Songé un horrible songe. Léo. Je le revoyais et il refusait de m'adresser la parole. Puis, Marie-Françoise: à peine moins pire. D'autres, enfin, tout un défilé aux visages indistincts. La nuit comme un long, absurde et cruel procès.
13.7.03
Kerouac n'a pas été le seul écrivain franco-américain à révolutionner les années 50. On oublie trop souvent (Marie) Grace (de Repentigny) Metalious, l'auteur de Peyton Place: huit millions d'exemplaires vendus, davantage que Gone with the wind. Le Canada en avait interdit l'importation...
Elle est morte à trente-neuf ans d'une cirrhose du foie, dans la misère et l'alcool bon marché.
Les feux du Portugal faisaient dur. On aurait dit l'exposition d'un savoir pyrotechnique pré-Marco Polo, la technologie de la Lusitanie. Musique pop et sirop. Suis parti avant la fin.
J'avais monté une assiette de pâté à CGDR, qui me l'a rapportée nettoyée vers minuit. Lui, très ému: «T'es le seul qui ait jamais fait ça pour moi dans le building...»
Faut croire que j'étais bien tombé, cette fois.
12.7.03
L'autre soir, au dépanneur, quand Mario m'a fait remarquer que la photo de Guillaume en couverture de L'Actualité (à l'intérieur, on trouve un portrait puissamment brossé de Montréal telle qu'elle peut se frotter au poitrail d'un homme) était une pièce montée au Photoshop, je me suis rebellé: Guig ne m'aurait jamais menti, et il m'avait affirmé avoir passé deux heures à Dorval pour obtenir la bonne prise...
J'ai dégainé mon cell et j'ai appelé Guig: à travers les bruits de fond du bar où il faisait bombance, je l'ai entendu confirmer l'altération: à l'intérieur du magazine, cependant, il n'y a pas de triche.
Il a ajouté qu'il venait de parler avec Marie-Sissi, laquelle l'avait appelé pour étoffer son article de fond sur ma pomme. «J'ai été fair», il m'a dit. Fair. Pour lui ou pour moi? J'ai grincé des dents. Et s'il gardait les bons morceaux?
Hans vient de m'appeler, après avoir conversé une demi-heure avec MSL, et je suis rassuré. Hans et Guig se sont toujours contrebalancés dans mon existence, dans mon coeur et mon esprit, même et y compris le soir où ils m'ont sauvé la vie.
Invité Hans à partager mon pâté chinois (purée patates et carottes). Se trouve qu'il participe à un triathlon demain. Un triathlon? Un triathlon. Juste l'épeler, ça m'essouffle.
Invité Guig. «Sorry, qu'il s'excuse, je suis déjà en route vers un autre souper. Raincheck?»
J'ai réalisé qu'il me causait en conduisant.
«T'es pas fou? Tu te rends compte de ce qu'on me ferait, s'il t'arrivait quelque chose au volant pendant que tu me parles?»
Il a rigolé; il a lâché, nonchalant: «Ca serait bon pour toi!»
Putain de merde... J'aurais le coeur brisé à vie pour cet imprudent qui s'imagine que j'ai besoin qu'il crève pour me faire une réputation.
«J'ai mis des carottes dans les patates», ai-je ajouté, découragé. Il a dit, très cool: «Oui, moi aussi je fais ça». Capable de me contester jusqu'à mon pâté chinois.
Mario est passé me porter du tabac. J'étais à la bibliothèque. Merci du fond des poumons.
Beau samedi maussade, parfait pour rattraper le temps perdu cette semaine, puis le doubler.
11.7.03
Mal aux cheveux. Hier, dégustation de Black Bull avec Mario, qui avait les pieds ronds en rentrant à Longueuil. On fêtait l'obtention de son (second) permis de conduire...
10.7.03
Les pauvres ont grise mine parce qu'ils lessivent leurs fringues pâles et foncées en une seule brassée.
Indice d'insatisfaction à la hausse: les ventes d'alcool au Canada augmentent pour la quatrième année consécutive. En tête: le Québec et le Yukon. Le Yukon!
9.7.03
1900, mon film favori de tous les temps: une grossière et superbe algarade communiste, et Depardieu et De Niro, et Olmo sauvant la vie d'Alfredo, né en même temps que lui, en affirmant que le patron est mort. Juste le genre de symbolisme taillé à la hache qu'on reprochait à Steinbeck. A la fin, ils se tiraillent comme les vieillards dans un film de Dom Camillo...
Ce qui est toujours surprenant, évidemment, c'est que les acteurs n'aient pas vraiment vieilli ainsi que se le représentait le maquilleur. Je ne sache pas non plus que les logiciels de vieillissement virtuel du FBI, destinés à identifier d'anciens fugitifs, connaissent un grand succès. Le fait est qu'on ne sait pas ce qui s'en vient, et que notre face en est la première surprise. Exception à la règle: en regardant la mère, on a une assez bonne idée d'à quoi ressemblera la fille.
Lunch avec Turgeon et ma trouvaille pour Graal, venue spécialement de l'Ile d'Orléans pour prendre langue.
Souper avec mon père et mon fils, moi dans le rôle du Saint-Esprit.
Entre les deux, bocks à la terrasse d'une brasserie. Une belle blonde passe, traînant une voiturette chargée de toiles et de chevalets. Me fixe, s'arrête. «Tu es l'écrivain?» fait-elle. «Ca m'arrive», je réponds. «Moi, je peins. Des portraits. Sur Prince-Arthur. Oh, je veux te FAIRE! Viens, viens avec moi. Que je te FASSE!»
8.7.03
Me suis finalement résolu à faire venir un technicien de Vidéotron, avant la prochaine grève. Mon modem ne sait pas que celle-ci est finie. Anyway, j'en ai eu pour mon argent: ça ne m'a rien coûté. Il va faire un rapport...
Réalisé le second volet de mon entretien avec Marie-Sissi. Ou du sien avec moi, c'est selon. Ce coup-ci, sa beauté soufflante m'a aidé à me concentrer plutôt que de m'en empêcher. Marrant: j'ai beau cultiver le recul, on n'en a jamais assez. Preuve en est que jeune fille, m'apercevant dans la rue, elle me suivait à distance. Pas de danger que j'aurais regardé derrière moi. Aujourd'hui, je parie que c'est elle qu'un jeune homme suit.
XYZ a réédité Vautour dans sa collection de poche et m'offre gracieusement les 137 exemplaires restant dans la collection Typo. Vais faire des cadeaux. Tu parles d'une aubaine! 137 copies de mon meilleur roman!
Une perle subsiste
Sur le souvenir de ta joue
Je ne sais l'effacer
Au retour des plongeons
Dans le rêve où je nous
Retrouve
Une perle persiste
Un petit océan
De sel et de regrets liquides.
6.7.03
Les forces de l'ordre s'en sont donné à coeur joie cette nuit, en armures de plexiglas, à expulser du parc Lafontaine la centaine de manifestants qui y avaient planté des tentes pour réclamer des logements sociaux. Dans le ciel, cependant, des millions partaient en fumée d'artifices.
5.7.03
Bertrand est passé juste à temps, entre deux rendez-vous galants, pour qu'on monte assister aux pétarades italiennes émouvantes chez CGDR. La voix de Domingo, illuminée, m'a fait frissonner les omoplates.
Dormi sur la balcon, à la fraîche, dans les fientes de pigeon. Qui dit que ma vie n'est pas palpitante?
4.7.03
Mario m'enjoint d'arrêter de journaler, avec la même énergie qu'il mit jadis à me faire commencer. «Je te l'ai répété cent fois!», qu'il dit. Menteur.
Et il chiale après Kevin. Comme Eric. Comme tout le monde. Trouve que j'y suis allé trop fort. «Je m'ennuie de Kevin! Ouskilé Kevin? Si seulement toi et Kevin...»
Je lui réponds de fermer sa gueule, d'aller passer dix heures avec Kevin semblables à nos dernières et de revenir m'en parler, je lui dis que toute la peine qu'il peut éprouver ne se compare pas aux fissures dans mon coeur. Puis je le serre dans mes grands bras et j'embrasse sa face de berger anglais.
Guillaume a livré sa première repartie, savoureuse. Un second entretien est en train.
Mario doit passer chercher le second rapport de lecture de son manuscrit. Ca risque de le foutre en rogne pour dix jours encore. Faut du temps pour s'endurcir la couenne à ces choses-là, pourtant si arbitraires et ne reposant que sur des opinions souvent fondées sur la qualité de la digestion.
3.7.03
Tour du chapeau. Michel Vézina revient à l'assaut de Vacuum dans le Ici d'aujourd'hui, pour la troisième fois, chacune requérant plus d'espace. Je ne serais pas autrement surpris de faire l'objet d'un cahier spécial jeudi prochain. Cela dit, c'est une critique honnête et pertinente, et le fait que je ne sois pas d'accord ne lui enlève rien.
L'entretien par courriel avec Hans avance bien. Il s'y prête avec toute la générosité que je lui connais et davantage. Par ailleurs, j'attends toujours les réponses de Guillaume et Louis. J'espère qu'ils ne réfléchiront pas trop.
Méditation à l'ère du numérique
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Il avait débranché sa télévision et même sa radio.
Il avait éteint son cellulaire.
Il avait ouvert ses fenêtres.
Tout ça pour respirer.
Un peu.
Beauco...
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Adieu Christian, mes sympathies à tes proches et à la Tribu. Je t'ai lâché,
je sais, après t'avoir beaucoup pris. Notre amitié n'était plus vive.
Pourtan...
DOCUMENT 3
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Après tout, la vie n'est peut-être pas juste une pub télé de Linen Chest.
J'adore tripoter un géranium citron et me sentir les doigts après. Faut
que je m...
49 and a life to go
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Ainsi donc, après une résonance magnétique et une visite chez le neurologue
on m'apprend que je n'ai pas de tumeur au cerveau. Pas de sclérose...
Pour avoir une idée de quoi on parle
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"...À l'aube du 20 avril 1914, à Ludlow, coin perdu des hautes plaines du
Colorado, au centre d'une nation américaine en "apparent repos", les
soldats de ...
Vulnérabilité
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Voici où j'en suis.
Je suis tombé par le plus grand des hasard sur cette conférence cette
semaine.
Seulement, je ne crois plus vraiment au hasard.
Cette da...
Revenons à nos moutons
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L’improbabilité de l’être grandit avec l’accroissement des masques de la
certitude creusant l’abîme entre un réel d’autant plus rassurant qu’il est
pauvre...
Le poulet rôti façon Blue
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Blue
Quand elle est partie de la maison, Swan m’a fait promettre de lui
transmettre ma recette du poulet rôti façon Blue. Elle aime l’idée
d’étendre ses p...