Depuis Augustin, qui prenait rarement le temps de se reziper, la question fait rage de savoir ce qui vaincra, de la chair ou de l'esprit. C'est pourquoi Grégoire VII a eu la brillante idée d'exiger le célibat des prêtres. Mais n'est-ce pas là un faux débat, une prémisse sophistique malsaine? On bande autant de la tête que du mandrin, me semble-t-il, et on jouit d'une image avant de frémir au contact. Prétendre qu'il y a opposition entre la chair et l'esprit, n'est-ce pas entraîner l'homme dans une guerre sans fin avec lui-même?
Conçu un modèle de blog pour ma petite soeur. Collé une angelote dessus, son portrait tout craché à cet âge.
Avec K, on revisionne The Godfather en finissant la bière à petites gorgées prudentes.
Sans nouvelles de Mario depuis qu'il s'est transplanté chez sa mère. Je parie qu'elle lui interdit de jouer avec moi, pour cause de mauvaise influence. Après tout, il n'a que 51 ans.
K s'est chargé de la tambouille: frites, saucisses piquantes et oignons frits. Il m'en a décrit l'odeur (la coco m'a détruit les senteuses), je lui en ai décrit le goût (il engloutit tout si vite que ses papilles n'ont pas une chance). On a bâfré comme des chancres.
Justine la démone est débarquée avec une 24, que le bon Dieu la bénisse, que le diable la chérisse.
Si, quand je parle, le monde me comprenait moitié aussi bien que Kevin quand je ne dis rien, what a wonderful world this would be. Nous anticipons nos réflexions, lisons nos pensées de droite à gauche et de bas en haut et de long en large avec une clarté déroutante.
Pour démarrer (ou se marrer): on fournira le Viagra gratis, à hauteur de six doses par mois, aux fonctionnaires de l'Union Européenne qui ne fonctionnent pas. Pendant ce temps, un gros astéroïde s'approche de la Terre...
Ce ciel cognac m'inspire une poésie brute et sale comme une soie grège.
Entendu Jauni Halliday sérénader l'équipe nationale de foot: «La France est debout!» et, plus loin, «La France est à vos pieds!» Fatalement, on imagine un peuple de lilliputiens.
Ce qui me fait penser: faudra que je songe à demander à Lilli Gulliver si son pseudonyme était conçu pour évoquer Lilliput.
Il me vient à l'esprit que si j'obtiens cette bourse, je pourrais offrir un cours de barman à fiston. Un barman peut se débrouiller partout sur la planète, les pays islamiques mis à part. Surtout s'il ne boit pas, comme c'est son cas. Et puis, un barman dans la famille, ça serait sacrément utile. Je lui ai mis l'idée en tête il y a deux ans, et elle semble avoir fait son chemin. Ça n'a pas nui que je demande à Guillaume Vigneault de lui parler du métier. Le fric coule à flots, les heures sont bonnes, les gonzesses déboulent et on apprend un tas de choses si on sait voir et écouter...
Rêve: je marche dans la lande brumeuse avec ma canne, mon chapeau, mon chien Verlaine et un manteau de cuir chevelu.
Le métier des lettres est tout de même le seul où l'on puisse, sans ridicule, ne pas gagner d'argent.
Jules Renard
Pour tout dire, c'est même assez mal vu.
Kevin m'a raconté comment, dans le temps, il allait pêcher son souper sur le bord de la falaise, après l'école...
Kevin en chemin avec le dessein de mijoter son célèbre ragoût de maquereau. On va se faire un festin de pimps!
Visite de monsieur mon fils. Magnifique, mais toujours persuadé que les Japonais disposent de bases lunaires secrètes. Les silences flottent de plus en plus pesamment entre nous. Je n'ose rien suggérer, tout à la joie de le voir.
Québec Amérique, mon ancien éditeur, m'avise de son intention de pilonner Avoir 17 ans, un recueil de nouvelles collectif sur ce thème suggéré par Rimbaud. On m'offre de racheter les 109 exemplaires restants à 1$ pièce. On m'assure aussi que le calcul de mes derniers droits sera arrêté au 31 décembre. Des droits que tous les auteurs avaient d'emblée cédés à Amnistie Internationale. Il y a des prisonniers politiques qui n'en mènent sûrement pas large s'ils attendent après ce fric-là pour améliorer leur sort.
57e anniversaire d'Hiroshima. Festival de la fierté d'Enola Gay.
Chute subite de température. Bunker frisquet comme un chalet au bord du lac en automne.
Toute la journée sous le signe de la tératologie: converti la nouvelle monstrueuse de Justine en Word RTF avant de l'envoyer à la revue avec un mot d'introduction. L'histoire est tellement hot que c'est un peu criminel de me la donner à lire par un temps pareil.
Mission accomplie. J'ai gardé ça court, vu que les chaleurs d'août ne font rien pour ma paresse. Puis, je suis descendu chez XYZ pour imprimer la chose, me faisant fondre un peu de suif par la même occasion. Au retour, j'ai réalisé en relisant la lettre de Moebius que la directrice du numéro préférait recevoir le texte par courriel. Je suis un dinosaure.
Ai rapporté le Tom Wolfe à la bibliothèque sans en achever la lecture. Traduction urticante. Ai opté pour Entre la sainteté et le terrorisme, de VLB, sur suggestion de Pastis dans mon Forum. Espère y trouver un chouette exergue pour ce Journal.
Le Parc était quasiment désert, malgré la touffeur crevante comme semblent l'aimer tant de bronzeurs d'ordinaire.
Aujourd'hui, je m'attelle à mon texte de commande sur les monstres, pour Moebius. Me suis fouillé comme un gestapiste, à la recherche d'une idée. Ma conception du monstrueux est assez floue. Suis pas même sûr que ça existe. Enfin, juste avant de fermer l'oeil, j'ai mis le doigt sur quelque chose.