nul n'est prophète en son pays...
Nul n'est prophète en son temps. Ici, sept mois séparent la prophétie de, ben, vous savez...
Pwésie à Twa-Wiwèwes
Me semble qu'il manque un petit quelque chose. Petit, façon de parler, mais il habite juste à côté, il aurait pas coûté cher, il est l'exotisme incarné pour tous ces invités du monde, et il lance des verres comme pas un.
De plus, petit détail, il écrit mieux que tous ces sinistres fanfreluchots.
De plus, petit détail, il écrit mieux que tous ces sinistres fanfreluchots.
4.10.08
Ça dépend pour qui
Un papier non signé sur Cyberpresse, intitulé Pourquoi l'alcool fait oublier les moments embarrassants?, est illustré d'une photo de notre pote Zhom. C'est la seconde fois qu'ils s'en servent, la troisième si on compte l'usage original (dans un de ses propres articles). La pénultième remonte à la Saint-Valentin et a fait l'objet du dernier post de Lady Guy. Ils le laisseront pas oublier, faut croire.
Remarquez, c'est publié le jour de son anniversaire, et c'est louche. Il est assez fou pour en être responsable.
3.10.08
2.10.08
Manifeste pour une ''littérature-monde'' en français
Godbout, Wajdi, Laferrière: trois des quarante-quatre signataires de ce manifeste le 16 mars 2007. Je suis penaud d'admettre que, malgré le net souvenir que j'en conserve, j'ai laissé ma vie rocher pis rouler cette semaine-là comme toutes les autres, sans noter nulle part de suivre le développement (le cas échéant) de cette initiative inouïe. En clair: je n'y croyais sûrement et simplement pas.
Cela posé, je connais une bonne poignée de rastaquouères qui, une fois le texte lu, ne manqueront pas de livrer ici d'intéressantes réfléxions. En littérature-monde de langue française, of course. Polyphonique, incandescente de préférence, et essuyez votre créole avant d'entrer!
Non, je déconne, mais on va devoir s'arranger pour savoir si ce truc a eu des suites, et sinon lesquelles on veut lui donner, if any.
Le Monde, 16 mars 2007
Pour une «littérature-monde» en français*
Le manifeste de quarante-quatre écrivains en faveur d'une langue française qui serait «libérée de son pacte exclusif avec la nation»
Muriel Barbery, Tahar Ben Jelloun, Alain Borer, Roland Brival, Maryse Condé, Didier Daeninckx, Ananda Devi, Alain Dugrand, Edouard Glissant, Jacques Godbout, Nancy Huston, Koffi Kwahulé, Dany Laferrière, Gilles Lapouge, Jean-Marie Laclavetine, Michel Layaz, Michel Le Bris, JMG Le Clézio, Yvon Le Men, Amin Maalouf, Alain Mabanckou, Anna Moï, Wajdi Mouawad, Nimrod,Wilfried N'Sondé, Esther Orner, Erik Orsenna, Benoît Peeters, Patrick Rambaud, Gisèle Pineau, Jean-Claude Pirotte, Grégoire Polet, Patrick Raynal, Jean-Luc V. Raharimanana, Jean Rouaud, Boualem Sansal, Dai Sitje, Brina Svit, Lyonel Trouillot, Anne Vallaeys, Jean Vautrin, André Velter, Gary Victor, Abdourahman A. Waberi.
Plus tard, on dira peut -être que ce fut un moment historique : le Goncourt, le Grand Prix du roman de l'Académie française, le Renaudot, le Femina, le Goncourt des lycéens, décernés le même automne à des écrivains d'outre-France. Simple hasard d'une rentrée éditoriale concentrant par exception les talents venus de la « périphérie », simple détour vagabond avant que le fleuve revienne dans son lit ? Nous pensons, au contraire : révolution copernicienne. Copernicienne, parce qu'elle révèle ce que le milieu littéraire savait déjà sans l'admettre : le centre, ce point depuis lequel était supposée rayonner une littérature franco-française, n'est plus le centre. Le centre jusqu'ici, même si de moins en moins, avait eu cette capacité d'absorption qui contraignait les auteurs venus d'ailleurs à se dépouiller de leurs bagages avant de se fondre dans le creuset de la langue et de son histoire nationale : le centre, nous disent les prix d'automne, est désormais partout, aux quatre coins du monde. Fin de la francophonie. Et naissance d'une littérature-monde en français.
Le monde revient. Et c'est la meilleure des nouvelles. N'aura-t-il pas été longtemps le grand absent de la littérature française ? Le monde, le sujet, le sens, l'histoire, le « référent » : pendant des décennies, ils auront été mis « entre parenthèses » par les maîtres-penseurs, inventeurs d'une littérature sans autre objet qu'elle-même, faisant, comme il se disait alors, « sa propre critique dans le mouvement même de son énonciation ». Le roman était une affaire trop sérieuse pour être confiée aux seuls romanciers, coupables d'un « usage naïf de la langue », lesquels étaient priés doctement de se recycler en linguistique. Ces textes ne renvoyant plus dès lors qu'à d'autres textes dans un jeu de combinaisons sans fin, le temps pouvait venir où l'auteur lui-même se trouvait de fait, et avec lui l'idée même de création, évacué pour laisser toute la place aux commentateurs, aux exégètes. Plutôt que de se frotter au monde pour en capter le souffle, les énergies vitales, le roman, en somme, n'avait plus qu'à se regarder écrire.
Que les écrivains aient pu survivre dans pareille atmosphère intellectuelle est de nature à nous rendre optimistes sur les capacités de résistance du roman à tout ce qui prétend le nier ou l'asservir…
Ce désir nouveau de retrouver les voies du monde, ce retour aux puissances d'incandescence de la littérature, cette urgence ressentie d'une « littérature-monde », nous les pouvons dater : ils sont concomitants de l'effondrement des grandes idéologies sous les coups de boutoir, précisément... du sujet, du sens, de l'Histoire, faisant retour sur la scène du monde - entendez : de l'effervescence des mouvements antitotalitaires, à l'Ouest comme à l'Est, qui bientôt allaient effondrer le mur de Berlin.
Un retour, il faut le reconnaître, par des voies de traverse, des sentiers vagabonds - et c'est dire du même coup de quel poids était l'interdit ! Comme si, les chaînes tombées, il fallait à chacun réapprendre à marcher. Avec d'abord l'envie de goûter à la poussière des routes, au frisson du dehors, au regard croisé d'inconnus. Les récits de ces étonnants voyageurs, apparus au milieu des années 1970, auront été les somptueux portails d'entrée du monde dans la fiction. D'autres, soucieux de dire le monde où ils vivaient, comme jadis Raymond Chandler ou Dashiell Hammett avaient dit la ville américaine, se tournaient, à la suite de Jean-Patrick Manchette, vers le roman noir. D'autres encore recouraient au pastiche du roman populaire, du roman policier, du roman d'aventures, manière habile ou prudente de retrouver le récit tout en rusant avec « l'interdit du roman ». D'autres encore, raconteurs d'histoires, investissaient la bande dessinée, en compagnie d'Hugo Pratt, de Moebius et de quelques autres. Et les regards se tournaient de nouveau vers les littératures « francophones », particulièrement caribéennes, comme si, loin des modèles français sclérosés, s'affirmait là-bas, héritière de Saint -John Perse et de Césaire, une effervescence romanesque et poétique dont le secret, ailleurs, semblait avoir été perdu. Et ce, malgré les oeillères d'un milieu littéraire qui affectait de n'en attendre que quelques piments nouveaux, mots anciens ou créoles, si pittoresques n'est-ce pas, propres à raviver un brouet devenu par trop fade. 1976-1977 : les voies détournées d'un retour a la fiction.
Dans le même temps, un vent nouveau se levait outre-Manche, qui imposait l'évidence d'une littérature nouvelle; en langue anglaise, singulièrement accordée au monde en train de naître. Dans une Angleterre rendue à sa troisième génération de romans woolfiens - C'est dire si l'air qui y circulait se faisait impalpable -, de jeunes trublions se tournaient vers le vaste monde, pour y respirer un peu plus large. Bruce Chatwin partait pour la Patagonie, et son récit prenait des allures de manifeste pour une génération de travel writers (« J'applique au réel les techniques de narration du roman, pour restituer la dimension romanesque du réel»). Puis s'affirmaient, en un impressionnant tohu-bohu, des romans bruyants, colorés, métissés, qui disaient, avec une force rare et des mots nouveaux, la rumeur de ces métropoles exponentielles où se heurtaient, se brassaient, se mêlaient les cultures de tous les continents. Au coeur de cette effervescence, Kazuo Ishiguro, Ben Okri, Hanif Kureishi, Michael Ondaatje et Salman Rushdie, qui explorait avec acuité le surgissement de ce qu'il appelait les « hommes traduits » : ceux-là, nés en Angleterre, ne vivaient plus dans la nostalgie d'un pays d'origine à jamais perdu, mais, s'éprouvant entre deux mondes, entre deux chaises, tentaient vaille que vaille de faire de ce télescopage l'ébauche d'un monde nouveau. Et c'était bien la première fois qu'une génération d'écrivains issus de l'émigration, au lieu de se couler dans sa culture d'adoption, entendait faire œuvre à partir du constat de son identité plurielle, dans le territoire ambigu et mouvant de ce frottement. En cela, soulignait Carlos Fuëntes, ils étaient moins les produits de la décolonisation que les annonciateurs du XXI siècle.
Combien d'écrivains de langue française, pris eux aussi entre deux ou plusieurs cultures, se sont interrogés alors sur cette étrange disparité qui les reléguait sur les marges, eux « francophones », variante exotique tout juste tolérée, tandis que les enfants de l'ex-empire britannique prenaient, en toute légitimité, possession des lettres anglaises ? Fallait-il tenir pour acquis quelque dégénérescence congénitale des héritiers de l'empire colonial français, en comparaison de ceux de l'empire britannique ? Ou bien reconnaître que le problème tenait au milieu littéraire lui-même, à son étrange art poétique tournant comme un derviche tourneur sur lui-même, et à cette vision d'une francophonie sur laquelle une France mère des arts, des armes et des lois continuait de dispenser ses lumières, en bienfaitrice universelle, soucieuse d'apporter la civilisation aux peuples vivant dans les ténèbres ? Les écrivains antillais, haïtiens, africains qui s'affirmaient alors n'avaient rien à envier à leurs homologues de langue anglaise. Le concept de « créolisation » qui alors les rassemblaient, à travers lequel ils affirmaient leur singularité, il fallait décidément être sourd et aveugle, ne chercher en autrui qu'un écho à soi-même, pour ne pas comprendre qu'il s'agissait déjà rien de moins que d'une autonomisation de la langue.
Soyons clairs : l'émergence d'une littérature-monde en langue française consciemment affirmée, ouverte sur le monde, transnationale, signe l'acte de décès de la francophonie. Personne ne parle le francophone, ni n'écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d'étoile morte. Comment le monde pourrait-il se sentir concerné par la langue d'un pays virtuel ? Or c'est le monde qui s'est invité aux banquets des prix d'automne. A quoi nous comprenons que les temps sont prêts pour cette révolution.
Elle aurait pu venir plus tôt. Comment a-t-on pu ignorer pendant des décennies un Nicolas Bouvier et son si bien nommé Usage du monde ? Parce que le monde, alors se trouvait interdit de séjour. Comment a-t-on pu ne pas reconnaître en Réjean Ducharme un des plus grands auteurs contemporains, dont L'Hiver de force, dès 1970, porté par un extraordinaire souffle poétique, enfonçait tout ce qui a pu s'écrire depuis sur la société de consommation et les niaiseries libertaires ? Parce qu'on regardait alors de très haut la « Belle Province », qu'on n'attendait d'elle que son accent savoureux, ses mots gardés aux parfums de vieille France. Et l'on pourrait égrener les écrivains africains, ou antillais, tenus pareillement dans les marges : comment s'en étonner, quand le concept de créolisation se trouve réduit en son contraire, confondu avec un slogan de United Colors of Benetton ? Comment s'en étonner si l'on s'obstine à postuler un lien charnel exclusif entre la nation et la langue qui en exprimerait le génie singulier - puisqu'en toute rigueur l'idée de « francophonie » se donne alors comme le dernier avatar du colonialisme ? Ce qu'entérinent ces prix d'automne est le constat inverse : que le pacte colonial se trouve brisé, que la langue délivrée devient l'affaire de tous, et que, si l'on s'y tient fermement, c'en sera fini des temps du mépris et de la suffisance. Fin de la « francophonie », et naissance d'une littérature-monde en français : tel est l'enjeu, pour peu que les écrivains s'en emparent.
Littérature-monde parce que, à l'évidence multiples, diverses, sont aujourd'hui les littératures de langue françaises de par le monde, formant un vaste ensemble dont les ramifications enlacent plusieurs continents. Mais littérature-monde, aussi, parce que partout celles-ci nous disent le monde qui devant nous émerge, et ce faisant retrouvent après des décennies d'« interdit de la fiction » ce qui depuis toujours a été le fait des artistes, des romanciers, des créateurs : la tâche de donner voix et visage à l'inconnu du monde - et à l'inconnu en nous. Enfin, si nous percevons partout cette effervescence créatrice, c'est que quelque chose en France même s'est remis en mouvement où la jeune génération, débarrassée de l'ère du soupçon, s'empare sans complexe des ingrédients de la fiction pour ouvrir de nouvelles voies romanesques. En sorte que le temps nous paraît venu d'une renaissance, d'un dialogue dans un vaste ensemble polyphonique, sans souci d'on ne sait quel combat pour ou contre la prééminence de telle ou telle langue on d'un quelconque « impérialisme culturel ». Le centre relégué au milieu d'autres centres, c'est à la formation d'une constellation que nous assistons, où la langue libérée de son pacte exclusif avec la nation, libre désormais de tout pouvoir autre que ceux de la poésie et de l'imaginaire, n'aura pour frontières que celles de l'esprit. »
Fin mai sera publié chez Gallimard Pour une littérature-monde, un ouvrage collectif sous la direction de Jean Rouaud et Michel Le Bris.
* Texte paru dans Le Monde du 16 mars 2007
Cela posé, je connais une bonne poignée de rastaquouères qui, une fois le texte lu, ne manqueront pas de livrer ici d'intéressantes réfléxions. En littérature-monde de langue française, of course. Polyphonique, incandescente de préférence, et essuyez votre créole avant d'entrer!
Non, je déconne, mais on va devoir s'arranger pour savoir si ce truc a eu des suites, et sinon lesquelles on veut lui donner, if any.
Le Monde, 16 mars 2007
Pour une «littérature-monde» en français*
Le manifeste de quarante-quatre écrivains en faveur d'une langue française qui serait «libérée de son pacte exclusif avec la nation»
Muriel Barbery, Tahar Ben Jelloun, Alain Borer, Roland Brival, Maryse Condé, Didier Daeninckx, Ananda Devi, Alain Dugrand, Edouard Glissant, Jacques Godbout, Nancy Huston, Koffi Kwahulé, Dany Laferrière, Gilles Lapouge, Jean-Marie Laclavetine, Michel Layaz, Michel Le Bris, JMG Le Clézio, Yvon Le Men, Amin Maalouf, Alain Mabanckou, Anna Moï, Wajdi Mouawad, Nimrod,Wilfried N'Sondé, Esther Orner, Erik Orsenna, Benoît Peeters, Patrick Rambaud, Gisèle Pineau, Jean-Claude Pirotte, Grégoire Polet, Patrick Raynal, Jean-Luc V. Raharimanana, Jean Rouaud, Boualem Sansal, Dai Sitje, Brina Svit, Lyonel Trouillot, Anne Vallaeys, Jean Vautrin, André Velter, Gary Victor, Abdourahman A. Waberi.
Plus tard, on dira peut -être que ce fut un moment historique : le Goncourt, le Grand Prix du roman de l'Académie française, le Renaudot, le Femina, le Goncourt des lycéens, décernés le même automne à des écrivains d'outre-France. Simple hasard d'une rentrée éditoriale concentrant par exception les talents venus de la « périphérie », simple détour vagabond avant que le fleuve revienne dans son lit ? Nous pensons, au contraire : révolution copernicienne. Copernicienne, parce qu'elle révèle ce que le milieu littéraire savait déjà sans l'admettre : le centre, ce point depuis lequel était supposée rayonner une littérature franco-française, n'est plus le centre. Le centre jusqu'ici, même si de moins en moins, avait eu cette capacité d'absorption qui contraignait les auteurs venus d'ailleurs à se dépouiller de leurs bagages avant de se fondre dans le creuset de la langue et de son histoire nationale : le centre, nous disent les prix d'automne, est désormais partout, aux quatre coins du monde. Fin de la francophonie. Et naissance d'une littérature-monde en français.
Le monde revient. Et c'est la meilleure des nouvelles. N'aura-t-il pas été longtemps le grand absent de la littérature française ? Le monde, le sujet, le sens, l'histoire, le « référent » : pendant des décennies, ils auront été mis « entre parenthèses » par les maîtres-penseurs, inventeurs d'une littérature sans autre objet qu'elle-même, faisant, comme il se disait alors, « sa propre critique dans le mouvement même de son énonciation ». Le roman était une affaire trop sérieuse pour être confiée aux seuls romanciers, coupables d'un « usage naïf de la langue », lesquels étaient priés doctement de se recycler en linguistique. Ces textes ne renvoyant plus dès lors qu'à d'autres textes dans un jeu de combinaisons sans fin, le temps pouvait venir où l'auteur lui-même se trouvait de fait, et avec lui l'idée même de création, évacué pour laisser toute la place aux commentateurs, aux exégètes. Plutôt que de se frotter au monde pour en capter le souffle, les énergies vitales, le roman, en somme, n'avait plus qu'à se regarder écrire.
Que les écrivains aient pu survivre dans pareille atmosphère intellectuelle est de nature à nous rendre optimistes sur les capacités de résistance du roman à tout ce qui prétend le nier ou l'asservir…
Ce désir nouveau de retrouver les voies du monde, ce retour aux puissances d'incandescence de la littérature, cette urgence ressentie d'une « littérature-monde », nous les pouvons dater : ils sont concomitants de l'effondrement des grandes idéologies sous les coups de boutoir, précisément... du sujet, du sens, de l'Histoire, faisant retour sur la scène du monde - entendez : de l'effervescence des mouvements antitotalitaires, à l'Ouest comme à l'Est, qui bientôt allaient effondrer le mur de Berlin.
Un retour, il faut le reconnaître, par des voies de traverse, des sentiers vagabonds - et c'est dire du même coup de quel poids était l'interdit ! Comme si, les chaînes tombées, il fallait à chacun réapprendre à marcher. Avec d'abord l'envie de goûter à la poussière des routes, au frisson du dehors, au regard croisé d'inconnus. Les récits de ces étonnants voyageurs, apparus au milieu des années 1970, auront été les somptueux portails d'entrée du monde dans la fiction. D'autres, soucieux de dire le monde où ils vivaient, comme jadis Raymond Chandler ou Dashiell Hammett avaient dit la ville américaine, se tournaient, à la suite de Jean-Patrick Manchette, vers le roman noir. D'autres encore recouraient au pastiche du roman populaire, du roman policier, du roman d'aventures, manière habile ou prudente de retrouver le récit tout en rusant avec « l'interdit du roman ». D'autres encore, raconteurs d'histoires, investissaient la bande dessinée, en compagnie d'Hugo Pratt, de Moebius et de quelques autres. Et les regards se tournaient de nouveau vers les littératures « francophones », particulièrement caribéennes, comme si, loin des modèles français sclérosés, s'affirmait là-bas, héritière de Saint -John Perse et de Césaire, une effervescence romanesque et poétique dont le secret, ailleurs, semblait avoir été perdu. Et ce, malgré les oeillères d'un milieu littéraire qui affectait de n'en attendre que quelques piments nouveaux, mots anciens ou créoles, si pittoresques n'est-ce pas, propres à raviver un brouet devenu par trop fade. 1976-1977 : les voies détournées d'un retour a la fiction.
Dans le même temps, un vent nouveau se levait outre-Manche, qui imposait l'évidence d'une littérature nouvelle; en langue anglaise, singulièrement accordée au monde en train de naître. Dans une Angleterre rendue à sa troisième génération de romans woolfiens - C'est dire si l'air qui y circulait se faisait impalpable -, de jeunes trublions se tournaient vers le vaste monde, pour y respirer un peu plus large. Bruce Chatwin partait pour la Patagonie, et son récit prenait des allures de manifeste pour une génération de travel writers (« J'applique au réel les techniques de narration du roman, pour restituer la dimension romanesque du réel»). Puis s'affirmaient, en un impressionnant tohu-bohu, des romans bruyants, colorés, métissés, qui disaient, avec une force rare et des mots nouveaux, la rumeur de ces métropoles exponentielles où se heurtaient, se brassaient, se mêlaient les cultures de tous les continents. Au coeur de cette effervescence, Kazuo Ishiguro, Ben Okri, Hanif Kureishi, Michael Ondaatje et Salman Rushdie, qui explorait avec acuité le surgissement de ce qu'il appelait les « hommes traduits » : ceux-là, nés en Angleterre, ne vivaient plus dans la nostalgie d'un pays d'origine à jamais perdu, mais, s'éprouvant entre deux mondes, entre deux chaises, tentaient vaille que vaille de faire de ce télescopage l'ébauche d'un monde nouveau. Et c'était bien la première fois qu'une génération d'écrivains issus de l'émigration, au lieu de se couler dans sa culture d'adoption, entendait faire œuvre à partir du constat de son identité plurielle, dans le territoire ambigu et mouvant de ce frottement. En cela, soulignait Carlos Fuëntes, ils étaient moins les produits de la décolonisation que les annonciateurs du XXI siècle.
Combien d'écrivains de langue française, pris eux aussi entre deux ou plusieurs cultures, se sont interrogés alors sur cette étrange disparité qui les reléguait sur les marges, eux « francophones », variante exotique tout juste tolérée, tandis que les enfants de l'ex-empire britannique prenaient, en toute légitimité, possession des lettres anglaises ? Fallait-il tenir pour acquis quelque dégénérescence congénitale des héritiers de l'empire colonial français, en comparaison de ceux de l'empire britannique ? Ou bien reconnaître que le problème tenait au milieu littéraire lui-même, à son étrange art poétique tournant comme un derviche tourneur sur lui-même, et à cette vision d'une francophonie sur laquelle une France mère des arts, des armes et des lois continuait de dispenser ses lumières, en bienfaitrice universelle, soucieuse d'apporter la civilisation aux peuples vivant dans les ténèbres ? Les écrivains antillais, haïtiens, africains qui s'affirmaient alors n'avaient rien à envier à leurs homologues de langue anglaise. Le concept de « créolisation » qui alors les rassemblaient, à travers lequel ils affirmaient leur singularité, il fallait décidément être sourd et aveugle, ne chercher en autrui qu'un écho à soi-même, pour ne pas comprendre qu'il s'agissait déjà rien de moins que d'une autonomisation de la langue.
Soyons clairs : l'émergence d'une littérature-monde en langue française consciemment affirmée, ouverte sur le monde, transnationale, signe l'acte de décès de la francophonie. Personne ne parle le francophone, ni n'écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d'étoile morte. Comment le monde pourrait-il se sentir concerné par la langue d'un pays virtuel ? Or c'est le monde qui s'est invité aux banquets des prix d'automne. A quoi nous comprenons que les temps sont prêts pour cette révolution.
Elle aurait pu venir plus tôt. Comment a-t-on pu ignorer pendant des décennies un Nicolas Bouvier et son si bien nommé Usage du monde ? Parce que le monde, alors se trouvait interdit de séjour. Comment a-t-on pu ne pas reconnaître en Réjean Ducharme un des plus grands auteurs contemporains, dont L'Hiver de force, dès 1970, porté par un extraordinaire souffle poétique, enfonçait tout ce qui a pu s'écrire depuis sur la société de consommation et les niaiseries libertaires ? Parce qu'on regardait alors de très haut la « Belle Province », qu'on n'attendait d'elle que son accent savoureux, ses mots gardés aux parfums de vieille France. Et l'on pourrait égrener les écrivains africains, ou antillais, tenus pareillement dans les marges : comment s'en étonner, quand le concept de créolisation se trouve réduit en son contraire, confondu avec un slogan de United Colors of Benetton ? Comment s'en étonner si l'on s'obstine à postuler un lien charnel exclusif entre la nation et la langue qui en exprimerait le génie singulier - puisqu'en toute rigueur l'idée de « francophonie » se donne alors comme le dernier avatar du colonialisme ? Ce qu'entérinent ces prix d'automne est le constat inverse : que le pacte colonial se trouve brisé, que la langue délivrée devient l'affaire de tous, et que, si l'on s'y tient fermement, c'en sera fini des temps du mépris et de la suffisance. Fin de la « francophonie », et naissance d'une littérature-monde en français : tel est l'enjeu, pour peu que les écrivains s'en emparent.
Littérature-monde parce que, à l'évidence multiples, diverses, sont aujourd'hui les littératures de langue françaises de par le monde, formant un vaste ensemble dont les ramifications enlacent plusieurs continents. Mais littérature-monde, aussi, parce que partout celles-ci nous disent le monde qui devant nous émerge, et ce faisant retrouvent après des décennies d'« interdit de la fiction » ce qui depuis toujours a été le fait des artistes, des romanciers, des créateurs : la tâche de donner voix et visage à l'inconnu du monde - et à l'inconnu en nous. Enfin, si nous percevons partout cette effervescence créatrice, c'est que quelque chose en France même s'est remis en mouvement où la jeune génération, débarrassée de l'ère du soupçon, s'empare sans complexe des ingrédients de la fiction pour ouvrir de nouvelles voies romanesques. En sorte que le temps nous paraît venu d'une renaissance, d'un dialogue dans un vaste ensemble polyphonique, sans souci d'on ne sait quel combat pour ou contre la prééminence de telle ou telle langue on d'un quelconque « impérialisme culturel ». Le centre relégué au milieu d'autres centres, c'est à la formation d'une constellation que nous assistons, où la langue libérée de son pacte exclusif avec la nation, libre désormais de tout pouvoir autre que ceux de la poésie et de l'imaginaire, n'aura pour frontières que celles de l'esprit. »
Fin mai sera publié chez Gallimard Pour une littérature-monde, un ouvrage collectif sous la direction de Jean Rouaud et Michel Le Bris.
* Texte paru dans Le Monde du 16 mars 2007
Valmont: Liaisons dangereuses...
...Déliaisons périlleuses.
À voir, ce topo de Pat Lagacé sur un jeune homme tout à fait remarquable. Dans moins d'une heure à TQC.
Pat lui file un bâton de hockey en demandant: «Te rappelles-tu comment ça marche?» et ils se font des passes dans une enceinte d'asphalte; on sourit, ému. Quand Valmont, après un jump-cut, tripe sur son bâton avec la joie d'un enfant dépouillant ses cadeaux de Noël, puis s'exclame: «Y est en aluminium!», faut être bouché pour pas déduire que Lag lui en a justement fait cadeau, et qu'il a coupé cet instant au montage, parce qu'il songerait jamais à se faire valoir une seconde en exploitant les émotions des Valmont de ce pauvre monde.
Je pense pas me gourer sur ce qui s'est passé, mais quand bien même cela serait, je me trompe pas sur Patrick Lagacé: en latin, on dit: a good fellow, en grec ancien: un bon jack.
À voir, ce topo de Pat Lagacé sur un jeune homme tout à fait remarquable. Dans moins d'une heure à TQC.
Pat lui file un bâton de hockey en demandant: «Te rappelles-tu comment ça marche?» et ils se font des passes dans une enceinte d'asphalte; on sourit, ému. Quand Valmont, après un jump-cut, tripe sur son bâton avec la joie d'un enfant dépouillant ses cadeaux de Noël, puis s'exclame: «Y est en aluminium!», faut être bouché pour pas déduire que Lag lui en a justement fait cadeau, et qu'il a coupé cet instant au montage, parce qu'il songerait jamais à se faire valoir une seconde en exploitant les émotions des Valmont de ce pauvre monde.
Je pense pas me gourer sur ce qui s'est passé, mais quand bien même cela serait, je me trompe pas sur Patrick Lagacé: en latin, on dit: a good fellow, en grec ancien: un bon jack.
1.10.08
Matante
La soeur de mon frère est l'une de ces rares créatures délicieuses qui allient un coeur entier à un esprit qui brille et pétille à un bon nerf loyal à un look d'enfer, et qui trouve le temps d'avoir des enfants et de s'en faire pour son frère et le frère de son frère.
De plus, elle vient d'une famille où tirer la pipe d'autrui est un art de vivre, mais le fait qu'elle ne manque pas d'humour, un humour délicat et subtil quelque peu différent de l'ordinaire des Îles, je m'en rends compte astheure, m'a fait négliger d'adapter ma taquinerie. Résultat: ma sweet Mélanie Vigneau se demandait depuis des semaines pourquoi je l'avais traitée de matante en réponse à un courriel où elle souhaitait tendrement que je prenne soin de moi. Kevin le lui a expliqué en rigolant, je le sais, mais elle et lui sont faits pareils, faut qu'ils montent straight à la source, empiriques.
J'y ai donc dit en la taquinant deux fois plus et en en promettant davantage, ce coup-là elle s'est bien marrée, mais pas avant de m'écrire ceci, que j'ai la permission de reproduire. C'est son frère en plus candide et dangereux: ces Madelinots sont du ben beau bizarre de monde...
«Seulement t'expliquer que lorsqu'une gamine regarde un homme, elle y voit un père, et quand une femme ayant acquis de la maturité regarde ce même homme, elle y voit un enfant.»
Je suis sûr de deux choses: elle parlait vraiment un peu en terme universel, et pour la part qui parle du particulier, je sais que c'est pas moi qui suis en top de liste, ni en second. Ensuite, je sais plus rien.
Mélanie, ma soeur syllogistique...
De plus, elle vient d'une famille où tirer la pipe d'autrui est un art de vivre, mais le fait qu'elle ne manque pas d'humour, un humour délicat et subtil quelque peu différent de l'ordinaire des Îles, je m'en rends compte astheure, m'a fait négliger d'adapter ma taquinerie. Résultat: ma sweet Mélanie Vigneau se demandait depuis des semaines pourquoi je l'avais traitée de matante en réponse à un courriel où elle souhaitait tendrement que je prenne soin de moi. Kevin le lui a expliqué en rigolant, je le sais, mais elle et lui sont faits pareils, faut qu'ils montent straight à la source, empiriques.
J'y ai donc dit en la taquinant deux fois plus et en en promettant davantage, ce coup-là elle s'est bien marrée, mais pas avant de m'écrire ceci, que j'ai la permission de reproduire. C'est son frère en plus candide et dangereux: ces Madelinots sont du ben beau bizarre de monde...
«Seulement t'expliquer que lorsqu'une gamine regarde un homme, elle y voit un père, et quand une femme ayant acquis de la maturité regarde ce même homme, elle y voit un enfant.»
Je suis sûr de deux choses: elle parlait vraiment un peu en terme universel, et pour la part qui parle du particulier, je sais que c'est pas moi qui suis en top de liste, ni en second. Ensuite, je sais plus rien.
Mélanie, ma soeur syllogistique...
Quand un auteur génial surgit, l'équité dicte d'en parler
Et je ne suis rien, comme chacun sait, sinon épris d'équitation. Euh, d'équité, vuis-je tu dire...
Richard Therrien, dans Le Soleil du 16 mars 2008, euphémisait comme à peu près tout le monde: La dictée n’est pas forcément un exercice douloureux. Dan Bigras a beau avoir l’air dur comme ça, on a eu la preuve hier qu’il est incapable de méchanceté. «Pour moi, c’est un jeu. J’suis pas venu ici pour me faire chier, mais pour m’amuser.» Therrien ne se trompe pas: Bigras serait bien en peine de faire le méchant à coups de Grevisse et de Bescherelle Slugger.
Astheure, qui se lèvera pour répéter que Dan Bigras a rédigé le texte de la dictée des Amériques 2008? Parce que moi, je suis là, debout et bien tranquille, pour affirmer qu'il n'en est rien. Rien pantoute. Zilch. Nada. Bupkis. Tu creuses un puits profond de dix mètres juste derrière la statue de Félix Leclerc, tu en sors tout le trésor caché de Gaston Miron, et ce qui reste en richesses dans le trou, c'est plus que ce que Bigras a écrit. Il va encore se trouver du monde pour gémir que je ne suis pas assez clair...
Il a suggéré trois ancrages, OK? Celui des kids qui commettent des erreurs versus les adultes qui font des fautes, celui de la liberté qu'on acquiert par la conquête de sa langue, et celui de la paix qu'on devrait faire avec son coeur. Le second, il l'a barboté dans mon entrevue avec Robert-Guy Scully en novembre 1988. Il trouvait ça fort captivant. Le premier est creux comme une calebasse archi-sèche, le dernier ne veut rien dire et son contraire.
Pour tenir ces machins-là ensemble: un pus mental, une membrane conjonctive malsaine, insensée, désorganisée, adhérant à ce tas de mots qui n'est pas de lui comme le Jell-O fige les guimauves miniatures en un flageolant cosmos stochastique, qu'il serait incapable d'orthographier même si sa vie en dépendait, et que Stéphan Bureau lui collait un gun sur la tempe et qu'il avait le cul glué à un baril de TNT.
Moi, j'irais sentir du côté de chez Sylvio Morin, mais je ne sais pas qui l'a vraiment rédigé, ce tissu de billevesées. Je sais seulement qui ne l'a pas fait.
Texte intégral de la Dictée des Amériques 2008
Texte de Dan Bigras
Faut-il punir les enfants qui font des fautes?
Tu sais, mon fils, « savoir écrire » et « écrire », ce n’est pas, quoi qu’on en pense, nécessairement la même chose.
Savoir écrire, c’est tout bonnement être capable de transcrire des phrases que quelqu’un dicte selon des us et coutumes, des règles et des codes bien arrêtés. Tellement qu’à chaque fois qu’on crée une expression, on doit immanquablement créer une exception. [68 mots - FIN JUNIORS B]
Par contre, écrire exige de jouer avec sa langue. Car la langue, chose étrange qui vit dans un palais près de l’oropharynx, goûte des choses étonnantes et en émet d’autres plus surprenantes encore, est aussi un système simple et complexe, avec son content de contradictions. [112 mots - FIN JUNIORS A]
C’est le lien, mais aussi le caprice, la foucade. La souveraine tatillonne, mais aussi l’esclave. Et bien que ta langue se situe judicieusement à l’étage supérieur de ton anatomie, elle justifie occasionnellement une chiquenaude affectueuse sur sa partie postérieure. [151 mots - FIN SENIORS B]
Pour châtier sa langue, il faut être amoureux, condition sine qua non! Les passe-droits, quels qu’ils soient, sont exclus. À la tendresse, alexandrins et heptasyllabes ne sont que poudre aux yeux. À l’amour, quatrains et ballades ne sont que succédanés pour âmes atrophiées. Mais à ta mort, seul sera pérenne ce que tu auras fait de ta langue. Sers-t’en. Révèle qui tu es. Proclame qui tu aimes. Prends ta parole. Erre souvent et recommence : par ton opiniâtreté, tu acquerras ta liberté.
Alors, faut-il punir les enfants qui font des fautes? Les enfants ne font jamais de fautes, ils commettent des erreurs. Tenons-nous-le pour dit : ce sont les adultes qui font des fautes. Une erreur, c’est écrire ornithorynque, hyacinthe ou ypérite avec deux i. Une faute, c’est écrire faire la paix, sans x et surtout la faire sans coeur! [288 mots – FIN DE LA DICTÉE]
Non mais, regardez-moi ce désastre... Deux de mes trois textes les plus chers, crammés sur cette galette K-Tel. À Nowell, il n'aura même pas à refaire une pochette, juste à se faire photoshopper une barbe blanche et un putain de Santa Suit.
Goddamn fucking crook.
Ça, c'est sa nouvelle chronique dans le Journal de Montréal. Outre qu'une fille l'aura aidé à réviser ses bases (sujet, verbe, complément, steak, blé d'inde, patates), tous les concepts simplets, tous les paragraphes affligés de dysfonction érectile, tous les plats traits d'esprit et les tournures démagogiques et les images essoufflées, bref tous ces cacas laborieux sont l'entière et absolue propriété intellectuelle du nouveau chroniqueur; il s'apercevra bien assez tôt que Pierre-Karl sait rédiger, lui aussi. Surtout les contrats.
Richard Therrien, dans Le Soleil du 16 mars 2008, euphémisait comme à peu près tout le monde: La dictée n’est pas forcément un exercice douloureux. Dan Bigras a beau avoir l’air dur comme ça, on a eu la preuve hier qu’il est incapable de méchanceté. «Pour moi, c’est un jeu. J’suis pas venu ici pour me faire chier, mais pour m’amuser.» Therrien ne se trompe pas: Bigras serait bien en peine de faire le méchant à coups de Grevisse et de Bescherelle Slugger.
Astheure, qui se lèvera pour répéter que Dan Bigras a rédigé le texte de la dictée des Amériques 2008? Parce que moi, je suis là, debout et bien tranquille, pour affirmer qu'il n'en est rien. Rien pantoute. Zilch. Nada. Bupkis. Tu creuses un puits profond de dix mètres juste derrière la statue de Félix Leclerc, tu en sors tout le trésor caché de Gaston Miron, et ce qui reste en richesses dans le trou, c'est plus que ce que Bigras a écrit. Il va encore se trouver du monde pour gémir que je ne suis pas assez clair...
Il a suggéré trois ancrages, OK? Celui des kids qui commettent des erreurs versus les adultes qui font des fautes, celui de la liberté qu'on acquiert par la conquête de sa langue, et celui de la paix qu'on devrait faire avec son coeur. Le second, il l'a barboté dans mon entrevue avec Robert-Guy Scully en novembre 1988. Il trouvait ça fort captivant. Le premier est creux comme une calebasse archi-sèche, le dernier ne veut rien dire et son contraire.
Pour tenir ces machins-là ensemble: un pus mental, une membrane conjonctive malsaine, insensée, désorganisée, adhérant à ce tas de mots qui n'est pas de lui comme le Jell-O fige les guimauves miniatures en un flageolant cosmos stochastique, qu'il serait incapable d'orthographier même si sa vie en dépendait, et que Stéphan Bureau lui collait un gun sur la tempe et qu'il avait le cul glué à un baril de TNT.
Moi, j'irais sentir du côté de chez Sylvio Morin, mais je ne sais pas qui l'a vraiment rédigé, ce tissu de billevesées. Je sais seulement qui ne l'a pas fait.
Texte intégral de la Dictée des Amériques 2008
Texte de Dan Bigras
Faut-il punir les enfants qui font des fautes?
Tu sais, mon fils, « savoir écrire » et « écrire », ce n’est pas, quoi qu’on en pense, nécessairement la même chose.
Savoir écrire, c’est tout bonnement être capable de transcrire des phrases que quelqu’un dicte selon des us et coutumes, des règles et des codes bien arrêtés. Tellement qu’à chaque fois qu’on crée une expression, on doit immanquablement créer une exception. [68 mots - FIN JUNIORS B]
Par contre, écrire exige de jouer avec sa langue. Car la langue, chose étrange qui vit dans un palais près de l’oropharynx, goûte des choses étonnantes et en émet d’autres plus surprenantes encore, est aussi un système simple et complexe, avec son content de contradictions. [112 mots - FIN JUNIORS A]
C’est le lien, mais aussi le caprice, la foucade. La souveraine tatillonne, mais aussi l’esclave. Et bien que ta langue se situe judicieusement à l’étage supérieur de ton anatomie, elle justifie occasionnellement une chiquenaude affectueuse sur sa partie postérieure. [151 mots - FIN SENIORS B]
Pour châtier sa langue, il faut être amoureux, condition sine qua non! Les passe-droits, quels qu’ils soient, sont exclus. À la tendresse, alexandrins et heptasyllabes ne sont que poudre aux yeux. À l’amour, quatrains et ballades ne sont que succédanés pour âmes atrophiées. Mais à ta mort, seul sera pérenne ce que tu auras fait de ta langue. Sers-t’en. Révèle qui tu es. Proclame qui tu aimes. Prends ta parole. Erre souvent et recommence : par ton opiniâtreté, tu acquerras ta liberté.
Alors, faut-il punir les enfants qui font des fautes? Les enfants ne font jamais de fautes, ils commettent des erreurs. Tenons-nous-le pour dit : ce sont les adultes qui font des fautes. Une erreur, c’est écrire ornithorynque, hyacinthe ou ypérite avec deux i. Une faute, c’est écrire faire la paix, sans x et surtout la faire sans coeur! [288 mots – FIN DE LA DICTÉE]
Non mais, regardez-moi ce désastre... Deux de mes trois textes les plus chers, crammés sur cette galette K-Tel. À Nowell, il n'aura même pas à refaire une pochette, juste à se faire photoshopper une barbe blanche et un putain de Santa Suit.
Goddamn fucking crook.
Ça, c'est sa nouvelle chronique dans le Journal de Montréal. Outre qu'une fille l'aura aidé à réviser ses bases (sujet, verbe, complément, steak, blé d'inde, patates), tous les concepts simplets, tous les paragraphes affligés de dysfonction érectile, tous les plats traits d'esprit et les tournures démagogiques et les images essoufflées, bref tous ces cacas laborieux sont l'entière et absolue propriété intellectuelle du nouveau chroniqueur; il s'apercevra bien assez tôt que Pierre-Karl sait rédiger, lui aussi. Surtout les contrats.
Bi-culturalisme
J'ai fouillé blog après blog de blokes, écumé quelques centaines de commentaires, cherché autant comme autant quelque témoignage à décharge, la circonstance atténuante, une ou deux phrases susceptibles d'apporter un bémol à la terrible et implacable conclusion, mais non: ils sont presque aussi pires que les nôtres!
C'est mauvaise foi et esprit de bottine à gogo, fascinant à décoder quand on tripe sur le langage et ses nuances minces comme des apex de papillons. Étrangement, ou peut-être pas tant que ça, les blokes sont beaucoup plus candides et simples à démasquer que le francophone coutumier du commentaire sur, disons, Cyberpresse. Le bloke qui fait semblant de croire que c'est vraiment une affaire privée (la dondon qui pose à poil pour son mari dans son fauteuil de mairesse avec sa médaille de mairesse dans son bureau de mairesse et se présente le 14 courant pour le parti Conservateur), on sent que ça lui fait mal aux doigts de l'écrire, de le relire sous son nom, d'avoir même formulé les phrases. Sont tellement pas menteurs, ces blokes-là. Ils y croient vraiment, d'habitude, à leurs blokeries cubiques. C'est pas des Talleyrand, nos squaricéphales compatriotes.
Et il y en a des masses, de commentaires clonés comme ça, des masses de masses. Dont il ressort aussi qu'ils la trouvent hot, cette carne émétique et dentue aux méplats de haridelle du Yorkshire, aussi mal à l'aise à poil que la moins cochonne des confessions protestantes, disons le pentecôtisme, le prescrirait pour gagner son ciel, tandis que son mari effectue un flehmen derrière son Instamatic. Or, les sites francophones rendent un tout autre son de bandaison. En gros, et pour résumer, on la trouve un chouia moins triquante qu'un Plum Pudding. Et je dois reconnaître que je n'ai pu m'empêcher de songer à Justin: nul homme, si bilingue soit-il, ne saurait lécher deux chattes de concert, or que choisit un bi-culturel dans sa chambre à coucher de Canadien où l'État n'a rien à faire, surtout si l'on attend de lui quelque miracle de glossolalie?
Cela étant, alors que les blokes s'évertuent à minimiser la gravité du geste (poser dépourvue de ses guenilles pour son consort à la Mairie, stie!), ici personne ne le relève. On sticke plutôt sur l'hypocrisie sexuelle des Conservateurs.
Ces photos datent de cinq ans. Or, la pure et franche obscénité a eu lieu entre then and now. Voilà ce qui devrait faire saigner les claviers.
Et, oui, je vais vous la montrer. Pas là, parce que ces blokes ineffables pixellisent les nibards de l'anglo-sexonne.
Attention, là, vous avez été amplement mis en garde. Et ne perdez pas de vue que toute cette saleté fut financée avec nos taxes (classe moyenne, maudits artisses, clique du Plateau, tchétéra you know the drill)!!!
Meanwhile, the Conservative member of Parliament who is chair of the British Columbia caucus has been hard at work trying to profit from the principle that drives patronage, the notion that the benefits of government are most readily available through partisan channels.
In the face of an ethics complaint, the federal Conservative party says it did not approve of a decision by Dick Harris, the MP for Cariboo-Prince George, to "appoint" a Tory in a riding held by a New Democratic Party MP to act as a conduit to the government.
But neither has it condemned his statement that people in the Skeena- Bulkley Valley riding would get better service from the government if they deal with the nominated Tory candidate, Houston Mayor Sharon Smith, than they will through their elected MP, New Democrat Nathan Cullen.
It is also hard to imagine that given the tight, central control Harper has imposed on the party, Harris would have initiated the scheme without having it vetted first by the party brass.
The insidious part of Harris's claim that Smith has more clout in Ottawa than Cullen has is the distinct possibility that it might be true.
While it has been a while since you could get away with paying cash for votes in Canada, the notion that ridings that have an MP or MLA on the government side of the house will be rewarded with more than their share of government spending is still very close to the surface.
In opposition, Harper's Conservatives claimed the high moral ground by repudiating patronage. As we have already seen, that ground is harder to hold in government.
It's worth the effort. Otherwise, Canada's new government will look pretty old when the next election comes.
C'est mauvaise foi et esprit de bottine à gogo, fascinant à décoder quand on tripe sur le langage et ses nuances minces comme des apex de papillons. Étrangement, ou peut-être pas tant que ça, les blokes sont beaucoup plus candides et simples à démasquer que le francophone coutumier du commentaire sur, disons, Cyberpresse. Le bloke qui fait semblant de croire que c'est vraiment une affaire privée (la dondon qui pose à poil pour son mari dans son fauteuil de mairesse avec sa médaille de mairesse dans son bureau de mairesse et se présente le 14 courant pour le parti Conservateur), on sent que ça lui fait mal aux doigts de l'écrire, de le relire sous son nom, d'avoir même formulé les phrases. Sont tellement pas menteurs, ces blokes-là. Ils y croient vraiment, d'habitude, à leurs blokeries cubiques. C'est pas des Talleyrand, nos squaricéphales compatriotes.
Et il y en a des masses, de commentaires clonés comme ça, des masses de masses. Dont il ressort aussi qu'ils la trouvent hot, cette carne émétique et dentue aux méplats de haridelle du Yorkshire, aussi mal à l'aise à poil que la moins cochonne des confessions protestantes, disons le pentecôtisme, le prescrirait pour gagner son ciel, tandis que son mari effectue un flehmen derrière son Instamatic. Or, les sites francophones rendent un tout autre son de bandaison. En gros, et pour résumer, on la trouve un chouia moins triquante qu'un Plum Pudding. Et je dois reconnaître que je n'ai pu m'empêcher de songer à Justin: nul homme, si bilingue soit-il, ne saurait lécher deux chattes de concert, or que choisit un bi-culturel dans sa chambre à coucher de Canadien où l'État n'a rien à faire, surtout si l'on attend de lui quelque miracle de glossolalie?
Cela étant, alors que les blokes s'évertuent à minimiser la gravité du geste (poser dépourvue de ses guenilles pour son consort à la Mairie, stie!), ici personne ne le relève. On sticke plutôt sur l'hypocrisie sexuelle des Conservateurs.
Ces photos datent de cinq ans. Or, la pure et franche obscénité a eu lieu entre then and now. Voilà ce qui devrait faire saigner les claviers.
Et, oui, je vais vous la montrer. Pas là, parce que ces blokes ineffables pixellisent les nibards de l'anglo-sexonne.
Attention, là, vous avez été amplement mis en garde. Et ne perdez pas de vue que toute cette saleté fut financée avec nos taxes (classe moyenne, maudits artisses, clique du Plateau, tchétéra you know the drill)!!!
Meanwhile, the Conservative member of Parliament who is chair of the British Columbia caucus has been hard at work trying to profit from the principle that drives patronage, the notion that the benefits of government are most readily available through partisan channels.
In the face of an ethics complaint, the federal Conservative party says it did not approve of a decision by Dick Harris, the MP for Cariboo-Prince George, to "appoint" a Tory in a riding held by a New Democratic Party MP to act as a conduit to the government.
But neither has it condemned his statement that people in the Skeena- Bulkley Valley riding would get better service from the government if they deal with the nominated Tory candidate, Houston Mayor Sharon Smith, than they will through their elected MP, New Democrat Nathan Cullen.
It is also hard to imagine that given the tight, central control Harper has imposed on the party, Harris would have initiated the scheme without having it vetted first by the party brass.
The insidious part of Harris's claim that Smith has more clout in Ottawa than Cullen has is the distinct possibility that it might be true.
While it has been a while since you could get away with paying cash for votes in Canada, the notion that ridings that have an MP or MLA on the government side of the house will be rewarded with more than their share of government spending is still very close to the surface.
In opposition, Harper's Conservatives claimed the high moral ground by repudiating patronage. As we have already seen, that ground is harder to hold in government.
It's worth the effort. Otherwise, Canada's new government will look pretty old when the next election comes.
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