3.12.02

Écrire l'histoire d'un homme qui aime la littérature, la bière et la liberté.
Long lost week-end tordu comme un trombone. Temps de remettre le pied à l'étrier. Saut dans la douche. Sali le savon.



Comme chaque fois que j'interromps le Journal quelques jours, l'indice de fréquentation grimpe en flèche. La tribu s'inquiète. Moins j'écris, plus j'ai de lecteurs!



Éric récupère sur le divan, en pleine dépression post-party. Moi connaître. Par coeur.

29.11.02

Faites don de votre face! Des scientifiques britanniques croient pouvoir en arriver dans l'année à greffer des visages entiers, récoltés sur des cadavres et destinés aux grands brûlés. On va commencer avec des kids, car l'enfant ne se reconnaît lui-même qu'à partir de cinq ou six ans, et on soupçonne que les adultes éprouveraient des difficultés psychologiques d'adaptation insurmontables.



C'est, ce me semble, oublier facilement qu'en se brossant les dents, la plupart des gens découvrent déjà dans la glace une tête qui ne leur revient pas.

28.11.02

Dixit KV: «Je me suis battu, courbaturé et infligé la pénitence pour être capable d'exprimer tout ce qui était en-dedans de moi d'une façon qui me satisfasse!»



Et je repense à cette chanson de Stéphane Venne: «Non c'est pas fini, c'est rien qu'un début, mais c'est le plus beau des commencements...»

27.11.02

Crise du logement? Les administrateurs du building me demandent de collaborer calmement à mon éviction. Leur problème, c'est qu'aucun voisin n'est prêt à témoigner en ce sens. Et la lettre ne mentionne nulle part qu'on pourrait louer le Bunker cent dollars de plus à un nouvel occupant.



Kevin songe à interrompre ses études pour se mettre à son livre. Sentiments partagés.



26.11.02

Jour des idées désordonnées. Foule de flashes.



Observé les madames au Dollarama. Leurs sourcils dessinés au crayon, leurs lèvres minces comme des lames de katana, et leurs yeux, on dirait des meurtrières de château-fort.



La moitié de mes ex va aux Alcooliques Anonymes, l'autre s'affiche publiquement.



Sans nouvelles de mon fils depuis des mois. Je me fais l'effet d'un pathétique père Laloge attendant une lettre de son Bidou.



Échappé mon téléphone par terre. Communications kaputt.



Maxime faisait un petit poker chez des copains l'autre soir. Une fille survient, furieuse: «Toi, tu me dois 60$, toi 80, et toi 40!»



Une fois l'intruse évincée, Maxime réclame des explications. «C'est une pute, répond l'un des gars. Elle fait des pipes à crédit. Je lui ai dit de revenir le jour du chèque.»



Morale de cette histoire? Maudite bonne question...



25.11.02

La bonne nouvelle, c'est que je vais pouvoir me désintoxiquer de Snood, un jeu électronique addictif qui me bouffe tout mon temps de travail.



La mauvaise, c'est que K m'a montré Sim City.
Pas eu besoin de me mettre à l'aftershave: Kevin est venu boire sa paye avec moi.



Il me jouxtait quand j'ai ouvert un message de Mario, éventant du coup par accident la surprise que celui-ci préparait à K depuis des semaines, soit des étiquettes personnalisées pour les bouteilles de bagosse.



Un panache de fumée grise s'élève dans le lointain. Laval brûle-t-il?

23.11.02

Dîner réparateur chez maman. Au menu: salade aux gésiers de canard, cassoulet toulousain, canard rôti, Boursault et camembert, tarte aux cerises de ma soeur Annie et crème glacée au sucre d'érable. Sortant de table, grand-mère lance: «Ma fille, tu nous as préparé un repas quatre étoiles et demie!» Puis, accompagnant la confidence qu'elle me fait ensuite d'un clin d'oeil malicieux: «J'aurais bien dit cinq étoiles, mais faudrait pas qu'elle soit trop fière...»

22.11.02

Monté renouer contact avec CGDR. Quand il s'est mis à faire appel à mes souvenirs de l'Ostidcho, j'ai dû lui rappeler que je suis né en 1964. Son expression médusée valait le coup d'oeil.



Bon sang, je vieillis vite et mal.



Linda passe en coup de vent: m'apporte un plein tube d'Oragel extra fort. Et vlan! dans les dents.
Guillaume vient de remporter le prix Ringuet, et je me sens de plus en plus comme Howard Roark dans The Foutainhead. Ayn Rand, priez pour moi!



Jeudi dernier, émus, embarrassés, ravis, on s'est revus moi et Guigui, au salon Le Portage de l'hôtel de la Place Bonaventure. Échangeant d'inconséquentes niaiseries, fixant tous deux mes vieux souliers, qui ont déjà été les siens. En partant, il m'a laissé une poignée de Gauloises blondes. Kevin les a fumées.



Hier, tripé tranquille avec Drouin, qui se retrouve encore chez une fille et chez l'autre depuis que, s'étant mis à rêver du meurtre de son co-loc, il a jugé prudent de plier bagages. M'a demandé la permission d'entreposer une caisse de livres au Bunker. Compte retourner à l'étude de la botanique et payer ses cours en vendant des clones de poinsettia (!)



21.11.02

Vu à la télé, une institutrice expliquant ce que l'école s'efforce de faire pour éliminer le taxage: «On essaie de montrer aux jeunes que dénoncer, c'est pas stooler!»



Langue de pâte à modeler.



Question: en combien de générations transforme-t-on un peuple de coureurs de bois et d'habitants têtus en société de délateurs frileux faciles à gouverner?



Poulet simili-rôti, recette d'écrivain (paresseux, impécunieux, craignant le feu): étaler pilons et hauts-de-cuisses dans un plat allant au four, peau en l'air; badigeonner de ketchup (allez-y littéralement avec le dos de la cuiller); de façon facultative, saupoudrer de poudre d'ail et de paprika. Cuire une heure.

20.11.02

Uncle Sam

L'effondrement du WTC aura été l'incendie du Reichstag des États-uniens, le prétexte saisi par doublevé pour enfoncer quelques clous supplémentaires dans le cercueil des libertés même qu'on prétend préserver. La ratification du Homeland Security Bill résonne jusqu'ici dans un sonore et sépulcral éclat de marteau.



Cependant, en Irak, la décision d'Hussein d'autoriser le retour des inspecteurs de l'ONU a forcé doublevé à chercher autre chose qui justifie la guerre qu'il désire pour Noël. Dernière trouvaille: chaque fois qu'on les bombardera préventivement (en légitime défense) et qu'ils oseront se défendre, cela sera considéré comme une attaque.



La novlangue de caoutchouc dans toute sa souplesse. Le travail, c'est la liberté. L'attaque, c'est la défense. La défense, c'est l'attaque.
Jour fondant sur Mont-Royal. Allé vendre un livre de Yann Martel à Blackburn avec Kevin. Tombé sur Piazza, puis Linda Hébert. Glissant son bras sous le mien, comme si j'étais toujours son sigisbée: «Quelqu'un t'a-t-il dit qu'il t'aime aujourd'hui? Eh bien, je t'aime...»



Son père est finalement mort dans ses bras en juillet dernier. Le mois prochain, exécutant son ultime volonté, elle ramènera ses cendres aux Îles...
Justine se propose de «scruter le fond de mes yeux en quête d'absolu», arrivant presque à me faire croire qu'il s'y trouve parfois.



Kevin doit passer après son cours, m'apporter des nouvelles de la fermentation de la bagosse. En a embouteillé quinze litres.
Lassitude et dégoût passagers de toi-même. Si tu leur laisses un instant soupçonner ta faiblesse, ils se rueront à la curée. Ils se rueront à la curée. Ils se rueront à la curée.

19.11.02

Retour de la bibliothèque, où j'ai validé mon mot de passe pour un nouveau service utile. On peut désormais consulter son dossier d'emprunts actifs à partir de Gulliver, le catalogue électronique accessible depuis le Net. Et puis j'ai demandé au concierge de réparer mon siège de toilette.



En somme, une journée excitante comme une jaquette de flanelle.